DE L'ISRAÉLISME AU JUDAÏSME




« Oh, mon peuple ! Ceux qui vous guident vous égarent. »
(Isaïe 3:12)


« Sûr de lui-même et dominateur »

Clément d'Alexandrie dit que le myste voit par les Yeux du corps, désire par l'Âme et contemple en Esprit. Cette contemplation tient donc dans une vue intérieure qui détermine une transformation du regard de chair. 
Cette perception spirituelle est qualifiée de « délirante » par l'intelligence orgueilleuse qui ne veut pas admettre ce qui lui échappe et la dépasse. Il est d'ailleurs bien vrai qu'il n'y a pas de dialogue possible entre le spirituel et « l'analphabète supérieur » bourré de grands mots, de formules clinquantes et creuses. Il y a entre le contemplatif et le simple, l'humble et le « priant », un dialogue essentiel : celui du Cœur.
Il n'y a pas de dialogue entre le contemplatif et l'homme, ivre de puissance et de vanité mentale, sociale ou éruditionnelle.

Tous les moralistes ont dit à l'homme : Abaisse, réprime, étouffe en toi l'orgueil.
Même le Talmud dit : « Si un homme est orgueilleux, cela prouve qu'il a de nombreux défauts. »

« Oui, les juifs possèdent la révélation relative au Verbe, « Lumière née de la Lumière » ; mais la dureté de leur cœur les aveugle, comme elle les a aveuglés tout au long de leur histoire ; dureté née de l'orgueil. »
(Tommaso Parentucelli, Pape Nicolas V, fondateur de la bibliothèque du Vatican)

« Il faut s'enorgueillir de rien car il y a toujours un degré supérieur à celui auquel on est parvenu »
(Zen)

L'orgueil est le signe ordinaire de la pauvreté de l'esprit.

Malgré l'aveuglement du « peuple élu », « l'Eternel », c'est-à-dire HeVaH (l'Esprit féminin), selon sa promesse, ne l'a jamais abandonné.
À toutes les époques se retrouvent parmi ses enfants des penseurs de génie et des philosophes inspirés qui maintinrent vivants ses traditions et son héritage spirituels.


Celui qui aime son pays doit vouloir aussi le comprendre.
Celui qui veut le comprendre doit essayer de le saisir partout dans son Histoire.



« Les prostituées, dans les récits bibliques, se trouvent le plus souvent dans une zone frontière ; auprès d'un fleuve, au bord d'un puit, à la périphérie des villes, faisant ainsi la couture entre deux mondes, gardant le seuil, de la même façon qu'elles se tiennent à la croisée des routes.
« L'histoire souvent contée est celle d'un homme (peuple hébreu) voyageant au loin et rencontrant auprès d'un puit une belle étrangère (peuple de Canaan) qu'il épousera. La femme ou le chemin d'eau, la rencontre à la fontaine.
« Par ailleurs, la couleur écarlate est le signe de reconnaissance qui s'attache à ces prostituées. Ces courtisanes sacrées sont les emblêmes vivants des cultes idolâtres que le monothéisme juif veut conquérir. »
(J. Kelen, Marie-Madeleine, un amour infini)

Une Vierge viendra qui écrasera la tête du serpent et régénérera la race coupable.

Si nous cherchons la signification qu'on donnait au mot « Vierge » dans les primitives religions, et même dans la Bible, nous voyons que la femme vierge, ce n'est pas la jeune fille, qui est appelée pro-stituée (premier-état), mais la jeune femme, celle qui est ou peut être mère. Si on la glorifiait, c'est parce qu'elle avait fait preuve de « sexualité ». C'est à elle qu'on rendait un culte, qu'on adressait des hommages. On la représentait comme le type de la chasteté ; elle est pure (pulchra), mais Mère cependant ; on montrait, par tous les symboles antiques, tels que les Épis de Cérès, de Cybèle ou le fruit du grenadier dont les innombrables pépins symbolisent la graine humaine, l'ovule, que la fonction spéciale à son sexe, l'ovulation, est une sanctification qui la grandit ; un symbolisme que l'on retrouve, entre autres, dans certains tableaux de Sandro Botticelli, comme « La Madone à la grenade », dans « La Vierge à la grenade » de Léonard de Vinci,  ou dans la « Proserpine » peinte par Dante Gabriel Rossetti.
Souvenons-nous que la Grenade est le fruit qui symbolise l'Église.
Dans le Massachusetts (USA), on voit des inscriptions phéniciennes gravées sur des roches (Conrad Malte-Brun, Précis de la géographie univ., t.11) : le mot « Hour », dérivé du mot védique Asura et du ashoura ou Ahoura des anciens iraniens (« qui a ou qui donne la vie, celui qui est un principe de vie pour soi-même et pour les autres », c'est-à-dire la Mère), devenu « Houri » dans le persan moderne et « Houria » en arabe, signifie pro-stituée (premier-état), c'est-à-dire femme de l'ancien régime.
Plus tard, quand les Grecs feront leur mythologie, qui a pour but de cacher le rôle de la femme, les « Heures » (Heure, « Hour » en anglais) seront un groupe de déesses personnifiant les divisions du temps.

Aujourd'hui cinq pointes, initialement cette étoile était à six pointes, évoquant aussi bien l'Isthar assyrienne que l'Astarté phénicienne, ou Vénus, la « Stella Vespertina. »
(R. Ambelain, La Franc-Maçonnerie oubliée)
Pour faire comprendre la réaction spirituelle que la sexualité produit chez la femme, on représente l'esprit par une étoile : l'Etoile flamboyante, au milieu de laquelle se trouve la lettre G, « ghimel » en hébreu (à ce sujet, lire « La lettre G et le swastika », p.88, dans « Symboles de la Science sacrée » de R. Guénon).
Cette lettre est la première du mot qui indique le sexe féminin dans une multitude de langues. Cette lettre, suivant les idiomes différents, est C, G, K, Q, X.
Parmi les noms du sexe féminin qu'une de ces lettres commence, citons Gunè, femme en grec, Graal, Vase sacré (sexe) en celtique, Qvina, femme en suédois, Queen, reine en breton ; en sanscrit, Ga signifie être creux, envelopper, contenir. En annamite (aujourd'hui le Viêt Nam) et dans l'Afrique centrale, Ghé exprime l'idée de cavité, de vase, de récipient.
(L'ancien mot désignant un vase était vaissel, qualifiant aussi un vaisseau ou un récipient.)
Cette signification s'est conservée dans cette expression : Vase d'élection.
Dans les Mystères antiques, on expliquait pourquoi elle est la super-âme, l'Un suprême appelé Guhya, ou Secret. On trouve en hébreu le mot Ghilloulim, et en latin Guttin, vase à boire.
Quand vint la période de réaction, on altéra les mots, on changea leur signification ; quelquefois on les retournait.
C'est ainsi que de Ghimel on fit « Melchi », comme de Carmel on faisait « Melkart ».
Et comme les initiés étaient appelés « Tsedek », on appela les apôtres du dogme féminin « Melchi-Tsedek » (Melchissédec).


« Got ken nisht zeyn aumetum in amol, azoy er bashafn di muter »
« Dieu ne pouvait être partout à la fois, c’est pourquoi il a créé la mère. »
(Proverbe Yiddish)

« Si tu veux être roi chez toi, traite ta femme comme une reine. »
(Dicton Juif)


L'endroit du monde où l'on célébrait les Mystères qui étaient les plus renommés s'appelait « Is » (ou « Ys »). On disait « Is-la-Grande » (situé en France, dans la baie de Douarnenez, dans le département du Finistère). C'était le nom de la Divinité féminine, la « Mère universelle ». De ce nom viendra « Isis », « Isca », « Ichalis », « Isa » (Flavius Josèphe dit que les Hébreux donnent à la Femme le nom de « Issa »), « Isha » (Aïsha) en arabe, « Ischen » en Mexicain, mot qui signifie « jeune fiancée » pour les peuples qui ont perdu la tradition. Le pays des Déesses celtiques était appelé « Is-land » ; il s'étendait dans tout le Nord de l'Europe. Ajoutons à ceci que Cybèle était Matrice des Galates et que son nom mystique est « Rhéa » en grec (anagramme de « Héra »), « Râ » en égyptien, et de ces deux noms réunis, Is et Râ, on a fait « Isra-el » (el est un article).

« Nous nous sommes interrogés, chemin faisant, sur la controverse entre chrétiens et Juifs, en référence à quelques réflexions de William Penn ; c’est donc encore au Judaïsme que nous ferons appel pour conclure. En effet, il nous semble significatif que la France et son Royaume aient reçu l’influence de la « Sainte Expérience de Philadelphie », même s’il y eut méprise sur la signification profonde du mot « révolution » ; que ce soit en France qu’on ait trouvé les « germes » d’une rencontre « subtile » entre les courants Mennonites, Quakers, et Amish, germes éparpillés ensuite dans le « Nouveau Monde ». En France enfin qu’aient fleuri les idées de tolérance religieuse, de fraternité œcuménique, de contacts mystiques et culturels, de symbiose judéo-chrétienne, etc... La France, depuis le XIème siècle, est appelée Tsarphat en hébreu. Sait-on que la racine de ce nom est celle de « creuset ? » celui du fondeur ou de l’orfèvre : « Tsarphi » (Néhémie 3, 31), de la purification par le feu Tsareph (Isaïe : 1, 2, Psaumes 17, 9 et 105, 19 et Dan 11, 35), de la sincérité de la Parole divine (Psaume 18, 21, « la parole de Dieu est pure » - Tserouphah). Voilà donc que la France est le creuset « alchimique », Tsarphat... oui, mais... ce nom est aussi celui d’une bourgade biblique située entre Tyr et Sidon, en Français « Sarepta », ce lieu où Elie le prophète « ressuscita le fils de la Veuve » (1 Rois, 17, 9-10)... Tout cela mérite réflexion peut-être. »
(Jean Tourniac) 

« « hanc formam locutionis hereditati sunt filii Heber… ; hiis solis post confusionem remansit » (Trad. : « C’est de cette forme de parler qu’ont hérité les fils d’Héber... ; à eux seuls cette forme est restée) ; mais ces « fils d’Heber » ne sont-ils pas tous ceux qui ont gardé la tradition, bien plutôt qu’un peuple déterminé ? Le nom d’« Israël » n’a-t-il pas été souvent employé aussi pour désigner l’ensemble des initiés, quelle que soit leur origine ethnique, et ceux-ci qui en fait forment réellement le « peuple élu » ne possèdent-ils pas la langue universelle qui leur permet à tous de se comprendre entre eux, c’est-à-dire la connaissance de la tradition unique qui est cachée sous toutes les formes particulières ? »
(René Guénon, L'Esotérisme de Dante)

« Toi aussi tu es Israël, si tu cherches la Lumière », dit un Rabbi caballiste.

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Le jour du Sabbat, les hommes suspendant tout travail avaient le loisir d'être tout à la Déesse aimée ; c'était le jour con-sacré. La Religion ainsi comprise était vraiment humaine et morale.  En même temps, elle était simple comme toutes les conceptions féminines, sans apparat, sans exagération, sans rien de surnaturel. Le régime social qui en résultait était basé sur la justice intégrale, sur des mœurs pures, sur une vraie fraternité. Telle fut la forme de la primitive religion Israélite. Les sacerdotes lui substituèrent le Judaïsme, culte impie dans lequel la « Divinité unique » du Sépher est cachée dans le silence, couverte d'un voile mystérieux.
Pendant 516 ans, c'est-à-dire depuis la mort de Myriam jusqu'à la mort de Salomon (975 ans avant notre ère), le peuple d'Israël ne forma qu'une nation. C'est sous le régime gynécocratique que le peuple d'Israël avait existé jusque-là, et c'est sur ces fondements que nous allons voir Salomon étayer sa puissance et régner en homme, c'est-à-dire en conquérant cherchant à agrandir son royaume et en ambitieux cherchant à augmenter sa fortune. Dans les « Mystères de Jérusalem », ancêtres de la Franc-Maçonnerie (« Opérative »), le grade de « Maître Secret » a pour objet de réagir contre les deux grandes violations du « droit naturel », introduites dans le monde par Salomon : la première en donnant le titre Divin à des personnifications masculines en même temps que l'autorité suprême, alors que ces personnalités mâles ne représentent pas le bien, mais le mal ; la seconde est celle qui consiste à disputer l'enfant à sa Mère, ce qui est une violation du Droit maternel.
C'est après la mort de Salomon que la nation se divisa en deux Royaumes. C'est ce qu'on appelle « le schisme de Juda ». Le pouvoir ainsi divisé amena la division de toutes les institutions qui régissent la vie morale.
C'est à partir de ce moment que la tribu de Juda prend de l'importance et que le nom qu'elle se donne, « Iehoudim » ou « Yehudim », figure dans l'histoire. Dans le « Livre des Rois », on trouve ce nom pour la première fois pour désigner les révoltés de Juda.
C'est de ce nom qu'on fera « Judæi », et de Judæus, qui signifie « de la Judée », on fera Juif.

La première tribu révoltée, Juda, laissera dans l'histoire un nom synonyme de trahison

L'exil ou la captivité de Babylone... En réalité, il y eut plusieurs déportations : la première sous Joyakim, en 599 ; la seconde lors de la destruction définitive de Jérusalem et du Temple, en 588. C'est pendant le séjour des Judéens à Babylone que les hommes, enhardis par ce qu'ils voyaient faire autour d'eux, se perdirent tout à fait. Sous l'influence démoralisatrice des Babyloniens, ils acquirent de nouveaux défauts. Jusque-là, ils avaient été turbulents, envahisseurs par moments, cruels quelquefois, mais ils avaient cependant gardé au fond de l'âme le respect de Hevah, l'Esprit féminin, ils avaient même respecté la vérité, n'osant pas encore s'affirmer dans le mensonge et se cacher sous la ruse. Les Babyloniens, maîtres en ces matières, devaient leur en donner l'exemple ; leur ville, qui allait bientôt disparaître de la scène du monde, était entrée en pleine décomposition morale. Les vainqueurs Chaldéens, en attaquant les hébreux, avaient, en plus du souci de détruire leurs institutions gynécocratiques, celui de les asservir ; il n'est donc pas étonnant que, dans ce milieu misogyne, les Juifs se soient affermis dans leur révolte contre Hevah, et que, entraînés par l'exemple, ils aient conçu l'idée d'instituer une religion nouvelle, dans laquelle le Prêtre aurait la première place en même temps que les honneurs et les bénéfices du sacerdoce. C'est donc de cette époque qu'il faut dater la nouvelle période religieuse des Juifs, l'origine du Judaïsme, venant renverser le premier culte, la vraie religion, pour lui en substituer une « qui n'est pas religieuse ».

La folie des hommes n'a d'égale que la folie des dieux qu'ils ont créés.

La dissolution religieuse et morale des Juifs engendra une littérature exubérante dans laquelle les scribes et les docteurs, pétris d'orgueil, épuisèrent leur science en de vaines et puériles subtilités. Ils étaient fanatisés par les idées nouvelles que la mauvaise traduction du Sépher avait fait naître et, sur ces traditions faussées, édifièrent une nouvelle Loi. Au commencement du premier Christianisme, ce sont eux que l'on considère comme des pharisiens hypocrites, des « Hommes sans Thorah », des « Sépulcres blanchis » qui imposent aux autres des devoirs qu'ils ne remplissent pas eux-mêmes et créent dans la société une aristocratie factice basée sur les privilèges qu'ils se donnent. D'un « royaume divisé contre lui-même », ils forment des sectes qui se détestent et se méprisent entre elles autant qu'elles détestent et qu'elles méprisent le genre humain. Combien ils sont loin de l'antique esprit d'Israël, ces hommes avilis et prétentieux à la fois, livrés à d'incroyables superstitions et à un sordide appât du gain ! Leur esprit obscurci ne leur permet plus de comprendre la Thorah dont le sens leur échappe, la lettre seule les attache et ils la réduisent à une casuistique ridicule et frivole.
À la médiocrité, ces fanatiques ajoutent la violence. Après avoir fait eux-mêmes une « nouvelle Loi », on verra surgir des zélotes (zélateurs de la Loi) qui, armés du fer sacré, tueront pour la moindre infraction aux prescriptions dites mosaïques. Derrière eux viendront les sicaires qui feront couler des flots de sang. Cette nouvelle Loi (la Loi de l'homme qui est destinée à remplacer celle de la Femme) est surtout exprimée dans le Talmud et le Deutéronome. Mais tous les livres publiés à ce moment sont imbus du même esprit. Ce sont : l'Esdras grec, le Prêtre et III Esdras, publiés après la chute de Jérusalem (en 70), livres écrits dans un tout autre esprit que le premier Esdras.
Sous, le règne d'Agrippa Ier, vers 40, parut le « Livre de la Sagesse », appelé en grec « Sagesse de Salomon », livre écrit dans le but de justifier Salomon, le fondateur de la royauté masculine et le véritable promoteur de la révolte des Juifs contre Israël. Avec « l'œuvre » de Philon, c'est, de beaucoup, l'ouvrage le plus connu du judaïsme hellénistique.
C'est à ce moment où toutes les idées sont perverties et où l'on veut justifier l'homme et le glorifier, qu'on crée la légendaire sagesse de ce roi, alors qu'il fut débauché (le chapitre 11 du premier livre des Rois lui donne 700 femmes et 300 concubines). L'histoire a voulu couvrir de gloire l'homme qui fut le premier roi, le vainqueur de la Gynécocratie, et c'est pour cela qu'on lui attribue toute la gloire de « David » (la Reine Daud, sa Mère), qu'on le représente comme l'auteur de nombreux ouvrages qui sont des œuvres de sa Mère et particulièrement de ses livres de Science naturelle. Cependant, les lois de la psychologie démentent ce fait ; c'est qu'il n'est pas possible qu'un homme débauché soit un sage, un penseur, un savant. Celui qui a 700 femmes et 300 concubines n'écrit pas des ouvrages de science.
Les historiens qui ont attribué à Salomon l'œuvre de sa Mère, ses Psaumes, ses ouvrages de science et de sagesse, lui ont aussi attribué la construction du Temple, dans lequel la doctrine de cette Reine et celle de Myriam devaient être enseignées.
Des monarques de l'Orient prirent également le nom de Salomon ou Soliman, on en compte jusqu'à 72 (Le grand Conseil des « anciens » ou Sénat d'Israël était composé de 70 (ou 72) « Mères ».)
Pendant plus de 1.000 ans, une foule de livres contenant des règles de sagesse pratique et même d'art manuel ont été mis sous le nom de Salomon.
Aussi, précisons que le mot « Salomon » ou « Soliman » est un nom générique et symbolique : il est le nom générique des vainqueurs de la femme, et il indique une ère nouvelle : le règne de l'homme seul !
On veut lui faire signifier la Paix, alors qu'il inaugure le règne de la guerre.

« Dans l’obscuration et l’oubli des sciences sacrées, il y a une question de race et de latitude. Les savants de la Chine et de l’Inde n’ont rien oublié, mais nous avons été séparés d’eux par des barbares. Seuls les Ninivites, destructeurs des sciences védiques, et les Sémites, copistes insuffisants et cruels des sciences égyptiennes, ont créé un hiatus entre l’antiquité et la contemporanéité, entre la science orientale et la recherche occidentale. C’est en passant à côté, à travers, ou par-dessus ces races médiocres, que nous retrouverons notre voie, et que l’humanité moderne se rattachera dignement à ses ancêtres du cycle de Ram. »
(Matgioi, La Voie Métaphysique)


« Malheur à vous, Docteurs de la Loi, car vous avez ôté la clé de la Gnose ! »
(Luc, XI.52)

« Mais celui-là est juif qui l'est au dedans, et la vraie circoncision est celle du cœur, faite selon l'esprit, et non selon la lettre. »
(Romains 2.29)

L'expression « Têtes-Rondes » (Roundheads) désignait les troupes d'Oliver Cromwell, féroces ennemis de l'Angleterre traditionnelle et de l'Eglise.
À propos de l'expression « Têtes-Rondes », rappelons que l'éminent ethnologue Th. Lothrop Stoddard comptait, d'après ses propres statistiques, que 82% des juifs étaient des Ashkénazes, de « race Alpine », ayant comme caractère des « têtes rondes » (Brachycéphales), étaient en réalité Turco-Mongols par le sang, et aucunement des « sémites ». Dans le même temps, il établissait que les vrais Juifs, les Sefardim, ou Sépharades, qui ont le crâne allongé (Dolichocéphales), étaient de race Méditerranéenne. Ces deux types, disait-il, sont « aussi éloignés l’un de l’autre que les deux pôles ».

« L’héritage Sioniste avait quelque chose de vicié au départ. »
(Eliezer Livneh)

« Lorsque le Sionisme cherche à faire croire au reste du monde que la conscience nationale des juifs trouverait satisfaction dans la création d'un État palestinien, les juifs dupent encore une fois les sots goïmes de la façon la plus patente. Ils n'ont pas du tout l'intention d'édifier en Palestine un État juif pour aller s'y fixer ; ils ont simplement en vue d'y établir l'organisation centrale de leur entreprise charlatanesque d'internationalisme universel ; elle serait ainsi douée du droit de souveraineté et soustraite à l'intervention des autres États ; elle serait un lieu d'asile pour tous les gredins démasqués et une école supérieure pour les futurs bateleurs. »
(Adolf Hitler)

« Aucun homme, écrivain, politique ou diplomate, ne peut être considéré comme mûr tant qu'il n'a pas abordé carrément le problème juif. »
(Wickham Stead)


À Julien L'Apostat

Bernard Lazare écrit dans L'Antisémitisme, son histoire et ses causes : « Il m’a semblé qu’une opinion aussi universelle que l’antisémitisme ne pouvait être le résultat d’une fantaisie et d’un caprice perpétuel, et qu’il devait y avoir à son éclosion et à sa permanence des raisons profondes et sérieuses. »
Un début de réponse avec René Guénon dans Le Règne de la quantité et les signes des temps, à l'article Les méfaits de la psychanalyse : « Par une étrange incohérence, le maniement d'éléments qui appartiennent incontestablement à l'ordre subtil continue cependant à s'accompagner, chez beaucoup de psychologues, d'une attitude matérialiste. Le cas de Freud lui-même, le fondateur de la « psychanalyse », est tout à fait typique à ce point de vue, car il n'a jamais cessé de se proclamer matérialiste. Une remarque en passant : pourquoi les principaux représentants des tendances nouvelles, comme Einstein en physique, Bergson en philosophie, Freud en psychologie, et bien d'autres encore de moindre importance (sans oublier Weizmann, Trotski, Lénine, Marx, Friedman, Oppenheimer, Kissinger ou Dassault, Badinter, Servan-Schreiber et aujourd'hui, piètre fin de série en cette fin de cycle avec les Sharon, Soros, Wolfowitz, Greenspan, Blankfein, Perle, Silverstein, Bernanke, Netanyahou, Barak, Milchan, Bleustein, Bergé, Sorman, Kouchner, Fabius, Cohn-Bendit, Klarsfeld, Attali, Minc, Bauer, Lang, BHL, Glucksmann, Finkielkraut, Zemmour et Zuckerberg, sans parler des Madoff, Epstein, Weinstein, DSK, Bernheim, Matzneff, etc.), sont-ils à peu près tous d'origine juive, sinon parce qu'il y a là quelque chose qui correspond exactement au côté « maléfique » et dissolvant du nomadisme dévié, lequel prédomine inévitablement chez les Juifs détachés de leur tradition ? »
Agents « modernes » de l'Antitradition, ce sont tous les « Égarés » qui n'ont pas suivi le bon « Guide », et pour lesquels la fin justifie tous les moyens.
Ce sont les Zélotes et les Sicaires modernes, voire sycophantes, le vrai visage de l'Inquisition séculaire, dont les laideurs morales et le recours à la force systématique, à défaut d'arguments, se déchaînent en toute impunité envers ceux qui refusent de continuer à croire leurs trop nombreux mensonges devenus, par là même, si évidents.
« On a parfois reproché à certains de vouloir trouver partout l’influence des Juifs ; il ne faudrait peut-être pas la voir d’une façon exclusive, mais il y en a d’autres qui, tombant dans un excès contraire, ne veulent la voir nulle part. (...) Il y aurait du reste, pensons-nous, une étude bien curieuse à faire sur les raisons pour lesquelles le juif, quand il est infidèle à sa tradition, devient plus facilement qu'un autre l'instrument des « influences » qui président à la déviation moderne ; ce serait là, en quelque sorte, l'envers de la « mission des juifs », et cela pourrait peut-être menez assez loin... » (René Guénon, La Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage)
Les indications coraniques relatives à cette « déviation » ou plutôt altération (tahrîf) s'appliquent explicitement aux juifs dans la transmission de la Thorah ; le mot « tahrîf » pouvant s'entendre comme « déformation » mais aussi comme défaut de vocalisation (Cor. Il, 75 ; IV, 46 ; V, 13, 41), ou comme faisant alusion à une dissimulation (Cor. V, 15 et VI, 91) d'une partie de la Thorah (« tukhfûn » : « vous tenez caché »). Aussi, le Coran utilise deux expressions différentes pour désigner les juifs : soit « fils d'Israël » (banû Isrâ'îl) quand il s'agit des authentiques dépositaires de la tradition hébraïque, soit proprement « juifs » (yahûd) quand il s'agit des représentants de ses formes déviées.


« Entre l'homme et Dieu il n'y a que l'orgueil »
(Joseph de Maistre)

« Les autres vices s’attachent au mal, pour qu’il se fasse ; l’orgueil, seul, s’attache au bien pour qu’il périsse. »
(Saint Augustin)

« Les portes du ciel ne seront pas ouvertes... à ceux qui seront détournés de nos Signes par orgueil : ils n'entreront pas dans le Paradis aussi longtemps qu'un chameau ne pénétrera pas dans le trou d'une aiguille »
(Coran, VII 40)


Depuis trois mille ans qu'existe des antisémites, le peuple juif vit toujours et apparaît en pleine forme. Si l'antisémitisme possédait la moindre efficacité, le peuple juif aurait disparu depuis longtemps et tenons-le pour indestructible car il fait partie du dessein universel.

En hébreu, l'Allemagne se dit « Achkenaz ». Un Allemand est un Achkenazi. Dans « Achkenazi », il y a le mot « nazi ». Qu'est-ce que « Ach » et ce « K » ? « Asch », c'est le feu. « K », indique le contenant, la similitude. Le mot biblique qui dit « Achkenaz » avertit que le feu sera dans la structure quand le nazi surgira. Cette indication prend toute sa grandeur quand on se souvient qu'Hitler gouvernait le troisième Reich. « Reich », c'est « Rosch », « Resh » ou « Raïs », c'est-à-dire « Tête ». L'avènement d'Hitler consacrait donc un renseignement évolutif de première signification pour un homme de connaissance.
(D. Aubier, Réponse à Hitler ou/et la mission juive)

Revenons sur cette lettre « R » qui est la dominante de cette équation rampante Révolte -> Rationalisme + Réforme + Révolution = Rupture… en rappelant qu'en hébreu elle se nomme « resh », mot ayant un curieux double sens dans cette langue : la tête et le poison. La tête, siège de la raison et de l'intellect : ces deux composantes ont amorcé un processus de totalitarisme depuis la Philadelphie du XVIIIe, et ce totalitarisme n'a fait que s'amplifier en nos temps laodicéens… Le second sens du « R » en hébreu, le poison, donnant même le véritable moteur destructif de cette hypertrophie du rationnel… d'autant que l'origine première de ce sens de poison de la lettre « R » de l'alphabet hébraïque est, précisément, la cigüe... ce qui nous renvoie encore au suicide « prémonitoire » de Socrate, sur lequel il y aurait beaucoup à dire, mais cela nous conduirait trop loin de notre sujet.
(B. Acquin, Ce soir l'Apocalypse. Il était temps)

Parmis les mots hébreux du groupe de « Séph », qui signifie lèvres, parole ; à côté de « Séfar » ou dénombrement, qui en chaldéen s'entend pour livre ; de « séfer » ou écriture, de « safar », qui s'emploie pour écrire, inscrire, être compté, compter, être raconté, publié ; de « safer » ou écrivain, secrétaire, scribe, docteur de la loi, il y a « Sépharad », dont on dit que c'est le nom d'une province inconnue où furent exilés les habitants de Jérusalem pendant la captivité de Babylone ; mais qui est aussi le nom de l'Espagne en hébreu moderne. Pourquoi en hébreu moderne seulement ? Pourquoi ce nom qui rappelle l'Ecriture, donné à l'Espagne ? Cela ne signifierait-il pas : « Pays de l'Ecriture, pays du Livre, pays décrit dans le Livre ? » D'ailleurs, nous, les juifs ibériques, ne sommes-nous pas les « Séphardim », ce qui pourrait signifier : les orthodoxes, les « fidèles du Livre », tandis que les juifs d'Allemagne, de Pologne, etc., seraient les « Aschkénazim, les « frères ».
(T. Cailleux, La Judée en Europe)

Les Juifs de l’Afrique du Nord sont des Sephardim, c’est-à-dire des descendants de Juifs espagnols et portugais, qui prétendent posséder une « tradition » (Kabbalah) beaucoup plus pure que celle des Ashkenazim ou Juifs allemands.
(R. Guénon, Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, tome 2, La Strict observance et les Supérieurs Inconnus)


Découvre mes yeux, afin que je regarde aux merveilles de ta Loi.
(Daud, Psaume CXIX)

La Reine Daud (« Roi David ») ne fut pas seule à fonder les Mystères de Jérusalem, lnstitution secrète qui devait se propager jusqu'à nous à travers la Franc-Maçonnerie. Elle eut deux collaboratrices : deux Reines-Mages, ou Magiciennes qui, avec, elle, formèrent le Triptyque sacré que les trois points de l'Ordre ont représenté depuis. L'une est Balkis, reine d'Ethiopie (appelée la reine de Saba), l'autre est une reine de Tyr, que l'on a cachée derrière le nom d'Hiram.
(La Franc-Maçonnerie moderne ou « Maçonnerie spéculative », née aux XVIIIème siècle, est le produit corrompu ou « Voie substituée » et d'origine anglo-saxonne de cette « tige » ancienne et respectable ou « Maçonnerie Opérative », et l'origine de tout le pseudo-féminisme contemporain.)


À Maria, à Jehanne...

On sent que l'Infini est là, tout proche, que son existence est réelle et indéniable et qu'on n'est pas préparé pour le recevoir ; c'est l'étincelle de doute qui se trouve comme épreuve suprême au seuil de toutes les initiations, et qui faisait rejeter pour jamais les néophytes des portes du Temple du grand Sphinx, lorsqu'ils hésitaient à la question : « Acceptes-tu la Lumière, l'Espérance et la Vie ? ». 
C'est la même émotion qui surprend l'Initié lorsqu'il aborde pour la première fois le troisième sens ou Remez de la Thorah, qui est le prélude de l'anagogie.

« D », ou Daleth, la Porte qui reste ouverte…

ק ב ל

« La révolte qui flambe dans une grande partie de la plus belle littérature de notre temps n'est point une révolte égoïste : elle est le produit de cet esprit plus large qui conçoit l'individu comme faisant partie de l'organisme social universel, et elle n'est, par conséquent, ni égoïste, ni altruiste. Elle trouve sa sanction dans l'entendement nouveau, et son inspiration dans les plus nobles sentiments de notre génération, mais la lumière qui l'illumine est avant tout le reflet de la grande vision d'une terre plus heureuse. Elle proclame les revendications de la vérité et de la justice, elle attaque le mensonge et l'injustice, parce que tels sont les principes élémentaires de la vie sociale ; mais elle fait plus volontiers appel à la chaude sympathie qui unit les enfants disséminés de la race humaine, et elle enjoint à tous de travailler ensemble à diminuer la souffrance et à créer le bonheur. L'avant-garde du genre humain, les hommes et les femmes chez lesquels la vivacité d'esprit s'unit aux nobles sentiments, s'écrient qu'ils ont atteint les pentes du mont Nebo ; et une foule toujours plus nombreuse d'hommes et de femmes se pressent à leur suite, pour voir si la terre qu'ils sont près d'atteindre est vraiment la Terre promise. » (H.G. Wells, Dieu, l'invisible roi)

Terre promise... Terre sainte, Terre de nos rêves les plus glorieux, Terre à enfanter en nous, et autour de nous. Terre de toutes les espérances et de tous les émerveillements.
« C'est qu'il y a deux terres qui portent le nom d’Israël : Il y a la terre d’Israël d’En Haut, et il y a la terre d’Israël d’en bas. La première est appelée « Adama », la seconde est nommée « Eretz ». La terre Sainte est la Terre Céleste où il y a le Palais divin, d’où se déversent les sources de la Sagesse. C’est cette terre spirituelle qui a été promise et donnée à nos ancêtres, et non la terre matérielle. »
(Grand Rabbin Jonathan Eybeschutz)

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En 1916, un professeur de Paris a dit cette phrase prophétique : « La question d'exégèse domine la question religieuse. La question religieuse domine la question philosophique. La question philosophique domine la science, laquelle domine la sociologie, qui domine l'Etat.
« Donc, tout doit partir de l'exégèse. »


Le véritable exégète n’est autre que la sage-femme de l’écriture qui, à l'aide des instruments dont elle se sert pour son travail d’enfantement, favorise la venue au monde de la Vérité.


Près du lieu d'accès, nous savons que si nous poursuivons la quête de ce « Graal », rien ne sera jamais plus comme avant. Il est toujours possible de rebrousser chemin à l'entrée, mais après...
Comprendre est une action irréversible.
« Je vous donne le bout du fil d'Or. Enroulez-le en une boule, il vous conduira au portail du Ciel, situé au mur de Jérusalem. »
(William Blake, Jérusalem)

ה ד ה


L'histoire que nous allons relater maintenant est l'événement le plus extraordinaire qui se soit produit pendant le cours de l'évolution humaine.
Et ce n'est pas un fait circonscrit dans un temps donné, limité à une période de l'histoire, spécial à un peuple, c'est la conséquence inéluctable du rayonnement d'un cerveau, surgi dans un passé lointain, qui a grandi dans le temps et a eu un retentissement immense dans la vie des générations qui se sont succédé à la surface de notre planète. Les conséquences morales, sociales, religieuses qu'il a eues dans le passé, sont la cause de nos luttes actuelles (1). Et cela prouve l'inconcevable puissance que contient l'idée, quand un germe jeté dans le monde y est fécondé par la lutte des hommes.
Nous allons voir un livre, le Sépher, dont nous ne connaissons plus qu'une partie, mais qui, dans sa rédaction originelle, ne devait pas dépasser l'importance d'un ouvrage moderne de 150 à 200 pages, arriver à une fortune si extraordinaire que la moitié de l'humanité connaît aujourd'hui l'existence de cet ouvrage séculaire par la version grecque qui en a été faite et qu'on a appelée la Bible.
D'où vient le succès de ce livre ? Quelle fut la cause du grand mouvement qu'il suscita ? Comment les idées déposées en ces pages ont-elles soulevé tant de discussions, fait naître des passions si diverses ? Pourquoi ont-elles traversé les âges, pénétré en tant de pays, régi tant de peuples, servi de bases aux religions les plus répandues, en même temps que ces mêmes idées, dans leur forme première, étaient soigneusement cachées dans le symbolisme des sociétés secrètes ?
C'est ce que nous allons étudier.
Nous allons soulever le voile des antiques Mystères, créer une exégèse nouvelle (mais sûre), effrayer les timorés ! Peut-être, provoquer la négation des sceptiques ! Sûrement, soulever des colères en même temps que des enthousiasmes ! Sans doute, mais qu'importe ? L'erreur a trop longtemps duré, l'heure est venue de tout dire, et nous sommes assurés d'intéresser, dans tous les cas, le public intelligent qui, sans se mêler aux luttes religieuses, regarde en curieux les choses qui passent.

Chacun des grands moments de l'histoire, quand le monde change de figure, est marqué par un procès et toujours, chose étrange, par un procès truqué, où l'immolation du condamné expie l'indignité des juges et des bourreaux.
La Passion du Christ en est l'archétype éternel, comme cela le sera plus tard, dans une moindre mesure, pour les Templiers, Jeanne d'Arc, Marie-Antoinette, etc.

(1) « Maître Kleist : Je ne mets pas en cause le Juif de la rue, honnête boutiquier généralement, ni la bourgeoisie juive. Je dénonce la caste dirigeante et secrète de ce peuple. »
(Saint-Loup, Hitler ou Juda ? Un second procès de Nuremberg)
« À mon avis, Israël en tant qu'État juif, constitue un danger non seulement pour lui-même et pour ses habitants, mais aussi pour tous les juifs et pour tous les autres peuples et États du Moyen-Orient et d'ailleurs. »
(Israël Shahak, Histoire juive-religion juive : le poids de trois millénaires, éd. 1996)
« On a dit aux juifs qu'Israël est la terre promise et c'est faux. Il y a une conspiration mondiale contre les juifs afin qu'ils aillent en Israël et qu'ils y meurent. »
(Muammar Kadhafi, The Guardian et El Mundo, 1996)
« Je désire sauver les juifs de la tombe où ils sont enfermés. Le monde entier les déteste. Ils ont été expulsés de partout, de Russie, d'Europe, d'Éthiopie... Il s'agit d'une véritable machination internationale contre eux pour les enfermer dans un seul pays. Je les invite à rentrer chez eux... Car, que je sache, être juif ce n'est pas une nationalité, c'est une religion. »
(Muammar Kadhafi, ABC, 1996)
« Je suis profondément convaincu (comme Raymond Aron) de l'erreur historique commise avec la fondation de l'État d'Israël. Comment un État peut-il être juste (hormis pour ses fervents zélateurs) lorsqu'il fonde ses lois sur des principes à la fois ethniques et religieux... Aujourd'hui, je ne m'en étonne guère, car je vois se dessiner le vrai visage d'Israël, agressif, conquérant, spoliateur, raciste et religieux. Aujourd'hui, toute affirmation qui ne loue pas la version sioniste de la seconde guerre mondiale est considérée comme diffamatoire. En revanche, l'Allemagne nazie est un régime déchu, banni des mémoires dans les deux Allemagne, qui n'a plus aucune valeur dans les stratégies politiques mondiales, tout en conservant une valeur symbolique irremplaçable. Aussi, n'est-il pas surprenant qu'on lui fasse supporter tous les crimes, y compris ceux qu'elle n'a point commis. Ce que le sionisme ne peut admettre, c'est la mise en doute des principes idéologiques qui fondent et justifient la politique extérieure de l'État hébreu : l'expansionnisme d'Israël au Moyen-Orient au nom des crimes commis par l'Allemagne nazie. »
(Claude Karnoouh, extraits de textes en forme de supplique, contenus dans un recueil coécrit par cinq auteurs, dont trois juifs et un ancien résistant, et adressé aux magistrats de la Cour d'Appel de Paris en défense de Robert Faurisson)


Je suis la fronde de « David » dont la pierre arracha le grand œil de Goliath
 et lui enleva finalement la tête.


ORIGINE SECRÈTE DE LA BIBLE
Pour comprendre l'effet que produisit l'apparition d'un livre à un moment donné, il est indispensable de connaître toutes les circonstances de la vie d'un peuple au moment même où ce livre parut.
C'est parce qu'on a négligé cette étude préalable que la vérité n'a pu se faire jour dans le dédale historique. Les prêtres des diverses religions ayant travaillé, les uns après les autres, à nous cacher le régime religieux qui avait existé avant leur domination, et le public s'étant habitué à considérer les écrits des théologiens comme une source véridique, on était arrivé à ignorer complètement la partie la plus importante de la vie des sociétés humaines, celle pendant laquelle se produisirent les événements les plus considérables et qui vit naître les institutions les plus importantes.
On avait surtout pris soin de nous laisser ignorer les luttes formidables qui firent sombrer le régime primitif, que nous ne connaissons guère que par les traditions vagues d'un Âge d'Or fabuleux.
On nous avait montré l'entrée de l'humanité dans le cycle ténébreux que les Hindous appellent « Kali-Youga » (âge noir) comme le commencement de l'histoire, alors que cette date fatale ne fut, en réalité, que le commencement de l'erreur avec son triste cortège de conséquences désastreuses : le mal, la misère, la guerre.
L'Âge d'Or, c'est la longue période pendant laquelle l'humanité vécut sous le régime du Matriarcat.
La religion de cette époque, la Théogonie ou Théosophie, comprenait l'enseignement des lois de la nature donné par des Prêtresses, alors que le culte n'était encore que la religion naturelle, c'est-à-dire l'hommage rendu par l'homme à la Déesse, nom générique de toutes les femmes supérieures et qui n'indiquait alors que les qualités morales inhérentes au sexe féminin. Pas de surnaturel ; partout les mêmes principes, c'est-à-dire les mêmes commencements, avaient pour base la nature même, encore inviolée.

LA DIVINITÉ PRIMITIVE CHEZ LES ISRAÉLITES
Dans cette période reculée de l'histoire, la Déesse est la personnification de l'Esprit féminin ; elle est l'Esprit divin uni à la beauté, à la grâce, à la maternité. Un nom que toutes les mythologies ont conservé la désigne : HEVA.
Chez les peuples qui changent le V en B, on a HEBE. Les langues primitives changent facilement les voyelles. On ne les écrivait même pas et l'usage, si instable, déterminait la prononciation que, seule, la tradition fixait.
Chez les Hindous, en ajoutant à EVA l'article démonstratif D, on fait D-EVA, ou D-EVI. L'H que l'on met devant EVA est aussi, en hébreu, un article HA (la).
Plus tard, on ajoutera devant ce nom un I, lettre idéographique symbolisant le sexe masculin, qui donnera au nom un caractère hermaphrodite. On écrira alors IHEVA ou IHAVE, et DEVA deviendra DIAVE.
La divinité n'est, d'abord, qu'un apanage féminin ; peu à peu elle devient mixte et l'on crée des couples divins.
C'est dans la troisième phase religieuse, seulement, que le « Dieu », séparé du couple, va régner seul.
Il est utile d'étudier l'évolution du nom divin, qui joue un si grand rôle dans l'histoire des Hébreux.
Renan dit dans Le peuple d'Israël (p. 82) : « Rien n'incline à croire que IHAVE soit originaire d'Egypte. En Assyrie au contraire, et en particulier dans les contrées chaldéennes araméïsées, voisines du Paddan-Adam, le mot IAHOU ou IHAVÉ paraît avoir été employé pour désigner la Divinité. La racine HAVA, écrite par un H doux ou un H dur, signifie, en langue araméenne, l'Etre ou le souffle de vie, ou la vie. La mère de vie, la première femme s'appelait HAVA. Le nom sacré se contractait en Iahou et Io et s'écourtait en Iah.
« On expliquait le Tétragramme par le verbe haïa qui est la forme hébraïque de Hawa : « Je suis cela qui suis », et je suis devenait un vrai substantif. »
Les vraies voyelles de IHVH sont inconnues. Les anciens transcrivaient IEYO, IEOY, IAO (1).
Clément d'Alexandrie donne IAOVE.
Fabre d'Olivet, dans sa Langue hébraïque restituée, nous explique aussi l'origine du nom de la Divinité des Hébreux et montre que dans HVH l'aspiration finale tombée avec le temps est celle qu'on appelle quiescente. Puis, après avoir donné des indications très claires sur le sexe de la Divinité primitive, il se reprend et dit (p. 26) : « Je ne veux pas dépasser les bornes que la prudence commande. J'aurai soin seulement de donner au lecteur intelligent toutes les facilités qu'il pourra désirer. »
Ce nom divin a toujours été considéré comme renfermant « un mystère ». Il s'écrivait seulement avec les consonnes HVH, puisque la primitive langue hébraïque n'avait pas de voyelles. C'est l'usage qui, d'abord, indiquait la manière de prononcer les consonnes ; ce qui rendait impossible la transmission écrite de la prononciation des mots. La tradition orale seule conservait cette prononciation.
Or, en changeant la prononciation des voyelles, on peut rendre un mot méconnaissable. C'est ce qui arriva pour le nom qui nous occupe. Il fut prononcé d'abord HeVaH ; c'était le nom générique de la Femme, d'où dériva le nom Eva des modernes. En changeant les voyelles de place, c'est-à-dire en écrivant le nom à l'envers, on en fit HaVeH (2), puis, en ajoutant le yod (le « I ») devant le nom, il devint IHaVeH, qui servit à faire le Jehovah des modernes (3).
Les Francs-Maçons, qui gardent dans leur symbolisme les traditions de l'Israélisme, ont le mot IVAH parmi les quatre mots sacrés du grade de Maître secret. (Ils le donnent comme une contraction de Jehovah.)
Ce nom, ainsi écrit, nous fait supposer que, primitivement, Hevah se prononçait Ivah.
Il est impossible de comprendre l'histoire de la Bible si l'on ne connaît bien l'évolution du nom divin. C'est pourquoi nous nous sommes étendus sur ces étymologies.
Nous devons aussi rappeler que le mot Dieu, d'abord écrit Diev (jusqu'au Moyen Age l'u finale était un v), vient du mot sanscrit Devâ ou Devi, qui signifiait la « Femme lumière », la « Femme Esprit » ; ce mot Dieu n'apparaît pas dans la Bible primitive où Hevah le remplace d'abord, puis arrive à être caché, supprimé ; enfin on lui substitue le mot « Eternel » quand les traducteurs qui ont voulu masculiniser l'antiquité eurent supprimé tout ce qui est féminin.
(1) « Nous avons dit que la racine by, wy, bai, devenue, dans la plupart des langues européennes la formule de l'être vivant, fut, chez les gallois, le plus parfait symbole de la lumière active. Mais bientôt le B disparut ; et il ne resta que « ai » prononcé « ia » par plusieurs, et qui, dans les Flandres, l'Artois et la Picardie, est encore aujourd'hui le terme affirmatif. D'autres disaient « ie », « ies », qui signifiait également la vie universelle. Par suite cette syllabe célèbre servit à qualifier, la plupart des personnifications de la dualité génératrice. Lorsqu'elle s'appliquait au principe femelle, la racine « ia » se conserva dans toute sa pureté ; et nous citerons, pour exemple, « Maia », « Ia » qui tenait à la main un flambeau (...) Quand on voulait donner la formule de la cause éternelle avec toute la plénitude de ses attributions, on écrivait « Iao » ou « Ioa », selon que l'on désirait faire apparaître en première ligne le principe femelle ou mâle. L'oracle de Claros enseignait que le plus grand dieu était « Iao ». » (Godefroy de Roisel, Etudes anté-historiques : les Atlantes, p.377)
« Ia est mon secours », dit Moïse (L'Exode, XV.2)
(2) AVE ou EVA, c'est le même nom lu de droite à gauche comme lisent les Hébreux ou de gauche à droite suivant l'usage des Européens.
(3) « Une note concerne le nom secret que les « Fidèles d’Amour » donnaient à Dieu : Francesco da Barberino, dans son « Tractatus Amoris », s’est fait représenter dans une attitude d’adoration devant la lettre « I » ; et, dans la « Divine Comédie », Adam dit que le premier nom de Dieu fut « I ». Cette lettre « I », que Dante appelle la « neuvième figure » suivant son rang dans l’alphabet latin, et l’on sait quelle importance symbolique avait pour lui le nombre 9 (voir paragraphe consacré à l'Étoile Flamboyante), n’est évidemment autre que le iod, bien que celui-ci soit la dixième lettre dans l’alphabet hébraïque. C’est ce même iod qui, dans la Maçonnerie, est devenu la lettre « G », par assimilation avec « God » (car c’est en Angleterre que s’opéra cette transformation) ; ceci sans préjudice des autres significations multiples qui sont venues secondairement se concentrer dans cette même lettre G. » (R. Guénon, Le Voile d'Isis, Le langage secret de Dante).

ORIGINE DES HÉBREUX
C'est de ce nom « Hébé » que l'on fait Heber, origine du nom générique des Hébreux, des Arabes et peut-être des Ibères (1) ; si ces noms se retrouvent dans des régions si éloignées les unes des autres, c'est parce que, lorsque les peuples gynécocrates perdirent leur puissance et furent obligés de quitter leur pays d'origine, on donna au mot hébraïque (hebraikos en grec), qui les désignait toujours, une signification nouvelle, on le fit signifier « qui est déporté, qui vient d'au delà » ; et on précisait même, on disait « d'au delà du Gange ».
Ce nom d'Hébé (heve) se retrouve encore dans Hébel (Hebe-el) ou Habel (Habe-el) (l'article est mis après le nom), qui signifie « Esprit », et que nous voyons apparaître dans la seconde légende hébraïque de l'origine de l'humanité, celle de Caïn et Habel.
Les Kabbalistes et les savants savent que ces deux noms représentent le couple humain : Habel est la « Femme Esprit », sœur de l'Homme. Quand les prêtres mutileront les Ecritures pour supprimer la Femme de l'histoire, l'humanité ne commencera plus que par des mâles.
Les luttes des Caïnites et des Habélites sont une des formes de la guerre des sexes, comme les luttes des Pândous (Pândava) et des Kourous (Kaurava) aux Indes, celles des Titans et des Dieux chez les Grecs. Il ne s'agit pas de la lutte d'un homme contre un homme, mais d'un sexe contre l'autre, et c'est là le crime social commis contre la Femme, que Fabre d'Olivet explique ainsi le principe de la jalousie qui détermina ce meurtre symbolique : « La faculté féminine créatrice est désignée sous le nom d'Hébé qui, dans l'idiome phénicien, était celui de l'amour féminin (2). Dans la secte des Pasteurs, on enseigne que, dès l'origine des choses, il existait 2 êtres : l'amour et le chaos. L'amour, principe féminin spirituel ; le chaos, principe masculin matériel (chaos vient de Kaïn) ». (L'État social de l'homme, T.I, p. 294)
Si les Hébreux sont des peuples gynécocratiques poursuivis et déportés, il n'est pas surprenant que le nom qui sert à les désigner, « Israël », ait aussi une signification féministe.
En effet, Israël vient du mot sanscrit Içwara, qui signifiait chez les Hindous « l'être qui prime sur les forts », ou bien « l'être en qui réside la puissance », la Maîtresse (3).
Cette Maîtresse représentait la puissance morale de la Femme qui domine l'homme fort.
(1) « Les noms que nous donnons aux Hébreux et aux Arabes, quoiqu'ils paraissent très différents, grâce à notre manière de les écrire, ne sont au fond que la même épithète modifiée par deux dialectes différents ; l'un et l'autre peuple rapportent son origine au patriarche Heber (heber suivant l'orthographe hébraïque, suivant l'arabe habar ; le dérivé hébraïque est hebri en hébreu). Or le nom de ce prétendu patriarche ne signifie rien autre chose que ce qui est placé au-delà, ce qui est éloigné, caché, dissimulé, privé de jour, ce qui détermine. De cela on a fait, à tort, ce qui est occidental. Les Hébreux, dont le dialecte est évidemment antérieur à celui des Arabes, en ont dérivé hebri, et les Arabes harbi. » (Fabre d'Olivet, La Langue hébraïque restituée)
(2) En allemand, amour, liebe, est féminin, et a la même racine que Hebeh, également féminin ; le mot chaos, opposé à celui d'Hébé, est la matière.
(3) Philon d'Alexandrie qui, dans ses écrits, montre une intention manifeste de supprimer la Femme de l'histoire, altère cette étymologie, il en supprime le premier mot Isa et ne laisse que Ra-el, qu'il fait signifier voyant Dieu. Mais le Dieu de PhiIon n'existait pas encore quand on commença à employer le mot Israël.

LES ANCIENNES LÉGENDES
Comment de Içwara arriva-t-on à faire Israël ?
Rappelons d'abord que la racine Isha ou Aisha désigne la femme et sert à former les noms primitifs qui lui sont attribués.
Si nous décomposons Içwara, nous trouvons isha (femme) et vara (ciel) (1). Le V devient U dans certaines langues où le ciel sera ura (d'où Uranie, Ouranos).
Chez les Egyptiens, on supprimera le V et on dira RA. Donc, en Egypte, Içwara devient Is-ra, auquel on ajoute el qui est un article qui se met après le nom (2).
Dans la suite des temps, les anciennes formes du mot Ish perdront leur H, ou plutôt c'est la lettre shin (ש) qui changera de prononciation. Suivant que cette lettre est surmontée d'un point à droite ou à gauche, elle se prononce sin ou shin.
Renan dit : « Qui nous dira comment les Hébreux qui les premiers écrivirent le nom de Moïse MShH vers 1.000 ou 1.100 prononçaient le s (shin - ש) ? » C'est justement le temps où la moitié d'Israël disait Sibboleth (3), les deux prononciations du ש se confondant également dans les anciennes formes du nom d'Israël.
Les Hébreux donnaient à la femme le nom de Isa et non plus celui de Aisha.
C'est après le grand mouvement provoqué par l'enseignement de la Déesse Krishna (4) qu'un grand schisme éclata : le schisme d'Irshou, qui divisa l'humanité jusqu'alors unie dans la croyance des lois de la nature, non encore discutées.
Mais Krishna venait d'expliquer la loi des sexes déposée dans la Bhagavad-Gitâ (voir la partie consacrée aux Hindous dans l'article sur la Perse et les hindous) ; or cette loi dévoilée ne fut pas comprise de tous, elle souleva une grande révolte des masculinistes qui arrivèrent à s'emparer en partie de la domination de l'Inde, ce qui obligea les féministes à quitter le pays. C'est alors que se produisirent les grandes émigrations qui répandirent ces exilés chez les Phéniciens, les Phrygiens, les Ioniens, les Egyptiens, les Etrusques.
Les émigrés, en sortant de l'Inde, s'arrêtèrent d'abord en Chaldée où ils fondèrent une ville à laquelle ils donnèrent le nom de Or ou Ur (qui veut dire lumière).
On les appelait « Peuple de Brahm », parce qu'ils venaient du pays où le soleil était appelé Brahm.
Plus tard, pour dénaturer ces faits réels et cacher leur cause, « la lutte de sexes », on en fit des légendes restées dans tous les Livres sacrés révisés par les prêtres dans les siècles postérieurs.
C'est ainsi que le « Peuple de Brahm » deviendra un homme : Abrahm, puis Abraham (5). La légende fait naître Abraham vers 2.000 ou 2.300, date qui semble bien se rapporter à l'époque du schisme d'Irshou.
L'histoire sainte nous dit que sa famille était riche en troupeaux, parce que les féministes étaient ceux que l'on appelait des Pasteurs sédentaires. Comme c'est l'époque des tribus matriarcales, ceux qui, 2.000 ans plus tard voudront défendre le droit paternel, diront qu'Abraham fut un Patriarche chef des tribus. Mais jusqu'au décret de Ptolémée Philopator, promulgué deux siècles avant le Christianisme, le père ne fut pas connu des enfants, qui portaient le nom de la Mère.
« C'est en Kaldée, dit la Bible, que Dieu révéla à Abraham qu'il serait la tige de son peuple », expliquant ainsi cette espèce de vocation d'un petit groupe de féministes qui allaient remplir une si grande mission dans le monde.
La révélation faite par Dieu à Abraham, c'est la révélation faite par Krishna au « Peuple de Brahm ». Dans la légende, Abraham aura une femme, Sarah, 1.500 ans avant l'institution du mariage, et cela, sans doute, pour utiliser le nom de Sarah qui, chez les Hindous, signifiait la Brillante, parce que c'est elle, Saraswatî, qui fut la première révélatrice des lois de la nature dans l'Inde antique, l'auteure du Véda.
On donne à Abraham un fils, Isaac. Or, Isa est le surnom qu'on donnait à Krishna (Isa-Krishna), et Ak signifie chef, d'où Isa- Ak (6).
Dans la légende, Isaac a 2 enfants, Esaù et Jacob, dont l'histoire résume, sous une forme symbolique, la grande lutte de sexes qui déchira le pays des Hindous. Rappelons-la :
Le mâle est le premier-né, mais il a perdu sa priorité par la chute (dans la vie sexuelle), c'est-à-dire par les passions, ici représentées par le plat de lentilles, ailleurs par d'autres symboles. Jacob, sa sœur, apparue après lui, l'a cependant dépassé (il s'agit des primitifs adolescents), et c'est elle qui règne par l'esprit, par la raison.
Elle est surnommée Isa-Ra-el (ra est la racine de radiation, ce qui est radiant, lumineux). Ce nom, dira-t-on, veut dire « combattant pour Dieu ». Mais dans cette antiquité il ne s'agit pas du Dieu moderne, dont l'idée première vient de Socrate. Mais suivons les étapes de l'émigration :
La tribu d'Abraham (ou des enfants d'Israël) passe en Mésopotamie et s'arrête dans la ville de Harram ; elle franchit l'Euphrate, traverse la Syrie et vient s'établir dans le pays de Chanaan (la Palestine future), où la tribu reste pastorale, logeant sous des tentes et changeant souvent de résidence.
Jacob, type symbolique de la Mère (matriarcale), a 12 enfants qui établissent 12 tribus. Leurs noms nous ont été conservés dans le cantique de Déborah.
Ce qui est certain, c'est que ces enfants symboliques ne sont pas des fils, mais des filles, puisque ces émigrés ont quitté l'Inde pour ne pas se soumettre à la domination de l'homme et gardaient jalousement les traditions gynécocratiques, et c'est là ce qui leur donne leur caractère de peuple divin.
La Bible moderne fera de ces 12 chefs des Patriarches, mais nous savons (c'est Renan qui nous l'apprend) que le mot patriarche ne fut introduit dans l'histoire qu'au deuxième siècle de notre ère, quand le droit paternel eut triomphé à Rome et que l'histoire fut révisée pour donner à ce droit nouveau une haute antiquité.
Enfin Jacob (le parti féministe), après avoir séjourné dans la terre de Chanaan, arrive en Egypte (ce sont les Ich-sos / hyk-sos), parce que, dit l'histoire sainte, un de ses enfants, Joseph, fut vendu par ses frères.
Ensuite on fait de Joseph un esclave de Putiphar, officier de la cour, à une époque où il n'y a pas encore de rois, donc pas non plus de cour, ni d'officiers puisqu'il n'y a pas encore d'armées régulières.
Ce qui existe alors, ce sont des Pharaons. Mais les Pharaons ne sont pas des rois, ce sont des Maîtres intellectuels, des instructeurs ; ce sont « ceux qui parlent », qui enseignent, semblables à ceux qu'on appelle chez les Israélites des Prophètes, puisque leur nom vient de la même racine (pharaï, parler).
On a remarqué que le titre de Pharaon ne se trouve pas dans les anciennes listes des rois d'Egypte ni sur les monuments explorés par la science moderne.
Le roi, dont Putiphar serait officier, appartient, dit-on, à la dynastie des Hyk-sos, et il confie à Joseph l'administration de toute l'Egypte.
Or ce sont justement les émigrés, venus de l'Inde par la Chaldée, qui sont les Hyk-sos, et si un émigré israélite a eu l'administration du pays, c'est évidemment parce que cette race était douée d'une haute intelligence et qu'elle conservait les anciennes lois basées sur le droit naturel, qui étaient celles du régime gynécocratique.
Alors, celui qu'on appelle Joseph, c'est un nom collectif.
L'arrivée en Egypte de ce peuple nouveau introduisit dans la langue égyptienne des mots nouveaux. C'est ainsi que le surnom donné à Krishna, Isa, devint Isis. (L's finale est une terminaison grecque.)
Le fleuve fut appelé Nila, qui en sanscrit veut dire bleu, parce que c'était la couleur symbolique qui avait été adoptée par Krishna pour représenter son parti. Jusque-là, les féministes arboraient le drapeau rouge et les masculinistes le drapeau blanc.
(1) Dans les premières luttes de sexes, on donne à l'esprit féminin des noms qui rappellent les astres et qui sont en opposition avec les noms masculins qui représentent la Terre. Dans la Cosmogonie phénicienne, Uranus et Ghé, le Ciel et la Terre, symbolisent la femme et l'homme. En hébreu, shamaïm (cieux) et arets (terre) sont employés de même, et le sha (première syllabe de shamaïm) deviendra le she anglais (elle).
(2) Il ne faut pas invoquer la terminaison des genres en sanscrit, « I » pour le féminin et A pour le masculin, contre les étymologies que nous donnons, parce que pendant le cours des luttes de sexes on a changé l'orthographe des mots. C'est ainsi que nous voyons quelquefois Abraham écrit Ibrahim. Souvent on a mis le masculin pour le féminin, quelquefois on a supprimé tout à fait la lettre terminale comme dans Diew (de Dieva). Le genre se reconnaît à la signification du mot dans la première forme religieuse.
(3) Le mot Schibboleth a beaucoup occupé les symbolistes qui en ont cherché l'origine et la signification. Ce vocable est resté le mot de passe des compagnons et symbolise encore l'épi.
C'est une altération du nom de la Déesse Cybèle, dans sa forme celtique, Cybolla, à laquelle on ajoute la terminaison méprisante « eth ».
En hébreu le Shin et le Sin se confondent ; c'est pour cela que l'on disait shibboleth ou sibboleth. La terminaison « eth » est le mot sacré « thé » retourné. Le nom de la Déesse Cybolla, qui porte les épis (génération), représentera le vase sacré, qui s'appellera ciboire dans le culte catholique.
Les Hébreux, lorsqu'ils s'établirent d'abord en Palestine, donnèrent à la Divinité les noms déjà consacrés dans le pays. Ils adorèrent la Femme sous les noms d'Aschéra (dérivé sans doute d'Aïsha), une Aphrodite et une Arthémise. Aschéra signifie l'Heureuse, la Favorable ; c'était la Déesse babylonienne ; on lui consacrait le fruit du grenadier dont les innombrables pépins symbolisent la graine humaine, l'ovule. La grenade entrouverte, laissant échapper ses graines, resta, dans les « Mystères », le symbole de l'ovulation, comme les épis de Cérès.
(4) Si nous lisons la Bhagavad-Gitâ dans la traduction anglaise de M. Ch. Wilkins (1787), nous voyons qu'il appelle Krishna « Fille royale de Dropadi » ; si nous lisons le même livre dans la traduction de Burnouf, faite un siècle plus tard, nous constatons qu'il a supprimé les passages qui indiquaient le sexe de Krishna.
(5) « L'hymne destiné aux cérémonies du Pourouchamedha ou sacrifice de l'homme, imitation mystique du grand et primitif sacrifice consommé par l'Éternel, contient comme idée fondamentale Brahm, le sacrificateur, et Brahma, sa manifestation, son fils, la victime. » (G. de Roisel, Études anté-historiques - les Atlantes)
(6) Si les Israélites étaient considérés comme « le peuple choisi », privilégié entre tous, c'est parce que, plus longtemps que les autres, ils avaient conservé les traditions de la vie primitive qui étaient matriarcales, théogoniques et gynécocratiques. Si les Écritures que les modernes étudient ne nous disent pas cela, c'est qu'elles datent de l'époque où les hommes, ayant conquis le pouvoir, écrivirent l'histoire antérieure à leur triomphe pour justifier leur usurpation, donnant à croire que le règne de l'homme avait toujours existé.






ORIGINE DE LA LÉGENDE
Maintenant que nous avons rappelé la légende, voyons sur quels faits on la motiva.
Les émigrées de l'Inde se répandirent dans toute l'Asie ; elles firent un séjour dans la partie de l'Arabie qui touche au Golfe Persique et y laissèrent des souvenirs dont l'histoire a gardé la tradition.
La Mecque (longtemps avant l'Islamisme) fut une de leurs stations. On y trouve une « Maison sacrée », la Kaaba, « Maison de Dieu », dira-t-on, quand on mettra le nom divin au masculin.
Sur les collines voisines de la Kaaba se trouvait l'habitation des Déesses Icâf et Nayila.
C'est dans la Kaaba qu'avaient lieu les réunions secrètes des femmes, c'est là qu'elles célébraient leurs « Mystères ».
Primitivement on disait Qoubbah, mot qui signifiait, dit le Coran, lieu d'Abraham (Abraham mis pour Peuple de Brahm).
Une fois par an, les femmes y recevaient les hommes pour la fécondation annuelle qui avait lieu au printemps : d'où la Pâque, fête de l'œuf (1).
Cet endroit fut donc consacré par le pèlerinage annuel qui réunissait les hommes et les femmes, dans un temps où la lutte des sexes avait créé le divorce social, les hommes vivants entre eux, les femmes entre elles.
Cette fête de Pâque était accompagnée de cérémonies religieuses et d'un enseignement. Les Déesses profitaient du pèlerinage qui attirait les hommes pour leur expliquer les lois de la Nature que, dans d'autres occasions, ils ne voulaient pas écouter.
C'est ainsi qu'on institua le Tawaf, ou les 7 tournées autour de la Kaaba, qui étaient destinées à faire connaître aux hommes les lois cosmiques résumées dans l'histoire des 7 corps actifs qui génèrent les couleurs des soleils (voir l'article sur la Cosmogonie). C'est le septénaire, représenté chez les Hébreux par les Elohim
C'est de cette cérémonie qu'est resté l'usage des processions autour des églises.
La simple visite au lieu saint, qui pouvait se faire à toute époque de l'année, s'appelait Omra ou Hadjdj al-Asghar (« petit pèlerinage »).
Pour se préparer aux cérémonies du Hadjdj et de l'Omra, on s'imposait certaines abstinences et on se mettait en état d'ihrâm (sanctification). C'est l'origine du carême.
Les hommes se purifiaient (bain), se faisaient couper les ongles, la barbe et les cheveux avant de paraître devant les femmes.
C'était l'occasion d'une grande féria, aux environs du sanctuaire.
Des marchands venaient y apporter toutes sortes d'objets, et c'est là que les hommes achetaient des cadeaux qu'ils offraient aux femmes.
C'est de là qu'est resté l'usage des foires annuelles.
Le Coran raconte la légende de la Kaaba en en attribuant la construction à Abraham et à Jacob. On fait dire par Allah à Abraham : « Je t'établirai Iman des hommes » (chef spirituel) ; et Abraham répond : « Et ma postérité aussi ». C'est ainsi qu'on établit la religion masculine et les chefs spirituels mâles.
Résumons :
Du peuple de Brahm on fait un homme, Abraham, un patriarche, à une époque où le père n'est pas connu de ses enfants. (Nous venons de voir comment les fécondations se font, une fois par an).
Les enfants portent le nom de leur mère.
On donne à Abraham un fils, Isaac, dont le nom est formé de Isa ou Isha (surnom de la Déesse, qui deviendra Isis) et Ak, qui signifie chef.
Ce second patriarche, car c'en est un aussi, a 2 enfants (les 2 sexes) : Esaû et Jacob.
Jacob (sexe féminin) s'écrit Ya-qoub, et signifie « Maison de Dieu », c'est-à-dire de la Déesse (Ya diminutif de Yaveh, et qoub de Qoubbah, maison).
Esaù (sexe masculin) est un nom que nous trouvons altéré de diverses manières, mais représentant toujours la masculinité. Esaû devient Azar, Esar, Æsar, Ezer.
Le Hésus des Gaulois vient aussi de Esaû, ainsi que le JHésus des Catholiques.
Quant au mot Kaaba, « maison sacrée », les hommes en ont fait Al-Coba, qui signifie Alcôve (Al est un article).
En arabe, Al-Coba désigne aussi une hutte.
(1) En hébreu, le mot Pâque veut dire passage. La fête du Pessa'h (de la Pâque) se célébrait à la première pleine lune de printemps. C'était le premier mois lunaire de l'année juive, le temps que la Nature assigne pour les fécondations. Les relations sexuelles étaient réglementées par la religion. Quand on eut tout profané, on changea la signification des primitives institutions, et l'on nous dit alors que « la Pâque fut l'obligation pour tout Israélite de venir chaque année offrir les prémices des fruits de la terre devant le tabernacle établi a Silo. »

ISRAËL LE PEUPLE CHOISI
Si on a pu dire qu'Israël est le peuple choisi, cela voulut dire primitivement le sexe choisi.
La maison d'Israël, c'est la puissance féminine, ce sont les fidèles de la gynécocratie.
On sait aujourd'hui que ce régime a duré jusqu'au VIIIème siècle avant notre ère et que c'est pendant sa longue durée que régna la vérité dans la religion et la justice dans la vie sociale (1).
Mais l'homme s'est révolté contre la Femme et contre sa loi, il l'a attaquée, et la lutte, une fois commencée, a grandi, elle est devenue formidable, et nous allons voir, dans l'histoire qui va suivre, les grandes femmes d'Israël soutenir de longues guerres dans l'agonie de leur puissance. C'est ce grand événement qui fait le fond de la Bible, et ainsi elle apparaît comme un livre du plus grand intérêt, digne du grand respect qu'on lui accorde ; l'histoire qu'elle renferme est bien réellement l'Histoire sainte.
(1) « Il est un fait assez étrange, qu’on semble n’avoir jamais remarqué comme il mérite de l’être : c’est que la période proprement « historique » (la seule qui soit vraiment accessible à l’histoire ordinaire ou « profane »), remonte exactement au VIème siècle avant l’ère chrétienne, comme s’il y avait là, dans le temps, une barrière qu’il n’est pas possible de franchir à l’aide des moyens d’investigation dont disposent les chercheurs ordinaires. À partir de cette époque, en effet, on possède partout une chronologie assez précise et bien établie ; pour tout ce qui est antérieur, au contraire, on n’obtient en général qu’une très vague approximation, et les dates proposées pour les mêmes événements varient souvent de plusieurs siècles. (...) L’antiquité dite « classique » n’est donc, à vrai dire, qu’une antiquité toute relative, et même beaucoup plus proche des temps modernes que de la véritable antiquité (...) et l’on pourra suffisamment juger par là jusqu’à quel point les modernes ont raison d’être fiers de l’étendue de leurs connaissances historiques ! Tout cela, répondraient-ils sans doute encore pour se justifier, ce ne sont que des périodes « légendaires », et c’est pourquoi ils estiment n’avoir pas à en tenir compte ; mais cette réponse n’est précisément que l’aveu de leur ignorance, et d’une incompréhension qui peut seule expliquer leur dédain de la tradition ; l’esprit spécifiquement moderne, ce n’est en effet rien d’autre que l’esprit antitraditionnel. Au VIème siècle avant l'ère chrétienne, il se produisit, quelle qu'en ait été la cause, des changements considérables chez presque tous les peuples ; ces changements présentèrent d'ailleurs des caractères différents suivant les pays. Dans certains cas, ce fut une réadaptation de la tradition à des conditions autres que celles qui avaient existé antérieurement (...)  c'est ce qui eut lieu notamment en Chine (...) Chez les Perses, il semble qu’il y ait eu également une réadaptation du Mazdéisme (...) Dans l’Inde, on vit naître alors le Bouddhisme, qui, quel qu’ait été d’ailleurs son caractère originel, devait aboutir, au contraire, tout au moins dans certaines de ses branches, à une révolte contre l’esprit traditionnel, allant jusqu’à la négation de toute autorité, jusqu’à une véritable anarchie, au sens étymologique d’« absence de principe », dans l’ordre intellectuel et dans l’ordre social. (...) En nous rapprochant de l’Occident, nous voyons que la même époque fut, chez les Juifs, celle de la captivité de Babylone ; et ce qui est peut-être un des faits les plus étonnants qu’on ait à constater, c’est qu’une courte période de soixante-dix ans fut suffisante pour leur faire perdre jusqu’à leur écriture, puisqu’ils durent ensuite reconstituer les Livres sacrés avec des caractères tout autres que ceux qui avaient été en usage jusqu’alors. » (R. Guénon, La Crise du Monde Moderne)


Sous la conduite de l'Ange de lumière (la Femme), les descendants de Myriam (Hiram) monteront à l'assaut de la Jérusalem céleste pour réduire à l'impuissance Adonaï, principe du mal.




LES HYKSOS
Les premières phases de l'histoire des Hyksos se déroulent en Chaldée ; les origines qu'elles nous racontent sont celles que la tradition babylonienne a conservées. Leurs tribus matriarcales existaient en Assyrie. C'est cette forme de gouvernement qui fut établie en Palestine, « cette terre qui sera un jour la possession d'un peuple qui sortira des tribus gynécocratiques ».
A l'époque où les féministes fuyaient devant l'oppression masculine, on vit entrer en Egypte, par le nord-est, un peuple de « Pasteurs » nomades. C'étaient des Chananéens qui, après avoir habité la région de l'Arabie qui touche au Golfe Persique, avaient émigré en Syrie. Cela se passait 2.000 ans avant notre ère. Ces féministes allaient vers la Palestine en vertu de cette tendance singulière qui pousse les femmes qui émigrent à se diriger vers le nord-ouest ; fait, du reste, qui a une cause psychologique : les races du Midi, ayant commencé plus tôt leur évolution, sont arrivées plus tôt au déchaînement des passions qui engendre la révolte de l'homme contre la femme (1). Pour fuir les dominateurs, il faut se diriger vers les pays où l'évolution plus tardivement commencée n'a pas encore amené les hommes au même degré de révolte contre les contraintes qui leur sont imposées par la loi morale. C'est pourquoi le mouvement d'émigration féministe, véhicule de la civilisation, marche de l'Orient à l'Occident, du sud au nord.
Il faut se rappeler que la « Tribu » est la forme du régime matriarcal et que ce sont les femmes qui sont « Pasteurs » ou plutôt « Pastourelles », c'est-à-dire Sédentaires.
Quand on parle de « Rois Pasteurs », on met au masculin le titre que l'on donnait à la souveraine féminine.
Suivant Flavius Josèphe, « Hyk » dans le dialecte sacré veut dire chef, et « sos » dans la langue populaire signifie pasteur (Contre Apion, 1.4). Or le langage sacré à cette époque reculée, c'est la primitive langue des Déesses.
M. Chabas rappelle que le nom hiéroglyphique des Pasteurs, trouvé dans l'inscription d'Ahmès, est exprimé par un groupe qu'il lit : Menaou. Dans le papyrus Sallier, ils sont désignés par une épithète flétrissante : Aatou (fléau) (Mélanges égyptologiques, pp. 32 à 35).
Nous voyons dans cette flétrissure une preuve psychologique de l'origine gynécocratique des Hyksos. C'est toujours ainsi qu'au milieu des luttes de sexes on parle des féministes.
Ces tribus s'établirent au nord de l'Egypte, dans le Delta (2).
L'historien Josèphe les avait identifiées avec les Israélites, par erreur, disent les modernes, qui ne comprennent pas qu'il ne s'agit pas de groupement par similitude de race, mais par similitude de gouvernement.
Mariette a découvert des monuments qui ont fait constater que les Pasteurs sont une race d'origine sémitique dont les chefs, après avoir conquis la partie septentrionale de l'Egypte, choisirent pour résidence la ville de Sâm qu'ils appelèrent Tanis (Tanis ne viendrait-il pas de Tanit, la Déesse phénicienne ?) à l'ouest du lac Menzaleh, et établirent leur place d'armes à Haouar ou Avaris à l'est du même lac.
Ces tribus adoptèrent, peu à peu, les habitudes et même la langue du pays, mais gardèrent intacte leur religion. Elles élevèrent des temples à leur Divinité dans les villes de Tanis et d'Avaris. Quelques monuments des « Reines » Hyksos portant les noms de leurs constructeurs subsistent encore.
Les « Pasteurs » devinrent maîtres du nord de l'Egypte et firent de Memphis leur capitale. La personne qui les gouvernait, Salaris, y régna. Nous ignorons si ce personnage était un homme ou une femme.
La fondation de Memphis, à l'entrée du Delta, remonte donc à cette époque. Cette ville s'appela d'abord Men-Nefer (la bonne demeure).
Pendant que les Hyksos régnaient dans le nord, la partie méridionale de l'Egypte était dominée par les Hak, que les historiens appelèrent des « Rois » (3). Or il n'y avait pas encore de royauté constituée, puisque nous savons que le régime gynécocratique dura, sans partage, jusqu'au Xème siècle avant notre ère. Ces Hak (ou Ack) sont des hommes qui se sont séparés des tribus matriarcales et se sont mis à la tête d'un parti opposant.
C'est en comptant ces Hak comme des rois légitimes qu'on arrive à établir un si grand nombre de dynasties qui auraient été, si elles avaient existé, une série parallèle à celle que formaient les Mères (Matriarches) des Tribus.
C'est surtout en Egypte que la gynécocratie fut solide et durable. Cependant, il y avait des contestations entre les Reines et les Hak. C'est ainsi que nous apprenons par un fragment de papyrus que l'un de ces « Rois », appelé Rashenen, reçut un message inquiétant de la part d'Apapi qui régnait chez les Hyksos, sans qu'il soit possible de découvrir à quel sujet, ni quelles furent les suites de ce message (4).
Un de ces Hak appelé Ahmès (Amosis) résidait à Thèbes. C'est lui qui parvint à vaincre les Hyksos et à les obliger à sortir du pays. On en fait le fondateur de la XVIIIème dynastie, une de celles que les historiens de la vieille école considèrent comme les plus brillantes parce qu'elle aurait remporté des victoires sur le régime féministe.
D'après Champollion, les « Pasteurs » régnèrent en Egypte 260 ans. D'autres disent 953 ans ; d'autres disent 500 ans ; l'Exode dit 450 (ch. XII, 40). Renan croit que leur règne fut d'un siècle seulement. Croyez donc les historiens après cela ! On leur donne trois dynasties, depuis la XVème jusqu'à la XVIIème, pour rester fidèle au système adopté ; mais, comme nous savons qu'à cette époque le pouvoir n'était pas héréditaire (puisque dans le régime matriarcal le père n'était pas connu) (5), nous en concluons qu'on n'a inventé les dynasties qu'après que cette forme du pouvoir (l'hérédité) a été instituée, et alors, suivant le système toujours employé, on a reporté les dynasties dans un passé lointain pour donner au système dynastique le prestige de l'antiquité.
Amosis vivait 1750 ans avant notre ère. A la même époque, les tribus féministes sont chassées de l'Arabie par des hommes qui se font appeler « Tobba » (celui qui fait le bien), répondant ainsi aux accusations de malfaisance dirigées contre eux.
Manéthon, prêtre de la religion polythéiste (en lutte contre la Théogonie), a écrit l'histoire de son pays au IIème siècle avant notre ère pour justifier l'usurpation du pouvoir sacerdotal par l'homme ; il y représente les « Pasteurs » sous des traits odieux. Ce sont, pour lui, des malfaiteurs qui ont maltraité les Égyptiens et insulté leurs dieux ; « aussi, dit-il, ils furent asservis, après avoir séjourné cinq cents ans dans le pays, et, finalement, s'en furent en Judée où ils fondèrent Jérusalem », vers le XVIIIème siècle avant notre ère.
C'est aussi l'histoire de Manéthon qui nous dit que les Israélites se révoltèrent sous un chef nommé Osarsiph, « lequel changea son nom contre celui de Mosé ; qu'ils faisaient des horreurs inimaginables et insultaient à la religion des Égyptiens ».
Il est bien facile, à travers cette haine, de rétablir la vérité. L'accusation de choses abominables a toujours été faite aux femmes par ceux qui les combattaient injustement. Les insultes à la religion des Egyptiens, ce sont les reproches des fidèles de la Théogonie adressés à ceux qui pratiquaient le culte des dieux mâles, ce qui sembla abominable au début.
Tout cela est tellement limpide qu'on n'a aucun effort à faire pour l'expliquer, c'est la psychologie humaine dans toute sa simplicité. Du reste, le récit de Manéthon est plein de contradictions.
Il dit : « Ils firent une audacieuse expédition dans notre pays et le subjuguèrent facilement sans combat ». Plus loin, il ajoute « qu'ils traitaient les indigènes de la façon la plus odieuse, massacrant les uns et menant en esclavage les femmes et les enfants des autres. ». Or, si cela était, on ne pourrait pas dire qu'ils ont subjugué sans combat, car ces prétendus massacres n'auraient pas eu lieu sans qu'il y eût combat. Il y a donc, dans ce récit, un parti pris de représenter les Hyksos sous un jour défavorable. Qu'il y ait eu domination morale, c'est-à-dire prosélytisme, cela est probable ; et ce qui le prouve, c'est que Manéthon les représente comme « renversant les temples et les dieux » ; cela prouve que ces tribus obéissent à une idée religieuse, et cela ferait supposer, si cela était vrai, que le culte égyptien commençait à se corrompre, ce qui arriva par la suite. Manéthon est imbu des idées de son temps (IIème siècle avant notre ère), et il les reporte à l'époque des Hyksos (plus de mille ans avant lui). Du reste, la haine que ces « Pasteurs » inspirent prouve leur féminisme et explique le silence systématique fait sur leur histoire. On a couvert d'épaisses ténèbres les siècles pendant lesquels les Hyksos régnèrent en Egypte. Alors que tant de monuments, d'inscriptions, de statues, attestent le passage de l'homme, racontent ses actions, relatent ses exploits et chantent ses louanges, le passage de la Femme n'est signalé que par une action moralisatrice qui engendre des haines et la fait représenter sous une figure ridiculisée, avilie, déshonorée.
On sait que c'est presque toujours par la fuite que la femme se soustrait à la tyrannie ; elle ne lutte pas longtemps, se sachant impuissante, elle fuit son oppresseur. C'est là un fait psychologique qu'il ne faut pas perdre de vue. Quand un peuple pacifique est attaqué par un dominateur brutal qui prétend l'asservir, si ce peuple, au lieu de se défendre, abandonne la place (non sans invectiver son adversaire, du reste), c'est un peuple féministe. La gynécocratie n'a jamais su organiser la guerre. Ces peuples vont fonder ailleurs un autre établissement en attendant que d'autres hommes viennent encore les en déloger.
Aucune peuplade androcratique n'agit ainsi. L'homme, contre un autre homme, lutte, ne s'éloigne pas sans combat. Mais la Femme, qui cède, accuse de lâcheté ses oppresseurs qui font contre elle usage de la force, et ceux-ci se vengent en renvoyant cette accusation à celles qui la leur adressèrent, et c'est ainsi que la lâcheté du conquérant qui attaque des êtres plus faibles que lui devient une accusation portée contre le faible qui fuit une force supérieure à la sienne.
Du reste, un régime social basé sur l'autorité morale et la Justice ne peut pas entrer en lutte avec des ennemis qui basent leurs conquêtes sur la violence.
(1) À la naissance de l'empire Perse, les nomades, suivant un mouvement d'est en ouest, sillonnent le monde des civilisations fixes. Ils sont craints, tolérés ou persécutés, ce qui ne fait que renforcer leur particularisme. Comme l'écrit Michel Bernard (Zanko : Chef tribal chez les Chalderash, la tradition des Tsiganes conservée par l'aristocratie de ce peuple) : « Leur accroissement numérique et le fait que des sédentaires usurpent des professions que la coutume leur réservait les incitent à partir toujours plus loin. »
(2) Manéthon parle d'un peuple d'émigrants qui arrivèrent tout à coup aux bouches du Nil et se rendirent maîtres du pays. Il les appelle Hyksos, et dit qu'ils avaient pour roi (?) Boïkos et pour capitale Abaris.
(3) René Guénon mentionne « la racine hébraïque et arabe Haq qui signifie à la fois « justice » et « vérité » et qui, ajoute t-il, chez divers peuples anciens, a servi précisément à désigner la royauté ».
« Ce mot Haq a pour valeur numérique 108, qui est un des nombres cycliques fondamentaux. Dans l’Inde, le chapelet shivaïte est composé de 108 grains ; et la signification première du chapelet symbolise la « chaîne des mondes », c’est-à-dire l’enchaînement causal des cycles ou des états d’existence. » (René Guénon, Le Roi du Monde)
(4) C'est sous le règne de cette Apapi, qu'on appelle un Pharaon, que l'on place le jeune Hébreu Joseph vendu par ses frères. Cette légende a été, comme toutes les autres, arrangée d'après les idées les plus modernes.
(5) Renan dit dans l'Histoire du peuple d'Israël (T. Ier, p. 17) : « Le mot patriarche ne se trouve pas avant le premier siècle de notre ère, mais il est bien fait ; nous l'employons », et il l'applique aux chefs des tribus matriarcales qui étaient des « Mères ».

LES SUPERCHERIES DE L'HISTOIRE
La lutte qui a dû précéder le renversement du régime gynécocratique ne nous est pas racontée par ceux qui ont écrit l'histoire, mais elle a été relatée par les femmes elles-mêmes dans des livres qui, quoique altérés, nous rendent la vérité, et c'est ainsi que nous pouvons reconstituer l'évolution qui s'accomplissait alors. Le régime masculin ne s'est pas substitué brusquement au régime féminin, mais il s'est institué parallèlement, faisant un nouvel Etat dans l'Etat premier ; si bien que, pendant longtemps, les deux régimes ont existé en même temps, mais les historiens n'ont tenu compte que du régime masculin, qu'ils ont appelé « légitime ».
Mariette dit : « Il y eut incontestablement, en Egypte, des dynasties simultanées ; mais Manéthon les a écartées pour n'admettre que celles qui furent réputées légitimes, et elles ne sont plus dans ses listes ; autrement, ce n'est pas 31 dynasties que nous aurions à compter dans la série des familles royales antérieures à Alexandre, c'est jusqu'à 60 peut-être qu'il faudrait monter pour en exprimer le nombre. D'ailleurs, en supposant même que Manéthon n'ait pas voulu faire cette élimination, comment admettre que les abréviateurs de Manéthon, tous plus ou moins intéressés à raccourcir ces listes, ne l'aient point fait eux-mêmes, alors que, par le texte de l'ouvrage qu'ils avaient sous les yeux, ils en avaient les moyens ? »
Cet historien, Manéthon de Sebennytus, était un prêtre égyptien, archiviste des temples, qui dressa la liste des dynasties primitives avec l'intention bien marquée d'en exclure les femmes afin de faire croire à la postérité que le régime masculin avait toujours existé. Mais cette supercherie est aujourd'hui démasquée : la découverte des pierres qui portent des inscriptions, des dessins, des sculptures, nous a rendu la Femme ; les Reines sont sorties de l'ombre. Et pendant que l'épigraphie nous rendait leurs noms, la plupart des rois, nommés par Manéthon, ne se retrouvaient pas. Et du reste, comment y aurait-il eu des dynasties alors que le fils ne connaissait pas son père et portait le nom de sa mère ?
M. Victor Loret a trouvé le tombeau de la Reine Apou-it qui semble être un des « Pharaons » qui régnèrent sur les Hyksos. Mais il nous fait remarquer que ce monument, ruiné dans l'antiquité, a été utilisé comme tombe par divers personnages depuis le temps des Hyksos jusqu'au temps des Ramsès.
Mariette a découvert à Deir-el-Bahari le grand temple de la reine Hatshepsou (XIIIème dynastie) qui gouverna l'Egypte (1).
Dans les fouilles d'Aboukir, entreprises sous la direction de Daninos-Pacha, on a découvert dans l'antique Zéphyrion, sur l'emplacement d'un temple dédié à Vénus-Astarté, une statue en granit rose de la Reine Hentmara, « Fille de Ramsès II », dit on, alors que la fille ne connaissait pas encore son père.
Ce Ramsès faisait effacer les noms qui se trouvaient sur les anciens monuments pour y substituer le sien.
On croit que la statue de cette reine a été transportée à l'époque Ptolémaïque de Sâm, l'ancienne Tanis, à Aboukir.
On a relevé à Thèbes, sur un monument, un dessin représentant deux Reines dont l'histoire a omis le nom, quoiqu'il soit inscrit au-dessus de leur tête dans un cartouche. Ces noms sont Nofei-t-Ari et Meri-t-en-Mout.
Un autre dessin nous montre une autre Reine dont on s'est plu à décrire le costume.
On a aussi trouvé, correspondant à l'ancienne Egypte, un mastaba de Reine et une pyramide de Reine avec édifice.
Enfin, on a bien voulu sauver de l'oubli la Reine Nitocris, la « Belle aux joues roses », ou « Nil, la Victorieuse » (2).
« Aucune princesse égyptienne ne la surpassa jamais, disent les légendes, en sagesse et en beauté. » On la représente comme la tutrice de son frère. Cette reine terminait la VIème dynastie. Rendons justice à Manéthon, il la cite. Les listes royales de ce prêtre comprenaient 30 dynasties ; elles commençaient à Menés ou Mena (3) et allaient jusqu'à Nectanébo. Elles remontaient à plus de 5.000 ans avant Alexandre, alors que la royauté, dans la forme qu'il lui donne, n'a été établie qu'après le Xème siècle (avant notre ère), 4.000 ans plus tard que la date qu'il lui assigne.
On croit que c'est sous Ptolémée II (vers 270 avant notre ère) que Manéthon rédigea ses « Mémoires égyptiens », qui doivent être considérés comme une source sans aucune valeur.
La préoccupation des rois, quand il y en eut, fut de cacher les momies des reines, pour que l'on ne sût pas que la femme avait régné, et que ce sont ces reines qu'on appelait des « Pharaons ».
On les enlevait de leurs fastueux souterrains pour les murer, toutes ensemble, dans d'humbles caveaux.
Mais elles sont venues échouer au musée des momies du Caire et c'est là qu'on les retrouve. Loti, qui le mentionne dans La mort de Philæ, dit : « Aujourd'hui dépouillées de leurs bandelettes, elles ne dureront plus, et il faudrait se hâter de graver ces physionomies de trois ou quatre mille ans, qui vont s'évanouir. »
(1) Eugène Révillout, La Femme dans l'ancienne Egypte, 1ère partie, p. 107.
(2) La terminaison Cris vient du Çri sanscrit qui signifie « suprématie » et qu'on ajoute aux noms des Déesses, des Reines. Ceci a de l'importance parce que c'est le mot Çri qui a servi de racine au Christos des Grecs (voir l'article du blog sur les origines et l'histoire du Christianisme).
(3) Nous avons vu que le nom des « Pasteurs » est écrit par des hiéroglyphes qui signifient « Menaou » (du parti de Mena), et nous savons que ce sont des tribus matriarcales, gouvernées par des Reines. Mena est donc un nom qui indique le gouvernement gynécocratique que ce personnage aurait fondé. On appelle les féministes Philo-Mena. Comment Mena pourrait-il être un roi masculin à une époque où rien encore n'annonce le règne de l'homme ?

LA LÉGENDE DE MOÏSE
C'est Philon d'Alexandrie qui, quelques années avant notre ère écrivit la légende de Moïse, telle que nous la connaissons.
Son livre intitulé « De vita Mosis » était un roman sans aucune base historique et dans lequel il avait introduit les mœurs nées du Droit romain.
Ce récit mensonger donna à l'homme glorifié sous le nom de Moïse une consécration et le fit entrer dans l'histoire.
L'histoire de la sortie d'Egypte telle qu'on nous la raconte est remplie de contradictions, d'inexactitudes, et de miracles. On n'en connaît pas la date, on donne des noms différents au prétendu Pharaon qui aurait asservi, puis poursuivi les Hébreux.
Ce roi serait Ramesses-Meïmun, le 4ème du nom de Ramsès. Mais on oublie que la royauté n'existait pas à cette époque et que ces prétendus rois n'étaient que des chefs de parti, des Ak.
A la sortie d'Egypte, la version grecque nous dit que « Moise chanta un cantique à l'Eternel pour lui rendre grâce ».
La version hébraïque dit : « Marie et ses jeunes compagnes les Almah, chantèrent des cantiques au passage de la Mer Rouge en s'accompagnant du tambourin. »
Et Renan, à propos de ce fait, dit : « Une prétendue sœur de Moïse prenait dès lors, dans la légende de la sortie d'Egypte, un rôle dont l'état actuel des textes ne laisse peut-être pas apercevoir toute la portée ».
Cette femme que la Bible appelle « la Prophétesse Marie » était appelée Myriam en hébreu ; c'est elle que les Catholiques ont désignée sous le nom de « Marie l'Egyptienne ».
Il est bien évident que c'est cette femme qui dirigeait l'expédition et que cette fuite avait pour objet de se soustraire à la servitude que les Egyptiens voulaient imposer aux femmes.
Une politique cruelle envahissait l'État, s'appesantissait sur les faibles, leur enlevait toute sécurité et leur refusait la liberté de retourner dans leur pays d'origine. On les arrachait à leurs foyers, on les condamnait aux travaux les plus durs.
Voici ce que dit l'Exode : « Et le service qu'on exigeait des Hébreux était plein de rigueur... Et les exacteurs les pressaient et on leur criaient : « Pourquoi n'avez-vous pas achevé votre tâche en faisant des briques aujourd'hui comme auparavant ? Et les commissaires des enfants d'Israël crièrent au Pharaon de ce qu'ils étaient battus. »
Seraient-ce des hommes qui se seraient laissé ainsi battre par d'autres hommes ?
Mais, du passage de l'Exode que nous venons de citer, il ressort un fait probable : les Israélites étaient maltraités.
Qu'entend-on par Israélites ? Le nom d'Israël signifie « soldat d'une Divinité féminine », soldat qui combat dans « les guerres de Hévah ».
Avant d'en venir à la fuite, il y a eu des tentatives de conciliation. Et suppliant « le Pharaon » de faire cesser une servitude trop pesante pour elles, ce roi (?) donna, au contraire, l'ordre d'aggraver leurs travaux afin qu'elles ne s'amusassent plus à écouter des paroles de révolte.
C'est alors qu'en masse les Israélites quittèrent l'Egypte. Et c'est Myriam (Marie) qui conduit le mouvement.
Ils étaient 600.000 d'après le Pentateuque ; 240.000 d'après Manéthon ; enfin 6.000 d'après Volney. C'est plus probable et c'est peut-être même encore exagéré. Si nous supprimons encore un zéro et mettons 600, nous serons peut-être plus près de la vérité.
Le passage de la Mer Rouge que Myriam fit effectuer à ses compagnes à marée basse loin des côtes aurait fait périr les Égyptiens qui les poursuivaient, parce que, arrivant 5 ou 6 heures après et ne connaissant pas le passage, ils furent surpris et entraînés par la marée haute.
A peine sur l'autre rive, en sûreté, un cri d'allégresse, de soulagement, s'échappe de la poitrine de ces femmes libérées et s'exhale en un chant poétique qui nous a été conservé. Ce chant commence par ces mots : « Je chanterai un cantique à l’Éternel, car il s'est hautement élevé, il a jeté dans la mer le cheval et celui qui le montait. »
Il ne s'agit donc pas d'une armée, mais d'un seul homme. Du reste, les Égyptiens n'avaient pas de cavalerie.
La Mer Rouge s'appelait alors la mer de Suf ; on l'appelait aussi Madian. Elle prit le nom de Mer Rouge depuis cet événement parce que la couleur rouge était celle de l'étendard féministe.
Le Dr Ebers, qui a écrit un ouvrage sur le Mont Sinaï, nous apprend que, dans une inscription antique, on désigne cette mer en ces termes : « les eaux du pays rouge ».
Toute l'antiquité a dû connaître cet événement, car nous en trouvons le récit, sous forme de légende, dans l'Encyclopédie japonaise (1).
Et parlant des Japonais, M. Cailleux dit : « Ces peuples reconnaissent un ancien législateur qui, venu de loin, leur donna les éléments de leur culte. Il se nommait Mousa, il avait pour emblème le soleil rayonnant qui est resté jusqu'aujourd'hui dans les armes du Japon. (...) Ainsi, dans cette conquête merveilleuse, c'est une Muse qui commence l'expédition et c'est un homme qui l'achève ; dans le récit biblique du même fait, nous voyons une répartition semblable, mais là, cette Muse est remplacée par Moïse et cet homme est Josué. »
Les Celtes firent de Myriam le nom de la Marjolaine, et des légendes existent aussi, chez eux, perpétuant le souvenir de cette grande femme.
(1) « Il y avait, non loin du Japon, une terre merveilleuse, favorisée de tous les dons de la nature ; on résolut de l'aller conquérir. Une femme inspirée commandait l'expédition ; ayant rencontré sur sa route une mer, elle y jeta la perle du reflux et passa à pied sec, puis, se voyant attaquée par des ennemis puissants, elle jeta la perle du flux et ceux-ci furent ensevelis dans les eaux ; arrivée dans un pays aride, elle fendit un rocher et en fit jaillir une source. Pour continuer l'expédition, elle prit des habits d'homme ; elle traversa miraculeusement un fleuve, soumit les peuples du roi Basan (Basan-Kin), attaqua une armée de géants, et, dans ce combat, voyant que le soleil descendait sous l'horizon, elle l'arrêta et se donna le temps d'achever sa victoire. »
 (Encyclopédie japonaise, tome XIII, feuillet 7).

MYRIAM
Myriam (1), c'est la grande femme dont le nom brille dans l'histoire du peuple d'Israël, comme une resplendissante lumière qui éclaire plus de dix siècles ; c'est elle qui est l'auteur d'un livre de science, le Sépher, qui servira à faire le premier Livre de la Bible, la Genèse, qui en sera la caricature (2).
C'est la grande prophétesse dont on fera une sœur de Moïse, quand on inventera Moïse pour la cacher, ne pouvant pas la supprimer tout à fait.
Mais que de contradictions dans cette histoire, conséquence naturelle du mensonge !
Ainsi, d'abord, pour les uns elle est la sœur d'Aaron, pour d'autres elle est sa femme. Et, en effet, il est formellement dit qu'Aaron est le « sacrificateur » de Mocé. Ce mot, si nous voulions lui donner une signification moderne, ne pourrait être rendu que par le mot « amant ». Du reste, quel homme aurait joué un si grand rôle auprès d'une femme s'il n'avait été plus que son frère ?
Il faut se rappeler, du reste, que dans les temps gynécocratiques, la femme appelait « frère » celui que dans les temps modernes elle appelle son « mari ».
Le nom de Myriam servit, dans l'antiquité, à former différents mots se rapportant à son œuvre et à sa grande action dans le monde de son époque. C'est ainsi que de Myriam on fait mystique, qui veut dire « initié à la doctrine cachée ». Ce mot, qui est d'abord un titre glorieux, deviendra, pour les adversaires de la Vérité, une épithète avilissante. Cependant, les doctrines successives s'en emparèrent, et nous verrons ce mot servir alors à désigner toutes sortes d'erreurs.
Mais, primitivement, la mystagogie égyptienne, c'est le « mystère de la Femme » divulgué dans le Sépher, et cela crée une époque si brillante que ce mot sert à donner un nom nouveau au pays : Misraïm (3).
Mais il fallut cacher la doctrine pour éviter la colère des hommes ; alors de mystique on fit mystère (en grec, mustêrion viendra de mustes, muein, serrer, fermer).
Il fallut se taire sur les lois de la Nature dont on ne pouvait plus parler sans danger. C'est pourquoi on fit, de cette même racine, le mot mutisme, d'où muet (mutus latin) (4).
Mais cette lutte créait une solidarité entre les persécutés, ce qui fit dériver le mot mutualité du mot mutisme.
La lutte s'étendant et devenant universelle, on créa des armées, et les défenseurs de Myriam furent appelés Myria (dix mille). Ce sont « les armées d'Israël ».
Mais les adversaires aussi créaient des mots, ou, du moins, donnaient une signification tout autre aux vocables déjà existants. C'est ainsi que, cherchant à couvrir de ridicule tout ce qui venait de la femme et dévoilait des vérités gênantes, on fit de mystique le mot mystification. Et, en face des « initiés » qui gardaient la connaissance des lois de la Nature, apparurent les « mystificateurs » qui leur donnaient une signification renversée.
Les femmes étaient considérées comme ayant échappé au déluge allégorique (l'eau, symbole de l'ignorance et de l'erreur, éteint l'Esprit représenté par le feu). On montrait les Déesses planant au-dessus des eaux ; Myriam, comme Aphrodite, sortait de l'onde amère, était figurée comme « sauvée des eaux ».
La légende représente Marie l’Égyptienne traversant le Nil en marchant sur les eaux. Catulle Mendès, rappelant cette légende, appelle Myriam, dans une indiscrétion de poète, « Madame Dieu ».
L'évolution des idées nous montre, plus tard, Moïse marchant sur les eaux, et nous voyons cette même idée introduite dans la vie de Jésus.
Quand l'homme prend ainsi la place de la Déesse, que devient la Femme ?
Elle est mystifiée, et alors, pendant qu'on donne à l'homme le rôle de la Femme, on donne à la Femme le rôle de l'homme pour la narguer, c'est ainsi qu'on donne à Myriam, le jour de sa fête, le 1er avril, un poisson (le poisson d'avril), symbole de l'homme dans l'eau (les eaux de l'ignorance et de l'erreur).
Si, dans la légende écrite par Philon, on fait de Moïse un enfant « sauvé des eaux », c'est pour rappeler ce symbolisme.
Du reste, tous les grands hommes étaient présentés comme « sauvés des eaux » : tels sont Romulus, Cyrus, Œdipe. Le panier d'osier de Moïse, c'est la corbeille de roseaux dans laquelle le jeune Horus flotte au milieu des fleurs de lotus.
La lettre M, première du nom de Myriam, est une lettre mystique, sacrée dans toutes les langues orientales et occidentales de l'antiquité.
Quand on fit surgir Myriam de l'onde, cette lettre servit de glyphe pour représenter les ondes.
C'est la lettre initiale du mot grec Métis ou sagesse divine, de Mimra, le Verbe ou Logos (d'où le Memrah de Haveh), de Mâyâ, la Mère ; en Egypte Mout, en Grèce Minerve, de Myrrha, la mère du Logos chrétien.
(1) Le nom de « Ram », le grand perturbateur du régime féminin en Asie provient du surnom retourné de Myriam, « Mar ».
C'est ce Ram celtique que les hindous appellent Râma (également connu sous le nom de Ramachandra), c'est lui que le Tibet, la Chine, le Japon et les immenses régions du Nord de l'Asie honorent sous le nom de Lama. Il est connu sous le nom de Fo, de Pa, de Pa-pa (monarque paternel) ou de Pa-si-pa (Père des pères). C'est lui qu'en Perse on a appelé Giam-Shyd (Djamchid) et dont on a fait le premier monarque du monde. Les disciples de Ram étaient appelés Ramsès en Egypte.
(2) « il y a des langues, écrit René Guénon, qui combinent les deux systèmes idéographique et alphabétique ; tel est l’hébreu biblique, ainsi que l’a montré Fabre d’Olivet dans La Langue hébraique restituée, et nous pouvons remarquer en passant que ceci suffit pour faire comprendre que le texte de la Bible, dans sa signification véritable, n’a rien de commun avec les interprétations ridicules qui en ont été données, depuis les commentaires des théologiens tant protestants que catholiques, commentaires basés d’ailleurs sur des versions entièrement erronées, jusqu’aux critiques des exégètes modernes, qui en sont encore à se demander comment il se fait que, dans la Genèse, il y a des passages où Dieu est appelé pyhla et d’autres où il est appelé hwhy sans s’apercevoir que ces deux termes, dont le premier est d’ailleurs un pluriel, ont un sens tout différent, et qu’en réalité ni l’un ni l’autre n’a jamais désigné Dieu. » (Mélanges, p.133)
(3) Misraïm est le nom sémitique de l'Egypte
(4) « le mot grec muthos, « mythe », vient de la racine « mu », et celle-ci (qui se retrouve dans le latin « mutus », muet) représente la bouche fermée, et par suite le silence ; c’est là le sens du verbe « muein », fermer la bouche, se taire (et, par extension, il en arrive à signifier aussi fermer les yeux, au propre et au figuré) ; l’examen de quelques-uns des dérivés de ce verbe est particulièrement instructif. Ainsi, de « muô » (à l’infinitif « muein ») sont dérivés immédiatement deux autres verbes qui n’en diffèrent que très peu par leur forme, « muaô » et « mueô » ; le premier a les mêmes acceptions que « muô », et il faut y joindre un autre dérivé, « mullô », qui signifie encore fermer les lèvres, et aussi murmurer sans ouvrir la bouche. Quant à « mueô », et c’est là ce qu’il y a de plus important, il signifie initier (aux « mystères », dont le nom est tiré aussi de la même racine comme on le verra tout à l’heure, et précisément par l’intermédiaire de « mueô » et « mustês »), et, par suite, à la fois instruire (mais tout d’abord instruire sans paroles, ainsi qu’il en était effectivement dans les mystères) et consacrer ; nous devrions même dire en premier lieu consacrer, si l’on entend par « consécration », comme il se doit normalement, la transmission d’une influence spirituelle, ou le rite par lequel celle-ci est régulièrement transmise » (R. Guénon, Aperçu sur l'Initiation)

LA DÉESSE HATHOR
L'Egypte a gardé le souvenir de Myriam et l'a glorifiée sous le nom de Hathor (Ha-thorah, la Loi, en hébreu). Les égyptologues nous disent que Hathor est la forme sensible d'Isis.
On l'appelle la Déesse au clair visage, de qui émanent les joies pures de la vie. On la prend aussi pour la Muse divine, qui embellit et charme l'existence par l'amour, le chant et l'allégresse. Elle protège, comme une fée bienveillante, les petits enfants et choisit leur destinée.
Dans le Salon égyptien du British Museum de Londres se trouve une Hathor adorée par le Pharaon Thotmès. Ce monolithe a été pris à Karnak. La légende suivante est inscrite sur le trône de cette Déesse : « La divine Mère et Dame ou Reine du Ciel », puis « Etoile du Matin » et « Lumière des mers » (Stella matutina et Lux maris).
C'est avec les louanges adressées à Hathor qu'on a fait les litanies de la Vierge Marie.
Le nom de Hathor signifie aussi le Beau et le Bien.

ORIGINE DU MOT MOSE (MOÏSE)
C'est parce que la Déesse Hathor avait été surnommée la Muse que ce surnom se répandit partout et devint l'appellation des femmes divines.
Les Hébreux exprimaient cette idée par le mot Mosa ou Mocé. Ce nom, porté en Grèce, y devint d'abord Mœses (fée résidant sur l'Olympe), puis Mousa.
Platon parle du « souffle harmonieux des Muses siciliennes ».
Myriam est appelée chez les Arabes « la Prophétesse Moseilama ou Moçailama ».
Pour les Latins, c'est Musa.
Les Grecs, masculinisant le nom de la Muse, en firent Musée, et lui attribuèrent l'histoire, devenue légendaire, de Hathor.
On disait aussi que Musée avait été le premier Prêtre des Mystères d'Eleusis. Mais les Mystères n'avaient pas de Prêtres, ils n'étaient célébrés que par des Prêtresses. Enfin, les hommes voulurent prendre tous les titres honorifiques des Femmes, et, dans les hymnes d'Orphée, on donne le nom de Mises (Muse) à Bacchus (le mâle).
Le mot Muse devait être très répandu partout, car certains savants nous disent que c'est la « Muse » qui donna son nom au fleuve appelé « Meuse » et que c'est sur ses bords que vivaient celles qu'on appelait « les Nymphes de la Meuse », qui furent les antiques fondatrices de la religion du genre humain.
Tout ceci nous fait comprendre par quelle évolution le surnom de Myriam Hathor, « la Muse divine », devint le Mosès des Hébreux, le Mouça des Arabes, et finalement le Moïse des modernes.

LE MONT SINAÏ
Le Sépher, qui est un livre de science et une œuvre d'intuition, a-t-il été écrit sur le Mont Sinaï ?
C'est probable ; c'est là, sans doute, dans cette solitude, que Myriam fut favorisée d'un de ces éclairs intuitifs qui font apercevoir subitement la Vérité absolue.
C'est l'altitude qui détermine l'état particulier du cerveau qui engendre une lucidité exceptionnelle. Ce fait fut connu dans l'antiquité, puisque le Sphinx le symbolise, mais, comme l'intuition a toujours été considérée par les hommes comme un phénomène surnaturel, on raconta de façons diverses ce fait naturel. Le souvenir en restait dans les esprits où la tradition l'avait encore amplifié, lorsque Philon écrivit l'histoire surnaturelle de Moïse.
Du temps de David, on connaissait encore très bien l'histoire de Myriam. Dans un verset des Psaumes (LXVIII), à propos du Mont Sinaï, il est dit :
9. « La terre tremble pour la présence de Hévah en ce Mont Sinaï, pour la présence de Hévah, Déesse d'Israël ».
12. « Les Messagères de bonnes nouvelles ont été une grande armée ».
Ce verset faisait croire qu'elles étaient nombreuses.
Quant à leur position sociale, elle nous est révélée par la chanson de Béer (1), et qui semble les narguer en racontant comment elles creusent une source avec des baguettes, Elles,
« Les Chefs des familles,
« Les nobles du pays. »
Et c'est, sans doute, dans le même esprit de critique méchante qu'on disait d'elles qu'elles allaient mourir de faim dans le désert si elles n'étaient pas nourries miraculeusement. C'est ironiquement qu'on devait dire qu'elles seraient nourries d'une manne tombée du ciel, les considérant comme incapables d'exécuter les durs travaux nécessaires pour se procurer leur nourriture par la culture.
Avec le temps, on a pris ces propos ironiques pour des faits réels ; alors on a voulu les expliquer. Voici une de ces explications :
Dans la vallée de Sin, les fugitifs trouvèrent une gomme friable qui paraissait sur le sol le matin, après la rosée, et qui fut appelée manne parce qu'en la voyant tomber on s'écria : Man hu ? (Qu'est-ce ?).
Voici une autre explication aussi peu fondée :
Les bédouins de la Péninsule du Sinaï appellent encore aujourd'hui manne l'exsudation sucrée de l'arbuste appelé Tamaria mannifera, qui croit en abondance dans les Wadis ou petites vallées fertiles qui se creusent au milieu de la stérilité du désert. Le suintement de cette gomme a lieu en mai, mais on peut la conserver.
A côté de ceux qui cherchent à expliquer le fait par un phénomène naturel, il y a ceux qui l'interprètent surnaturellement.
Ainsi, dans le Psaume CV, 40, il est dit :
« Le peuple demanda et il fit venir des cailles, et il les rassasia du pain des cieux. »
Nous sommes ici en plein symbolisme. Le pain des cieux, c'est la nourriture de l'esprit.
Il ne faut pas oublier que, à cette époque, le mot Ciel désigne symboliquement le monde féministe, le régime gynécocratique, et le mot enfer la domination masculiniste qu'on voulait lui substituer.
Sur la cime du Sinaï appelée par les moines Gebel Katherine (où existe le couvent de Sainte-Catherine), jaillit un petit ruisseau appelé source des perdrix et sur lequel on raconte des histoires merveilleuses. Dieu l'aurait fait sourdre à l'intention des perdrix qui accompagnaient en grand nombre les anges portant le corps de sainte Catherine d'Alexandrie au Sinaï.
Si, maintenant, nous consultons des sources plus scientifiques sur la présence de Myriam-Hathor sur le Sinaï et sur ses occupations dans cette solitude, voici ce que nous apprenons : Ebers, qui était un égyptologue distingué, nous dit dans Ouarda ceci :
« L'Hathor du Mafkat était principalement révérée dans la péninsule du Sinaï ; c'était la Déesse des mines, des gemmes, des métaux, de la fusion des minerais.
« D'après les travaux de Lepsius sur les métaux de l'antique Egypte, il paraît certain que le Mafkat n'était ni le cuivre, ni la turquoise, comme on le pensait, mais une sorte de pierre verte. Lorsque le Mafkat (ou Maskat) est appelé vrai, on veut dire l'émeraude, autrement c'est ou la malachite, ou la chrysoprase, ou du verre teinté en vert.
« On avait l'habitude alors de faire un pèlerinage à l'Hathor des Emeraudes, ce qui voulait dire : aller sur le Mont Sinaï, dans un lieu qui lui était consacré. Elle était la Déesse du métal en fusion, celle qui sépare le pur de l'impur, le métal des scories. »
Ceci peut s'entendre de deux manières : comme une figure rappelant que, dans le Sépher, elle a expliqué ce qu'est le Bien, ce qu'est le Mal, ou comme une constatation, la montrant occupée de chimie (2).
Nous savions déjà que Marie l'Égyptienne était considérée comme la fondatrice de la science de son époque, dont une des branches, la chimie, était appelée « l'art sacré », puisque la tradition venue jusqu'à nous nous avait appris que c'est elle qui, la première, employa le système de cuisson dans l'eau bouillante qui a gardé son nom, le « Bain-Marie » (3).
Ebers nous dit encore que « le sanctuaire de la Déesse est à une grande journée de marche des mines ; un torrent coule de la Montagne Sacrée du Sinaï (dans l'Oasis Feirân), comme l'appelèrent les Mentous (les Montagnards de la péninsule).
« Les monuments dont les débris se retrouvent sur l'emplacement des deux mines de la presqu'île du Sinaï, apprennent que le culte d'Hathor y était prépondérant ; ces deux localités sont Dadi Maghara et Sarbout el Chadem ».
Dans la Grande Encyclopédie, on appelle Hathor « la Dame du sycomore », et aussi « la Dame du pays de Malkait », « de la péninsule du Sinaï et celle de Pananit », c'est-à-dire des régions de l'Afrique qui bordent la Mer Erythrée depuis Souakim jusqu'à la côte des Somalis ; elle est alors confondue avec l'Athtare des vieilles populations arabes.
Elle se confondit très tôt avec Isis. Elle eut un fils, Harsomtous. La ville de Dendérah, celles d'Itfou et d'Atfila lui étaient consacrées.
(1) L'histoire du « rocher de Moïse » a été prise dans la chanson de Béer. La découverte d'une source dans le désert donna lieu à la chanson suivante :
Source, monte,
Chantez-lui !
Source qu'ont fouillée,
Source qu'ont creusée
Les chefs des familles
(les Mères),
Les nobles du pays
Avec leurs baguettes,
Avec leurs bâtons.

(Nombres, XXI, 17-18.) (Pris du Jasar)
Ce sont les bâtons qui sont devenus la verge de Moïse.
La légende du soleil arrêté par Josué vient de ces deux vers :
Soleil, reste immobile à Gabaon,
Et toi, lune, dans la plaine d'Ayyalon.

(2) On appelle Table d'Emeraude la pierre sur laquelle la Divinité du Sinaï aurait écrit.
M. Caillet, qui l'attribue à Hermès dit : « La Table d'Emeraude, si souvent citée et traduite, est toujours entachée d'un véritable contresens, qui atteint même le non-sens, quand on veut lui faire dire, comme Khunrath : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour l'accomplissement des merveilles de la chose unique ».
(3) Nous lisons dans le Magasin Pittoresque de mai 1876, ceci :
« LE BAIN-MARIE. Il y a presque du pédantisme à mêler la science étymologique à certaines préparations les plus simples. Il est assez curieux cependant de chercher à expliquer les locutions de notre langue habituelle.
L'expression de « Bain-Marie » a été empruntée à la science mystérieuse des alchimistes. Les disciples du grand œuvre avaient fait de Marie, la sœur de Moïse et d'Aaron, une sorte de Prophétesse dont ils aimaient à associer le nom à leurs travaux. Au XVème et au XVIème siècle, on connaissait déjà sous le nom de balneum Mari
æ (Bain-Marie) l'opération innocente que nos cuisinières les moins expérimentées renouvellent chaque, jour.
« Ajoutons que les philosophes hermétiques attribuaient à Marie une de leurs rêveries savantes ; ils la considéraient comme l'auteur d'un traité écrit sous l'inspiration divine et intitulé : De lapide philosophiæ (De la pierre philosophale). »

LE CULTE DE MYRIAM-HATHOR DANS L’ANTIQUITÉ
Le culte rendu à Hathor remonte évidemment à son époque. La date en est incertaine, puisque quelques-uns placent Moïse, qu'on lui substitue, vers 1.800 ou 1.700 avant notre ère, alors que d'autres, et les plus nombreux, le placent vers 1.500 ou 1.400.
On consacra à cette Déesse un temple magnifique à Dendérah, sur la rive gauche du Nil, au sud de Thèbes.
Ce serait le personnage qu'on appelle Honfou ou Chéops, ou Chefrèn, ou Souphis, ou Sophi, qui aurait fait construire ce temple.
C'est lui aussi qui aurait, vers la même époque, fait construire la grande pyramide. La date de cette construction est inconnue ; les uns disent entre 2.300 et 1.900 ou 1.800 ; Gustave Le Bon dit 6.000 ans avant notre ère. Comme on le voit, il n'y a pas plus de précision dans les noms que dans les dates.
Ce qu'on sait, parce que c'est plus moderne, c'est que Ptolémée XI fit réparer ce temple. La restitution de la façade, commencée sous ce Ptolémée, 60 ans avant notre ère, fut terminée sous Tibère et décorée sous Néron.
Le temple de Dendérah est couvert d'une profusion de tableaux et de bas-reliefs. Il est dédié à « Hathor dite Mère du Soleil, Déesse de la Beauté, de la Résurrection et de l'Amour ».
Nous soulignons le mot Résurrection, parce que la science de Myriam-Hathor, consignée dans le Sépher, était la résurrection de celle de l'antique Déesse Toth.
Les colonnes de la façade du temple portent chacune une tête de femme, celle de la Déesse évidemment, et dans l'intérieur du portique toutes les colonnes portent la même tête.
Hathor était appelée à Dendérah « Déesse aux pieds d'or ». On disait qu'elle faisait croître des fleurs partout où elle se posait.
Parmi les monuments historiques qui rappellent Hathor, nous trouvons aussi un bas-relief représentant Séti 1er, dit fondateur de la XIXème dynastie, recevant un collier de la Déesse Hathor. Ce bas-relief provient du tombeau de Séti 1er qui vivait vers 1.400.
Rappelons que le collier est l'insigne des initiés à la doctrine secrète des partisans de la Déesse.
Enfin, à Ipsamboul (Nubie), se trouvait un temple souterrain consacré à Hathor, « la Déesse de la lumière, de la beauté et de l'amour ».
Ce temple fut construit il y a 33 siècles, c'est-à-dire vers 1.400 ou 1.300 avant notre ère. il existe encore, et les Éthiopiens ont conservé le culte de Myriam-Hathor depuis cette haute antiquité jusqu'à nos jours. Ils donnent à la Déesse son nom de Myriam.

LE TEMPLE D'HATHOR A DENDERAH
C'est dans la grande ville de Denderah, une des plus fameuses de la Haute-Egypte, aimée d'Hathor, dit Loti, que se trouvent les ruines du magnifique temple consacré à la Déesse. Serait-ce là qu'elle naquit, ou qu'elle vécut avant la fuite au Sinaï ?
De la terrasse du Temple on découvre la grande chaîne de montagnes du désert d'Arabie à l'est. Et nous empruntons à Loti la description du Temple (La Mort de Philæ, p. 193) :
« On arrive au sanctuaire de la Déesse par une large tranchée dans cette colline de décombres. Il déconcerte dès qu'il apparaît, tant il est grandiose, austère et sombre.
« Un portique sévère, bâti en pierres géantes et surmonté du disque à grandes ailes, laisse entrevoir un asile de religieux effroi.
« On entre. D'abord le pronaos (parvis) avec des piliers chargés d'hiéroglyphes. De grandes figures humaines servent de chapiteaux pour les colonnes, elles sont, l'image de la belle Hathor, Déesse du lieu.
« Ce temple d'époque décadente différait à peine de ceux que l'on bâtissait en ce pays deux millénaires auparavant. Même rectitude et même lourdeur.
« Aux plafonds, bleu sombre, mêmes fresques représentant des astres, des génies du ciel et des séries de disques ailés. »
Le disque ailé est un symbole qui indique l'action radiante des astres incandescents. Cette action est le Principe sur lequel s'appuie toute la cosmogonie de Myriam.
« En bas-relief sur toutes les parois, même peuplade obsédante de personnages qui gesticulent, qui se font, les uns aux autres, des signes avec les mains, éternellement ces mêmes signes mystérieux répétés à l'infini partout. Les temples memphites et thébains, qui précédèrent celui-ci de tant de siècles et furent tellement plus grandioses encore, ont tous perdu, par suite de l'écroulement des énormes granits des toitures, leur obscurité voulue, autant dire leur sainte horreur. Chez la belle Hathor, au contraire, à part quelques figures mutilées jadis à coups de marteau par les Chrétiens et les Musulmans, tout est demeuré intact, et les plus hauts plafonds n'ont pas cessé de jeter sur les choses leur ombre propice aux frayeurs.
« Cette ombre augmente dans l'hypostyle qui fait suite au pronaos. Puis viennent, l'une après l'autre, deux salles de plus en plus saintes, où un peu de jour tombe à regret par d'étroites meurtrières, éclairant à peine les rangs superposés des innombrables figures qui gesticulent sur les murailles. Et après de nombreux couloirs encore, voici enfin le cœur de cet entassement de terribles pierres, le saint des saints, enveloppé d'épaisses ténèbres ; les inscriptions hiéroglyphiques dénomment ce lieu « la salle occulte », où jadis le Grand-Prêtre avait seul et une seule fois chaque année le droit de pénétrer pour l'accomplissement de rites que l'on ne sait plus.
« Vers la fin de l'ère antique et au début de l'ère chrétienne, l'Egypte, on le sait, exerçait encore sur le monde une telle fascination par son prestige d'aïeule, par le souvenir de son passé dominateur et par l'immutabilité souveraine de ses ruines, qu'elle imposait aux conquérants ses dieux, son écriture, son art architectural et jusqu'à ses rites et ses mystères.
« Le temple a aussi des dépendances souterraines, des cryptes, longues galeries superposées qui devaient servir à cacher des trésors, et qui sont ornées sur toutes les parois de personnages gesticulants et des images de la belle Déesse que les profanes appellent la voluptueuse Hathor.
« Dans un des vestibules du sanctuaire, parmi tant de bas-reliefs qui représentent là des souverains rendant hommage à la Déesse Hathor, un jeune homme, coiffé de la tiare royale à tête d'uréus, est assis dans la pose pharaonique : l'empereur Néron. Les hiéroglyphes sont là pour affirmer son identité, bien que le sculpteur, ignorant son vrai visage, lui ait donné des traits conventionnels réguliers comme ceux du dieu Horus. Durant les siècles de la domination romaine, les empereurs d'Occident envoyèrent des ordres pour que leur image fût placée sur les murs des temples et pour que l'on fît en leur nom des offrandes aux divinités égyptiennes. »
Pendant qu'on ciselait ici cet archaïque bas-relief d'empereur, il y avait déjà des Chrétiens qui s'assemblaient à Rome dans les catacombes et mouraient en extase dans le cirque pour la défense de la doctrine dont Hathor fut la première Déesse révélatrice.

LE ZODIAQUE
Lors de l'expédition de Bonaparte en Egypte, on découvrit à Denderah, dans des temples en ruines, des zodiaques sculptés sur des plafonds. Ces zodiaques représentent symboliquement les premières phases de l'évolution humaine telles qu'elles étaient expliquées dans le Sépher.
Il est bien évident que c'est pour en conserver le souvenir, et aussi pour en donner l'explication aux initiés, que ces représentations avaient été faites.
Mais le Temple de Denderah fut restauré plusieurs fois. Il le fut sous Ptolémée XI, en pleine époque de réaction. Il est bien évident que, dans ces restaurations faites à l'époque du plus fervent masculinisme, on modifia le zodiaque.
Cependant, on y retrouve le fond de l'histoire primitive de l'humanité dont voici les 12 signes :
1) Les Gémeaux, qui sont les deux enfants mâle et femelle issus de la vie végétale par la genèse naturelle primitive.
2) La Femme ou la Vierge (Hevah), qui devient la Mère universelle et prend la direction morale du monde. Elle porte une palme, signe de victoire.
3) Le Lion ou Sphinx, qui représente l'intuition, la faculté divine qui fit connaître les lois de la Nature à la Femme révélatrice. Le lion représente la force de la vérité.
4) Le Bélier (ou le Bouvier), symbole du mâle qui, en évoluant est arrivé à la force. Il fuit, la tête tournée en arrière ; le taureau, qui le représente aussi, a la moitié du corps enfoncée en terre.
5) Le Cancer ou crabe ; c'est la marche régressive, ou déviée, de l'homme après la chute.
6) Le Verseau (Aquarius) représente le déluge, l'eau versée sur le flambeau de l'Esprit féminin pour l'éteindre. C'est la jalousie sexuelle.
7) Les Poissons, ceux qui vivent dans les eaux de l'ignorance et défendent l'erreur.
8) La Thorah, la loi donnée à l'homme pour le ramener à la Vérité et au Bien. (De ce mot Thorah, les reviseurs ont fait, par ironie, le taro. En français, le Taureau. C'est quand la Thorah devient un Toro que Myriam devient la vache Hathor.)
9) Le Capricorne, bélier à cornes et queue de poisson. C'est l'erreur qui attaque.
10) Le Sagittaire, l'homme à cheval, le chef qui combat le régime gynécocratique et veut se faire roi.
11) Le Scorpion, le mal qui empoisonne et qui tue ; c'est la ruse, le mensonge, la trahison.
12) La Balance représente le régime hermaphrodite, l'égalité des sexes, période intermédiaire entre le régime maternel et le régime paternel, qui dura 3.000 ans, et dont nous retrouvons la tradition dans la mythologie.
Les noms des mois, chez les Pré-Chaldéens et chez les Egyptiens, étaient dérivés des noms des signes du zodiaque. C'est pour cela qu'on plaça les figures du zodiaque dans le ciel, donnant aux constellations qui s'élèvent sur l'horizon le nom du mois que le signe représente. Ce n'est pas à cause d'une ressemblance quelconque entre ce signe et le dessin de la constellation, cette ressemblance n'existe pas.
Ce sont les prêtres ignorants qui, plus tard, firent le dessin de la figure de manière à ce que, dans ses lignes, les principales étoiles de la région céleste qui apparaissent se trouvassent comprises.
Toutes les fois que le soleil entrait dans une de ces divisions du ciel, tout en portait le signe, c'est-à-dire que cela servait à rappeler un épisode de l'histoire du passé.
Le zodiaque de Denderah commençait par le Lion ou Sphinx symbolisant l'intuition qui fut l'origine de toutes les connaissances.
Le Bélier était considéré comme commençant le royaume ténébreux de la force.
En Asie, on prenait le deuil quand on entrait dans ce signe qu'on appelait « Maison du mauvais Génie » (Caïn).
La Maison de Thorah représentait l'exaltation potentielle de la Femme, sa triple puissance physique, morale, intellectuelle, c'est-à-dire son état d'évolution spirituelle suprême.
Toute cette science primitive fut, peu à peu, couverte par les représentations concrètes dont les prêtres la revêtirent, incapables qu'ils étaient de s'élever jusqu'aux conceptions primitives de l'Esprit féminin, « l'Esprit divin », qui les dépassait, et c'est ainsi que ce qui reste, dans les temps modernes, de cette science antique, ne représente plus qu'un résidu grotesque de choses informes devenues absurdes.

LES TRADITIONS ORALES
Les Israélites ont une tradition qui glorifie Myriam. Les rabbins déclarent que « l'Ange de la mort n'a point eu de pouvoir sur Myriam, mais qu'elle mourut effleurée du souffle divin et les vers n'eurent point de prise sur elle ».
Les Juifs ont institué un jeûne pour la mort de Maria, le 10 du mois de Nisan qui répond en partie au mois de mars et en partie au mois d'avril.
La Syrie gardait le souvenir de Myriam, qu'on appelait Notre-Dame de dessous terre. (N'avait-elle pas été enterrée ?)
A une demi-lieue du Caire où la tradition dit que Marie a demeuré quelques années, se trouvait un sanctuaire à cette Notre-Dame. Et le premier du mois d'août était appelé dans le calendrier syriaque Jaum Miriam (le jeûne de Marie). Les Chrétiens d'Orient jeûnaient depuis ce jour-là jusqu'au 15ème qu'ils nommaient Fithr Miriam, c'est-à-dire la cessation du jeûne ou la Pâque de Notre-Dame.
Les Persans appellent Marie « la Sainte, la glorieuse Marie ».
Quelques historiens donnent au Pharaon de l'Exode le nom de Meriem-Ptah ; or ce nom est celui de Myriam elle-même. Les hébraïsants disent souvent Meriem. Quant à la terminaison Ptah, c'est un mot égyptien qui signifie Soleil ; c'est, du reste, dans la ville du Soleil qu'on la fait naître, à Héliopolis (ville natale de Moïse, dit-on, donc ville natale de Myriam) ; les Israélites y avaient fondé une colonie. Dans cette ville s'élevait un temple à Hevah qu'Onias avait fait construire sur le plan de la Maison Sainte (c'est ainsi qu'on appelait le temple de Jérusalem).
Les ornements de ce temple égyptien égalaient presque ceux de l'autre ; seulement, une massive lampe d'or, suspendue à la voûte, remplaçait le fameux chandelier à 7 branches de Jérusalem.
Dans cette ville d'Héliopolis se trouvait la Fontaine de Marie. Et à la porte de la ville était un arbre du genre Mimosa, l'arbre de vie, auquel les Arabes de l'Yémen, établis sur les bords du Nil, rendaient un culte. C'est pour perpétuer le souvenir de l'arbre ancêtre que, dans les Mystères de Jérusalem (devenus la Franc-Maçonnerie), on institua le symbole de l'Acacia lié à la légende d'Hiram. (« Hiram » doit se lire de droite à gauche comme lisent les Hébreux et non de gauche à droite suivant l’usage des Européens : Hiram alors devient Myriam ou plutôt Maria. Le heth « H » final en hébreu se prononce A.)

LE MOIS DE MARIE
La grande synthèse, qui constitue la science primitive, était connue sous les noms de Maïa, Mâyâ, Maria. Elle arriva à signifier chez les Grecs « Mère », tiré de la racine ma (nourrice). On consacra à Marie, cette Mère qui explique la Nature, le mois de mai qui porta son nom.
On portait à ses autels les premières fleurs de l'année et on lui disait : « Nous vous saluons, Marie, pleine de grâces, nous vous prions de nous regarder avec bonté et de protéger les fruits de notre labeur. »
Les modernes nous diront que c'est à Plutarque que les Catholiques sont redevables de l'idée de consacrer le mois de mai à la vierge Marie, parce que c'est par lui qu'ils apprirent que Mai était consacré à Maïa et, par suite, à toutes les Déesses.
Dans les Psaumes, l'histoire de Myriam, Mocé, est rappelée (1) (77-104-105-106-113-134), et c'est là une source plus autorisée que les livres rédigés du temps d'Esdras, quoiqu'ils aient été également altérés. Mais on sent que la fraude porte presque entièrement sur un changement de nom, les idées semblent respectées.
Dans le Psaume 77, on rappelle la grande époque passée : « Je pensais aux jours d'autrefois et aux années des siècles passés ».
12 « Je me suis souvenu des exploits de Hevah, de ses merveilles d'autrefois ».
15. « Tu es la Déesse forte, qui fait des merveilles, tu as fait connaître ta force parmi les peuples ».
16. « Tu as délivré ton peuple par ton bras, savoir les enfants de Jacob et de Joseph ».
17. « Les eaux l'ont vu (eaux symbole de l'erreur et de l'ignorance) et ont tremblé, même les abîmes en ont été émus ».
18. « Les nuées ont répandu des inondations d'eaux, les nuées ont fait retentir leur voix ; tes traits ont volé çà et là » (ceci rappelle « les guerres de Hevah »).
20. « Ton chemin a été par la mer et tes sentiers dans les grosses eaux, et tes traces n'ont pas été connues ».
21. « Tu as mené ton peuple comme un troupeau sous la conduite de Mocé et d'Aaron ».
On ne cite pas Myriam, qui a chanté le Cantique de la délivrance ; donc, elle est identifiée avec Mocé.
(1) Quand nous voyons le nom de IAVEH invoqué dans les écrits des Prophètes, il est probable qu'il était suivi du nom de Myriam : AVEH Myriam. (Nous supprimons le iod initial qui fut ajouté tardivement.) On a dû supprimer ce dernier nom avec le temps ; du reste, on a supprimé aussi IAVEH puisqu'on l'a remplacé par l'Eternel. La première manière de lire le nom HEVA a dû durer longtemps et n'a dû être remplacée par IAVEH

RÉACTION
La grande Déesse Hathor eut à subir la persécution qui s'abat toujours sur les femmes qui osent dire la Vérité. On chercha à détruire son livre, et c'est pour le mettre en sûreté qu'on le déposa dans l'Arche, qui était un coffre que l'on emportait partout où on allait.
Pour les masculinistes, Hathor fut l'Isis infernale, la Déesse de l'Occident et du monde inférieur. On la représente sous la forme d'une vache, « la vache Hathor », quand on représente l'homme sous la figure d'un taureau.
Puis, pour les misogynes, Maïa (la Nature) va signifier l'illusion.
Myriam fut trahie par un homme dont le nom est resté dans l'histoire : Abiron. On dira de lui, dans les temps modernes, qu'il conspira contre Moïse et Aaron et fut englouti dans la terre avec ses complices qui devaient être Sterkin, Oterfut et Abibala, dont les sociétés secrètes ont gardé les noms. Mais ce n'est pas Abiron, c'est Myriam elle-même qui fut, croit-on, enterrée vivante sur le mont Nébo ; et ce serait là le grand crime des traîtres dont les Mystères gardèrent le souvenir.
Il est certain que la grande préoccupation des Juifs fut de cacher Myriam, comme on cachait Ihaveh, et, plus tard, de remplacer son nom par celui de Moïse.
Aucun des auteurs juifs (masculinistes) qui ont parlé de Moïse, n'a mentionné l'existence du Temple d'Hathor sur le Mont Sinaï. La seule chose que nous trouvons dans le Talmud à ce sujet est ceci : « Que signifie Mont Sinaï ? Un mont d'où Sinah (la haine) est descendue chez les peuples du monde » (cité par Leblois dans Les Bibles, L. V, p. 410).
Mais, si on avait dissimulé autant que possible le nom de Myriam, on n'avait pas pu, cependant, le faire disparaître, d'autant plus que les Esséniens, qui continuaient à suivre ses préceptes et à enseigner sa science, avaient donné son nom à l'endroit où ils s'étaient retirés. Le nom de Myriam s'étant altéré en passant d'une langue à l'autre, on disait « le Mont Moria » par un changement de voyelles.
Mais les Juifs et les Grecs (masculinistes) donnaient à ce nom une signification outrageante.
Court de Gébelin, dans son ouvrage sur le Monde primitif (T. IX, p. 643), donne des étymologies, il explique le mot Môria en disant qu'il signifie folie, extravagance, fatuité : Môria, MΩPια.
Tous les mots dérivés de Maria sont, pour lui, des expressions de folie. Ainsi Môrion, Mωοιον, qui désigne l'origine végétale, devient, pour lui, une espèce de Mandragore.

PREUVES DE L'INEXISTENCE DE MOÏSE
Aujourd'hui les savants ne croient plus à l'existence de Moïse.
C'est le rabbin Aben-Ezra, qui vivait au XIIème siècle, qui, le premier, remarqua que Moïse ne pouvait pas être l'auteur du Pentateuque à cause des anachronismes du langage et de la connaissance de la Palestine postérieure à Moïse que l'auteur du Sépher ne pouvait pas avoir, puisqu'il n'y était jamais entré.
Le Mosaïsme a été placé entre la sortie d'Egypte et les Rois.
Or, pendant ce temps, on ne prononce jamais le nom de Moïse et c'est IHAVEH et MARIH qui règne. Le Dieu de Moïse n'est même pas encore inventé.
Voltaire, dans son Dictionnaire Philosophique (article Moïse) et dans Questions sur l'Encyclopédie (article auteurs), nie l'existence de Moïse et fait remarquer qu'aucun prophète n'a cité les livres du Pentateuque, qu'il n'en est question ni dans les Psaumes, ni dans les livres attribués à Salomon, ni dans Jérémie, ni dans Isaïe, ni enfin dans aucun livre canonique des Juifs.
Les mots qui répondent à ceux de Genèse, Exode, Nombres, Lévitique, Deutéronome, ne se trouvent dans aucun autre écrit reconnu par eux pour authentique. Il n'est jamais parlé du Bereshith, ni du Veelleshemoth, ni du Vaûra, ni du Vaiedabber, ni de l'Haddebarim, (ce sont les premiers mots des livres attribués à Moïse).
Les auteurs qui ont étudié l'histoire fantaisiste faite du temps d'Esdras, dans les livres du Pentateuque, ont fait remarquer que Moïse parle de villes qui n'existaient pas au temps où le Sépher a été écrit et qui ne seront bâties que longtemps après, de montagnes qui n'ont jamais existé, de fleuves et de rivières où il n'y en a pas, ce qui prouve que c'est un ignorant qui a écrit tout cela ; il mentionne le Livre du Droiturier qui fut écrit du temps des Rois, époque bien postérieure à la vie de l'auteur du Sépher. Il donne des préceptes pour la conduite des rois quand il n'y avait pas encore de rois. On lui fait écrire un livre sur les Prêtres, le Lévitique, alors que ce n'est qu'après le schisme qu'on créa la caste sacerdotale.
Cette falsification des Écritures était aussi destinée à donner une haute antiquité à l'institution sacerdotale des lévites, qui n'exista qu'après ce schisme.
Les rabbins savaient bien ce que voulait dire leur Pentateuque « Contes de fées, vilaine épine dans le flanc de la science de la logique » (1).
Moïse raconte lui-même sa mort et annonce « qu'on ne saura jamais où reposera sa cendre ». Il dit « qu'il ne naîtra aucun prophète semblable à lui ». Ce n'est donc pas ce Moïse-là qui a écrit le Livre. Quant à Myriam, on lit dans les Nombres qu'elle mourut à Kordès.
Cependant, la tradition populaire répandait le bruit que la tombe de Myriam était inconnue, et on lit dans II Macchabées : « Le peuple de Dieu (qui est encore IHAVEH) dispersé, se réunira de nouveau le jour où le tombeau de Moïse sera retrouvé. »
Ne faut-il pas plutôt voir, dans ce verset, une prophétie annonçant que les Femmes (peuple de HEVAH) reprendront leur puissance sociale le jour où le sexe du Prophète sera rétabli ?
Moïse est si peu réel qu'on lui fait une histoire pleine de contradictions.
Ainsi on lui donne pour beau-père toutes sortes de personnages différents, et cela en le faisant vivre dans un temps où le mariage n'existait pas encore, et où le droit paternel n'existait pas non plus. (L'enfant ne connaissait même pas son père avant Ptolémée Philopator.).
Dans l'Exode, son beau-père est appelé Réguel. Au chapitre III, ce personnage s'appelle Jethro. Dans les Juges (ch. I, 16), il devient Kemi ; un peu plus loin le voilà devenu Hobad. Nous ajoutons etc., parce qu'il y a encore d'autres noms de cette parenté imaginaire.
Dans l'Exode, Jethro s'écrie en saluant Moïse : « Je vois bien maintenant que Ihevah est plus grand que tous les dieux, car il a prévalu contre l'insolence des Égyptiens. » C'est bien là le cri de victoire de la femme !
Du reste, ce Jethro est présenté comme « prêtre du pays où Moïse est accueilli ». Or ce n'est qu'après le schisme de Juda, 7 siècles plus tard, que les hommes deviendront « prêtres » de la religion judaïque.
Avant cette époque, la religion Israélite (féministe) n'a que des Soffetim, espèce de sages ou de prêtresses qui rendent la justice.
On voit que tout cela a été écrit dans un temps où on niait les œuvres de l'Esprit féminin et où on voulait faire remonter à une haute antiquité l'idée qu'on prétendait faire prévaloir, l'asservissement sexuel de la femme à l'homme dans le mariage.
Philon a écrit son histoire de Moïse après que le Droit Romain eut introduit dans le monde le mariage, le divorce et la puissance paternelle, et il a mis tout cela dans son histoire.
Une des femmes qu'on donne à Moïse s'appelle Séphora.
C'est ironiquement, sans doute, qu'on lui donne comme nom le titre du livre de Myriam, le Sépher.
(1) Héléna BLAVATSKY - La doctrine secrète

LE SÉPHER
On croit que c'est entre le XIVème et le XVème siècle (avant notre ère) que parut le Sépher.
Ce livre fameux contenait l'histoire de l'Univers, c'est-à-dire la Cosmogonie, l'apparition de la vie à la surface terrestre, l'origine végétale de l'homme (l'arbre de vie) et la loi morale. 
Il est appelé « le livre de la Loi » (Ha-Thorah) ; c'est un tout sans division, ce n'est donc ni un Pentateuque ni un Hexateuque.
Ce n'est pas la Bible des rabbins, qui contient 3 parties : la Loi (Thorah), les Prophètes (Nebiim) et les Hagiographes (Ketoubim). Ces 2 dernières parties ont été ajoutées dans le cours de l'histoire au Livre primitif.
Le mot Sépher signifie le Livre. On dit qu'il signifie aussi liste. Quand on a traduit le livre hébraïque des rabbins en grec, on l'a appelé, au pluriel, « les livres », Biblia, puisque alors il contenait les Prophètes et les Hagiographes.
Dans la haute antiquité, on disait aussi Graphé ou Graphaï, « l'écriture » ou « les écritures ».
Longtemps on a aussi appelé ce recueil « le livre de l'Alliance ».
Le Sépher fut écrit dans la langue que parlaient les Israélites qui occupaient l'Egypte à cette époque. Cette langue s'écrivait par des signes idéographiques très rapprochés des hiéroglyphes égyptiens. C'est l'hébreu primitif qui subit, par la suite, des altérations telles que du temps d'Esdras on ne le comprenait plus. Cet hébreu primitif n'est donc pas plus l'hébreu des rabbins que le français actuel n'est le français du Moyen Age.
Pour comprendre les plus anciennes rédactions du Sépher, celles qui sont restées identiques ou très rapprochées de l'original, il fallait donc commencer par ramener l'hébreu à ses origines. C'était là un travail formidable, mais un homme d'un génie extraordinaire devait l'entreprendre, Fabre d'Olivet qui, au commencement du XIXème siècle, publia son remarquable ouvrage intitulé La Langue hébraïque restituée.
Naturellement il fut persécuté, considéré comme un fou, dont la science n'avait pas de valeur et dont il ne fallait pas s'occuper. On nia, en bloc, ses affirmations, comme on nie toujours les vérités qu'on ne veut pas connaître.
Il dut quitter la France et s'exila en Angleterre. Son livre ne fut pas lu par ses contemporains. C'est seulement un siècle après sa mort que quelques rares érudits, appartenant à la science libre, commencent à s'apercevoir du mérite extraordinaire de cet ouvrage.
Fabre d'Olivet fut frappé de la profondeur des idées qu'il apercevait dans le Sépher, qui reconstituait la science primitive de l'antique Toth. Mais il comprit aussi pourquoi on l'avait si soigneusement caché. Il dit :
« Le Sépher se présente ! Fils du passé et gros de l'avenir, ce livre, héritier de toute la science des Égyptiens, porte encore les germes des sciences futures ; fruit d'une inspiration divine, il renferme en quelques pages et les éléments de ce qui fut, et les éléments de ce qui doit être. Tous les secrets de la Nature lui sont confiés. Tous. Il rassemble en lui et dans le seul Bereshith plus de choses que tous les livres entassés dans les bibliothèques européennes ; ce que la Nature a de plus profond, de plus mystérieux, ce que l'esprit peut concevoir de merveilles, ce que l'intelligence a de plus sublime, il le possède. Faut-il porter sur le voile épais qui le couvre une main téméraire ? Première et puissante difficulté. »
Donc, il s'arrête, il hésite à l'idée de divulguer ce que tant de générations d'hommes ont voulu cacher. Mais l'intérêt scientifique est là, qui impose la Vérité. Et du reste, l'étude des sciences naturelles, qui marche en même temps que la reconstitution de l'histoire, ne nous a-t-elle pas rendu, par une autre voie, l'origine du monde, les véritables lois de l'évolution des êtres organisés et la loi morale ? Il est-vrai que cette science, que certains hommes craignent tant, est restée secrète. Fabre d'Olivet, plus perspicace que les autres, et comprenant que la Vérité, mise tout entière à nu, ne peut qu'améliorer la vie sociale de son propre sexe, dit encore :
« Il est, n'en doutez pas, des moments marqués par la Providence, où l'impulsion qu'elle donne vers de nouvelles idées, sapant des préjugés utiles dans leur origine, mais devenus superflus, les force à céder, comme un habile architecte déblayant les grossières charpentes qui lui ont servi à supporter les voûtes de son édifice.
« Si j'étais né un siècle ou deux plus tôt, et que des circonstances heureuses, servies par un travail opiniâtre, eussent mis les mêmes vérités à ma portée, je les aurais tues, comme ont dû les taire ou les renfermer hermétiquement plusieurs savants de toutes les nations ; mais les temps sont changés. Je vois, en jetant les yeux autour de moi, que la Providence ouvre les portes d'un nouveau jour ».
Si ce jour nouveau s'est levé dans le courant du XIXème siècle, il n'a pas encore pu briller sur l'humanité attardée aux vieilles croyances. Fabre d'Olivet lui-même n'a pas voulu soulever tous les voiles qui couvraient la Vérité ; il ne le pouvait pas, du reste, parce que, pour comprendre l'explication des lois de la Nature données par les Déesses de l'antiquité, il faut connaître tous les secrets de la pensée féminine depuis si longtemps cachée. Une femme seule pouvait faire ce travail, mais la science de Fabre d'Olivet lui donne des preuves irréfutables, quoique la traduction qu'il a faite lui-même soit défectueuse, mais il le sait, et donne au lecteur les moyens de la rectifier, en indiquant les diverses interprétations des différentes versions faites dans l'antiquité.
Voici le résumé des idées générales exposées dans les 10 premiers chapitres du Sépher :
CHAPITRE Ier. — C'est l'histoire des forces cosmiques qui régissent l'Univers et président au développement primitif des êtres organisés ; c'est tout ce qui se présente en puissance d'être ou en germe : la Principiation.
CHAPITRE II. — Le Principe cosmique y passe de puissance en acte. L'apparition de l'homme et la distinction sexuelle.
CHAPITRE III. — Les différences physiologiques des sexes. Une grande opposition a lieu entre les êtres différemment sexués.
CHAPITRE IV. — Ce chapitre s'occupe de la reproduction. C'est l'origine de l'activité sexuelle et de la maternité. C'est aussi la réaction brutale de l'homme contre la femme, racontée dans l'histoire de Caïn et Habel.
CHAPITRE V. — C'est l'histoire des mutations ontologiques des êtres dans l'évolution primitive, qui s'arrête à Noah, repos de la Nature.
CHAPITRE VI. — La puberté et le commencement des passions chez l'homme. Le principe intellectuel, l'Esprit sauvé de la corruption, symbolisée par un déluge (1).
CHAPITRE VII. — La grande persécution de la Femme par l'Homme, l'Esprit éteint par les eaux de l'ignorance (déluge). L'équilibre est rompu. Une catastrophe terrible suit. L'Univers doit être renouvelé.
CHAPITRE VIII. — La séparation des hommes et des femmes. Les femmes vivent dans des lieux fortifiés : la Thébah (l'Arche/lieu de refuge). Cela se termine par une réconciliation.
CHAPITRE IX. — L'autorité morale de la Femme. Son enseignement, sa Loi donnée à l'homme. Fabre d'Olivet appelle ce chapitre la Restauration cimentée. Un nouveau mouvement commence.
CHAPITRE X. — L'énumération des êtres émanés de Noah (la Nature). Commencement de vie sociale.
Telle est la grande histoire qui est relatée dans le Sépher. Son auteur, qui semble avoir souffert de la persécution des hommes, s'occupe beaucoup de l'évolution sexuelle et des différences physiologiques et psychiques qui séparent les hommes et les femmes.
(1) René Guénon précise dans une de ces nombreuses notes qui parsèment son œuvre comme autant de clefs aussi discrètes qu'essentielles : « Le chapitre VI de la Genèse pourrait peut-être fournir, sous une forme symbolique, quelques indications se rapportant aux origines lointaines de la contre-initiation. »

LES ÉLOHISTES ET LES JÉHOVISTES
C'est parce qu'on a fait confusion entre le Principe cosmique et la Divinité terrestre vivante, Héva (le Dieu vivant), que l'on a cru qu'il avait existé deux versions différentes de la Genèse : l'une qui désignait Dieu par le mot Elohim, et l'autre par le mot IHAVEH.
C'est la thèse du rabbin Astruc qui voit dans le Sépher deux livres qui auraient été réunis : celui des Elohistes et celui des Jéhovistes.
Cette doctrine a eu un grand succès. Elle est cependant fausse, parce qu'elle est basée sur la confusion entre la puissance cosmique qui organise l'Univers (la radiation des astres, les Elohim) et la Déesse-Mère qui crée l'enfant. Elle seule est Créatrice ; les Elohim organisent, mais ne créent pas, ce sont des puissances physiques, des forces. Ces idées préliminaires vont nous aider à comprendre l'énorme distance qui sépare le texte original du Sépher de la version grecque sur laquelle presque toutes les versions modernes sont faites.

CAÏN
La Mère primitive a mis au monde des fils et des filles, Kaïn le garçon, Habel la fille. (Ce n'est pas Elohim qui créa l'enfant, c'est IHVAH, la Mère.)
Le nom de Caïn était déjà dans l'histoire avant que le Sépher fût écrit.
Chez les Iraniens, le mot Kaï signifiait le grand, le fort : il se trouve formant le nom de Caï-ou-mors, nom que l'on écrit aussi Kaï-oum-ors. Le plus ancien chef des Perses est Kaïan (de kaïo, brûler, en grec).
Cet homme fort se faisait appeler « Roi de la Montagne » ; c'est le premier despote, celui qui va violer le droit des autres et s'imposer par la force.
Chez les anciens Iraniens, les premiers usurpateurs du pouvoir spirituel de la Déesse sont appelés Caïnide du nom d'un de ces usurpateurs, Caïcaous. Les anciennes histoires en font un impie qui a eu la fantaisie de monter au ciel dans un coffre tiré par 4 de ces oiseaux monstrueux nommés Kerdés, dont les anciens auteurs de l'Orient font mention dans leurs romans ; c'est la fable de Prométhée voulant ravir le feu du ciel, c'est celle d'Icare voulant aussi s'élever jusqu'au Ciel de l'Esprit féminin.
Donc, Kaïn, c'est l'homme fort voulant usurper les fonctions spirituelles des Déesses.
En même temps qu'il est l'usurpateur, il est l'emblème de la fureur, de la violence, de la force brutale.
Chez tous les peuples, Kaïn représente le génie du Mal. C'est le futur Satan, l'éternel ennemi de la Femme et son puissant adversaire.
Lorsque les Aryens envahirent l'Inde et y portèrent leur esprit de révolte personnifié par Ahriman, deux partis se formèrent : les masculinistes qui prirent le nom de Kourous (dérivé de Kaï) appelés aussi « Kaurava », et les féministes qui étaient les Pândous, également nommés « Pândava ». Ce sont leurs luttes qui sont racontées dans le Mahâbhârata.
D'après Fabre d'Olivet, l'étymologie hébraïque du nom de Kaïn signifie « celui qui agglomère en lui » (l'égoïste), et aussi « celui qui veut égaler ensemble » (le rival de la femme, son usurpateur).
Le texte samaritain lui donne la signification du mot régir, déployer la puissance d'un roi ; et, dans une multitude de langues, l'idée de royauté (de l'homme) est venue de la racine Kàn, Kîn ou Kain (King et Khan).
L'idée de pouvoir sacerdotal donné à l'homme en vient aussi, puisque, chez les Juifs, le prêtre va s'appeler Cahen ou Cohen.
Kaï uni à Assar a fait César ; uni à Æser, il a fait Kaiser. De Kaï Lovis (Louis), on a fait Clovis. Cyrus s'appelait en réalité Kaï-Kosrou. De Kahi-Kahia on fait cahin-caha pour indiquer ce qui va mal.

HABEL
Dans ce nom nous trouvons encore la racine du nom générique de la Femme, Hebe, Heve, Have, Hava.
Habel représente la faiblesse, la douceur, la grâce et l'expansion de l'esprit. Habel est l'emblème de la pensée, de l'âme universelle, elle est « le génie du Bien ». Mais, dans l'hébreu primitif, ce nom signifie aussi l'Etre indéfini, opposé à Kaïn, l'être fini.
Ici une parenthèse pour expliquer ces termes : L'homme, par ses actes (passions), arrête son progrès mental, puisque son principe de vie descend. Jusqu'à 26 ans, il a augmenté sa masse médullaire ; à cet âge, le mouvement descendant l'ayant emporté, il ne progresse plus et les sutures de son crâne se ferment. Donc, son progrès est fini.
Chez la femme, la progression cérébrale ne s'arrête jamais, parce qu'elle ne peut pas faire descendre son élément de vie qu'elle ne donne pas à la génération et qui continue, chez elle, à monter. Les sutures de son crâne ne se ferment qu'après 60 ans. Donc, elle est l'Etre indéfini ou infini, c'est-à-dire qui ne s'arrête pas dans son évolution ascendante.
C'est à propos du « sacrifice » que la jalousie de Kaïn s'éveille et qu'il tue Habel.
Le sacrifice, ce sont, dit le Sépher, « les prémices de leur quintessence ».
Or les prémices de Habel se montrent sauveurs et lui procurent un avancement, et l'oblation de Kaïn n'est pas sauveur. (Cette différence est celle que l'on montrait dans les Mystères entre le Nectar et l'Ambroisie, le Nectar qui fait mourir les hommes, l'Ambroisie qui fait vivre les femmes - explication dans l'Introduction du blog.)
C'est parce que l'oblation de Habel sauve qu'elle va devancer son frère en éclat et en gloire.
Les Arabes ont traduit cet état par le mot Vierge qui signifiait « intégrité de l'Esprit », c'est-à-dire que ce qui donne à Habel le caractère de la Virginité, c'est son oblation (ovulation) qui constitue « les prémices de sa vie sexuelle ».
Mais cette loi des sexes va créer une envie terrible de l'homme pour la femme, « la jalousie de sexe », qui fera naître le « mauvais esprit », la haine. Il se révoltera contre la Femme, niera son esprit, attaquera son sexe, prendra sa place, l'avilira, la méprisera.

HABEL ET CAÏN (suite)
Cette première lutte de sexes qui se produisit tout au fond de l'histoire, fut le prologue du drame humain qui allait se dérouler dans toutes les époques et chez tous les peuples. Cette lutte de l'homme brutal contre sa sœur plus faible a été enregistrée dans les légendes sacrées ; c'est la lutte des 2 principes, la lutte des Kaïnistes et des Habélistes.
La légende d'Esaù et Jacob reproduit la même idée (1).
Esaü le mâle cède son droit d'aînesse, c'est-à-dire son avance dans la vie, pour un plaisir qui le fait rétrograder. Dès lors sa sœur Jacob devient la première dans le monde et organise la société suivant les lois de la Gynécocratie. Elle est le Grand Architecte de l'Univers. Dans toutes les Écritures primitives on trouve le même récit, et partout on trouve aussi les premières luttes de l'homme contre la femme. C'est ce qu'on a appelé la période héroïque, la lutte des Titans contre les Déesses.
Parmi les envahisseurs dont le rôle se rapproche de celui de Kaï (Cain), la Bible cite Æsar, Æsus, Adon (dont on fait Odin, Othon, Adonis).
De Æsar on fait César. De Æsus on fait Hésus et Jésus. Tous ces noms représentent la masculinité.
Donc, quand on nous dit que « Kaïn s'insurgea contre Habel et l'immola », ce n'est pas d'un meurtre isolé qu'il s'agit, c'est la révolte collective des hommes contre les femmes et la désorganisation de leur première civilisation.
Chez les Hindous, le grand perturbateur se fera appeler Mahâ-Dêva. C'est le Kaïn de l'Inde, celui que les féministes appellent Çiva.
En écrasant la Femme, l'homme avait tué sa Divinité, et ce déicide allait peser sur toute l'humanité masculine qui allait en subir le châtiment dans les mille tourments qui en sont résultés, dans sa solitude morale, dans l'obscurcissement de son esprit, car il se condamnait lui-même à vivre dans les ténèbres puisqu'il éteignait la grande lumière qui devait le guider, le Saint-Esprit féminin.
(1) La légende d'Esaü et Jacob est une répétition de celle de Caïn et Abel, avec d'autres noms. Cette seconde légende tire ses appellations du sanscrit, tandis que la première les prend dans la langue parlée par les Iraniens. Ici le nom féminin est isha et le nom masculin ish. Mais isha, c'est iça, tandis que le masculin, c'est as (l'i est féminin).
On a dû écrire aussi Esa, et ce serait là la racine d'Esaü, d'Aza-el, d'Azar, etc.

SETH
Toutes les mythologies qui ont parlé de la descente des femmes dans l'Enfer du monde masculin ont annoncé que cela n'aurait qu'un temps, que la Femme ressusciterait et viendrait reprendre sa place dans le monde.
D'après la version samaritaine, le meurtre de Habel exprimé dans le verset 25 par les mots abattement de Habel doit être considéré comme signifiant la transition, la mutation, l'infortune (des femmes et de leur pouvoir).
Dans le Sépher, la femme qui va ressusciter, celle qui va reprendre la place de Habel tuée par Kaïn, c'est Seth.
Seth est un nom qui signifie « le fondement des choses », l'élément qui le réalise. Il sert à désigner le nombre 2 dans son acception féminine, dit Fabre d'Olivet, c'est-à-dire « deuxième Femme », et il ajoute : « Pour les Hébreux, Sheth ou Seth est le type d'une famille choisie (c'est-à-dire d'un sexe choisi) ».
Quelques peuples orientaux l'ont considéré comme un prophète. L'historien Josèphe lui a attribué l'érection de ces fameuses colonnes sur lesquelles étaient gravés l'histoire du genre humain et les principes de la morale. »
Les plus considérables des Gnostiques se sont fait appeler Séthions.
Donc, Seth, c'est la femme qui reparaît et reprend la direction spirituelle du monde, interrompue par la grande persécution.
Les Hébreux regardaient Seth comme la Mère dont ils tiraient leur origine.
Disons encore que les masculinistes haineux, les Caïns de ce temps, du nom de Seth ou Sothis ont fait Sathan.
Il existe un livre apocryphe intitulé « La Sothis », dans lequel un certain Panodore, qui vivait vers 400 avant notre ère, présente les dynasties comme des générations (matriarcales) et rappelle les monuments représentant des rois rendant hommage à des Pharaons, comme l'homme rend hommage à la femme.
Cet ouvrage a été faussement attribué à Manéthon, le prêtre masculiniste.
Dans le Tarot égyptien, la Dame (la Reine) est appelée la Sota.
Les Grecs appellent Sothis l'étoile Sirius, et période Sothiaque la manière de compter les années au moyen du lever de Sirius. Les prêtres égyptiens n'en parlent jamais, parce que cela faisait partie de la science des prêtresses enseignée avant eux et qu'ils s'efforçaient de nier ou de dénaturer.
Dans l'article sur l'Égypte, nous avons expliqué ce qu'était cette femme à laquelle on devait la restauration de la souveraineté féminine, et nous avons montré ce que les historiens grecs en ont fait en masculinisant son nom devenu Sésostris. Rappelons-le succinctement :
Dans l'histoire d'Adam et Ève, on nous dit que ce premier couple eut trois enfants : Caïn et Abel (l'homme et la femme dont nous venons d'expliquer la signification symbolique), puis un troisième sur lequel on ne nous dit rien. C'est ce personnage, effacé avec intention, qui va entrer en jeu, ou plutôt entrer dans l'histoire à l'époque que nous étudions. Seth, ce troisième enfant (Sans sexe comme tous ceux des écritures masculines), est une fille qui arrive au monde pour remplacer celle que Caïn a tuée, la femme vaincue partout. Celle-ci va vivre et faire revivre, avec elle, la puissance féminine éclipsée pendant plusieurs siècles. Les anciens Égyptiens appellent cette nouvelle souveraine Sota, Seta ou Seti. Seth, ou Seti, a une légende entourée de merveilleux, mais les historiens mettent son nom au masculin naturellement. Hérodote nous raconte son enfance dans le palais de son père (alors que l'enfant ne connaît pas son père) et entourée des enfants nés le même jour qu'elle. Devenue grande, elle voyage et subjugue tout le pays que baigne la Mer Rouge, elle parcourt le continent, passant d'Asie en Europe, laissant des colonies féministes jusque dans la Colchide : « La plupart des colonnes (colonies), dit Hérodote, que ce roi a dressées en diverses contrées, ne subsistent plus, mais dans la Palestine Syrienne j'en ai vu moi-même ». De retour en Egypte, cette Reine aurait utilisé la multitude qui s'était attachée à elle en lui faisant élever des temples et construire les canaux qui existent encore en Egypte. Elle fait construire des vaisseaux, dans des ports qui depuis ont porté les noms de Adulé, Bérénice, Leucos ; ce sont les premiers vaisseaux longs qu'eussent construit des mains égyptiennes (Diodore, L. I, chap. IV). Il, c'est-à-dire elle, s'embarqua sur les eaux du golfe Arabique et en subjugua les îles et les rives jusqu'à son extrémité méridionale. L'histoire classique en fait le deuxième roi de la XIXe dynastie et l'appelle Seti 1er. « Seti (ou Sethos), nous dit-on, recommence les campagnes de Thouthmès III et joint par un canal la Mer Rouge au Nil. Constructeur de la salle hypostyle de Karnak, l'un des chefs-d'œuvre de l'architecture égyptienne, du grand Temple d'Abydos et du tombeau de la Reine Seti à Bal-el-Melouk (ou Biban-el-Malouk) (Thèbes) ».

Après ce rappel, continuons : Kaïn a enfanté Henoch, l'homme qui arrête le progrès, l'homme de haine, l'homme de nuit. (Le nom de He-noch vient de He article, nouch, la nuit. L'article ici est en grec ; en hébreu, ce serait Ha, Ha-nok. De nok on fait Noah, Noé.)
Seth va enfanter Ænoch, Le Targum chaldaïque dira Anosha (a privatif, noch, nuit), l'homme sans nuit, l'homme lumière, celui qui va progressant, l'homme d'amour, celui qui va revenir à la foi, à la connaissance de Hevah et de la science révélée par Elle.
Ænoch, c'est l'espérance qui va soutenir l'humanité souffrante en lui montrant le retour d'une époque de bonheur pendant laquelle les hommes revenus à la raison vont connaître la Vérité, vont connaître la vraie Divinité Havah, et vont recommencer à lui rendre hommage en invoquant son Saint Nom (1).
(1) Noé, le nouvel homme de la nouvelle race, représente symboliquement l'homme né de la femme. Le déluge a précédé cette naissance (un déluge représente symboliquement une persécution, une fuite, une séparation des sexes).
D'après Bryant, « les bardes du Druidisme disent, à propos de Noé, que lorsqu'il sortit de l'arche après y avoir séjourné un an et un jour, c'est-à-dire 364 jours + 1 = 365 jours, il fut félicité pour être né des eaux du déluge par Neptune qui lui souhaita une « bonne année ».
L'année, le cycle, était celui de la nouvelle race d'hommes nés de la femme après la séparation des sexes pendant la grande querelle. C'est la nouvelle création. Pour les Théosophes, c'est la quatrième race ou quatrième stade de l'évolution.

L'ÂGE DES PREMIERS HOMMES
Arphaxad, Salé, Heber, Phaleg, ont vécu 438, 433, 364, 239 ans, et, selon l'hébreu, ils étaient « pères » à l'âge de 35, 30, 34, 30 ans. Au lieu que, selon le texte samaritain et les Septante, ils avaient alors 135, 134, 130 ans, ce qui est beaucoup plus vraisemblable, puisque c'est une loi constante de la Nature que la durée de l'enfance soit en raison de la durée totale de la vie. L'âge viril ne commence guère qu'après la cinquième partie de la vie humaine. On doit croire que cette proportion existait lorsque les hommes vivaient plusieurs siècles, au sortir de la vie végétale.

LA CHUTE
Quand la vie sexuelle commence à se manifester chez l'enfant, elle le fait entrer dans une phase nouvelle qui est l'adolescence (Pour plus de précisions, voir l'article sur  la psychologie comparée  ).
Les conditions physiologiques des deux sexes vont se modifier ; chacun d'eux étant régi par une polarité inverse, ils vont commencer à suivre des voies divergentes, et leur donner des caractères psychiques qu'ils n'avaient pas eu jusque-là.
Les suites fatales de la sexualité masculine font apparaître en lui les germes des 7 faiblesses humaines dont la Théogonie fit les 7 péchés capitaux :
- L'orgueil qui va lui insinuer des idées de supériorité vaine.
- L'égoïsme qui lui conseillera de prendre aux autres ce qu'ils ont, leur avoir, leurs places dans la vie, leurs privilèges et les honneurs qui leur sont dus.
- L'envie qui va lui souffler ses premières haines.
- La colère qui le jettera dans des disputes, des violences et des crimes.
- La luxure qui fera apparaître en lui la bête humaine.
- L'intempérance qui altérera sa santé et troublera sa raison.
- La paresse qui l'amollira et fera de lui un être inutile, à charge aux autres.
Ajoutons à cela l'invasion du doute, père du mensonge, du mensonge, père de l'hypocrisie génératrice de la ruse.
Son esprit a des éclipses, des moments de torpeur. Chacune de ses « œuvres basses » lui fait perdre une parcelle de l'étincelle de vie ; c'est une brèche par laquelle entre peu à peu la déraison, si vite envahissante.
C'est alors qu'il commence à renverser l'ordre des idées, que son jugement perd sa droiture, qu'il se fausse. Des intérêts personnels, des entraînements sexuels commencent à le guider. C'est l'âge de la perversion qui apparaît.
Puis sa force musculaire qui augmente lui donne de l'audace et sa sensibilité qui s'atténue le rend dur et méchant, il ne sent plus autant la souffrance des autres.
Une évolution contraire s'accomplit chez la femme. Elle a grandi dans l'amour qui lui a fait acquérir les 7 vertus que les Écritures sacrées, notamment l'Avesta, opposaient aux 7 péchés. Mais sa force musculaire qui diminue va la rendre impropre à l'action. Son esprit s'élargit et ouvre devant Elle un brillant horizon de pensées nouvelles ; la bonté, la douceur, la gaieté, la joie de vivre s'accentuent en Elle.
Pendant que l'homme, poussé à l'action par sa force qui grandit, veut des exercices musculaires, des luttes ou des travaux qui mettent en activité ses facultés motrices, chez Elle c'est l'Esprit qui travaille, c'est la pensée qui s'impose et la domine.
On sait que « Le Paradis Perdu », cette composition sublime de John Milton dont le pendant est la grande œuvre de Dante Alighieri, « La Divine Comédie », a pour sujet la chute de l'homme et pour théâtre l'Éden, le ciel et les enfers.

BABEL (Confusion)
De cette divergence devait naître un commencement de discorde.
Jusque-là il y avait eu accord entre ces deux êtres, harmonie parfaite et tendresse. La fille marchait plus vite que le garçon, elle était initiatrice en tout, mais il la suivait, adoptait ses idées, les faisait siennes, puisqu'elles répondaient encore à sa mentalité droite. Et c'est cet accord qui engendra « l'Âge d'Or ». Il dura tant que l'homme garda sa chasteté d'enfant.
Mais les nouveaux caractères qui surgirent vinrent altérer cette harmonie. Ces deux adolescents commencent à ne plus se comprendre quand ils commencent à avoir chacun une objectivité différente dans la vie.
Aussi, bientôt les mots n'eurent plus pour eux la même signification parce que les idées de l'homme changeaient de direction ; il allait mettre sur le plan sexuel ce qu'elle continuait à mettre sur le plan spirituel. Et c'est cette confusion que l'histoire va nous montrer dans un monument symbolique, la Tour de Babel, représentant l'évolution ascendante commencée par le genre humain, mais interrompue et inachevée parce qu'au moment de la divergence sexuelle on ne s'entendit plus. C'est cela qui est « la confusion des langues », chaque sexe voyant le monde sous un jour différent, le résultat du désir étant pour l'homme une descente dans la matérialité et pour la femme une montée dans la spiritualité.

LE PÉCHÉ ORIGINEL
L'homme subit, par cela seul qu'il naît homme, les conséquences d'un ordre de choses contre lequel, pour se sauver lui-même, il doit lutter.
« L'homme est un Dieu tombé qui se souvient des cieux », dit Lamartine.
La déchéance est certaine, elle suit la faute dont les conséquences pèsent, non seulement sur l'homme coupable, mais sur toute sa descendance. Cette condamnation contre laquelle les modernes protestent et qui leur semble une injustice absurde, est le résultat de l'hérédité. L'homme transmet à sa descendance ses facultés comme il lui transmet ses organes. S'il diminue ses conditions psychiques individuelles, il donne à ses enfants des facultés amoindries. Les rationalistes modernes disent : Chacun est responsable de ses fautes. Oui, quand ces fautes n'atteignent pas l'organisme ; mais quand la faute est de nature à modifier le fonctionnement physiologique de l'homme et à lui imprimer une tare qui est héréditaire, la faute retombe sur la postérité.
Le péché originel (le premier acte sexuel) a diminué la valeur morale de l'homme, il a donc été une cause de déchéance pour l'humanité tout entière.
Les conséquences premières de la chute, accumulées par la répétition de cette action dans chaque individu, à travers les générations, ont pris des proportions effroyables et mené les races à la dégénérescence finale.
Le mystère de la chute a une importance capitale, c'est le nœud de notre condition qui prend ses replis et ses retours dans cet abîme. Une preuve de plus de notre dégénérescence morale est celle-ci : L'ordre est partout, l'homme seul fait exception. L'Univers entier est ordre, l'homme seul est désordre.
Un choc perpétuel existe entre sa raison et son cœur, entre son entendement et son désir. Quand il atteint au plus haut degré des civilisations, il est au dernier degré moral ; il s'appauvrit en idées, en même temps qu'il s'enrichit en sentiments. Son péché s'étend comme un voile entre lui et l'Univers (et c'est ce qui cause la désunion de l'homme et de la femme). L'unité du monde a été vaincue et l'humanité doit en porter la peine.
L'homme est tombé dans la conception misérable du fini, alors qu'il était né pour l'infini.
C'est le problème fondamental, le problème humain et divin. C'est le dogme intérieur de l'humanité. Une crise terrible fermente en ce moment, parce que le dogme de la chute masque les plus grands problèmes philosophiques.

L’HÉRÉDITÉ
La réversibilité de la faute sur toute la descendance semble inadmissible aux rationalistes qui croient l'avoir puissamment battue en brèche par l'exégèse moderne (qui n'étudie que les écrits falsifiés par les Prêtres), et cependant leur science rétablit le dogme en proclamant l'hérédité, qui en est la forme moderne. L'hérédité est physique et morale, c'est la substance même de nos ancêtres qui nous constitue. L'hérédité puise dans des milliers d'ancêtres nos éléments constitutifs, et les maladies de l'âme se perpétuent comme les maladies du corps. Quiconque ne prend pas le passé pour racine n'aura pas de progrès dans l'avenir. Il y a une hérédité pour les maladies du corps ; pourquoi n'y en aurait-il pas une pour les maladies de l'âme, pour les tares morales ? Quand un enfant vient à la vie, gangrené par les vices du père, pourquoi ne se plaint-on pas de la nature qui permet cette hérédité ? L'homme mourant pour s'être empoisonné aux fruits de vie, mourant par le péché, explique les secrets du cœur humain, explique toute la politique et toute l'histoire de l'humanité (Jaurès avait entrevu cela et trouvait que le problème du mal domine toute la politique). Le péché originel est prouvé par la solidarité des générations dans le Bien et le Mal. Nous voyons partout le fils puni pour le père et le contrecoup du crime d'un méchant aller frapper une victime innocente. Le péché originel est prouvé par la malédiction portée contre la femme (qui va souffrir des suites du péché de l'homme, non pas en enfantant dans la douleur, mais en supportant sa contradiction, son oppression, sa tyrannie).

LES VÉRITÉS CACHÉES ET LES ERREURS IMPOSÉES
Renan, qui connaissait la haute valeur du Sépher, dit : « De notre temps, le manque de critique habituel, en France et en Angleterre, aux savants qui ne s'occupent que des sciences physiques, a fait débiter sur ce sujet beaucoup d'enfantillages. Il ne faut pas oublier que le chapitre Bereshith (La Génese) a été de la science à son jour. Le vieil esprit babylonien y vit encore.
« La succession des créations et des âges du monde, cette idée que le monde a un devenir, une histoire où chaque état sort de l'état antérieur, par un développement organique, était un immense progrès sur une plate théorie de l'Univers conçu comme un agrégat matériel et sans vie. La fausse simplicité du récit biblique, l'horreur qu'on y remarque pour les grands chiffres et les longues périodes, ont masqué le puissant esprit évolutionniste qui en fait le fond. Mais le génie des Darwin inconnus que Babylone a possédés il y a 4.000 ans, s'y reconnaît toujours » (Le peuple d'Israël, T. I, p. 79). Mais les prêtres ont eux-mêmes déshonoré le Livre on y introduisant, dans la suite des âges, des erreurs fondamentales qui sont devenues les questions les plus discutées.
Quelques éclaircissements sur ces questions sont nécessaires :
- Les Elohim, mot remplacé par Dieu ou les Dieux.
- La Création, qu'on attribue à ce Dieu.
- L'apparition du Soleil le 4ème jour de la Genèse biblique.
- La légende du serpent et de la pomme mangée par Ève.

ELOHIM
Elohim est un mot au pluriel qui indique, non pas une force cosmique, mais des forces. Ce sont les corps actifs de la chimie, agissant dans les radiations astrales qui les propagent comme atome-force. On reconnaît sept principes radiants projetés par les étoiles diversement colorées. Les sept couleurs que ces radiations transmettent sont celles de l'arc-en-ciel. C'est pour cela qu'on représente les Elohim par un septénaire. Le mot au singulier serait Eloha.
L'antiquité, qui a connu les lois de la Nature, n'a pas connu le Dieu moderne qui n'a que 2.000 ans d'existence. Ce sont ces Principes radiants que le Sépher affirme dans son premier verset qui dit : « En principe, les Elohim sont en puissance d'élaborer ce qu'il y a dans le Ciel et sur la Terre. »
L'article consacré à la Cosmogonie restitue complètement cette science antique que le Sépher ne fait qu'indiquer.
Mais nous voulons citer encore Fabre d'Olivet qui a donné sur cette action radiante des explications remarquables. Il dit : Beræshith, formé du substantif resh, la tête, le chef, le Principe agissant, signifie « dans le principe », mais au figuré il veut dire en principe, en puissance d'être (en puissance de faire). »
Resh en écriture hiéroglyphique, c'est un point au centre d'un cercle ʘ.
Dans le langage ordinaire, on voyait dans le mot rash ou resh, un chef, un guide ; dans le langage figuré, on entendait, un premier moteur, un principe agissant, une volonté (droite ou perverse), dans le langage hiéroglyphique, on signalait le Principe principiant universel dont il n'est point permis de divulguer la connaissance.
Voilà les 3 significations du mot « resh » qui sert de base au mot « beræshith ».

LA CRÉATION
Il créa : Bara
Les disputes soulevées par ce mot se réduisent à savoir si le verbe bara signifie faire quelque chose de rien, ou simplement faire quelque chose de quelque chose.
La véritable signification de ce mot est : tirer d'un élément inconnu ; faire passer d'un principe à l'essence ; rendre même (semblable) ce qui était autre. Du reste, l'action des Elohim est exprimée par un verbe formé de leur nom : Elaborer. Les Grecs l'ont traduit par il fit, les Latins par creavit, il créa. Les Français auraient dû créer le verbe choser : Les Samaritains disent compacter, rendre dur et compact. C'est la matérialisation de la substance universelle, l'Ether-Azote, sous l'influence des radiations astrales.
Ivah, la Mère créatrice
C'est la Mère, Ivah, qui est créatrice de l'enfant ; ce ne sont pas les Elohim.
Quand on attribue à Ivah la création des Cieux et de la Terre, on emploie un langage symbolique qui signifie la création des filles et des garçons ; et quand on dit : « les renfermant en puissance contingente d'être dans une autre puissance d'être », cela signifie, dans le langage simple, que l'enfant se forme renfermé dans le corps de la Mère. Rien d'étonnant qu'elle les créât à sa ressemblance.
Mais ce qui est plus étonnant, c'est que les prêtres juifs aient fait tant de mystères autour de cette personnalité divine, Ivah, la Mère universelle.
C'est parce qu'ils l'ont cachée avec tant de précaution qu'ils persécutent les auteurs qui ont assez de science pour la rétablir dans l'histoire.
Fabre d'Olivet, dans les notes consacrées au chapitre II de la Genèse, dit : « Ihvah paraît ici pour la première fois et seulement lorsque l'Être des Êtres, ayant accompli l'acte souverain, se rétablit lui-même dans son immuable séité.
« Ce nom n'est jamais prononcé par les Juifs modernes dans leurs synagogues ; la plupart y attachent de grands mystères, et surtout ceux des rabbins que nous nommons Kabbalistes, à cause du mot hébraïque correspondant à K, B, L, la transmission. Ils entendent par ce mot la loi orale laissée par Mocé et prétendent en être les dépositaires, ce qui n'est vrai que pour la plus petite partie d'entre eux. Je dirai tout à l'heure pourquoi les uns et les autres, qui lisent toujours les livres hébraïques sans points, refusent de prononcer ce nom. »
Fabre d'Olivet, toujours dans ses notes consacrées au chapitre II de la Genèse, dit « Essayons d'analyser le nom Ihvah :
« Ce nom offre d'abord le signe indicateur de la vie, doublé et formant la racine essentielle vivante, ה (hé). Cette racine est, dès sa formation, non seulement un verbe, mais un verbe unique dont tous les autres ne sont que des dérivés, en un mot, le verbe être-étant (l'être en soi). »
Puis, expliquant les changements survenus par l'annexion de la lettre iod (I), lettre idéographique qui symbolise le sexe masculin et que l'on met devant les noms féminins pour leur donner le caractère hermaphrodite, il dit : « Ces changements sont tels que ces signes spirituels s'étant matérialisés dans le nom, ce nom prononcé IHevah, comme le peuple ignorant le prononçait, loin d'exprimer les perfections divines, ne signifie plus qu'une calamité, une existence malheureuse dont on ne connaît ni l'origine ni le terme. »
Voilà la raison, connue ou inconnue, pour laquelle il n'est plus permis au peuple juif de proférer ce nom, dont il a laissé le sens s'égarer jusque-là. Voilà pourquoi aussi on n'admet dans les synagogues que des écritures sans points, attendu que la prononciation qui résulte de ces points altère quelquefois la signification originelle des mots jusqu'à les rendre méconnaissables.
Donc, ce sont les Kabbalistes qui ont supprimé le nom de la Mère. Ce fait n'est pas assez connu. Mme Blavatsky cite la Kabbale comme une source véridique, alors que c'est de là qu'est venu le mensonge.
Il faut insister pour faire cesser la confusion qui existe entre le Divin, puissance morale vivant sur la Terre, sous des noms divers, et le Dieu moderne qui a pris la place des puissances physiques du Cosmos qui étaient représentées par Elohim. La puissance physique, Brahm (Ptah chez les égyptiens), Elohim, crée la végétation, d'où sortira l'enfance humaine par une lente évolution, mais ne crée pas l'homme tout fait tel qu'il apparaît dans la génération sexuée.
C'est la Mère, Divinité terrestre, qui met au monde l'enfant qui est sa créature, qui a refait en elle, rapidement, la longue évolution ancestrale. C'est elle qui crée l'homme à sa ressemblance, ce n'est pas la puissance astrale qui ne peut pas mettre sa ressemblance dans le végétal.

LA TERRE AVANT LE SOLEIL
L'antiquité savait que les astres évoluent, que les soleils s'allument et s'éteignent, et que, dans leurs mutations d'un état à l'autre, les astres changent de place, puisque, en s'allumant, ils acquièrent la force radiante qu'ils perdent en s'éteignant.
Des milliers d'années s'écoulent entre cette inaction d'un astre et son réveil (le soleil) suivi de son extinction (la comète) qui le rejette dans la grande nuit cosmique.
La science antique ne se sert pas du mot création, ni même du mot évolution ; elle dit : « les aspects de la Force sans cause ». La radiation est appelée « le grand souffle ». C'est le germe qui deviendra l'univers. C'est le point dans « l'œuf du monde ». Sa présence abstraite et son action dans le plan du monde produisent des manifestations constantes, qui recommencent éternellement l'œuvre de vie à la surface des planètes. C'est le Kosmos éternel.
Le terme « Roue » est l'expression symbolique qui désigne un monde ou un globe. La science primitive savait donc que la terre est ronde et tourne comme une roue.
Depuis longtemps, les savants modernes mêmes reconnaissent que le mot « Jour » exprime une période de temps de longue durée. Il a fallu l'ignorance des prêtres, et celle de leurs contradicteurs, pour faire de ce mot « Jour » une période de 24 heures.
Mais ce que les savants ne savent pas encore, c'est que chacun de ces cycles solaires a apporté avec lui une puissance de vie qui a fait surgir de la Terre une végétation spéciale à une époque et, par suite, une animalité particulière. De là les grandes époques de la succession des êtres (voir l'article du blog sur Nos Origines).
Au système des jours-périodes, abandonné par quelques savants, il faut substituer le système des Jours-soleils, qui est nouveau.
Donc, si le Sépher fait apparaître notre soleil actuel au troisième jour de l'évolution terrestre, il ne fait que mentionner un fait rigoureusement scientifique ; notre soleil n'irradie la terre que depuis l'époque tertiaire, il a remplacé d'autres soleils qui avaient régné avant lui. C'est la science moderne, qui est en défaut, ce n'est pas la science antique.
Le repos de la Nature, c'est l'époque à laquelle la création solaire s'arrête, son activité génésique étant épuisée. C'est la nuit solaire qui commence.
Le mot nuit vient de l'hébreu (noun, vaw, heth), nouch ou nyk, mot qui signifie repos.
De ce mot les traducteurs ignorants ont fait Noé.

LA LÉGENDE DU SERPENT ET DE LA POMME
Dans l'original du livre fameux, cette histoire n'existe pas. Elle a été inventée à l'époque de la décadence gréco-romaine et a été introduite dans la version grecque faite deux siècles avant notre ère, on ne sait par qui, quoique l'on nous dise qu'elle fut faite par 70 docteurs, d'où son nom de Version des Septante.
Il s'agissait de cacher un épisode se rapportant à la vie sexuelle. L'original disait brutalement que l'ardeur sexuelle, qui régnait dans toute la nature, tourmentait les hommes. C'est de cela qu'on fera le serpent, l'esprit tentateur qui va séduire Eve et l'entraîner avec lui, vers ses œuvres basses. Mais tout cela va être retourné : c'est la femme qui sera la tentatrice, ce n'est plus l'homme, c'est elle qui va l'inviter à mordre à la pomme de luxure.
Pourquoi cette pomme ? Parce que, dans le texte primitif, le péché de l'homme entraîne une déchéance morale, trouble son cerveau, l'incite au mal. Tout cela est exprimé en latin par le mot Malum.
Ouvrez un lexique latin et vous verrez que ce mot signifie mal, péril, fléau, calamité, malheur, châtiment, peine ; malum habere (être puni du plaisir) ; tort, dommage, préjudice, faute, vice, pernicieux, funeste, etc..
Mais, si malum veut dire tout cela, il signifie aussi pomme. Malum punicum, grenade ; et en général graines, semence contenue dans la pomme (Malus, arbre, pommier).
C'est sans doute parce que cette graine, sacrifiée par l'homme, a été l'origine de toutes sortes de malheurs, que Malus (pomme) est devenu le symbole de la discorde.
Malum discordiæ est la pomme de discorde qui a divisé les hommes et les femmes. Donc le pommier (Pyrus malus) sert de point de départ à toutes sortes d'équivoques, de jeux de mots. Ainsi on rapproche de Malus le mot mât parce que le mât s'élève comme l'obélisque chez les Égyptiens, où il symbolise aussi le sexe mâle.
En persan, le mot mul (poire) prêtait à la même équivoque, et ce mot est resté pour désigner le sexe et la bêtise.
On a aussi rapproché de Malum les mots mellis, melleus (de miel), mellitus (doux, aimé) et mellare (ébrécher, écorner, déflorer).
C'est pour cela qu'Hercule est surnommé Mélius.
Un jour que le bœuf ou le bélier qu'on devait lui sacrifier manquait, on le remplaça par une pomme, dans laquelle on enfonça quatre allumettes pour lui faire des pattes, et deux autres pour lui faire des cornes.
Quand on voulait insulter les Muses, on les appelait Meleta (emmiellée, qui a reçu le miel).

LA LOI (HA-THORA)
La loi morale, formulée par Myriam, surnommée Ha-Thora, est la conséquence logique de la loi des sexes exposée dans le Sépher. Cette loi tant de fois séculaire, et vivante encore cependant, portait en elle le cachet de la Vérité absolue, comme toute l'œuvre de la grande inspirée. C'est ce qui lui a donné l'immortalité. Les œuvres de Vérité persistent malgré les difficultés, les dangers, les persécutions.
La loi est appelée Thora (de iarah, qui signifie « il a proposé, enseigné », ou de thour, « il a exploré, scruté, recherché »).
En Grèce, loi se disait Thesmos. Cérès, qui l'avait formulée, était appelée Thesmophora (de phoros, qui porte).
La loi ordonnait le Bien, défendait le Mal, sans autre châtiment que la menace des maux qui, dans l'ordre naturel des choses, accompagnent la transgression, l'outrage à la raison. Dans la Thora, il n'est nullement question de Ciel et d'Enfer, aucun surnaturel ne s'y est glissé.
Cette loi avait pour but d'unir l'homme et la femme par un lien moral, elle était appelée « pacte d'alliance ».
C'est plus tard qu'on emploie le mot red-ligio, d'où religion, pour désigner cette alliance. De ce mot « pacte » on fera le mot grec diathékè que l'on a traduit par « Testament ».
Pour que cette grande femme ait eu la pensée de formuler une « Loi » qui devait, à l'avenir, servir de base à la vie morale de l'homme, il a fallu qu'elle ait connu une époque de grand désordre, qu'elle en ait souffert et qu'elle ait été animée de cet immense amour du Bien qui nous domine quand nous avons franchi les voies suprêmes de la pensée, au-delà desquelles brille l'éternelle et immuable Vérité.
Mais la loi de Myriam ne nous est pas arrivée dans sa forme primitive, les textes qui nous restent ont été révisés par ceux qui ont introduit dans le monde le Dieu masculin, contre lequel les Déesses protestaient.
Remettons la Divinité dans la forme qu'elle avait, en Israël, du temps de Myriam, et voici ce que le texte nous donne mot à mot :

LES DIX COMMANDEMENTS
1. Je suis Ihvah ta Déesse (la Mère universelle), qui t'ai retiré du pays d'Egypte, de la maison des esclaves ; non il sera à toi des dieux autres devant ma face ; non tu feras à toi des images sculptées et autres, ni aucune ressemblance des choses qui sont dans les cieux, ni d'en dessous de la terre ; non tu te prosterneras devant elles et non tu serviras elles, car je suis Hevah (ta Déesse) ardente, châtiant l'iniquité des pères sur les fils, sur les troisièmes et quatrièmes haïssant moi, et faisant miséricorde à des milliers aimant moi et gardant mes préceptes (1).
2. Vous ne jurerez pas par le nom des dieux étrangers et ce nom ne sortira pas de votre bouche. Tu ne prononceras pas le nom de Hevah pour le mensonge. (Tu n'outrageras pas les dieux, fait-on dire à Ihaveh dans l'Exode, XXII, 28.)
3. Rappelle-toi le jour du repos pour le sanctifier. Six jours tu travailleras et tu feras toute ton œuvre, le jour septième est le repos pour Hevah, ta Déesse. Non tu feras toute, aucune œuvre, toi et ton fils et ta fille, ton esclave et ta servante et ta bête et ton étranger, qui est dans tes portes, car en six jours (Jours solaires) a fait Ælohim les cieux et la terre et la mer et tout ce qui est en eux et il s'est arrêté au jour le septième (la 7ème manifestation phénoménique qui fut la génération).
Ce pourquoi Hevah a béni le jour du repos et l'a sanctifié (en en faisant le jour consacré à la Femme pour la génération ; c'est l'origine du sabbat).
4. Honore ta Mère, afin que s'allongent tes jours sur la terre que Hevah est donnant à toi.
5. Tu ne tueras pas.
6. Non tu commettras adultère.
7. Non tu déroberas.
8. Non tu témoigneras contre ton prochain comme témoin de fausseté.
9. Non tu convoiteras la maison de ton prochain, non tu convoiteras la femme de ton prochain et son esclave et sa servante et son bœuf et son âne.
10. Et tout ce qui est à ton prochain.
(1) Strabon, qui ne connaît Moïse que par les légendes de son époque, dit : « Moïse, qui fut un prêtre égyptien, enseigna que c'était une erreur monstrueuse de représenter la Divinité sous les formes des animaux ou sous les traits de l'homme. » C'est que longtemps il est resté dans les esprits que la Divinité, c'est la Déesse, et que c'est un sacrilège que de lui donner la forme de l'homme. C'est pour cela que les premiers dieux ressemblaient à des femmes, tel Apollon, Adonis, etc. Cette recommandation de ne pas faire d'images taillées vient de ce que Ramsès se faisait élever partout des statues. Son effigie fut multipliée follement à Thèbes et à Memphis.

Remarquons, d'abord, que la Loi ne s'adresse qu'à l'homme ; c'est le devoir de l'homme formulé par la Femme, la Déesse qui s'affirme. (On ne parle des dieux que pour les condamner.)
- Le premier commandement : « Je suis Hevah, tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face », veut dire : « Je suis celle qui te dirige, tu n'auras pas d'autres maîtres que moi ». Le mot Déesse est pris dans le sens de suprématie morale, et c'est pour ramener les hommes à cette seule autorité spirituelle, représentée par des Déesses multiples, que ce commandement est donné.
La traduction moderne qui en a été faite : « Un seul Dieu tu adoreras », interprétée comme une affirmation du monothéisme contre la pluralité des dieux du polythéisme, n'a plus le sens primitif du commandement de Myriam. On en a fait un ordre enjoignant l'adoration du Dieu anthropomorphique (donc mâle) des Chrétiens, alors que la Loi défendait cette adoration et ordonnait l'adoration de la Divinité féminine, Hevah, renversée par les religions masculines.
La défense de faire des images se comprend quand on se rappelle que les hommes représentaient les Déesses avec des têtes de vaches, des têtes de chattes et autres figurations injurieuses.
- Le second commandement : « Tu ne prononceras pas le nom de Hévah pour le mensonge », traduit par « Dieu en vain tu ne jureras », nous montre combien la femme était déjà outragée en paroles et combien elle était sévère contre les calomniateurs.
Le blasphème, c'est l'injure à la Déesse.
Le Lévitique contient la loi terrible contre celui qui aura blasphémé le nom sacré de Hevah (XXIV, 10) : « Le peuple s'assemblera, chacun mettra la main sur la tête du coupable et il sera tué à coups de pierres. »
Mais le Lévitique est l'œuvre des Lévites, non de Myriam, c'est l'exagération de ses idées.
Blasphémer le nom, c'est maudire Israël, maudire la Déesse, renier sa loi et servir les cultes étrangers.
C'est si grave pour les Israélites, qu'ils ont peine à croire que ce soit possible.
Ajoutons que le serment prêté à Hevah (la Femme) impliquait une sorte de vœu : « A Hevah tu ne jureras pas en vain », c'est-à-dire : « Tu ne feras pas de vaines promesses de fidélité ». Hevah se vengeait si on l'adjurait en vain, car c'était essentiellement une Déesse de Vérité, elle ne pouvait souffrir que son nom couvrît un mensonge, une fausseté.
C'est l'habitude d'observer ce commandement qui a créé chez les Israélites l'atavisme qui, même à l'époque actuelle, fait encore respecter les femmes.
- Le troisième commandement donné à l'homme, celui de sanctifier un jour sur sept et de suspendre tout travail, pour le consacrer à la Femme, a pour but de réglementer les relations de l'homme et de la femme et de les sanctifier en assignant un jour pour les unions. Ce jour est le septième, rappelant la 7ème manifestation dans l'évolution des êtres (la reproduction), qui fut la dernière. On en fit le Sabbat, mot chaldéen qui rappelle la division du temps en septaines, laquelle vient de Babylone.
Le Lévitique, rédigé plus tard, a voulu aussi poser les bases de la réglementation des sexes. Mais les Lévites qui l'ont écrit n'avaient pas la justesse d'esprit de Myriam, ils y mirent des exagérations qui sont aussi nuisibles à la morale que l'absence de réglementation. Ce sont eux qui édictent des peines sévères contre les actes sexuels qui n'ont pas pour but la procréation, ceux qui vont contre les fins de la nature : « Ces impuretés sont punies de mort, elles sont signalées au mépris comme à l'opprobre des peuples » (XVIII, 27).
La loi des Lévites voulait aussi que tous les mâles d'Israël se présentassent « devant Ihaveh » aux trois fêtes solennelles.
L'observation du Sabbat, dans cette nouvelle législation, était prescrite sous peine de mort (XXXI, 14).
Cette manie de tuer n'apparaît qu'avec le Prêtre. Si nous la mentionnons ici, c'est pour montrer combien ce système de châtiment diffère de celui de Myriam, qui ne s'adresse qu'à la conscience de l'homme.
- Le quatrième commandement : « Honore ton père et ta mère », n'était certainement pas rédigé ainsi, puisqu'à l'époque où Myriam l'écrivit, le régime paternel n'existait pas encore, l'Égypte était une gynécocratie, dans laquelle l'enfant ne connaissait que sa mère dont il portait le nom : le père n'apparaissait pas, c'est le frère de la mère qui s'occupait des enfants, c'est pour cela que les hommes disaient « nos neveux » et non « nos fils ».
Fabre d'Olivet traduit ce commandement (verset 12) par : « Respecte ton père et ta mère afin que tes jours soient multipliés sur cette patrie d'Adam que Hevah t'a donnée ».
Il tombe dans l'erreur commune, puisque la paternité n'était pas reconnue en Égypte où le droit paternel n'a été institué que par Ptolémée Philopator au IIIème siècle avant notre ère. Il ne pouvait donc pas y avoir dans le Sépher primitif : « Respecte ton père », mais seulement « Respecte ta Mère ».
Dans la stèle de Hor, il est dit : « J'ai aimé mon Père et honoré ma Mère », ce qui prouve que la Mère avait une position bien différente de celle du père quand il était connu.
Ensuite, la terre natale s'appelait la « Matrie » et non la « Patrie ».
Cette rectification faite, voyons ce que signifie ce commandement. D'abord, comment la piété filiale peut-elle avoir comme conséquence une longue existence ?
C'est parce qu'il s'agit de l'existence sociale des nations, de la durée des empires subordonnée au maintien des principes gynécocratiques. Cela veut dire : « Respecte ta Mère, respecte son autorité, et ta nation, basée sur cette autorité, aura une longue durée. »
Il s'agit de la vie des peuples et non de celle des individus. L'amour de la Patrie, comme plus tard on l'entendit à Sparte et à Rome, ne fut jamais que l'imitation de l'amour de la Matrie : au lieu de la paix et de la durée, il engendra la guerre et la destruction. Sparte et Rome se sont écroulées parce qu'elles ont été fondées sur le principe de la Patrie. Si les nations antiques avaient duré de longs siècles, c'est parce qu'elles étaient fondées sur le principe de la Matrie, « le respect des droits de la Mère » que le 4ème commandement de la Loi ordonnait.
Le mot « Patrie d'Adam » veut dire « terre natale », en hébreu « ha-adamah » (l'Adamienne). Ce n'est pas proprement la terre, c'est ce qu'elle produit, la vie végétale qui en sort et qu'on représente par le mot « terre » par métaphore. Le pays natal, c'est la terre d'où l'homme est sorti, où il a reçu ses caractères spécifiques, où il a été fait ce qu'il est et où il a passé ses premières années de vie.
C'est ce respect de la famille primitive qui a laissé au fond du caractère des Israélites ce grand esprit de solidarité qui les unit et qui fait que tout Israélite, pour un Israélite, est un frère.
(Nous ne disons pas Juif, nous disons Israélite, ce qui est bien différent.)
- Le sixième commandement : « Tu ne commettras pas d'adultère », ne s'adresse qu'à l'homme et veut dire qu'il ne doit aimer qu'une femme à la fois. Il ne peut pas s'appliquer à la femme, puisque, dans le régime gynécocratique, l'amour féminin est sacré et aucune restriction ne lui est imposée.
Du reste, le 9ème commandement nous en donne la preuve, puisqu'il dit : « Tu ne désireras pas la femme de ton prochain » ; il n'est nullement question d'imposer à la Femme un devoir quelconque, il n'y a pas réciprocité, on ne lui dit pas, à elle : « Tu ne désireras pas le mari de ta prochaine ». Du reste, la suite du même commandement prouve encore que c'est à l'homme qu'il est donné ; c'est à lui qu'on recommande de ne pas prendre le champ, l'âne, le bœuf des autres, parce qu'il était dans les habitudes des hommes, à cette époque, de vivre de rapine ; la femme n'était pas dans ce cas, puisque c'étaient les filles qui héritaient de la propriété maternelle.

La Thora imprima une nouvelle direction à la vie sociale en rendant une grande autorité à l'ancienne religion théosophique et au régime matriarcal.
Tous les grands principes de politique et de morale sont en germe dans le Sépher, œuvre d'une femme. Tout ce qui est ordre, règle, loi, vient d'Aïshah. De l'homme vient le désordre et l'anarchie.
Nous ne savons pas dans quelles conditions Myriam écrivit son livre, ni de quelle manière elle le fit connaître à ceux qui l'avaient suivie dans l'exil d'abord, à toute la Terre ensuite.
Les « tables de la loi », ces fameuses tables de pierre dont on nous a tant parlé, ne devaient être que des tablettes de terre cuite, semblables à celles trouvées dans la Bibliothèque d'Assourbanipal, ou, peut-être, et plus probablement, le Livre fut-il écrit sur des peaux de mouton roulées, car, pour avoir été promené dans une caisse de bois appelée « l'arche » comme il le fut par la suite, il ne fallait pas qu'il fût d'un poids excessif. Du reste, nous le retrouverons, plus tard, sous la forme d'un rouleau, caché dans les murs d'un temple.
Malgré cette absence de renseignements précis, les historiens ont beaucoup fait parler Moïse qui, après avoir écrit « la Loi », l'aurait fait proclamer devant le peuple qui s'écria : « Nous exécuterons tout ce qui vient d'être dit, nous obéirons à la Loi. » Et ils prononcèrent le serment de sanction. Et Moïse aurait répondu : « Conservez les conditions de ce pacte et exécutez-les afin que tout ce que vous ferez soit fait avec intelligence » (Salvador, Histoire des Institutions de Moïse). Il est certain que la Loi acceptée, c'était la raison reconnue par tous, c'était un pacte, un traité solennel, par lequel les hommes reconnaissaient et acceptaient les prescriptions nécessaires pour fonder une société.
La loi est une règle qui n'est pas imposée par la force, mais proposée à la raison et à la conscience de l'homme. Elle a donc besoin de l'assentiment de ceux qui savent en comprendre la portée. Mais les hommes supérieurs seuls la comprennent et l'observent, et c'est ce qui fait leur noblesse ; les autres la suivent par imitation ou pure intimidation.
Comme toute vraie morale, elle ne cherche pas à être l'expression de la volonté générale, mais l'expression de la Vérité, elle n'est pas le résultat d'un travail collectif, elle est dictée par un seul cerveau supérieur aux autres. La sanction de la Loi ne peut être donnée que par une élite, elle doit être imposée à l'ignorance et à l'inconscience, puisqu'elle est faite, justement, pour être une direction. Si chaque homme avait en lui les lumières nécessaires pour faire « la Loi », la loi serait inutile, l'homme guidé par ses propres lumières ne pourrait pas s'écarter du Bien. Mais telle n'est pas la nature humaine. Les lois qui émanent des multitudes masculines sont toujours la sanction des impulsions passionnelles, des mauvais instincts qui parlent plus haut dans les masses que les bons sentiments. Chez l'homme, le consentement aux prescriptions de la raison, c'est le retour au bien par le sacrifice des mauvaises impulsions de sa nature.
Une fois la Loi trouvée, elle doit être indiscutable, puisqu'elle s'appuie sur la Vérité immuable. C'est « la parole de Vérité » faite loi : le Logos. La volonté de l'homme doit s'y conformer puisque la raison et l'expérience en démontrent la justesse. C'est pour cela que l'on a dit : « Tant que les règlements du monde dureront, Israël et sa Loi ne passeront point. »
Au-dessus des tentatives de gouvernement des hommes, était « la loi de Hevah », seule inviolable, seule souveraine. La grande force des Israélites était leur foi en elle, force immense qui les attachait à la puissance de Vérité et qui est l'origine de leur solidarité.
Cette force donnée par une idée de justice, est celle que l'on retrouve dans la Féminologie, seule capable de rallier les grandes âmes de toutes les nations à une même cause.
Ainsi donc, cette fameuse « Loi », dictée par Dieu et inscrite sur les Tables de pierre, au milieu de la foudre et des éclairs, disent les prêtres, n'est autre que le Livre écrit par une femme, une Déesse vivante, Hathor ou Hevah-Myriam (dont on fera Ave-Maria). Toute l'invention chimérique et surnaturelle des prêtres tombe devant cette réalité !
Il ne faut pas confondre la « Loi naturelle » du Sépher avec ce que, plus tard, on appellera « la loi de Dieu ». Ce Dieu n'est venu régner dans le monde que lorsque la Femme a été détrônée, et l'homme ne l'inventa que pour se débarrasser de l'autorité féminine qui le gênait : il le créa à sa ressemblance, lui donna son sexe, ses passions, ses intérêts (1).
Ce qui prouve encore l'origine féminine de la Thora, c'est qu'elle fut ridiculisée par les hommes qui considéraient le Sépher comme quelque chose de difficile à comprendre et pour l'imiter firent le Tarot, suivant le système qui consiste à renverser les voyelles des mots dont on veut changer la signification. En renversant les idées, on renverse l'ordre des lettres.
Le Tarot fut, d'abord, une astrologie, imitant la cosmologie du Sépher, mais sans en contenir le sens élevé ; il servit de règle aux devins et aux chiromanciens.
(1) Les modernes se sont souvent demandé pourquoi la religion Israélite n'avait pas admis la vie d'outre-tombe et la persistance de l'être humain après la mort. La réponse est simple : parce que cette religion fut faite par une femme qui connaissait la Nature réelle ; l'esprit féminin ne crée pas le surnaturel, il reste sur le terrain des choses vraies. Le surnaturel ne s'est introduit dans le monde qu'avec les religions faites par les Prêtres, il émane de l'esprit masculin et résulte d'une mauvaise compréhension des idées féminines. Ceci est expliqué ailleurs, à propos du « Livre des Morts » des Égyptiens, si mal interprété, que l'on confond les réprouvés de ce monde réel, appelés des « ombres » ou des « morts », avec de vrais défunts.

Les Juifs modernes n'ont pas une égale vénération pour tous les livres qui composent l'Ancien Testament. Ils conservent les écrits de Moïse-Myriam avec une attention beaucoup plus scrupuleuse, les apprenant par cœur et les récitant beaucoup plus souvent que les autres. Les savants qui ont été à même d'examiner leurs divers manuscrits assurent que la partie consacrée aux livres de « la Loi » est toujours beaucoup plus exacte et mieux traitée que le reste.
Les plus savants, parmi les rabbins, connaissent les substitutions de sexes qui ont été faites par les prêtres quand ils ont révisé les Écritures, mais ils se gardent bien de les révéler : c'est ce qu'on appelle les secrets rabbiniques.
La sortie d'Égypte, cet exode libérant de la servitude une classe importante de la société, a été considérée comme un magnifique épisode de l'humanité. On a donné à la personne qui l'a réalisée une place exceptionnelle dans le monde ; les grands travaux scientifiques qu'elle y a ajoutés, la loi morale formulée et les institutions sociales dont elle posa les bases, tout cela fit de cette législatrice une grande figure. On lui prête des paroles qui feraient croire qu'elle a eu elle-même le sentiment de la grandeur de son œuvre ; on lui fait dire : « Informe-toi des temps passés d'une extrémité du monde à l'autre, tu verras que, jusqu'à ce jour, on n'a rien exécuté de semblable » (Salvador).
Mais ce qu'elle n'a certainement pas prévu, c'est la durée de son œuvre qui devait franchir tant de siècles et arriver jusqu'à nous, providentiellement conservée pour que nous puissions la rétablir dans sa grandeur primitive et la venger, elle qui en est l'auteur méconnu, des outrages qui ont été faits à sa mémoire. Car, chose étonnante, après avoir parcouru un circuit immense, l'évolution humaine, cédant à une force irrésistible, revient à la pensée féminine.
Sans doute, nous aurons de la peine à faire accepter cette histoire vraie ; la suppression brutale de la femme et de ses œuvres, la ruse que l'on mit à dénaturer ses actes, à les attribuer à des hommes, a laissé dans l'esprit des modernes une empreinte profonde, difficile à effacer, et que la conscience de l'homme juste saura seule détruire. Les préjugés que nous avons à renverser sont nombreux, datent de loin, sont compliqués d'atavisme et d'orgueil humain. Mais qu'est-ce que tout cela en face de la Vérité, cette force toujours vivante qui sort brillante du passé, en même temps que le Sépher, jusqu'ici mal compris, reprend toute sa valeur scientifique ?
M. de Bonald disait que les sectes qui veulent changer l'ordre des sociétés et revenir à la Religion naturelle repassent par le Judaïsme. Il aurait dû dire l'Israélisme. En effet, revenir à la Nature, c'est refaire, en sens inverse, l'évolution religieuse et revenir à l'idée féminine. Seulement, ce n'est pas le Judaïsme qui est le point de départ de cette évolution, c'est l'Israélisme qui l'a précédé et fut dépositaire de la vérité primitive.
Des auteurs ont dit que Moïse n'avait été qu'un copiste servile des prêtres de l'Égypte (1). Mais ils oublient, ou ils ne savent pas, que, au moment où Myriam écrit son livre (vers le XIVème siècle avant notre ère), le sacerdoce masculin n'existait pas encore. Nous allons, dans les siècles qui suivent cette histoire, le voir apparaître ; il ne faut donc pas lui attribuer ce qui fut fait avant lui. Quant à la science égyptienne de cette haute antiquité, elle était déjà alors l'expression de la pensée féminine des premiers jours, formulée dans différentes nations et, c'est ce qui fait le caractère commun de ce qu'on a appelé partout « la Révélation Divine ». On n'a calomnié Myriam, on n'a nié l'originalité de son œuvre, qu'à l'époque où son sexe était connu. Alors toutes les jalousies s'abattaient sur elle, comme cela arrive encore dans les temps modernes quand une femme produit une œuvre de valeur.
Les Muses avaient accusé les hommes de leur prendre leurs idées et de faire des ouvrages qui n'étaient qu'un assemblage de copies disparates des pensées d'elles toutes. On représentera cet assemblage dans la comédie étrusque par l'habit d'Arlequin. Les hommes se vengèrent de cette accusation en la renvoyant à la femme, et Mosa, la Muse, Hathor, en fut victime comme les autres ; on créa le mot « mosaïque » (fait de morceaux disparates) pour désigner son œuvre et se venger de « l'habit d'Arlequin ».
(1) Voltaire dit : « Le grand ridicule de toutes les chronologies fantaisistes est d'arranger toutes les époques de la vie d'un homme sans savoir si cet homme a existé. » (Dictionnaire philosophique, article sur la vanité des systèmes, surtout en chronologie.)

ORIGINE DES MYSTÈRES DE LA TRADITION ORALE
Mais il est dans la nature de l'homme de chercher à entraver ce que fait la Femme sans lui.
Depuis que les Israélites étaient sorties d'Égypte, elles étaient signalées comme des adversaires redoutables. Le Livre de Myriam courait donc le plus grand danger ; ceux qui en comprenaient la portée le considéraient comme une œuvre si extraordinaire, qu'on ne supposait pas même que d'autres puissent la continuer ou la refaire, après la mort de son auteur.
Le Sépher avait donné une impulsion intellectuelle qui ne se reproduirait pas, croyait-on ; on avait donc un intérêt puissant à conserver cette œuvre dans son intégrité à travers les générations à venir.
Myriam avait prévu le sort que son livre devait subir, elle avait prévu les fausses interprétations qu'on devait lui donner dans la suite des temps. Son œuvre portait en elle le sceau de la Vérité, donc elle dut soulever des colères dans le parti des hommes, mais éveiller des sympathies dans celui des femmes. Connaissant la nature humaine comme sa grande science nous en donne le témoignage, elle savait que la « loi des sexes », qu'elle avait développée dans le Sépher, est une des vérités que les hommes pervertis n'aiment pas à entendre.
Les plus fameux rabbins, parmi lesquels se trouve Moïse de Costi, parlent de ces craintes « du législateur », de voir son livre altéré. Que de révélations dans cette crainte pour qui connaît bien la psychologie humaine !
C'est pour assurer la propagation de son œuvre que Myriam eut recours à une « loi orale », qu'elle donna de vive voix à des personnes sûres, qui avaient le même intérêt qu'elle à la propagation de la Vérité. Elle chargea ses fidèles dépositaires de transmettre la Loi, dans le secret du sanctuaire, à d'autres fidèles qui la transmettraient à leur tour d'âge en âge, afin de la perpétuer jusqu'à la postérité la plus reculée.
La « loi orale » était enseignée dans la famille de Mère en fille. On la retrouve dans toutes les anciennes légendes, dans toutes les mythologies, dans les contes populaires, même dans les contes de fées.
En général, les hommes la comprennent mal parce qu'ils ne connaissent pas la nature de l'Esprit féminin et parce qu'ils ont une sorte de gêne à reconnaître le rôle de la Femme dans l'histoire.
Le savant Maïmonide écrivait que « ceux de sa nation avaient perdu la connaissance d'une infinité de choses, sans lesquelles il était presque impossible d'entendre la Loi ». Ce qui prouve que l'ignorance et la mauvaise foi qui altérait les textes, altérait également la tradition.
Court de Gébelin dit : « Les livres anciens sont mieux entendus aujourd'hui qu'ils ne l'étaient même par leurs contemporains, parce que leurs auteurs, par la force de leur génie, se sont autant rapprochés de nous qu'ils se sont éloignés d'eux. Il n'est pas seulement question de saisir le sens des mots, il faut encore entrer dans l'esprit des idées. Souvent les mots offrent, dans leurs rapports vulgaires, un sens entièrement opposé à l'esprit qui a présidé à leur rapprochement » (Le Monde Primitif, T. I, p. 88).
Cette citation renferme une profonde vérité, mais Court de Gébelin l'explique mal. Oui, les modernes comprennent mieux que les anciens les Livres sacrés de l'antiquité, tous écrits par des femmes, et exprimant des idées féminines, et cela est ainsi parce que ces idées, jetées dans le monde dans la jeunesse des sociétés et incomprises de l'homme jeune, livré à ses passions, ont été soumises à tant d'examens, de discussions, de controverses, provoquées par le désir de retrouver le sens primitif des livres altérés, que l'esprit de l'homme a fini par s'assimiler en partie les idées de la Femme. Nous disons « en partie », car ce travail d'assimilation est loin d'être complet, on peut même dire qu'il n'est qu'ébauché.
Quant aux masculinistes misogynes, contemporains des grandes femmes qui écrivaient, ils ne cherchaient même pas à comprendre, ils niaient en bloc tout ce qui venait d'elles, comme le font les modernes lorsqu'il s'agit des œuvres féminines.
Si ces livres avaient été écrits par des hommes, comment se serait-il fait que les autres hommes ne les comprenaient pas ? Pourquoi les aurait-on persécutés, altérés, brûlés ? Et pourquoi, chaque fois que quelqu'un fait une tentative pour les restituer, les hommes, formant la multitude des savants, sont-ils pris d'inquiétude et se mettent-ils d'avance en état de défense, comme si on les attaquait ?
Après la mort de Myriam, ceux auxquels elle avait confié son « dépôt sacré », la Vérité écrite, demeurèrent encore quelque temps dans le désert. Petit groupe isolé au milieu des nations, petit groupe fidèle à la gynécocratie, au milieu d'un monde où commençait à régner la domination masculine, leur esprit impatient de faire connaître la Vérité les poussait à l'action, mais c'est cela, justement, qui alarmait les hommes. Les mœurs pures qu'ils conservaient, continuant à observer les lois de la Vraie Morale, leurs sages institutions, leur dignité hautaine, que l'on prenait pour de l'orgueil, tout cela irritait les peuples voisins ; les Israélites furent sans cesse en butte à leurs attaques ; en moins de quatre siècles, ils subirent jusqu'à six fois l'esclavage, et, six fois, ce peuple vaillant reconquit sa liberté. Il semble que la Destinée voulait le conserver pour accomplir une grande mission dans le monde.
Au milieu de toutes ces vicissitudes, le Sépher était respecté, gardé avec soin, mais en même temps dissimulé et couvert d'une utile obscurité ; le révéler eût été une occasion de luttes, on le savait et on le cachait ; c'est ainsi qu'il put suivre partout les vaincus et échapper toujours aux vainqueurs qui n'auraient pas manqué de détruire un livre qui les condamnait. Pendant longtemps, il resta inconnu, peu connu même de ceux qui le possédaient et le gardaient si bien, sans le lire. On savait qu'il renfermait la Vérité qu'il ne faut pas dire, qu'il n'est pas bon de dire ; aussi, c'est dans le plus inviolable secret qu'on se transmettait les instructions relatives à la conservation du Livre sacré.
Myriam, ayant prévu les révoltes que le Sépher devait causer, avait laissé des instructions orales non seulement pour éviter la corruption du texte, mais surtout pour assurer sa conservation.

L'INCARNATION DIVINE (Le Memra de Hevah)
Le « Memra » est le nom que l'on donne à la forme sous laquelle la Divinité féminine se manifeste quand elle apparaît et agit dans le monde.
C'est que, en effet, s'il y a une multitude de femmes sur la Terre, il n'y a pas beaucoup de vraies Déesses. La grande intuition est un phénomène rare.
La Femme Divine est celle qui manifeste la plénitude des facultés de l'Esprit féminin, celle que la Nature a favorisée de ses dons et qui, franchissant la porte des voies suprêmes, est entrée dans la région spirituelle où rayonne LA VÉRITÉ ABSOLUE. Celle-là se sent forte et n'a pas la crainte de l'homme.
Ces femmes-là sont rares, elles apparaissent de loin en loin et le peuple d'Israël en a compté plusieurs.
Ces grandes femmes portaient le nom de la Divinité devant le leur : Hevah-Myriam, d'où Haveh-Maria et, finalement, Ave-Maria.
Dans toutes les religions de l'Orient, on avait la même croyance.
Les incarnations de Vishnou sont, aux Indes, les apparitions le l'Esprit Divin dans une femme. Et l'idée de ces avatars est si bien restée dans l'esprit des peuples et, plus tard, fut exploitée par tant d'imposteurs, qu'à chaque instant on voyait annoncer des apparitions divines ; ce sont les faux prophètes et les faux Dieux que les prêtres inventèrent, pour se dire leurs interprètes. Mais aucun d'eux n'eut jamais une existence réelle, et leurs lois n'ont été présentées comme anciennes et divines que pour donner le prestige de l'antiquité et du Divin aux ordonnances que faisaient les prêtres.
Quelle différence entre la Loi de la Déesse et celle de l'homme !
Dans les religions des prêtres, on ne trouve jamais qu'une manifestation d'orgueil, accompagnée d'ordonnances pour la satisfaction des instincts masculins, en même temps que pour l'asservissement des femmes.
Révilloud signale cette différence ; il dit :
« D'un côté est la parole de ceux qui ont entendu les conseils du passé, leur audition des Dieux. De l'autre est la parole de ceux qui n'écoutent pas et qui nient tout » (La Femme dans l'ancienne Egypte, T. I, p. 32).
L'homme n'a fait des lois que quand il est arrivé à renverser complètement le régime théosophique. Cela commença du VIIIème au VIIème siècle avant notre ère. Les Lois antérieures, celles qui furent réellement des « révélations Divines », ont toutes été faites par des Déesses.
La fondation de la Loi hébraïque précède de sept siècles la première Olympiade, époque où l'histoire masculine de la Grèce commence.

LES LIVRES DE LA BIBLE
Il y a dans la Bible des livres de Vérité : la Loi et les Prophètes, et des livres de mensonge et de justification qui ont été ajoutés par des prêtres à différentes époques, après le schisme de Juda.
Les Juifs ont ajouté 4 livres à celui de Myriam : l'Exode, le Lévitique, les Nombres, le Deutêronome, auxquels ils ont donné Moïse comme auteur. Avec la Genèse, cela forme le Pentateuque, dont l'autorité est justifiée, à leurs yeux, par le nom de l'auteur qu'ils lui donnent.
Le premier livre de la Bible, la Genèse, est le seul vestige du Sépher primitif, mais, dans la forme que les divers traducteurs lui ont donnée, il en est la caricature et non la reproduction. Les passages des divers auteurs de l'Ancien Testament où il est fait mention de la Thorah ne parlent jamais de sa division en livres distincts. La division du Sépher en cinq livres pour former le Pentateuque est attribuée à Esdras. On la croit même plus récente.
Le Deutéronome, un des cinq livres, est de l'époque chrétienne. Josèphe est le premier qui mentionne cette division (dans Contre Appion). Van Dale (anabaptiste) dit qu'il faut distinguer entre le Livre de la Loi et le Pentateuque tel que nous l'avons. Le Livre de la Loi, selon lui, ne contient que les ordonnances de Moïse, les bénédictions et les malédictions, et quelques discours du législateur. « Voilà, dit-il, ce qui est sorti de la plume de Moïse. Mais le Pentateuque entier n'est pas son ouvrage. C'est Esdras qui l'a composé sur les écrits des anciens prophètes. »
Selon Richard Simon, le Pentateuque et tous les livres historiques de l'Ancien Testament ont été composés par un collège d'écrivains publics sur les actes originaux, déposés dans les Archives de la Nation, et il ajoute « qu'ils n'écrivaient pas seulement les histoires de leur temps, mais qu'ils prenaient aussi la liberté d'ajouter ou de diminuer ce qu'ils jugeaient à propos aux mémoires des autres prophètes qui les avaient précédés ».
Le dogme fondamental des Juifs est renfermé dans les livres du Pentateuque qui font suite à la Genèse ; on les donne comme inspirés du Saint-Esprit, alors que ces quatre livres, œuvres de prêtres ignorants, ne sont qu'un monument d'imbécillité et de rapacité.
Comment cette parole divine, expliquant la manière de faire des holocaustes, spécifiant les morceaux de la bête sacrifiée qu'il faut donner aux prêtres, serait-elle tombée en désuétude si elle était inspirée par Dieu lui-même, car, parmi les modernes, il n'y a pas un prêtre juif qui oserait faire dans sa synagogue ce que le Dieu de Moïse aurait prescrit s'il avait dicté le Pentateuque ?
En réalité, ces prétendus livres saints ne sont que des plagiats comme la Genèse qui copie le Sépher, ou des œuvres de mensonge, puisqu'ils ne sont pas de l'auteur qu'on leur donne, ni de la date qu'on leur assigne.
C'est parce que ces mensonges sont depuis longtemps démasqués, que la préoccupation des hommes d'Eglise est d'affirmer leur authenticité et de soutenir que les discours qui s'y trouvent ont bien été prononcés par la bouche des hommes dont ils soutiennent l'existence. Et, pour donner plus d'autorité à cette parole, ils y ajoutent des miracles. Moïse en aurait fait un grand nombre, lui qui aurait expliqué les lois de la Nature dans la Cosmogonie, se serait plu à les violer.

LES SAGES D’ISRAËL (Les Juges)
Les tribus matriarcales étaient soumises à l'autorité des Sofetim, mot que l'on traduit par « Juges ».
Le mot Sofet (au singulier), Sofetim (au pluriel), veut dire sage ; il est l'origine du mot Sophia et vient de Safeth, une Déesse égyptienne qui personnifiait la vie intellectuelle et présidait aux bibliothèques.
Les Sofetim avaient le caractère religieux des Prêtresses, leur autorité était absolue, on les choisissait parmi les plus dignes, les Supérieures. Cette charge n'était pas héréditaire, parce que la sagesse ne se transmet pas par hérédité, mais se manifeste dans les individus, quels que soient leurs ascendants.
Pourquoi a-t-on changé le nom des Sages d'Israël et les a-t-on appelées « les Juges » ?
Parce que Sofet est une appellation féminine, Judex une appellation masculine. Les 12 tribus d'Israël étaient alors gynéconitis, c'est-à-dire une gynécie.
Après le schisme de Juda (en 975), on masculinisa l'histoire. Le nom de Juda et ses dérivés furent mis partout. Judæus signifia de la Judée ; Judæi, les Juifs ; Judex, juge.
Donc on a changé le nom de ceux qui dirigeaient les tribus à cette époque. On a aussi changé leur histoire dans le même esprit.
Le Père Japletal, qui était professeur à l'Université de Fribourg, affirmait qu'une partie du récit contenu dans le livre des Juges était en vers. Ce serait une épopée populaire comme l'Iliade, qui est de la même époque.
D'autre part, le livre qui, chez les Samaritains (féministes), porte le nom de Josué, n'a rien de commun avec celui de l'écriture des Juifs (masculinistes). C'est une chronique écrite en langue arabe et en caractères samaritains, laquelle commence à la mort de Mosès et se termine au règne de l'empereur Adrien.
Le livre de Josué, qui, dans la Bible vulgaire, nous rend compte de la lutte entreprise par les Hébreux contre les Chananéens, est un écrit rédigé longtemps après les événements qu'il relate. Ce livre porte en lui sa date, et son but qui est de dénaturer les faits.
Il raconte donc la conquête du pays de Chanaan, en y mêlant des combats et des miracles (les murs de Jéricho qui s'écroulent au son des trompettes, le soleil qui s'arrête, etc.).
Cette littérature-là fut l'œuvre des prêtres, quand il y en eu. Ce sont des aberrations qui naissent de la fausse interprétation des idées primitives ; de la mauvaise foi d'abord, de l'ignorance ensuite, des lévites jaloux de la puissance morale de la femme, et qui traduisent cette puissance dans le plan physique, créant ainsi le surnaturel. Aucune femme n'aurait écrit de pareils récits, d'autant moins que les combats qu'on va relater seront toujours présentés comme ayant été livrés à l'instigation de Hevah, la Déesse qu'on n'a pas encore pu détrôner, mais à laquelle les hommes donnent le caractère sanguinaire et brutal qui fut, en principe, celui des divinités masculines.
C'est cette façon d'écrire qui a jeté du discrédit sur Israël et sa Divinité.
Cependant, à travers les contradictions et les absurdités du récit, on aperçoit des choses vraisemblables ; or il s'agit d'une lutte morale, d'une lutte de sexes ; les Hébreux apportent en Asie un Livre qui, après des siècles de désordre, affirme la science des premiers jours et la Loi morale.
La grande femme qui a écrit le livre est, en même temps, une grande législatrice : Elle a employé le temps qu'elle a passé dans le désert, entre la sortie d'Egypte et l'entrée au pays de Chanaan, à poser les bases d'une Société régénérée. Elle a donné à son peuple des commandements et des statuts, puis elle a organisé la propagande. D'avance elle a partagé le territoire du pays qu'elle veut convertir, donnant à chaque tribu une région à occuper.
Leur établissement en terre de Chanaan a surtout pour but d'y faire régner la puissance morale qui dirige les peuples, la sagesse qui les pacifie, et non d'y établir un pouvoir despotique comme les hommes chercheront bientôt à le faire.
Mais l'entreprise n'était pas sans danger. Convertir une société livrée au désordre, s'opposer à la domination naissante des hommes, leur imposer une morale dont ils ne veulent pas, et cela au nom et sur l'ordre d'une Femme, c'était vraiment s'exposer à bien des aventures, des brutalités, des outrages... Aussi y avait-il des hésitations et des craintes dans le camp des Israélites, puisque nous voyons leur chef, Josué, leur dire (I, 9) : « Fortifie-toi et prends courage : ne t'épouvante point, et ne t'afflige de rien, car Hevah, ta Divinité, est avec toi partout où tu iras. » C'est-à-dire : tu combats pour la bonne cause, la cause sacrée du droit de la Femme.
Josué (Hoshea ou Joshua, le vainqueur) était un compagnon de Mosès, « Joshua, suivant de Myriam » et son continuateur. L'antiquité associe souvent leurs deux noms : Maria-Josua ; d'où plus tard l'association des deux noms : Marie-Joseph.
Les prêtres ont écrit l'histoire de manière à faire croire que Josué était un grand guerrier, gagnant de foudroyantes victoires et faisant de monstrueuses exterminations. Cela n'a aucune réalité. Israël n'eut qu'un ascendant moral et nullement guerrier, et c'est précisément contre ceux qui agissent en batailleurs que ce peuple lutte sans cesse.
Lorsque les Israélites se dirigèrent vers le pays de Chanaan avec l'intention de le convertir à leur doctrine, ils trouvèrent le territoire occupé par différents petits royaumes. Citons les Hitiens (reste des Hétas ou Hétéens) contre lesquels Ramsès II fit la guerre et qu'il appelle « vile race des Chetas » (1). Ce mépris nous fait présumer que ce sont des féministes, puisque ce fameux Ramsès II est, en Egypte, le grand adversaire du pouvoir féminin.
Les Hébreux trouvèrent aussi au pays de Chanaan les Héviens, peuple évidemment féministe, puisqu'il porte le nom de Hevah, très répandu alors. Ceux-là ne combattent pas les Israélites ; ils font alliance avec eux. Ils occupaient la ville de Gabaon et les cités voisines, et se livraient au commerce. Puis ce sont les Jébusiens, qui vivaient à Jébus, laquelle devint plus tard « Jérusalem » (de Jerou-Salem, lieu de sûreté), bâtie près d'une petite source appelée « Gihon » (fontaine de la Vierge).
Silo était un centre israélite. C'est là que l'Arche fut établie. Elle y resta des siècles, jusqu'à Elie et Samuel. Bethel aussi a une grande importance ; le « Dieu de Bethel » était le Dieu de toute la Palestine.
(1) Le chef des Kétas est appelé Khetasar ou Khetasou. On dit aussi Shasou. Les Kétas sont décrits par les masculinistes comme des tribus sémitiques de l'est de l'Egypte qui se livraient au brigandage. On les trouve habitant des îles ; leur ville est surnommée Isah (Jérémie, II, 41) et le peuple est appelé Iona (ce sont les Ioniens).
Quand Tyr est prise par les Chaldéens, sa flotte fait voile vers les Kétim (Isaïe, XXIII, 12) ; Hébron devint la capitale des Kétas, qui sont quelquefois appelés Rhétas.

ISRAËL SOUS LES « JUGES » (du XIIIème au XIème siècle)
Pour donner une idée de ce que fut la vie libre et heureuse sous le régime matriarcal, qui se prolongea durant tout le règne des « Sofetim », reproduisons la description qu'en fait Renan.
Il dit (cf. Le peuple d'Israël, t. I, p. 366) :
« On se souvient toujours de cet âge d'or qui forma dans le passé, pour Israël, comme un second idéal, l'idéal patriarcal se rapportant à une vie pastorale, l'idéal des « Juges », comme un second idéal, se rapportant à une vie agréable déjà établie (1).
« On se représentait ce temps comme une époque de gaieté, de bonheur intermittent, de mœurs généralement pures, et toujours de liberté, où l'individu maître de sa terre, à l'abri des abus de la Monarchie, vivait dans l'état le plus voisin de l'état parfait, qui est l'état nomade primitif.
« Comme Israël n'eut jamais d'attachement réel pour la royauté, ce souvenir d'une ère d'absence de gouvernement et de théocratie supposée enchanta toujours son imagination. Un cycle de délicieuses pastorales se broda sur ce fond aimable et serein. Le « Livre des guerres de Hevah » et le « Jasar » absorbèrent plus tard presque toutes ces anecdotes, auxquelles un heureux mélange d'idyllisme et d'héroïsme donne un charme que les poèmes épiques des Grecs et le Kitab-el-Agham des Arabes ont seuls égalé.
« Le Livre des Juges hérita de cette floraison poétique, que le souffle piétiste des âges postérieurs ne flétrit pas. »
A cette époque reculée, le pays de Chanaan était fertile, bien cultivé, bien irrigué ; partout on rencontrait des citernes et des puits. Une florissante civilisation matérielle y régnait ; l'industrie y était développée, les arts cultivés, le commerce établi, l'écriture en usage partout. La langue babylonienne y était parlée et écrite comme langue littéraire, ainsi qu'elle l'était dans toute l'Asie Mineure.
La langue vulgaire, était celle que parlaient les Hébreux. Isaïe nous l'apprend (XIX, 18) et la stèle de Mesa en témoigne. Cette stèle date de la première moitié du 9ème siècle avant notre ère et rappelle les plus anciens écrits hébraïques par le style et la langue. On a remarqué que des lieux fertiles, sous la gynécocratie, devinrent des déserts improductifs, sous le régime suivant.
Ainsi les Prophètes vantent une plaine de Saron, qui est un trésor de beauté et de richesse (Isaïe, chap. XXXIII et XXXV). Depuis, les choses ont bien changé. Chateaubriand qui visita Saron, en Palestine, dit : « Le sol de toute part n'offre que des chardons, des herbes sèches entremêlées de chétives plantations de coton, d'orge, de froment. »
Dans la plaine, sur le bord du Jourdain, en face de Jéricho, au pied du mont Nebo, se trouvait un lieu appelé Sittim (les Acacias) ou Abel-ha-Sittim (la prairie des acacias). L'arche demeurait en cet endroit sous une tente. Or, l'acacia était l'emblème féminin, à cause de la forme de sa fleur, et parce que le Sépher le donnait comme l'arbre de vie, origine du genre humain.
On l'opposait au chêne, emblème masculin, à cause de la forme de son fruit.
(1) Dans cette phrase, c'est « matriarcal » et non patriarcal qu'il faut dire avec Bachofen, puisque Renan reconnaît lui-même que le mot patriarche ne date que du IIème siècle de l'ère chrétienne.

LES ZEQENIM (ANCIENS)
Les Hébreux étaient gouvernés par « le conseil des anciens » dont la fonction consistait à régler les affaires générales.
Ceux que les historiens appellent les anciens, ce sont les Mères (matriarches ou matrones). Dans chaque ville, les Sages d'Israël étaient chargées de maintenir l'ordre et d'administrer la Justice ; elles ne relevaient du conseil des anciens que pour les questions importantes qui intéressaient toute la nation. L'Etat hébraïque formait une république fédérative dans laquelle chaque tribu, chaque Matrie, avait ses chefs propres et se gouvernait par elle-même. Les relations des tribus entre elles se maintenaient par l'observance de la Loi (Ha-Thora) et le culte de Heva, la Déesse-Mère.

LE GRAND CONSEIL
Le grand Conseil des « anciens » ou Sénat d'Israël était composé de 70 (ou 72) « Mères ».
C'est ce nom de Mère que portent les femmes qui dirigent les Tribus, puisque Déborah nous dit :« J'ai été une Mère en Israël. » C'est pour cacher leur sexe que le mot Mère a été traduit par le mot ancien (Zeqenim).
A Rome, on les appelle les « Matrones », et on célèbre en leur honneur une fête appelée Matronalia.
Donc, les « anciens d'Israël » étaient des « Mères ». Partout elles étaient mises au premier rang. Leur assemblée (Ecclesia, Concio) était un Sénat. D'autres petits conseils, ou Sénats secondaires, existaient dans les Tribus.
Le grand Conseil des Hébreux fut appelé plus tard Sanhédrin (1), du mot grec Sunedrion (Assemblée ou Congrès).
Le Conseil tenait ses séances dans une partie du Temple (quand il y en eut), et le Temple même où se tenait l'assemblée était appelé « Maison de Vérité ». Chez les Latins, la Domus est la demeure maternelle, considérée comme le Temple, le sanctuaire, où l'on enseigne la Vérité.
Le sacerdoce était une fonction essentiellement féminine. Il avait pour mission de faire respecter la Loi, de la conserver dans son intégrité, de l'enseigner, de punir ceux qui voulaient l'enfreindre, de veiller à l'exécution des cérémonies du culte.
Ce sont les « Mères » des Tribus qui rendaient la Justice.
Il appartenait aux seules sacerdotes-femmes de présider aux grandes cérémonies. Le Sénat formait une véritable Académie. L'assemblée choisissait parmi ses membres la plus savante, pour l'élever à la présidence. Cette présidente devait remplacer et représenter Myriam.
Le Conseil se recrutait parmi les Mères des Tribus. On n'avait pas l'idée de consulter le peuple pour faire les élections. Pour faire choix d'un membre, qui soit à la hauteur de la mission législative, il faut des savants et non des ignorants. La volonté d'une multitude ne fait pas plus un législateur qu'elle ne fait un astronome ou un chimiste. Aussi le Sénat était véritablement une élite intellectuelle, la « tête » de la nation. Il était formé des femmes les plus distinguées de toutes les Tribus. C'est ainsi que Myriam et les Matrones gouvernaient la Matrie.
Avant de mourir, Myriam confia le texte original de son Livre, tout entier écrit de sa main, aux « anciennes » pour qu'il fût conservé par elles à travers les générations.
(1) Le Sanhédrin, tribunal de 70 juges, n'est mentionné qu'à partir des Macchabées (I, c. x, II, 6). C'est la continuation du grand conseil des Matrones d'Israël, les anciennes.

LE RÉGIME FAMILIAL EN ISRAËL
Sous le régime matriarcal en Israël, la famille était le seul groupement existant.
On avait la haine d'un gouvernement central ; les Israélites ne toléraient aucune autorité sur eux ; chaque tribu vivait de sa vie propre, soumise aux mêmes lois naturelles, en vertu desquelles les biens sont garantis par l'intérêt familial.
Les tribus étaient prospères. Les Israélites possédaient un esprit d'ordre et d'économie qui leur donnait des richesses dont bénéficiait la communauté. Mais de tous côtés se manifestait la jalousie des hommes, paresseux et nomades, et l'on craignait sans cesse les attaques du dehors.
On avait à lutter contre les Chananéens, les Philistins, les Moabites, les Ammonites, les « habitants des tentes », c'est-à-dire ceux qui étaient nomades, tels les Madianites et les Amalécites. On craignait surtout les Arabes du grand désert, à l'Orient, appelés les Beni-Qedem, ou Orientaux (Saracènes, d'où Sarrasins), qui, sans aucune notion d'honnêteté, faisaient sans cesse des incursions chez leurs voisins, où ils venaient avec leurs chameaux, surtout après les semailles, et méchamment détruisaient la moisson naissante. Ils volaient les troupeaux et tout ce qu'ils pouvaient emporter, causant la terreur des populations matriarcales qui s'ingéniaient à se garantir des pillards, se barricadant, se cachant dans des cavernes. C'est ainsi qu'on a trouvé des grottes fortifiées et des masada aux sommets couverts de pierres, servant d'observatoires et de cachettes.

CE QU’ÉTAIENT LES JUGES
Les noms des Juges, qu'on nous donne, sont :
1- Othniel
2- Ehud
3- Sangar
4- Déborah
5- Gédéon (celui-ci est douteux)
6- Thola
7- Jaïr
8- Jephté (qui est douteux)
9- Ibtsan de Bethléem
10- Elou
11- Zabulon et Abdon.
Enfin on met Samson comme 12ème, alors qu'on sait que ce nom ne consacre qu'une vieille légende.
De cette époque nous n'avons qu'un seul document authentique, le « Cantique de Déborah ».
Nous ne pouvons donc affirmer l'existence des « Juges » que par ce morceau dans lequel il est dit : « J'ai été une « Mère » en Israël. »
Or, si le seul « Juge » authentique est une femme qui prend le titre de « mère », pourquoi les autres ne seraient-ils pas aussi des « mères » ?... étant donné que le mot « Soffet » veut dire « Sophia », qui est au féminin, et qu'on a traduit longtemps après cette époque par le mot « Juge » au masculin.
Le nom du 3e Soffet, Sangar, est un nom de femme ; Thola et Jaïr aussi. Partout, à cette époque, la justice est rendue par des « Soffetim », des « Sophias », des « Sagas ».
Les substitutions de sexes qui remplissent l'histoire sont l'origine de confusions perpétuelles. Les auteurs modernes ne comprennent pas le rôle de la femme dans l'antiquité, parce qu'ils l'assimilent toujours à la femme actuelle, asservie par le mariage, institution masculine et moderne.
Non seulement le mariage n'existait pas en ce temps-là, mais la royauté masculine non plus.

LE MALÉAK DE IHAVÉ
Dans le Cantique de Déborah, il est question du Maléak de Ihavé ; ceci a besoin d'être expliqué, car c'est l'origine lointaine d'un mot appelé plus tard à une grande destinée : le mot « melek », que l'on traduit par roi.
On appelait Maléak Iahvé celui qui était à côté de la Déesse et lui servait de messager ; son parèdre, son alter ego.
Or, quand un homme est l'alter ego d'une femme, c'est qu'il existe entre eux un lien intime qui les unit. Il est son double, comme disaient les Égyptiens, sa moitié, comme disent les modernes.
On le représente comme son messager, c'est-à-dire qu'il est celui qui exécute ses volontés, obéit à ses ordres, il est son serviteur dévoué, expression qui restera dans le langage chevaleresque et que les hommes emploieront toujours vis-à-vis des femmes, dont ils reconnaissent la supériorité morale.
Ceux qui arrivaient à obtenir la faveur d'être choisis par la Déesse étaient les élus. « Ce sont les hommes vertueux que Dieu prend pour qu'ils soient avec lui », dit Renan qui donne à Dieu le sexe masculin après qu'il nous a dit que Iahvé était une déesse locale.
Et il ajoute : « A part ces élus, le sort de l'homme est la disparition dans l'oubli. »
Dans l'oubli de la Femme, en effet, et c'est ce que l'homme craint le plus. C'est pour éviter ce triste sort que, lorsque les hommes eurent conquis le pouvoir, ils instituèrent le mariage qui attachait indissolublement la femme à eux.
Les hommes « hors la loi » vivaient en état de vagabondage, attendant, qu'on ait besoin d'eux pour des expéditions contre les ennemis d'Israël. On appelait ces hommes les « Enakim » ou « Refaim » (les géants en hébreu).
La signification attachée à leur nom est la même que celle qui désigne les héros, les morts, les fantômes... et qui, au propre, signifie les hommes libres, c'est-à-dire libérés de la Loi morale, les Libertins.
Une plaine au sud-ouest de Jérusalem portait leur nom, et on les confondait avec les races titaniques qu'on supposait avoir été ensevelies sous les eaux.
Ces hommes étaient ordinairement des bannis, forcés de se mettre dans la compagnie des malandrins parce que leur famille ou leur tribu les avaient chassés.
Quelques-uns avaient quitté la Matrie par goût d'aventures, ou par l'appât d'un gain illicite, mais la vie calme et heureuse qu'elle assurait était toujours regrettée. Et puis les hommes avaient peur du herem des femmes, et ils se soumettaient à la loi pour obtenir leurs grâces, leurs faveurs.
Ce Maléak était envoyé par elles, pour un objet déterminé, Il régnait sous son propre nom sur 2 ou 3 lieues alentour.
Mais Renan nous dit que « quelquefois les Maléakim, abusant du pouvoir qu'ils se donnent, se présentent en voyage chez des gens par qui ils se font nourrir et héberger parce qu'ils se présentent au nom de Hevah dont ils se disent les messagers ».
On voit tout de suite, par ceci, combien l'abus arriva vite, et comme la Déesse, faible de cœur, était souvent mal représentée. Les supercheries, les abus de confiance ne sont pas des agissements modernes.
La femme avertie de ces abus devait être sévère, pour le délinquant. Alors il se défendait, mentait, accusait pour s'innocenter, en troublant son accusatrice.
Peu à peu le « Maléak » devint un grand vizir partageant les pouvoirs de la Déesse.
Les premiers historiens qui parlent de ces origines ne purent pas dénaturer les faits aussi complètement que le firent les modernes. Leurs récits sont une transition entre la vérité et le mensonge, une sorte de compromis.
« Les piétistes de Juda, dit Renan, trouvèrent malséants certains passages des anciens livres où Iahvé agissait trop naturellement et se compromettait en des aventures humaines que l'on trouve trop vulgaires. On prit l'habitude, dans ce cas-là, de substituer le « Maléak Iahvé » au mot Iahvé. »
Voyez la ruse : on substitue l'homme à la femme, parce qu'il l'a entraînée dans des actes qui ne sont choquants que parce qu'il les a rendus tels, et c'est ainsi que peu à peu on en vint à la supprimer tout à fait.
Mais d'abord on arrive, par cette substitution, à créer de nouvelles personnes ou hypostases divines. L'homme et la femme ne font qu'un, dira-t-on depuis.
Ces unions d'une Déesse et d'un mortel élèvent l'homme en le faisant participer aux privilèges de la Divinité. Cela lui donne de l'orgueil, il se croit un demi-dieu, puisqu'il est la moitié de la Déesse, et c'est ainsi qu'apparaissent dans la mythologie les couples divins : Hermès-Aphrodite (hermaphrodite), Castor et Pollux (les Dioscures), etc.
C'est la création de l'androgyne, et il faut remarquer qu'aussitôt que l'homme entre dans la constitution du couple, il met son nom le premier.
C'est du XIIIème au XIIème siècle que les nations commencent à naître en Orient. C'est-à-dire que c'est à cette époque que sont faites les premières tentatives pour établir la royauté, mais elles ne réussirent pas, puisque cette royauté éphémère est abolie en Grèce en l'an 1092 et remplacée en 1068 par la création des Archontes, qui se disent chefs perpétuels, mais qui sont plus despotes que les rois.
Le Maléak des Israélites, c'est le Basileus des Grecs d'Homère, qui marche en tête du peuple un bâton à la main ; c'est le Herzog germanique, c'est-à-dire un homme-chef, entraînant à sa suite les autres hommes.
On ne peut voir dans ces fonctions que le commencement du régime militaire, mais nullement la royauté sous la forme morale ou sacerdotale qu'elle prendra plus tard.
Ce pouvoir ne répond qu'à l'esprit de lutte qui est inné dans l'homme. Il est roi dans un Etat gouverné par la force. Mais la femme qui a en partage l'esprit de Justice est « Reine » dans un Etat gouverné par le droit.
Nous allons mieux comprendre maintenant, l'histoire des luttes soutenues en Israël, contre ceux qui voulaient imposer à ce peuple libre la redoutable royauté de l'homme.

GÉDÉON
L'histoire de Gédéon, dont on fait le 5e Juge, semble introduite dans le récit pour mettre des hommes parmi les « Soffetim ».
On fait de lui un fervent défenseur de Iahvé afin de rester dans l'esprit du temps où on le met. Il combat pour Israël, et bat ses ennemis.
Mais où l'histoire devient suspecte, c'est quand on nous dit qu'il refuse d'être « roi », et répond à ceux qui lui offrent le pouvoir : « C'est Iahvé qui règne sur nous ».
On cherche à lui donner des vertus en raison de ce renoncement, sans songer que personne en Israël ne pouvait lui offrir la royauté puisque c'était précisément ce genre de gouvernement que les Israélites combattaient.
« Avec l'argent qu'il gagna, il fit fondre une image de Iahvé en or, et un éphod au moyen duquel il donnait des consultations ». Or ces pratiques superstitieuses ne naquirent qu'avec les prêtres et lévites qui n'ont pas encore fait leur apparition du temps des « Juges ». Donc ce sont eux qui écrivirent l'histoire de Gédéon.
Gédéon a un fils, Abi-Melek, le premier auquel on donne le titre de « Roi », non pas parce qu'il a régné sur Israël, mais parce qu'il en a eu le désir.
Après cela Thola se lève pour délivrer Israël. On ne lui donne pas de sexe, mais ce Soffet règne 23 ans, sans troubles.
Puis vient Jaïr qui juge Israël 22 ans, toujours sans indication de sexe.
Après cela la révolte recommence, le culte des Dieux mâles reparaît, et le désordre est encore suivi de reproches, puis de délivrance.

JEPHTÉ
Le chapitre XI du Livre des Juges nous raconte l'histoire de Jephté, dont on fait le huitième Soffet.
Ce personnage, que l'on représente comme un homme fort et vaillant, est célèbre par l'histoire de sa fille.
Cette histoire de la fille de Jephté est une légende souvent répétée. Dans sa forme simple, c'est-à-dire prise à la lettre, elle semble inventée pour donner aux filles un exemple de la soumission filiale, ce qui serait d'autant plus maladroit qu'en ce temps-là le père n'avait aucune autorité sur sa fille.

SAMSON
La légende de Samson, l'Hercule Israélite, a été introduite dans les Livres à une époque tardive. C'est la légende d'un homme, vaincu par une femme, que l'on retrouve partout (Hercule et Omphale).
C'est à Renan que nous empruntons l'histoire de ce prétendu douzième Juge en Israël :
« La fable roulait autour des exploits d'un certain Samson, fils de Manoah de Soréa, guerrier danite, d'une force extraordinaire. Il prenait, sur son dos les portes d'une ville et les transportait à des kilomètres ; il faisait tomber un édifice en prenant 2 de ses piliers et en les secouant. Sa vie se passe en luttes contre les Philistins de son canton, en tours de force, en énigmes, en stratagèmes de guerre. Il y avait des épisodes pour l'étonnement, d'autres pour le gros rire. Sa force résidait en une chevelure puissante, qui lui couvrait la tête ; mais il était faible pour les femmes. Une drôlesse du pays des Philistins l'endormit sur ses genoux et lui coupa les cheveux.
« Plus tard, quand il s'agit d'insérer dans la série des Livres Saints cette histoire, on y fit d'étranges retouches. On transforma le burlesque héros de Dan en un respectable Juge de tout Israël. »
Tout cela prouve l'ignorance des rédacteurs de ces légendes qui confondent les faits, les causes, les récits, embrouillent tout pour faire triompher la cause masculine.
Faire de Samson, l'homme fort, un Soffet, un sage, est une première aberration, en même temps qu'une preuve de la mauvaise foi des historiens. Mettre la force dans les cheveux alors que c'est à l'homme chauve qu'on reprochait sa force, est une autre manière d'embrouiller les lois de la nature et de narguer ceux qui les enseignent.

SAMUEL (Shemou-el) vers 1070
Samuel est connu par des documents légendaires, mais qui laissent deviner un grand personnage qu'on a voulu masquer sous des apparences trompeuses.
Shemou-el était Soffet, donc un sage, et une femme, puisque nous avons vu que cette fonction n'a pas pu être remplie par des hommes.
Elle avait une influence considérable sur les assemblées de Mispa. Chaque année elle faisait une tournée à Bethel, à Gilgal, à Mispa, y tenait des assises et jugeait souverainement les affaires du pays.
C'était une « Mère » comme Déborah. Sa maison de Rama était le centre des affaires de Benjamin et du sud d'Ephraïm.
C'est à Samuel qu'on attribue l'établissement d'un registre (Sépher) gardé dans l'arche, sur lequel on inscrivait les Annales d'Israël. C'est ainsi que l'arche devint l'Archivium d'Israël (I Sam., X, 25). Il n'est pas étonnant, après cela, que M. Halévy ait trouvé que c'était une femme qui était chef du bureau de la statistique à Jérusalem.
Samuel est considéré comme « une voyante » (1), mot qui fut employé d'abord pour désigner celle qui sait les lois de la nature et donne des conseils. Il est dit (Samuel, IX, 9) : « Autrefois, en Israël, ceux qui allaient consulter Ievah se disaient l'un à l'autre : Venez, allons jusqu'au voyant, car celui qu'on appelle aujourd'hui prophète s'appelait autrefois le voyant. » 
C'est par le mot « voyantes » qu'on désignait les femmes qui, comme les Sibylles grecques, enseignaient, et la nature même de leur enseignement prouve leur sexe. Elles sont les premières prêtresses.
Du reste, Shemou-el est une féministe ardente, convaincue, exerçant une grande influence morale pendant les 40 ans qu'elle rend la justice à Mispa. C'est de plus une austère qui s'abstient de boissons fermentées et vit simplement.
Le premier acte de Samuel fut de rappeler le peuple à la religion Théogonique (Chap. VII) :
3. « Si vous retournez de tout votre cœur à Hevah, ôtez du milieu de vous les dieux étrangers et Hastaroth (la caricature d'Astarté) et rangez votre cœur à Hevah et ne suivez qu'elle seule, et elle vous délivrera de la main des Philistins (2) ».
13. « Et les Philistins furent humiliés, et depuis ils ne vinrent plus au pays d'Israël, et la main de Hevah fut sur les Philistins pendant tout le temps de Samuel ».
Il est bon de remarquer que, dans les luttes de sexes, qui sont des luttes morales, le vaincu n'est pas battu, mais humilié. Rappelons par exemple que l'épée dans le langage symbolique primitif, c'est la parole qui perce.
Les historiens, pour faire de ce Soffet un homme, en feront un lévite ou un cohen (prêtre), donnant ainsi du prestige à leur profession sans se soucier de l'anachronisme qui leur fait mettre le prêtre avant l'institution de la prêtrise.
N'est-ce pas dans ce principe que l'on trouve l'origine des mots « predate » (antidater) et « pré-dateur » ?
Aussi est-ce à propos de Samuel que Renan dit : « Comme en ce qui concerne Moïse, il faut ici faire une grande part à la manie d'antidater les idées qui est une loi générale de l'histoire religieuse » (cf. Le peuple d'Israël, Tome I, p. 382).
Nous voilà éclairés sur la valeur des idées émises dans ce livre. Cela nous explique certains versets où l'on trouve une intention indirecte d'avilir la femme. Ainsi ceci : « Une femme affligée, Anne, mère de Samuel, exhalait sa douleur ; un homme, Héli, lui répond : « Jusqu'à quand seras-tu ivre ? va cuver ton vin » (I, 14).
Ceci est-il dit, contre la femme, ou pour présenter Héli comme un homme odieux ? Plus loin, cette même femme dit :
Chap. II, 1. « Mon cœur s'est réjoui en Hevah, ma corne a été élevée ».
Ceci est cité pour expliquer que le mot corne est le nom donné aux hémisphères cérébraux ; quand la corne s'élève vers les lobes frontaux, l'intelligence augmente ; quand elle s'abaisse vers l'occiput, l'esprit s'affaiblit. C'est avec la corne abaissée que sont représentés les démons. On ne représentera les diables avec la corne relevée qu'au Moyen Age et par esprit d'opposition.
- « Ma bouche s'est ouverte sur mes ennemis parce que je me suis réjouie de ton salut (celui de Hevah) ».
2. « Nul n'est saint comme Hevah ; car il n'y en a point d'autre que toi, et il n'y a point d'autre rocher que notre Déesse ».
4. « L'arc des puissants a été brisé et celui qui ne faisait que trébucher a été ceint de force (force brutale de ceux dont la mentalité trébuche) ».
9. « On fera taire les méchants dans les ténèbres ; car l'homme ne prévaudra point par sa propre force ».
10. « Ceux qui contestent contre Hevah seront froissés ; il tonnera des cieux contre chacun d'eux ».
« Hevah jugera les extrémités de la terre ; elle donnera la force à celui qu'elle a fait roi (Maléak, le favori de la femme) et elle élèvera la corne de son oint (le mot oint qui vient de oindre, allusion à l'onction sexuelle reçue par la femme, n'a dû être employé d'abord que comme un outrage, il ne devait pas être dans les Écritures primitives).
Nous voyons ensuite, dans le même chapitre II, une parabole sur le sacrifice, montrant l'homme cherchant son plaisir sans penser à la femme et disant : « Si tu ne m'en donnes, j'en prendrai de force ».
17. « Et ainsi le péché de ces jeunes hommes était très grand devant Hevah ». Car les hommes méprisaient l'oblation de Hevah. Alors les reproches pleuvaient chez les hommes pervertis :
24. « Vous faites transgresser le peuple d'Israël ».
25. « Si un homme a péché contre un autre homme, le Juge en jugera ; mais si quelqu'un pèche contre Hevah, qui priera pour lui ? »
C'est à ce moment que nous voyons apparaître un « homme de Dieu » ; c'est la façon de déguiser la femme dans les écrits destinés à la supprimer de l'Histoire (rappelons que Dieu est un mot moderne mis pour Hevah). Du reste, ce que font et disent ces « hommes de Hevah » prouve leur sexe. Celui-ci dit :
29. « Pourquoi avez-vous foulé aux pieds mon sacrifice et mon oblation que j'ai commandé de faire au tabernacle ? Et pourquoi as-tu honoré tes fils plus que moi, pour vous engraisser du meilleur de toutes les offrandes d'Israël, mon peuple ? »
31. « Voilà, les jours viennent que je couperai ton bras, et le bras de la maison de ton père, en sorte qu'il n'y aura point de vieillards dans ta maison ».
32. « Et tu verras un ennemi dans le tabernacle pendant que Hevah verra toutes sortes de biens en Israël ».
Cet « homme de Dieu » qui parle ainsi semble être Samuel, quoique l'obscurité voulue du texte ne le dise pas positivement.
Pour justifier la révolution masculine qui cherchait à établir la royauté, on nous dit que Samuel, vers la fin de sa vie, alors que la vieillesse l'empêchait de remplir ses fonctions de Soffet, confia la justice à ses fils, Joël et Abija, « qui ne marchèrent pas dans ses voies », et qu'alors, le peuple voyant dans toutes les nations voisines la royauté établie, les hommes vinrent demander à Samuel d'établir sur eux un roi. Samuel, qui savait tout le mal qui devait résulter de cette extension de pouvoir, protesta et leur montra comment ils seraient traités par le roi qu'ils demandaient.
Samuel, VIII :
11. « Il leur dit donc : Voici comment vous traitera le roi qui régnera sur vous : il prendra vos fils et il les mettra sur ses chariots et parmi ses gens de cheval, et ils courront devant son char. »
12. « Il les prendra aussi pour les établir gouverneurs sur des milliers, et gouverneurs sur des cinquantaines, pour labourer ses champs, pour faire sa moisson, et les instruments de guerre et tout l'attirail de ses chariots. »
13. « Il prendra vos filles pour en faire des parfumeuses, des cuisinières et des boulangères. »
14. « Il prendra aussi vos champs, vos vignes et vos bons oliviers, et il les donnera à ses serviteurs. »
15. « Il dîmera ce que vous aurez semé, et ce que vous aurez vendangé, et il le donnera à ses officiers et à ses serviteurs. »
16. « Il prendra vos serviteurs et vos servantes, et l'élite de vos jeunes gens, et vos ânes, et les emploiera à ses ouvrages. »
17. « Il dîmera vos troupeaux, et vous serez ses esclaves. »
18. « En ce jour-là vous crierez à cause de votre roi que vous vous serez choisi, et l'Eternel ne vous exaucera point en ce jour ».
19. « Mais le peuple ne voulut point écouter les discours de Samuel, et ils dirent : « Non ; mais il y aura un roi sur nous. »
20. « Et nous serons aussi comme toutes les nations, et notre roi nous jugera et sortira devant nous et conduira nos guerres ».
Ces versets ont une grande importance au point de vue de la chronologie. Ils nous montrent, dans ce XIème siècle, les efforts faits partout pour établir la royauté masculine. Donc les histoires qui ont mis des rois avant cette époque nous ont trompés. Jusque-là, le pouvoir féminin avait pu s'exercer sans de trop grandes luttes à soutenir. Les Soffetim avaient rendu la justice, mais la perversion grandissait, le mal se propageait, l'esprit de domination de l'homme s'affermissait, l'injure et l'outrage commençaient à être prodigués aux femmes qui se plaignaient.
Le désordre de cette époque nous est révélé par le livre de Samuel.
(1) A Rama-thaïm cophim existait une communauté de Roé, mot que l'on traduit à tort par voyant (voyant se dit hozeh). Ce mot vient de Ruak (l'esprit).
C'est là qu'on forme les Nabiim (prophètes, orateurs, on dira : les hommes dont la parole jaillit).
Cette communauté était en réalité un Collège d'Hétaïres, c'est-à-dire de prêtresses, un Séminaire.
C'est là que vivait Samuel, qui en était sans doute la directrice.
(2) Les Philistins ou Palestins étaient un ancien peuple du pays de Chanaan qui donna son nom à la Palestine. Il battit Saül sur le mont Gelboé, et fut vaincu par David.

SAÜL (Shaoul)
Nous voyons l'agitation révolutionnaire dirigée par un guerrier, un lutteur, qui établit une sorte de militarisme en Israël, et prétend baser sur la force la royauté qu'il veut accaparer. Il ne pense qu'aux luttes, aux combats ; c'est un homme fort de muscles, mais faible d'esprit ; c'est un précoce déséquilibré. Il se crée une armée permanente ; il a des cadres, un Sar-Saba ou Séraskier, des hommes de guerre par état, des chefs parmi lesquels se trouve Abner.
Saül attaque les Philistins (naturellement, puisque ce sont les ennemis d'Israël), mais cela les excite à la guerre au lieu de les calmer, et cela amène un état permanent de troubles dans le pays. On se cache dans les anfractuosités des rochers, dans les citernes, partout où l'on peut fuir.
Les rédacteurs du Livre de Samuel, dans le but d'antidater l'existence de l'autorité masculine, pour la justifier par des précédents acquis, font de Saül un « roi », comme si la prétention de prendre un titre donnait le droit de le porter.
Il n'eut jamais de capitale ni de résidence royale, ce qui prouve qu'il ne régna pas de fait, et ne fut en somme qu'un prétendant à la royauté, prétendant non reconnu par les masses (1).
Du reste, le récit de ce fait est répété dans plusieurs endroits de façons contradictoires. D'abord on dit que c'est Samuel qui le sacre, ce qui est absurde, puisque c'est au contraire Samuel qui le combat et qui dit au peuple :
19. « Aujourd'hui vous avez rejeté votre Déesse qui est celle qui vous a délivrés de tous vos maux et de votre affliction. Et vous avez dit : « Non, mais établis-nous un roi ».
Il est vrai qu'à cette époque, quand on disait d'un homme qu'il avait été sacré ou consacré, cela voulait seulement dire qu'il avait reçu les faveurs d'une Déesse.
Saül (Shaoul) était un bel homme plus grand que tous les autres « depuis les épaules en haut ».
Au physique, un beau mâle, aimant le plaisir, n'observant pas la loi morale, offrant l'holocauste quand il ne faut pas ; ce qui irrite Samuel. (Il faut se rappeler que la Thorah imposait à l'homme six jours de chasteté sur sept.) Les reproches que Samuel adresse à Saül à propos de l'oubli de cette Loi nous éclairent sur la psychologie de cette histoire (I Sam., chap. XIII) :
13. « Alors Samuel dit à Saül : « Tu as agi follement ; tu n'as point gardé le commandement que l'Éternel, ton Dieu, t'a donné ; l'Éternel eût maintenant affermi ton règne sur Israël à toujours.
14. « Mais maintenant ton règne ne sera point stable : l'Éternel s'est cherché un homme selon son cœur, et l'Éternel lui a commandé d'être le conducteur de son peuple parce que tu n'as point gardé ce que l'Éternel t'avait commandé ».
Cet « homme selon son cœur » que Hevah s'est cherché, c'est David, que nous allons voir bientôt entrer en scène.
Continuons à enregistrer les paroles de Saül et Samuel :
24. « Saül répondit à Samuel : « J'ai péché, car j'ai transgressé le commandement de Hevah et sa parole, parce que je craignais le peuple et j'ai obéi à sa voix.
25. « Mais maintenant, je te prie, pardonne-moi et reviens avec moi ».
26. Et Samuel dit à Saül : « Je ne retournerai point avec toi, car tu as rejeté la parole de Hevah ».
Tout ceci indique bien clairement qu'entre Samuel et Saül il existe des relations intimes que Samuel veut rompre. C'est la lutte de l'homme et de la femme avec les reproches qu'elle comporte toujours.
Samuel va donc chercher un autre successeur. Le peuple lui dit par la voix de l’Éternel Hevah (chap. XVI, 1) : « Jusques à quand t'affligeras-tu pour Saül, puisque je l'ai rejeté ? Va vers Isaïe de Bethléhem, un de ses enfants sera roi ». 
Mais Samuel a peur de Saül, ce qui est encore bien féminin ; elle répond : « Comment irais-je, car Saül l'ayant appris me tuera ? »
Elle y va cependant, et demande à voir les enfants d'Isaïe. On lui montre d'abord les garçons ; mais ce ne sont pas eux que Hevah veut ; elle insiste pour voir le dernier enfant « qui n'est pas un fils », qui est entre les brebis. Or les brebis, dans le langage symbolique, qui fait de la femme un agneau, ce sont les jeunes filles.
Dans ce chapitre, au verset 12, il est dit de David : « Elle était blonde et belle de visage ».
Le symbolisme qui fait de la femme une brebis a fait croire que David était berger ; mais on sait au contraire que David appartenait à une des plus importantes familles d'Israël.
La fin du chapitre nous montre Saül en proie à un mauvais esprit. Pour le calmer, on lui amène David qui joue des instruments. Il est séduit par sa beauté « et l'aima fort » (2).
22. « Et Saül envoya dire à Isaïe : « Je te prie que David demeure à mon service ».
23. « Quand donc le mauvais esprit était sur Saül, David prenait sa harpe et en jouait, et Saül en était soulagé ». 
C'est de David (Daud) qu'on disait : « Une femme viendra qui s'élèvera au milieu des filles de Juda telle qu'un lys entre les épines ».
Le Livre des « Juges », que nous venons de résumer, aurait eu pour auteur, selon quelques-uns, un certain Phinéis, grand- prêtre.
Gardons ce nom et considérons-le comme celui du prêtre qui a masculinisé le récit de cette époque.
(1) Dans le Deutéronome, écrit après le triomphe de la royauté masculine, on dira (xxx, 5, prologue des bénédictions de Moïse) : « Le roi fut fait en Israël par l'assemblée des chefs du peuple et l'accord de toutes les tribus ». On ne peut pas mentir plus effrontément. En réalité, il n'y eut jamais de rois en Israël : la royauté ne s'imposa qu'en Juda, après le schisme.
(2) A cette époque de l'histoire, la filiation maternelle seule existe. Donc, si David est la fille d'Isaïe, c'est qu'Isaïe est sa Mère, non son père. Ce personnage est appelé Jessé ou Isaïe et surnommé la Rose de Jessé. Sa mémoire était en haute vénération parmi les Hébreux qui la regardaient comme un juste accompli. Son nom s'écrit Ishaï (de Isa) et on l'appelle le Bethléhémite.

DAVID (DAUD)
Lorsque Renan, dans le cours qu'il professait au Collège de France, arrivait au verset 12 du chapitre XVI du premier livre de Samuel, où il est dit : « Elle était blonde et belle de visage », il s'arrêtait et, avec son air de paternelle bonhomie, disait au public qui l'écoutait : « Quelle bizarrerie ! tous les adjectifs qui qualifient David sont au féminin. Pourquoi belle ? »
Puis il faisait lui-même à sa question cette étrange réponse : « C'est sans doute parce que la beauté est un attribut féminin... Les Hébreux ne devaient pas employer ce mot au masculin. » (1)
En effet, dans la Bible hébraïque, tous les adjectifs qui qualifient David sont au féminin, et Renan ne s'apercevait pas qu'il s'agissait d'une femme, alors que lui-même, dans son Histoire du Peuple d'Israël, écrivait ceci : « David est un charmeur, prodige de grâce, d'élégance et d'esprit, capable des sentiments les plus délicats ; dès qu'on le connaissait, on s'attachait à lui, son type de figure tranchait sur les visages basanés de ses contribules. Il avait le teint rose, des traits fins et aimables, une parole douce et aisée. De très anciens textes le présentent comme habile cithariste et poète exercé. »
Tels sont les traits caractéristiques de sa féminité qu'on n'a pas pu lui ôter. Son sexe qu'on a voulu cacher se révèle à chaque ligne du livre qui parle d'elle.
Le nom de David (Daud, דוד ) veut dire : le favori de Hevah. (2)
Ce nom a plusieurs significations symboliques, comme tous les noms de femmes ; il exprime tantôt les vraies qualités de la femme-esprit, tantôt ses conditions sexuelles, tantôt ses souffrances.
Fabre d'Olivet, dans son dictionnaire hébraïque, à la lettre D, en donne plusieurs significations. Les voici : La première en grandes lettres, ד ד, DD. Toute idée d'abondance et de division, de propagation, d'effusion et d'influence ; la raison suffisante, d'affinité et de sympathie.
En plus petits caractères, ד ד, tout ce qui se divise pour se propager, tout ce qui agit, par sympathie, par affinité, par influence, au propre le sein, la mamelle.
Plus loin, donnant comme racine hébraïque le nom même de David, Daud, il en explique ainsi la signification : « דוד : L'action d'agir par sympathie et par affinité ; l'action d'attirer, de plaire, d'aimer, de se suffire mutuellement. Dans un sens étendu : un vase d'élection, un lieu, un objet vers lequel on est attiré ; tout effort sympathique, électrique. Dans un sens plus restreint, un ami, un amant, l'amitié, l'amour ; toutes sortes de fleurs, et particulièrement la mandragore et la violette.
Le nom écrit seulement avec ses deux premières lettres : דו, renferme un sentiment de douleur, de tristesse. Si l'on ajoute à la fin la lettre ה qui est le signe féminin, il veut dire l'angoisse, la douleur,l'affliction, tout ce qui est calamiteux. De ce mot on fait dans d'autres langues : dol, dul, dolor, dolore. »
La suite de cette histoire, va nous montrer que c'est David qui a été, la première, Notre-Dame des douleurs
David fut la plus grande figure de l'histoire d'Israël, la plus haute expression de la puissance morale de la femme, le plus beau caractère, la plus haute intelligence, mais aussi la plus douloureuse, des martyres.
Elle fut proclamée Soffet à l'unanimité vers 1050. Elle avait alors 30 ans, une beauté éclatante et une grande renommée.
Tous les défenseurs du droit et de la justice, c'est-à-dire de l'ancien régime, se mirent ouvertement avec elle ; elle était surtout défendue par les écoles de prophètes de Rama. Les tribus vinrent lui faire soumission à Hébron, disant : « Nous sommes tes os et ta chair », manière de dire : nous sommes du même sexe.
David fut, à partir de ce moment, inviolable et sacrée.
Hébron qui était une grande ville devint la capitale d'Israël. David continua d'y résider encore 5 ans 1/2 et y vit naître sa famille. C'est après ce temps qu'elle fonda Jérusalem.
(1) Au sujet des adjectifs féminins, voir dans la grammaire hébraïque de Fabre d'Olivet (p. 69) tout le chapitre intitulé le genre.
Il dit, notamment, que le genre féminin se forme en ajoutant au nom masculin le signe ה, qui est celui de la vie, et il attire l'attention du lecteur sur la puissance de ce signe de vie, puissance sur laquelle il fonde le génie de la langue de l'auteur du Sépher. Il dit : « Est-il possible d'imaginer un signe d'une expression plus heureuse pour indiquer le sexe dont tous les êtres paraissent tenir la vie, ce bienfait de la Divinité ?
« Cette amplification de vie allonge les adjectifs féminins. Ainsi bon fait bonne, c'est-à-dire quelque chose de plus, une prolongation. C'est de là que vient l'usage de former le féminin par une amplification du masculin. »
Pour la formation de beau et de belle, voir la page 70.
Pour belle de figure, la page 83, où il explique comment on introduisit une terminaison neutre, ce qui fut un acheminement vers la terminaison masculine.
(2) D'autres avant nous ont constaté que David était une femme. Son histoire est d'ailleurs si transparente qu'on ne peut pas s'y tromper. Une Dame anglaise, on sait qu'elles étudiait la Bible d'une façon très approfondie, désireuse d'éclairer les faits, vint à Paris étudier l'hébreu. Son professeur, un rabbin, lui avait si bien révélé les secrets de la langue hébraïque que, arrivée au livre de Samuel qui relate l'histoire de David, elle lui fit remarquer que les adjectifs qui le qualifiaient étaient au féminin. Le rabbin qui savait à quoi s'en tenir là-dessus fut troublé tout d'abord, puis, très contrarié de voir son élève si perspicace, il ferma le livre en lui disant d'un ton sec : « Madame, si vous êtes si savante que cela, vous n'avez plus besoin de mes leçons ». Ce petit incident a été raconté à Madame Renooz par la duchesse de Pomar, qui dirigeait alors la revue L'Aurore du jour nouveau ; elle possédait une lettre de cette dame lui faisant le récit de ce petit fait bien caractéristique. 

ORIGINE DE JÉRUSALEM
D'abord la ville Jébuséenne appelée Gueducéa se composait de la montagne de Sion et d'une ville basse « Ophel » qui descendait vers la source appelée Gihon (aujourd'hui fontaine de la vierge) (1).
Daud rebâtit la ville haute de Sion, qui fut sa montagne, comme le Sinaï avait été la montagne de Myriam. C'est elle qu'on appela « la ville de Daud ».
Des ouvriers vinrent de partout, mais surtout de Tyr, qui envoya ses plus beaux matériaux, surtout le bois de cèdre. Ces artistes tyriens construisirent à Daud un palais près de Milo, dans la haute ville de Sion.
Le prestige qui entoura cette demeure royale fut extraordinaire. « Jamais, dit Renan, la terre de Chanaan n'avait rien vu qui approchât de cette force et de cet éclat. »
Cette colline de Sion devint la capitale religieuse du Monde, grâce à la présence de la douce Daud, pierre angulaire, « pôle magnétique de l'amour et de la poésie religieuse », dit encore Renan, qui ose, après cela, faire de la plus sainte des reines un bandit masculin. Et il ajoute : « Qui a fait cela ? C'est David. David a réellement créé Jérusalem. D'une vieille nécropole restée debout, comme le témoin d'un monde inférieur, il a fait un centre, faible d'abord, qui bientôt va prendre une place de premier ordre dans l'histoire morale de l'Humanité. Gloriosa dicta sunt de te civitas Dei. Durant des siècles, la possession de Jérusalem sera l'objet de la bataille du monde. Une attraction irrésistible y fera confluer les peuples les plus divers (2). Cette pierreuse colline, sans horizon, sans arbres, et presque sans eau, fera tressaillir de joie les cœurs, à des milliers de lieues » (Renan, Le peuple d'Israël, T. I, page 448).
Le temple de David fut bâti sur l'aire rocailleuse d'Areuna le Jébuséen.
C'est de Sion qu'on dira : « Dieu a choisi cette montagne pour y habiter, et l'Eternel Hevah y demeurera à jamais » (Ps.LXVIII, 17).
Autrefois on plaçait le fameux mont Moria près de Jérusalem.
D'après Renan, ce serait une erreur ; il dit : « Le prétendu mont Moria doit être écarté d'une topographie sérieuse de Jérusalem. Le nom de Moria est symbolique, et c'est par une supposition dénuée de toute valeur que l'auteur des « Chroniques » identifie ce lieu idéal avec la colline où Salomon bâtit le temple. Voici le verset :
« Salomon commença donc de bâtir la maison de Hevah à Jérusalem, sur la montagne de Morija qui avait été montrée à David ».
On a mis « Morija » pour « Myriam », ce qui arrive souvent.
Maintenant que nous avons levé un petit coin du voile qui couvre la réalité, voyons ce que les traducteurs ignorants et mal intentionnés ont fait de l'histoire de cette glorieuse reine. D'abord il faut savoir par quel procédé les prêtres triomphants de la femme effacèrent son nom de l'Histoire.
Cela se fit progressivement. On avilit d'abord la femme dont la valeur excite la jalousie ; mais son œuvre affirmant cette valeur, on est bien obligé, avec le temps, de l'admettre. Alors on jette un voile sur la personnalité de l'auteur ; on le cache, on embrouille son histoire, on y mêle des légendes ; enfin, quand, plusieurs siècles après, ses adversaires écoutent cette histoire, deux cas se présentent : ou bien la personnalité féminine est tout à fait oubliée et alors on met son œuvre à l'avoir d'un homme, ou bien sa physionomie est restée dans le souvenir populaire et l'art a perpétué ses traits, et alors il ne reste plus qu'à faire de cette femme un homme jeune, un adolescent. C'est ainsi que David devient un « écuyer de Saül ».
Mais on ne pense pas que l'œuvre est là pour révéler les pensées intimes de son auteur, ses luttes, ses souffrances, et par là même son sexe.
Dans l'histoire de David, il y a des détails psychologiques et même physiologiques, qui sont des preuves certaines de sa féminité. Il faut que ceux qui ont dénaturé l'histoire aient été bien ignorants ou bien maladroits pour les y avoir laissés.
(1) Sion est une des collines sur lesquelles est construite la ville de Jérusalem, mais ce nom est souvent pris pour désigner la ville même de Jérusalem comme capitale spirituelle des Israélites.
(2) Le nom de Jérusalem acquit une telle gloire sous David, qu'il fut porté partout. Mérida, en lbérie, a porté ce nom, et les conciles qui y furent tenus dans les premiers siècles de l'Eglise sont datés de « Jérusalem ». Ou trouve une ville de « Jérusalem » dans les Baléares. La ville de Zante s'est aussi appelée Jérusalem. Le grand prêtre Onias alla fonder en Egypte, à Phisaon, sous Ptolémée, un temple de « Jérusalem ».

ÉPISODE DE GOLIATH
Le premier acte attribué à David, c'est sa lutte contre Goliath, parabole qui représente le triomphe de l'esprit sur la force brutale.
Goliath, l'homme grand et fort, couvert d'une puissante armure, crie aux rangs d'Israël (chap. XVII, 8, d'après Osterwald) : « Pourquoi sortez-vous, pour vous ranger en bataille ? ne suis-je pas Philistin, et vous, n'êtes-vous pas serviteurs de Saül ? »
ce qui veut dire : ce n'est pas vous qui êtes mes ennemis, puisque nous luttons pour la même cause : la domination de l'homme.
C'est aux féministes qu'il s'adresse quand il dit : « Choisissez un homme d'entre vous et qu'il descende, pour se battre contre moi ».
9. « Et que s'il a l'avantage sur moi, en combattant avec moi, et s'il me tue, nous vous serons assujettis, mais si j'ai l'avantage sur lui, et si je le tue, vous nous serez assujettis et vous nous servirez.
10. « Et le Philistin disait : « J'ai déshonoré aujourd'hui les batailles rangées d'Israël, en leur disant : « Donnez-moi un homme et nous combattrons ensemble ».
Quoique ce soit une parabole, combien la nature humaine y est bien représentée !
Cela cause un affolement parmi ce peuple de femmes. Mais David qui a entendu s'avance au-devant de cet homme qui déshonore Israël, et dit : « Que personne ne perde courage, j'irai et je combattrai contre ce Philistin ».
32. « Mais Saül dit à Daud : « Tu ne saurais aller contre ce Philistin, car tu n'es qu'un jeune homme et lui est un homme de guerre dès sa jeunesse ».
Cependant Saül fait armer David de ses armes et lui met son casque d'airain sur la tête et le fait armer d'une cuirasse. Mais Daud ne peut se mouvoir avec tout cet attirail et dit à Saül : « Je ne saurais marcher avec ces armes » ; et on les ôte de dessus lui.
On voit la scène de cette jeune femme couverte de l'armure, trop grande pour elle, d'un guerrier !
Enfin, une fronde dans sa main, elle s'approche de Goliath.
42. Alors le Philistin regarde et voit Daud et le méprise, car c'était un jeune homme blond et beau de visage. Et le Philistin maudit Daud par ses dieux.
44. Le Philistin dit encore à Daud : « Viens vers moi, et je donnerai ta chair aux oiseaux du ciel et aux bêtes des champs. »
45. Et Daud répondit au Philistin : « Tu viens contre moi avec l'épée, la hallebarde et le bouclier ; mais moi je viens contre toi au nom de Hevah, que tu as déshonorée.
46. « Aujourd'hui Hevah te livrera entre mes mains ; je te frapperai ; je t'ôterai la tête (la domination) et toute la terre saura qu'Israël a une Déesse.
47. « Et toute cette assemblée saura que Hevah ne délivre point par l'épée, ni par la hallebarde ».
Répétons-le, toute cette histoire est une parabole montrant l'homme qui attaque la femme par la force brutale, et la femme qui se défend par la force morale (la fronde).

DAVID ET JONATHAN
Le chapitre XVIII du livre de Samuel raconte les amours de Daud et de Jonathan, fils de Saül, qui aima aussi Daud :
1. « Or, sitôt que David eut achevé de parler, l'âme de Jonathan fut tellement liée à son âme, que Jonathan l'aima comme son âme.
3. « Et Jonathan fit alliance avec Daud parce qu'il l'aimait comme son âme ».
Puis on nous narre la jalousie de Saül pour Daud, et ses fureurs.
Dans le chapitre XIX, Saül parle à Jonathan de faire mourir Daud, et Jonathan « qui était fort, affectionné à Daud » le lui fait savoir, et ils se concertent pour éviter sa fureur.
Tout ceci est très humain si Daud est, une femme ; c'est absurde si c'est un homme.

LES NÉOMÉNIES DE DAUD (DAVID)
Pour compléter le tableau, nous allons montrer la jalousie de Saül à l'égard de David, fait psychologique qui porte en lui sa preuve, car c'est l'expression d'une loi psychique certaine.
Chap. XX. Daud s'est enfuie. Dans une entrevue avec Jonathan, elle lui dit ses craintes : « Ton père sait certainement que je suis dans tes bonnes grâces ».
Jonathan lui promet d'intervenir, et ils se concertent. Alors Daud dit : « Voici, c'est demain « la nouvelle lune » (néoménie) et j'ai accoutumé de m'asseoir auprès du roi pour manger. Laisse-moi partir et je me cacherai dans les champs jusqu'au soir du troisième jour ».
Or cette façon de s'absenter pendant 3 jours à l'occasion d'une « nouvelle lune » est un fait d'ordre physiologique qui, à lui seul, prouve le sexe de Daud.
On sait ce que signifie ce symbolisme lunaire spécial à la physiologie féminine. Ce chapitre établit donc d'une façon incontestable le sexe de Daud ; les femmes israélites restaient dans leur chambre et prenaient leurs repas à part pendant les 3 jours qui précédaient la nouvelle lune.

SECOND LIVRE DE SAMUEL (SUITE DE L'HISTOIRE DE DAUD)
Le second Livre de Samuel nous donne la suite de l'histoire de Daud.
Ouvrons d'abord une parenthèse : Pourquoi ce Livre est-il intitulé Samuel ? Ce n'est pas Samuel qui l'a écrit, puisqu’on y relate des faits arrivés après sa mort.
Samuel est parmi les premiers prophètes (voyantes ou Nabiim). On désigne ainsi ceux qui pensent, qui parlent ou qui écrivent.
Pour avoir mérité ce titre de prophète, il faut que Samuel ait laissé une œuvre. Or cette œuvre n'est mentionnée nulle part et ne peut être que le récit des événements contemporains ou antérieurs à ce personnage.
Ces événements sont les luttes de la Femme pour conserver son pouvoir. C'est dans un Livre de Samuel qu'on aurait puisé pour écrire le Livre de Josué et celui des Juges, ainsi que les premiers chapitres du livre qui porte son nom.
Quant au deuxième Livre de Samuel, il est différent du précédent et semble puisé à une autre source, quoiqu'on y retrouve le style orgueilleux et ridicule de l'Ecole d'Esdras.
L'idée fixe qui s'y révèle, c'est la glorification de Daud, mais d'un Daud masculin. On entasse des faits contradictoires, pour prouver le sexe qu'on lui attribue. On multiplie ses mariages, on lui donne une multitude d'enfants ; système qui n'a pas seulement pour but d'affirmer sa masculinité, mais aussi de justifier la polygamie d'une époque postérieure en en reportant l'usage dans le passé, et en attribuant les mœurs qu'on veut justifier et faire prévaloir au roi le plus honoré.
Or, à l'époque de David, le mariage n'existait pas. Il n'y avait donc ni épouse, ni concubine, comme on tend à le faire croire. Les hommes étaient soumis à la Loi (la Thorah), qui leur interdisait l'adultère (le mélange des femmes).
L'amour féminin n'était pas réglementé par les hommes. Le mariage, tel qu'il exista plus tard, c'est-à-dire la femme asservie dans une union monogame (ou plutôt monoandre), n'a été introduit dans les mœurs que lorsque le régime gynécocratique a été complètement détruit, et il était encore florissant, quoique attaqué sous David.
Cette époque est même celle des grandes luttes de la Femme pour conserver sa puissance.
Daud était alors âgée de 30 ans et régna pendant 40 ans. Elle régna à Hébron sur Juda 7 ans et 6 mois, puis 33 ans à Jérusalem sur tout Israël et Juda. Et ce long règne d'une femme fut le plus brillant que l'antiquité ait enregistré.
Daud avait eu quelques années de repos et de triomphe.
Partout ses ennemis avaient été vaincus, et le peuple pacifié. Mais cela ne devait pas durer ; l'envie devait encore susciter contre elle des révoltes.
Celle dont nous allons parler maintenant est la plus cruelle de toutes pour une mère : c'est la révolte de son propre fils, Abçalon, qui veut lui disputer le pouvoir. Il a 40 ans et prépare un véritable coup d'État.
Après avoir cherché et réussi à gagner les hommes, il conspire avec eux contre sa Mère. Il envoie des espions dans toutes les tribus d'Israël.
Il soulève même les conseillers de David et forme une puissante conjuration.
Alors elle s'en alla dans le désert, et c'est dans ce moment d'amertume qu'elle accomplit la montée du chemin des Oliviers, que nous retrouverons dans la vie de Jésus.
Pendant ce temps-là, Abçalon vint à Jérusalem et s'empara de la ville royale de sa Mère. Et Daud était insultée par des lâches qui, la voyant vaincue, lui jetaient des pierres (nous retrouverons encore ce fait dans la vie de Jésus).
Alors Abçalon lève une armée et s'en vient combattre sa Mère.
Elle fait le dénombrement de ses troupes et les organise pour se défendre.
Le combat eut lieu dans la forêt d'Ephraïm, et l'armée d'Absalon fut battue par les gens de Daud, et Abçalon tué malgré la recommandation faite par sa Mère de ménager sa vie.
Nous voyons alors le peuple honteux d'avoir suivi Abçalon dans sa révolte. La conscience de ces hommes parle, mais il y a encore des révoltés, des indécis.
Le chapitre 13 du Livre de Samuel parle de la fin de Daud, des dernières paroles qu'on lui attribue, et qui seraient celles-ci :
2. « L'esprit de Hevah a parlé par moi, et sa parole a été sur ma langue.
3. « La Déesse d'Israël a dit : Le rocher d'Israël a parlé de moi, disant : Celle qui domine sur les hommes avec justice
4. « Est comme la lumière du matin lorsque le soleil se lève ; d'un matin qui soit sans nuages, comme la lumière du soleil qui fait germer la terre après la pluie.
5. « Il n'en était pas ainsi de ma maison ; mais Elle m'a établi dans une alliance éternelle, bien ordonnée, et ferme en toutes choses. Elle est toute ma délivrance et tout mon plaisir, et ne fera t-elle pas fleurir ma maison ? »
L'alliance éternelle et bien ordonnée dont parle le verset 5 fait allusion à la fondation d'une immense fraternité secrète qui a été éternelle en effet, puisqu'elle est devenue la Franc-Maçonnerie dont nous allons bientôt parler.
Ici s'arrête l'histoire de David, qui eut cependant encore un chagrin : un autre de ses fils, Adonijas, voulut se faire reconnaître roi sans attendre la mort de sa Mère.
La façon dont il s'empare de la royauté en disant tout simplement : « Je régnerai », nous montre combien toute notion de droit faisait défaut aux hommes de cette époque et comme ils obéissaient promptement aux impulsions de leur esprit dominateur.
Adonijas, fils aîné de Daud, eût été son successeur naturel si les hommes avaient été appelés à régner légitimement et héréditairement. Mais Salomon, son frère cadet, alla se faire sacrer à Gihon, et, revenant à la tête d'un parti puissant, força son aîné à renoncer au trône et le fit mourir.
Donc, les 3 fils de Daud, Abçalon, Adonijas et Salomon, furent tous les 3 des révoltés voulant s'emparer de la royauté.
Daud, cette grande et malheureuse femme, la dernière Soffet d'Israël, fut ensevelie dans la « ville de Daud », la « cité de la Déesse », plus tard « cité de Dieu », nom qu'on donnait à Jérusalem, la ville qu'elle avait fondée et qui devait rester si fameuse dans l'histoire.
Dans les temps modernes, le sexe de Daud ayant été découvert, tout au moins soupçonné, on s'est occupé de faire un revirement dans l'opinion à son sujet, afin de préparer des arguments contre elle, pour le jour où des chercheurs indiscrets s'aviseraient de lui restituer sa féminité et sa gloire.
Le but de l'histoire consciencieuse est, par conséquent, de rectifier ces absurdités et d'y découvrir la vérité.
Et pour cela, il faut remettre la Femme dans le passé et lui rendre toute sa gloire en montrant tous ses actes, toutes ses luttes, son éternel martyre.
Il faut en même temps démasquer les imposteurs qui l'ont avilie et qui ont attribué à des hommes toutes ses grandeurs.
Gloire donc à Daud, à la grande Femme qui fut la dernière souveraine d'Israël.

LES PSAUMES
Les Tehillim ou louanges, en grec les Psaumes ou les Hymnes (ce dernier mot est de Philon), sont un magnifique chant de louange à la Femme, à Hevah, une doxologie, c'est-à-dire une forme de glorification.
Les traducteurs supprimèrent le nom féminin de la Déesse et mirent à sa place le mot « Eternel » ; mais nous savons que, dans le texte hébreu, il y a partout « Iehaveh », et Iehaveh, c'est Hevah.
C'est donc à la femme que s'adresse la magnifique louange des Psaumes, qui sont, en même temps, le grand cri de douleur de la Femme outragée, et un pressant rappel à l'observance de la Loi morale. C'est aussi un anathème jeté sur l'homme pervers, méchant, corrompu et inintelligent.
Certains auteurs nient que les Psaumes soient de Daud, parce que, ne comprenant rien à l'Histoire des Hébreux, ils croient qu'il s'agit des lamentations d'un peuple, alors qu'il s'agit des lamentations d'un sexe, et, cherchant dans l'histoire des Juifs quelque chose qui justifie l'état d'âme du « chantre divin », ils le reportent aux persécutions postérieures à Daud.
C'est pour justifier cet anachronisme qu'on dénie à cette grande femme la gloire de son œuvre, comme on l'a frustrée de la gloire de son sexe.
La date des Psaumes est bien de l'époque de Daud, de 1.010 à 800, d'après le général Forlong, dans The rivers of Life.
Ces chants exhalent la douleur de la Femme opprimée par l'Homme, douleur qui, du reste, s'est reproduite d'âge en âge, et a été de tous les temps.
Ce qui domine dans les Psaumes, c'est le cri de vengeance. Ce cri monte des profondeurs de l'abîme où la femme a été précipitée. C'est le chant d'agonie de la puissance féminine, chant de tristesse dont les échos vont envelopper le monde.
L'oppression de l'homme sur la femme commençait à devenir insupportable. La force brutale l'écrasait ; elle souffrait et se débattait. Daud jeta le grand cri de protestation contre tant d'iniquité.
Elle chanta la réaction de l'esprit contre la force ; elle eut un sublime élan vers la Justice.
C'est que c'était l'âme même de la femme qui était atteinte dans ces luttes de sexes ; c'est sa spiritualité qui n'était plus comprise, qui n'était plus honorée, qui était outragée !... C'était son autorité morale qu'on voulait lui enlever ; sa loi n'était plus observée ; son nom saint était blasphémé, et c'étaient des frères, des amants, des pères, des fils qui étaient les insulteurs, les oppresseurs, les complices des Peuples voisins envahisseurs, ennemis !
C'est la persécution qui a délié la langue de l'opprimée ; car la femme heureuse ne parle pas aux nations, ne s'adresse pas aux générations montantes ; c'est dans la souffrance seulement qu'elle se manifeste ; mais alors elle le fait avec des accents d'une sublime grandeur.
Elle n'a pas besoin d'aller à l'école des hommes pour apprendre à parler, à écrire... La pensée qui déborde en elle jaillit, comme une source féconde.
La persécution des « puissants de la terre » a été d'abord dirigée contre la femme avant de l'être contre des hommes. C'est par une lâcheté qu'elle commence, et c'est par la lâcheté qu'elle se maintient.
Quoique dans sa forme elle ait paru varier, au fond elle n'a jamais changé d'objet : c'est toujours la lutte de la Force contre l'Esprit, du mensonge contre la vérité.
Tous les chants contenus dans ces hymnes ne sont pas de David. Il y en a quelques-uns qui sont « des enfants de Coré » ou d'Asaph. On les reconnaît facilement : c'est un autre esprit, quoique le style reste le même.
Il y en a aussi qui ont dû être interposés à une époque postérieure et qui contiennent des idées masculines (comme le 38e et le 51e).
Toute femme qui a souffert, qui a été opprimée, outragée, comprendra ces Psaumes.
Elle comprendra aussi ce cri d'espérance : « Fais-moi revivre ! », qui servira à édifier le dogme de la résurrection.

LES MYSTÈRES DE JÉRUSALEM
Les luttes soutenues par Daud (David) avaient fait comprendre à cette grande femme que la puissance féminine, qui s'affaiblissait, ne reprendrait ses forces que dans une organisation nouvelle, mais secrète, qui permettrait aux défenseurs de l'ancien régime gynécocratique de se réunir, de s'instruire, de se concerter pour l'action contre l'envahissement du pouvoir masculin qui s'imposait par la force.
Elle comprit que les femmes ne pouvaient plus lutter ouvertement et qu'il leur fallait désormais trouver un moyen de se réunir pour s'entendre et continuer à enseigner l'antique vérité, sans être inquiétées par leurs ennemis.
On retrouve partout cette préoccupation des femmes antiques qui leur fait chercher « la sécurité », ce qui prouve bien que les hommes les persécutaient, qu'ils empêchaient leurs réunions, par ruse ou par violence, en même temps qu'ils les livraient à la raillerie et à la calomnie des « impies », c'est-à-dire des envieux, des hommes pervers.
C'est alors que nous voyons naître l'institution d'une grande Société secrète, et jeter les fondements d'un Temple, sanctuaire respecté où les femmes et leurs alliés s'entourent de grandes précautions, pour empêcher l'introduction parmi elles de ceux qui pouvaient les trahir.
Ce sont ces femmes qui, avec Daud, posèrent la première pierre de ce Temple mystique. Nous disons mystique parce qu'on va y déposer l'arche qui contient le Sépher de Myriam, et que le mot mystique, comme mystère, désigne tout ce qui nous vient de cette grande Femme.
Cependant, c'est à Salomon que la Bible masculine attribuera la construction du Temple, et le récit en sera même fait avec un si grand luxe de détails que nous considérons cette exagération comme une preuve de sa fausseté. C'est en mentant qu'on explique le plus et qu'on prend le ton le plus affirmatif.

LE TEMPLE
Daud entreprit donc de faire construire à Jérusalem un Temple, qu'elle appela la Maison de Hevah.
Elle y employa des richesses immenses et en fit un édifice somptueux, qui eut une renommée mondiale et qu'on venait voir de partout. Le nom sacré de Hevah, הדה , était sur le fronton.
Lorsque le Temple eut été bâti, le Livre ainsi que l'arche furent déposés dans le sanctuaire.
Cette construction était faite de façon à rappeler, dans les détails, la science de Myriam qu'on allait y enseigner. Sept marches s'élevaient devant l'entrée pour rappeler les sept Elohim. La construction était située de façon que l'estrade était à l'Orient. Dans la salle était un endroit appelé l'Oracle, où se plaçait l'Orateur, car c'est surtout pour enseigner que le Temple fut édifié.
La Bible vulgaire raconte la construction du temple d'après les renseignements des prêtres de la religion juive, qui ne furent jamais initiés aux Mystères de Jérusalem, et n'en connurent jamais que ce qu'on en révélait aux profanes ; aussi leur histoire est pleine de confusion et d'inexactitude.

LES TROIS FONDATRICES DES MYSTÈRES DE JÉRUSALEM
La reine Daud ne fut pas seule à fonder l'Institution secrète qui devait se propager jusqu'à nous à travers la Franc-Maçonnerie (1).
Elle eut deux collaboratrices : deux Reines-Mages (ou Magiciennes) (2) qui, avec elle, formèrent le Triptyque sacré que les trois points de l'Ordre ont représenté depuis.
L'une est Balkis, Reine d'Ethiopie (appelée la Reine de Saba), l'autre est une Reine de Tyr, que l'on a cachée derrière le nom d'Hiram 1er.
(1) La Franc-Maçonnerie est d’origine hébraïque, tous les mots de passe sont des vocables hébreux, ses légendes sont tirées de l’histoire du peuple d’Israël. Cependant, Joseph de Maistre, dans « Mémoire au duc de Brunswick » (1782), précise ceci : « Tout annonce que la Franc-Maçonnerie vulgaire est une branche détachée et peut-être corrompue d’une tige ancienne et respectable ». « C’est bien ainsi qu’il faut envisager la question, confirme René Guénon et ajoute qu'on a trop souvent le tort de ne penser qu’à la Maçonnerie moderne (ou « Maçonnerie spéculative »), sans réfléchir que celle-ci est simplement le produit d’une déviation, et une dégénérescence au sens d’un amoindrissement consistant dans la négligence et l’oubli de tout ce qui est « réalisation » du point de vue initiatique. Les premiers responsables de cette déchéance, à ce qu’il semble, ce sont les pasteurs protestants, Anderson (*) et Desaguliers, qui rédigèrent les Constitutions de la Grande Loge d’Angleterre, publiées en 1723, et qui firent disparaître tous les anciens documents (Old Charges) de l’ancienne « Maçonnerie Opérative » sur lesquels ils purent mettre la main, pour qu’on ne s’aperçût pas des innovations qu’ils introduisaient, et aussi parce que ces documents contenaient des formules qu’ils estimaient fort gênantes. Ce travail de déformation, les protestants l’avaient préparé en mettant à profit les quinze années qui s’écoulèrent entre la mort de Christophe Wren, dernier Grand-Maître de la Maçonnerie ancienne (1702), et la fondation de la nouvelle Grande Loge d’Angleterre (1717). (...) Cependant, ils laissèrent subsister le symbolisme, sans se douter que celui-ci, pour quiconque le comprenait, témoignait contre eux aussi éloquemment que les textes écrits, qu’ils n’étaient d’ailleurs pas parvenus à détruire tous, puisqu’on connaît une centaine de manuscrits sur lesquels ils n’avaient pu mettre la main et qui ont échappé à la destruction. Voilà, très brièvement résumé, ce que devraient savoir tous ceux qui veulent combattre efficacement les tendances de la Maçonnerie actuelle, bien qu'il y a eu ultérieurement une autre déviation dans les pays latins, celle-ci dans un sens antireligieux, mais c’est sur la « protestantisation » de la Maçonnerie anglo-saxonne qu’il convient d’insister en premier lieu. ». De plus, René Guénon, dans son ouvrage « Initiation féminine et initiations de métier, Études Traditionnelles », nous fait remarquer que dans la Franc-Maçonnerie moderne, nous trouvons l’existence d'une « Maçonnerie mixte », ou « Co-Masonry », comme elle est appelée dans les pays de langue anglaise, qui représente tout simplement une tentative de transporter, dans le domaine initiatique lui-même qui devrait encore plus que tout autre en être exempt, la conception « égalitaire », si chère au monde moderne, qui, se refusant à voir les différences de nature qui existent entre les êtres, en arrive à attribuer aux femmes un rôle proprement masculin, et qui est d’ailleurs manifestement à la racine de tout le (Faux) « féminisme » contemporain.
Et Robert Ambelain de conclure : « Ce nouveau rite allait lancer la FM sur une nouvelle voie... qui tendrait à saper certaines valeurs qui font la dignité de l'homme, par l'athéisme, le matérialisme, le laxisme menant à l'amoralisme désagrégateur. » (La Franc-Maçonnerie oubliée).
(2) Nous disons Reines-Mages, alors qu'il faudrait dire « magiciennes », parce que c'est le nom qui leur est resté depuis que ces trois Reines ont été copiées par les trois Rois-Mages, mis dans la légende de la naissance de Jésus.
(*) « Pour en revenir à Anderson, un journal, en annonçant sa mort en 1739, le qualifia de « très facétieux compagnon », ce qui peut se justifier par le rôle suspect qu’il joua dans le schisme spéculatif et par la façon frauduleuse dont il présenta sa rédaction des nouvelles Constitutions comme conforme aux documents « extraits des anciennes archives » ; A. E, Waite a écrit de lui qu’« il était surtout très apte à gâter tout ce qu’il touchait » ; mais sait-on que, à la suite de ces événements, certaines Loges opératives allèrent jusqu’à prendre la décision de n’admettre désormais aucune personne portant le nom d’Anderson ? Quand on songe que c’est là l’homme dont tant de Maçons actuels se plaisent à invoquer constamment l’autorité, le considérant presque comme le véritable fondateur de la Maçonnerie, ou prenant tout au moins pour d’authentiques landmarks tous les articles de ses Constitutions, on ne peut s’empêcher de trouver que cela n’est pas dépourvu d’une certaine ironie… » (R. Guénon, Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, tome 2)

LA REINE DE TYR ÉLISSAR, SURNOMMÉE DIDON
Nous n'avons à tenir aucun compte des récits de la Bible, puisque c'est un livre profane, destiné à cacher le rôle de la Femme. Rappelons seulement qu'elle fait d'Hiram un roi de Tyr.
D'après les traditions, notamment celle des Abyssins, il s'agirait de la fille du roi de Tyr. Mais cela prouve que ceux qui propagent ces légendes n'ont pas une connaissance réelle de l'Histoire, car, quelques années après l'époque de Daud, c'est-à-dire vers 898, nous voyons Didon quitter la Phénicie, parce que le pouvoir gynécocratique y est attaqué.
Comment, au 10ème siècle, y aurait-il eu des rois à Tyr, alors que les grandes luttes de cette époque ont justement, pour but d'empêcher l'institution de cette royauté ?
Cette reine de Tyr eut une puissance considérable dont l'histoire classique ne nous rend pas compte, mais dont les traditions occultes nous font entrevoir l'importance. C'est à elle, cachée sous le nom d'Hiram, qu'on donne le plus grand rôle dans la construction du Temple, c'est elle qui en aurait fourni les matériaux qui furent envoyés de Tyr.
Quant à sa puissance morale, elle est résumée, dans les rituels maçonniques. Il suffit de les rappeler pour qu'on en juge. Nous y lisons ceci :
« Quel était cet homme ? D'où venait-il ? Son passé était un mystère. » Or c'est toujours ainsi qu'on parle des personnages qui ont subi la substitution de sexe.
« Hiram est aussi étrange que sublime. Son génie audacieux le place au-dessus de tous les hommes. Son esprit échappe à l'humanité (masculine) et chacun s'incline devant sa volonté et sa mystérieuse influence. »
Nous pouvons juger l'influence immense que cette Femme a dû avoir dans le monde par la manière dont la tradition en parle. Elle dit : « Son pouvoir était immense ; Il avait sous ses ordres plus de trois cent mille ouvriers de tous pays, parlant toutes les langues, depuis le sanscrit de l'Himalaya, jusqu'au langage guttural des sauvages Lybiens. »
Ceci veut dire que le parti gynécocratique qui suivait la Loi de Myriam était formidable, et, d'après toute la légende maçonnique, que nous ne pouvons reproduire ici à cause de sa longueur, nous voyons que toute cette armée était disciplinée, dévouée à la Vérité, prête à tous les sacrifices pour la défense de la Justice, et marchait résolument en avant au signe sacré du Tau, T, qu'il suffisait de tracer dans l'air pour se faire reconnaître et pour se faire aider.
C'est du nom de cette reine Elissar que semble venir le nom donné au lieu où régnaient la Vérité, le bonheur et la paix : les Champs-Elysées, séjour des âmes heureuses, qui n'aurait été qu'une représentation de la vie des initiés. C'est pour imiter cette montée au ciel spirituel que des faux prophètes se font appeler Elie et Elisée. Tout cela se passe sur le mont, Carmel, dans la chaîne du Liban, qui est une montagne sacrée comme le Sinaï et comme Sion.
D'après M. Cailleux, la reine surnommée Didon, qui quitte les colonies phéniciennes vers l'année 900 avant notre ère et va fonder Carthage, pourrait, être la reine de Jérusalem elle-même. Le gouvernement de Carthage, était la copie de celui des Sofetim, c'est-à-dire le régime gynécocratique. Et ce serait aussi cette reine qui aurait fondé les Mystères de Gadès (Cadix), copiés sur ceux de Jérusalem.
C'est cela que Cailleux appelle « la Judée en Europe ». Mais il se trompe en attribuant à la reine de Jérusalem ce qui a été fait par la reine de Tyr.
Quoi qu'il en soit de la légende d'Hiram, elle contient un fait de la plus haute importance : c'est l'existence d'une force inconnue qui s'ignore elle-même : c'est la force morale de la Femme.
C'est là le grand secret du Monde ; c'est en le découvrant qu'on arrive à comprendre les motifs de l'éternelle lutte entre le Bien et le Mal, de la guerre implacable de la haine, de l'hypocrisie et de l'ignorance contre le génie, contre le travail, contre la Sagesse et l'Amour (1).
(1) Quand le Bien l'emporte sur le mal, l'Esprit de la Femme sur la brutalité de l'homme, c'est l'Âge d'Or, tel qu'il fut au commencement du Monde. Puis suit une période intermédiaire pendant laquelle l'Humanité se débat entre le Bien et le Mal. Enfin, quand l'équilibre est rompu, quand le Mal l'emporte sur le Bien, c'est l'effondrement, général, et le Monde est à recommencer.

LA REINE DE SABA
Il est curieux de constater que Balkis, appelée « Reine de Saba », porte un nom qui semble avoir été donné à la montagne des Balkans en même temps qu'à la Bactriane.
C'est d'autant plus curieux que c'est de ce mot Saba qu'on fait le titre de la religion Mazdéenne, le Sabéisme, et que Balkis était surnommée Maqeda, corruption de Magda dont les Iraniens font Mazda (mot qui signifie Grande).
Ensuite, nous apprenons que chez les Mages, en Perse, résidait à Balk une cheffesse appelée Maqeda, et ce serait elle qui serait connue dans l'histoire sous le nom de Balkis ou Reine de Saba.
Pour M. Cailleux, Balkis a fait Balkan.
Si maintenant nous cherchons pourquoi on en a fait une reine d'Ethiopie, nous trouvons que, sous le régime gynécocratique, qui régnait à son époque, on appelait Ethos les peuples qui vivaient suivant les lois de la Morale.
Les Druides sont appelés Ethi-opiens (éthos, mœurs, ops, terre) parce qu'ils prêchent la morale.
Pline énumère 45 peuples qui, dans des pays très éloignés les uns des autres, portaient ce nom, ce qui prouve qu'une seule morale régnait sur la Terre, celle qui était donnée dans les grands Livres sacrés des temps primitifs. En Abyssinie, en Colchide, en Mauritanie, dans les îles de la Méditerranée, on trouve des peuples appelés Ethiopiens et vivant sous la loi morale, Ethos, d'où Ethique, terre des hommes purs.
Dans l'Iliade, il est parlé des vertueux Ethiopiens, et, dans l'Odyssée, on mentionne les fêtes religieuses éthiopiennes.
Les Grecs, au lieu de Ethos (morale), supposèrent pour racine Aithos qui signifie noirceur, et sur cette étymologie fictive ils transformèrent tous les Ethiopiens en noirs (1).
La Mer Noire fut appelée ainsi parce que le peuple qui vivait sur ses bords était féministe.
Consultons maintenant, les sources classiques.
Dans une ancienne ville d'Arabie fondée par les Ethiopiens, Saba, appelée plus tard Sabben, dans le Hedjaz, et aujourd'hui Sheba-Mareb, dans l'Yémen, régnait une femme remarquable, Balkis, ou Selkis, connue dans l'Histoire par son titre de « Reine de Saba ». La Bible dira « Reine du Midi ».
Cette reine voyageait beaucoup. Elle entra la première en relation avec le grand, pays qu'on appellera plus tard l'empire chinois. Elle y fit un voyage pour aller offrir à un certain Mou-Wang de riches présents et signer un traité avec lui. Aucun document ne nous renseigne sur les clauses de ce traité ; mais on sait qu'afin d'éblouir ce prédécesseur des « Fils du Ciel », elle s'était entourée d'une suite nombreuse et brillante.
Ce voyage qu'elle fit en Chine est peu connu ; celui qu'elle fit en Palestine eut un retentissement universel, grâce à la Bible, qui en perpétua le souvenir. Il faut croire que cette reine fastueuse se plaisait à visiter toutes les grandes villes.
Ses voyages avaient-ils un autre but ? Nous l'ignorons, quoique le rôle qu'elle semble prendre dans la fondation des Sociétés secrètes le laisse supposer.
Dans le chapitre X des Rois, on dit : « La reine de Saba, ayant appris la réputation de Salomon, le vint éprouver par des questions obscures ; et elle entra dans Jérusalem avec un fort grand train, et avec des chameaux qui portaient des aromates, une grande quantité d'or et des pierres précieuses. Et, étant venue vers Salomon, elle lui parla de tout ce qu'elle avait dans le cœur. » Or il nous semble que « ce qu'elle avait dans le cœur », ce devait être plutôt des reproches que des louanges... quoique la Bible, qui veut glorifier Salomon quand même, bâtisse une légende dans laquelle la Reine est remplie d'admiration pour la richesse de Salomon, à qui elle donne cependant 120 talents d'or.
Puis, comme les historiens masculins mettent toujours des romans d'amour dans l'Histoire, on nous dit que cette Reine, éblouie par la splendeur de Salomon, lui accorda ses faveurs. Elle revint dans son pays donner le jour à un prince qui serait l'ancêtre lointain de Ménélik.
Cette seconde partie de la légende est évidemment fausse.
(1) « Le nom des Éthiopiens, nous dit René Guénon (Etudes Traditionnelles, 1948), signifie littéralement « visages brûlés » (Aithi-ôps), et par suite « visages noirs » ; on l’interprète communément comme désignant un peuple de race noire, ou tout au moins au teint noir. Cependant, cette explication trop « simpliste » apparaît comme peu satisfaisante dès qu’on remarque que les anciens donnèrent en fait le même nom d’Éthiopie à des pays très divers, et à certains desquels elle ne conviendrait aucunement, puisque notamment l’Atlantide elle-même, dit-on, fut aussi appelée Éthiopie ; par contre, il ne semble pas que cette dénomination ait jamais été appliquée aux pays habités par des peuples appartenant proprement à la race noire. Il doit donc y avoir là autre chose, et cela devient encore plus évident quand on constate ailleurs l’existence de mots ou d’expressions similaires, si bien qu’on est naturellement amené à chercher quelle signification symbolique ils peuvent avoir en réalité. »

LES BATAILLONS DE HEVAH
La Reine de Saba donna son nom aux bataillons qu'on appelle, dans la Bible, les Bataillons de Hevah. On les appelait aussi Sabathée ou Hevah-Sabathée.
C'est ce que les modernes ont traduit par « Dieu des armées ». Mais d'abord on disait « les armées célestes ».
On appelait les femmes qui composaient ces bataillons des Sabathéennes ou Sabéennes. C'est encore ainsi qu'on les désigne aux Indes. C'est du nom de cette Reine de Saba qu'on fera le mot Sabéisme qui désigne la religion de l'Esprit, et que les prêtres traduiront par la « religion du Feu » pour cacher l'esprit féminin.

LES MYSTERES DE JERUSALEM (suite)
Les 3 fondatrices des Mystères de Jérusalem ont été cachées :
la première, Daud, derrière un roi David légendaire. Cependant, on craignait les revendications des Féministes et, pour les rendre impossibles, on fit, disparaître son cadavre après sa mort ; il fut volé par un des rois de Juda qui succédèrent à Salomon, et sa sépulture fut trouvée vide.
La seconde Reine, Elissar, devint, dans l'histoire des prêtres, l'Architecte Hiram, ou la fille d'un roi de Tyr.
La Reine de Saba seule a gardé son sexe, mais elle a été couverte de boue et présentée comme une femme satanique.
Dans les ateliers maçonniques modernes la Loge est fondée sur 3 piliers, mais ce ne sont plus des femmes. On les appelle Sagesse, Force et Beauté. Ces piliers sont représentés par 3 grandes lumières (le chandelier à 3 branches).
Déjà la Sagesse est symbolisée par la colonne féminine, la Force par la colonne masculine. Mais les modernes ne voient pas la Sagesse dans la Femme, ils y voient plutôt la Beauté.

LES DATES
Nous n'avons pas la date de la fondation des Mystères de Jérusalem.
C'est, évidemment, après le schisme de Juda, qui renversa le pouvoir féministe en 975.
Daud alors était vieille, puisqu'elle avait régné pendant 40 ans. Mais les 2 autres reines étaient jeunes et leur histoire se déroulera après cette époque.
C'est ainsi que nous retrouvons la reine Elissar fondant Carthage quand elle sera elle-même avancée dans la vie, vers 900 (la date est incertaine).
Il existe sur les parois d'un Temple maçonnique, situé boulevard Saint-Marcel, à Paris, un tableau représentant les 3 reines fondatrices des Mystères : une vieille et deux jeunes, Leurs mains enlacées forment le triangle symbolique.

LES INITIATIONS
Le rituel institué par Daud comprenait 3 degrés, imités par ceux d'apprenti, de compagnon et de maître.
On donnait dans ces 3 étapes un enseignement graduel des Vérités que l'hostilité des hommes ne permettait pas de propager ouvertement. On les appelait alors « secrets hiératiques », c'est-à dire concernant les choses sacrées. C'est ainsi qu'on désignait la science divine, c'est-à-dire féminine. Pour la perpétuer à travers les âges, on la représentait par des symboles.
La réception d'un homme dans l'Ordre secret était entourée de minutieuses précautions ; on exigeait de lui la plus grande sincérité, une docilité absolue, une constance à toute épreuve.

PREMIER DEGRÉ
Pendant le premier degré, on étudiait le caractère du postulant et, si on ne lui reconnaissait pas la faculté de comprendre la Vérité, on l'y laissait toute sa vie, on ne lui conférait pas les deux grades supérieurs.
Le grade d'apprenti était donné aux hommes seulement, les femmes pouvant toujours comprendre la science féminine et particulièrement la loi de leur sexe.
Pour montrer que c'est un grade masculin seulement, l'apprenti portait un petit tablier de peau dont la bavette était relevée, de manière à figurer le triangle masculin la pointe en haut.
C'est à la réception de ce grade que l'on disait au récipiendaire que tout ce qu'il avait appris dans le monde profane était une science vaine et que c'est dans le Mystère qu'on allait lui donner la Lumière. Pour graver dans son esprit l'idée qu'il ne savait rien, on lui disait qu'il avait trois ans, c'est-à-dire qu'un apprenti était comme un enfant de trois ans qui avait tout à apprendre.
Le premier symbole dont on lui expliquait la signification était, le signe de ralliement.

LE SIGNE DE RALLIEMENT
Les Sociétés secrètes ont eu et ont, encore, comme signe de ralliement, la lettre T ou la lettre D. Il est utile d'en chercher l'origine.
Dans les « Mystères » égyptiens, le signe de ralliement, était composé de deux lignes, une horizontale et l'autre verticale, de manière à figurer le T des architectes. Ce signe est une lettre, le Tau. Il représente en même temps le triangle féminin. C'est, du reste, la première lettre du nom de la révélatrice égyptienne : « Toth ».
Dans les Mystères de Jérusalem, le signe de ralliement sera la lettre D, le Daleth, ainsi figuré : « ד », une ligne droite horizontale, et une ligne verticale sinueuse.
Si la lettre « ד » était employée comme article en hébreu, le nom de David devrait se lire D (article) Div ou diva (La Diva), les voyelles changeant de place suivant la façon de lire de gauche à droite ou de droite à gauche.
Dans le samaritain, cette lettre, le D, est représentée par un signe qui ressemble déjà au T des autres langues : la ligne verticale est au milieu de la lettre, alors qu'en hébreu elle est reculée à droite.
Nous ne savons pas si c'est le samaritain qui était parlé par les Hébreux et qui avait le plus d'autorité. Cela est probable, puisque c'est Samarie (1) qui reste la capitale de la gynécocratie Israélite, et c'est la version samaritaine du Sépher qui est la plus authentique.
Donc, le Daleth des Hébreux est le Tau des Egyptiens, et le T des Grecs.
La prononciation aurait passé du D au T. Elle est encore confondue chez certains peuples modernes, et particulièrement chez ceux qui sont originaires de Palestine.
C'est parce que le Daleth est la première lettre du nom de David qu'il servit de signe de ralliement au parti qui se forma pour soutenir sa cause.
Cette lettre est devenue l'équerre des Francs-Maçons.
C'est parce que le T était déjà la première lettre du nom de la Divinité féminine (Thée, d'où Théa, Théos, veut dire parfait, et se place avant ou après les noms de femmes : Thémis, Astar-Thée), qu'il avait servi de signe de ralliement aux partisans de la Théogonie.
(1) Le nom même de cette ville : Sa-Marie, semble venir de Isa-Marie, d'autant plus que Sa (qui se dit Shah en Perse) indique toujours la suprématie.

ENSEIGNEMENT DE LA DOCTRINE
On expliquait au nouvel adepte la cosmogonie de Myriam.
Cette science (qui ne ressemble pas à celle des modernes) basait les lois de l'Univers sur les différents états de la substance.
On symbolisait l'état solide par la terre, l'état liquide par l'eau, l'état gazeux par l'air, l'état radiant par le feu.
On expliquait l'évolution des astres et, dans certains « Mystères », une danse grave figurait les révolutions astrales.
Le point dans un cercle ʘ, un des plus anciens symboles, indique l'action des radiations, l'élément force émané des astres et générateur de la lumière, de la chaleur, de la vie.
Mais cette radiation a des sources diverses ; elle vient des multiples étoiles. Les atomes radiants qui la composent représentent sept éléments chimiques distincts, qui génèrent sept lumières colorées, sans compter la lumière blanche qui nous vient du soleil.
C'est là l'origine des sept lumières, des sept couleurs, représentées symboliquement par sept chefs dans les Loges des Sociétés secrètes.
C'est ce qui est rappelé par le chandelier à 7 branches, que les Lévites mettront plus tard dans leurs synagogues, sans savoir ce que, primitivement, ce symbole représentait.
Ces sept lumières sont les Elohim, les sept forces cosmiques. (C'est pourquoi le mot est au pluriel. Nous y reviendrons plus tard lors d'un long développement sur la formation de l'Univers, la création et l'évolution des astres, etc., à l’article du blog intitulé « Cosmogonie ». )

DEUXIÈME DEGRÉ
Ce second degré était, en réalité, celui dans lequel commençait l'enseignement de la doctrine secrète ; il avait une très grande importance. Il fallait d'abord expliquer au néophyte que les Mystères étaient fondés à la gloire du Grand Architecte de l'Univers. Ces mots résument le dogme universel qui existait dans l'antiquité et était la base de la Théocratie.
Il fallait ensuite lui expliquer sur quelle loi de la Nature se fondait le principe de la Divinité féminine, et cela donnait l'occasion de faire l'exposé de toute la physiologie humaine.

LE GRAND ARCHITECTE DE L'UNIVERS
Dans toutes les Ecritures primitives, il était parlé des Architectes (archi-tekton, en grec, de tekton, charpente, ce qui soutient une œuvre) (1) synthétisés par le « Théos collectif », le Panthéon, c'est-à-dire toutes les Déesses qui par une série de fondations, font naître tout ce qui concourt à organiser la vie spirituelle et la vie matérielle qu'on exprimait symboliquement par le Ciel et la Terre.
C'est ainsi que Cérès est appelée « législatrice » ; que Junon est représentée avec des créneaux sur la tête, parce qu'elle fonda des villes. Elle est le Ciel sur la Terre ; on l'appelle Juno-Lucina, et on l'adore dans des fêtes appelées « les Calendes ».
Hera (2) est appelée « Souveraine ». Vénus-Uranie, ou Vénus-Lucifer, porte le flambeau de l'esprit qui dirige et organise.
Les Déesses ne créent pas matériellement, mais spirituellement. Le travail matériel est fait par les « remueurs », les « moteurs », en hébreu « malakim » (messagers), qui sont au service des Déesses (3).
Le nom d'archives, qui a la même racine qu'architecte, était donné aux écritures relatives aux origines.
Les archi-tektons sont synthétisés par le Démiurge, qui tire le Kosmos (l'organisation sociale) du néant, du chaos. (Kosmos désigne le ciel terrestre, c'est-à-dire la vie heureuse de l'époque matriarcale.)
Chaque nation a son genius loci (génie local), partout représenté par une femme qui explique la Nature, en connaît les lois, et concourt à former le Démiurge, l'intelligence universelle.
Elle est en même temps la Mère, créatrice de l'enfant (d'où l'idée de création attribuée à la Divinité) et organisatrice de la vie sociale.
(1) Architekton vient de « archein » (commander) qui vient de « arché » (commencement : celui qui a commandé au commencement), et « tekton » (charpentier), de « teuckein » (fabriquer).
« Il n’est pas sans importance, en ce qui concerne plus spécialement la tradition chrétienne, de remarquer, comme l’a fait déjà M. Coomaraswamy, qu’on peut facilement comprendre par-là que le Christ devait apparaître comme le « fils du charpentier » ; les faits historiques, comme nous l’avons dit bien souvent, ne sont en somme qu’un reflet de réalités d’un autre ordre, et c’est cela seul qui leur donne toute la valeur dont ils sont susceptibles » (R. Guénon, Etudes Traditionnelles, Maçons et Charpentiers)
(2) Il existe encore dans la Franc-Maçonnerie moderne un Rite dit « d'Hérodom », qui est considéré comme la continuation directe du Rite qui a précédé tous les autres. On l'appelle aussi « Rite de Kilwinning », et encore « Rite ancien et de Perfection ». On a beaucoup cherché l'étymologie du mot « Hérodom », sans rien trouver parce qu'on n'est pas remonté assez loin dans l'histoire des sociétés secrètes. On y retrouve le mot latin « hœres », héritier, au génitif pluriel « hœredum », et, pour comprendre la réelle signification de ce mot, il faut se rappeler que Junon est appelée Souveraine, « Hera », en grec, et que ceux qui avaient hérité étaient appelés « Hérès ». Ceux qui servaient Junon étaient les « Hérésides », et c'est de ce mot qu'on a fait « Héritier ».
(3) « L’Architecte est celui qui conçoit l’édifice, celui qui en dirige la construction », dit le F∴ Nergal lui-même. et, sur ce point encore, nous sommes parfaitement d’accord avec lui ; mais, si l’on peut dire, en ce sens, qu’il est véritablement « l’auteur de l’œuvre », il est pourtant évident qu’il n’en est pas matériellement (ou formellement, d’une façon plus générale) « le créateur », car l’architecte, qui trace le plan, ne doit pas être confondu avec l’ouvrier qui l’exécute ; c’est exactement, à un autre point de vue, la différence qui existe entre la Maçonnerie spéculative et la Maçonnerie Opérative. » (R. Guénon, La Gnose, À propos du Grand Architecte de l'Univers, note de bas de page)

LA PHYSIOLOGIE HUMAINE
L'enseignement des lois de la physiologie donné dans ce second degré avait pour but de donner à l'homme les connaissances qui vont lui permettre de réaliser, avec la Femme, l'harmonie spirituelle.
Pour cela, il fallait lui faire comprendre que les deux natures masculine et féminine sont différentes, c'est-à-dire inversement polarisées, ce qui a toujours occupé les femmes ; et ceci prouve que les hommes ont toujours eu de la peine à sortir de leur propre physiologie pour envisager dans un autre être des conditions différentes des leurs. (voir article sur La psychologie et la loi des sexes )
Pour donner à l'homme la compréhension de ces deux natures, on multiplie le symbolisme, afin que le néophyte arrive à se rendre compte du résultat psychique de la polarité inverse des deux sexes.
Dans un tableau qui représente symboliquement les choses qui sont les plus sacrées, on voit les degrés d'une estrade représentant l'évolution humaine.
Deux colonnes, les deux sexes, portant chacune sur le fût une lettre symbolique.
Sur la colonne de droite, celle du Sud, la lettre I, première du mol Iakin (mot qui signifie sagesse). Sur la colonne de gauche, au Nord, la lettre B, première du mot, Booz, qui signifie force (1).
À gauche de la colonne B (symbole du sexe masculin), une pierre brute représente l'homme inculte. Au-dessus du chapiteau, un fil à plomb indiquant qu' « il descend vers la terre ». En dessous de la pierre brute, un ciseau et un maillet entrelacés ; ce sont des instruments de perfectionnement, montrant que l'homme doit travailler à se perfectionner.
À droite de la colonne J (symbole du sexe féminin), un cube coiffé d'une pyramide. C'est l'ascension spirituelle sur le cône sacré. Au-dessus du chapiteau, un niveau, symbole qui veut dire stabilité (l'esprit féminin ne descend pas). Au-dessous du cube à pointe, une fenêtre à grillage, c'est-à-dire par où l'on voit ; cela représente la voyance (intuition). A droite de la fenêtre, un soleil rayonnant contenant une tête : l'Esprit. A gauche (du côté masculin), la lune, dans les nuages.
La colonne masculine est noire ; la colonne féminine est blanche.
Tout cela est entouré d'un grand cordon ayant sept doubles nœuds. C'est le lien qui unit l'homme à la femme, et cela semble représenter les sept âges de la vie.
Les symboles qui accompagnent et expliquent les deux lettres I et B représentent la polarisation inverse de l'homme et de la femme, le principe de vie qui monte chez la femme, qui descend chez l'homme, mais ils sont reliés par les lacs d'amour.
C'est ce même symbolisme qui est représenté par la première lettre de l'alphabet hébraïque, aleph א, deux branches inversement polarisées, reliées par un trait qui va de l'une à l'autre. La lettre A dans notre alphabet a aussi deux branches, dont l'une monte et l'autre descend : c'est l'échelle de Jacob. Aleph est devenu Alpha en grec.
Cette façon de représenter les deux sexes par des colonnes qui soutiennent le monde, est l'origine du symbolisme dans lequel nous trouvons « les colonnes d'Atlas », colonnes féminines qui soutiennent le Ciel (pris pour le monde gynécocratique).
A cela les hommes répondent en appelant ces colonnes « les colonnes d'Hercule ».
Tacite dit que Drusus tenta de pénétrer dans l'Océan par les bouches du Rhin, la renommée lui ayant appris qu'on y voyait des colonnes d'Hercule. Mais Hercule dans le Nord s'appelle Hérold.
Tyr avait un temple qui renfermait deux colonnes semblables à celles de Jérusalem et à celles de Gadès. C'est près de Gadès (Cadix) que l'on place les colonnes d'Atlas.
(1) Havah, d'abord, devient I-havah, nom qui ne servait que dans les Mystères, c'est le nom indicible.
Iahvah fait au pluriel Iakim, qui signifie « les partisans de Ihevah ». Il est probable que, primitivement, ce n'était point un I, mais un H qui était sur la colonne.
Booz vient de B (dans) et ooz (force), ce qui signifie « qu'en force elle sera établie ». Le beth hébraïque est devenu le B, bêta des Grecs. Il est le symbole de la virilité. Le P en dérive et servira à désigner le père.

L'ÉTOILE FLAMBOYANTE
Pour faire comprendre la réaction spirituelle que la sexualité produit chez la femme, on représente l'esprit par une étoile : l'Etoile flamboyante, au milieu de laquelle se trouve la lettre G (ghimel en hébreu). Cette lettre est la première du mot qui indique le sexe féminin dans une multitude de langues. Cette lettre, suivant les idiomes différents, est C, G, K, Q, X.
Parmi les noms du sexe féminin qu'une de ces lettres commence, citons Gunè, femme en grec, Graal, vase sacré (sexe) en celtique, Qvina, femme en suédois, Queen, reine en breton ; en sanscrit, ga signifie être creux, envelopper, contenir. En annamite et dans l'Afrique centrale, ghé exprime l'idée de cavité, de vase, de récipient (1).
Cette signification s'est conservée dans cette expression : vase d'élection.
Dans les Mystères antiques, on expliquait pourquoi elle est la super-âme, l'un suprême appelé Guhya, ou secret. On trouve en hébreu le mot ghilloulim, et en latin Guttin, vase à boire. Chez les Celtes, le G sera remplacé par un C.
Quand vint la période de réaction, on altéra les mots, on changea leur signification ; quelquefois on les retournait.
C'est ainsi que de Ghimel on fit Melchi, comme de Carmel on faisait Melkart.
Et comme les initiés étaient appelés Tsedek, on appela les apôtres du dogme féminin Melchi-Tsedek (Melchissédec).
(1) Charles-André Gilis nous précise ceci, dans son ouvrage « La Petite fille de neuf ans » : « Le sens premier du « GAR » sanscrit est semblable à celui de la racine arabe : il s'agit avant tout d'un creux, d'une cavité, d'un refuge. Précédé du « a » long, il donne pour « Agarttah » le sens de « cavité secrète par excellence », de « refuge par excellence », ce qui correspond aussi exactement que possible au sens du « ghâr » coranique. Les doctrines tantriques mettent en valeur une nuance particulière : il s'agit d'un lieu protégé parce qu'il protège lui-même un processus de gestation, ce qui évoque l'idée, éminemment « féminine », de « matrice ». Par-là, le Centre secret du monde apparaît comme une source de bénédiction et de puissance, exprimée dans le verset sur l'Hégire par la mention de la Sakîna divine. »

LE MOT DE PASSE
Le mot de passe de ce grade était le nom de la grande Déesse Cybèle, qui représente la maternité unie à la spiritualité. Elle, est fille du Ciel (esprit) et Mère des dieux (maternité).
On la représente tenant en main des épis, symbole qui représente la graine humaine, l'ovule.
C'est en souvenir de la Déesse Cybèle que des femmes initiées aux Mystères seront appelées des Sibylles ; et ce sont les rituels des anciens Mystères, dont elles avaient la garde, qu'on appellera les Livres sibyllins.
Le Mexique a conservé plus longtemps que l'Europe le souvenir du mythe de Cybèle. On y trouve un canton appelé Cibola et qui tire son nom d'un lac où réside, dit-on, une fée. Mais ce nom suit l'évolution de tous les mots sacrés ; il est avili ou ridiculisé. La vache, au Mexique, se nomme Cybola.

ORIGINE DU MOT SCHIBBOLETH
Le mot Schibboleth a beaucoup occupé les symbolistes qui en ont cherché l'origine et la signification.
Ce vocable est resté le mot de passe des compagnons et symbolise encore l'épi.
C'est une altération du nom de la Déesse Cybèle, dans sa forme celtique, Cybolla, à laquelle on ajoute la terminaison méprisante eth.
Nous avons montré comment en hébreu le Shin et le Sin se confondent ; c'est pour cela que l'on disait shibboleth ou sibboleth. La terminaison eth est le mot sacré thé retourné.
Le nom de la Déesse Cybolla, qui porte les épis (génération), représentera le vase sacré, qui s'appellera ciboire dans le culte catholique.
Le mot d'ordre du grade des compagnons, Schibboleth (épi de blé, dira-t-on), est représenté par les pommes de grenadier qui se trouvent parmi l'ornementation du temple. En voici l'origine :
Les Hébreux, lorsqu'ils s'établirent d'abord en Palestine, donnèrent à la Divinité les noms déjà consacrés dans le pays. Ils adorèrent la Femme sous les noms d'Aschéra (dérivé sans doute d'Aïsha), une Aphrodite et une Arthémise. Aschéra signifie l'Heureuse, la Favorable ; c'était la Déesse babylonienne ; on lui consacrait le fruit du grenadier dont les innombrables pépins symbolisent la graine humaine, l'ovule. La grenade entrouverte, laissant échapper ses graines, resta, dans les « Mystères », le symbole de l'ovulation, comme les épis de Cérès.
Par ironie, le grenadier sera appelé générâtier, dans le langage symbolique ; schibboleth signifiera nombreux comme les épis.

TROISIÈME DEGRÉ
C'est dans ce troisième grade, la Maîtrise, qu'on expliquait l'origine de l'homme, issu de l'arbre de vie (Nous rétablissons et prouvons notre origine végétale dans l'article concernant nos véritables origines ), symbolisé par l'Acacia, qui fut d'abord appelé « l'arbre de Judée ».
Les savants modernes l'appellent Cercis siliquastrum. Mais, dans la tradition, il reste l'Arbre de Judée, l'arbre célébré dans le Temple de Jérusalem.
Ce symbole remonte à une haute antiquité : les hommes connurent leur origine dès les premiers jours de leur vie consciente. Le terme sanscrit qui désigne l'Acacia est saptaparna, qui veut dire « plante à sept feuilles ». Ces sept feuilles sont les sept folioles de la feuille composée de l'Acacia.
Nulle question ne fut plus ridiculisée. Les hommes, qui ne la comprenaient plus, la représentaient ironiquement par la Mandragore, une plante dont la racine ressemble vaguement à un homme.
Le symbolisme maçonnique a gardé l'Acacia et on retrouve encore dans les rituels quelques phrases qui s'y rapportent, quoique la Maçonnerie moderne semble ignorer la doctrine de l'origine végétale.

LA LÉGENDE D'HIRAM
C'est dans la cérémonie d'initiation au 3e degré des Mystères de Jérusalem qu'on faisait l'histoire de Myriam et qu'on disait : « Notre grande Maîtresse innocente était née pour être heureuse, pour jouir en toute plénitude de tous ses droits sans exception, mais elle est tombée sous les coups de trois assassins. ». Nous avons déjà vu que le nom d' « Hiram » doit se lire de droite à gauche comme lisent les Hébreux et non de gauche à droite suivant l'usage des Européens  : Hiram alors devient Maria. Le heth « H » final se prononce A.
C'est l'antique nom de Myriam qui, en passant de l'égyptien à l'hébreu des temps postérieurs, est devenu Maria.
Daud voulut perpétuer, dans les Mystères qu'elle institua, l'histoire de la grande Femme qui fut l'auteur du Sépher.
D'après la légende qui a surnagé, il y eut trahison et meurtre. On croit qu'elle fut enterrée vivante, comme cela fut dit, peut-être symboliquement. En tout cas, c'est son œuvre qui fut étouffée, tuée, trahie, c'est-à-dire altérée. C'est sa personnalité qu'on s'acharna à faire disparaître de l'histoire ; et l'on y parvint, puisque, deux siècles après Daud, on commença à donner au Sépher un auteur masculin : Moïse.
Daud prévoyait ce meurtre, puisqu'elle voulut perpétuer le nom de MARIA, en le cachant dans le rituel des assemblées secrètes.
Cette précaution prouve qu'on ne pouvait pas glorifier ouvertement Myriam, parce que cette glorification déchaînait la colère des hommes.
On cite parmi ceux qui la trahirent Sterkin, Oterfut, Abibala... dont on fera Jubelas, Jubelos, Jubelum, quand on cachera la première légende sous une seconde (1).
L'acacia, qui symbolisait la Femme et son œuvre scientifique, devint l'arbre funéraire quand elle tomba de son piédestal primitif.
Cet événement est relaté dans toutes les vieilles Écritures sacrées. C'est la descente d'Istar aux Enfers ; celle de Proserpine dans la sombre demeure de Pluton ; c'est aussi le thème du Livre des Morts des Égyptiens.
Mais les Israélites, en reproduisant ce mythe, le personnifièrent en leur grande Femme méconnue, leur législatrice, Myriam Hathor. On désignait cette triste époque par le mot Mac-Benac qui signifie désunion.
Plus tard, dans la seconde légende qui voilera la première, on dira que ce mot signifie : la chair quitte les os, ce qui est en effet une désunion, mais bien différente de la première signification du mot : la désunion de l'homme et de la Femme.
Dans les Initiations aux « Mystères » de Jérusalem, on demandait au postulant s'il avait les mains pures, c'est-à-dire s'il n'avait pas participé au meurtre moral de la Femme, ce qui était alors le grand crime. Puis on lui faisait considérer une tête de mort dans laquelle brûle une lumière (une bougie dans les temps modernes) ; cela signifie : la Femme est morte, c'est dans sa tête qu'a brillé l'esprit féminin. Le rituel lui fait dire : « J'ai été, et je ne suis plus ; j'ai commandé, j'ai aimé, j'ai pratiqué la vertu, et pourtant je ne suis plus. »
Une lumière matérielle a été mise là où brillait la lumière divine, là où la Pensée rayonnait. Qui a détruit ce bel ouvrage ? Cette tête nous indique l'abîme dans lequel nous serons engloutis quand l'imposture aura triomphé et aura poussé l'homme pervers à commettre le crime !
« La Maîtresse que nous pleurons est celle qui nous éclairait dans nos travaux, qui nous consolait dans nos afflictions, et qui soutenait notre courage.
« Cette Maîtresse, c'est Myriam. »
Puis on racontait l'histoire de la femme brutalement renversée par l'homme téméraire qui voulait atteindre le sommet qu'elle occupait, sans se donner la peine d'étudier la science qui y conduit. Il avait voulu conquérir par la force l'autorité qu'on n'acquiert que par la science et la sagesse ; et il la tua, croyant sottement que, Elle disparue, il pourrait occuper sa place et faire ce qu'elle faisait. Mais il s'aperçut alors que le meurtre ne lui donnait pas la lumière, et que, au lieu de la puissance qu'ils rêvaient, les traîtres n'eurent en partage que le remords d'un crime inutile.
Ces traîtres qui tuèrent la Déesse Myriam, pour prendre sa place, ce sont les Prêtres de toutes les Nations.
Cette histoire fut cachée, plus tard, sous une nouvelle « légende d'Hiram », donnant à ce personnage le sexe masculin et masculinisant son nom, en l'appelant Adon-Hiram. Mais l'idée fondamentale resta celle qui faisait le fond de la lutte de l'homme contre la femme, et de sa prétention de faire ce qu'elle faisait, croyant posséder les mêmes facultés qu'elle, du moment qu'il était admis, comme elle, dans la chambre du milieu. (C'est sous ces mots qu'on cacha le secret des Déesses.)
C'est sous cette forme masculinisée que la légende d'Hiram a passé dans la Franc-Maçonnerie moderne. Les rituels en donnent un résumé très suggestif pour ceux qui connaissent bien le symbolisme : c'est encore la mort et la résurrection d'un personnage mystérieux.
Dans les cérémonies antiques, après la scène funéraire, on changeait l'ornementation du temple ; on remplaçait les draps noirs par des draps de couleur ; tout reprenait un air d'allégresse, et l'on célébrait par des acclamations de joie l'heureux jour attendu qui ramenait la lumière qu'on avait crue à jamais perdue.
Ce mythe symbolique, qui a été conservé, remplissait l'histoire de l'époque de Daud ; c'était l'actualité.
En Egypte, la Maîtrise, premier grade de l'Initié, se nommait « Porte de la mort », parce qu'on touchait aux confins de la vie et de la mort, suivant l'expression d'Apulée, on descendait dans la tombe noire de l'Humanité, c'est-à-dire dans la vie de mensonge et d'erreur que faisait naître le règne de l'homme, pour renaître ensuite à la lumière et à la vie renouvelée, avec le retour de la Femme dans son ancien pouvoir.
Cette allégorie, toujours la même, se retrouve dans toutes les religions, dans une multitude de légendes, sous des noms différents. Partout c'est la même idée : un martyr succombe sous les coups du génie du mal et subit le trépas pour recommencer bientôt après une vie glorieuse et immortelle. C'est le dogme de la lutte éternelle des sexes, des deux Principes opposés qui pèsent sur le monde : le Bien et le Mal, la Lumière et les Ténèbres.
Si nous lisons l'histoire des siècles passés, si nous jetons les yeux autour de nous, nous voyons que, partout où la Femme est vaincue, le talent est méconnu, la vraie science méprisée, la vertu persécutée, l'ignorance, le fanatisme et l'ambition gouvernent le monde.
« Détruire cet empire pour faire régner à sa place la Vérité, qui est la science même, la défendre contre des ennemis intéressés à la proscrire ; telle est la tâche qui était imposée aux Initiés, tel est le devoir qu'ils devaient remplir, même au péril de leur vie. »
Ces admirables paroles que les Femmes asservies et persécutées avaient mises dans leurs rituels, la Tradition les a propagées et les Loges les ont textuellement gardées.
(1) « Les trois assassins d'Hiram, dont les noms varient, ont été appelés Abiram, Romvel, Gravelot, ou Hobbhen, Schterche, Austersfuth, ou Giblon, Giblas, Giblos, etc. Les Templiers y voient Squin de Florian, Noffodei et l'inconnu qui les trahirent. Dans les Rose-Croix de Kiwinning, les trois assassins de la Beauté sont Cain, Hakan, Heni » (Papus).

L'AUTEUR DES RITUELS
Les Rituels des Mystères de Jérusalem ont été écrits dans le même esprit que les Psaumes : on y trouve, comme dans la doxologie, l'agonie de la Puissance Féminine, le cri de vengeance de la Femme trahie, le chant de tristesse dont les échos vont envelopper le monde.
Nous pouvons donc croire que c'est Daud elle-même qui a écrit le rituel des trois premiers grades, les seuls qui existèrent primitivement. Nul homme, par la suite, n'a atteint à cette hauteur spirituelle et morale. Une femme, et une femme-déesse, comme Daud, pouvait seule écrire cela.

SALOMON (SHELOMOH)
Avec Daud (David) disparaît, chez les Hébreux, le pouvoir sacerdotal de la Femme, qui avait été exercé en Israël depuis Myriam.
Cependant, Les Soffetim, qu'on appelle Juges et non Jugesses, sont les femmes qui continuaient les traditions des premiers temps, et toutes leurs luttes, qui ont pour objet de maintenir le régime primitif et le culte de Hevah.
Aussi, leur pouvoir était sans cesse attaqué par les hommes qui méconnaissaient leur autorité et voulaient régner à leur place.
L'homme voulait régner pour imposer sa volonté, pour asservir ceux qui étaient plus faibles que lui, pour leur prendre leurs biens par la force, c'est-à-dire par la guerre, pour agrandir sa puissance en s'emparant du territoire des autres.
La Femme qui régnait ne cherchait qu'à faire prospérer ceux qui l'entouraient, à faire régner la justice, la paix, à donner à chacun ce qui lui était nécessaire, à faire marcher les hommes dans la bonne voie.
Elle ne s'occupait pas de conquêtes, elle n'attaquait jamais, elle se défendait quand elle était menacée, ou cédait la place à l'envahisseur et s'en allait fonder ailleurs une nouvelle maison, une nouvelle tribu.
C'est sous le régime gynécocratique que le peuple d'Israël avait existé jusqu'à Salomon.
Il avait été souvent attaqué et souvent déplacé, ce petit peuple qui était venu vivre au milieu des Chananéens.
Cependant, Daud, qui acquiert plus de puissance que ses devancières, arrive à former une nation stable qui a une brillante capitale, Jérusalem.
C'est sur ces fondements que nous allons voir son fils Salomon étayer sa puissance.
Il va régner en homme, c'est-à-dire en conquérant cherchant à agrandir son royaume et en ambitieux cherchant à augmenter sa fortune.
Nous allons le voir « dominer sur tous les royaumes, depuis le fleuve d'Euphrate jusqu'au pays des Philistins et jusqu'à la frontière d'Egypte ».
Plus préoccupé des biens matériels que des choses morales, il s'entoure d'un luxe inouï.
Et, malgré tout cela, on le représente comme un sage « dont la sagesse surpassait celle de tous les Orientaux et toute la sagesse égyptienne ».
Tout cela a évidemment été écrit à une époque où il fallait justifier le régime masculin en donnant aux Rois toutes les qualités des Soffetim ou des Reines, en donnant à Salomon tous les mérites de sa Mère.
Si dans sa jeunesse il suivit les sages conseils de Daud, il fut, par la suite, corrompu par la richesse et par le pouvoir, et devint un despote qui se fit craindre plutôt qu'aimer.

LES ROIS-DIEUX
L'ambition de l'homme est sans limite ; après s'être élevé au plus grand pouvoir social en prenant le titre de Roi, il va disputer à la Déesse son rang suprême, son titre et sa puissance, et l'on vit les Melek se déclarer Dieux ; tel Baal-Melek.
Les rabbins ont fait de ce mot Molek, et la Vulgate, Moloch, nom qui évoque le souvenir d'un homme terrible qui sacrifie les enfants : c'est l'ogre, le buveur de sang, Quel que soit la façon dont on écrit ce nom, il représente une puissance usurpée et mal employée.
C'est particulièrement ce Melek que la Femme combat. On le représente avec une tête de bœuf et un corps d'homme. Le taureau et le sanglier étaient aussi ses représentations symboliques.
Donc le Roi en Judée va s'appeler Melek, on l'appellera Molok chez les Ammonites, Melkarth chez les Tyriens, où il sera roi de la cité, Malica à Amathonte, ville sémitique, Amilcar à Carthage.
Il régnera en même temps que les dieux-mâles Belial, dieu des trésors cachés, Baal-Phégor, divinité phallique, Baal-Peor, Baal-Zébuth, Baal-Berith. Quant à la Déesse, elle sera représentée par Asara ou Astaroth et symbolisera la Volupté.
Partout l'homme s'élève au rang de la Divinité, et partout il met son image, multipliant les figures qui le représentent.
C'est ce qui horripile les Femmes, aussi partout elles ont un mot pour flétrir les usurpateurs, « bosheth » (la honte).
C'est ainsi que nous avons vu ce mot ajouté au nom de Gédéon Yeroubaal, que l'on change en Yeroubosheth, Gédéon la honte (Juges, VI, 32).
Le mot Melek uni à Baal, « Baal-Melek », veut dire « Baal est roi », l'homme règne.
C'est la répétition de ce qui se passait en Egypte où on annonçait le règne d'Osiris en disant : « Malak-Osir », « Osiris règne ».
Le droit de régner était divin, parce qu'il était féminin.
C'est en bravant ce droit que le Maléak de la Déesse, jadis exécuteur de ses ordres et serviteur de ses volontés, prend sa place, s'empare de son pouvoir, refuse de reconnaître son autorité.
Et plus elle s'indigne, plus elle jette l'anathème sur le révolté, plus il se fait gloire de sa révolte. Il a perdu le sens de la valeur de ses actes, il brave la loi morale, il brave le droit divin de la Déesse et par la force se rend maître des nations.
Les femmes appelaient cette action une « bravade », les hommes qui la commettaient, des braves (ceux qui bravent).
De ce terme qui était une flétrissure, les hommes firent un éloge et le mot bravade en devenant bravoure, cette violation d'un droit, devînt une qualité.
Mais le Droit Divin émanait d'une puissance supérieure, d'une loi de la Nature même, le prestige qui s'attachait à la Déesse ne pouvait rejaillir sur des hommes que si elle-même leur concédait l'autorité dont ils s'emparaient.
Jadis ils étaient ses « messagers » parce qu'elle avait confiance en eux ; ils étaient, près d'Elle, ses serviteurs en même temps que ses adorateurs ; ils recevaient d'Elle la suprême consécration ; et c'est cet acte qui restera symbolisé dans l'onction des rois.
Mais le droit d'onction que la Femme concédait à l'homme est singulièrement détourné de sa signification primitive depuis que l'homme est devenu la copie grossière de la Déesse.
Longtemps, dans l'antiquité, les Reines eurent mission de sacrer les rois. C'est ainsi qu'ils font sanctionner leurs actes de révolte par l'approbation de la femme, alors que c'est contre elle qu'ils vont régner.
Quand, dans la seconde forme religieuse, le Prêtre aura mis au sommet un Dieu, maître des Dieux et des hommes, c'est lui qui sacrera les rois.
Mais ce Dieu n'était lui-même que le fidèle exécuteur des ordres du Destin (fatum), mot vague que l'on mettait à la place du nom de la Déesse.

LA LUTTE POUR L'ENFANT
Les hommes voulaient enlever l'enfant à sa Mère, par un sentiment de jalousie, qui est bien humain, puisqu'il a toujours existé.
Cependant, chez les Juifs, nous voyons la jalousie céder à l'intérêt. L'homme laisse l'enfant à la Femme, mais le lui fait payer.
Dans l'Exode (ch. VIII), Dieu dit à Moïse :
2. « Sacrifie-moi ton premier-né, tout ce qui naît le premier parmi les enfants d'Israël, tant hommes que bêtes, car il est à moi. »
12. « Alors tu présenteras à l'Éternel tout ce qui naîtra le premier, même tous les premiers-nés des bêtes, ce que tu auras de mâle sera à l'Éternel. »
Donc on obligeait la mère à sacrifier son premier-né ; mais, à côté de cette loi barbare, il y avait la dispense hypocrite, la vraie cause de la loi, le rachat facultatif de l'enfant. « La religion accorde que l'enfant peut être racheté par le sacrifice d'un mouton, et non seulement l'enfant, mais l'âne, la bête utile chez les Hébreux comme chez nous le cheval. »
Cette loi prétendue religieuse n'est qu'une contribution indirecte prélevée sur les sentiments maternels. Comment la femme eut-elle la faiblesse de se soumettre à de pareilles énormités ?
Les Juifs pratiquaient les sacrifices d'enfants. Cela entrait dans leur système de réaction méchante contre la femme, c'est elle qu'ils voulaient atteindre en torturant ses petits, c'est une des formes de la vengeance masculine contre la femme qu'il jalousait, c'est pour faire souffrir la mère qu'il tuait l'enfant, horrible sentiment qui est resté comme un héritage atavique dans la psychologie masculine, et que nous retrouvons encore chez certains criminels modernes.
La religion masculine était une parodie dans laquelle tout ce qui avait fait le fond de la religion antique était tourné en dérision et en cruauté.
C'est ainsi que le sacrifice change de signification quand l'homme, devenu sanguinaire, met le meurtre où le culte féminin avait mis la vie. C'est pour narguer la femme que l'homme qui tue prétend « offrir un sacrifice à Iehaveh, pour le calmer », alors que c'est ce qui irrite la femme contre lui. Du reste c'est au Dieu mâle, Moloch ou Molek, que l'on offre du sang.
Et les Hébreux pervertis pratiquaient ce culte barbare sans hésitations et sans scrupules. Les rois même brûlaient leurs enfants dans la fournaise de Baal-Molok en les jetant dans la gueule embrasée d'un bœuf d'airain chauffé à rouge qui figurait la divinité masculine.
Les historiens grecs et latins parlent des sacrifices d'enfants qui se faisaient à Carthage pour plaire à Cronos ou Saturne.
Les Spartiates précipitaient dans le gouffre de l'Apothétès les enfants qui naissaient avec un vice de conformation.
Les massacres d'enfants avaient différents prétextes. Ainsi, chez les Arabes, on faisait mourir les filles qui naissaient, afin, disait-on, d'éviter d'être déshonoré par elles, si une d'elles tombait entre les mains des ennemis. On les vouait à la mort. Chez les Rajpouts de l'Inde, le meurtre des filles fut longtemps pratiqué.
Ce qu'on a appelé « le massacre des innocents » se pratiqua sur une grande échelle ; les filles surtout étaient sacrifiées, par haine du sexe évidemment, et pour affaiblir le parti féministe en en diminuant le nombre, c'est à ce point qu'en certains endroits les femmes finirent par manquer.

LA PIERRE ANGULAIRE
On appelait Pierre angulaire celle qui soutient un édifice.
L'habitude des paraboles avait fait adopter les termes qui se rapportent aux constructions pour exprimer tout ce qui se rapportait à l'édification de la société. C'est ainsi que l'on désigna par les mots « pierre angulaire » la Femme, soutien de l'édifice social.
Nous trouvons dans les Psaumes (CXVIII, 22) : « La pierre rejetée par les architectes est devenue la pierre angulaire. »
Il s'agit de Daud (David), cette Grande Femme qui était Reine d'Israël et de Juda et qui a été rejetée par des hommes qui ont pris sa place.
Quand les Prêtres reprirent ces idées, sans en comprendre le sens, ils crurent que réellement une femme, un être vivant, devrait être enfoui dans le sol pour servir de pierre angulaire aux édifices que l'on élevait. Et, comme c'était là un meurtre devenu légal, et même sanctifié, ils exploitèrent cette erreur devenue une superstition au profit de leur cruauté. Ce fut l'enfant qu'ils consacrèrent surtout à ce genre de sacrifice, parce que l'enfant ne se défend pas !
VI, 26. « Maudit sera devant l'Éternel l'homme qui se mettra à rebâtir cette ville de Jéricho. Il la fondera sur son premier-né et il mettra ses portes sur le plus jeune de ses fils. »
Au Moyen Age, les exploiteurs de la crédulité publique montraient la pierre angulaire, mentionnée dans la Bible.

LA SAGESSE DE SALOMON
Salomon, bien loin d'être un roi sage, est un homme perverti qui se livre à l'adoration des Dieux mâles.
Il bâtit un temple à Milkom, le Dieu des Ammonites, il en construisit un à Kamosh le Dieu de Moab, le terrible ennemi des femmes Israélites, et le plaça sur la montagne qui fait face à Jérusalem, la ville sainte des Féministes, la Ville glorifiée par la grande Reine Daud. Enfin, il en édifia un aussi à l'horrible Moloch, le Dieu des fils d'Ammon qui a sacrifié les enfants.
C'est cette façon d'édifier des temples consacrés aux dieux mâles, en face des temples des Déesses, qui fit donner à ceux qui les faisaient construire le nom de Profanes (de pro, devant, et fanum, temple) (1).
Le professeur Sellin, de la Faculté de Théologie évangélique de Vienne, a fait des fouilles dans la région biblique de Megiddon, où il y a 4 collines, et y a découvert les ruines d'un château de l'époque de Salomon, derrière lequel se trouvait un cimetière pour les enfants. Les corps de ceux-ci étaient dans des urnes en terre cuite. Au milieu du cimetière était un autel qui indique que là se trouvait le sanctuaire de Baal. C'est ainsi que, peu à peu, les mœurs de cette époque nous sont rendues.
D'autre part, c'est au sud de Jérusalem, près de la porte des Potiers, dans la vallée de Hinnom, que les Juifs bâtirent un temple à Moloch à qui ils sacrifiaient des enfants.
Cette vallée était, sous le régime des Israélites féministes, un lieu de promenade ; il y avait là de belles fontaines qui répandaient leurs eaux dans tous les jardins. La verdure et les fleurs rendaient ce lieu des plus agréables. Mais depuis que les masculinistes y avait fait construire un temple à Moloch, cet endroit était devenu un lieu d'abomination en exécration à toutes les femmes.
(1) C'est du nom de la Déesse Fana ou Fatuna qu'est venu le mot Fanum, qui signifiait « endroit consacré » à quelque divinité que l'on venait consulter. Plus tard, le culte des Fanes (les Fées chez les Celtes) fut imité par des hommes que l'on appela Faunus (Faunes). Ils voulurent se mettre en face de la femme et on les appela Entheos-Fanæ. C'est ainsi qu'on désignait les prêtres grecs et aussi les Galles, prêtres de Mars. Entre eux, ils ne prenaient pas en mauvaise part ces termes qui les désignaient, quoique, quand ils prenaient le nom de la Déesse Fatua, on les appelait Fat avec ironie et on les accusait d'infatuation (Faunus Fatuellus). Ils se vengeaient par l'insulte, de Fatua faisaient Fatalité et de Fana faisaient Fanatique.

LE JUGEMENT DE SALOMON
Le chapitre III du premier Livre des Rois contient le récit fameux appelé le Jugement de Salomon. Il s'agit de deux femmes se disputant un enfant.
Nous voyons dans ce récit une parabole de la lutte pour la possession de l'enfant.
C'est, en réalité, de la lutte du père contre la Mère dont l'histoire est remplie, lutte d'où sortira le droit paternel. Jusque-là, le droit maternel seul a existé, l'enfant n'a appartenu qu'à sa Mère ; le père vient le lui disputer, elle en appelle au Soffet qui dit, très sagement : Celui qui est digne d'avoir l'enfant, c'est celui qui veut son bien.
Le partage en deux de l'enfant, que l'homme demande, c'est le partage moral de son âme, c'est-à-dire de la direction à lui donner, vers le bien ou vers le mal. Le récit tel qu'il est fait est contre la nature féminine.
De plus, le style employé prouve l'intention misogyne de l'auteur ; il dit : « Alors deux femmes débauchées vinrent », etc. Or il n'y avait pas de femmes débauchées sous le régime gynécocratique ; on n'a inventé la débauche de la Femme, pour l'outrager, que sous le régime masculin.
Avant cela, toutes les femmes étaient débauchées, puisque l'amour était libre et glorifié.
C'est à ce moment, du reste, que nous voyons les hommes commencer à se servir de la paternité pour se donner des droits qu'ils n'ont pas eus jusque-là ; et c'est pour affirmer ces droits nouveaux qu'un auteur anonyme écrira l'histoire nationale d'Israël en supprimant la filiation maternelle et en la remplaçant par la filiation paternelle.
Le livre des Chroniques, qui renferme cette histoire, est un modèle du genre ; il ne semble pas avoir eu d'autre but, tant on y met d'affectation à dire : un tel, fils d'un tel ; les femmes n'y sont pas nommées, et on fait ainsi remonter les généalogies à Adam, en les masculinisant, ce qui dénote une intention évidente d'outrager la femme.

REACTION MASCULINE CONTRE LES « MYSTERES »
Les trois femmes qui fondèrent les « Mystères de Jérusalem » furent prises en haine par les masculinistes de leur temps, et particulièrement par Salomon, leur grand ennemi. Et la haine grise comme le vin, elle trouble l'esprit, elle empoisonne le cœur, elle obscurcit la conscience ; c'est pour cela que nous trouvons leur histoire relatée de trois manières.
- Dans les Sociétés secrètes, elles sont des personnages d'élite et remplissent un rôle glorieux.
- Dans la Bible, elles sont ou supprimées ou infériorisées, et c'est Salomon leur ennemi qui est le grand roi sage et magnanime.
- Dans d'autres documents épars et moins connus, on a les traces de la haine que nourrissaient pour elles ceux qu'on appelait des « profanes ».
Un écrivain anglais, la Princesse Karadja, a publié un livre sur le Roi Salomon, dans lequel elle donne à ces femmes le rôle infernal créé par la haine masculine.
Elle raconte entre autres que « Dans le Codex de Paris, « Le Testament de Salomon », traduit par Conybeare, déclare que la Reine de Sheba est une sorcière.
Elle ajoute que « Dans le Monatschrift für die Geschichte und Wissenschaft des Judenthum (1870, p. 187), Lilith, la Reine des démons, est identifiée avec la Reine de Saba.
« Elle a été convaincue d'avoir assassiné son prédécesseur sur le trône, dans leur nuit de noces », et cela plusieurs siècles avant l'institution du mariage, et c'est avant qu'il y eût des hommes sur le trône qu'elle assassine son prédécesseur, alors que ce sont les hommes qui ont renversé le trône des femmes. »
Tel est ce curieux document écrit par une femme qui prend pour des réalités les incohérences de la folie haineuse des hommes pervertis par la débauche.
Il est bien évident que dans des documents masculins on trouve souvent l'expression de cette haine empoisonnée. Mais il faut être bien mauvais psychologue pour ne pas en comprendre la signification renversée, c'est-à-dire attribuant à la femme le satanisme des hommes qui la combattent.
Mme Karadja, s'appuyant sur ce qui est dit dans le livre d'Ezékiel contre Hiram (Marie), en fait un archange tombé : le chérubin oint qui ombrage, s'étant glorifié lui-même, il fut précipité dans l'abîme.
Mais elle ne sait pas que ce livre fut révisé par les prêtres, après la dispersion d'Israël.
Elle dit que c'est la femme-Satan qui a empêché Salomon d'édifier le Temple du Saint-Esprit, alors qu'il édifie des Temples aux dieux mâles, pour combattre le Saint-Esprit féminin.
Faut-il s'étonner, après toutes ces calomnies, que le nom de Marie (Hiram) ait signifié « mer d'amertume » ?
En espagnol, Maria fait mar et amargura.
Nous avons déjà dit qu'il nous semble que c'est le nom d'Hiram qui est devenu Herem (interdit).
N'est-ce pas aussi par ironie contre l'Esprit féminin et contre la loi de chasteté qu'il est devenu Harem ?

LE RÈGNE DE L'HOMME
Nous sommes arrivés à la fin du règne de Salomon, ce roi que ses flatteurs dotent de tant de sagesse et qui fut un grand fou.
C'est sous son règne et à cause de son règne que recommencent les luttes de sexes et qu'elles deviennent ardentes.
Salomon se servit du pouvoir qu'il prit pour agir en homme qui secoue toute loi morale ; il fut débauché (l'histoire lui donne 700 femmes et 300 concubines), ambitieux, puisqu'il subjugua tous ses voisins, avide de richesses et misogyne, car il pratiqua et favorisa le culte d'Astaroth (la femme ridiculisée).
Quant à la femme que Salomon aima, c'est celle qu'on va appeler la Sulamite, nom formé des mêmes consonnes que Salomon, dont il est le féminin. C'est cette femme-là qui chante son amour pour l'homme dans le Cantique des Cantiques.
Tout cela devait soulever contre ce roi l'indignation des populations encore féministes.
Et, en effet, le royaume fut divisé : 10 tribus restèrent féministes et gardèrent le nom d'Israël ; 2 seulement, qui prirent le nom de Juda, restèrent au pouvoir des hommes. L'une de ces tribus même ne fut laissée à la descendance de Salomon que par amour pour Daud, « afin que Daud mon serviteur (dit Hevah) ait toujours une lampe devant moi à Jérusalem, qui est la ville que j'ai choisie pour y mettre mon nom » (Rois, XI, 36).
Roboam, fils de Salomon, régna après son père, qui avait occupé le trône pendant 40 ans ; il ne fut pas meilleur que lui.
L'histoire a voulu couvrir de gloire l'homme qui fut le premier roi, le vainqueur de la Gynécocratie. C'est pour cela qu'on lui attribue toute la gloire de Daud, qu'on le représente comme l'auteur de nombreux ouvrages qui sont des œuvres de sa Mère et particulièrement de ses livres de Science naturelle.
Cependant, les lois de la psychologie démentent ce fait ; c'est qu'il n'est pas possible qu'un homme débauché soit un sage, un penseur, un savant. Celui qui a 700 femmes et 300 concubines n'écrit pas des ouvrages de science.
Les historiens qui ont attribué à Salomon l'œuvre de Daud, ses Psaumes, ses ouvrages de science et de sagesse, lui ont aussi attribué la construction de ce Temple, dans lequel la doctrine de cette Reine et celle de Myriam devaient être enseignées.
Tout ce que la Bible nous dit de la construction du Temple, de son organisation intérieure, de ses fondations, a pour but de dénaturer les vérités cachées dans les « Mystères » et d'effacer l'action féminine en la remplaçant par l'action masculine. C'est une œuvre de haine et d'ignorance.
Et, quoique les prêtres qui écrivirent ces Livres (Rois, Nombres, etc.) prétendent savoir ce qui se passait dans le Temple, ils n'en comprirent jamais la portée spirituelle.
Ce n'est donc pas Salomon qui construisit le Temple, qui portait à son sommet l'image d'une Femme et qui fut dédié à Hevah, dont il portait sur son frontispice le nom sacré.
Les constructions édifiées par Salomon étaient des palais avec des harems ; et, quand il fit construire des temples, il les consacra aux dieux mâles, que les Israélites avaient en abomination.
Quant au Livre de « la Sagesse », attribué aussi à Salomon, il fut écrit par un Juif d'Alexandrie, peu de temps avant l'ère chrétienne.
C'est la Reine de Saba qui a écrit le livre qu'on a intitulé « les Proverbes de Salomon ».
Pendant plus de 1.000 ans, une foule de livres contenant des règles de sagesse pratique et même d'art manuel ont été mis sous le nom de Salomon.
Le mot Salomon ou Soliman est un nom générique et symbolique, il indique une ère nouvelle : le règne de l'homme seul !
On veut lui faire signifier la Paix, alors qu'il inaugure le règne de la guerre

NOUVEAUX MYSTÈRES (Contre Salomon et ses successeurs)
La mort de Daud (David) n'avait pas interrompu la célébration des Mystères ; on continuait à donner dans le Temple l'enseignement qu'elle avait fondé. Mais le désordre qui s'était produit pendant le règne de Salomon avait créé des circonstances nouvelles contre lesquelles il fallait réagir.
Il est bien certain que, malgré toutes les précautions prises pour empêcher les trahisons, les défections, on eut des inquiétudes, des méfiances sur la valeur et la sincérité de quelques adeptes, car nous voyons que les Directrices de la Religion secrète se concertent et décident de créer de nouveaux grades dans lesquels on n'admettra que les hommes d'élite dont on sera absolument sûr.
C'est pour cela que nous voyons ajouter, aux anciens grades, des grades nouveaux plus secrets que les premiers et répondant aux événements du temps, aux besoins de la lutte dans ses phases nouvelles.
Depuis la mort de Daud jusqu'à l'époque des prophètes, on institue cinq nouveaux grades, qui sont intitulés :
- Le Maître secret
- Le Maître parfait
- Le Secrétaire intime
- Le Prévôt et Juge
- L'Intendant des bâtiments

LE MAÎTRE SECRET
Les événements qui viennent de s'accomplir ont plongé les femmes dans la douleur. C'est pour le rappeler que le temple est orné de tentures noires parsemées de lames d'argent.
Ce grade a pour objet de réagir contre les deux grandes violations du « droit naturel », introduites dans le monde par Salomon :
- La première en donnant le titre Divin à des personnifications masculines en même temps que l'autorité suprême, alors que ces personnalités mâles ne représentent pas le bien, mais le mal.
- La seconde question est celle qui consiste à disputer l'enfant à sa Mère, ce qui est une violation du Droit maternel. Les initiés déclarent qu'ils ne veulent parmi eux aucun outil de fer, parce que l'homme a tué par le fer. Salomon ayant introduit des Dieux nouveaux chez les Israélites et leur ayant construit des temples en face du Temple de la Déesse d'Israël IVAH, on institua ce nouveau Mystère pour protester contre cette profanation.
Nous voyons ici introduire, dans les luttes de sexes, une lettre de l'alphabet hébreu, le iod (I), qui symboliquement représente le sexe mâle.
Les hommes vont créer l'hermaphrodisme divin en mettant cette lettre devant le nom de HEVAH, qui va devenir IAHVEH. C'est cela que, dans ce grade nouveau, on explique et combat.
Le nom sacré HVH, qui résume la Divinité féminine, était donc déjà méconnu dans sa signification sexuelle Divine, bientôt il sera parodié, puis supprimé, et les Maçons modernes nous enseignent que c'est dans ce grade qu'on explique que, chez les Juifs, le Grand-Prêtre seul avait la permission de prononcer ce nom, et cela une seule fois dans l'année, le jour de l'expiation. Les lévites, par le bruit qu'ils faisaient dans ce moment, empêchaient qu'il fût entendu de la multitude.
Les masculinistes avaient aussi tenté d'introduire un nouveau dieu mâle, Adonaï, qu'on allait essayer de substituer à la Déesse, mais dont on ne s'occupera que beaucoup plus tard. C'est le polythéisme qui commence et que les rituels masculins résument dans le mot Dii, pluriel latin qui signifie les dieux.
Le 4e degré nous montre que, dans l'œuvre de la génération, l'être humain n'est que le metteur en acte d'un principe de vie élevé qui est en lui et non en dehors de lui. Il n'y a donc pas un Dieu créateur extraterrestre, la Nature est éternelle, et il n'y a pas de création dans le sens que les religions masculines donnent à ce mot ; ce n'est pas un Dieu qui crée, c'est la Mère qui accomplit l'œuvre de la génération. C'est elle qui est la créatrice, et c'est pour cela que l'enfant qui est sa chair et son sang lui appartient et que l'homme n'a pas le droit de l'en séparer. On fait appel à sa conscience pour lui faire comprendre son devoir vis-à-vis de la Mère et de l'Enfant.
Cette prétention de l'homme de prendre le titre divin a comme conséquence de donner au père les droits de la Mère sur l'enfant ; c'est ce qu'on a caché dans le Jugement de Salomon, la lutte pour la possession de l'Enfant.
L'idée fondamentale que renferme la philosophie des Hébreux était que la Divinité (Hevah) contenait toutes choses en elle-même (les Dieux se suffisent) et que l'homme était son image (image physique dans l'enfant), sa reproduction (image spirituelle dans l'homme qui l'imite).
La femme semblait pour eux une Androgyne.
Si la cause primordiale était inconnaissable pour l'homme, elle devenait une manifestation compréhensible dans la vie sexuelle. Alors un symbole explique tout, le cercle, organe femelle, avec son diamètre, organe mâle.
De ce phallicisme, les Kabbalistes masculinistes firent naître l'idée de géométrie et d'astronomie.
On sait que l'œuf est un symbole sacré dans les Mystères de l'antiquité parce qu'il représente l'action maternelle, le commencement de la vie. Il est la virtualité, l'existence potentielle, comme la semence d'un arbre. C'est pourquoi le cercle (zéro) qui le représente est le commencement de toute l'échelle numérique dans l'ancien système duodécimal des Chaldéens.
Le zéro est un cercle sans centre ; en hébreu, on l'appelle Kether, mot qui signifie « la couronne », parce que l'ovule est considéré comme résultat d'une fonction sacrée, laquelle donne comme réaction la sagesse, Hokmah, et l'intelligence, Binah.
C'est cette loi du sexe féminin qu'on explique dans ce Mystère pour l'opposer à la loi du sexe masculin et en montrer les conséquences sociales.
Kether, « la couronne », symbolise la lumière de l'Esprit qui monte en vertu de la polarité féminine ; c'est pour cela qu'on la représente d'abord comme un cercle d'où sortent des rayons en forme de pointes.
La couronne devint le symbole du pouvoir de rayonnement des astres, parce qu'elle atteint la tête dirigée vers le ciel et dans le ciel brillent le soleil et les étoiles ; c'était l'hiéroglyphe du soleil rayonnant.
Plus tard, la couronne lumineuse qui représente l'Esprit qui monte sera un cercle de lumière placé au-dessus de la tête des saintes. On mettait ce symbolisme en opposition avec la double nature du sexe masculin qui fait descendre son esprit (son principe de vie) vers les régions basses de son être, d'où la dualité qui le divise nécessairement pour donner la vie à l'Eidolon (idole en grec), (l'enfant) qui le reproduira.
C'est cette loi des sexes, expliquée dans le plus grand secret, qui sera cachée dans les livres de la Kabbalah et dans le mystère des nombres.

LE MAÎTRE PARFAIT
Dans ce second grade ajouté, une des questions dont on s'occupe, c'est de rechercher quels furent les traîtres meurtriers de Myriam, c'est-à-dire le commencement de la révolte dont les effets sont devenus si désastreux. C'est l'histoire rétrospective qu'on semble vouloir fixer.
Après cela, on enseigne un chapitre de la science secrète, celui qui se rapporte à la Genèse primitive, l'origine végétale.
On montre le Soleil générant l'Arbre de vie qui évolue vers le genre humain, lequel se reproduira, plus tard, par génération sexuelle.
La génération s'explique par un symbole : la quadrature du cercle. Les deux sexes sont représentés par deux triangles, qui unis forment un cube ; c'est en réunissant les deux sexes (les deux triangles) qu'on réalise la quadrature du cercle, figure qui représente la génération sexuée.
Cette science des origines expliquée est une occasion de rappeler à l'homme qu'il est un être fini, qui ne peut pas trouver par lui-même les lois de la Nature, et que son intelligence a besoin d'être éclairée par l'Ange de lumière qui lui a révélé les vérités cachées ; c'est elle qui éclaire le monde malgré la lutte soutenue contre elle ; aussi un des mots de passe de ce grade est cette phrase : « Je suis celle-là qui suis », rappelant que Hevah représente l'être intégral.
Il a déjà été expliqué comment cette phrase a été altérée, devenant d'abord : « Je suis cela qui suis », puis, plus tard, « je suis celui qui suis ».
C'est parce que dans ce grade on a rappelé l'Arbre de vie qu'un des mots de passe est « Acacia ».
Nous allons mieux comprendre maintenant l'histoire relatée dans la Bible, puisque nous pourrons la suivre parallèlement dans les Sociétés secrètes qui en seront la contrepartie.
L'Ancien Testament, dans sa forme altérée, c'est le livre de la justification des prêtres dans les luttes de sexes.

LE SCHISME DE JUDA (975 ans avant notre ère)
Pendant 516 ans, c'est-à-dire depuis la mort de Myriam jusqu'à la mort de Salomon (975 ans avant notre ère), le peuple d'Israël ne forma qu'une nation.
Son gouvernement matriarcal avait répandu sur le monde un vif éclat malgré les luttes incessantes qu'il ne cessa jamais de soutenir contre les attaques des hommes.
Au milieu des menaces qui surgissaient à tous moments et des attaques sous lesquelles la puissance féminine devait finir par sombrer, le peuple oubliait le Sépher et la loi morale dont les Sociétés secrètes seules gardaient la tradition ; la nation s'agitait dans des convulsions intestines qui amenèrent la révolte des tribus de Juda et de Benjamin qui se séparèrent du peuple d'Israël. C'est ce qu'on appelle « le schisme de Juda ».

LES DEUX ROYAUMES
Ainsi donc, après la mort de Salomon, la nation se divisa en deux Royaumes. Celui du Nord, le plus étendu et le plus nombreux, resta fidèle aux anciennes institutions. Il comprenait dix tribus et garda le beau nom symbolique de la puissance féminine : Israël. Samarie devint sa capitale.
La tribu d'Ephraïm, la plus grande et la plus belle, servait quelquefois à désigner le royaume du Nord (1).
L'autre royaume, celui des partisans du pouvoir masculin, prit l'appellation de la première tribu révoltée, Juda, qui laissa dans l'histoire un nom synonyme de trahison. Le siège de ce nouveau royaume fut à Jérusalem. Une haine irréconciliable s'éleva entre les deux partis, Israël et Juda.
Le pouvoir ainsi divisé entre la gynécocratie et l'androcratie amena la division de toutes les institutions qui régissent la vie morale. Le schisme de Juda substitua des dieux mâles à la Divinité féminine.
Salomon fit élever des temples à Chemosch, et, sur la pierre moabite, nous voyons que Hevah, représentée comme la Divinité d'Israël, est défaite par Chemosch.
Cette pierre érigée en 900 (75 ans après la mort de Salomon) montre combien l'irréligion de Salomon avait été imitée et avait progressé après lui.
Les hommes au pouvoir voulurent déifier l'homme et l'on vit s'élever autel contre autel, comme on avait vu s'élever trône contre trône. La femme humiliée voyait en face d'Elle se dresser la puissance masculine qui parodiait ses institutions, sa religion, renversant, dans cette triste révolte, toute sa loi morale.
Le peuple, avec les Rois, tomba dans la dégradation. M. Layard a découvert un monolithe appelé l'obélisque de Nimrod.
Nimrod représentait, dans la première religion Israélite, l'homme rebelle ; l'obélisque fut le symbole du sexe mâle.
Cet obélisque est couvert de bas-reliefs et d'inscriptions ; en 200 lignes, Salmanazar II raconte ses exploits. Ces bas-reliefs nous apprennent que Salmanazar II a battu les Israélites. Un envoyé du Roi d'Israël est prosterné devant lui. Ailleurs on voit les Israélites lui apporter des tributs. L'inscription porte : Tribut de Yahoua, fils d'Houmri (Jéhu, fils d'Omri). Ce sont des barres d'or et d'argent, des vases d'or, des cuillers, des coupes d'or, etc., etc. « Voilà ce que j'ai reçu », dit-il en terminant.
Donc voilà encore un homme qui se vante d'avoir vaincu et dépouillé des tribus féminines.
(1) Les Ephraïmites étaient les descendants des Joséphites qui occupaient le premier rang dans la famille Israélite. Le pays dans lequel ils s'étaient établis est celui qui plus tard devait être appelé Samarie. Avant cela, Sichem avait été le centre religieux des Joséphites. Les légendes font de la vallée de Sichem le lieu sacré des féministes. Jacob y acquit une propriété. C'était le centre du culte de Hevah et c'était souvent le point de ralliement de tout Israël. Les Joséphites étaient supérieurs à leurs frères. Ils formèrent les deux tribus d'Ephraïm et de Manassé (Joseph veut dire addition, adjonction).
On appelait Beni-Israël, ou Beni-Joseph, des tribus sémitiques vivant dans la basse Egypte.

LE ROYAUME DE JUDA
Le royaume du Sud, tombé au pouvoir masculin, qui n'était pas encore un régime social, mais une agitation incohérente, ne cessa pas d'être en état de trouble et d'anarchie ; tous les ambitieux voulant régner, les rois tombaient les uns sur les autres, les familles royales formaient des partis rivaux.
Cependant, ils avaient moins à lutter au dehors que les Israélites ; étant gouvernés par des hommes, ils savaient se faire craindre. Plusieurs fois ils furent menacés, mais ils se défendirent et purent ainsi prolonger leur existence plus longtemps que les tribus féministes de Samarie, qui furent vaincues plus d'un siècle avant le royaume de Juda.
La défaite des Israélites fut un triomphe pour leurs adversaires, d'autant plus que les Assyriens, en luttant contre les Israélites, ne visaient, dans leurs attaques, que leur gouvernement gynécocratique. C'est pour cela qu'ils laissèrent ceux de Juda prendre tout l'ascendant qu'ils voulurent sur Samarie.
C'est à partir de ce moment que la tribu de Juda prend de l'importance et que le nom qu'elle se donne, Iehoudim, figure dans l'histoire.
Dans les Rois, on trouve ce nom pour la première fois (XVI,7) pour désigner les révoltés de Juda.
C'est de ce nom qu'on fera Judæi ; de Judæus on fera Juif.

LE LÉVITE
C'est après le schisme que nous voyons, dans le royaume de Juda, se constituer une religion nouvelle, c'est-à-dire que nous voyons des hommes prendre des fonctions sacerdotales. Dans la religion des Israélites, le Lévite était une sorte de sacristain ne s'occupant que des choses matérielles du culte ; il était un serviteur du Temple ou de la « Maison de Hevah ». C'était la prophétesse, la Mysta, la Sibylle qui enseignaient. Mais peu à peu des hommes voulurent prendre, à côté des femmes, une place trop grande et une lutte s'ensuivit. C'est alors que la prophétesse (Nabi) s'élève contre le prêtre (Kohen).
Les deux royaumes, Juda et Israël, furent sans cesse troublés par la lutte des Lévites et des Prophétesses, ou la lutte des Prêtres entre eux.
Ce furent, ces disputes pour le sacerdoce qui affaiblirent le pays, qui provoquèrent le schisme et furent cause de la chute du royaume d'Israël (en 721) et de la destruction de celui de Juda (en 587).
Cependant, les Prêtres s'efforcent d'imiter les Prophétesses, mais leur nature masculine les trahit ; ce sont les choses matérielles du culte qui les occupent surtout.
Les Lévites ne deviendront la caste sacerdotale que lorsqu'ils auront triomphé dans leur lutte contre les Prophétesses.
Cette trahison du « Prêtre » donne lieu à la fondation d'un nouveau grade dans les « Mystères » ; il est intitulé le Secrétaire intime et montre le rôle du traître qui écoute aux portes.
Ce traître, c'est le Lévite ; il a surpris les secrets du Temple par ses trahisons, ses ruses, ses fourberies.
Ce grade démasquait l'espionnage et le flétrissait ; aussi la tenture du Temple, pour cette initiation, était noire et parsemée de larmes d'argent. Dans les sociétés modernes, on en a caché la signification sous une légende ridicule.
Le véritable chef de la religion, dans le sens de Souverain Pontife, c'est la Soffet ; c'est Elle qui juge et sanctionne. Les prêtres n'étaient, d'abord, que des officiants dépendants d'Elle.
Ainsi, nous voyons Daud, en robe sacerdotale, amener l'Arche à Jérusalem, offrir des actions de grâce et bénir le peuple au nom de Hevah. Salomon voulut imiter sa Mère, il prit la direction d'un temple, nomma les prêtres, les destitua ; il joua le rôle de Pontife suprême, brûlant en personne l'encens devant Hevah.
Après lui, les Rois continuèrent, à son exemple, à remplir les fonctions de Grands-Prêtres, et c'est ce qui exaspéra les Femmes.
Ce n'est qu'après la construction du second Temple, c'est-à-dire en pleine réaction masculine, que le Grand-Prêtre s'éleva au pouvoir suprême. La littérature, masculine, qui surgit alors pour défendre l'usurpation de l'homme, l'exalta et fit remonter le sacerdoce à Aaron pour lui donner plus de prestige. Les Lévites ont écrit l'histoire pour se défendre comme les Prêtres de toutes les religions.
Les Juifs représentent le temps des « Juges » comme une époque d'anarchie et de trouble. En échange ils se glorifiaient eux-mêmes, disant : « Maintenant je sais que, Dieu me fera du bien, puisque j'ai chez moi un prêtre de la race de Lévi » (Juges, XVIII).
A cela les femmes, les Prophétesses, répondent par des explosions de colère, des malédictions, des anathèmes, des haines féroces contre le Goï (qu'on traduit par étranger). Les membres de l'ordre Lévitique furent appelés Gerson (étranger en tous lieux).
Les modernes, qui ne comprennent pas la nature de ces sentiments féminins, en font une sorte de patriotisme, la haine de l'étranger, alors que c'était l'indignation de celle qui est dépouillée de ses droits et de ses fonctions contre son usurpateur.
Le rôle du Prêtre fut double : il fut le destructeur de la première Religion, la vraie, et le créateur des faux dieux. Car les Divinités qu'il va instaurer, ce sont les types masculins qui avaient été considérés comme personnifiant le principe du mal, ceux que les Femmes combattaient et appelaient « les dieux étrangers ».

SYMBOLISME RELIGIEUX
Il régnait en Judée une haine profonde pour l'Egypte qui avait commencé la grande lutte avec le petit peuple d'Israël.
Cependant, tout en la maudissant, on l'imitait, on adoptait ses idées, ses rites, ses fêtes, ses dogmes nouveaux, ses travestissements divins.
Et c'est ainsi que tant de peuples ont propagé ses légendes.
Malgré soi on imitait, non le tout, mais tel ou tel détail qu'on appropriait aux Divinités locales, souvent très maladroitement.
Les femmes Israélites, qui avaient vu en Egypte le culte du bœuf Apis et celui du taureau Mnévis, étaient sous l'impression d'horreur que ces abominables profanations leur avaient causée. C'est pour imiter cela et ajouter à leurs tourments que leurs ennemis représentèrent Hevah sous la forme du veau d'or à Samarie ; Isis avait bien été ridiculisée !
Quelquefois on donne à la Déesse les attributs du serpent qui tient une si grande place dans le nouveau culte égyptien (voir le Néhustan ou serpent d'airain).
Ces deux serpents nous semblent symboliser les deux formes de l'homme dangereux, le Prêtre (la ruse et le mensonge) et le Roi (la force et la brutalité) ; on les représentait par le caducée, qui était pour la femme deux couronnes d'épines.

LE LÉVITE JUGE
C'est un triste usage que celui que fait le Lévite ou le Kohen de la prêtrise.
D'abord il veut imiter la femme Soffet, qui a prononcé des jugements ; mais il sait bien que la justice n'est pas en lui, on ne le croirait pas.
Pour se faire écouter, il parle au nom de Iahveh, il met la Déesse dans ses intérêts, en fait une complice de ses inepties, et c'est ainsi qu'il crée « le jugement de Iahveh », cette Justice due au hasard, qu'on appellera plus tard « le Jugement de Dieu ».
C'est ainsi que les servants exploitent le nom de la Déesse, en attendant qu'ils le remplacent par le mot Elohim.
Ils font jouer des idoles et leur font rendre des oracles. Et le public naïf vient « interroger Iahveh », qui répond oui ou non, par le moyen d'un mécanisme appliqué à ce jeu.
C'était une parodie des actions de la vie humaine, le premier acte de la comédie sociale, une image mise pour une femme, un homme répond pour elle ! C'est ainsi que le Lévite, le Prêtre, arrive à gagner la confiance et à remplacer la femme vivante, qui répondrait bien mieux que le simulacre mécanique qu'on lui substitue.
C'est ainsi que l'officiant tue l'inspiration libre en Israël, que le Lévite tue la Prophétesse. Du reste, il a d'autres armes, il la calomnie et la ridiculise ; c'est toujours ainsi qu'évoluent les luttes de sexes.
Mais les femmes réagissent. Elles formaient des groupes dont un des plus importants est celui qui existait autour de Rama et de Gibea. Là elles avaient des écoles, des espèces de séminaires, où elles donnaient leur enseignement.

UN SEPTIÈME DEGRÉ DANS LES MYSTÈRES
En face de ce danger nouveau : l'homme prétendant rendre la justice suivant les lois du hasard, les femmes indignées se réunissent secrètement pour prendre des mesures contre les hommes audacieux et grossiers qu'on va appeler des Harodim.
Ce sont ces sortes de policiers (on dira des Prévôts) institués par la domination masculine, et investis du droit de traîner devant le Juge ceux qu'ils voulaient.
Harodim est un pluriel. Au singulier, nous retrouvons ce mot dans les langues occidentales, c'est Haro, que les Dictionnaires définissent comme un terme de pratique dont on se servait pour faire arrêt sur quelqu'un ou sur quelque chose et pour procéder sur le champ devant le juge.
Crier haro sur quelqu'un, se récrier contre ce qu'il dit ou ce qu'il fait, c'est ce qu'on faisait contre les femmes qui voulaient défendre leurs droits.
C'est pour se défendre contre ce danger que les initiés fondent un grade nouveau dans les Mystères, que l'on appellera Prévôt et Juge et dans lequel on s'occupera particulièrement de la Justice.
« Les travaux de ce grade, disaient les anciens rituels, ont pour but de mettre en lumière que le droit de dicter des lois et de les appliquer appartient à la Femme seule et que c'est à Elle de les discuter et de les mettre en pratique. »
Et, pour justifier cette prétention, on remontait toujours à la science de Myriam, enfermée dans le Sépher ; mais cette science, disait-on, il faut l'acquérir par l'étude. C'est là, la clef qui permettra aux Israélites de se défendre contre leurs nombreux ennemis. Et une clef symbolique intervenait dans ce nouveau grade.

LES PROPHÈTES
Le fait important qui se produisit à cette époque fut l'apparition de grandes femmes menant une active campagne pour faire cesser le désordre que l'usurpation masculine avait fait naître.
L'histoire n'a pas pu effacer leurs traces, puisqu'elles remplissaient le monde de leur parole éloquente, seulement, dans les récits écrits par leurs adversaires, on a masculinisé leur nom.
Depuis le remaniement des Ecritures, on les appelle des « Prophètes ». En réalité, c'étaient des Prophétesses.
Le mot prophète sert à traduire une expression qui veut dire « les inspirées ».
Dire la Vérité au peuple qui s'égarait, aux Prêtres qui avaient pris la place des Prêtresses, aux Rois qui occupaient le trône des Reines, telle fut la mission de ces grandes femmes, douées de facultés supérieures, d'une haute raison, de grandes vertus et d'un grand courage. Elles se servaient de l'histoire primitive comme d'une autorité indiscutable, montrant les changements survenus depuis l'heure fatale de la première révolte contre le droit.
Les auteurs disent des prophètes, quand ils les considèrent comme des hommes, qu'ils possédaient « l'Esprit de Dieu ». Or, l'Esprit de Dieu, c'est l'esprit de la Femme, puisque, à ce moment-là, Dieu, c'est encore la Déesse ; c'était bien l'esprit de la Femme, en effet, qui animait les Prophétesses.
La faculté qu'on appelle « la voyance » n'est pas autre chose que cette clairvoyance de la femme, qui lui fait apercevoir les conséquences des actions de l'homme, même les conséquences lointaines.
C'est cette intuition surprenante qui lui révèle les faits les plus cachés, les causes les plus inaperçues. Du reste, la prophétie ne consiste pas à deviner l'avenir, mais à le déduire des lois de l'évolution : « Vos iniquités causeront votre ruine ».
La voyance n'est que la constatation de l'état réel des choses.
« Vous êtes un peuple léger qui ne suivez pas la loi (s'écrie la Prophétesse Isaïe) qui avez dit aux voyantes : Ne voyez pas ce qui est droit et juste, mais faites-nous entendre des choses agréables, voyez des choses qui nous flattent, lors même qu'elles ne seraient pas vraies. »
Combien cela est humain ! Quelle connaissance profonde de la nature de l'homme et comme elle a peu varié ! Flattez nos vices, gardez vos récriminations, vos lamentations qui nous ennuient...
Il ne faudrait pas d'autres preuves pour révéler le sexe des prophètes.
Cette façon de bien voir n'est-elle pas éminemment féminine ? C'est la Femme qui sent le mal, c'est elle qui souffre, elle qui juge les hommes, et ce sont eux qui, blessés de ses réprimandes, s'irritent contre elle.
A travers les siècles, la femme est restée voyante et juge. Elle est restée aussi conseil et prévision.
Les Livres sacrés prouvent que le nombre des femmes Prophètes, dont les écrits se sont perdus, ou dont les discours n'ont jamais été écrits, était des plus considérables. Chaque ville avait les siennes, on pourrait presque dire chaque famille, car où n'y a-t-il pas une femme pour parler, prêcher, enseigner, exhorter, juger et conseiller (1).
Dans le sein des villes, elles haranguaient le peuple pour le soustraire à l'influence des sacerdotes qui usurpaient les fonctions féminines et donnaient un enseignement contraire à la loi morale.
C'est dans les assemblées publiques, au jour du Sabbat, aux premiers jours du mois lunaire et dans les convocations solennelles, qu'elles parlaient aux foules et reprenaient les hommes, à l'occasion des désordres et des abus qui se glissaient dans les mœurs.
Dans leurs harangues, elles reprochent aux hommes d'outrager les femmes, de les mépriser au lieu de les honorer, de porter sur elles des jugements faux et iniques, de tomber dans la vanité, l'hypocrisie, le mensonge.
Les livres des Prophètes qui nous sont restés sont les discours que ces femmes courageuses prononçaient devant le peuple. Mais c'étaient souvent de brillantes improvisations qui n'étaient pas écrites. Tous les discours écrits n'ont, du reste, pas été conservés.
Les idées que ces discours contenaient sont celles que la femme de toutes les époques a exprimées quand elle a osé parler. Ce sont des avertissements aux hommes sur leur égoïsme, sur leur lâcheté, sur leur injustice, sur leur débauche.
La femme devait sauvegarder l'homme, elle est la sentinelle qui doit garder la voie du Bien.
Les étrangères établies en Israël pouvaient parler si elles étaient affiliées ou seulement si elles étaient filles d'une Israélite.
C'étaient les femmes seules qui transmettaient la filiation.
(1) L'écriture donne le nom de « prophète » à Samuel, Cad, Ahija, « parce qu'ils prédisaient l'avenir », dit-on à tort. Prophétiser, c'est parler en public, ce n'est pas annoncer l'avenir. On appelait prophétie tout discours personnel fait devant l'assemblée. Tant que ce furent des femmes qui parlèrent, le mot fut plutôt pris en mauvaise part, c'est pour cela qu'il reste vague jusqu'au 6ème siècle, alors on commence à en altérer la signification.

LES PROPHÉTESSES D'ISRAËL
Les livres des premiers prophètes du peuple hébreu, Josué, les Juges, Samuel, sont considérés comme des ouvrages anonymes. Le Livre des Rois est également anonyme. On les attribue tous aux premiers prophètes.
Le soin qu'on mit à supprimer les noms de ces auteurs lorsque le sacerdoce masculin eut triomphé, les altérations qu'on fit subir aux écrits primitifs, sont des indices d'une grande valeur pour reconstituer la Vérité. Si les ouvrages avaient été écrits par des auteurs masculins, les hommes n'auraient pas manqué de les nommer pour les glorifier.
Du reste, le contenu des livres dit assez dans quel esprit de reproche et de récrimination ils ont été conçus.
C'est dans les Chroniques, livre qui parut vers 300 et qui est destiné à établir la filiation par les mâles, depuis Adam, alors que jusque-là elle n'avait existé que par les Femmes, c'est dans les Chroniques que nous voyons mentionnés, avec une intention apparente de supercherie, les noms masculins donnés aux prophètes.
Les grandes Prophétesses sont : Isaïe de Jérusalem (de 740 à 710), Jérémie et Ezékiel.
Puis on cite douze petits prophètes, dont :
- Osée, de la tribu d Issachar, qui vivait du temps d'Isaïe.
- Joël, de la tribu de Ruben. C'est Elle qui suppose qu'après les jours de dispersion et de douleur, soufferts par les femmes, il surgira des vengeresses envoyées de toutes les nations et réunies dans la vallée de Josaphat pour demander compte aux hommes de leur conduite envers les femmes.
C'est de cette image qu'on a tiré l'idée du Jugement dernier.
- Amos (époque d'Isaïe), d'abord pastourelle et savante.
- Abdias de Sichem.
- Jonas, qui n'est ni un homme, ni une femme, mais une légende.
- Michée (vers 725), qui nourrit l'idée d'une réconciliation entre l'homme et la femme, une « Sainte Alliance » renouvelée, dont les historiens masculins feront une alliance « entre les peuples ».
- Nahum, qui, irritée contre le roi d'Assyrie, lui dit : « Ta blessure est douloureuse, il n'y a pas de remède, ceux qui l'apprendront battront des mains, car est-il quelqu'un qui n'ait pas ressenti les effets de ta malice ? »
- Habacuc.
- Sophonie.
- Aggée (Haggaï), en 590.
- Zacharie (Zekaryah), de 520 à 518.
- Malachie, qui dit aux prêtres : « Vous avez violé la Loi, vous avez quitté le chemin de la Loi ; c'est pourquoi Ievah vous a rendu méprisables et abjects aux yeux de tous les peuples. »
C'est dans les grandes inspirées du VIIIème siècle que le vrai caractère des Prophétesses se révèle.
Dans leurs pensées d'avenir, ce n'est pas la nation qui les préoccupe, c'est le parti de la Vérité et de la Justice, représenté alors par les fidèles partisans de Hevah ; c'est ce parti qui est sous-entendu dans ces mots : « le Peuple d'Israël ».
Dans leurs écrits règne l'idée dominante que tous les peuples de la Terre finiront par se convertir à Hevah et que cette conversion inaugurera une ère de prospérité et de bonheur. Nous l'attendons encore !... (1).
Les Prophétesses parlent avec véhémence pour la Justice, mais n'ont aucun tribunal pour la rendre, aucune sanction. Les tribunaux, les sanctions légales ne commencent qu'avec le régime masculin et pour sanctionner des lois injustes.
Les Prophétesses portent loin leur vue et s'efforcent de montrer dans quel rapport sera l'avenir avec le présent. C'est ce dernier trait de leur esprit, faussé plus tard par une tradition mal comprise, qui leur a attribué le don de double vue, la faculté de prédire les choses futures.
Isaïe et Michée espèrent la conversion volontaire des autres peuples et leur soumission aux lois de Hevah (Isaïe, 2-23). Cette brillante perspective est complétée par une autre vision, celle de la paix universelle (Isaïe, 2-45, et Michée, 4-3).
Mais le règne de l'homme devait être long encore, et, loin de se soumettre à l'autorité morale de la Femme, il allait s'enfoncer de plus en plus dans les aventures guerrières, abandonnant l'agriculture, cherchant la conquête et non la paix, laissant le travail aux esclaves, donnant l'autorité aux plus forts et faisant régner partout la folie alors que les prophètes étaient venus les rappeler à la raison.
(1) La seule prédiction des événements futurs qu'elle fait est celle dans laquelle elle déclare à la « Maison de David » que Hevah lui donnera un signe rassurant :
« La vierge concevra, elle enfantera un fils qu'elle nommera Emmanuel, c'est-à-dire « Hevah avec nous ». Cet enfant (qui peut être un livre), donné miraculeusement à la Terre, sera un rejeton de la tige de Jessé, une fleur née de sa racine. On l'appellera le « Dieu fort », le Père-Mère des siècles futurs, le Prince de la Paix. Il sera exposé comme un étendard en vue des peuples, les nations viendront lui offrir leurs prières, et son sépulcre sera glorieux. »

ISAÏE (Yesha-Yahou) 740 à 710
Isaïe, de la tribu de Juda, vivait dans le IIème siècle qui précéda la captivité de Babylone. Elle éleva la parole pendant que quatre Melek (Rois), Osias, Joathan, Achas et Ezéchias, se disputaient la royauté.
L'idée fondamentale qui règne dans son livre, c'est que l'autorité morale de la femme est méconnue par l'homme (2,10,19).
« Le regard hautain de l'homme s'abaissera. L'orgueil des mortels sera humilié, car Yahveh Cebaôtb (1) aura son jour contre tout ce qui est fier et hautain, contre tout ce qui s'élève pour l'abaisser. Et l'orgueil des hommes sera humilié et la fierté des mortels abaissée. Et Yahveh seule sera grande en ce jour-là. »
5-16. « Yahveh Cebaôth sera glorifiée par ses jugements et la Divinité sainte sera sanctifiée par sa justice ».
« Comment, belle étoile du matin, as-tu disparu des cieux ? »
Isaïe prêche la libération des femmes ; elle dit à l'homme : « Penses-tu que ce soit en affligeant ton âme un jour en jeûnant, en courbant ta tête comme un jonc et en te couvrant d'un sac et de cendres que tu te rendras agréable à Iahveh ? Voici plutôt ce qui lui plaît :
« Dénouez les liens de la méchanceté, rompez les chaînes de la servitude des femmes, laissez aller celles qui sont foulées, brisez toutes les oppressions. »
Isaïe se plaint de l'affaiblissement de l'intelligence de l'homme : « A qui enseignera-t-on la science ? A qui fera-t-on entendre l'enseignement ? Ils sont comme ceux qu'on vient de sevrer et d'arracher du sein de leur mère. Car il leur faut donner commandement après commandement, ligne par ligne, ligne après ligne. un peu ici, un peu là » (2).
« En entendant vous entendez et vous ne comprenez point, en voyant vous voyez et vous ne discernez point. »
« L'impudence de leur visage rend témoignage contre eux, ils ont publié leur péché et ils ne l'ont point caché ; malheur à eux, car ils se font du mal à eux-mêmes. »
« Votre pays n'est que désolation et vos villes sont en feu. »
Le style d'Isaïe est pur, élégant, poétique, ses censures à ceux qui veulent gouverner et à tout le peuple sont pleines de force et de grandeur ; tantôt elle a recours à des menaces directes pour les épouvanter, tantôt ce sont des paraboles comme dans le verset qui commence par ces mots : « Mon ami ayant une vigne sur un fertile coteau », etc.
Elle peint les malheurs de Jérusalem et des filles de Juda de la façon la plus émouvante : « Comment est-il arrivé que Jérusalem, cette ville si populeuse, soit maintenant déserte et dans le veuvage ; que la reine des provinces languisse tributaire ? Elle passe les nuits à verser des larmes ; de tous ceux qui lui étaient chers, personne ne s'offre pour la consoler, ses amis les plus intimes se sont conduits avec perfidie envers elle, la fille de Juda est abattue, ses persécuteurs la serrent dans leurs filets. Les chemins de Sion mènent au deuil ; plus de fêtes solennelles, ses portes sont renversées, ses sacrificateurs sanglotent, tout ce qu'elle avait de beau lui a été ravi, ses princes, semblables à des béliers qui ne trouvent pas de pâture, marchent sans force devant celui qui les pousse, ses prophètes ne trouvent plus rien à dire de la part de Ievah, ses anciens (les matrones) sont couverts de cendres (3), ses vierges baissent la tête accablées de leur affliction, ses petits-enfants sont tombés morts au milieu des places publiques et dans les bras même de leur mère en leur demandant du pain !... A qui te comparerais-je, Fille de Juda ? Où trouverais-je un malheur qui ressemble au tien ? N'êtes-vous pas émus en la voyant, vous tous qui passez près d'elle ? Pour moi, je me sens consumée dans les pleurs ; ma douleur a pénétré jusqu'au fond de mes entrailles et, à l'aspect d'une infortune si grande, mon cœur semble s'échapper de mon sein. »
Quel homme aurait ainsi narré les terribles conséquences du régime masculin, du massacre des enfants et du malheur des femmes ?
Le livre d'Isaïe est on ne peut plus remarquable et toujours appuyées sur une science de la vie d'une profondeur étonnante. Il faudrait le citer tout entier, car pas un verset ne mérite d'être omis.
Si nous cherchons maintenant comment on l'a interprété, nous voyons que, comme Isaïe parle constamment de la ruine du pouvoir féminin et qu'on ne comprend pas ses paroles, on les interprète dans un autre sens et on les attribue à la ruine de la nation juive, arrivée plus tard, d'où l'on infère qu'Isaïe n'a pas vécu à l'époque que l'histoire lui assigne (sous Ezechias), mais plus tard, après la captivité de Babylone.
Si l'on avait compris qu'il s'agit de la ruine du pouvoir féminin, on n'aurait pas eu ce doute.
Partant de cette idée, on est arrivé à diviser en deux le livre d'Isaïe et on le suppose écrit par plusieurs auteurs.
On va même plus loin. Comme tous les prophètes ont jeté des cris de douleur sur l'abaissement du régime féminin, on suppose qu'aucun d'eux n'a vécu avant l'époque de Cyrus, qui a vu l'abaissement de la nation juive. On voit dans le livre d'Isaïe l'annonce des événements politiques qui intéressent les hommes, tels que les victoires de Cyrus et la ruine de Babylone, alors qu'il n'est question que des choses morales qui intéressent le règne de la Femme.
On ne sait pas que la ruine de la Gynécocratie a été consommée par Salomon et que c'est cela qui cause les lamentations des Prophétesses.
(1) Cebaôth veut dire « Esprit lumineux », symbolisé par les astres. Quand on traduit cette expression par « Dieu des armées », il s'agit des astres qui forment l'armée céleste.
Cependant, la terminaison oth est celle des noms pris en mauvaise part, comme Astaroth, qui a la même signification que Cebaoth. Cela nous fait penser que ce nom a dû avoir une signification outrageante pour la femme.
Quand les hommes commencèrent à demander à la femme l'union exclusive avec un seul homme, ils condamnèrent l'hétaïrisme, ce régime de liberté qui avait régné jusque-là. Il est possible qu'ils aient avili ce régime en représentant la Déesse qui le personnifie comme « Déesse des armées » dans un mauvais sens, c'est-à-dire la femme de tout le monde. Mais nous n'affirmons rien, nous remarquons seulement que c'est à l'époque où la femme est outragée qu'on commence à appeler la Déesse Cebaoth, et cette expression aurait été introduite dans les livres quand ils furent révisés.
(2) Ce verset nous explique pourquoi, dans les mystères, on assimile l'homme qui se présente à l'enfant, de trois ans et on lui bande les yeux pour lui faire comprendre qu'il ignore tout des réalités. Au 2e degré, on lui donne cinq ans, il a déjà quelques lumières. Au 3e, la Maîtrise, il a sept ans. C'est l'âge dangereux, parce que, à ce moment, le péché entre dans l'homme et va l'asservir en le conduisant à la mort de l'âme. On lui dit qu'à partir de ce moment il y a en lui quelque chose qu'il faudra cacher.
(3) C'est-à-dire avilies et salies dans les soins du ménage. 

LA PERSONNALITÉ D'ISAÏE
M. Lichtenberg, dans son Dictionnaire des sciences religieuses, commence l'article qu'il consacre à Isaïe en disant ; « Le prophète avait une femme d'un mérite remarquable ». Or, comme le mariage n'existait pas à cette époque, comme la femme ne quittait jamais son nom pour prendre celui d'un homme, il faut en conclure que cette femme remarquable était bien réellement le seul et unique « Prophète » désigné sous le nom d'Isaïe.
Son nom s'écrit en hébreu Yesha-Yahu, ce qui signifie « salut de Haveh », Les Septante l'ont altéré.
Nous ne voyons pas la nécessité de mettre près d'elle un homme qui nous traduise ses idées éminemment féminines.
D'autre part, il existe parmi les apocryphes chrétiens (les livres que le Catholicisme n'a pas acceptés) un ouvrage intitulé « l'Ascension d'Isaïe le voyant », dans lequel on raconte comment Isaïe fut mis à mort par Manassé, obéissant aux suggestions de Balkira. Cette mort est tragique. Voici comment elle est racontée d'après les commentaires hébraïques et les écrivains arabes (d'après Tabari) :
Isaïe, persécuté pour avoir blâmé les Juifs, s'enfuit et se cacha dans un arbre, mais Iblis saisit un pan de son manteau au moment où l'arbre se refermait et le dénonça aux Juifs qui scièrent l'arbre et le prophète.
Ce genre de supplice avait déjà existé en Perse où Djemschid fut aussi scié. On trouve dans les récits occidentaux l'expression « scie de bois », que ce récit explique, et cette expression est restée dans le langage vulgaire : on dit encore « scier le dos » pour exprimer l'ennui qu'on éprouve à entendre des remontrances comme celles d'Isaïe.

JONAS
La Bible vulgaire met Jonas au nombre des prophètes.
Un petit livre ridicule, qui du reste n'a que 4 chapitres, raconte que Jonas fait un voyage en mer pour s'enfuir d'un endroit où il est poursuivi. Une tempête met le vaisseau en danger, et les marins, sachant que c'est la présence de Jonas qui en est la cause, le jettent à la mer. Voici le texte qui suit :
« Mais l'Eternel avait préparé un grand poisson pour engloutir Jonas, et Jonas demeura dans le ventre du poisson 3 jours et 3 nuits.
« Et Jonas, dans le ventre du poisson, appela l'Éternel et lui dit : « Tu m'as jeté au profond, au cœur de la mer, et le courant m'a environné, tous tes flots et toutes tes vagues ont passé sur moi ; et j'aurais dit : Je suis rejeté de devant tes yeux. Cependant je verrai encore le temple de ta sainteté ! Les eaux m'avaient environné jusqu'à l'âme ; l'abîme m'avait enveloppé de toutes parts ; les roseaux m'avaient entouré la tête. J'étais descendu jusqu'aux racines des montagnes, mais tu as fait remonter ma vie hors de la fosse ».
Alors l'Eternel fit commandement au poisson et il vomit Jonas sur le sol. »
Et cette littérature est appelée « L'ÉCRITURE SAINTE », et on enseigne cela à nos enfants.
Mais les choses absurdes ne se font pas de premier jet dans une forme aussi stupide. Ce sont toujours d'anciens récits qu'on ne comprend plus et dont on a voulu cacher la signification primitive. Cherchons-en l'origine :
Lorsque éclatèrent les grandes luttes de sexes dans l'antiquité lointaine, les masculinistes prirent comme trophée le Lingam (nom sanscrit du phallus), on les appela « Lingajas ».
Les féministes prirent comme emblème la Yoni (le ctéis des Grecs, organe féminin). On les appelait « Yonijas » ou Ioniens (d'où Jonas), nom qui deviendra celui de l'archipel grec où les femmes se réfugièrent.
Quand la femme fut vaincue dans la lutte, elle s'enfuit et se cacha, tout en clamant sa douleur : « J'ai été retranchée, jetée au fond d'une mer d'amertume, les flots de ta méchanceté, les vagues de ta perversion ont passé sur moi, et je disais : Je suis rejetée de devant tes yeux, mon âme a sombré dans l'abîme qui m'a environnée de toutes parts. »
Voilà des phrases que l'on retrouve dans le livre de Jonas.
C'est que l'ennemi qui l'avait terrassée et humiliée lui avait pris sa place :
- En Egypte, c'est Hermès, nom générique de la classe sacerdotale ; c'est lui que les femmes représentent comme le grand crocodile du Nil qui veut les dévorer.
- En Grèce, la légende prend une forme différente : Le monstre marin est représenté par le Minotaure caché dans le labyrinthe, symbole de la science sacrée dont Hermès a fait un dédale auquel on ne peut plus rien comprendre : c'est la Théologie masculine. Mais le Minotaure doit être tué par celui qui sort du labyrinthe guidé par le fil d'Ariane, qui représente la lumière de la science féminine.
- Chez les Hébreux, le monstre marin qui engloutit la femme, c'est le grand Léviathan, la caste lévitique.
Partout c'est le Prêtre.
La femme, avalée par le monstre, c'est-à-dire supprimée du monde, cachée symboliquement ou réellement dans des cavernes (1), des cryptes, représente sa défaite dans les Mystères. Le thème habituel est celui-ci : La Déesse a été tuée, elle est descendue aux enfers, ou au tombeau, (ou dans le ventre de la baleine), mais après un temps (on dira 3 jours), elle ressuscitera, elle reviendra à la vie sociale, elle reprendra sa place dans le monde et son règne.
C'est le fond de toutes les légendes religieuses. Un Dieu meurt, descend au tombeau, ressuscite le troisième jour.
Thevet appelle les Mystères des Cabires, Iaonas ou Ioniennes.
C'est par des espèces de représentations que l'on fait comprendre les vérités cachées. C'est pour cela que, dans la corruption inévitable du langage, on arrivera à dire « jouer les Mystères ».
On appelait Band la confrérie chargée de jouer les Mystères (de là bande, troupe), et on appelait Koor l'enceinte où se faisaient les florales (les tenues) ; ce Koor est devenu Coro et finalement désigne le chœur de nos églises.
C'est de Koor et de Band qu'on a fait Corybantes. Trois de ces Corybantes portaient des emblèmes particuliers, comme aussi trois personnes appelées Iaonas.
Jaona est un ancien nom qu'on retrouve au bord du Gange.
A Babylone, c'est J-oannès. Chez les Latins, il deviendra Janus, quand l'homme disputera le pouvoir à la femme. Alors il aura deux faces, l'une féminine, Jana, l'autre masculine, Janus.
Quand les prêtres de la Floride usurpèrent le sacerdoce féminin, ils se firent appeler Jaonas. C'est de ce nom, du reste, qu'on a fait le Jonas de la Bible. En hébreu, le mot IONAH signifie l'Esprit féminin symbolisé par la colombe, c'est lui que les Gnostiques appellent Notre-Dame le Saint-Esprit.
La Franc-Maçonnerie a gardé le souvenir de ce Mystère dans son 23ème degré, intitulé « Chef du Tabernacle ». Les illustrations du rituel montrent le monstre marin avalant des femmes. C'est le crocodile égyptien, ouvrant une gueule immense, dans laquelle s'engouffrent les Yonijas, que ses griffes terribles tiennent clouées sur le sol. Mais Eblis, l'Ange de lumière, arrive armé d'une épée et d'un bouclier sur lequel se trouve le mot Ratio, et il va combattre le monstre.
(1) Dans Symbole de la science sacrée, René Guénon, nous parle du symbolisme de la caverne mais également de celui de la montagne, et dit qu'il « existe un rapport étroit entre la montagne et la caverne, en tant que l’une et l’autre sont prises comme symboles des centres spirituels, comme le sont d’ailleurs aussi, pour des raisons évidentes, tous les symboles « axiaux » ou « polaires », dont la montagne est précisément un des principaux. Nous rappellerons que, à cet égard, la caverne doit être regardée comme située sous la montagne ou à son intérieur, de façon à se trouver également dans l’axe, ce qui renforce encore le lien existant entre ces deux symboles, qui sont en quelque sorte complémentaires l’un de l’autre. Il faut cependant remarquer aussi, pour les « situer » exactement l’un par rapport à l’autre, que la montagne a un caractère plus « primordial » que la caverne : cela résulte du fait qu’elle est visible à l’extérieur, qu’elle est même, pourrait-on dire, ce qu’il y a de plus visible de toutes parts, tandis que la caverne est au contraire, comme nous l’avons dit, un lieu essentiellement caché et fermé. On peut facilement déduire de là que la représentation du centre spirituel par la montagne correspond proprement à la période originelle de l’humanité terrestre, pendant laquelle la vérité était intégralement accessible à tous (d’où le nom de Satya-Yuga, et le sommet de la montagne est alors Satya-Loka ou le « lieu de la vérité ») ; mais, lorsque, par suite de la marche descendante du cycle, cette même vérité ne fut plus à la portée que d’une « élite » plus ou moins restreinte (ce qui coïncide avec le début de l’initiation entendue dans son sens le plus strict) et devint cachée à la majorité des hommes, la caverne fut un symbole plus approprié pour le centre spirituel et, par suite, pour les sanctuaires initiatiques qui en sont des images. Par un tel changement, le centre, pourrait-on dire, n’abandonna pas la montagne, mais se retira seulement de son sommet à son intérieur ; d’autre part, ce même changement est en quelque sorte un « renversement », par lequel, ainsi que nous l’avons expliqué ailleurs, le « monde céleste » (auquel se réfère l’élévation de la montagne au-dessus de la surface terrestre) est devenu en un certain sens le « monde souterrain » (bien qu’en réalité ce ne soit pas lui qui ait changé, mais les conditions du monde extérieur, et par conséquent son rapport avec celui-ci) ; et ce « renversement » se trouve figuré par les schémas respectifs de la montagne et de la caverne, qui expriment en même temps leur complémentarisme. »

LE ROYAUME D'ISRAËL VAINCU (722)
Les efforts des femmes pour ramener les hommes de leur temps à la vertu furent sans succès.
Les passions, comme un torrent déchaîné, brisaient tout. Les prédications des Prophétesses eurent comme résultat, le déchaînement, contre elles, de la colère des hommes.
C'est dans les convulsions de la lutte, sans cesse renouvelée, contre les usurpateurs de l'autorité féminine, qu'Israël tomba sous les coups des Assyriens (722).
Le « roi d'Assour » ne se contenta pas de déporter Israël en Assyrie, il fit un échange de population. « Il établit dans la ville de Samarie, à la place des Israélites, des « Colons » venus de Babylone, de Koutah, d'Ava, de Hanat et de Sépharvaïm. »
Ici un petit incident qui est une parabole.
On raconte que, « après que ces étrangers furent établis, ils ne révéraient pas Hevah, qui envoya contre eux des lions qui firent un carnage parmi eux ».
Ce qui signifie que les hommes du pays, ne pouvant s'habituer aux idées nouvelles de ces étrangers, les tuèrent. Et quoique le roi d'Assour leur envoyât un prêtre d'Israël pour les instruire de la religion du pays, on vit régner la plus grande diversité dans la forme du culte. Chaque ville avait sa divinité et l'adorait à sa manière.
Ainsi finit le petit royaume du Nord qui s'était conservé, dans ses montagnes, fidèle au régime féministe ; il avait été constamment faible, humilié, menacé, mais il avait subsisté cependant plus d'un siècle à Samarie, et il était plein de vitalité encore lorsqu'il semblait périr, pour revivre aussitôt.

LES JUDÉENS DEPUIS L'AN 700 JUSQU'À LA DÉCOUVERTE DU LIVRE DE LA LOI (622)
L'histoire de cette époque est pleine de récits de faits miraculeux, c'est-à-dire de divagations racontées par les auteurs des siècles suivants, qui, à partir de ce moment, font de la religion un tissu d'absurdités.
On nous parle du serpent d'airain de Moïse, pour la première fois, ce qui prouve qu'on vient de l'inventer.
Le serpent (ancien emblème de l'homme pervers) ayant pris une grande place dans le nouveau culte, on voulut, pour lui donner du prestige, le faire remonter à l'auteur de la Thorah qu'on fait lentement évoluer vers le sexe mâle.
Après la prise de Samarie, les tentes des prostituées se dressèrent sur les hauts lieux de la Judée « au grand scandale d'Israël ».
Ezéchias ramena un instant à la morale le peuple de Juda, il abolit les bamoth, brisa les colonnes (emblèmes mâles comme les obélisques), extirpa les Astaroth (statuettes ridiculisant la Déesse) et mit en pièces le serpent d'airain.
Une autre version nous dit que la destruction des hauts lieux par Ezéchias fut pour tous un scandale. On trouvait que c'était diminuer le Dieu pour grandir le Prêtre. Le nom d'Ezéchias reste associé à ce scandale, qui semblait une nouveauté téméraire.
Mais le fils d'Ezéchias, Manassé (de 690 à 642), n'eut rien de plus pressé que de rétablir ce que son père avait aboli. Il releva les bamoth, dressa des autels à Baal et fit une Astaroth. Et il fit passer son fils par le feu, manière de servir le Dieu mâle, Moloch. Puis il se fit passer pour devin et rendit des oracles.
Manassé, le grand impie, le grand criminel, se fit glorifier.
Le Livre des Rois présente son règne comme exempt de tribulations, lui qui « répandit à grands flots le sang innocent jusqu'à en remplir Jérusalem, d'un bout à l'autre ».
Et l'histoire dit : « Il vécut paisiblement, il fit élever des constructions dans sa capitale et mourut sans troubles. »
Ammon, fils de Manassé (de 642 à 640), ne valut pas mieux que son père. Il fut mis à mort par ses serviteurs et remplacé par son fils Josias, un enfant de 8 ans (en 640).
Ewald suppose que ce fut Manassé qui détruisit la fameuse « Arche d'Alliance » dont on regrettait la perte du temps de Jérémie.
C'est 7 ou 8 siècles plus tard qu'on accusa Manassé d'avoir fait scier en deux la prophétesse Isaïe, cachée dans un arbre.
Si la légende a été si tardive à parler de ce fait, c'est que probablement, on n'osait pas le dire pendant les époques de terreur que le pays traversait alors.
Un temple de Moloch était situé dans la vallée de Hinnom, celui que Josias fit détruire « pour que personne ne fît plus passer son fils ou sa fille par le feu ».
C'est que, en effet, le passage par le feu des premiers-nés était la base du culte mâle du Dieu Moloch, affreux taureau de fer rempli de feu. Et l'on disait : « C'est le feu qui dévore ; ce qui est mangé par le feu est mangé par Dieu. »
Le premier-né pouvait être racheté pour une somme appelée « l'argent des vies ».
Les horribles sacrifices d'enfants, qui furent la honte du 7ème siècle avant notre ère, avaient été inconnus avant cette époque, dit Renan.
La vallée de Hinnom où avaient lieu ces horreurs (en hébreu Ge-Hinnom) est celle où Manassé avait fait construire un tojct ou sanctuaire, pour y brûler des victimes consacrées à Moloch.
Après l'exil, ce lieu fut en horreur aux Juifs. Ils y jetèrent des cadavres et des restes impurs de toutes sortes.
Dans le langage populaire, le nom de cette vallée est Géhenne. Il devint synonyme de châtiments, nom donné sans doute par les Prêtres aux supplices qu'ils infligeaient à l'enfant.
Mais il signifia aussi « tourments de l'enfer », nom donné par les mères à ce culte féroce.
Il ne faut pas s'étonner, après cela, de la colère des femmes.
Donc, cette époque qui représente dans l'évolution humaine les passions de l'âge viril de l'homme, est caractérisée par la débauche et le crime qui en est la conséquence.
Elle est caractérisée, en même temps, par la révolte de l'homme contre la loi morale qui est toute la religion féminine.
En effet, à partir de ce moment, l'israélisme se meurt, cette Religion pure, qui était le culte de la seule et unique Divinité, la Déesse vivante, représentée par Hevah.
Mais c'était un Dieu caché, dit-on. Caché parce que l'homme ne veut pas le voir, ou peut-être parce que la Déesse se cachait aux yeux de l'homme, dans le temple où l'on célébrait les mystères de son culte. Mais l'institution du Sabbat rendait cette Divinité présente et sensible, puisque ce jour-là l'homme pouvait s'approcher d'elle.
Cette idée d'une présence réelle et sensible a été dénaturée comme toutes les autres, et est venue aboutir à la conception ridicule des Chrétiens qui mettent dans l'hostie (symbole sexuel mâle) la présence réelle de leur Dieu.
Le jour du Sabbat, les hommes suspendant tout travail avaient le loisir d'être tout à la Déesse aimée ; c'était le jour consacré.
La Religion ainsi comprise était vraiment humaine et morale. En même temps, elle était simple comme toutes les conceptions féminines, sans apparat, sans exagération, sans rien de surnaturel.
Le régime social qui en résultait était basé sur la justice intégrale, sur des mœurs pures, sur une vraie fraternité. Telle fut la forme de la primitive religion Israélite.
Les sacerdotes lui substituèrent le Judaïsme, culte impie dans lequel la « Divinité unique » du Sépher est cachée dans le silence, couverte d'un voile mystérieux.
La Femme n'est plus un « Esprit », elle devient un corps sexué.
Cela fit une révolution profonde dans la conception de la morale et dans les mœurs qui devaient en résulter.
M. Havet, envisageant cette transformation capitale, dit : « Le Judaïsme a été à l'Israélisme ce que le Christianisme a été au Judaïsme, une réforme ou même une révolution religieuse. Cette révolution était renfermée dans les limites de la Palestine, mais elle a préparé celle qui, plus tard, s'est étendue de la Judée au monde entier » (Le Christianisme et ses origines, T. III, p. 50).
Cette révolution religieuse se prépara lentement, elle ne s'acheva que par la destruction du royaume de Samarie, au commencement du 8ème siècle.
Dès lors les anciennes croyances et l'ancien culte furent condamnés.
C'est sous Ezéchias que l'on commence à masculiniser la religion.
Les femmes furent assaillies dans leur temple, qui resta debout cependant, mais elles ne se débarrassèrent des envahisseurs qu'en leur donnant tout l'or qu'elles avaient.
II était dans les habitudes de ces gens de prendre aux femmes, par violence ou par ruse, tout ce qu'elles possédaient.
Les histoires écrites par les Prêtres l'ont du règne d'Ezéchias un règne heureux et réparateur, alors que ce fut le commencement des troubles qui détruisirent la Religion en prétendant la réformer.

RETOUR À L'ISRAÉLISME SOUS JOSIAS
Au milieu de ces désordres et de ces dangers, on avait caché le Sépher pour le soustraire à la recherche des ennemis, et les nouvelles générations, n'étant pas en possession des secrets du Temple, ne savaient pas où il était.
Josèphe nous apprend dans ses Antiquités Judaïques (L. X, ch. V) que, lorsque le Temple eut été bâti, le Livre, ainsi que l'Arche, fut déposé dans le sanctuaire, et qu'il y demeura jusqu'au temps où les profanations commises par Manassé et Amon obligèrent les Prêtres de serrer dans un lieu plus secret l'Arche et le Livre.
Il resta donc longtemps dissimulé, et ce ne fut que bien du temps après et parce que le hasard s'en mêla qu'il fut retrouvé au fond d'un coffre, l'ancienne Arche, dans lequel on avait entassé un amas de pièces de monnaie, le trésor de l'époque mis en réserve et depuis longtemps caché, car, lorsqu'on le découvrit, le tout était recouvert d'une épaisse couche de poussière.
Cette trouvaille décida du sort de Jérusalem, car ce fut parmi les tribus séparées d'Israël que se trouva l'heureux possesseur du Livre sacré.
Voici comment cet événement se produisit :
Ce fut par une circonstance imprévue et cela amena un retour momentané à la primitive religion. Dans la 18e année du règne de Josias, qui avait alors 26 ans, le roi envoya au Grand-Prêtre un Sopher (scribe), pour conférer avec lui au sujet des dépenses à faire pour la réparation du Temple. Les travaux furent décidés et, pendant qu'on les exécutait, on trouva dans un mur un vieux coffre contenant un livre et des pièces de monnaies.
Le Grand-Prêtre dit à l'envoyé du roi : « J'ai trouvé un livre de la Loi (ha Thorah) dans la maison de Iehovah ». Et il le lui donna à lire. Le Sopher le lut et, à son tour, le donna à lire au roi. Ce fut pour lui un étonnement et un trouble profond. Pour nous servir d'une expression de l'époque, il déchira ses vêlements, signe de grandes afflictions, ce qui indique que la lecture de ce livre lui ouvrit les yeux ; en lisant « les paroles du Livre de la Loi », il comprit l'iniquité des hommes.
Le roi fit assembler alors « les anciens de Juda » et de Jérusalem, il monta à la maison de Iehovah avec le peuple entier et fit lire, dans cette réunion, les paroles du « Livre du Pacte ».
A cette époque, le Temple était consacré au culte de Baal (le Dieu mâle) mêlé au culte du soleil, de la lune et des étoiles.
Le roi ordonna que « tous les ustensiles qui avaient été faits pour Baal fussent tirés hors du Temple, il les brûla hors de Jérusalem.
Telle fut la tentative de redressement moral faite par un homme juste, mais tentative sans suite, car ses successeurs retombèrent dans le mal, le pli était pris, l'habitude acquise, et la restauration de la Loi morale ne fut pas réelle, mais éphémère.
Elle supprima, il est vrai, les horreurs du culte mâle, mais si elles ne furent plus dans le Temple, elles restèrent dans les mœurs.
Cependant, à partir de ce moment, un grand changement s'opéra dans la religion.
Une période nouvelle s'ouvrit en 622, lorsque le culte masculin fut défendu, les sacrifices humains condamnés. Le culte de Hevah restauré et le « Livre » pris pour base de l'organisation religieuse et sociale.
Ce Livre resta sur le fronton des synagogues, comme le symbole de la pensée et de la Loi morale.
Des savants modernes ont cru, à tort, que le Livre retrouvé était le Deutêronome. Ce ne pouvait être que le Sépher.
A cela on répond que le Sépher est trop long pour avoir été lu en si peu de temps au Roi. Mais nous ne savons pas s'il fut lu en entier.
Le fait important à considérer, c'est que le « Livre » si bien caché par les Israélites se trouve, à partir de ce moment, tombé entre les mains des hommes. Que vont-ils en faire ?
Hélas ! ce qu'ils font toujours des œuvres qui émanent de l'esprit féminin : ils vont le dénaturer, lui faire dire tout autre chose que ce qu'il dit et s'en faire une arme dans les luttes de sexes en retournant contre la Femme ce qui était dit contre l'homme.

APRÈS JOSIAS
Après la lueur d'espérance que fit naître le Livre retrouvé, le torrent des passions, un moment enrayé, reprit son cours avec la même impétuosité.
Josias mort, malgré la protection de Ihevah (à qui on demandait des miracles), ses fils furent accablés de malheurs comme lui, d'un coté par le Pharaon d'Egypte, dont ils restèrent tributaires, de l'autre par Nabuchodonosor, dont ils devinrent vassaux.
Le roi Yoyakin vit se produire sous son règne, qui dura 11 ans, une réaction contre l'ancienne Divinité Yahveh ; mais elle n'avait pas donné aux hommes ce qu'ils désiraient, la victoire sur leurs voisins, donc elle n'avait aucune valeur pour eux et ils l'abandonnèrent de nouveau, joignant l'ironie à l'incrédulité.
Puis on trouvait les temps promis trop longs à venir ; du reste, on n'en comprenait plus le sens.
Et alors le culte mâle refleurissait, augmenté encore des rites égyptiens. Yoyakin lui-même fit « ce qui est mal aux yeux de Yahveh ».

L'INTENDANT DES BÂTIMENTS
Ce titre est celui du 8e grade que l'on ajoute aux Mystères.
C'est le désordre que nous avons vu régner dans le Temple, depuis que Jérusalem est vaincue, qui fut l'occasion de la fondation d'un grade nouveau dans lequel les initiées revendiquent la propriété de leur Temple.
En même temps, on blâmait ceux qui, au lieu de travailler, comme l'imposait la loi morale, venaient prendre possession de leur construction et y faire régner le plus grand désordre.
Dans ce grade, on montrait l'obscurité, symbole de l'ignorance, régnant partout et ne laissant de visible que trois Yod, la lettre idéographique qui représente le sexe mâle.

JÉRÉMIE
Jérémie, née vers 650 à Anathoth, près de Jérusalem, était issue d'une famille de Prêtres (ou Prêtresses). Elle vécut avant et pendant la captivité de Babylone et fut témoin des plus tragiques événements.
On la regarde comme un des chefs du Sanhédrin, ce qui prouve que le Sanhédrin, avant la captivité, était encore un conseil de Femmes.
Son livre renferme des fragments historiques qui ont servi à la compilation du Livre des Rois.
Les maux dont elle fut le témoin et la victime imprimèrent sur son esprit la couleur mélancolique qui caractérise ses écrits (1) ; c'est l'expression de grands sentiments et de grandes pensées. On retrouve dans sa véhémence quelque chose des grandes apôtres du féminisme moderne. Lorsque les lamentations de la Prophétesse irritaient les hommes, ils ne cherchaient qu'à la faire taire.
C'est ainsi qu'un imposteur qui se disait prophète, un nommé Sémaïa, proposa à un pontife de prendre autorité sur les Oratrices, que la vue des injustices exaspérait, de réprimer leurs agitations, de leur fermer la bouche. C'étaient les débuts du despotisme.
Quelquefois la Prophétesse employait des moyens plus dramatiques que ses violents discours. Un jour elle parut sur la place publique avec un joug sur le cou, pour montrer l'état de servitude qu'on imposait à la Femme et qu'on allait bientôt appeler con-jugal (avec joug).
Son livre contenait 52 chapitres. C'est le plus long après celui d'Isaïe. Mais c'est surtout dans les Lamentations, qui n'ont que cinq chapitres, que l'on retrouve la Femme tout entière.
Jérémie, après avoir fait aux hommes de violents reproches, si ennuyeux à entendre qu'on les appelle « des Jérémiades », veut s'opposer à la guerre.
La réponse des chefs fut une plainte au Roi : « Qu'on nous livre cette femme, elle affaiblit le courage des gens de guerre et du peuple ; elle ne cherche pas notre prospérité, mais notre mal. »
Et Jérémie fut jetée dans une fosse, puis dans une prison d'où elle ne sortit que pour reprendre la parole et chanter ses poétiques lamentations.
Pour comprendre que les Lamentations de Jérémie ne sont que les plaintes de la Femme qui se voit déchue de ses droits, privée des privilèges dus à son sexe, outragée et méprisée, il suffit de lire les premiers versets du chapitre II ; leur portée a dû échapper aux traducteurs, car ils expriment très clairement la désolation de la Femme.
(1) Jalemuza (Jérémiade) vient de Jérémie. Elle éprouva tant de malheurs que son nom passa en proverbe pour dire un malheureux. Ce fut aussi de son nom qu'on appela Jalêmie les chants funèbres avec lesquels on célébrait les funérailles.

FIN DE JÉRÉMIE
Jérémie s'éleva avec violence contre l'iniquité des hommes et n'échappa à la mort que par l'influence de quelques personnes puissantes et dévouées. Mais il lui fut fait défense de reparaître au Temple. Alors elle dicta ses discours à un secrétaire, Baruch, et le chargea de les lire pour elle en présence du peuple assemblé un jour de jeûne.
Le roi l'ayant appris se fit apporter le livre, et à peine en eut-il entendu les premières colonnes qu'il voulut s'en emparer et le jeter au feu.
Il fit arrêter Jérémie et Baruch, qui parvinrent à se soustraire à sa fureur.
Jérémie, détestée des hommes, en butte aux critiques de sa propre famille, connut les grandes tristesses de celles qui, en possession de la vérité, ne peuvent pas la dire.
Cependant, les maux annoncés par Jérémie arrivaient, puisque c'est alors que Nabuchodonosor vint piller Jérusalem et emmena à Babylone tous les Juifs de quelque importance, ne laissant dans le pays que le bas peuple.
Cette réalisation de ses prophéties lui donna un grand renom et la fit respecter. Et pourtant on n'écouta pas ses conseils quand elle indiqua la prudence contre le roi de Babylone, prévoyant sa revanche. On la jeta au fond d'une citerne fangeuse où elle aurait péri sans le secours d'un eunuque éthiopien.
Pendant qu'elle était ainsi abandonnée, ses prédictions s'accomplissaient. Alors, en secret, on revint vers elle et on lui demanda de nouveaux avis.
Mais encore une fois on passa outre, ce qui valut aux Juifs rebelles la destruction de leur ville de Jérusalem et la destruction du Temple, en même temps que leur roi Sédécias était emmené à Babylone après qu'on lui eut crevé les yeux (en 588).
Ce fut la fin du royaume de Juda et Jérémie n'eut plus qu'à se lamenter sur des ruines.
Son exemple n'était pas fait pour encourager les autres femmes à faire entendre leurs voix craintives, elles allaient désormais se taire, renfermant en leur âme affligée leur grande douleur, elles ne savaient plus que pleurer et se soumettre. Cependant, tout espoir d'un avenir meilleur n'était pas perdu ; au contraire, l'espérance renaissait plus ardente au fond des esprits.
Après la défaite de Jérusalem, les Juifs restés dans le pays s'enfuirent en Egypte. Jérémie s'en fut avec eux et là continua à exhorter les hommes à faire le bien, mais vainement ; ils lui répondaient qu'ils voulaient la femme, cette « Reine des Cieux », pour lui offrir « des libations ».
Jérémie resta aussi grande et aussi ardente jusqu'à la fin de ses jours.
On l'a comparée à un géant qui lutte dans la tempête. Elle annonça une « nouvelle alliance » entre l'homme et la femme (berith hadashah).
Elle mourut de mort violente comme toutes les grandes femmes qui ont osé dire la vérité ; elle fut lapidée en Egypte.
Le livre de Jérémie est le tableau de l'histoire des dernières années du 7ème siècle. La Prophétesse y est en scène à côté du roi de Juda et en face des hommes qui se disent, prophètes, les ennemis de Hevah, dont l'influence lutte contre la science.
Le chant du Dies iræ des Chrétiens a été inspiré par les Livres de Jérémie.

LES MYSTERES APRÈS LA DESTRUCTION DU TEMPLE
NEUVIÈME GRADE
Les graves événements que nous venons de relater devaient avoir un grand retentissement sur les Sociétés secrètes.
En effet, on créa une division nouvelle : le Conseil des Elus ou Grand Chapitre.
C'est ce que, dans les rituels modernes, on appelle « la Maçonnerie noire », celle de la vengeance.
Burnouf, dans La Science des religions, nous dit (p. 115) : « C'est donc dans la période qui suivit la destruction du Temple que se formèrent, parmi les Israélites, les doctrines secrètes et les sectes par lesquelles ces doctrines se transmirent jusqu'au Christianisme. »
Le Temple a été détruit ; les Mystères tiennent leurs assemblées dans l'ancien palais de Daud (David). Un grade nouveau est créé pour crier vengeance, non seulement à propos de la destruction du Temple, mais aussi à propos de la destruction des Livres, commencée depuis un siècle.
L'œuvre de Myriam, le Sépher, est tombé entre les mains des ennemis. Dans ce grade, il est représenté symboliquement par un enfant « qu'elle nous a laissé », dira-t-on.
Nous prions le lecteur de bien considérer ce symbolisme, car, à partir de cette époque, Marie sera représentée avec un enfant dans les bras. C'est le Livre qui sera confondu avec l'Enfant, parce que, depuis qu'on a mis la Femme sur le plan sexuel, on nie les œuvres de son esprit et on affirme celles de sa sexualité.
Déjà Isaïe disait (chap. V, 12) : « Ils ne regardent point l'œuvre de Hevah et ne considèrent point l'ouvrage de ses mains. »
Or ce n'est pas seulement le Livre de Myriam qui a été livré aux ennemis, c'est l'œuvre des huit autres révélatrices qui a été altérée, trahie, détruite ; et c'est tout cela qui crie vengeance, d'où le titre d'un grade nouveau : Maître Elu des Neuf (9e degré).
Rappelons le nom de ces neuf révélatrices :
- La Déesse Taoth (Thot), en Egypte, auteure des 42 livres sacrés.
- Yao, en Chine, auteure des King (Livres).
- La Voluspa, chez les Celtes, qui écrit l'Edda Islandorum.
- La Déesse Ardui-Anaïta, surnommée Diane, qui écrit l'A-Vesta.
- Isthar, chez les Chaldéens, dont on fait Oannès.
- Saraswatî, aux Indes, auteure du Véda.
- La Déesse Hemœra, dont le nom masculinisé est devenu Homeros (Homère), qui écrivit les livres sacrés de la Grèce.
- Krishna, aux Indes, qui écrit la Bhagavad-Gîtâ.
Ces grandes femmes sont appelées ironiquement des Séphiroth.
On en compte dix, comme les incarnations de Vishnou ; neuf déjà venues et une attendue.
Dans ce neuvième grade, on représente le schisme, c'est-à-dire la division de la nation en deux royaumes. Il y a à l'Orient deux trônes : celui des Juifs et celui des Israélites, représentés par Salomon et Hiram.
Le temple est orné de colonnes alternativement rouges et blanches ; le rouge est la couleur de l'étendard des Féministes (Israélites) ; le blanc est la couleur des masculinistes (Juifs).
La morale de ce grade, c'est que la trahison ne doit pas demeurer impunie, le pouvoir légitime doit ordonner la vengeance, la Déesse Hevah, Grand Architecte de l'Univers, est notre seul juge.
Et la vengeance doit être accomplie par neuf Maîtres élus, pour représenter les huit grandes Révélatrices... et Hiram : donc neuf.
C'est l'esprit de Jérémie qui inspire ce grade.
Il semble bien que ce soit elle qui l'ait fondé, pour se venger d'avoir été mise hors du Temple.

LES PETITS PROPHÉTES
Sophonie (Zephania) (en 630) parle avec indignation de ceux qui « sur les toits adorent l'armée des cieux ».
Elle prêche le relèvement du « Juste », autrefois humilié sous les infidèles. C'est son thème principal, ses paroles sont consolantes pour les opprimés, pour les pauvres femmes méprisées et refoulées par le monde masculin.
« Cherchez Hevah, tous les humbles de cette terre, tous les amis de la Justice » (II, 3).
« Fille de Sion, il ne te reste plus que les humbles et les petits, qui cherchent leur protection dans le nom de Hevah » (III, 12).
Habacuc fait les mêmes récriminations contre le méchant.
« La loi est méprisée. Hevah va punir, elle le fera par les Chaldéens ; mais Hevah sauvera son peuple, elle ne laissera pas l'impie dévorer le Juste. »
« Celui qui s'enfle d'orgueil n'est pas assuré de la vie, mais le Juste vivra par la foi. »
Abdias n'écrit qu'une petite prophétie d'une seule page, c'est une invective contre Edom ou l'Idumée (Edom ou Esaû est le nom du peuple masculiniste, opposé à Jacob ou Israël, nom du peuple féministe).
Job paraît être aussi une femme qui a souffert pour la sainte cause de la vérité et de la justice, qui est découragée, abandonnée, qui se souvient du temps où elle était puissante, qui est aujourd'hui à la merci du dernier des misérables. Son sommeil est troublé par les angoisses de la douleur, mais dans sa solitude elle se recueille, interroge les générations passées, les discours des anciens sages au temps où l'ancien régime existait, où « l'étranger n'était pas entré chez nous. » Elle a eu dix enfants, elle est abandonnée de tous les siens et « en horreur au fils même de ses entrailles » (XIX, 17).
Dans le Prologue de Job apparaît un personnage qui est appelé Satan, c'est-à-dire, en hébreu, l'adversaire de Hevah. Un « Satan », c'est un accusateur, un dénonciateur, un calomniateur, un traître.
Le Satan de Job est un agent de contradiction, un avocat des mauvaises causes, ennemi et antagoniste de Iehaveh, la Déesse, esprit de mensonge et d'erreur, suborneur infâme des enfants, inspirateur du mal, principe de toute laideur et père du mensonge.
Dans Zacharie, Satan, à la droite du Grand-Prêtre Josué, parle contre lui. Hevah le fait taire.
Dans les Chroniques (I, XX, 1), il est dit :
« Mais un Satan s'éleva contre Israël et porta David à faire le dénombrement de son peuple. »
Satan est un corrupteur, un agent provocateur qui suggère de mauvaises pensées et entraine les esprits faibles.
L'action du Satan s'exerce sur Job.
Les maux sans nombre dont Satan l'affligea sont la perte de ses biens, de sa fortune, de ses enfants, l'abandon de ses amis, les moqueries, les sarcasmes, et enfin des plaies purulentes par tout le corps, des pieds à la tête (une maladie contagieuse, sans doute).
C'est de tout cela que Job se lamente.
Annonçant la résurrection du règne de la Justice, elle dit (XIX, 25) : « Je le sais, mon vengeur existe ; à la fin il se montrera sur ma poussière. Et après que ma peau ne sera plus, mon corps (la corporation féminine) cependant le verra. Oui, je le verrai venir ; mes yeux le verront, mes propres yeux. »
La Vulgate, ajoutant ses idées surnaturelles, fait dire à Job : « Au dernier jour, je me relèverai de dessous la terre, et de nouveau je me revêtirai de ma chair » (1).
Il n'y a rien de cela dans le texte.
Le livre de Job a des allures poétiques et allégoriques.
(1) Les Catholiques placent la vie de Job tantôt avant Moïse, tantôt après Salomon : un écart de mille ans.

LES FAUX PROPHÉTES
A cette époque d'antagonisme, tout ce que faisaient les femmes était imité par leurs ennemis et contre-fait, c'est-à-dire fait contre elles.
C'est ainsi que l'on voit apparaître des hommes qui se disent prophètes et qui viennent opposer leur négation à l'œuvre féminine. Ils ne se contentent pas de parler, ils prétendent faire des miracles.
Les femmes les appellent des « faux prophètes ».
Nous avons déjà vu que Saül, dans un accès de frénésie, veut faire le prophète (Samuel, XVIII, 10).
La puissance mentale de la femme Déesse le tourmente, l'inquiète, il veut pour lui la gloire dont elle fut entourée et, pour la conquérir, il veut la dépasser, cherchant à produire, comme elle, des choses qui étonnent, qui semblent extraordinaires et dépassent la puissance des facultés de l'homme. L'intuition de la femme qui lui faisait trouver les lois de la Nature avait fait d'elle un être sur-masculin, ou sur humain (car les hommes seuls sont les humains quand les femmes sont Déesses). Le faux prophète, qui jalouse la femme, veut aussi produire des choses sur-humaines, et crée « ce qui dépasse le réel », non pas dans le sens du vrai, mais dans le sens du faux, non dans le sens du bien, mais dans le sens du mal, non dans le beau, mais dans le laid. Ce qu'il produit ne ressemble en rien à ce qui émane de la puissance mentale de la femme : il prétend régner sur la Nature ; la femme avait expliqué les lois qui la régissent ; lui prétend les modifier ; ses facultés masculines lui donnent la volonté, l'esprit de domination, il veut les appliquer à la science et, croyant vaincre la Nature, comme il a vaincu la femme, il croit pouvoir dominer les phénomènes et les plier à ses caprices. Ce sont des thaumaturges, de méprisables imposteurs, des charlatans ou des prestidigitateurs plus ou moins habiles.
Ceci est très important pour l'histoire de la pensée humaine. Impossible, sans la connaissance de cette loi qui pousse les inférieurs à parodier les idées abstraites de la femme, de comprendre le pourquoi des divagations des devins de tous les temps. Le changement de mentalité est une imitation aussi ridicule que le changement de costume.
Dans les grandes luttes de cette époque, nous voyons les femmes s'élever avec force contre ces « faux Prophètes » qui se mêlent de rendre des oracles, qui se disent devins.
Tant que la Femme eut le pouvoir, ils furent voués au mépris et rejetés. On les condamna en Egypte et chez les Israélites.
Parmi les plus connus de ces faux prophètes, il faut placer Elie et Elisée, qui vivaient au VIIème siècle, en même temps qu'Isaïe qu'ils voulurent imiter.
Mais leurs actions prouvent suffisamment que ce sont des hommes, comme les actions d'Isaïe et de Jérémie prouvent que ce sont des femmes.
Ainsi, Elie et Elisée ne trouvent rien à redire au culte du taureau. Ils font des miracles, qui ont servi de modèles pour ceux qu'on a prêtés à Jésus, comme le jeûne de 40 jours et la multiplication des pains (I Rois, XIX, 8, et II Rois, IV, 43). Ils représentent les phénomènes de la Nature comme des châtiments. Elie, à la suite d'une sécheresse suivie de famine, présente le cas au peuple comme un châtiment de Hevah, à cause du culte de Baal, et provoque le massacre des Prêtres de Baal par ses prédications fanatiques. Il demande avec intolérance et violence que Hevah soit servie à l'exclusion des autres Dieux. C'était un féministe maladroit, qui employait dans la lutte de mauvais moyens, la violence, la cruauté.
Sa mort fut entourée de légendes surnaturelles. On raconte qu'Elie n'est pas mort, mais qu'il a été transporté vivant au Ciel, Ce qui n'empêche qu'on montre son tombeau à Sarepta ; on en trouve un autre dans un faubourg de Damas, vénéré comme le premier ; on en trouve même un troisième à une demi-journée de cette ville, et celui-là, suivant la tradition du pays, est le véritable.
Voilà bien des tombeaux pour un homme qui n'est pas mort sur la terre et dont le corps s'est envolé au ciel.
Elisée, un autre faux prophète, est un fanatique, qui insinue à Hazaël l'idée d'usurper le trône de Damas et de faire la guerre aux Israélites. Joram ayant été blessé dans le combat, Elisée profite du moment où on pansait ses blessures dans le palais de Jesréel, pour faire oindre secrètement Jéhu et l'engager à exterminer la famille royale.
Osée semble être un prophète de la même valeur.
Trois chefs d'accusation furent dirigés contre les faux prophètes ; on leur reproche :
1° De parler au nom de Dieux inconnus (les Dieux mâles).
2° D'avancer des choses fausses ou contraires à la Loi.
3° D'annoncer avec assurance des événements qui ne sont point arrivés.
En effet, les faux prophètes fondaient leur autorité sur des signes, des prédictions de l'avenir, et tout cela au nom d'une Déité lahveh qui dénature Hevah, à qui ils font jouer le triste rôle d'inspiratrice de leurs insanités.
« L'Hébreu qui aura parlé fièrement, sans raison, sans lumières, par ambition ou par vanité, au nom (de la Déesse) d'Israël, et aura dit des choses qu'il ne lui a pas commandé de dire, et celui qui parlera au nom d'autres Dieux, sera puni.
« Si tu demandes comment on reconnaît la parole que Hevah n'a point dite, quand la chose avancée par le prophète ne sera point ou n'arrivera point, il aura parlé fièrement et tu n'auras aucune crainte de lui.
« S'il s'élève au milieu de vous un prophète ou un songeur qui vous annonce quelque signe ou miracle et que le signe ou miracle arrive exactement ; s'il vous dit, en même temps : Servez d'autres Dieux que vous ne connaissez point et que vos pères n'ont point connus, vous n'écouterez point ces discours. Hevah vous éprouve pour voir si vous l'aimez de toute votre âme ; vous suivrez cette Déesse seule, vous garderez ses lois, vous vous attacherez à Elle de plus en plus et vous punirez le prophète ou songeur ; car il a voulu vous révolter contre celle qui vous a retirés de la maison d'esclavage ; car il a cherché à vous faire sortir de la voie qui vous a été prescrite afin que vous y marchiez. »
Les Prophétesses se distinguaient des faux Prophètes en ce qu'elles ne cherchaient pas à s'imposer par des miracles. La grande âme de la Prophétesse et l'utilité de sa doctrine sont les seuls faits merveilleux qui prouvaient sa mission. Les miracles n'ont jamais été qu'une parodie grossière du Merveilleux naturel des grandes Femmes. Les Prêtres égyptiens excellaient dans cette fourberie.
Quand les hommes frappent les esprits par des choses extraordinaires, c'est toujours pour s'emparer d'un pouvoir auquel ils n'ont pas droit. C'est la fin qui explique les moyens.
Ils se font appeler « Roë » (voyant) et « Hosheh » (sauveurs), ils devinent les pensées, simulent les facultés intuitives de la Femme, ils ont des extases, des visions de Dieu.
Les faux Prophètes se donnent une grande supériorité sur le Cohen et le Lévite (les Prêtres) qui ne sont que des hommes, alors que, eux, ils sont l'ombre de la Prophétesse, l'Esprit féminin travesti, il est vrai.
A quelque distance de Chypre, on voyait le mont où Elie aurait érigé un autel à Marie, dit-on.
« Il est arrivé sur cette terre, s'écrient Jérémie, Michée, Ezékiel, une chose étonnante et qui fait horreur ; de vils prophètes ont prêché le mensonge ; les sacerdotes ont dominé par leur moyen, et mon peuple a pu aimer cela !... Nous sommes remplis de l'esprit de Justice et de courage pour censurer Israël ; écoutez donc, chefs de la maison de Jacob, conducteurs du peuple, qui avez le Jugement en abomination et qui pervertissez tout ce qui est droit : on bâtit Sion de sang et Jérusalem d'injustices ; ses chefs, semblables à des loups qui ravissent leur proie, ne jugent et n'administrent que pour des récompenses, ses sacerdotes n'enseignent que par intérêt, ses prophètes ne parlent que pour de l'argent, puis ils s'appuient tous sur Hevah en disant : Hevah n'est-elle pas parmi nous ? »
Les désordres, les extravagances, les folies des faux prophètes sont racontés par Renan, qui dit (Le Peuple dIsraël, t.1, p. 379) : « Leur secret pour se procurer une ivresse orgiaque en faisait des espèces de Corybantes. Ils parcouraient le pays en grandes bandes, en corde », en monôme comme on dirait dans l'argot parisien, avec des chœurs de danses au son de la cithare et du tympanon. C'était quelque chose de très analogue aux derviches hurleurs et aux Khouan des pays musulmans.
On les voyait descendre des Hauts Lieux où se célébraient les fêtes, précédés de nébels, de tambourins, de flûtes, de kinnors, chantant, criant, gesticulant, se répondant en chœur. Il suffisait de se mettre dans le monôme des prophètes, ou seulement de le rencontrer, pour être pris du même enthousiasme, suivi de prostration et de sommeil cataleptique. Durant des jours et des nuits, les convulsionnaires se roulaient par terre entièrement nus.
Une expression régnait : « faire le prophète, agir en prophète, être fou ».
Ces accès de fureur divine étaient attribués à l'esprit de Dieu qui, courant sur les masses, les soulevait et les entraînait à des actes voisins de la folie. L'individu que l'esprit saisissait n'était plus responsable de ses actes ; il devenait un autre homme, l'esprit agissait en lui et il n'avait qu'à se laisser aller, tout ce qu'il faisait était censé divin. Et Renan ajoute en note : « La ressemblance qu'il y a entre le prophétisme du temps de Samuel et le prophétisme du temps d'Elie, à 300 ans d'intervalle, fait qu'on se demande si le tableau du premier (celui de Samuel) n'est pas un décalque rétrospectif du second (celui d'Elie). »
Evidemment, on a rectifié le livre de Samuel avec les idées du temps d'Elie. C'est alors qu'on appelle la voyante « homme de Dieu » ; en trois siècles, le personnage a changé de sexe. Tout cela inspire à Renan une réflexion finale : « L'homme fut des milliers d'années un fou après avoir été des milliers d'années un animal » (Le Peuple d'Israël, t. 1, p. 26).
Ce qui n'a pas empêché que des milliers de Prêtres, venus après ceux de cette époque, les ont imités, les ont glorifiés et ont continué l'œuvre de folie commencée.

L'ENSEIGNEMENT DES PROPHÉTESSES
Le rôle des Prophétesses fut très important. Elles avaient entrepris d'instruire les hommes et de les reprendre (prendre de nouveau). Elles furent les véritables fondatrices de la littérature hébraïque. Elles soutenaient vaillamment leur droit d'enseigner la Vérité, elles parcouraient les campagnes, moralisant les hommes et leur prédisant les plus grands désastres s'ils ne revenaient pas au bien. C'est à elles qu'on doit les premiers chants qui nous sont parvenus, tel le cantique de Myriam et celui de Débora, le livre des générations d'Adam, celui des guerres de Ihevah, celui des Prophéties.
Ce sont des femmes, certainement, qui sont les auteurs des livres perdus, ou plutôt détruits, leurs titres en attestent.
Leur influence sociale n'était pas moindre que leur activité littéraire. Elles se trouvaient à la cour, près des rois, pour les conseiller ou les blâmer. Du reste, on consultait les femmes sur toutes choses d'intérêt public, solennellement.
« Les nabis (Prophètes), dit Renan, avaient des secrets mystérieux qui les mettaient en rapport avec les Elohim. Ils avaient une puissance redoutée, on leur attribuait des pouvoirs surnaturels et une science profonde. » De qui peut-on parler ainsi, des Prophétesses ou des faux Prophètes qui les imitent ?
Quand les prédications des antiques inspirées furent consacrées par le temps, elles se perpétuèrent dans les assemblées des synagogues, qui s'étaient établies partout et qui servaient de lieux de réunion. C'est là que les femmes affligées venaient chercher des consolations et du courage pour supporter l'oppression et l'affront. Combien les véhémentes paroles des grandes inspirées devaient toucher les malheureuses opprimées ! Comme elles devaient calmer leurs souffrances en leur faisant entrevoir un avenir meilleur ! Quel enthousiasme devait naître dans cette foule découragée quand elle entendait annoncer le châtiment des méchants et le triomphe des Justes !
L'éloquence des Prophétesses dépasse tout ce qui a été fait dans ce genre littéraire. C'est l'expression forte de la Vérité qui élève l'âme et soulève un enthousiasme que nul autre écrit n'a provoqué.
Qui s'est approché de la sublimité d'Isaïe ? Qui a eu son éclat et sa douceur ?
Qui a atteint le pathétique de Jérémie, l'âpreté d'Ezékiel, la verve et l'élan répandus dans les « petits prophètes » ?
Ce n'est que dans les accents indignés des femmes réclamant la Vérité et la Justice que l'on trouve de pareils élans, une pareille force d'inspiration, une conviction aussi profonde.
Et nous ne lisons ces écrits que dans des traductions altérées par ceux qui ont voulu nous cacher la véritable cause de ces cris de douleur, de ces véhéments reproches. Que serait-ce donc si cette grande poésie était lue dans sa rédaction primitive et dans sa langue originelle ?
Les livres des Prophétesses sont la source la plus profonde et la plus pure des sentiments de la nature humaine. C'est dans leurs écrits que les Catholiques ont puisé les éléments de leurs livres, mais ils ont pris la lettre, non l'esprit, ils n'ont pas compris la portée des idées qu'ils copiaient inexactement ; aussi le Nouveau Testament, qui a imité l'Ancien, n'en a été qu'un pâle reflet, il est sans force. Et, à la lueur de cette mauvaise copie, la morale dite chrétienne semble encore belle à des gens naïfs qui ne savent pas discerner les sentiments vrais des sentiments faux, qui ne comprennent pas dans quel repli de l'âme est la source de ce trésor de vérité dont les épaves leur semblent si admirables ! Disons, cependant, que ce qui rend la lecture de la Bible si ennuyeuse, ce sont les détails d'histoires locales que nous ne comprenons pas, qui n'eurent d'intérêt qu'à l'époque où les Livres furent écrits.
Ce qui distingue la littérature des Prophétesses de cette époque, c'est la spontanéité de l'inspiration et la liberté de l'expression. Depuis, les Femmes n'ont plus osé parler avec cette grande franchise, cette grande autorité. Du reste, partout persécutées, elles n'en ont plus eu le pouvoir.

ÈVOLUTION DE L'IDÈE DIVINE CHEZ LES ISRAÈLITES
Le « Principe Divin » n'était pas considéré dans l'antiquité comme il l'a été dans les temps modernes.
Les idées régnantes partout affirmaient des Principes Cosmiques générateurs de la vie, agissant sur la Terre pour créer et animer les êtres organisés ; puis une puissance morale, supérieure à l'homme et représentée par la Déesse. Ces idées sont inscrites dans la primitive Religion des Israélites de la façon la plus claire. C'est même là qu'il nous est le plus facile de les restituer.

ELOHIM
La Puissance cosmique, c'est « Elohim », pluriel du mot Eloha, nom donné au Principe-Force et dérivant lui-même de la racine alphabétique d'Aleph et Lamed (AL) qui peint l'élévation, la force et la puissance expansive. On l'appelle aussi le « Très-Haut », qui maintient (QONEH) les Cieux et la Terre. Elohim, dans son sens abstrait, signifie « Forces radiantes », Etre-étant (en activité d'être), c'est-à-dire actif pour faire l'Etre. C'est la Force, ou les Forces, l'atome radiant manifesté par les radiations solaires ou stellaires. Le mot est au pluriel parce qu'il y a sept Principes actifs qui se manifestent dans les radiations colorées des étoiles : c'est le septénaire. Pris au singulier, Eloha, c'est la Force en principe, Force initiale qui se manifeste par des radiations multiples. C'est l'énergie infinie et inconsciente, l'impulseur aveugle qui embrasse tout dans l'espace sans limites et qui féconde la substance irréductible et purement potentielle, l'Ether-Azote, sans forme concrète.
Elohim génère la lumière, crée les mondes, mais reste indifférent et étranger aux merveilles qui émanent de lui. Il crée la vie sans le savoir et sans pouvoir s'intéresser à son avenir, il ne sait pas si sa création servira au bien ou au mal des sociétés humaines.
Or la Nouvelle Science reconnaît le même pouvoir dans l'atome radiant manifesté dans la radiation solaire : c'est, comme Elohim, l'énergie infinie, inconsciente et inconcrète, c'est une impulsion aveugle qui embrasse tout dans l'espace sans limites qu'elle parcourt. Elle féconde la substance irréductible, azote, elle est le Principe premier qui crée les mondes et manifeste, à leur surface, tous les phénomènes physiques : la lumière, la chaleur, l'électricité, la vie.
La confusion que font les modernes de la « Force » avec la « Divinité » vient de l'habitude prise, depuis le Christianisme, de mêler ces deux idées complètement séparées dans l'antiquité. Mais, pour les primitifs Israélites, Elohim n'est pas un « Dieu », c'est le Septénaire, les Forces, les Puissances cosmiques génératrices des mondes et des êtres. Le mot « Dieu » ne peut s'appliquer qu'à la personnification terrestre qui représente la Puissance morale et l'enfantement.

IEHOVAH
Après la « Puissance cosmique », les anciens reconnaissaient l'existence d'une Puissance supérieure, représentée par des êtres humains, qu'on appelait des « Dieux » et des « Déesses ». Des Déesses d'abord, puisque, dans la chronologie divine, elles sont avant les Dieux.
Les Israélites ont aussi, dans l'histoire de leur religion, cette Puissance morale ; les modernes l'appellent Iehovah, nom qui ne fut introduit dans le langage religieux qu'au XVIème siècle. Les savants la nomment Iehaveh, mot plus près du nom primitif qui est Hevah, Hovah ou Havah.
Ce n'est que dans le second chapitre de la Genèse, alors que la création est achevée et seulement lorsque la vie morale commence, que nous voyons apparaître, dans la Bible, le mot Iahveh. Il est pris, alors, comme l'emblème de l'autorité morale qui réside dans la Divinité. Les traducteurs masculins disent qu'il est l'emblème de la génération, c'est-à-dire de la maternité.
Dans les autres livres de la Bible, nous voyons le nom de Iahveh accompagné du mot Çebaôth (Jérémie, 46-18 ; Psaumes, 5-3, 44-5, 48-3, 68-25 ; Isaïe, 41-21, 44-6).
Çebaôth vient de Sebathe et veut dire « astre » ou armée céleste, pris symboliquement pour le monde des cieux, les spirituelles.
A partir de ce moment (8 siècles avant notre ère), on compare la Déesse à un astre comme cela avait été fait dans toutes les religions de l'Asie ; partout le symbolisme religieux, d'abord humain, devint astronomique.

COMMENT IEHAVEH SE CONFOND AVEC ELOHIM
C'est par des comparaisons avec les astres, ou avec le soleil, que commence la confusion des idées et des mots. Souvent, à la suite de Iehaveh, on mettait Sabaoth ou Elohim. Et l'on disait Ihaveh Sabaoth, Ievah Elohim. Une expression souvent employée est Iahveh-Elohim-Israël, que l'on traduit mal Iahveh Dieu d'Israël. Il faudrait dire « force d'Israël », le mot Elohim ne veut jamais dire « Dieu ».
Quand la Femme fut ainsi élevée vers le ciel, on introduisit l'usage d'envoyer des baisers d'adoration au soleil ou à la lune, usage très répandu chez les voisins des Israélites. Etait-ce dans un sens ironique ? On ne sait jamais.
C'est ici le point initial de l'idée d'une Divinité personnelle régnant dans les cieux.
Le Prêtre, en supprimant la Déesse terrestre, qui le gênait, la remplaça par le Dieu plus commode qu'il envoya trôner dans l'immensité céleste entouré des anges, des archanges et de toute la population paradisiaque, qui représente symboliquement l'ancien monde théogonique. Peu à peu les Prêtres firent de ces entités les habitants réels d'un monde invisible, et les générations suivantes finirent par croire à leur existence. L'homme oublia que c'était lui qui les avait créés.
Mais cela n'a jamais empêché la tradition populaire d'appliquer le mot ange à la femme belle et bonne (1).
Tout cela devait aboutir à un ensemble de croyances confuses, juxtaposées et confondant sous un même nom les idées les plus dissemblables. C'est, ce qui engendra le chaos confus de la théologie des religions modernes.
(1) M. Louis Martin, dans les Sataniques, a publié un dialogue intitulé Ironie, dans lequel il explique à une jeune fille curieuse des problèmes de la Religion, pourquoi les anges, autrefois si familiers avec les hommes, sont maintenant d'une réserve plus qu'excessive. « En effet, dit-il, on les a vus, comme vos livres saints en témoignent, luttant d'adresse avec celui-ci, allant de ville en ville avec celui-là, donner aux uns d'utiles conseils, en sauver d'autres d'un désastre, enfin paraître aimer autant la terre que le ciel. Et aujourd'hui, en fait d'anges, on ne voit plus que vous, Mademoiselle, et les belles créatures qui vous ressemblent. » En effet, l'ange, c'est toujours la jeune fille. On y revient, les choses reprennent leur réalité primitive, tout rentre dans la Nature réelle, le surnaturel s'évanouit.

LE NOM INEFFABLE
Les Hébreux redoutaient et vénéraient le saint nom de Hevah. Mais la réaction sacerdotale amena des révoltes, alors le « saint nom » fut blasphémé. Les Prêtres, en même temps qu'ils créèrent les Dieux mâles, avilirent, déshonorèrent le nom de la Déesse, la vraie Divinité, celle qui est la vraie « Puissance morale », qui règne sur l'homme.
Le saint nom de Hevah fut redouté ou vénéré, suivant que la Femme était l'objet de la haine ou de l'amour de l'homme. Ce nom sacré servait de mot de ralliement aux uns, tandis qu'il était une expression de jalousie haineuse de la part des autres. L'intonation que l'on prenait en le prononçant indiquait les sentiments de celui qui parlait. Le nom sacré devenait le sacré nom par le renversement de la pensée de l'homme perverti, qui renversait l'ordre des mots, quand il ne voulait plus respecter le Principe féminin.
C'est pour prévenir ou punir le blasphème que l'on avait mis dans la Loi un commandement qui disait :
« Tu ne prononceras pas le nom de Hevah pour le mensonge » (Exode, 20,7). On sait ce que les Prêtres firent de ce commandement, ils le traduisirent par « Dieu en vain tu ne jureras ». S'ils ont laissé dans le Lévitique des menaces terribles adressées aux blasphémateurs, c'est que, dans leurs remaniements du Sépher, ils avaient changé le sexe de la Divinité.
Mais le blasphème ne fut d'abord que l'outrage à la Déesse, l'outrage à l'Esprit féminin.
Le résultat de cette condamnation sévère fut que les insulteurs prirent la résolution de ne plus prononcer du tout le nom de la Déesse. Les Juifs, quand ils lisaient le « Livre sacré », ne prononçaient pas le nom de Hevah, ils le remplaçaient par le mot Femme. Du reste, ils arrivèrent à en ignorer la véritable prononciation, qui n'était connue que du Grand-Prêtre.
Le nom ineffable tourmentait aussi les Prêtres égyptiens. Ce sont eux, avant les Hébreux, qui avaient pris l'habitude de le taire.
Le nom qui ne se prononçait pas par respect chez les Égyptiens, était Thoth Trismégiste, la Sagesse éternelle, appelée aussi « Ha » et « Amen-Ra ». De Amen on fait « Amoun », l'Etre caché, mystérieux.
C'est ainsi, en cachant le nom de la Femme, que les Prêtres de tous les pays arrivèrent à la faire disparaître de l'histoire. Le silence, dit Jamblique, était l'unique culte rendu à « l'unité individuelle », autre manière de désigner le féminin suivant les enseignements secrets des Pythagoriciennes.
Chez les Juifs, le Grand-Prêtre seul avait la permission de prononcer le nom sacré, et cela une seule fois dans l'année, le jour de l'expiation (dixième de Thishri), mais alors les Lévites, par le bruit qu'ils faisaient à ce moment, empêchaient qu'il fût entendu de la multitude. « Ce nom n'est jamais prononcé par les Juifs modernes dans leurs synagogues, dit Fabre d'Olivet. La plupart y attachent de grands mystères, surtout ceux des rabbins qu'on appelle Kabbalistes. »
L'usage de taire le nom de la Femme s'est perpétué, c'est devenu pour certains hommes un impératif atavique, et c'est ainsi que dans les temps modernes il est encore tant d'hommes qui évitent de prononcer le nom des grandes femmes et l'entourent de ce qu'on appelle « la conspiration du silence ». Il était utile de montrer que ce système remonte à une haute antiquité.
Donc on ne voulait plus que le nom de la Femme fût glorifié dans le Temple. On alla plus loin. Dans le but de changer la prononciation de certains mots (et le mot Hevah est de ceux-là), on introduisit dans la langue les points-voyelles, qui sont des signes placés au-dessous des consonnes pour les vocaliser. C'est au moment où ce changement se produit dans la langue que les mots dont on veut cacher l'origine changent de prononciation.
Parmi les Juifs qui se sont occupés de grammaire, Richard Simon cite Juda Hing, qui parle des lettres qui sont cachées et de celles qui sont ajoutées. Le plus grand secret de la langue hébraïque consiste, selon lui, à savoir distinguer ces sortes de lettres et à marquer précisément celles qui sont du corps des mots et celles qui n'en sont pas. Il assure que le secret de ces lettres est connu de peu de personnes, et il reprend en cela l'ignorance des rabbins de son temps qui, faute de cette connaissance, « ne pouvaient réduire les mots à leur véritable racine pour en découvrir le sens » (Richard Simon, Histoire critique, L. 1, ch. III). Les occultistes modernes, plus savants que les rabbins dont parle cet auteur, savent très bien en quoi consiste l'altération introduite dans l'écriture du nom de la Déesse. Ecrit primitivement Hehve ou Hevah, on place devant ce nom la lettre iod qui est un signe masculin. Placé devant Eve, ce nom devient Ieve et signifie un hermaphrodite (Iah-Havah). I est le Iehavah mâle et femelle, père créateur, Hevah est la Mère et Iehevah est le dualisme. C'est sans doute pour réagir contre cette altération du nom sacré que les Israélites s'étaient imposé la règle de ne pas commencer un mot par un iod.
On changea donc la prononciation du mot Hevah et on en fit Iehaveh. C'est ainsi que le peuple ignorant le prononçait, et alors, loin d'exprimer les perfections divines de la Femme, il ne signifia plus que calamité, existence malheureuse dont on ne connaît pas le terme.
Ce nom a été prononcé mal à propos Iehovah à cause d'une ponctuation vicieuse des Massorètes.
Cette signification du nom de Iehaveh est considérée dans le monde rabbinique et dans certaines sociétés secrètes comme un mystère qu'il ne faut pas révéler. Et Fabre d'Olivet, qui dans sa Langue Hébraïque restituée nous donne toutes les indications nécessaires pour la retrouver, ajoute (pp. 67 et 99) : « Comme mon intention n'est pas de profaner les secrets d'aucune secte, je désire que ceux que j'ai laissés entrevoir jusqu'ici ou que je serai conduit à révéler par la suite ne choquent personne. Si contre mon attente il se trouvait néanmoins des sectaires qui fussent offensés de la publicité que je donne à certains mystères, je dois leur répéter que, ne les ayant reçus d'aucun homme ni d'aucune société et ne les devant qu'à mes seules études, je puis les publier sans trahir aucun secret. »
C'est parce que Fabre d'Olivet a eu le courage de tout dire qu'il est, dans le monde scientifique, un auteur mal vu et déprécié. Ce sont les Cohens et les Lévites qui supprimèrent Hevah, et en firent l'innommé. C'est ainsi qu'ils tuèrent l'antique religion Israélite pour lui substituer le Judaïsme. Et c'est pour que des auteurs indiscrets ne rétablissent pas l'antique signification des mots qu'il n'est plus permis au peuple juif de proférer le nom de la Divinité dont on a laissé le sens s'égarer. C'est pour cela qu'on n'admet dans les synagogues que des écritures sans points.

LE CARACTÈRE DE IEHEVAH
Le caractère de lehevah, tant discuté, a été volontairement mal compris. C'est la manifestation de la force morale de la Femme, qui s'impose.
On lui reproche d'être un « Dieu » autoritaire : quand il a parlé, tout doit se taire, sa volonté est son unique loi, sa seule raison ; son droit, c'est sa force ; la parole de Iehaveh n'admet pas de réplique, il règne par la terreur et ne commande qu'à des esclaves, il n'aime, ne connaît, n'adore que lui-même.
Tous ces reproches sont ceux que l'homme adresse à la Femme, quand Elle est assez grande pour exercer sans crainte son autorité morale. Tous ces reproches prouvent sa puissance, sa supériorité spirituelle et la conscience qu'elle a de sa grandeur.
Reprocher à une Divinité ses caractères divins, c'est aussi grotesque que de reprocher à la Femme ses caractères féminins.
On reproche aussi à Iehevah d'être un « Dieu jaloux », alors que la jalousie est du côté de ceux qui veulent diviniser l'homme à sa place. C'est celui qui jalouse la Déesse qui lui attribue sa jalousie par réflexion sexuelle, pour se venger de ses reproches. Mais les reproches de la Femme étaient justifiés ; quand elle voulait obliger l'homme à respecter sa divinité, elle avait pour elle la raison appuyée sur les lois de la Nature.
Enfin, on fait de Iehaveh un Dieu capricieux et fantasque, mais ce Iehaveh-là, c'est la haine de l'homme qui l'a imaginé, c'est le reflet de sa propre pensée dont il habille la Divinité pour la flétrir, c'est lui qui la crée ainsi, c'est son imagination qui l'enfante, c'est sa conscience qui lui donne l'existence, elle est le reflet de ses craintes. C'est l'homme qui met à l'avoir de Iehevah des caprices d'homme, des craintes d'homme, des colères d'homme et les hallucinations auxquelles il est sujet. C'est ainsi qu'on lui attribue des actions contraires aux lois physiques pour punir les hommes. Ces accusations sont des interpolations qui, dans les Livres sacrés, viennent bouleverser les idées primitives, changer le caractère de la Divinité. La Puissance féminine, exclusivement morale, n'est cause ni des pestes, ni des famines, ni des tremblements de terre, ni des inondations. Si les femmes, dans leur colère contre la révolte des hommes, les ont quelquefois menacés de châtiments physiques, c'est parce qu'elles savaient que la crainte d'un grand danger pouvait seule les contenir. Mais, si elles ont fait des menaces de ce genre, elles n'y ont jamais cru elles-mêmes.
Le caractère de Iehevah fut changé quand les sacerdotes en firent un « Dieu » à qui ils donnèrent un petit esprit, un Dieu local, patriote, national et féroce.
Ce nouveau Iehaveh n'est plus l'antique Déesse Hevah, source de force morale dans le monde. « C'est un politique massacreur, dit Renan, un Dieu qui favorise une petite tribu perfas et nefas. Tous les crimes vont être commandés au nom de Iehaveh. Une telle évolution est bien dans la nature des choses et, nous l'avons vue se passer de nos jours. L'Allemagne, par la haute philosophie sortie de ses entrailles, avait pardonné mieux qu'aucune autre race le caractère absolu, impersonnel, suprême de la Divinité. Or, quand elle est devenue une nation, elle a été amenée, selon la voie de toute chair, à particulariser Dieu. L'empereur Guillaume, à diverses reprises, a parlé de « Unser Gott » et de sa confiance en ce Dieu des Allemands. C'est que nation et philosophie ont peu de chose à faire ensemble. L'esprit national, entre autres petitesses, a la prétention d'avoir un Dieu qui lui appartienne. Iehaveh-Elohinou, Iehaveh notre Dieu, dit l'Israélite. « Unser Gott », dit l'Allemand. Une nation est toujours égoïste. Elle veut que le Dieu du Ciel et de la Terre n'ait d'autres pensées que de servir ses intérêts ; sous un nom ou sous un autre, elle se crée des Dieux protecteurs. » Il y a dans ce passage une idée qui prend sa source dans un atavisme lointain et profond. C'est que l'homme a eu beau faire évoluer le nom de la Divinité, le cacher, l'anéantir, la Femme Divine est restée au fond de son cœur et en émerge de temps à autre. C'est la femme de sa race, c'est celle qui représente sa Patrie (l'ancienne Matrie) qui est sa Déité, c'est pour cela qu'Elle est « un Dieu national ». C'est une Femme que l'Allemand met sur ses armes à côté de sa devise « Deutschland über alles ».

LA COMPOSITION DES NOMS
Ces luttes à propos du nom de la Déesse nous sont encore révélées par l'habitude que prenait chaque parti de faire entrer le nom de sa Divinité dans la constitution des appellations. Ainsi les féministes font entrer le nom de la Déesse, soit comme composant initial (ieho ou io), soit comme composant final (iah), dans leurs appellations : tels Ezékiel (Yehazeh-el), « celui ou celle que Hevah fortifie » ; Jonathan (Yo-nathan), « celui que Hevah a donné ».
Cela commence vers le temps de Samuel et de Saûl.
Par imitation, les masculinistes font entrer le nom de Baal et celui de Melek (Milek ou Molok) dans la composition de leurs noms.
« A l'époque des Juges et de David, dit Renan, un grand nombre d'Israélites portent des noms où entre le composant Baal, tels que Jarébaal, Meribaal, Isbaal, Baaliada. Ce nom de Baal, équivalent d'Adonaï, mais particulièrement affectionné par les Phéniciens, ne fut considéré comme messéant et idolâtrique qu'à partir des prophètes. »
Ces noms furent toujours mal vus des féministes qui en faisaient un signe de honte : Baal-Bérith, Malak-bel ou Melek-bel, « le Maître roi de la terre ». Aussi les masculinistes changèrent de système, ils mirent de leur côté les noms formés avec celui de la Déesse (masculinisée) : tels Elie (El-Yah), Joël (Yo-el), « celui dont Iehaveh est le Dieu » ; Jean (Yo-hanan), « Iehaveh est bon ».
Les sacerdotes, imitant tout ce que faisait le parti adverse voulurent aussi élever Baal jusqu'à Elohim, et l'on vit les Baalim mis pour les Elohim.
On disait aussi les Beni-Elohim (les fils de Dieu), la race divine, en attendant l'apparition d'Adonaï qui va surgir au VIème siècle (1).
C'est ainsi que l'imitation crée la confusion. Ce ne sont que des guerres de mots, aucun raisonnement n'apparaît dans cette lutte ; on confond les deux conceptions primitives, si différentes l'une de l'autre. C'est par ce chemin que le Prêtre finira par placer dans le ciel son image divinisée, par faire de son sexe, de son moi, un Dieu personnel qu'il agrandira incessamment et qui arrivera à remplir l'infini.
Et quand, plus tard, on discutera sur ces questions, on ne pourra plus rien comprendre aux croyances imposées par l'orgueil de ces hommes ; ils ne veulent même plus qu'on les discute, car discuter, c'est douter, douter, c'est instruire leur procès, et ils ne veulent pas du rôle d'accusé, ils aiment mieux garder les erreurs qu'ils ont créées et les superstitions qui sont la sauvegarde de leur ambition insensée.
(1) Dans « Etudes Traditionnelles » à l'article « Paroles perdues et mots substitués », René Guénon nous dit : « Dans certains cas, au lieu de la perte d’une langue, il est parlé seulement de celle d’un mot, tel qu’un nom divin par exemple, caractérisant une certaine tradition et la représentant en quelque sorte synthétiquement ; et la substitution d’un nouveau nom remplaçant celui-là marquera alors le passage de cette tradition à une autre. Quelquefois aussi, il est fait mention de « pertes » partielles s’étant produites, à certaines époques critiques, dans le cours de l’existence d’une même forme traditionnelle : lorsqu’elles furent réparées par la substitution de quelque équivalent, elles signifient qu’une réadaptation de la tradition considérée fut alors nécessitée par les circonstances ; dans le cas contraire, elles indiquent un amoindrissement plus ou moins grave de cette tradition auquel il ne peut être remédié ultérieurement. Pour nous en tenir à l’exemple le plus connu, nous citerons seulement la tradition hébraïque, où l’on trouve précisément l’un et l’autre de ces deux cas : après la captivité de Babylone, une nouvelle écriture dut être substituée à l’ancienne qui s’était perdue, et, étant donnée la valeur hiéroglyphique inhérente aux caractères d’une langue sacrée, ce changement dut forcément impliquer quelque modification dans la forme traditionnelle elle-même, c’est-à-dire une réadaptation. D’autre part, lors de la destruction du Temple de Jérusalem et de la dispersion du peuple juif, la véritable prononciation du Nom tétragrammatique fut perdue ; il y eut bien un nom substitué, celui d’Adonaï, mais il ne fut jamais regardé comme l’équivalent réel de celui qu’on ne savait plus prononcer. Il est à peine besoin de faire remarquer, ajoute t-il dans une note de bas de page, combien la chose serait invraisemblable si l’on voulait la prendre à la lettre : comment une courte période de 70 ans aurait-elle pu suffire pour que personne n’ait plus gardé le souvenir des anciens caractères ? Mais ce n’est certes pas sans raison que cela se passait à cette époque de réadaptations traditionnelles que fut le VIe siècle avant l’ère chrétienne. »

SUBSTITUTION DU MOT « ÉTERNEL » AU NOM DE HEVAH
C'est dans la version grecque du Sépher et dans les livres qu'on y ajouta par la suite pour former la Bible dans sa forme moderne, qu'on supprima le mot « Iehevah » et qu'on le remplaça par le mot « Eternel ». On fit de même dans la version latine. Cette particularité a une grande importance ; elle contient une affirmation et une preuve de plus de la signification primitive du nom mystérieux, du nom innommable.
On attribuait cette réserve à une vénération superstitieuse qui défendait aux Juifs de prononcer le nom de leur Déesse. Cette prétendue vénération n'est au fond qu'un remords et une crainte. C'est en même temps un stratagème destiné à faire disparaître de la langue religieuse et de l'esprit des peuples tout ce qui pouvait rappeler la puissance morale de la Femme.
On a remplacé le nom de « Hevah » par l'« Eternel » quand on a confondu la puissance morale terrestre avec la puissance cosmique « Elohim ». Et alors on a vu se produire deux écoles, celle des Iehovistes et celle des Elohistes, c'est-à-dire celle qui se rattache à la version primitive dans laquelle les puissances sont séparées et celle qui confond Iehaveh avec Elohim ; mais rien n'est plus facile que de rétablir la conception primitive, les mots seuls ayant changé, tandis que les idées sont restées pour nous éclairer et nous guider.
Tous les versets du Sépher où il est parlé de Iehaveh s'appliquent à la Femme. Les rédacteurs n'embrouillent les textes que lorsqu'ils les altèrent, c'est-à-dire du temps d'Esdras, alors que la Femme commençait à être partout vaincue.

DESTRUCTION OU ALTÉRATION DES ÉCRITURES PRIMITIVES
Les « Livres sacrés » qui, dans chaque nation, avaient servi de phare pour guider l'humanité dans la voie brillante de la Vérité et dans les sentiers de la Justice, avaient eu une telle renommée dans le passé qu'il était difficile de les anéantir. Le souvenir de la grande époque théogonique était encore vivant malgré les efforts que faisait la nouvelle caste sacerdotale pour les effacer.
Les « Livres » étaient consultés, invoqués, cités chaque fois qu'une nouvelle croyance en opposition avec les lois de la Nature voulait s'imposer. L'autorité qu'ils avaient empêchait les progrès de l'erreur. La marque de la vérité, ce sceau indélébile que le temps ne détruit pas, mais amplifie, en faisait des œuvres immortelles.
« Toute grande puissance qui apparaît sur la Terre y laisse des traces plus ou moins durables de son passage ; les pyramides, les arcs de triomphe, les colonnes des temples, les cathédrales, en portent témoignage à la postérité. Mais les monuments les plus durables, ceux qui exercent la plus puissante influence sur la destinée des nations, ce sont les grandes œuvres de l'intelligence humaine que les siècles produisent de loin en loin, et, qui, météores extraordinaires, apparaissent comme des révélations à des points déterminés du temps et de l'espace, pour guider les nations dans les voies providentielles que le genre humain doit parcourir » (G. Pauthier, dans Traduction du Ta-hio).
Cependant, les « Livres » empêchaient les usurpateurs de jouir en paix de leurs triomphes.
Deux moyens furent employés pour faire disparaître ces témoignages gênants de la splendeur du régime féminin : la destruction, l'altération des textes.
L'ère de destruction s'ouvrit au VIIIème siècle. On précise même la date : cela commença en 747 avant notre ère, c'est-à-dire au moment où la classe sacerdotale se constitua.
Un roi de Babylone nommé Nabou-Assar, rempli d'un orgueil fanatique et irrité des éloges qu'il entendait prodiguer au régime antérieur, s'imagina qu'il suffisait de faire disparaître sa trace dans l'histoire pour remplir l'univers de son nom et rendre sa domination légitime. Il fit effacer toutes les inscriptions, briser toutes les tables d'airain et brûler tous les papyrus. Il voulait que l'époque de son avènement au trône fût celle qui commençât l'histoire. Et cette idée devait triompher ; l'histoire antérieure au régime masculin devait, pendant longtemps, être effacée.
Nous savons qu'une semblable idée était venue aux Romains, qui, après l'établissement d'une république qui ne laissait aucune place à la Femme, firent détruire les livres de Numa qui contenaient certainement des faits qui faisaient connaître le régime gynécocratique, encore existant à son époque.
Il paraît également certain qu'on fit aussi détruire les monuments et les écrits des Thraces et des Volsques.
Le souvenir d'un pareil événement s'est perpétué aux Indes. On sait assez qu'il eut lieu en Chine et que l'empereur Tsinchi-hoang-ti alla encore plus loin que Nabou-Assar, en défendant sous peine de mort de garder aucun monument littéraire antérieur à son règne (voir l'article du blog consacré à la Chine).
Ce système est resté dans les habitudes de tous les conquérants, de tous les usurpateurs, il a même pris des proportions formidables dans les religions modernes.
N'oublions pas que la fameuse Bibliothèque d'Alexandrie a été brûlée trois fois, que les papes chrétiens ont fait détruire un grand nombre de monuments antiques, que les archives du Mexique et celles du Pérou ont disparu pour satisfaire le zèle fanatique d'un évêque espagnol.
Ainsi, d'un bout à l'autre de la Terre, l'orgueil de l'homme s'appliqua à effacer la grande voix de l'antiquité, la parole de vérité exprimée par la Femme Divine, et à jeter les nouvelles générations dans une ignorance profonde ; c'est ainsi que la religion nouvelle, qui allait poser les bases du surnaturel, arriva à priver les hommes de leur propre histoire.
« La tendance générale, dit Fabre d'Olivet, quoique imprimée par deux causes opposées, le despotisme d'un seul ou celui de la multitude, était vers l'extinction des lumières, tout penchant vers la décadence. Les empires et les républiques portaient également dans leur sein des germes de destruction qui ne tardaient pas à se développer ; les lumières insensiblement affaiblies s'éteignaient, les souvenirs s'effaçaient dans les esprits, l'histoire allégorique, mal comprise, et la mythologie défigurée, se matérialisaient pour ainsi dire (en passant de l'esprit féminin à l'esprit masculin). Les voiles précurseurs d'une obscurité plus profonde se déployaient sur le monde intellectuel » (L'Etat social, t. I, p. 342).

ALTERATION DES TEXTES
Le second système employé est celui de l'altération des textes.
Chacun sait que dans toutes les religions il existe une doctrine extérieure ouverte, l'exotérisme, et une doctrine cachée, l'ésotérisme.
Les Prêtres ont tous mis dans leurs dogmes le mystère, et ont jeté un voile sur les lois de la Nature connues avant eux.
C'est pour cacher au public les vérités exposées dans les « Livres sacrés » qu'on en altéra les textes. Cette profanation avait deux mobiles : l'ignorance, mère du fanatisme, et l'intérêt.
Le Prêtre altéra d'abord parce qu'il ne comprenait plus les vérités fondamentales qui avaient fait l'objet de la pensée abstraite de la Femme Divine.
Il altéra aussi par intérêt, par haine et par envie.
II supprima ou cacha dans des allégories tout ce qui se rapportait à la loi des sexes, à la morale physiologique, parce que cette loi connue assigne forcément à chaque sexe une place dans la société, celle qui résulte de l'exercice de ses facultés naturelles. La loi des sexes explique les conditions différentes de la mentalité de l'homme et de la femme, la cause première de la raison et de la déraison, base du droit, base de la science, base de la Justice.
En prenant la place de la Femme, c'est tout cela que le Prêtre violait.
Comment, alors, aurait-il permis aux femmes d'étudier les lois qui le condamnaient, une science qui expliquait si clairement la double évolution humaine, celle qui fait monter la Femme vers les régions de la spiritualité, tandis qu'elle fait descendre l'homme par le chemin de la sensualité jusqu'à la mort morale, c'est-à-dire l'extinction de la raison ? Toutes les Ecritures avaient expliqué cela.
C'était la base de toute religion, de toute morale, de toute civilisation. C'est dans cette connaissance qu'est l'avenir des nations comme l'avenir de l'humanité elle-même.
Toute cette science avait été formulée en style clair, simple, élevé, par des grandes Femmes dont le nom a été effacé de l'histoire.
Pendant longtemps on connut ces vérités, on les respecta.
Mais le Prêtre, qui voyait dans ces « Livres » un témoignage constant de son infériorité morale, une accusation latente contre son usurpation, voulut en changer la signification ; ne pouvant pas supprimer les écrits eux-mêmes, car c'était le dépôt sacré des nations, il en altéra les textes, en changea le sens, il enveloppa la vérité de métaphores opaques et trompeuses, puis, finalement, y introduisit audacieusement le mensonge.
Ce fut peu à peu que ce travail de mutilation se fit. Chaque siècle en eut sa part.
Les derniers traducteurs des « Livres saints » leur ont donné le dernier coup en y introduisant une interversion sexuelle qui les a complètement défigurés. Les mœurs suivaient la même évolution, puisqu'elles étaient l'expression sociale des religions régnantes.
Cependant, les altérations sont si grossières, si maladroites, si inintelligentes, qu'il ne faut pas une science bien profonde pour les rectifier ; il faut seulement de la bonne foi, ce que n'ont pas toujours les savants modernes qui continuent l'œuvre du Prêtre, en laissant dans les textes des noms d'hommes sur des personnages d'une féminité certaine, le mot Dieu où il faut Déesse, le masculin pour le féminin.
C'est une habitude prise, un accord tacite entre tous les hommes qui craignent de donner à la Femme des idées d'émancipation ou de revendication qui épouvantent le sexe mâle comme une menace.
En rétablissant le rôle de la Femme dans l'histoire, en rectifiant les falsifications des textes, nous retrouvons une science grandiose, nous refaisons la véritable évolution humaine et nous l'envisageons non seulement dans le passé, mais dans son avenir, car la science a une grande puissance, celle de faire connaître le futur, par des déductions infaillibles du passé.
Une autre méthode nous donne facilement la clef des mystères de tous les Prêtres. C'est la méthode des comparaisons.
Partout la vérité s'imposa à la Femme Divine, et partout Elle la déposa dans les Livres devenus sacrés.
En comparant entre elles toutes ces Ecritures, nous y trouvons les mêmes récits, mais avec des altérations différentes.
Une troisième méthode nous donne des résultats certains. C'est celle qui se base sur les différences de la mentalité chez les deux sexes. L'homme et la femme ne pensent pas de même, ne parlent pas de même, leurs sentiments diffèrent, leurs intérêts sont dissemblables. L'Esprit de la Femme est voué à la pensée abstraite, l'idée vient d'Elle, elle est la manifestation d'une réserve nerveuse génératrice des facultés cérébrales spéciales à son sexe.
L'homme ne fait pas cette réserve, il dépense sa vie, les éléments de sa spiritualité, pendant son évolution sexuelle.
La Femme possède un au-delà cérébral qui lui permet de trouver et de comprendre les causes cachées qui régissent la Nature. L'homme ne peut trouver par lui-même ces causes, son champ cérébral ne s'étend pas jusque-là, il voit des faits isolés, ne les enchaîne pas en longues théories, seule façon de prouver. Il ne classe pas les faits, mais généralise sans ordre.
C'est parce qu'il sait qu'il n'a pas cette faculté créatrice des idées abstraites qu'il s'appuie sur la Révélation, cette voix du dehors qui lui dit ce qu'il faut croire.
Quand des hommes plus audacieux que les autres voulurent s'élever jusqu'à l'Esprit féminin, ils s'égarèrent dans les nuages de l'imagination, perdirent la notion du réel, grossirent les objets, amplifièrent les choses, dépassant les limites ou retombant lourdement dans les minuties de la vie matérielle ou dans le délire de la vie sentimentale et sexuelle. Les ailes artificielles de ces Icares ne les ont jamais élevés bien haut.
Du reste, n'oublions pas que c'est l'intérêt qui dicte les actions de la vie humaine, non l'amour de la vérité.
Le sacerdoce masculin fut une usurpation des fonctions et un plagiat des idées de la Prêtresse.
Et en même temps qu'on altérait les textes pour avilir la Femme et lui donner un rôle inférieur, on glorifiait l'homme avec une exagération grotesque.
Cependant, ce système amena des reproches, la suppression des noms des femmes causa des récriminations. Mais le Prêtre et le Roi étaient déjà puissants ; ils répondirent aux reproches par la persécution. Et pendant que l'un appuyait son autorité sur la foi aveugle qu'il exigeait, l'autre appuyait la sienne sur des lois qu'il fit lui-même pour se donner des droits consacrés par une sanction qu'il se fit donner par ceux de son propre sexe.
Le système du Prêtre continue, il a été l'origine d'une casuistique sexuelle que presque tous les hommes emploient, cela fait partie de leur éducation.
C'est en vertu de ce système de mensonge ou d'ignorance que, dans les discussions modernes, nous voyons, à chaque instant, le même argument revenir : « Qu'est-ce que la Femme a fait ? Où sont ses œuvres ? Elle n'a rien produit, c'est l'homme qui a tout inventé, tout trouvé, c'est le sexe mâle qui a eu des savants, des prophètes, des génies. »
Et on cite comme preuves à l'appui de cette affirmation :
1°) Toutes les grandes Femmes de l'antiquité, dont le nom a été masculinisé, telles Myriam (Moïse,) Daud (David), Hômœra (Homère), etc.
2°) Tous leurs imitateurs, tous ceux qui les ont plagiées ou ont falsifié leurs livres.
3°) Tous ceux qui ont signé des œuvres de Femmes écrites avant eux ou qui ont écrit sous une inspiration féminine.
4°) Enfin, on glorifie le sexe mâle en citant les noms des hommes qui ont jeté dans le monde des erreurs anciennes ou modernes, pour lesquelles ils ont été célébrés avec exagération.

L'EXIL A BABYLONE (VIe SIÈCLE)
Ce siècle renferme d'importants événements.
Dans tous les pays à la fois, un ferment de révolte s'était produit et avait amené un changement profond dans le régime social et dans la Religion.
Partout la caste sacerdotale s'emparait du pouvoir, le Prêtre se dressait en face de la Prêtresse et prétendait diriger le culte à sa place, il érigeait des temples à des dieux nouveaux et, dans ces temples, enseignait un dogme sacrilège, ou bouffon, qui n'était souvent qu'une altération grossière de la science primitive, qu'il ne comprenait plus ; il y mêlait toutes les fantaisies de son imagination, créant ainsi le surnaturel par un besoin d'exagération qui nait dans les cerveaux mal équilibrés.
L'histoire va nous montrer les phases diverses que traversa « l'erreur » à travers les cultes nouveaux. Nous allons pouvoir les suivre de siècle en siècle, car, à partir de cette époque, l'histoire est ouverte et un grand nombre d'auteurs sont venus y insérer les fastes du régime androcratique sous ses deux formes : religieuse et sociale.
Le 6ème siècle est une date fatale dans l'humanité. C'est le point de départ de la plus grande révolution qui se soit produite dans le monde, le premier pas vers l'abîme.
Cette date inaugure l'ère de mensonge et de crimes, qui durera longtemps et qui laissera dans les cerveaux humains une tare ineffaçable. Le sombre esprit du mal va régner sur la Terre.
L'homme qui supprima la direction morale de la Femme, se vit libre de suivre toutes les impulsions de son instinct, que la raison féminine avait jusque-là entravées.
Désormais il donna libre cours à ses passions brutales, despotiques, sanguinaires ; ce fut le règne de la Force.
On vit partout se produire des actes de cruauté, de bestialité, justifiés par les cultes nouveaux, des tueries de tous genres, soit qu'on les appelle des « sacrifices », soit qu'on les appelle des « guerres ».
En même temps commençait la terreur des faibles. Ce fut le début de l'âge de fer.
Il y eut un déchaînement général des passions dans le monde entier.
La volonté de l'homme s'élevait au-dessus de toute loi morale et prétendait tout dominer. On ne reconnaissait plus d'autre autorité que « la Force ».
Cet état de choses amena chez les vaincus un profond découragement qui succéda à la période des reproches violents, des cris de douleur et des lamentations qui s'étaient produits dans le siècle antérieur.
Cependant, un immense désir de voir cesser l'horrible désordre régnait sur la Terre !

LE NOUVEL EMPIRE CHALDÉEN
Babylone, qui avait été cruellement traitée par le roi de Ninive, Sennachérib, s'était relevée et, à son tour victorieuse, après la destruction de Ninive, elle se réorganisait.
Quel fut le régime de ce nouvel empire, qui dura de 625 à 538 ?
Il semble que ce fut un régime mixte, car, après les premiers troubles qu'amènent les guerres, après la restauration de la puissance de Babylone par Nabopolassar, nous voyons une Reine gouverner le pays et fonder la grandeur de Babylone.
Nitocris, d'origine égyptienne, est Reine du nouvel empire chaldéen de 625 à 604. C'est elle qui fit de cette ville une capitale somptueuse et opulente ; elle favorisa le travail de ses habitants, qui, du reste, étaient actifs et industrieux.
C'est là que se tissaient les belles étoffes, que se ciselaient l'or et le fer, que se fabriquaient les bijoux.
Nitocris avait établi des relations commerciales avec les habitants des contrées les plus lointaines. Elle trafiquait par le Tigre avec les régions du Caucase, par le golfe Persique avec l'Arabie et l'Inde, par ses chemins de caravanes avec Tyr et la Phénicie.
Cette Reine entreprit et dirigea les grands travaux de sa capitale. Elle éleva les remparts de la ville et la préserva des inondations au moyen de digues puissantes sur chaque rive de l'Euphrate ; elle relia les deux parties de la cité par un pont de pierres et de briques qui avait un kilomètre de longueur. Enfin, elle établit sur les terrasses du Palais royal ces fameux jardins suspendus, que l'antiquité citait comme l'une des sept merveilles du monde.
Au dire de Pausanias, Babylone était la plus grande ville que le soleil eût jamais vue dans sa course.
Aristote prétend que c'était une véritable province, et qu'elle pouvait être comparée, pour sa grandeur, au Péloponèse tout entier.
D'après les mêmes auteurs, l'élévation des murs de Babylone était de cent coudées royales, c'est-à-dire près de quatre-vingt-quinze mètres. Leur épaisseur atteignait jusqu'à vingt-cinq mètres. Ils étaient flanqués de deux cent cinquante tours. Cent portes de bronze donnaient accès dans la ville.
L'historien grec Hérodote visita Babylone dans le cours du Vème siècle avant l'ère chrétienne. Il parle en ces termes des splendeurs de la vieille cité chaldéenne :
« Située dans une vaste plaine, Babylone forme un carré dont chaque côté a cent vingt stades. Un fossé large et profond, rempli d'eau courante, est creusé tout à l'entour ; au-delà s'élève un rempart large de cinquante coudées royales, haut de deux cents.
« Au sommet de la muraille pouvait aisément tourner un char à quatre chevaux.
« L'Euphrate traverse Babylone par le milieu et la partage en deux quartiers. Ce fleuve est grand, profond et rapide ; il vient de l'Arménie et se jette dans la mer Erythrée.
« Les maisons sont à trois et quatre étages. Les rues sont droites et coupées par d'autres qui aboutissent au fleuve. »
Dans les fouilles récentes, faites sur l'emplacement de Médinet-Habou, on a mis au jour une belle statue sur le socle de laquelle est gravé le cartouche de la Reine Nitocris.
Après son règne, un Roi vint prendre sa place sur le trône, et il suffit de comparer leurs règnes pour comprendre toute la différence qui séparait les deux régimes.

NABUCHODONOSOR (605 à 562)
Le grand révolutionnaire babylonien qui régna après Nitocris et qui s'érigea en maître absolu, c'est Nabuchodonosor.
Ce prince a laissé dans la mémoire des Israélites un souvenir sombre. Il s'empara de Jérusalem après dix-huit ans de siège. C'est lui qui fut le terrible destructeur de la ville et du Temple.
Il fit massacrer la tribu de Lévi, c'est pour cela qu'on le représente comme un monstre.
C'est lui dont la Bible dit « qu'il fut chassé d'entre les hommes et mangea de l'herbe comme les bœufs », « que son corps fut trempé de la rosée du ciel jusqu'à ce que ses cheveux eussent poussé comme aux aigles et ses ongles comme aux oiseaux ».
Sédécias, roi de Juda, ayant été vaincu, il fit égorger ses fils en sa présence, puis il lui creva les yeux et l'emmena en captivité. Le Temple de Jérusalem et le Palais royal furent brûlés. Le roi, les prêtres, les soldats et tous les habitants de la classe supérieure furent transportés en Chaldée. Nabuchodonosor servait le Dieu Mérodak, divinité mâle, que les femmes avaient en horreur. Il profana leur culte, enleva les vases sacrés du temple de Jérusalem et en fit hommage à son Dieu.
Dans un fragment de Bérose, conservé par Josèphe, il est dit : « Il consacra dans le temple de Bel, son Dieu, et dans d'autres temples, les riches dépouilles qu'il avait rapportées. »
Donc, en termes vulgaires et précis, il volait dans les temples des autres, pour orner ses temples consacrés à l'adoration du Principe mâle.
Les inscriptions qu'il fit graver lui-même, et qui ont été conservées, le représentent comme un prince très religieux à sa manière. Du reste, suivant le système de justification toujours employé, il se fait représenter comme un époux galant qui fit construire les jardins suspendus pour rappeler à la reine, fille du roi des Mèdes, les pares de son pays.
Cette façon de flatter une femme, quand on opprime toutes les femmes, est encore un système connu et qui a été employé comme justification par tous les grands misogynes.
Et, puis ces jardins suspendus dont on lui fait gloire n'ont pas été construits par lui, mais par la Reine Nitocris qui régna avant lui.
Batailleur, se tournant tour à tour vers la Syrie, la Judée, le littoral Phénicien et jusqu'aux Pharaons ses redoutables voisins, il convoitait les richesses de l'opulente ville de Tyr, il s'en empara et la livra au pillage. Puis il porta son humeur turbulente chez les Egyptiens, il envahit la vallée du Nil et la couvrit de sang et de ruines.
Mais des triomphes comme les siens sont toujours précurseurs de ruines. Aussi, 24 ans après sa mort, le nouvel empire de Chaldée tomba sous la domination de Cyrus.
Il se donna la gloire des grands travaux faits à Babylone par la Reine qui le précéda. Il joua au prophète, se fit passer pour un sage dévoilant l'avenir (1). Il alla même jusqu'au miracle, car on raconte qu'il fut enlevé auprès des dieux, fin glorieuse de tous les fous du même genre.
Il faisait graver son nom partout. On l'a trouvé sur des milliers de briques ainsi formulé : « Na bon Kou dour ri ousour, roi de Babylone, conservateur du temple de Saggath et du temple de Zida, fils de Na bou habal ousour, roi de Babylone, moi ! »
Cette inscription orgueilleuse prouve sa préoccupation de se justifier de la destruction d'un temple en se disant conservateur de deux autres temples.
Voilà bien le fait psychologique encore si fréquent de nos jours.
(1) Nabuchodonosor vient de Nabu-Chodon-Osor : Nabu signifie « prophète » et ce mot appartient à l'Occident aussi bien qu'à l'Orient. Les Helviens (primitifs suisses), par exemple, qui habitaient sur les bords du Rhône, avaient pour divinité Nabahas, nom formé du mot Nabi, que l'on s'accorde à considérer comme étant le même mot que Nabu ; c'était une mode de se faire appeler Nabi. Osor, que les Étrusques écrivaient Œsar signifie « suzerain » (Suetone, Caligula). « Chodon », ce mot qui est inconnu aux livres qui forment le canon des juifs, désigne un souverain, et « codor » en désigne un autre ; l'un est le mot de l'histoire, l'autre celui de la Bible. (Voir T. Cailleux, La Judée en Europe, p.80)

BABYLONE
C'est ainsi que Babylone devint la superbe ville, le centre de la religion transformée, c'est-à-dire profanée, le centre de la civilisation matérielle et de l'abaissement moral qui l'accompagne toujours.
La Rome asiatique exerça son empire démoralisateur sur l'Asie comme la Rome des empereurs, puis des papes, exerça le sien quand elle fut devenue la ville de toutes les erreurs.
C'est de Babylone que les Juifs déportés rapportèrent leurs éléments de corruption.
Quant à la philosophie de Babylone, sa valeur fut souvent contestée, mais, avec l'opiniâtreté qui caractérise les luttes de la pensée, elle reconquiert son ascendant après chaque défaite.
Le sort de Babylone fut celui de tous les gouvernements despotiques : la ruine après les luttes.
Elle eut un moment de splendeur sous la Reine Nitocris, puis fut mal gouvernée par Nabuchodonosor de 604 à 562. Pendant, son règne, il fit la guerre contre les Juifs, détruisit Jérusalem et le royaume de Juda (en 588), assiégea Tyr pendant treize ans et l'obligea à reconnaître sa suzeraineté.
Après sa mort, son fils, appelé Evilmérodak, nom formé de Mérodak, le Dieu mâle, lui succède. Mais, sous l'égide morale de ce Dieu de guerre, il est assassiné par son beau-frère Nériglissor, après deux ans de règne (560).
Le beau-frère assassin usurpe le trône et meurt à son tour quatre ans après (556). Il a un fils, encore enfant, qui règne après lui, et qui est tué après neuf mois de règne.
Alors survient un régime nouveau ; Naboned est élu par les seigneurs de la cour (555). Cela dure 17 ans, après quoi Babylone est prise par Cyrus, qui fonde la monarchie des Achéménides.
Enfin, en 330, elle est reprise par Alexandre de Macédoine, et, après 310, Séleucus fonde à quelque distance de là la ville de Séleucie qu'il peuple avec les habitants de Babylone, ce qui détermine sa ruine.
Ce petit aperçu est destiné à montrer comment finissaient les empires gouvernés par des rois.
Encore une remarque. Dans tout ce que l'histoire nous révèle, nous trouvons que la splendeur intellectuelle est avant, la décadence après.
Donc l'évolution des sociétés va de la lumière à l'ignorance, de la civilisation à la barbarie, et non inversement comme les esprits renversés ont voulu nous le faire croire pour justifier leurs vues fausses.

LA SCIENCE DES PRÈTRES CHALDÉENS
La science des Chaldéens est restée célèbre dans l'histoire. Mais cette science évolua.
De sa forme primitive, abstraite, celle des Prêtresses de l'ancienne religion, elle passa à une forme concrète avec les Prêtres du nouveau culte.
Ces hommes, ne comprenant pas les idées et ne retenant que les mots, firent de l'antique science des astres, l'Astrologie, un ensemble d'absurdités qui alla se fondre dans la magie noire.
Ne comprenant pas que les radiations solaires et stellaires, par leur action dynamique, régissent l'Univers, ils imaginèrent que toutes les choses d'ici-bas dépendent des astres d'en haut, et, confondant les actions physiques avec leurs intérêts personnels, ils enseignèrent que par l'observation des astres on pouvait deviner les secrets de l'avenir.
Ils avaient formulé des présages qu'ils imposaient avec autorité, quoiqu'ils n'eussent aucune valeur scientifique. En voici quelques-uns :
- « Si la lune est visible le 1er du mois, la face du pays sera bien ordonnée, le cœur du pays se réjouira. »
- « Si la lune est visible le 30, bon augure pour le pays d'Accad, mauvais pour la Syrie. »
On ajoutait à cette « science » des incantations.
Les habitants du Tigre et de l'Euphrate croyaient que certains hommes, devins ou sorciers, avaient le pouvoir de nuire aux autres en jetant des maléfices et des sorts.
Cette science merveilleuse était sanctionnée et complétée par un culte sanguinaire, des sacrifices qui consistaient en immolations de victimes : un bœuf gras, une gazelle, un jeune chevreau.
Le roi, quelquefois, offrait le sacrifice d'un lion pris au piège dans l'une de ses chasses.
En Chaldée, au moins dans l'origine, on immola des victimes humaines.
On offrait aussi aux dieux les fruits et les productions de la terre. On répandait sur leurs autels des libations de lait, d'huile et d'hydromel.

ISRAËL DISPERSÉ
Le peuple d'Israël qui fut si longtemps fidèle à la religion Théogonique, se trouvait donc dépossédé du livre fameux, le Sépher, que l'on avait caché avec tant de soin aux hommes.
Le pouvoir des Femmes, vaincu déjà un siècle auparavant par les Assyriens, était tombé, les dix tribus captives avaient été dispersées parmi les nations de l'Asie, et d'Egypte, et s'y étaient fondues, les Israélites n'avaient plus entre eux de liens religieux.
Cependant, sur les ruines de leurs institutions détruites, les vaincus, par leurs sociétés secrètes, assurèrent longtemps encore la propagation de la vérité pour laquelle ils avaient été persécutés.
C'est Salmanazar, roi d'Assyrie, qui avait subjugué les dix tribus d'Israël et les avait transportées dans la Perse et la Médie, pendant que des colonies venues de ces pays remplaçaient les Israélites dans leurs provinces, qui prirent le nom de Samaritaines, du nom de Samarie leur capitale.
Ces nouvelles colonies imposées inspirèrent une profonde inimitié au peuple de Juda.
Cependant, elles adoptèrent la Thorah tout en la mêlant à leurs mœurs déjà dissolues, ce qui causait un grand scandale partout. Mais vainement, car le vent était à la révolte, à la destruction, il était impossible de revenir aux primitives institutions détruites, de sauver la religion attaquée et défigurée, il fallait laisser passer la tourmente et attendre, des événements mêmes, la leçon qui devait rendre aux hommes un peu de prudence et de retenue.
Le grand fait qui domine l'histoire du peuple juif de ce temps, c'est que le pouvoir sacerdotal qui cherchait à se constituer était entré en possession du « Livre » qui avait été si longtemps caché, dont on avait fait un si grand mystère, qui existait comme une menace et qui avait donné au pouvoir féminin une si grande autorité.
Et c'est justement au moment où 2 tribus avaient secoué le joug moral de la « Loi », que le hasard avait fait tomber entre leurs mains le Livre qui contenait la « Thorah », cette Loi qui les gênait et qu'ils cherchaient à détruire.
Aussi le pouvoir de Jérusalem s'attacha-t-il, avec une force que rien ne put briser, à un livre si précieux pour lui, et lorsque les peuples de Juda furent réduits à l'esclavage, lorsque leur cité royale fut détruite comme l'avait été Samarie, ils emportèrent avec eux, à Babylone, le Sépher dont ils ne voulaient plus se séparer ; ils y mirent de l'opiniâtreté, voulant faire tourner la Loi qu'il contenait au profit de leurs intérêts.

LES DIX TRIBUS
Quoique l'histoire nous parle peu des dix tribus, il est certain qu'elles ne cessèrent de lutter, mais sourdement, puisqu'elles étaient persécutées.
Et comment, les hommes nous auraient-ils raconté cette histoire, alors qu'ils n'écrivent que pour chanter leurs triomphes ?
Ce ne sont pas eux qui nous diront les attaques dirigées par les Israélites contre leurs adversaires. On raconte les succès des hommes, mais on passe sous silence le plaidoyer des femmes vaincues.
Nous ne savons donc rien de précis sur le sort des Israélites après la prise de Samarie. On nous laisse supposer que ces derniers féministes furent tous conduits en exil ou dispersés.
Cette explication ayant laissé des doutes, on a cherché où avait bien pu se répandre la population qui formait les dix tribus (1).
Il est probable que, fractionnées par groupes, elles émigrèrent. Quant à ceux qui restèrent en Judée, ne pouvant se reconstituer en état indépendant, ils restèrent dans les nations, sans en accepter le régime, à titre de révoltés, attendant une occasion propice pour se réunir de nouveau et reprendre leur autorité.
Ces féministes multipliaient alors leurs sociétés secrètes qui exerçaient une influence occulte dans les nations où ils tâchaient de ranimer le zèle des partisans de la Théogonie attaquée partout.
Ce sont ces groupes que nous trouvons formant la partie la plus intellectuelle des villes, exerçant l'art de guérir (en syriaque, le mot « asa », guérison, vient de la racine du mot « essénien »), et la secte des Esséniens a pour fondatrices et pour cheffesses des femmes qui exercent la médecine.
En dehors de la Judée, on suit la trace des émigrés. On sait que la légende des pérégrinations des dix tribus a servi de point de départ à celle des Mormons (2).
La Duchesse de Pomar les fait émigrer en Angleterre où ils propagent les doctrines féministes qui, de là, doivent rejaillir sur le monde entier.
Ces tribus auraient gardé les traditions antiques du régime gynécocratique, lesquelles seraient le point de départ du mouvement féministe moderne. Nous ne croyons pas à la nécessité d'une tradition pour que l'esprit féminin se manifeste, il est spontané et n'a pas besoin d'antériorité historique, mais seulement physiologique, qui donne à la femme des qualités supérieures, résumant tous les progrès acquis dans une race.
La Duchesse de Pomar a beaucoup insisté sur la distinction qu'il faut faire entre Israël et Juda, montrant que leur esprit est en opposition et que leur destinée future est annoncée dans les Prophètes comme devant être radicalement différente. Et en cela elle a certainement raison. Elle dit (3):
« Les prophéties qui s'accomplissent aujourd'hui pour les dix tribus sont tout à fait différentes de celles qui s'appliquent aux Juifs. Si on prend la peine d'en examiner quelques-unes, on ne manquera pas de voir la distinction merveilleuse qui existe dans la destinée de deux maisons, et, comme nous pouvons voir que les prophéties qui s'appliquent à Juda sont en train de s'accomplir parmi les Juifs modernes, il n'est donc que logique de conclure que les prophéties qui ont été faites à Israël doivent aussi avoir, de nos jours, leur accomplissement positif et littéral. Nous invitons donc nos lecteurs, dans le but de bien pénétrer leurs esprits de la différence entre Israël et Juda, à étudier les exemples suivants qui marquent nettement le contraste entre les deux ordres de prophéties, et indiquent leur accomplissement simultané. Les allusions contenues dans les Ecritures viennent toutes des prophètes, et s'appliquent respectivement à chaque maison, pendant le temps de son exil. Les deux ordres de prophéties devaient s'accomplir en même temps, en sorte que, tandis que Juda serait sous la malédiction, Israël devait être sous la bénédiction. »
(1) L'historien Josèplie dit de ces tribus :
« Mais alors le corps entier du peuple d'Israël resta dans ce pays (la Médie où il avait été transporté) ; par conséquent, il n'y a que deux tribus en Asie et en Europe qui soient soumises aux Romains, tandis que les dix tribus sont au-delà de l'Euphrate jusqu'aujourd'hui et sont une immense multitude dont le nombre ne peut être estimé ».
(2) Les origines du Mormonisme (René Guénon, Mélanges)
(3) L'identification des dix tribus d'Israël avec la nation britannique, dans sa revue : L'Aurore, 1887.

L'EXIL OU LA CAPTIVITÉ DE BABYLONE
En réalité, il y eut plusieurs déportations : la première sous Joyakim, en 599 ; la seconde lors de la destruction définitive de Jérusalem et du Temple, en 588.
C'est pendant le séjour des Judéens à Babylone que les hommes, enhardis par ce qu'ils voyaient faire autour d'eux, se perdirent tout à fait.
Sous l'influence démoralisatrice des Babyloniens, ils acquirent de nouveaux défauts. Jusque-là, ils avaient été turbulents, envahisseurs par moments, cruels quelquefois, mais ils avaient cependant gardé au fond de l'âme le respect de Hevah, l'Esprit féminin, ils avaient même respecté la vérité, n'osant pas encore s'affirmer dans le mensonge et se cacher sous la ruse.
Les Babyloniens, maîtres en ces matières, devaient leur en donner l'exemple ; leur ville, qui allait bientôt disparaître de la scène du monde, était entrée en pleine décomposition morale.
Les vainqueurs Chaldéens, en attaquant les hébreux, avaient, en plus du souci de détruire leurs institutions gynécocratiques, celui de les asservir ; il n'est donc pas étonnant que, dans ce milieu misogyne, les Juifs se soient affermis dans leur révolte contre Hevah, et que, entraînés par l'exemple, ils aient conçu l'idée d'instituer une religion nouvelle, dans laquelle le Prêtre aurait la première place en même temps que les honneurs et les bénéfices du sacerdoce.
C'est donc de cette époque qu'il faut dater la nouvelle période religieuse des Juifs, l'origine du Judaïsme, venant renverser le premier culte, la vraie religion, pour lui en substituer une « qui n'est pas religieuse ».
Cependant, les Judéens ne renoncèrent pas complètement à leurs traditions religieuses qui avaient répandu tant d'éclat dans le monde, ils ne renoncèrent pas à leur grande Divinité nationale, Iehaveh, ils se contentèrent d'en dissimuler le sexe, tout en lui conservant son ancien prestige, tant jalousé des peuples voisins.
C'est à Babylone que naquit et se fortifia le sacerdoce masculin. C'est là qu'Esdras et Néhémie étudièrent l'organisation ecclésiastique des Mages et s'inspirèrent de leur esprit. C'est là que les Lévites, qui vont représenter « le Prêtre », prennent les idées que nous verrons exposées dans les livres dont on leur attribue la rédaction : l'Exode, les Nombres, le Lévitique, dans lesquels tout se rapporte aux cérémonies extérieures du culte et aux intérêts de la classe sacerdotale.
C'est donc pendant la captivité que le pouvoir sacerdotal de l'homme devint indépendant, et c'est à partir de l'édit de Cyrus et du retour en Palestine qu'il devint absolu. Alors commença réellement « le prêtre », puis, continuant à évoluer, ces prêtres devinrent des scribes.
Plus tard, quand les livres furent traduits et quand on s'occupa surtout de les enseigner et de les commenter, on vit apparaître les Docteurs, qui, depuis, restèrent toujours à côté du prêtre.
Mais combien est étroit et intéressé l'esprit des Lévites, comparé à l'esprit si élevé et si large des Prophétesses, ces grandes femmes qui avaient fait le caractère des Hébreux, qui leur avaient donné les qualités que leurs descendants ont toujours conservées, tant leur influence avait eu de force dans la jeunesse de l'humanité !
Ce sont ces grandes femmes qui leur avaient inspiré cette fidélité aux premiers principes qui devait résister à tous les malheurs, fidélité qui dure encore, et cette dignité ferme au milieu des souffrances et des persécutions.
Ce sont les écrits des grandes inspirées qui ont donné à l'homme cette crainte de la Femme qui devait la faire respecter.
C'est Hevah qui a sauvé le Juif de la ruine, c'est elle qui le sauvera encore de toutes les persécutions qu'il aura à subir.

LITTÉRATURE PENDANT L'EXIL
Ezéchiel (Jehazeh-el, ou Jehazekiel, celui que Hevah fortifie) (de 594 à 572)
Ezéchiel est une Prophétesse qui fut déportée à Babylone avec Joyakim dès 599.
Elle commença sa prédication cinq ans plus tard, en 594, et la continua pendant 22 ans.
Sa propagande ne fut pas aussi libre que celle des anciennes Prophétesses d'Israël, elle n'osait pas se présenter en public et faisait venir ses auditeurs chez elle.
On allait l'écouter avec intérêt, on prenait plaisir à entendre son enseignement. Son style didactique rappelle un peu la maîtresse d'école. C'est une femme d'étude plutôt qu'une véhémente inspirée. Elle n'est pas la brillante improvisatrice que furent ses devancières, elle travaille davantage, prépare ses conférences, les écrit déjà.
Elle a moins d'originalité que les premières Prophétesses, qui parlaient sous le coup de l'indignation ; quant à elle, elle se contente souvent de redire leurs imprécations sans avoir ressenti l'injure qui les provoqua. Ce n'est plus la belle allure de l'esprit ; du reste, aurait-elle pu prendre cette grande liberté dans la ville de l'exil ?
La nature des récriminations d'Ezékiel nous fait connaître son sexe. C'est elle qui reproche aux hommes de ne plus connaître la différence morale des sexes.
Elle s'élève aussi contre la fabrication du Phallus et reproche aux Juives de rendre à ce simulacre les louanges dues à Hevah.

DANIEL (de 600 à 500)
Daniel annonce la résurrection de la femme et son jugement (XII, 1). On en a fait la résurrection des morts. La femme était morte en effet à la vie sociale :
« En ce temps-là, ton peuple sera sauvé, quiconque sera écrit dans le Livre (tout le monde) sera jugé. Et de tous côtés ceux qui dorment dans la poussière de la terre se relèveront... (allusion à la femme retranchée de la vie sociale et de l'histoire par l'homme). Elles se relèveront pour une vie perpétuelle (une glorification), eux pour une humiliation et une abjection perpétuelle. Les sages brilleront de l'éclat du firmament, et ceux qui ont donné aux autres l'exemple de la justice seront comme des étoiles à jamais ».
En lisant de pareilles menaces, on comprend combien les hommes étaient cruels vis-à-vis des femmes.
Le livre de Daniel fut, du reste, écrit contre Nabuchodonosor.
Quand on connaît l'histoire réelle, on comprend mieux le motif pour lequel les écrits ont été dénaturés. Aucun homme n'aurait consenti à les comprendre dans le sens que leur donnait la femme.
La prophétie de Daniel représente les phases de la domination masculine par quatre bêtes, qui s'élèvent successivement de la mer. (On sait que la mer représente symboliquement les passions, l'ignorance, tout ce qui éteint les lumières de l'esprit.) :
- C'est d'abord un lion ailé, représentant la Prêtresse antique.
- Puis un ours, l'homme grossier et sensuel.
- Puis un léopard ailé, le Docteur, le philosophe.
- Puis une bête à dix cornes, le peuple, la solidarité entre les forts pour le triomphe de l'injustice. Cette bête est la plus épouvantable de toutes.
Puis elle représente un personnage symbolisant la Vérité et appelé le « Très Vrai », qui prend séance dans une assemblée imaginaire et va juger les hommes : « Mille fois mille le servent et dix mille sont debout devant lui (ou elle). Il rend ses arrêts ; l'empire et la vie sont ôtés aux quatre bêtes. C'est alors que paraît sur les nuées la Femme-soleil (les traducteurs ont mis : comme un fils de l'homme, pour faire croire qu'il s'agit de Jésus), elle vient comme un messager, elle s'avance vers le Très-Vrai et on la fait approcher de lui : l'Empire lui est donné et sa prééminence sera éternelle. » C'est aussi dans Daniel que l'on trouve la statue dont la tête est d'or, la poitrine d'argent, le ventre d'airain, les jambes de fer, avec des pieds de fer et de terre (Age de fer, symbole du matérialisme et de l'ignorance) (1) ; c'est le règne de l'homme. Une pierre se détache de la montagne, frappe les pieds de la statue et la renverse (la pierre, c'est la vérité, représentée souvent aussi par la fronde). Cette pierre devient une montagne qui remplit la terre entière.
C'est certainement une femme qui a écrit cette parabole contre le règne de l'homme, et cette femme a été persécutée, puisqu'on la jette aux lions. C'est dans Daniel qu'il est dit, faisant allusion à la femme vaincue : « Un oint sera retranché. »
Rappelons que ce mot « oint » signifie « qui a reçu l'onction », et que cette image fait allusion à l'onction génératrice. C'est donc bien de la femme qu'il est question.
Daniel promet aussi le règne, des « saints » sur la terre.
(1) Cf. l'expression populaire : « Bête comme ses pieds » (G. Georgel, L'Ere future)

QUELLE ÉTAIT DONC LA PERSONNALITÉ DE DANIEL ?
L'auteur de l'Ecclésiastique, énumérant tous les hommes juifs qui ont illustré leur pays, ne cite pas Daniel, qui, à en croire la Bible, aurait occupé les plus hautes charges chaldéennes. Pourquoi ce silence ?
Parce que c'était une femme et que, à l'époque où on a écrit l'Ecclésiastique, elle n'était pas encore masculinisée. C'est seulement du temps des Macchabées (en 120 avant notre ère) qu'on commence à parler de Daniel, et son livre daterait du 6ème siècle. On se demande où ce livre fut caché. Ce ne peut être que dans les sociétés secrètes.
Si Daniel avait été un homme, et un Juif, il aurait donné comme conclusion à son récit la conversion du roi au Dieu des Juifs, au lieu de batailler pour la Divinité des Féministes, « l'Esprit des Dieux saints ».
Si maintenant nous lisons le récit biblique dans la forme remaniée et altérée que lui ont donnée les réviseurs, pour y trouver des renseignements sur Daniel, nous trouvons dès le premier chapitre des faits qui nous éclairent, si toutefois nous considérons qu'il s'agit de la métaphore constamment employée par les Prêtres pour parler des choses sexuelles, toujours cachées sous un symbolisme alimentaire.
Ainsi, chez les Juifs, la défense de manger du sang, c'est l'antique défense de s'unir pendant la période menstruelle. Le plat de lentilles d'Esaù est mis pour l'acte sexuel, que l'homme préfère à son droit d'aînesse. La chevelure de Samson est une métaphore du même genre.
C'est pour cela que saint Jérôme dit que dans la Bible « chaque mot, point, syllabe, est plein de sens » (in Eph., III, 6).
Il a raison, c'est le livre du mensonge savant.
La fin du Livre de Daniel est consacrée à l'annonce du retour de la puissance féminine, dans un temps déterminé, après que le règne de l'homme aura produit l'abomination de la désolation.
Des dates sont données, d'abord des gouvernements masculins qui se succéderont, puis de l'apparition de femmes qui rapportent la vérité.
Il semble qu'il y aura plusieurs tentatives, une première ne réussira pas, mais plus loin, plus tard, à une date fixée et très précise que l'on fait correspondre aux temps modernes, la rénovation définitive se fera et durera éternellement.
Les Catholiques n'ont pas manqué d'interpréter ces prédictions en leur faveur. Ils ont même interpolé un chapitre dans le livre de Daniel, annonçant leur Messie. Mais ce sont là de grossières supercheries qui ne trompent personne, le style du chapitre interpolé étant aussi disparate que les idées.
C'est à Daniel que l'on reporte l'erreur, généralement répandue depuis, que le Prophète est celui qui prédit l'avenir, que la Prophétie est l'annonce d'événements futurs.
Le mot Prophète ou Prophétesse veut dire « qui parle », et le mot Prophétie indique le discours tenu. C'est le Logos des Hébreux. C'est parce que Daniel était intuitive qu'on fait d'elle une voyante et un devin.
Elle est l'auteur favori du peuple. On en fait aussi une astrologue (l'astronomie s'appelait alors l'astrologie). C'était donc une savante. Mais n'oublions pas qu'on en fait en même temps le chef des conjurateurs, ce qui prouve bien qu'elle n'approuve pas le gouvernement des rois.
Quelle était sa position à Babylone ? la Bible moderne nous dit que le roi pensait l'établir gouverneur sur tout le royaume. Mais parmi les surnoms qu'on lui donne nous trouvons ceux-ci, qui sont babyloniens : Abad-Nabu, Azup-Nazi, chef des eunuques.
Ce sont les Chrétiens qui ont placé Daniel parmi les grands Prophètes, les Juifs l'ont maintenu parmi les Kétoubim (hagiographes).

LES SOCIÉTÉS SECRÈTES PENDANT LA CAPTIVITÉ
Pendant l'exil à Babylone, les sociétés secrètes prennent un grand développement. C'est à ce moment que commence l'ordre des Esséniens, qui sont aussi des Thérapeutes.
Au dernier grade que nous avons mentionné, on a réorganisé les tribus et donné un chef au vieux Sanhédrin ou sénat d'Israël.
Nous allons voir maintenant, pendant les 70 ans de la captivité, les Mystères s'étendre et se compléter, grâce à la science et à l'activité de Daniel qui, pendant sa longue vie, va s'en occuper activement et fonder plusieurs grades nouveaux.
D'abord, cette annexe aux anciens Mystères forme un nouveau Chapitre, qu'on va appeler la Voûte de Perfection.
Le premier grade de ce Chapitre (le 12ème dans la Franc-Maçonnerie) est intitulé le Grand Maître Architecte.
Et ce qui frappe tout de suite, c'est que, parmi l'éclairage de la salle, on met au Nord une Etoile lumineuse, qui symbolise la lumière qui éclairera le monde dans les temps à venir, suivant la prédiction de Daniel. Au-dessus, tous les attributs des sciences.
Daniel, représentée par celui qui préside, porte le titre de Grand Maître, qui est sans doute mis pour Grande Maîtresse, car ce personnage est vêtu de la robe blanche pontificale des Prophétesses.
Les surveillants sont toujours des hommes dans les Mystères primitifs. C'est sans doute pour cela que dans la F.M., le Grand Maître, dans ce grade, est habillé en femme, et les surveillants en hommes.
L'enseignement donné va encore avoir pour principal objet de rappeler que la connaissance première (Gnose) doit être celle de la loi des sexes. A cet effet, on fait encore intervenir l'Etoile flamboyante.
Ce grade semble avoir été le point de départ d'une philosophie nouvelle, résumée dans le mot Gnose.
Cette science dont on va nous parler est celle qui a été instituée par Daniel. Elle semble avoir surtout pour but (encore une fois) de bien établir les lois qui régissent les deux principes, les deux sexes, parce que les tentatives de cultes rendus à des dieux mâles sont venues jeter la confusion dans l'idée divine et dans le droit divin qui en est la conséquence.
On explique que la « Gnose » a en vue la lutte des deux Principes, le bien et le mal, la matière et l'esprit, qui sont les manifestations du masculin et du féminin dans la vie de relation, celle qui est opposée à la vie sexuelle et se manifeste par la réaction du pôle cérébral en opposition avec le pôle sexuel : tel est le mystère.
Selon les premiers Gnostiques, la Divinité est l'émanation féminine, le Démi-ourgos ou Architecte de l'Univers, Sophia, la Sagesse.
Elle a organisé la Terre et enfanté l'homme qui est devenu son adversaire, qui l'a combattue et a détruit son œuvre. Nous retrouvons ici la parabole de l'Arbre qui s'étendait sur le monde entier : la Mère.
Mais les Gnostiques espèrent qu'une nouvelle incarnation de l'Esprit féminin viendra délivrer le genre humain de la domination du mauvais principe. Cette attente, qui s'est perpétuée à travers le temps, est devenue une tradition qu'on enseigne dans la F.M., parce qu'il paraît qu'un des apôtres du Gnosticisme aurait transmis à un petit nombre d'initiés la doctrine secrète et le moyen d'interpréter la Bible selon la doctrine. Ceci est très important. En effet, la Bible est un livre qu'il faut interpréter d'après la doctrine secrète, parce que dans sa forme moderne elle n'en a été que la copie, ou plutôt la parodie.
Nous voyons que, d'âge en âge, elle nous fait des récits mensongers, mais à travers lesquels il reste quelques faits, quelques noms, qui nous mettent sur une piste.
Pour suivre cette piste, pour comprendre les faits, pour découvrir les personnages (toujours rendus méconnaissables), il faut étudier la science secrète de la même époque, en tenant compte, encore, que même celle-là est masculinisée dans les temps modernes.
Il faut donc joindre aux rituels la tradition orale.
Le grade conféré dans le Mystère nouveau a un caractère sacerdotal, le diaconat.
C'est le commencement de fonctions nouvelles dans le culte théogonique réformé, et qui ne sont pas du tout celles des Lévites, ni celles des rabbins qui vont apparaître.
Dans ce degré, on va nous montrer une « pâte mystique » faite avec du lait, de la farine, du vin et de l'huile. C'est un symbolisme destiné à rappeler et à sanctifier une fois de plus le rôle physiologique de la Mère. La farine, c'est la graine, l'ovule ; le vin symbolise le sang ; le lait complète la sécrétion maternelle.
L'huile est un symbole qui signifie ce qui adoucit. On lit dans les rituels : « Cette pâte magique représente la douceur, la sagesse, la force, et la beauté. » C'est-à-dire ce qui résume les qualités féminines.
On la fait avaler au récipiendaire, en lui disant qu'en la recevant il reçoit symboliquement les qualités de la Mère.
Les rituels disent : « Que cette pâte magique que nous partageons avec vous cimente à jamais le lien qui nous unit et qui doit être si indissoluble que rien ne doit être capable de le briser. Malheur à qui nous désunira. »
Le cordon que les Maçons portent comme insigne est aussi l'image du lien qui attache l'homme à sa Mère, il représente le cordon ombilical.
Mais comme, depuis le régime de l'erreur, il est défendu de dévoiler la loi des sexes, on a caché avec le temps la signification réelle que symbolisait cette pâte, celle qui permettait à la Mère de dire à l'enfant, à l'homme : Je suis votre chair et votre sang.
Et, dans les rituels modernes, on dira que la pâte mystique représente le cœur d'Hiram (on sait que pour les masculinistes le cœur est le symbole qui a remplacé le sexe).
C'est depuis que les Catholiques ont parodié cette cérémonie, pour en faire l'Eucharistie, que la signification de cette pâte a changé. En devenant l'hostie, elle est devenue le symbole de la sécrétion paternelle et non plus maternelle. On y a laissé le vin pour représenter le sang de la Mère, mais l'idée cachée est devenue tout autre.
C'est aussi dans ce grade des Mystères antiques qu'on institua la confession.
On disait à celui qu'on initiait : « L'homme, par la fatale influence du mauvais principe, est, hélas ! porté au mal, et nul homme ne peut se prétendre sans imperfection. Honorez-vous en reconnaissant publiquement devant vos frères les fautes que vous avez commises. Nous vous écouterons avec indulgence et nous pardonnerons de tout cœur les torts que vous avez pu avoir si vous les reconnaissez vous- même, ce qui nous prouvera que votre conscience est éclairée. » C'est l'épreuve de l'aveu.
Toutes les femmes en comprendront l'importance psychologique. Cette épreuve a pour but de faire comprendre à l'homme qu'il ne doit jamais refuser d'avouer ses fautes à la femme et que l'entêtement et l'orgueil doivent être bannis de son cœur.
On met un nœud coulant à la main de l'initié et on lui fait embrasser l'Etoile flamboyante, pour compléter son attachement à l'Esprit féminin. C'est ce que les Catholiques imitent en faisant embrasser une patène.
Dans tout ceci il est facile de voir l'origine de la confession et de la communion. Mais ne manquons pas de remarquer que les Catholiques l'appliquent à contre-sens, c'est-à-dire à contre-sexe, ce qui en fait une infamie.

LA CONFESSION
La confession a été instituée surtout pour avoir un moyen de surveiller la vie sexuelle de la femme, afin d'en arrêter le développement. Déjà, dans les religions antérieures, nous avions vu cette inquisition se produire ; c'est Argus en Grèce, Argus aux cent yeux, voyant tout.
C'est particulièrement la femme qui est l'objet de la jalousie de l'homme. L'évolution qu'elle accomplit en sens inverse, et qui la fait monter pendant que l'homme descend, est un sujet de dépit pour l'homme. C'est là qu'est la cause de l'assujettissement de la femme dès les premiers âges de l'humanité.
Chez les Hébreux, ce sont des êtres fantastiques, des Chérubins (Genèse, chap. III, verset 24) : « Et il chassa l'homme et plaça des Chérubins devant le jardin de volupté avec un glaive de feu qui se tournait de côté et d'autre pour garder le chemin de l'arbre de vie. »
Il est à penser que c'est par imitation de ce qui existait à Babylone, qu'on plaçait à l'entrée des temples de Chaldée et d'Egypte des statues d'êtres fabuleux ayant une tête de bœuf et un corps humain, des espèces de minotaures. Ces êtres portant un glaive sont des hommes à tête de bœuf (c'est ainsi qu'on les représentait pendant le millénaire antérieur à notre ère) qui font la police, qui surveillent ! Qui ? Les femmes.
Les voilà également décrits dans Ézéchiel (Ézéchiel, chap. I, versets 5 à 18 ; chap. IX, versets 7 à 19) : « Il y avait 4 animaux ; chacun avait 4 faces et 4 ailes ; la plante de leurs pieds était comme la plante du pied d'un veau ; des mains d'homme sortaient de dessous leurs ailes aux quatre côtés ; ils avaient tous quatre chacun 4 faces : d'homme, de lion, de bœuf et d'aigle.
« Ils étaient comme des charbons de feu ardents ; ils couraient et revenaient comme des éclairs.
« Et quatre roues parurent devant les quatre faces des animaux ; elles étaient en chrysolithe et comme si une roue eût été dans une autre roue ; elles étaient si hautes qu'elles faisaient peur, et les jantes des roues étaient pleines d'yeux tout autour.
« Ce sont là les animaux que j'avais vus sous le Dieu d'Israël (des bœufs, donc des hommes). »
Le Christianisme, qui renverse tout, fit de ces bœufs des intermédiaires entre Dieu et l'homme, tels que les Trônes et les Puissances, occupés toute l'éternité à chanter de toutes leurs forces et sans fin les louanges du Seigneur, du Dieu mâle.

RÉVISION DES LIVRES SACRÉS
C'est pendant la captivité que certains Juifs, au contact des lettrés babyloniens, se font littérateurs. Non parce que leurs œuvres soient originales, elles ne sont, d'abord, que la copie des œuvres féminines, mêlées aux traditions hindoues, chaldéennes, persanes, que l'on trouve mélangées aux textes hébreux. Tout cela devient une confusion d'idées et de mots.
On y substitue des noms d'hommes à des noms de peuples, on dit Abraham pour « Peuple de Brahma », on adopte le mot Adam pour désigner un premier homme, alors que l'adamique avait désigné primitivement « la vie végétale primordiale » : terre adamique, terre végétale.
C'est là qu'on conçoit l'idée de réviser le « Livre de la Loi » et de l'amplifier jusqu'à II Rois, 25, 29.
On révise tous les écrits depuis la conquête de Chanaan jusqu'à Salomon, c'est-à-dire toute la période du régime gynécocratique ; on y ajoute l'histoire des deux royaumes en donnant le plus beau rôle à Juda et en humiliant Israël. Et c'est alors que nous voyons les Juifs, ces infidèles de la Loi, accuser les Samaritains d'infidélité.
Ce travail finit avec le 21ème verset de II Rois, 25.
C'est en faisant cette révision des Livres que l'on y introduisit le dénombrement des peuples suivant la filiation paternelle, innovation qui n'avait pas été connue antérieurement. Jusque-là, la filiation maternelle avait seule existé, l'enfant portait le nom de sa Mère. (C'est pour rappeler la filiation maternelle, qu'on appelle le régime utérin, qu'on avait institué, dans les Mystères, la cérémonie que nous avons expliquée plus haut.)

LES TARGUMS (ou TARGOUMS)
La langue hébraïque primitive, celle qu'avait employée Myriam pour écrire le Sépher, s'était tout à fait corrompue.
Le peuple devenu grossier y avait ajouté son langage vulgaire, et le sens intellectuel des mots lui échappait absolument, comme les idées abstraites, elles-mêmes, lui étaient devenues étrangères.
Après la captivité de Babylone, cette langue intellectuelle, cette langue des idées abstraites se perdit tout à fait. Ainsi donc, à l'époque d'Esdras, les Hébreux, devenus des Juifs, ne parlaient ni n'entendaient plus leur langue originelle, ils avaient perdu le sens des mots en même temps que la notion des idées. Ils se servaient d'un dialecte syriaque, appelé araméen, formé par la réunion de plusieurs idiomes de l'Assyrie et de la Phénicie, et assez différent du nabathéen qui, selon d'Herbelot, était le pur chaldaïque.
L'hébreu, perdu dès cette époque, cessa d'être la langue vulgaire des Juifs.
Les livres (le Sépher et les Prophètes) appelés Micra ou lecture, étaient lus dans les synagogues et paraphrasés ; c'est-à-dire que, après la lecture de chaque verset, un interprète le rendait en langue vulgaire et l'expliquait au peuple. On appelait ces versions les Targums. Et, on voit tout de suite combien cela prêtait aux libres interprétations.
Les Targums sont des versions ou des paraphrases faites dans l'idiome nouveau, le chaldéen ou l'araméen, qui devint la langue populaire après l'exil.
Elles n'étaient alors que des interprétations orales. Ce n'est qu'au 4ème siècle de notre ère qu'on les écrivit définitivement.

LA PREMIÈRE TRADUCTION DU SÉPHER
Les Targums chaldaïques ne constituent pas la première traduction du Sépher.
Les Samaritains, en possession d'une copie qui leur avait été secrètement envoyée, l'avait déjà traduit en langue vulgaire.
Cette version, que nous possédons en entier, étant la première de toutes celles qui ont été faites, mérite par conséquent plus de confiance que les Targums qui, s'étant succédé et détruits les uns les autres, ne paraissent pas d'une haute antiquité. D'ailleurs, le dialecte dans lequel est écrite la version samaritaine a plus de rapport avec l'hébreu que, l'araméen ou le chaldaïque des Targums.
On attribue ordinairement à un nommé Ankelos (qu'on appelle un rabbin, avant qu'il y en eût) le Targum du Sépher proprement dit, et à un autre « rabbin » nommé Jonathan celui des autres livres, mais on ne saurait fixer l'époque de leur composition. On infère seulement qu'ils sont plus anciens que le Talmud, parce que le dialecte en est plus correct et moins défiguré.
Les Samaritains se méfiaient, avec raison, de ces écrits tirés du Livre depuis la séparation de Juda, c'est-à-dire depuis la révolte de l'homme.
Les auteurs modernes, qui ne voient pas qu'une lutte de sexes est en jeu dans cette histoire, ne comprennent pas les faits qui s'y discutent et basent leurs jugements sur des questions de détail mal comprises. C'est ainsi que les savants veulent que tous les livres composant la Bible aient été écrits du temps d'Esdras, c'est-à-dire à l'époque de la captivité. C'est une profonde erreur. Esdras n'a fait que réviser des écrits antérieurs à lui, et ce sont ceux qui ont échappé à cette révision qui ont le plus de valeur, qui sont les plus authentiques.
Le recueil de Samarie est dans ce cas : c'est le seul à peu près exact.

LA MASHORE
Le premier soin des Prêtres, qui donnaient tant de valeur à « la lettre », fut de créer une convention grammaticale qui posait les règles de l'écriture que, désormais, on allait employer. C'est ce qu'on appelle la Mashore.
Ces règles avaient plusieurs objets. Il ne s'agissait pas seulement de créer une grammaire, mais d'instituer une clef (une sorte de grille secrète) qui permettait de donner un sens nouveau aux phrases qu'on laissait dans le texte, parce qu'on ne pouvait pas tout changer.
On voit clairement que le but des Prêtres fut de dénaturer les mots pour en altérer la signification.
Les Massorètes remplacèrent les voyelles par des signes. En changeant la prononciation de ces signes, ils ont défiguré les mots.
Exemple : Hevah devient Haveh, qui devient ave, qui devient Eve.
La vieille langue n'avait qu'un temps pour le présent et le futur. Une nouvelle grammaire changea tout cela.
Le Talmud de Babylone, doctrine des Rabbins, dit que la Loi de Moïse passa des Prophètes à la Grande Synagogue. On appelait ainsi un conseil d'hommes chargés, dit le Talmud (Mishna), de fixer une barrière autour de la « Loi », et cette barrière, c'est la Massore, travaux et association de théologiens juifs (1).
(1) « ainsi, nous avons vu certains prétendre rattacher le Talmud à la « Kabbale », entendue au sens ésotérique ; en fait, le Talmud est bien de la « tradition », mais purement exotérique, religieuse et légale. » (R. Guénon, Voile d'Isis, La Qabbalah)

LE ROYAL-ARCHE (Royauté ancienne)
Mais les Féministes devaient protester. Aussi c'est ici que les sociétés secrètes prennent de l'importance.
Non seulement on dénature le Sépher, mais la grande persécution contre tous les Livres sacrés, commencée au 7ème siècle, se continue et redouble partout. Et on recherche tous les écrits des grandes Initiatrices, pour les faire disparaître.
C'est pour les sauver que les initiées vont chercher de nouveaux moyens de préservation.
Déjà, aux Indes, on avait caché les livres dans des souterrains inaccessibles. Nous allons voir les Israélites de Babylone employer le même système et tenir leurs assises secrètes dans des caves hermétiquement closes, sans ouverture autre qu'une trappe par où l'on descend à l'aide d'une échelle ; ces caves devaient, en effet, être inaccessibles si nous en jugeons par celle qui sert encore dans la F.M. aux assemblées de ce grade (le 13ème).
Dans ce souterrain qui sert de Temple, se trouve une salle peinte en blanc. La voûte est supportée par neuf arches sur chacune desquelles est inscrit un des noms des neuf Déesses qui écrivirent les Livres sacrés. On les appelle les neuf Architectes, parce que ce sont elles qui ont révélé les lois de la Nature, la science qui a fait la première civilisation.
Dans ce grade, on représente Hiram en habit de voyage, ce qui symbolise la dispersion d'Israël dans tous les pays.
Les lumières sont au nombre de neuf, disposées de façon à former un octogone, et la 9ème vers l'Orient, près de l'autel. C'est celle qui représente Myriam, qui a toujours une place privilégiée dans les Mystères de Jérusalem.
La légende de ce grade a été embrouillée à dessein. Cependant, elle nous apprend que le prophète Enoch cacha sous neuf Arches un delta (le triangle féminin) où se trouvait inscrit « le nom indicible ».
(Ce nom qu'on ne peut pas dire, c'est celui de la Déesse Hevah).
Avec ce delta étaient les deux colonnes dont le Temple maçonnique a gardé le symbolisme ; seulement, ici, la colonne masculine est devenue d'airain (c'est la force), la colonne féminine de marbre (elle reste blanche et ferme).
Sur ces deux colonnes était gravé l'état des sciences avant le Déluge (qui symbolise la persécution).
On suit les destinées de ce dépôt jusqu'à l'époque de David. Alors on chercha à découvrir la 9ème voûte (le Sépher), celle où se trouvait expliquée la prononciation du nom indicible, gravé sur le delta.
(C'est le triangle qui surmontait le Temple de Jérusalem et portait le nom de Hevah.)
On suppose que trois Grands Maîtres Architectes firent cette recherche (ce sont les trois fondatrices des Mystères de Jérusalem). Elles parvinrent à découvrir la 9ème voûte dans ce local souterrain ; elles trouvèrent sur la colonne d'airain (masculine) le delta masculin portant trois iod, avec les signes de prononciation des Massorètes, mais elles ne trouvèrent pas la colonne de marbre (l'œuvre féminine) où se trouvait expliquée la prononciation du mot indicible gravé sur le delta.
(On voit que tout ceci se rapporte à l'œuvre des Massorètes qui ont changé la prononciation des mots et dénaturé le nom de la Déesse d'Israël.)
Quant à la colonne de marbre (féminine), elle a été séparée de celle d'airain (masculine) par le cataclysme du déluge (la persécution).
Un des Grands Architectes porte une clef d'or avec une inscription en initiales que l'on traduit en latin par cette phrase : J'ai trouvé le mot dans la gueule du lion. Cette clef, ce mot qui est dans la bouche du lion (force morale), c'est la connaissance de l'antique langue hébraïque dans laquelle le Sépher avait été écrit.
Tout le symbolisme de ce grade a pour but de protester contre les changements apportés par les Massorètes dans l'écriture et dans la prononciation des mots.
Cette cave nous semble avoir encore une autre signification. Elle représente le monde inférieur souterrain, sans lumière, que l'ignorance et la tyrannie ont créé. L'homme y règne, il y est roi, trois fois puissant Grand Maître.
Il est sous un dais, couronné, ayant en main un sceptre, il est revêtu d'une robe royale de couleur jaune et d'un manteau de satin bleu doublé d'hermine.
Cette descente dans le monde inférieur était l'objet de légendes diverses à cette époque : la descente d'Istar aux Enfers, celle de Proserpine dans le sombre royaume de Pluton, etc.

UN 14ÈME GRADE
Vers la même époque, c'est-à-dire toujours pendant la captivité, on institue un 14ème degré qui se tient encore dans une cave, et même dans une seconde cave qui fait suite à la première et à laquelle on accède par un couloir étroit éclairé par une seule lampe antique suspendue au plafond.
A l'entrée, il y a un petit fossé ; c'est de plus en plus lugubre. Quand le récipiendaire arrive dans cette cave, il se trouve en face d'un lion, celui dont nous avons déjà parlé, qui tient une clef dans sa gueule.
C'est ce symbolisme que la Bible a imité quand elle a envoyé Daniel dans la fosse aux lions. Seulement, cet animal ne fait aucun mal à ceux qui ont la clef.
On a fait remarquer que la fosse aux lions est celle des bas-reliefs de chasse d'Assourbanipal (British Muséum).
Au fond du dais se trouve encore le triangle avec les trois iod (1), puis, devant le trône, les accessoires du culte de la nouvelle religion des rabbins.
On voit aussi dans la salle un grand vase rempli d'eau, représentant la mer d'airain du Temple, et qui symbolise les eaux de l'ignorance, c'est-à-dire le déluge.
Ce grade s'appelle le Grand Écossais de la Voûte Sacrée.
D'où vient ce titre de « Grand Écossais de la Voûte Sacrée » ? On dira dans les rituels modernes que c'est Jacques VI, roi d'Angleterre, qui aurait composé ce grade, appelé aussi Parfait et Sublime Maçon.
Mais, comme tous les grades des Chapitres ont une origine ancienne et contemporaine des événements bibliques, ce monarque a pu réformer ce grade, mais il ne l'a pas créé, et voici ce que ce titre nous suggère :
Si, comme l'affirme la Duchesse de Pomar, les tribus dispersées se réfugièrent en Occident et surtout en Ecosse (l'ancienne Calédonie), il est possible qu'à l'occasion de cette émigration on ait créé un grade symbolique, destiné à la rappeler. L'eau qu'on met dans le Temple pourrait symboliser un voyage par mer.
On sait que Mme de Pomar voyait dans ces émigrés les dépositaires de la tradition qui devait, plus tard, reparaître. Il est certain que c'est en Ecosse que la F.M. a reparu et, de là, s'est répandue sur le monde.
Dans ce grade, on récapitule la science symbolisée par la pierre cubique, surmontée de la Pyramide, ce qui signifie union du féminin et du masculin pour l'élévation de l'humanité.
On établit, une écriture conventionnelle, on explique encore les forces spirituelles symbolisées par l'Etoile à six branches, et on montre la nécessité pour l'homme de se mettre en communication avec l'Esprit féminin.
Le Grand Écossais porte un anneau d'or en forme d'alliance, dans l'intérieur duquel sont gravés d'un côté le nom de l'adepte et la date de sa réception, de l'autre ces mots : La vertu unit ce que la mort ne peut séparer.
C'est cet anneau qu'on imitera dans l'alliance donnée le jour du mariage.
Mais le mariage sera une union sexuelle, tandis que l'union initiatique était une union spirituelle.
(1) C'est à partir de ce moment que les Juifs défendent de rétablir les Écritures, disant : « On n'y changera pas un yod » (un iota).

ESPÉRANCE
Au milieu de ces formidables luttes, une seule chose reste dans le monde gynécocratique : l'Espérance.
La Femme vaincue ne voulut jamais croire que la Vérité pût être à jamais effacée de l'esprit humain, que la raison de l'homme fit un naufrage complet. Elle gardait l'espérance de jours meilleurs. L'idée s'était ancrée en elle qu'un temps viendrait où les choses seraient remises à leur place, rétablies dans leur ordre primitif.
Cette croyance devint profonde et générale. La Femme primitive avait été la révélatrice des lois de la Nature, la fondatrice de la Religion ; une autre Femme reviendrait qui se ferait assez forte pour être tout à la fois la Justicière des hommes et la Salvatrice des femmes.
Cette rédemptrice viendrait reprendre et achever l'œuvre des premiers jours. Elle rétablirait, dans le monde, l'enseignement des lois de la Nature, qu'Elle retrouverait par la force de son génie, et referait l'histoire en y réintégrant le monde gynécocratique effacé par l'homme.
Elle referait le monde, tel qu'il fut dans les temps primitifs, elle lui rendrait sa science, sa morale, sa Religion, et cela quand les hommes auraient tout renversé !
Chaque femme qui naissait repassait par les mêmes phases de la lutte. Toutes, impatientes du joug qu'elles supportaient, irritées des contraintes nouvelles qu'on voulait leur imposer, se firent, de la liberté à reconquérir, un but à atteindre. Il y avait en chacune d'elles un germe de révolte.
C'est que la violence comprime les élans de la Nature, mais ne les supprime pas, et, en les comprimant, elle ne fait qu'accumuler des forces pour l'explosion.

LE JUGEMENT DE HEVAH
Les Prophétesses parlent souvent du « Jugement de Hevah », le Jugement de la Femme contre l'homme.
Hevah, la Déesse, c'est le souverain juge des actions de l'homme, aussi il la craint. Et ce qui prouve qu'il la craint, c'est qu'il la trompe pour éviter ses reproches.
Isaïe parle de la « Journée de Hevah », c'est-à-dire du Jugement de la Femme, prononcé dans les grandes assemblées, dans les assises solennelles des peuples, dont on a fait le Jugement de Dieu (Isaïe, Ch. II 12).
C'est sous cette forme prophétique, et au futur, qu'Isaïe parle, du Jugement. Elle annonce aux hommes qui font le mal qu'ils seront jugés.
Ce que la Femme n'exécute pas aujourd'hui, elle l'accomplira plus tard. « Ne vous faites point d'illusion, pécheurs orgueilleux, le Jour de Hevah viendra. Les grands et les forts oppriment maintenant, mais ils seront humiliés à leur tour. »
Dans Joël, nous lisons (Ch. Il et dernier) : « En ce temps-là, j'assemblerai les nations, je les ferai descendre dans la vallée du jugement de Hevah, à cause de mon peuple et de mon héritage d'Israël qu'ils ont dispersé parmi les peuples. Que les nations se lèvent, qu'elles viennent à la vallée du jugement de Hevah, car je siégerai là pour juger tous les peuples d'alentour. Prenez la faucille, la moisson est mûre ; venez, descendez, la cuve est pleine dans le pressoir ; car leurs méfaits sont au comble.
« Les peuples ! à la vallée d'écrasement ! car le jour de Hevah est proche. Et Hevah sera le refuge de mon peuple et le rempart des enfants d'Israël. »
Le Jugement est aussi annoncé dans Judith (XVI, 17) :
« Malheur aux nations qui s'élèveront contre mon peuple ; Iehaveh toute-puissante en fera justice au jour du Jugement, en livrant leur chair aux vers et au feu, et ils souffriront et se lamenteront à tout jamais. »

RETOUR DE L'EXIL ET RESTAURATION DES JUIFS (536)
La chute du puissant empire de Babylone, détruit par Cyrus, rendit la liberté aux hommes de Juda, qui retournèrent alors dans leur pays et reprirent possession de la Palestine.
La première autorisation de retour fut donnée par Cyrus, après la prise de Babylone par les Perses en 536.
Un certain nombre de Juifs, profitant de l'édit royal, retournèrent en Judée, sous la conduite de Zorobabel, assisté d'un prêtre, Josué, pour régler le cérémonial religieux, car leur préoccupation était le Temple plus que l'Etat, c'est-à-dire l'autorité religieuse à laquelle ils sont bien forcés de reconnaître la plus grande force et dont ils veulent définitivement déposséder les Prêtresses. 500.000 personnes revinrent, dont 4.000 Cohen (prêtres), nous disent ceux qui veulent donner aux prêtres une grande importance. Ils arrivèrent à Jérusalem au milieu d'une ville ruinée.
Ils s'occupèrent, d'abord, de rebâtir la ville et surtout de rebâtir le Temple, en le consacrant à la nouvelle religion qu'ils voulaient faire prévaloir.
Cela provoqua des larmes et d'amères récriminations de la part des femmes, des mères qui, voyant dans cette substitution la ruine de leur autorité, jetaient des cris de douleur ; aussi la reconstruction du Temple n'eut lieu qu'avec une extrême lenteur.
Les Samaritains et tous les Israélites irrités parvinrent à faire défendre les travaux par le roi de Perse, Cambyse.
Ils furent repris sous Darius et achevés en 515.
Le jour de la dédicace, on inaugura le sacrifice des animaux, en sacrifiant 100 veaux, 200 béliers, 400 agneaux et 12 boucs, et on célébra la Pâque suivant le nouveau rituel.
Après cela, nous ne savons plus rien de ce qui se passa à Jérusalem pendant 50 ans, ce qui prouve que ce triomphe du Prêtre fut suivi d'une époque de persécution, même de terreur, qu'on n'a pas voulu nous raconter.
Les Juifs, beaucoup plus favorisés que les Israélites, purent se reconstituer en royaume.
Cyrus leur permit de relever Jérusalem et d'y établir leur capitale. Ils vécurent dominés par Cyrus, mais non pas asservis.
L'origine de ce royaume juif lui assurait une espèce de privilège parmi les autres royaumes masculins ; il y avait comme une sorte de complicité entre eux, toutes les sévérités ayant été réservées pour les fidèles de la Gynécocratie.
Aussi les Juifs purent-ils, grâce à cela, garder une certaine indépendance au milieu des grands royaumes qui les entouraient ; ils furent respectés par la royauté macédonienne de Syrie et ils le furent de tous les conquérants masculins, même des Romains, et ce ne fut que plus tard, quand ils furent égalés et dépassés en trahison et en révolte, qu'ils commencèrent à être inquiétés.
Depuis le schisme, les dissidents d'Israël avaient pris le nom de Judéens (d'où Juifs). Un intérêt commun les unissait, mais ils n'avaient plus dans leur vie et dans leurs mœurs le lien moral, l'ancien pacte d'alliance, qui avait fait des Israélites une famille unie et forte.
Le lien qui maintenant unissait les Juifs entre eux était plutôt une honte commune, une vengeance ou un remords, et, s'ils furent des frères, ce fut dans la trahison qu'ils puisèrent le ciment de leur alliance.
Les anciens Israélites leur avaient donné un nom, Caleb (chien de Dieu), qui était presque synonyme de Juda.

ADONAÏ
C'est l'époque des Dieux nouveaux. Celui que nous voyons surgir en Syrie, Adonaï, a une histoire qui va nous éclairer sur sa réelle signification.
Adon, d'où il vient, est un nom qu'on prononça d'abord Edon. C'est depuis qu'on a donné le nom d'Adam au premier homme (pendant la captivité), qu'on va introduire ce nom dans la nouvelle religion masculine, en opposition avec le nom de Hevah (la Femme).
Il est facile de montrer que Adon ou Adam sont un même nom. Tous deux signifient le rouge ou le roux (c'est l'arbre ancêtre, venu de la terre Adamique).
Adam, l'homme, le premier-né (comme Esaù, dont il recommence la légende), c'est l'adversaire de la Femme ; Esaù était son frère, Caïn aussi.
Celui-ci sera son époux, parce que, depuis, on a inventé le mariage. Ce sont les Juifs Kabbalistes qui de Adam ont fait Edon et Adon.
Il était facile de changer les voyelles, puisqu'on ne les écrivait pas.
Cet Edon, cet ennemi, est représenté d'abord comme le « farouche Adonaï » du désert, l'adversaire redoutable, tel que les Caïnites le furent pour les Habélites (la légende est la même, du reste).
Plus tard, on va lui donner un nouveau rôle, le faire monter en grade dans la hiérarchie des Dieux, il va devenir le « Seigneur maître des cieux et de la terre ». C'est lui qu'on va adorer à Byblos.
Puis, quand arrive l'époque de grande affliction des femmes, quand elles s'en vont pleurer leur Déesse morte, leurs nations dispersées, les hommes parodient leur douleur, pleurent la mort de l'homme, du Dieu mâle. C'est ce que nous avons vu en Egypte où Osiris, le mort, dont les membres sont dispersés, est pleuré par les femmes, les pleureuses ! ô ironie !...
En Syrie, en Phénicie, même parodie : Adonis est mort et on le pleure.
Quand ce culte nouveau s'introduisit chez les Juifs, après leur retour de l'exil, ils substituèrent ce nom à celui de Hevah, et choisirent le mont Calvaire placé au nord-ouest de Jérusalem (ce mont où David avait pleuré sa royauté perdue) pour célébrer les fêtes de ce Dieu nouveau, auquel les hommes donnaient la beauté de la Femme, en même temps qu'ils lui donnaient son rôle et sa puissance.
C'est sur ce mont Calvaire (mont des chauves, Golgotha en hébreu) que la femme avait pleuré les souffrances qui lui avaient été causées par les hommes dégénérés (les hommes chauves). C'est pour cela que ce lieu fut choisi par ces ironiques, pour être le lieu où l'on venait se tondre en souvenir d'Adonaï !... La tonsure était destinée à masquer la calvitie (1).
Les Adonaïes étaient la parodie des cérémonies que faisaient les femmes dans leurs Mystères, pour pleurer la mort sociale de la Déesse et surtout celle de Myriam !
L'époque de ces fêtes coïncidait avec l'équinoxe du printemps.
Pendant la semaine consacrée, le sol était jonché de fleurs et de verdure sur le passage des processions. On y voit l'origine de la semaine sainte des Catholiques, la mort de leur Dieu et sa résurrection.
Quand arriva l'époque de transition pendant laquelle les Déesses devinrent des signes astronomiques, les mettant ainsi hors du monde, on ne manqua pas de mettre au ciel un Adonis qu'on appela Vénus-Adonis ; c'est ainsi que la Déesse androgyne est représentée pendant les premiers temps de l'ère chrétienne. Les Hébreux en faisaient aussi un androgyne en l'appelant Adoni-ish ou Adoni-lahveh (2).
Adonaï porte un manteau semé d'étoiles, c'est la Divinité qui représente le Ciel. Que le voilà loin du brutal Caïn, de l'envieux Esaù !
On donna si bien à Adonaï l'apparence d'une femme, que des auteurs s'y sont trompés. Du temps de Plutarque, il était considéré comme androgyne.
Dans les hymnes d'Orphée, c'est aussi un être androgyne (Hymne 53). Ce n'est qu'après le Christianisme qu'il ne sera plus qu'un Dieu mâle doué des qualités et de la beauté de la Déesse.
Et, quand il sera ainsi spiritualisé, on altérera les textes pour lui donner une place dans des écrits déjà anciens.
C'est l'Adonaï des Syriens qui devint, en Grèce, le bel Adonis. Et les modernes, au lieu de nous expliquer l'origine de ce Dieu mâle, l'élèvent jusqu'à l'hermaphrodisme divin, et, ne considérant la légende que dans sa dernière forme, nous le représentent comme étant un jeune Grec d'une grande beauté.
On lui fait une nouvelle légende. Il inspire à Vénus une ardente passion, il est mis en pièces par un sanglier furieux (l'homme-sanglier qui tua la femme), mais maintenant c'est Diane qui est cause de tout, c'est elle qui a suscité le sanglier à la prière de Mars. Voilà tous les rôles changés. Descendu aux Enfers, il est remarqué par Proserpine qui s'en éprend, puis rendu à la vie pendant six mois de l'année. Jupiter finit par ordonner que le bel Adonis soit libre quatre mois de l'année, qu'il en passe quatre avec Vénus et quatre avec Proserpine. C'est l'histoire de la Femme morte, descendue dans l'enfer masculin et ressuscitée plus tard, suivant l'espérance du temps, qui est ici dénaturée, mais encore reconnaissable.
Les Grecs acceptaient avec enthousiasme les cultes étrangers ; c'était nouveau, cela venait des pays d'Asie, qui avaient tant de prestige, puis cela ne ressemblait pas à leur culte officiel, les affiliés y trouvaient le plaisir de la révolte. Il n'en fallait pas davantage pour faire leur succès. Les femmes, qui ne comprenaient pas, y voyaient une idée de délivrance qui les séduisait.
Adonaï, qu'on traduit par « Mes Maîtres », « Mes Seigneurs », est un mot pluriel, comme Elohim, pris pour le singulier.
On disait Adonaï (les Seigneurs) comme on disait Shaddaï (les forts, les hommes). On imitait en cela l'ancien usage qui consistait à dire, pour désigner les femmes, « les Dêwas ».
On introduisit ce nom dans les textes hébreux, en quelques endroits, en le mettant à la place de Jehovah.
En Syrie, la parodie va plus loin : Adonis est appelé Sabaoth. Seigneur des sept cieux, de l'armée des étoiles. C'est la parodie de Hevah-Sabathée.
En Phrygie, le nouveau Dieu Attis se fait aussi appeler Sabas. Le petit mâle, l'Adonis phrygien devient Sabas-Attis, l'intéressant martyr qui meurt, puis ressuscite.
On pleure sa mort, puisque la femme est morte, et cela durera 2.000 ans, cela dure encore, la comédie du martyre de l'homme, mort pour la Femme, alors que c'est la Femme qui est morte pour l'homme.
Nous retrouvons partout la parodie de la persécution.
C'est la bonne Mère Ma qui dépouille Attis, le Père souverain, de sa force virile.
En réalité, c'est la femme qui fut moralement châtrée par l'homme.
On nous raconte qu'Isis fut livrée au désespoir, parce que, les membres d'Osiris ayant été dispersés, un seul (le lingam : le sexe masculin) a été perdu dans le Nil. On veut faire croire que cette perte la désole, on la montre rassemblant en pleurant les membres d'Osiris.
Ces fables outrageantes pour la Femme sont d'ironiques vengeances.
Le torrent bourbeux des passions de l'homme crée partout les mêmes parodies. On va jusqu'à donner le surnom de Hevah au Dieu des ivresses furieuses, et on crée Bacchus-Sabas.
Puis on s'excuse en écrivant dans l'histoire que les Bacchants sont des Bacchantes ; ce ne sont plus des hommes qui se livrent à l'orgie, ce sont des femmes, de chastes jeunes filles, tout d'un coup prises de rage frénétique, tous les crimes masculins sont attribués à des femmes.
Et des écrivains comme Diodore, Apollodore, racontent ces choses !
On va jusqu'à attribuer à des femmes les suites de la débauche masculine, les crimes que l'amour du sang fait commettre à l'homme.
Depuis la fondation des « Mystères de Jérusalem », à l'époque de Daud (David), c'est-à-dire mille ans avant notre ère, chez tous les peuples avoisinant la Judée, le parti masculin avait imité les Féministes israélites et créé, lui aussi, des Mystères, en donnant au personnage divin dont on déplorait la mort le sexe masculin.
C'est ainsi que les Juifs instituèrent le mythe d'Adonaï, auquel ils firent une légende.
(1) Les Ecritures révisées s'occupent beaucoup de cette question. Dans Juges, XIII, 5, on lit : « Le rasoir ne passera pas sur sa tête. »
« Tu ne passeras pas le rasoir sur la tête de mes prophètes », dit-on aussi.
Les Brahmanes recevaient la tonsure et la ceinture sacrée
(2) Le nom d'Adonaï devint un titre mâle équivalent de Seigneur. On disait Adoni-Ram, Adoni-bezaq (Juges, 1, 5), Adoni-sedeq ou Tsadek (Josuè)

Selon le mythologue Phurnutus, Adonaï naquit de l'union de Myrrha, femme de Cymire, avec Ammon. Comme la jeune femme était enceinte, elle fut forcée de fuir, pour éviter la fureur de Cymire, qui, sachant qu'elle avait conçu d'un Dieu et tremblant pour son trône, la chassa et la força, d'après Ovide, à se réfugier en Arabie, mais, d'après Phurnutus, en Egypte, où elle le mit au monde dans une grotte solitaire. Adonaï fut élevé dans cette grotte, etc..
L'image d'Adonaï, sous la figure d'un jeune dieu mort à la fleur de l'âge, était placée dans les divers quartiers. On venait chercher ces images en processions solennelles, on les embellissait après les avoir baisées avec dévotion, et on attendait le moment de la résurrection du dieu qui devait avoir lieu trois jours après.
Pendant ce temps, Adonaï descendait aux Enfers, d'où il allait ressusciter.
Les cérémonies de la semaine sainte des Catholiques sont copiées sur celles qu'on célébrait à la mort d'Adonaï : les ténèbres, le voile, le bruit des crécelles remplaçant les cloches, le deuil, etc. Mais quelle différence ! Combien elles sont pâles et mesquines auprès des Adonies d'Antioche, de Judée, de Damas, d'Alexandrie, d'Athènes, de, Chypre, d'Argos, de Rome !
Cette parodie représente la descente d'Isthar aux Enfers, déjà introduite dans la mythologie grecque où elle était devenue l'histoire de Proserpine.
Dans les Mystères de Jérusalem, c'était la mort de Myriam Hiram et sa résurrection attendue. Quand cette histoire fut cachée dans une nouvelle légende d'Hiram, donnant à ce personnage le sexe masculin, on alla jusqu'à l'appeler Adon-Hiram.
C'est sous cette forme masculinisée, que la légende d'Hiram a passé dans la Franc-Maçonnerie. Les rituels en donnent un résumé, très suggestif pour ceux qui connaissent bien le symbolisme : c'est encore la mort et la résurrection d'un personnage mystérieux.
Cependant, les continuateurs de la tradition féministe vouent une haine mortelle à Adonaï et le maudissent : NEKAM ADONAÏ.
(Dans la Franc-Maçonnerie, Nekam Adonaï signifie : mort au dieu mâle des Juifs.)
Pendant que les dieux nouveaux arrivaient ainsi au monde au milieu de la folie générale, on avait honte de l'ancienne Divinité « Hevah ». Elle qui fut d'abord la Divinité unique cachée dans le secret du sanctuaire. On fit le silence autour de son nom, on prit l'habitude de ne plus le prononcer, et c'est alors que les femmes se défendaient en l'invoquant à outrance. Mais elles devaient être vaincues et leurs adversaires devaient triompher. Les hommes cachaient la Femme Divine, par crainte, par envie, par incompréhension ou par pudeur.
On nous dit :
« Les Egyptiens honoraient par le silence la Divinité, principe des choses, et n'en parlaient jamais, la regardant comme inaccessible à l'esprit de l'homme. »
Les sages chinois agissaient de même à l'égard de leur Déesse « qu'on ne saurait nommer ni définir ».
On fait dire à Orphée : « Je ne vois pas cet être, entouré d'un nuage. »
Chez les Latins, ce mutisme est personnifié par Harpocrate, le dieu du silence.
Philon, dans sa Vie de Moïse (L. 111), nous apprend que ce nom ne pouvait être prononcé et entendu que dans des lieux saints, par une langue et par des oreilles que la sagesse avait purifiées.

ESDRAS (Hezra ou Ezra)
Sous le règne d'Artaxercès (la 7ème année de son règne), vers 456 ou 458, vint à Jérusalem une nouvelle colonie de Judéens, conduite par Esdras ; « c'était un scribe bien exercé dans la Loi de Moïse », dit-on. En réalité, un mauvais écrivain, ignorant et prétentieux.
Il avait pris connaissance du Sépher, emporté à Babylone, et c'est lui qui en rapportait la traduction (il ne faut pas oublier qu'à cette époque on ne parlait plus la langue de Myriam).
D'un caractère dominateur et ambitieux, d'un esprit faux et étroit, Esdras était en même temps dévot dans le mauvais sens du mot, c'est-à-dire adonné aux pratiques futiles. On l'a comparé, non sans raison, à un clérical moderne. Mais ce qui le distinguait surtout, c'était sa haine de la Femme et le mépris qu'il affectait de lui prodiguer. Son premier acte en Judée en témoigne :
Il apprend que les Juifs ont pris des femmes appartenant à l'ancien régime gynécocratique, ce qu'il traduit par le mot « étranger », qui servait à désigner « ceux de l'autre parti » ; son premier soin est d'en débarrasser « la sainte race mâle », qu'il ne veut pas voir mêlée à ces viles femmes. On eût dit que la Terre allait s'écrouler.
Voici comment il exprime son indignation : « Lorsque j'entendis ce discours, je déchirai ma tunique et mon manteau et je m'arrachai les cheveux de la tête et les poils de la barbe et m'assis atterré » (Esdras, 9, 3) ; et, furieux, il fit expulser les femmes et leurs enfants.
Tel fut son début. Ce qui n'empêche qu'on trouva plus tard des Juifs qui avaient pris des femmes asdodites, ammonites et moabites.
Cette belle colère n'était qu'une comédie ; il voulait imiter l'indignation des Prophétesses et prenait leur ton et leurs phrases, en les exagérant et en appliquant aux femmes les reproches qui avaient été adressés aux hommes « des autres cultes », aux goim.

NÉHÉMIE (NÉHÉMYA) (444 ou 447)
Onze ans après le retour d'Esdras, Néhémie, Juif influent de la cour d'Artaxercès, échanson du roi, obtint la permission de retourner en Judée en qualité de gouverneur.
Cet homme représente le diplomate rusé, il emploie la prudence pour arriver à ses fins, il vient, dit-il, pour pacifier la Judée profondément, troublée ; on a démoli les murs de Jérusalem et brûlé les portes de la ville. C'est la misère, du peuple qui a provoqué la révolte.
En arrivant, Néhémie convoque une assemblée, dans laquelle il reproche aux riches leur dureté, leur usure, (les citoyens étaient obligés, pour payer leurs impôts, de vendre leurs enfants). Il donne l'exemple de la générosité, il refuse le traitement qu'on lui offre et emploie sa fortune à nourrir tous les jours à sa table 15 personnes. Il est vrai que tout cela, c'est lui-même qui nous le raconte (Néhémie, 5,14.-19). Il faut lire ce livre pour comprendre l'hypocrisie de cette nouvelle religion, la diplomatie de ce prêtre qui donne au peuple une fête de sept jours pour le gagner, en réalité une fête de débauche pour l'étourdir.
Il soutient Esdras ; cela aussi nous est suspect, il se vante beaucoup lui-même ; cela nous éclaire tout à fait.
Le 8e chapitre du livre de Néhémie nous représente ces deux hommes d'accord et agissant ensemble, un jour de grande assemblée où apparaît pour la première fois un ouvrage désigné comme étant « le Livre de la Loi de Moïse » prescrite par « Elohim » à Israël (Néhémie, 8).

LE LIVRE DE LA LOI DE MOISE
Esdras, debout sur une estrade, lut lui-même ce livre, depuis l'aube jusqu'à midi, « en présence des hommes et des femmes et de tous ceux qui étaient capables d'entendre », et qui tous, pendant cette lecture, se tenaient debout (voir tout le chapitre VIII de Néhémie).
Or, quel était ce Livre de la Loi de « Moïse », qu'on imposait au peuple avec tant de solennité, ce livre qu'Esdras lisait publiquement ?
C'était une rédaction grotesque, une parodie infâme, faite par Esdras lui-même, ou par ses collaborateurs, de l'admirable Sépher de Myriam !
C'est cette rédaction d'Esdras que les savants modernes appellent « l'Ecrit élohiste » (rédigé vers 450), et dans lequel tout le grand rôle de la Déesse est attribué à Elohim, confondant ainsi volontairement Hevah et Elohim, la puissance morale de la Déesse et la puissance cosmique.
On a remarqué que les préoccupations législatives dominent chez cet auteur, qui s'occupe de la généalogie dans le but de substituer la filiation paternelle à la filiation maternelle (1).
Mais il n'y a pas que cette confusion dans cette hypocrite rédaction. On y supprime tout ce qui était destiné à glorifier la femme et on y substitue des faits avilissants.
C'est le livre dans lequel Esdras mit toute la ruse, toute la jalousie, toute la misogynie de l'homme pervers.
Le Pentateuque, sous sa forme actuelle, n'existait pas encore du temps de l'exil. On ne constate sûrement l'existence des quatre premiers livres que vers l'an 400.
C'est alors, dans le chaos qui régnait, que, ne pouvant supprimer d'anciens souvenirs, on imagina d'y attacher un nom d'homme, Moïse (de l'ancien mot Musa), que l'on représenta comme celui qui a tiré les Juifs de l'Egypte et en a fait un peuple.
On fit de lui l'auteur du Sépher de Myriam, dont le nom disparut presque de l'histoire et ne fut guère conservé, dans les sociétés secrètes, que sous sa sa forme renversée : Hiram.
Ce livre commence par la Création et va jusqu'à Josué. On y retrouve partout l'intention d'établir la suprématie de l'homme sur la femme, c'est-à-dire un esprit opposé à l'esprit du Sépher. Les lois rituelles y occupent la plus grande place ; la vérité historique ne préoccupe pas l'auteur, il ne se sert de l'histoire que pour donner un cadre, éloigné, à ses prescriptions relatives au culte et à la nouvelle organisation de la société religieuse qu'il voulait instituer, et qui renversait complètement l'ancienne Théogonie.
Quant à l'exposé scientifique du Sépher, cet homme ne cherche pas à le comprendre, et le traduit d'une façon grotesque ; l'explosion des passions humaines devient un cataclysme terrestre, un déluge ; les qualités de la femme deviennent des noms de villes. Il arrange la légende d'Abraham de manière à la rendre avilissante pour la femme ; de ce nom, la mère, et Brahma, le soleil (la Femme-soleil), il fait un nom d'homme ; de la « Mère des Dieux », il fait un Père, on dira plus tard Patriarche. Dans l'histoire de Joseph et de Mme Putiphar, il intervertit le sexe des personnages, attribuant ainsi à une femme une action d'homme.
Enfin, le nom de la Divinité n'est plus Hevah, c'est Elohim, pris dans un sens absolu.
Et tout cela est dit dans un style d'une sécheresse qui indique le peu de culture de l'auteur. On voit que ce compilateur a été fortement impressionné par la lecture du Sépher, qu'il chercha l'appui des docteurs de Babylone et l'obtint facilement, en vertu de la solidarité sacerdotale qui n'était jamais en défaut quand il s'agissait d'attaquer l'ancienne religion théogonique. (C'était le temps où un prêtre-mage, Zarathustra, attaquait les femmes chez les Parthes. Des auteurs arabes disent que ce Zoroastre fut un esclave d'Esdras.)
L'anathème qu'il avait lancé contre les Israélites fut donc approuvé par les docteurs ; il les convoqua et tint avec eux une grande synagogue, restée fameuse dans les livres des rabbins. Ce fut là que le changement des caractères fut arrêté, qu'on admit les points-voyelles dans l'usage vulgaire de l'écriture et que commença l'antique mashore (2), qui devait donner au Sépher un caractère tout différent de son caractère primitif.
Le premier usage que l'on fit de ce changement d'écriture fut de dénaturer la prononciation du nom de la Divinité, Hevah, qui devint Ihaveh.
M. Ernest Havet dit : « D'ailleurs, pour ce nom en particulier, on a cru avoir des raisons de supposer que, par certaines considérations religieuses, qui en faisaient un nom ineffable, on l'écrivait avec des points-voyelles empruntés à un autre nom. On trouve des témoignages en faveur de transcriptions diverses, dont la plus en faveur est aujourd'hui IAHVE. » (Le Christianisme et ses origines.)
D'après Diodore de Sicile (Macrobe, Saturn., I, 18), saint Irénée (Adversus Hæreses) et Théodoret (De l'Exode, XV), nous apprenons que le nom du Dieu des Juifs était Iao.
La prononciation que nos savants d'aujourd'hui donnent au tétragramme hébraïque IHVH ne serait que celle des Samaritains, d'après les auteurs précités.
La préoccupation législative devint dominante chez les Prêtres, à ce point que l'on a pu dire de la loi déposée par eux dans le Talmud : « Tourne-la et retourne-la, car elle contient toutes choses » (Em. Deutsch, Der Talmud, p. 15).
(1) Le mot « ab » (père en hébreu) commence à entrer dans la composition des noms ; on dit Abija (de Abi-yah), « celui dont Iahveh est le père » ; Abihou, « il est mon père » ; Elihou, « il est mon Dieu » ; Abbo, « serviteur de Lui », d'où Obed, abbé, abbatial, mais d'où aussi Abracadabra.
Hanno, « la grâce de lui », d'où Hanan ; Jo-hanan (Jean) veut dire « Iahveh est bon ».
D'abord, au mot « ab » on attache une idée de négation, la négation du rôle de la mère qui sera désigné, plus tard, ironiquement par un mot composé de ces deux racines ; « abnégation ».
(2) « On ignore à quelle époque remonte le système des points-voyelles. Jusque dans ces derniers temps, on n'en connaissait qu'un, le libérien ou palestinien, en usage dans nos Bibles hébraïques imprimées.
« Les manuscrits découverts par F. A. Firkowitch en ont révélé un second, le babylonien, moins simple et moins clair, il est usité dans les manuscrits de Perse, d'Arabie et de Crimée, et en particulier dans les deux plus anciens codes. Le système le plus partait (le palestinien) paraît le plus ancien. Il remonte au-delà du VIIIème siècle. On constate l'existence du babylonien depuis le IXème siècle. Les deux ont subsisté quelque temps l'un à côté de l'autre. Mais ni l'un ni l'autre n'a été admis dans les rouleaux de la Thorah des synagogues. » (Leblois, Les Bibles, L. V,p. 302.).

LE NOUVEAU SÉPHER D'ESDRAS
Aussitôt que les anciens fidèles de la Thorah surent qu'Esdras s'occupait de récrire le Sépher en le dénaturant, quelques-uns d'entre eux se réunirent pour combattre cette imposture. La lutte s'engagea.
Esdras combattit ces ennemis gênants ; voulut les intimider par son audace et les frappa d'anathème. Mais cela ne suffisait pas pour détruire leur Livre, c'est alors qu'il imagina de donner au sien une autre forme ; il prit la résolution d'en changer l'écriture ; il substitua aux caractères phéniciens les caractères chaldéens ou hébraïques, ce qui fut accepté avec d'autant plus de faveur que les Juifs de cette époque avaient, non seulement dénaturé, mais perdu tout à fait la langue de de leurs aïeux, ils lisaient les caractères antiques avec difficulté et s'étaient accoutumés au dialecte assyrien et aux caractères plus modernes dont, les Chaldéens avaient été les inventeurs.
Esdras, pour se donner plus de force contre les Samaritains, a cherché à s'assimiler les idées qu'il contient, sans en comprendre lui-même le sens, et a fini par s'en croire l'auteur. Mais il donne à sa rédaction la tournure mesquine de son esprit, il est fortement réceptif de la pensée féminine qu'il répète sans savoir ce qu'il dit. En voici la preuve : Dans le livre IV (ch. XIV) d'Esdras (que les Bibles populaires ne donnent pas, il est parmi les apocryphes qui ne faisaient pas partie de la Bible hébraïque), Esdras s'entretenait avec l'Eternel et lui disait : « Le monde est dans les ténèbres et ceux qui y demeurent sont privés de lumière. Car ta loi est brûlée et personne ne sait les œuvres que tu as faites, ni celles que tu feras. Si donc j'ai trouvé grâce à tes yeux, verse en moi le Saint-Esprit et je décrirai tout ce qui est arrivé depuis l'origine du monde, tel que c'était écrit auparavant dans la Loi, afin que les hommes trouvent le chemin droit. »
On voit dans ceci l'intention de se donner comme l'auteur du Sépher, qu'il dit avoir été brûlé avec Jérusalem et le temple lors de l'invasion des Chaldéens, déclarant qu'il n'en restait absolument rien, alors que le Livre avait été emporté à Babylone et que c'est ce livre qu'il falsifiait.
« Dieu alors lui prescrit de se munir de matériaux, de prendre cinq secrétaires et de se retirer dans la solitude pendant quarante jours. Là, une coupe lui est offerte pleine d'un liquide semblable à du feu. Il boit, aussitôt l'intelligence agite son cœur (la coupe et le feu symbolisent la loi qui régit le sexe féminin) et la sagesse déborde de son sein. Il parle, les secrétaires écrivent, et en quarante jours ils composent 94 livres dont les 24 premiers sont publiés et les 70 autres remis aux sages du peuple comme une source d'intelligence, de sagesse et de science » (IV Esdras, 14, 20 47).
Son récit est fait pour nous expliquer comment fut composé un livre qu'on nous donne comme révélé par Dieu lui-même. C'est sans doute cette contradiction qui l'a fait supprimer.
Il nous éclaire sur l'esprit charlatanesque d'Esdras qui nous dit que c'est à l'aide d'une inspiration surnaturelle qu'il a écrit un livre qu'il n'a eu qu'à copier.
Cela nous renseigne aussi sur sa valeur mentale, puisqu'il invoque le surnaturel, a recours au miracle, pour se donner du prestige, et s'attribue, à lui, les conséquences spirituelles de la sexualité féminine.
Si nous comparons ce genre de littérature aux écrits des femmes, nous voyons qu'un genre nouveau surgit. C'est le commencement de la période juive proprement dite ; elle forme contraste avec la période hébraïque qui va de Samuel à l'exil, et pendant laquelle la femme parlait sans entraves. Maintenant elle se tait et c'est l'homme qui a la parole.
Samuel avait fondé le règne de l'Esprit ; Esdras fonde celui de la lettre (et quelle lettre !) ; Samuel avait été la première des « voyantes », Esdras est le premier des Rabbins. Ce fut une transformation radicale, « sans pareille dans l'histoire », dit un écrivain juif.
Autrefois, les hommes vivaient sous la direction morale de la Femme et ne pensaient pas à se mêler de littérature, ils connaissaient à peine les livres, ne les réfutaient pas encore, ils respectaient ce qui émanait de l'Esprit de Hevah.
Après Esdras commence chez eux un besoin tourmentant de justification et de lutte, une poussée d'orgueil et des remords en même temps que la crainte des récriminations féminines.
Tout cela pousse les Prêtres à parler, à écrire. Ce n'est pas une œuvre originale qu'ils font, c'est une justification et une affirmation nouvelle des droits qu'ils se donnent. Ils ont été lents à recevoir les idées féminines, mais, depuis qu'ils les ont reçues, ils n'ont plus d'autre préoccupation que de se poser eux-mêmes comme des littérateurs, des lettrés.
Ce sont eux qui vont écrire, et vous allez voir ce qu'ils vont faire de cette faculté. D'abord, ils vont réviser tous les livres des femmes, en altérer le sens, en dénaturer l'esprit, aux idées substituer des mots ; ensuite ils vont écrire des lois, se donnant à eux-mêmes le pouvoir législatif.
La femme avait expliqué les lois de la Nature, les seules immuables, vraies et légitimes ; le Prêtre aussi va donner des lois, et quelles lois, une réglementation de la vie de l'homme, mais surtout de celle de la femme, un frein mis à tous ses actes, à toutes ses pensées, à ses rêves, à son amour.
Et cela s'appelle un canon, mot bizarre dont on cherche l'origine.

FALSIFICATION DU SÉPHER
Esdras ne s'en tint pas au changement de caractères, il changea également les idées contenues dans le Sépher. Cela devait arriver. C'est ce que Myriam avait prévu, c'est ce que les Israélites avaient toujours craint.
Le Sépher était l'affirmation de la loi morale et le triomphe du pouvoir féminin ; il était impossible que celui qui fondait sa puissance sur la violation de cette loi et sur le renversement de la Déesse laissât subsister un livre qui le condamnait.
Il trouva facilement des auxiliaires qu'il flatta en pliant la loi aux mœurs nouvelles que les Juifs avaient contractées à Babylone. C'était en même temps un moyen de se distinguer et de s'éloigner des Samaritains qu'il pensait isoler en gagnant à sa cause les masses populaires qui ne demandaient qu'à secouer une morale qui les gênait. C'était donc surtout pour être compris de ces masses qu'il adopta des caractères plus connus. Il joignit au Sépher un recueil d'écritures plus modernes que celles de Myriam, moins authentiques, qu'il retoucha, arrangea, dans l'intérêt de sa cause. Naturellement, l'assemblée des docteurs, qu'il présidait, approuva ce travail puisqu'il affermissait leur pouvoir sacerdotal. Mais les Samaritains le déclarèrent impie et sacrilège.
Les additions que fit Esdras au Sépher ont fait croire, par la suite, que c'était lui qui était L'auteur de la Bible. Non seulement il n'en est rien, mais ses écrits ont toujours été rejetés comme apocryphes et les Samaritains les ont toujours désavoués, ne gardant que le Sépher comme Ecriture authentique.
A l'esprit large et clair de la Thorah on fit succéder une casuistique hypocrite qui devait fleurir depuis pendant tant de siècles, casuistique qui n'est pas autre chose que l'effort fait par l'homme qui a tort, pour prouver qu'il a raison.
C'est ainsi que le Sépher, cet admirable livre d'une science élevée, devint une Genèse absurde. C'est ainsi que la haute raison et la forme poétique de la primitive rédaction féminine devinrent une trame d'absurdités. C'est ainsi que, après les génies immortels des grandes femmes, on vit dans les assemblées les cerveaux les plus délirants, après la science la plus sublime, la plus minutieuse puérilité ! Cela amena un changement radical dans la société.
Tant que la Matrone, la Soffet, avait gouverné, la paix avait régné. Assise, sans appareil, aux portes des villes, ou à l'ombre des arbres, elle écoutait les réclamations de tous : la femme éplorée, le serviteur opprimé, le pauvre, l'étranger, la veuve, l'orphelin. Heureuse de soulager la misère, de faire régner la paix, de veiller sur les mœurs, de défendre l'opprimé, de consoler l'affligé, elle apaisait la colère des hommes, elle ramenait le fils égaré, et tous renaissaient à la paix, tous reprenaient courage. L'homme dont elle censurait la conduite revenait à de meilleurs sentiments. Enfin, durant les jours consacrés, les « voyantes » faisaient la lecture de la Loi, l'expliquaient, elles communiquaient aux assemblées le caractère calme et mesuré qui est le propre de la femme sage.
C'est ainsi que s'étaient passées des années, des siècles, qui avaient été la période de calme de l'humanité, le repos d'Israël, paix heureuse qui a laissé dans l'esprit des Hébreux des souvenirs éternels et qui est l'origine du charme que l'on trouve encore dans les Livres sacrés de l'antiquité, quoique, après l'image de la paix, ils nous fassent le tableau de la lutte.

LA BIBLE DITE D'INSPIRATION DIVINE
Pour les théologiens modernes, la Bible est un livre d'inspiration divine.
Comment cette croyance dogmatique a-t-elle pris naissance ?
Est-ce parce que le Sépher dans sa première forme fut écrit par une Déesse, Myriam-Hathor ?
Non. Pour les Prêtres, le Dieu qui a dicté le Livre n'est pas une Déesse, c'est le Dieu mystérieux d'Esdras, et nous trouvons l'évolution de cette croyance dans les opinions émises par les défenseurs de ce rabbin, Saint Basile, Saint Irénée et Clément d'Alexandrie entre autres.
La préoccupation des Prêtres juifs était de faire remonter leur religion à un homme, et ils prirent le nom de Mosé (Muse), dont les Occidentaux ont fait Moïse, d'après la prononciation grecque des Eoliens.
Puis ils donnent à ce Mosé le pouvoir de faire des miracles, croyant ainsi en faire plus qu'un homme, ce qui fait dire à Voltaire : « Je puis soupçonner que ces miracles ont été insérés dans les Livres sacrés des Hébreux longtemps après la mort de ceux qui auraient pu les démentir. »
« Ces prodiges n'ont jamais été, mais ils ont été insérés après coup dans une histoire qui, de leur propre aveu (il s'agit des Juifs), a été compilée par celui qui les ramena de Babylone » (Lettre de Thrasibule à Leucippe).
En même, temps qu'Esdras grandit ainsi un homme imaginaire, il jette le discrédit sur Daud (David) en disant : « Si une famine ruine la Judée, c'est que David a fait, par orgueil, un recensement. ». On voulait donc la faire détester.
Si Daud a fait un recensement, c'est évidemment parce qu'elle a voulu établir le nombre des fidèles de l'ancienne Loi.
Alex Weill a publié des études sur les 5 Livres Mosaïques, destinées à les rendre tels qu'ils existaient avant le deuxième Temple, c'est-à-dire dégagés de leur linceul miraculeux et ténébreux.
Esra, d'après lui, aurait entièrement défiguré l'enseignement mosaïque et introduit dans la religion d'Israël une masse de pratiques et de superstitions, causes de tous les maux passés et présents, et qui ont été l'origine, chez le « peuple de Dieu », de tous les fanatismes et de toutes les erreurs du miraculisme et de la piété exagérée, pour ceux qui profanent et violent les lois.
Esra a naturellement trouvé des imitateurs. Les Pharisiens, les scribes, les sanhédrins, et même les Catholiques, ont été les premiers à applaudir Esra et à le continuer ; le mal, au lieu de diminuer, s'est agrandi de jour en jour et, présentement, continue même à faire de très grands ravages au milieu de nous.
Cette critique biblique mérite d'arrêter les yeux des rabbins et des prêtres sur tous ces détails d'interpolation, de fraude et de miraculeuse inconséquence, montrant qu'Esra est le fondateur du Mosaïsme actuel et le forgeur des interventions miraculeuses d'une Divinité qui, cependant, a horreur du miracle parce qu'elle est la logique souveraine et la raison même et qu'elle ne saurait commander l'obéissance aux lois qu'elle a établies, si elle se permet de les transgresser en les violant et de donner ainsi, aux hommes, le plus funeste des exemples, et une piètre idée de sa puissance et de sa justice.
En résumé, Esdras a fait œuvre d'audace et d'inconscience.
« Et puis, s'il y a eu des réclamations, nous les ignorerons éternellement », dit Josèphe, L. VII, c. n.
Le public les a ignorées parce que les continuateurs d'Esdras eurent seuls le droit de rédiger les Annales. Les fourbes ont toujours demandé le respect absolu et silencieux pour leurs erreurs et leurs mensonges, et c'est par la complicité de leurs pareils qu'ils arrivent à s'imposer.
Pour se justifier, ils disent : « Un peuple tout entier n'oublie pas sa législation. »
Cette antique Loi ne fut pas complètement oubliée, et fut cachée dans les sociétés secrètes pendant l'époque de terreur qui commença alors.
L'histoire, du reste, ne garde pas le souvenir des réclamations des Femmes. Et nous allons voir avec Malachie leur dernière protestation.
Comment, après elle, auraient-elles pu écrire des livres quand elles devaient se cacher pour assurer leur sécurité ? C'est ce qui nous explique l'existence de la tradition orale, la seule qu'on ne pouvait pas empêcher.
Esdras imposa son livre, imposa sa loi et sa nouvelle religion au milieu de la désapprobation générale.
Et c'est ainsi que la « parole divine » (Féminine) est devenue la parole humaine (masculine).

MALACHIE (Maleaki) (440)
Malachie est le dernier des Prophètes. C'est un auteur anonyme.
« Malachie » n'est pas un nom propre, c'est une expression hébraïque tirée du chapitre III, verset 1, et qui veut dire : « Je vais envoyer mon messager ». Voici le texte :
« Voici, je vais envoyer mon messager et il préparera le chemin devant moi, et aussitôt Hevah, celle que vous cherchez, entrera dans sa demeure, le messager du pacte y est attendu. Le voici qui vient, dit Hevah des bataillons (pour Çébathée). Qui soutiendra le jour de sa venue ? »
On croit que ce messager est une allusion à ce qui est dit dans Isaïe, la grande inspirée (Isaïe, XI, 13, et XII, 19).
Le messager attendu pour ramener l'homme et lui proposer un nouveau pacte ne peut être qu'une femme, une de ces apparitions « par lesquelles la Divinité elle-même se rend visible ».
Le mot ange (aggelos, mot grec qui signifie messager, de aggelein, envoyer) est dans Samuel et dans les Rois : « bon comme un messager de Hevah », « clairvoyant comme un messager de Hevah ».
Cette idée d'un « Ange » qui annonce reste dans la religion et passe dans le Catholicisme où elle servira à faire l'Angélus.
Cette attente d'un sauveur est encore annoncée à la fin du livre : « Voici venir le jour qui sera comme un feu brûlant, et tous les méchants, tous ceux qui commettent l'iniquité seront comme la paille, ce jour qui arrive les fera flamber, dit Hevah Çébathée (traduit par l’Éternel des armées célestes), et il n'en restera ni branche ni racine. » (1).
Malachie condamne avec force le Juif qui répudie la femme, qui abandonne la Juive pour suivre des étrangères : « Les gémissements de la femme abandonnée se répandent sur l'autel et, Hevah n'accepte pas l'hommage de celui qui les a causés » (II, 13 15).
Ce mot répudier, si blessant pour la Femme, ferait supposer que le mariage existait alors, tel qu'il est institué dans les temps modernes ; il n'en est rien et le mot répudier (qui renie) ne peut indiquer qu'une rupture venant de l'homme qui a honte de la Femme ; (de re et pudere, avoir honte). Malachie se plaint de la négligence qui s'est introduite dans les sacrifices (réformes suivant la nouvelle forme religieuse).
Ce verset, évidemment dénaturé, nous fait apercevoir la décadence du culte et la petitesse des idées régnantes. C'est dans cet écrit que, pour la première fois, la Loi de Moïse est mentionnée (Malachie, 3, 22) : « Souvenez-vous de la Loi de Moïse auquel j'ai prescrit sur le mont Horeb des préceptes et des ordonnances pour tout Israël. » Ceci est aussi une interpolation. Les anciens Prophètes ne connaissaient pas Moïse. Pour eux, c'était Hevah seule qui avait racheté Israël (peut-être Eva-Maria). Amos, Isaïe, Osée, n'écrivent jamais le nom de Moïse. A leur époque, on ne connaissait pas encore ce nom qui devait remplacer plus tard celui de Myriam.
C'est dans le livre de Michée (écrit vers 725) qu'on introduisit le nom de Moïse pour la première fois, à côté de ceux d'Aaron et de Myriam. Mais il est certain qu'il y a été interpolé et que ce n'est qu'après l'exil que Moïse commence à être mentionné.
(1) Il ne faut pas oublier que l' « Eternel des armées » a été mis pour Hevah Çébathée qui signifie Déesse des Bataillons célestes, et que l'armée céleste, ce sont les défenseurs du régime gynécocratique, le monde féminin étant appelé le Ciel par opposition au monde masculin appelé la Terre, ou l'Enfer.

LES NOUVEAUX MYSTÈRES
Pendant que la dernière Prophétesse élève encore la voix pour annoncer les Temps nouveaux, on crée un nouveau Chapitre dans les Mystères, sans doute sous son inspiration. Il est intitulé le Grand Conseil et le premier grade qu'il contient est appelé le Chevalier d'Orient ou de l'Epée (15ème de l'Ordre).
Dans ce grade, les dix tribus restées fidèles vont être représentées chacune par 7 lumières (7 dignitaires), ce qui fera 70 personnes (1). C'est le grand conseil. On va simuler le retour de la captivité. La moitié de la cérémonie se passera à Babylone (représentée par une chambre verte), l'autre moitié à Jérusalem (représentée par une chambre rouge). Dans la chambre verte, un transparent représente un songe de Cyrus. Sur ce tableau, on voit l'homme avec une tête de bête assis les jambes croisées en face de la Femme couronnée, debout et enchaînée à un piquet. A gauche du tableau, Cyrus voit en songe un lion menaçant. Au-dessus, la colombe d'Istar, entourée de rayons, tient une banderole qui porte cette inscription : « Rends la liberté aux captives ».
Dans le milieu de la salle se trouvent les deux colonnes J et B renversées, puisque l'homme règne et la femme est enchaînée. C'est le renversement de la loi des sexes exprimée par les symboles qui surmontaient les deux colonnes. Dans la salle verte se trouve un simulacre de château-fort à sept tours gardé militairement.
La chambre rouge représente Jérusalem ruinée. Cependant, la salle est magnifiquement décorée. Au fond, une gloire rayonnante représente le Grand Architecte de l'Univers, Hevah. Les hommes prédécesseurs de Cyrus lui servent de marchepied.
Les personnages figurés dans ce grade sont ceux de l'époque, Daniel, Néhémie, Esdras. Le but de ce grade et du suivant est de retracer la lutte des Israélites contre les Juifs qui veulent reconstruire le Temple pour y célébrer leur religion masculiniste qui deviendra rabbinique, dans laquelle on sacrifiera des animaux, des moutons, des agneaux, des béliers.
Cyrus voulait mettre une condition à la libération des Israélites : c'est qu'ils livreraient les secrets de leurs Mystères. Il n'obtient pas cela et c'est ce qui est représenté par le château à sept tours, si bien gardé.
Des initiés libres sont restés cachés dans les ruines du Temple, pendant la captivité. Ils ont réussi à sauver des vases sacrés, ou symboliquement des secrets.
On leur fait dire ceci : « Mes frères, la destruction du Temple ayant assujetti les Israélites aux disgrâces les plus rigoureuses, nous avons craint que la servitude n'ait aidé à les corrompre dans leur fidélité à nos croyances. C'est ce qui nous a contraints, en attendant l'heure de la réédification, à nous tenir éloignés dans un lieu secret, où nous conservions avec vénération et amour quelques débris de l'ancien monument.
« Nous n'introduisons parmi nous que ceux que nous reconnaissons, par leurs actes et par leurs mœurs, comme vrais et légitimes initiés (ce sont ceux-là qui forment la secte des Esséniens). »
Le sens du grade, c'est la revendication de la liberté de la Femme. On fait voir que, si l'homme despote se montre libéral, c'est parce qu'il y est contraint et forcé. Si Cyrus a brisé les liens des Israélites, c'est parce qu'il était sous l'influence de la terreur causée par la vue du lion menaçant, symbole de la force morale de la Femme réclamant ses droits. La Femme qui subit malgré elle la servitude doit surtout veiller à ne pas laisser atrophier en elle ses bons sentiments et les impulsions de sa nature, elle ne doit pas se laisser corrompre par le luxe et les honneurs dont les hommes voudraient la combler. Si elle les accepte, ce ne doit être que pour mieux cacher, sous une légitime dissimulation, le besoin ardent qu'elle éprouve de se libérer du despotisme. Elle ne doit pas non plus se laisser abattre par des échecs ; semblable aux Israélites libres, cachées dans les ruines du Temple, elle attendra avec résignation l'heure du triomphe de sa cause en ne négligeant rien de ce qui pourra la hâter.
On explique que les lettres L. D. P. inscrites sur le pont du fleuve Starburzanaï, qu'on a traversé pour revenir de l'exil, veulent dire Lilia Destrue Pedibus, détruis les lys en les foulant aux pieds. Et le lys est le symbole des Féministes (2). Ceci nous apprend que les hommes se conseillaient entre eux d'employer la brutalité pour vaincre les Femmes.
L'enseignement du grade est que la Femme étant libre par son droit naturel, sa liberté personnelle ne saurait être atteinte par la loi de l'homme, et que (la loi) ne doit exprimer que l'harmonie entre les droits de la Femme et les devoirs de l'homme.
Ce Mystère se continue dans un 16ème degré intitulé le Prince de Jérusalem.
Les Juifs masculinistes ne pouvaient triompher de leurs ennemis les Samaritains.
Zorobabel est leur chef. Si nous décomposons son nom, nous trouvons Zoro, qui, de même que Zara, Zar ou Sar, signifiait Prêtre chez les Parthes (qui deviennent les Perses). C'est cette racine que l'on retrouve dans Zoro-Astre (astar). Ici, on lui ajoute babel qui signifie confusion.
Zorobabel envoya des ambassadeurs à Darius, successeur de Cyrus, pour lui demander secours contre les Samaritains. Darius prit Zorobabel sous sa protection et ordonna aux Samaritains de se soumettre aux Juifs. Dès lors, Zorobabel, appuyé sur ce puissant monarque, fit payer le tribut aux Samaritains.
Le grand conseil ou Sénat d'Israël, formé des Mères, anciennes déléguées des dix tribus, se réunit pour protester. Mais les masculinistes vont triompher et les Féministes vont être vaincus. Aussi ce Mystère sera le dernier que nous aurons à enregistrer jusqu'aux temps du premier Christianisme.
Pendant trois siècles, la Femme va être persécutée et va se taire.
(1) C'est par imitation de ce Mystère que l'on dira que les Juifs avaient 70 docteurs qui firent la traduction grecque de la Bible, appelée la Version des Septante.
(2) Le Lys, en hébreu, se dit Nazar. Les partisans du Lys sont les Nazaréens. Ceux qui les ridiculisent les appellent Nazar-eth. La terminaison eth est toujours avilissante.

LES JUIFS APRÉS ESDRAS
La pénurie de documents littéraires chez les Juifs, après Esdras, nous fait comprendre que l'esprit d'Israël est affaissé, découragé. Peut-être aussi la parole est-elle étouffée !
Pendant trois siècles, presque toute source de documents disparaît, et nous pouvons difficilement reconstruire l'origine des institutions nouvelles qui prennent naissance à cette époque. Nous les verrons florissantes, plus tard, sans avoir su les luttes que leur introduction dans la vie sociale dut provoquer.
C'est particulièrement le régime familial qui fut modifié à ce moment par suite des tentatives que les hommes faisaient partout pour substituer le régime paternel au régime maternel. On modifia aussi l'enseignement. On substitua l'instruction donnée dans les synagogues par des Prêtres à l'instruction donnée dans les Temples par des Prêtresses.
Tous ces changements étaient appuyés sur le Livre de la Loi de Moïse, révisé par Esdras et, désormais, enseigné comme étant le fond de l'instruction nationale.
C'est dans les assemblées régulières des synagogues qu'on lisait la « Loi », principalement le jour du Sabbat. Cela créa une nouvelle catégorie d'hommes, les Sopheriim (docteurs de la Loi) ou rabbins, comme on les appela vers l'époque de l'ère chrétienne.
Le premier docteur dont on parle est Simon le Juste (3ème siècle avant notre ère). Il apparaît comme le fondateur de la science rabbinique et se fait appeler « Juste », sans doute parce qu'il impose l'injustice. Ses disciples fondent des écoles divergentes dont les chefs portent le nom de Tunaïm (Maîtres-sages).
L'enseignement était donné dans les halles qui entouraient le sanctuaire. C'est cet enseignement qui donna naissance aux partis rivaux des Pharisiens et des Sadducéens. Les « Maîtres » avaient des tendances opposées.
Avant cette époque, il n'y avait pas dans la langue des Juifs de terme pour rendre le mot « école ». Un siècle avant l'ère chrétienne, on en trouve plusieurs ; le plus populaire est « maison d'ensemble ». Ces écoles sont la copie du Didascalion (de didaskein, enseigner) qui était situé derrière les temples des Déesses et où l'on donnait aux jeunes filles l'enseignement de toutes les sciences et de tous les arts, divisé en sept classes. C'est ce qui explique la réputation de haute culture des femmes grecques.
Le sanhédrin remplaça le « Conseil des Matrones » (les anciens).
Au conseil éclairé que Myriam avait fondé, succéda un corps despotique et aristocratique (dans le mauvais sens du mot, c'est-à-dire orgueilleux et vaniteux) qui prêta les mains à des ordonnances d'iniquité contre lesquelles les Prophétesses s'étaient élevées avec une si grande indignation.
Le sanhédrin existe du temps des Macchabées. Mais son pouvoir même fut la cause de sa ruine. Les princes ne négligeaient rien pour le rabaisser, pour détruire son influence. D'abord il s'affaiblit lui-même par la discussion, fut divisé en quatre assemblées qui siégeaient à Cadara, à Amath, à Jéricho et à Séphoris en Galilée. Lorsque le poids de la domination étrangère fut à son comble, les fonctions du sanhédrin perdirent tout leur éclat. Il avait le droit de régler le culte. On le confina dans cette partie de la Loi, surtout quand Jérusalem n'exista plus.
C'est vers 400 que la manie de légiférer s'empara de l'esprit des hommes. C'est de ce moment que datent les premières tentatives de lois imposées, se donnant à elles-mêmes un caractère d'autorité.
C'est Néhémie qui s'applique à instituer des lois, une police, un culte, qu'il attribue à Moïse. « Nous avons péché, dit-il, et nous n'avons point exécuté vos commandements, vos cérémonies, vos ordonnances, que vous aviez prescrites à Moïse votre serviteur. »
Si dès ce moment les femmes se taisent, les hommes parlent et nous voyons apparaître une littérature ecclésiastique et liturgique à travers laquelle la poésie masculine se laisse entrevoir. On fait des psaumes, à l'imitation de ceux de Daud ; on les chante aux assemblées du culte, aux fêles, pendant les pèlerinages à Jérusalem.
C'est à ce moment que l'on fait une révision générale des écrits féminins, pour éliminer tout ce qui glorifie la Femme ou rappelle sa puissance, pour substituer des noms d'hommes aux noms des grandes femmes dont on ne veut plus reconnaître le génie, si ce n'est en l'attribuant au sexe mâle.
Les auteurs modernes placent à cette époque la composition du Pentateuque, alors que ce ne fut, en réalité, que sa révision, puisque le vrai livre, le Sépher, remonte bien réellement à Myriam.
Mais c'est alors que les Ecritures antérieures, telles que l'Ecrit Jéhoviste et l'Ecrit Elohiste, furent fondues ensemble, ne formant plus qu'un tout inintelligible.
Les Samaritains, qui conservaient les traditions féministes, essayaient de s'insinuer partout où les hommes avaient pris la place des femmes, mais on se méfiait d'eux, on les repoussait. Ils gardaient le Sépher comme l'unique Livre sacré, et ils se construisirent un Temple, pour eux seuls, sur le mont Garizim.
Lors des persécutions d'Antiochus, ce Temple fut consacré à Zeus hellénique, et, une cinquantaine d'années plus tard, détruit par Jean Hyrcan. Il avait eu deux siècles d'existence et ne fut pas reconstruit.
Le Garizim et le Mont des Oliviers ont gardé quelque chose de sublime. Les hauteurs du Thabor gardent les immortels souvenirs du peuple d'Israël.

LES CHRONIQUES (vers 300)
Les Chroniques ou Paralipomènes d'Esdras (Ezra) et de Néhémie (Nehemyah) furent rédigées vers 300.
Paralipomène est un mot grec qui signifie choses omises ou oubliées, parce qu'on y trouve plusieurs choses qui ne sont pas dans les autres livres qui racontent l'histoire des rois d'Israël.
C'est un livre de mensonge qui tend à antidater la royauté en Israël. On le nomme encore Chroniques ou Annales des Rois. Il a été écrit après le livre des Rois. C'est un abrégé très considéré par les masculinistes, et saint Jérôme l'appelle la Chronique des chroniques.
Un auteur catholique, Victor Boreau, dit : « En lisant la fin des Paralipomènes et le commencement d'Esdras, on voit la même chose pour les paroles et pour le sens, et il est clair que celui qui parle à la fin de l'un est le même que celui qui parle au commencement de l'autre ; ainsi, il faut attribuer les Paralipomènes à Esdras ».
Dans ce livre, qui porte sa date, puisqu'il y est parlé de Cyrus, roi de Perse, on établit la généalogie par les mâles, depuis Adam. C'est dans les Chroniques que l'on change le sexe de Daud et qu'on montre les Lévites comme des prêtres existant depuis Moïse.
On croit que c'est sous la domination macédonienne que furent composés les Chroniques et les livres dits d'Esdras et de Néhémie, avec les mémoires laissés par ces deux hommes qui n'auraient même pas eu le mérite d'écrire eux-mêmes leurs livres.
Les Juifs terminent le canon de leurs Ecritures par Esdras et Néhémie.

FONDATION D'ALEXANDRIE ET SA NOUVELLE LITTÉRATURE
En 332, Alexandre fonda la ville d'Alexandrie, qui devint un centre intellectuel grâce à ses écoles philosophiques.
Vingt-cinq mille Juifs y affluèrent lors de sa fondation, et, sous les Ptolémées, alors qu'elle était devenue une ville juive, plutôt que grecque, on vit surgir une littérature qui était due surtout aux Juifs hellénistes. Ils parlaient grec et imitaient l'esprit philosophique d'Athènes tout en gardant les traditions littéraires de leurs anciens Prophètes, ces « Prophétesses » dont les idées, cependant, différaient tant des leurs.
De ces éléments disparates, un nouveau genre littéraire se forma, dans lequel on trouvait associées les idées grecques et les anciennes croyances des Hébreux auxquelles, du reste, on commençait à donner une forme nouvelle.
Au contact de l'esprit grec, la religion de « Hevah » devint une philosophie qui se perdit peu à peu dans les brouillards de la pensée nuageuse des docteurs, et c'est de cette philosophie juive que sortira la théologie chrétienne.
Et pendant que les Juifs s'hellénisaient, les Grecs se judaïsaient.
Dans cette colonie littéraire on vit paraître des poésies juives sous le nom d'Orphée, de Phocylide, de Sophocle, etc., on vit paraître de la philosophie juive sous ceux de Cléarque, de Théophraste et d'autres. Enfin, les Juifs firent des vers sibyllins, imitant les anciens Oracles.
Le rôle qu'on donne à la Femme dans les écrits masculins de cette époque nous montre quel changement profond s'est produit dans la mentalité de l'homme et dans les mœurs qui en résultent.
D'ans l'Ecclésiaste (le Prêcheur), publié à Alexandrie au 3ème siècle, on lit : « Et j'ai reconnu que la femme est plus amère que la mort, qu'elle est le filet des chasseurs, que son cœur est un rêt et que ses mains sont des chaînes. Celui qui est agréable à Dieu se sauvera d'elle ; mais le pécheur s'y trouvera pris. »
Dans les Proverbes, nous voyons la Femme mieux traitée, mais considérée seulement comme un objet utile aux autres : « Le prix d'une vaillante femme surpasse de beaucoup tous les trésors de la richesse. »
Le portrait de la « Femme forte » fait dans les Proverbes nous représente la femme comme l'homme la veut ; elle n'est louée que pour ce qu'elle produit, pour ce qu'elle rapporte à la maison, pour ce qu'elle donne aux autres, non pour ce qu'elle est.
La Sagesse de Salomon est aussi un livre de cette époque.
C'est à Alexandrie, du 3ème au 2ème siècle, qu'on a fait de Salomon le type, de la sagesse et qu'on lui attribue toutes les grandeurs de sa mère Daud devenue « le roi David ». L'union des Juifs et des Hellènes fut cimentée par une haine commune : la haine de la Femme.
Associés dans la même œuvre de réaction et de destruction, ils y travaillaient chacun différemment, les Grecs par leur philosophie, les Juifs par leur mauvaise traduction du Sépher ; mais ils devaient fatalement arriver à une entente, à une union, ayant pour but la suppression de l'influence féminine dans le monde et la suppression de la vérité enseignée par la Femme, vérité qui avait fait sa puissance.
La philosophie condamnait « la pluralité des dieux », cette pluralité que l'homme lui-même avait créée en mettant des dieux à côté des Déesses, et contre laquelle la Femme s'était, tant révoltée, quand elle voulait qu'on respectât son unité divine.
Mais les philosophes ne voulaient plus voir de supériorité spirituelle sur la terre, le règne de l'envie commençait, ils ne reconnaissaient plus qu'une mystérieuse puissance cosmique à laquelle ils donnaient le nom générique qui avait servi à désigner primitivement la Divinité primitive ; ils ne voulaient plus connaître que cette puissance extra-terrestre ; ils condamnaient la représentation des dieux, et cela se comprend, on avait mis dans leur Panthéon masculin des types odieux ou ridicules.
Donc la Divinité n'aura plus pour eux de forme humaine, ce qui a l'avantage de cacher le sexe attribué à la personnification de la Vérité, de la Justice, de la Sagesse.
Les Juifs arrivaient au même résultat que les philosophes en faisant de leur Divinité Hevah une puissance cosmique Iehovah.
Depuis longtemps, ils ne prononçaient plus son nom, ne lui faisaient plus d'images, si bien que cette Déité sans nom, sans sexe et sans forme pouvait représenter tout ce qu'on voulait. Varron l'appelle Jupiter.
La corruption des Juifs par les livres des philosophes grecs fut facile, ils y étaient préparés ; l'entraînement, les idées régnantes aidant, cela dut amener promptement une entente entre les hommes arrivés au même degré de corruption.

LA VERSION DES SEPTANTE (IIIème SIÈCLE)
Un événement qui eut dans l'histoire des religions des conséquences formidables, se passa dans ce siècle (de 286 à 280). On traduisit en grec l'antique Sépher, remanié par Esdras.
Tant que cette version dénaturée demeura confinée dans le petit monde juif, elle eut peu d'influence sur les idées du temps.
En se présentant traduite dans la langue grecque, qui était alors répandue presque partout, ce livre entra dans le monde intellectuel où, par une fortune extraordinaire, il devait s'imposer et, finalement, servir de base aux trois grandes religions modernes.
L'histoire de cette version est obscure. On l'a, à dessein, remplie de légendes merveilleuses ou absurdes.
Les principaux documents qui racontent l'origine de la Version des Septante sont en désaccord sur les points essentiels.
D'abord il n'est question que de la traduction de la Loi (les livres du Pentateuque), puis de celle de tous les livres sacrés ; enfin on y ajoute encore celle de 72 livres apocryphes.
Constatons aussi que la légende, sous aucune de ses formes, n'existe encore du temps de Jésus, fils de Sirach (vers 130). Cet écrivain déclare que la version grecque des Saintes Ecritures était imparfaite. Or les légendes ne font que chanter sa perfection.
Le fils de Sirach, dans la préface de sa traduction de l'Ecclésiastique, parle des difficultés que présente une traduction de l'hébreu en grec : « Les mots hébreux, dit-il, n'ont point la même forme lorsqu'ils sont traduits dans une langue étrangère, ce qui n'arrive pas seulement, en ce livre-ci, mais la Loi même, les Prophètes et les autres Livres sont fort différents (dans leur version) de ce qu'ils sont dans leur propre langue ».
Si nous consultons les renseignements donnés par les Juifs eux-mêmes sur la Version des Septante, nous y trouvons une histoire des 70 traducteurs par Aristée, conservée jusqu'à ce jour.
Cet Aristée avait été officier de la garde de Ptolémée II qui vécut de 285 à 247. Il aurait écrit à son frère Philocrate l'histoire suivante :
Démétrius de Phalère, bibliothécaire de Ptolémée Philadelphe, interrogé par le Roi, lui apprit qu'il y avait chez les Juifs des livres dignes de trouver place dans la Bibliothèque du Roi, mais qu'il fallait les traduire, d'abord, en grec. Le roi envoya auprès du Grand-Prêtre Eléazar, à Jérusalem, et lui demanda de lui envoyer des hommes capables de traduire les Lois des Juifs. Eléazar choisit six hommes de chaque tribu, en tout 72 (1). Mais on préféra admettre un nombre rond, d'où, chez les Grecs, le titre : les Septante (Hoï hebdomekonta), chez les Latins Septuaginta.
Ces 72 docteurs, dont les noms sont cités, vinrent apporter au Roi un bel exemplaire du manuscrit, sur parchemin, où la « Loi de Moïse » était écrite en lettres d'or. Démétrius leur assigna une maison éloignée de tous bruits où ils se mirent à travailler ; ils employèrent 72 jours.
Leur travail achevé, on en fit la lecture devant une nombreuse assemblée de Juifs et d'Egyptiens, qui écoutèrent avec admiration, après quoi les prêtres, les vieillards, les conseillers du royaume et les chefs du peuple « dévouèrent à l'anathème » quiconque ajouterait quelque chose, ou même intervertirait l'ordre des caractères.
Dans tout ceci éclate la mauvaise foi de ces traducteurs qui défendaient aux autres ce qu'ils venaient de faire eux-mêmes
Ptolémée fut transporté (toujours d'après le même récit) lorsqu'il entendit lire ces saintes lois (celles d'Esdras).
Un jour qu'il s'en entretenait avec Démétrius, il lui demanda comment il se pouvait faire qu'étant aussi excellentes, nul historien et nul poète n'en eût parlé (ceci nous apprend que les historiens et les poètes tenaient en mépris le livre d'Esdras).
Démétrius répondit que, comme elles étaient toutes Divines, on n'avait osé l'entreprendre, et que ceux qui avaient été assez hardis pour le faire en avaient été châtiés par Dieu (voilà les divagations qui commencent).
Que Théopompe, ayant eu le dessein d'en insérer quelque chose dans son histoire, perdit l'esprit pendant trente jours. Mais qu'après avoir reconnu, dans des moments de santé, et dans un songe, que cela ne lui était arrivé que pour avoir voulu pénétrer les choses divines et en donner la connaissance aux hommes profanes, il apaisa la colère de Dieu par ses prières et rentra dans son bon sens.
Tout ceci a pour but d'expliquer le silence des auteurs du temps sur une œuvre qu'ils devaient tenir en profond mépris, s'ils la connaissaient ; mais on la cachait aux gens instruits, dont on craignait le jugement.
Cet Aristée, qu'on fait parler ainsi, est juif, quoiqu'on veuille le faire passer pour un païen.
Tout cela a été inventé à Jérusalem. Les lettres qu'on attribue au Roi, et les autres, sont écrites dans le même mauvais style. Démétrius n'écrivait pas ainsi, il était si éloquent que Cicéron le prit pour modèle. Tout ce récit est faux (voir Leblois, Les Bibles, livre V, supplément III, p. 382).
On sent que toute cette fable a été imaginée pour donner plus d'autorité à un Livre qu'on avait altéré à dessein.
Les docteurs voyaient dans cette traduction la ruine définitive de l'ancienne forme religieuse, aussi ils l'acceptèrent avec enthousiasme et fêtèrent tous les ans l'anniversaire de cet heureux événement.
Mais, si un parti juif se réjouissait de cette traduction qui détruisait l'ancienne Loi et avilissait la Femme, les anciens Israélites, dispersés et mélangés partout aux populations, en furent profondément affligés et maudirent ce Livre que les traducteurs grecs avaient intitulé « les Bibles », et qui préparait à l'humanité tant de siècles d'obscurité et de malheur !
Les rabbins eux-mêmes considéraient la traduction du Sépher comme une profanation et craignaient d'en être punis ; le jour anniversaire de ce forfait fut pour eux un jour de deuil. On établit un jeûne public le huitième jour du mois de Tebeth, en expiation de cette mauvaise action.
Les érudits croient que la traduction d'un livre en une autre langue n'avait pas été faite avant la Version des Septante, et celle-ci ne le fut que dans un intérêt masculin ; avant cela, les hommes n'avaient eu aucun intérêt à propager les livres, presque tous d'origine féminine ; au contraire, ils les brûlaient.
Les Juifs firent, de cette traduction, leur justification. Mais le Livre, ainsi parodié, était de beaucoup au-dessous de la littérature grecque du temps.
Les Grecs, d'ailleurs, ne le connaissaient pas, d'autant plus que les Juifs, qui en avaient une secrète honte, ne voulaient pas le laisser lire aux Grecs dont ils craignaient les sarcasmes.
Le Sépher travesti n'était destiné qu'aux Judaïsants, c'est-à-dire à ceux qui étaient déjà gagnés à la nouvelle secte et qui étaient, en général, des gens vulgaires et sans instruction.
Ce n'est pas par des livres, mais par la tradition orale que la mythologie asiatique passa en Grèce.
Jusqu'au temps du premier Christianisme, il n'y a pas un seul écrivain grec qui semble avoir connu la Bible.
Avant le 2ème siècle de notre ère, il avait existé différentes recensions du recueil des livres juifs. Cela formait trois espèces d'écrits : la Thorah officielle ; le texte samaritain (2) ; la version des Septante.
C'était trois manières bien différentes de présenter les idées contenues dans le Sépher. C'est plus tard que prévalut un seul texte hébreu.
Alors on accusa les Juifs d'avoir donné pour base de leurs traditions sacrées un livre immuable, condamnant ainsi l'examen. Mais le livre ne devint immuable que quand il devint si obscur qu'il ne supportait plus l'examen.
On n'impose que les erreurs, la Vérité se laisse toujours discuter.
C'est à cette époque que l'on donna définitivement au Sépher un homme pour auteur : « Moïse », qui n'a pas encore d'histoire, mais dont on va commencer la légende.
C'est Philon (né de 20 à 30 ans avant notre ère) qui, le premier, fera une biographie de Moïse, dans un ouvrage en trois volumes, De Vita Mosis.
Ce livre servira à faire le Deutéronome et qui est, du reste, beaucoup plus moderne qu'on ne croit.
Il fallait que la mentalité des hommes fût bien troublée, qu'ils fussent bien las de philosopher, pour accepter si facilement le « Livre des Juifs », cette Bible devenue si puérile et si ridicule ! Son succès vient de ce qu'elle servait à l'avilissement de la Femme, qui allait, maintenant, passer pour un dogme, puisque l'infériorité qu'on lui donnait était présentée sous la responsabilité de la parole de « Dieu », de ce Dieu nouveau qui grandissait depuis Socrate.
A cela, il n'y avait pas de réplique, la Femme n'avait plus qu'à s'incliner, Dieu avait, parlé, il avait exprimé toute la haine des misogynes, la déclarant l'être second, la tentatrice, la pervertrice, qui devait être soumise à l'homme.
C'est sur ce texte que l'on allait s'appuyer pour continuer la grande lutte de sexes qui régnait depuis si longtemps et devait durer tant de siècles encore !
C'est ce livre qui a ouvert la porte à tous les maux causés par les religions modernes, il en fut la cause première, il flatta les esprits disposés au mal, il leur donna une excuse, il justifia la haine des misogynes, le mépris des orgueilleux, et prépara l'avènement du Catholicisme qui allait supprimer du monde la raison et la Justice (3).
(1) Faisons remarquer que, à cette époque, les tribus n'existaient plus, et que, quand elles existaient, dix d'entre elles étaient hostiles aux Prêtres juifs. Cette façon de recruter six représentants dans chaque tribu pour en former un conseil est celle qui était en usage sous la gynécocratie, alors que les douze tribus étaient encore unies.
(2) La Bible samaritaine, le Sépher, fut apporté de Palestine en France il y a trois siècles ; il fut déchiffré et interprété par le Père Morin, de l'Oratoire.
(3) Les occultistes modernes considèrent l'année 250 avant notre ère comme le commencement du cycle de Pisces (les Poissons), que l'astromancie connaît sous le nom de « Maison du mauvais Génie ». Seulement, cette année n'aurait une valeur historique que si réellement Ptolémée était pour quelque chose dans la Version des Septante.

LA LÉGENDE DE MOÏSE (suite)
C'est à cette époque que l'on donna définitivement au Sépher un homme pour auteur : « Moïse », qui n'a pas encore d'histoire, mais dont on va commencer la légende.
C'est Philon (né de 20 à 30 ans avant notre ère) qui, le premier, fera une biographie de Moïse, dans un ouvrage en trois volumes, De Vita Mosis. Ce livre servira à faire le Deutéronome dont nous parlerons plus loin et qui est beaucoup plus moderne qu'on ne croit.
C'est dans cet ouvrage que Philon raconte l'histoire de la traduction des Livres, et il ne fait que suivre les légendes admises de son temps, il n'a pas d'autres sources, il n'a pas même lu la lettre d'Aristée qui en est l'origine, il ne cite ni Démétrius, ni le fameux manuscrit en lettres d'or qu'on aurait envoyé de Jérusalem ; son récit n'a donc aucune valeur, il est le rêve d'une imagination féconde qui brode sur un thème donné, il montre les traducteurs, sur lesquels il ne sait rien, comme des « inspirés » trouvant chacun séparément les mêmes mots, les mêmes phrases, les termes grecs correspondant exactement aux termes hébreux. « Ce ne sont pas des traducteurs, dit-il, mais des prêtres et des prophètes dont la raison droite était parvenue à égaler l'esprit de Moïse. »
Pauvre Myriam !... Pauvre Sépher !...
C'est avec ces mensonges que les Catholiques firent leurs histoires. Ils adoptèrent de bonne heure la Version des Septante ; ils n'en connaissaient pas d'autre ; ils ignoraient l'hébreu et pouvaient croire de bonne foi à Moïse, quoiqu'ils se doutassent bien qu'on cachait quelque chose de favorable à l'ennemi, la Femme ; l'entraînement masculin dans cette aventure le prouvait. Ils adoptèrent la légende surnaturelle de Moïse et la rendirent encore plus ridicule, c'est-à-dire plus surnaturelle (1).
C'est par ces récits que l'histoire de Moïse est entrée dans le monde (2).
L'historien Josèphe, qui vivait à Jérusalem et resta en Palestine jusqu'à l'époque où Vespasien et Titus l'emmenèrent à Rome (après 70), connaît et cite longuement l'écrit d'Aristée, dont le but est de glorifier la version grecque du Sépher.
L'auteur de cette lettre est évidemment un habitant de la ville de Jérusalem, qu'il décrit avec détail, ainsi que le Temple, et jusqu'à son ameublement. C'était donc un homme appartenant au sacerdoce, et c'est lui qui, probablement, a fait tout seul la version qu'il louange avec tant d'exagération.
On croit que cette lettre a été écrite à la fin du premier siècle de notre ère, alors que la version grecque était déjà faite, et pour la justifier.
Le Deutéronome, qui fait parler Moïse, semble fait à la même époque que la version des quatre autres livres du Pentateuque ; et, cependant, il fait allusion à la prise de Jérusalem par les Romains, qui eut lieu en 70 de notre ère. Tout cela nous déroute et semble indiquer que la traduction grecque est beaucoup plus moderne qu'on ne croit, et qu'on n'en attribue l'exécution à Ptolémée que pour lui donner de l'antiquité et du prestige. Une autre version du Sépher, celle d'Aquila ou de Symmaque, fut faite en opposition à celle dite « des Septante ». Elle est peu connue.
(1) On y introduit une multitude de miracles dans bon nombre de versets, notamment dans les versets suivants : Genèse, Chap. IV : Action miraculeuse de la Verge de Moïse, 1, 2, 3, 4, 5, 17, 20, 9.
Moïse sauvé des eaux : c'est une parodie de la Déesse sauvée du déluge ou, suivant les poètes, émergeant de l'onde amère.
(2) Dans un ouvrage du IIème siècle ou du IIIème, l'Exhortation aux Gentils, attribué à Justin Martyr, on reprend le récit d'Aristée. Une dernière version en est donnée par Epiphane (mort eu 403) dans son Traité des poids et mesures. Dans ce récit, la prétendue lettre de Ptolémée à Eléazar diffère de celle d'Aristée, mais l'histoire est la même. Puis, au lieu de recevoir de Jérusalem le Livre de la Loi, il reçoit 22 livres canoniques écrits en lettres d'or et de plus 72 apocryphes.

Bossuet défend Moïse
Lorsque Bossuet écrivit son Histoire universelle pour défendre l'Église Catholique, de violentes discussions se produisaient sur tout ce qui se rapportait à la Bible, puisque les Protestants avaient établi le libre examen des Écritures. Et la première chose qu'avaient faite les initiés des Mystères (les Chevaliers du Serpent d'Airain) avait été de nier l'existence de Moïse. C'est pour cela que Bossuet se donne tant de mal pour prouver son existence.
Il écrit (Discours sur l'Histoire universelle, partie II, chap. XXIX, publié en 1681) :
« Enfin, puisque nous en sommes à David et à Salomon, leur ouvrage le plus mémorable, celui dont le souvenir ne s'était jamais effacé dans la nation, c'était le Temple. Mais qu'ont fait, après tout, ces deux grands rois, lorsqu'ils ont préparé et construit cet édifice incomparable ? Qu'ont-ils fait que d'exécuter la loi de Moïse, qui ordonnait de choisir un lieu où l'on célébrât le service de toute la nation (1), où s'offrissent les sacrifices que Moïse avait prescrits, où l'on retirât l'arche qu'il avait construite dans le désert, dans lequel, enfin, on mît en grand le tabernacle que Moïse avait fait bâtir pour être le modèle du Temple futur ? De sorte qu'il n'y a pas un seul moment où Moïse et sa loi n'aient été vivants ; et la tradition de ce célèbre législateur remonte de règne en règne, et presque d'année en année, jusqu'à lui-même.
« Avouons que la tradition de Moïse est trop manifeste et trop suivie pour donner le moindre soupçon de fausseté, et que les temps dont est composée cette succession se touchent de trop près pour laisser la moindre jointure et le moindre vide où la supposition pût être placée.
« Mais pourquoi nommer ici la supposition ? Il n'y faudrait pas seulement penser, pour peu qu'on eût de bon sens. Tout est rempli, tout est gouverné, tout est, pour ainsi dire, éclairé de la Loi et des livres de Moïse. On ne peut les avoir oubliés un seul moment ; et il n'y aurait rien de moins soutenable que de vouloir s'imaginer que l'exemplaire qui en fut trouvé dans le Temple par Helcias, souverain pontife à la 18e année de Josias, et apporté à ce prince, fût le seul qui restât alors. Car qui aurait détruit les autres ? Que seraient devenues les Bibles d'Osée, d'Isaïe, d'Amos, de Michée et des autres qui écrivaient immédiatement devant ce temps (non, après), et de tous ceux qui les avaient suivis dans la pratique de la piété ? Où est-ce que Jérémie aurait pris l'Écriture Sainte, lui qui commença à prophétiser avant cette découverte et dès la 13e année de Josias ? Les Prophètes se sont bien plaints que l'on transgressait la Loi de Moïse (non, de Hévah), mais non pas qu'on eût perdu jusqu'aux livres. On ne lit point, ni qu'Achaz, ni que Manassé, ni qu'Amon, ni qu'aucun de ces rois impies qui ont précédé Josias, aient tâché de les supprimer. Il y aurait eu autant de folie et d'impossibilité que d'impiété dans cette entreprise, et la mémoire d'un tel attentat ne se serait jamais effacée, et, quand ils auraient tenté la suppression de ce divin livre dans Le royaume de Juda, leur pouvoir ne s'étendait pas sur les terres du royaume d'Israël, où il s'est trouvé conservé.
« On voit donc bien que ce livre, que le souverain pontife fit apporter à Josias, ne peut avoir été autre chose qu'un exemplaire plus correct et plus authentique, fait sous les rois précédents et déposé dans le Temple, ou plutôt, sans hésiter, l'original de Moïse, que ce sage législateur avait ordonné qu'on mît à côté de l'arche en témoignage contre tout le peuple (Deut., XXII, 26). C'est ce qu'insinuent ces paroles de l'Histoire sainte : « Le pontife Helcias trouva dans le temple le livre de la Loi de Dieu par la main de Moïse » (II Paral., XXXIV, 14). Et, de quelque sorte qu'on entende ces paroles, il est bien certain que rien n'était plus capable de réveiller le peuple endormi, et de ranimer son zèle à la lecture de la Loi, peut-être alors trop négligée, qu'un original de cette importance laissé dans le sanctuaire par les soins et par l'ordre de Moïse, en témoignage contre les révoltes et les transgressions du peuple, sans qu'il soit besoin de se figurer la chose du monde la plus impossible, c'est-à-dire la Loi de Dieu oubliée et réduite à un seul exemplaire. Au contraire, on voit clairement que la découverte de ce livre n'apprend rien de nouveau au peuple, et ne fait que l'exciter à prêter une oreille plus attentive à une voix qui lui était déjà connue. C'est ce qui fait dire au roi : « Allez et priez le Seigneur pour moi et pour les restes d'Israël et de Juda, afin que la colère de Dieu ne s'élève point contre nous au sujet des paroles, écrites dans ce livre, puisqu'il est arrivé de si grands maux à nous et à nos pères pour ne les avoir point observées. »
« Après cela, il ne faut plus se donner la peine d'examiner en particulier tout ce qu'ont imaginé les incrédules, les faux savants, les faux critiques, sur la composition des livres de Moïse. Les mêmes impossibilités qu'on y trouvera, en quelque temps que ce soit, par exemple dans celui d'Esdras, régnent partout. On trouvera toujours également dans le peuple une répugnance invincible à regarder comme ancien ce dont il n'aura jamais entendu parler, et comme venu de Moïse et déjà connu et établi ce qui viendra de lui être mis tout nouvellement entre les mains.
« Il faut encore se souvenir de ce qu'on ne peut jamais assez remarquer des dix tribus séparées. C'est la date la plus remarquable dans l'histoire de la nation, puisque c'est lorsqu'il se forma un nouveau royaume, et que celui de David et de Salomon fut divisé en deux. Mais, puisque les livres de Moïse sont demeurés dans les deux partis ennemis comme un héritage commun, ils venaient, par conséquent, des pères communs avant la séparation ; par conséquent aussi, ils venaient de Salomon, de David, de Samuel qui l'avait sacré ; d'Héli, sous qui Samuel, encore enfant, avait appris le culte de Dieu et l'observance de la Loi, de cette Loi que David célébrait dans ses Psaumes chantés de tout le monde, et Salomon dans ses sentences que tout le peuple avait entre les mains. De cette sorte, si haut qu'on remonte, on trouve toujours la Loi de Moïse établie, célèbre, universellement reconnue, et on ne peut se reposer qu'en Moïse même, comme, dans les archives chrétiennes, on ne peut se reposer que dans les temps de Jésus-Christ et des Apôtres. Mais là, que trouverons-nous ? Que trouverons-nous dans les deux points fixes de Moïse et de Jésus-Christ, sinon des miracles visibles et incontestables, en témoignage de la mission de l'un et de l'autre ? D'un côté, les plaies de l'Egypte, le passage de la mer Rouge, la Loi donnée sur le mont Sinaï, la terre entr'ouverte, et toutes les autres merveilles dont on disait à tout le peuple qu'il avait été lui-même le témoin ; et de l'autre, des guérisons sans nombre, des résurrections de morts, et celle de J.-C. même attestée par ceux qui l'avaient vue, et soutenue jusqu'à la mort, c'est-à-dire tout ce qu'on pouvait souhaiter pour assurer la vérité d'un fait ; puisque Dieu même, je ne craindrai pas de le dire, ne pouvait rien faire de plus clair pour établir la certitude du fait, que de le réduire au témoignage des sens, ni une épreuve plus forte pour établir la sincérité des témoins que celle d'une cruelle mort.
« Mais, après qu'en remontant des deux côtés, je veux dire du côté des Juifs et de celui des Chrétiens, on a trouvé une origine si certainement miraculeuse et divine, il restait encore, pour achever l'ouvrage, de faire voir la liaison de deux institutions si manifestement venues de Dieu. Car il faut qu'il y ait un rapport entre ses œuvres, que tout soit d'un même dessein, et que la loi chrétienne, qui se trouve la dernière, se trouve attachée à l'autre (2). C'est aussi ce qui ne peut être nié. On ne doute pas que les Juifs n'aient attendu et n'attendent encore un Christ ; et les prédictions dont ils sont les porteurs ne permettent pas de douter que ce Christ promis aux Juifs ne soit celui que nous croyons. »
(1) Deutéronome, XII, 5, XIV, 23, XV, 20, XVI, 2, etc.
(2) « On ne peut pas comprendre dans quelles circonstances on a créé la légende de Jésus et forgé son histoire, si l'on n'a comme source que le Nouveau Testament. La question doit être posée sur un autre terrain, celui de la psychologie qui nous montre à quelles impulsions obéissaient les hommes de cette époque, alors que le droit romain venait d'affirmer la puissance masculine, ce qui révoltait la Femme. Et c'est pour répondre à cette révolte qu'on créa le Dieu Père et le Dieu fils de l'homme, déclarant que le Père, du haut du Ciel, ne reconnaît sur la Terre que les êtres mâles avec lesquels seulement il se met en relation par l'intermédiaire de son fils. Mais tout cela même serait difficile à comprendre si on en faisait un fait isolé. Il faut le rattacher à l'époque antérieure pour en comprendre la signification réelle. Il faut savoir, d'abord, que l'Ancien Testament, sur lequel le Nouveau s'appuie, était déjà un livre altéré, un livre destiné à cacher quelque chose. Si on ne sait pas qu'il y a déjà dans les anciennes Écritures quelque chose que l'on cache, on ne peut pas comprendre les nouveaux Évangiles, puisque c'est le même mensonge qui continue. » (Article sur les origines et l'histoire du Christianisme).

Le Moïse de Michel-Ange
Voici une autre tradition et un autre Moïse. C'est celui que fit Michel-Ange pour le tombeau du pape Jules II, mort en 1513.
Celui-ci n'a rien d'un prophète inspiré. On lui donne le physique du vieillard de la Kabbale, avec une barbe en fleuve (1), symbole de sexualité masculine, décrit dans le Zohar.
La tradition dont Michel-Ange semble s'être inspiré est un mélange de celle qui glorifie le principe mâle et de celle des premiers Chrétiens, les Nazaréens et les Manichéens, qui n'admettent pas la légende de Moïse et la représentent comme une manœuvre du mauvais esprit. C'est pour cela qu'il représente le prétendu législateur des Hébreux comme personnifiant l'esprit masculin qui dispute à la Femme sa gloire. Il lui mit des cornes sur la tête.
Depuis deux siècles, les Templiers avaient rapporté d'Orient la science cachée, et Michel-Ange devait connaître les controverses que cela avait fait surgir.
Il a, en même temps, la forte musculature du mâle, et l'artiste lui a donné une expression ironique, un peu narquoise, qui est celle de l'imposture triomphante. Il était, sans doute, sous l'influence des idées de son temps : le triomphe de la masculinité sur l'Esprit féminin, qui donne à l'homme une expression satanique.
(1) La barbe (le signe de Caïn) : Sous Charles le Chauve, au moment où les laïques renonçaient à la barbe, le clergé l'adopta. Dans les disputes qui s'élevèrent entre les Grecs et les Latins, cette innovation fut considérée comme assez importante pour devenir un prétexte d'anathème. Les prêtres rasés de l'Église grecque furent scandalisés des barbes de leurs frères d'Occident, et l'excommunication lancée en 858 contre le pape Nicolas par le patriarche de Constantinople, Photius, est en partie fondée sur ce que les prêtres latins omettaient de se raser.
Nonobstant les foudres de Photius, la barbe reprit faveur en France et devint encore d'un usage général au commencement du Xème siècle. Sous François 1er, la longue barbe redevint à la mode ; toutefois, les magistrats et le clergé lui furent contraire, plusieurs chapitres refusèrent leur évêque par la raison que le prélat possédait un menton barbu ; un décret de la Sorbonne de 1561 décida que la barbe était contraire à la modestie, qui doit être la principale vertu d'un docteur. (D'après le Magasin Pittoresque, 1883.)

Le Buisson ardent et la vision de Moïse
Un tryptique de Nicolas Froment intitulé Le Buisson ardent avait été déterré par M. Blanquart et exposé à Paris.
Nous apprenions à ce sujet, par un article d'Henri Maret publié dans le Journal du 8 mars 1905, qu'on attribuait ce chef-d'œuvre au roi René, qui protégeait les lettres et les arts de son époque. Ce tryptique a été gravé par Burney en 1896.
Le buisson ardent, qu'on a appelé pyracanthe, est une altération de l'ancien Lotus dans lequel la Déesse était assise. Ce symbolisme, très ancien, se trouvait chez tous les peuples.
Dans le tryptique de Nicolas Froment, le Lotus est remplacé par des branches d'arbres enchevêtrées, mais disposées aussi en nid sur lequel Marie est assise. Elle tient l'enfant qui représente le Livre qu'elle a enfanté, le Sépher.
Moïse, à ses pieds, regarde, ébloui, cette Divinité. A la mode orientale, il ôte son soulier comme on le faisait pour entrer dans le temple de la Déesse.
A ce sujet, rappelons que, dans les Septante, les vieillards qui accompagnent Moïse sur le Sinaï ne voient pas Dieu, mais « le lieu où il est ».
On sait que sur le Sinaï se trouvait le temple de la Déesse Hathor.
Donc, à l'époque du roi René, on connaissait encore la tradition qui concernait Myriam-Hathor.

Le Moïse des Catholiques modernes
D'après les Catholiques modernes, ce n'est plus Moïse qui possède la barbe en fleuve qui représente la sexualité masculine, c'est Dieu lui-même. Sa tête semble imiter le rayonnement du Buisson ardent, c'est-à-dire du Lotus, symbole du sexe féminin !...


LA LETTRE ET L'ESPRIT
Les traducteurs savaient que le Sépher avait un sens caché, qu'il ne fallait pas révéler au vulgaire. Ce qu'il était convenu que l'on devait couvrir d'un voile, c'était surtout le chapitre qui contenait les lois de l'évolution sexuelle. On avait vaincu la Femme, il ne fallait pas mettre en évidence les faits qui venaient révéler trop ouvertement la supériorité morale sur laquelle avait été basée sa Divinité.
C'est pour cacher ces lois de la Nature que l'on avait dû fonder des sociétés secrètes. L'occultisme n'est pas autre chose que la Vérité révélée par la Femme et cachée par l'homme.
Les docteurs mis en demeure de traduire le Sépher ne voulaient pas trahir la cause masculine en mettant en évidence des lois qui lui étaient défavorables ; du reste, la nouvelle forme donnée à la Religion défendait de révéler la vérité sur ce qu'on appelait « les mystères divins ». Cependant, ils voulaient traduire le Livre, leur intérêt y était engagé. Pour se tirer de là à la satisfaction de tous (excepté des Femmes), ils subtilisèrent, firent une version matérielle, pour ainsi dire, dans laquelle il y avait bien des mots rappelant l'original, mais qui en masquait l'esprit. Pour se mettre à l'abri du reproche de profanation qu'ils prévoyaient, ils se servirent, en beaucoup d'endroits, du texte de la version samaritaine. Ils se servaient ainsi de la rédaction déjà faite chaque fois que le texte hébraïque pouvait se passer de ce qui lui donnait de l'obscurité.
C'est ce qui fait qu'à travers ce travestissement de la pensée primitive, il y a quelques éclaircies qui laissent apercevoir la Vérité. Cette traduction fut donc faite avec le plus grand art. Il s'agissait de rendre autant que possible la forme, en dissimulant la pensée exprimée, la science réelle qui, du reste, n'aurait pas été comprise alors, étant donné l'état d'ignorance qui régnait partout.
Tout ce qui dans le texte hébreu était Esprit devint substance dans la traduction grecque, tout ce qui était intellectuel devint sentiment, tout ce qui était universel devint particulier. C'est un cas frappant de la différence qui existe entre la mentalité féminine, abstraite, et la mentalité masculine, concrète (1).
La traduction ainsi faite flattait l'homme dans ses vues. C'est ce qu'il voulait : elle écrasait, humiliait la Femme qui, ne connaissant pas elle-même l'original, ne pouvait pas réclamer. Et c'est à l'ombre de ce Livre, ainsi mutilé, que l'on réforma le culte, que l'on modifia la Loi. Cette nouvelle forme convenait si bien aux Juifs du temps, que dans beaucoup de synagogues grecques on le lisait non seulement comme paraphrase, mais en place et de préférence à la version d'Esdras.
Qu'aurait-il servi, en effet, de lire le texte hébreu ? Depuis longtemps le peuple Juif ne l'entendait plus, pas même les rabbins, si l'on excepte quelques Esséniens initiés dans les secrets de la Loi orale.
Philon, le plus instruit des Juifs de son temps, ne savait pas l'hébreu, quoiqu'il ait écrit une histoire de Moïse. C'est, du reste, probablement pour cela qu'il nous a donné de Moïse une idée si fausse.
Josèphe lui-même, qui a écrit une histoire de sa nation et qui aurait dû nous donner des renseignements précis sur le Sépher et son auteur, prouve, à chaque instant, qu'il n'entend pas le texte hébreu et ne connaît pas, ou ne veut pas révéler, l'histoire des tribus gynécocratiques.
Ce que les Prêtres de la nouvelle religion judaïque avaient intérêt à cacher, c'était l'histoire de la Déesse, Hevah, la grande Divinité des fidèles Israélites.
« Je suis Celle-là qui est », avait dit la Femme, c'est-à-dire : Je possède la plénitude de la vie. Je suis s'écrivait Jehovah. Le nom de la femme signifiait Je suis.
Dans la version grecque, on traduit : « C'est moi qui suis Celui qui est ». La Vulgate dit : « Ego sum qui sum ». Dans ce texte on a vu une formule métaphysique qu'on a appliquée aux idées régnantes, à la philosophie grecque ; on y a cherché l'existence absolue, comme l'entendaient Platon et Philon.
C'est par de pareils malentendus que les idées s'altèrent, que la Vérité se perd.
C'est donc la Déesse Hevah qui est visée dans les altérations. Il s'agit d'en supprimer le nom et l'identité, ce nom que, depuis longtemps déjà, les Lévites ne prononçaient plus dans les synagogues et auquel ils substituaient un terme vague, « l'Eternel », ou le nom d'un homme-Dieu, « Adonaï ».
Dans la Version des Septante, le mot Elohim est rendu par Théos et Ihaveh par Kyrios, dont on a fait Seigneur (2).
Pendant qu'on faisait ainsi disparaître le nom de Ihevah dans la version grecque, on y mettait une Eve aussi avilie que la vraie Hevah était grande, aussi funeste que l'autre était bienfaisante, aussi soumise que l'autre était dominante, aussi petite près de l'homme que l'autre avait été magnifiée !
On fit de cette Eve biblique la femme telle que l'homme inférieur, c'est-à-dire envieux et perverti, la voulait.
(1) C'est en passant de la mentalité féminine à la mentalité masculine que l'hébreu s'est transformé. Cet idiome, parlé par un peuple féministe, sage, contemplatif, abstrait, profondément instruit dans les sciences morales, fut séparé de sa tige originelle par une émigration étonnante et resta la langue du peuple hébreu qui garda longtemps la science primitive et le régime gynécocratique.
C'est par cette langue conservée et arrivée jusqu'à nous, que le dépôt des connaissances égyptiennes peut nous être rendu. « Mais ce dépôt, dit Fabre d'Olivet, n'a pas été livré au caprice du hasard.
« La Providence qui voulait sa conservation a bien su le mettre à l'abri des orages. Le Livre qui le contient, couvert d'un triple voile, a franchi le torrent des siècles, respecté de ses possesseurs, bravant les regards des profanes et n'étant jamais compris que de ceux qui ne pouvaient en divulguer les mystères.
« Le chinois, parti des plus simples perceptions des sens, est arrivé aux plus hautes conceptions de l'intelligence, c'est tout le contraire de l'hébreu. Cet idiome, séparé tout formé d'une langue parvenue à sa plus haute perfection, entièrement composé d'expressions universelles, intelligibles, abstraites, livré en cet état à un peuple robuste mais ignorant, est tombé entre ses mains de dégénérescence en dégénérescence et de restrictions en restrictions, jusqu'à ses éléments les plus matériels. » (La Langue hébraïque restituée, Préface.)
(2) Rappelons que le mot Théos, qui veut dire parfait, était uni au nom des Déesses pour indiquer la somme de leurs qualités féminines, comme dans Astar-Thée.

LES MASSORÈTES AU IIIème SIÈCLE
Nous avons déjà vu qu'au 5ème siècle, lors de la révision du Livre par Esdras, on appela ainsi certains docteurs qui s'occupaient de questions grammaticales relatives aux textes sacrés. Ce sont eux qui inventèrent et perfectionnèrent le système des points voyelles, imaginés, semble-t-il, pour dénaturer les mots, pour changer les noms et égarer l'esprit dans ses investigations.
Par ce moyen, on fixe d'une manière conventionnelle les noms nouveaux que l'on veut substituer aux anciens.
Cette façon de donner une forme nouvelle à l'écriture est un système d'altération que nous avons vu employer partout. C'est une ruse dont la Femme devait être la victime, puisqu'on effaçait son nom de l'Histoire. Ce même système fut mis en œuvre en Chine, quand on altéra les primitifs Livres sacrés.
Cette méthode, qui consiste à fixer une écriture quand elle altère les idées antérieures, a été imaginée, suivant le langage des rabbins, pour sauvegarder la forme nouvelle et « l'entourer d'une haie ». Imitant le langage de leurs adversaires, ils disent qu'ils font cela pour empêcher leurs écrits d'être altérés, alors que ce sont eux qui, par ce système, dénaturent les écrits antérieurs. Au fond, ce qu'ils craignent, c'est que la Vérité se fasse jour, c'est que les Livres soient remis dans leur forme primitive.
On alla plus loin, tant on craignait la critique. On compta le nombre des versets, des mots et même des lettres contenues dans chaque livre remanié, afin qu'il restât fixé dans la forme nouvelle qu'on lui donnait. Ce travail fut l'œuvre de l'école de Tibériade, qui le commença au 3ème siècle.
Il ne fut terminé qu'au 6ème ou au 7ème siècle de notre ère.

PERSÉCUTION SOUS ANTIOCHUS ÉPIPHANE
Les Juifs ne devaient pas jouir en paix de leur réforme religieuse. Quand l'homme rejette l'autorité morale de la Femme, c'est la lutte d'homme à homme qui commence.
La Judée, sans cesse troublée, passa tour à tour sous plusieurs dominations politiques jusqu'au jour où elle fut soumise à une domination religieuse. Antiochus IV, surnommé par ses flatteurs Epiphane (illustre) et par les autres Epimane (fou), voulut établir l'unité de religion.
Pour atteindre ce but, il eut recours aux moyens violents les plus vexatoires. Il ordonna dans tout l'empire, et spécialement aux Juifs, de pratiquer, sous peine de mort, le culte des Dieux grecs.
Il voulut vexer les Juifs et, pour cela, ordonna la profanation du Temple et du sabbat, et la destruction des Livres sacrés ; il donna l'ordre de manger de la chair de porc et enjoignit de participer au culte des idoles.
Son règne fut considéré comme « l'abomination de la désolation » ; il excita l'horreur et l'indignation des Juifs.
Il y eut, dans ces persécutions, des martyrs. C'étaient surtout des femmes.
Sous prétexte qu'elles s'adonnaient à l'idolâtrie, on les massacra. On leur renvoyait leur reproche, car ce sont elles les premières qui avaient défendu à l'homme d'adorer son image. Maintenant on défendait la représentation des Déesses que l'art grec avait tant multipliée.
C'est sous Antiochus Epiphane que l'on vit commencer la persécution des femmes, le premier mot de l'Inquisition.
Cet homme fut un précurseur. Les nombreux martyrs qu'il fit le rendirent célèbre. A Babylone, à Ninive, on enfermait les malheureuses qui se plaignaient. Quelques-unes parvenaient à s'échapper de leur cachot, elles s'enfuyaient avec leurs enfants et leurs derniers adeptes, et se cachaient. C'est dans les forêts solitaires que l'enseignement de la Vérité se mettait à l'abri des fureurs de l'homme. C'est là qu'on le retrouva chez les Grecs, dans la forêt de Dodone. Chez les Celtes aussi, la forêt fut le dernier temple lorsque se produisit la grande persécution.
Cependant, cette persécution avait fini par irriter la population qui arriva au paroxysme de la colère et s'insurgea. Ce fut l'occasion d'une guerre, victorieusement gagnée par les Macchabées. Il s'en suivit un siècle d'indépendance (de 167 à 63).
Sous les Asmonéens, Judas Macchabée se fit passer pour un Messie. C'étaient donc de simples ambitieux qui luttaient pour s'assurer le pouvoir bien plus que pour soutenir une idée.

LES MACCHABÉES
Le récit des persécutions d'Antiochus et des guerres des Macchabées fait l'objet des livres qui portent leur nom (les Macchabées).
Le premier livre parut en hébreu vers 100, il est intitulé « le Premier Livre des Macchabées » et a été traduit en grec. C'est cette traduction qui nous reste. Deux autres Livres des Macchabées ont été composés en Egypte ; ils sont postérieurs à notre ère et ont peu de valeur.
Le premier Livre des Macchabées est l'unique source qui nous permette de connaître ces temps troublés. C'est par lui que nous apprenons qu'une destruction de livres eut lieu lors des persécutions d'Antiochus. Les intendants du roi, secondés par les Juifs apostats, « déchirèrent et brûlèrent au feu les livres de la Loi qu'ils trouvèrent. Et ceux chez qui l'on trouvait un Livre de l'Alliance et ceux qui prenaient plaisir à la Loi étaient condamnés à mort par ordre du roi » (I, 59, 60).
Or, ce livre persécuté, c'est le Sépher. Et c'est au moment où on le supprime de cette façon violente que se répand la traduction grecque de ce Livre, devenu la Bible.
Ces faits sont une révélation, ils nous apprennent que cette mauvaise traduction souleva des récriminations et que c'est pour les étouffer qu'on persécuta ceux qui réclamaient.
Les partisans de la Version des Septante étaient appelés avec mépris hellénistes ou grécisants par ceux qui lisaient le Sépher en hébreu.
Quelle triste époque ! Quel effondrement de l'ancien monde et quel désordre pour le remplacer !
Et les principaux événements survenus en Palestine au 2ème siècle nous montrent des hommes luttant pour le pouvoir et guerroyant autour du Temple que les partis se disputent.
Aussi, ceux-ci suffisent pour montrer que ce qu'on avait fait de la « Religion », ce qu'on lui substitue n'a plus rien de religieux.
Voilà ce qu'était la prêtrise dans la religion judaïque de cette époque. Le Judaïsme ayant renversé l'Israélisme, il est utile de montrer le contraste qui exista entre ces deux formes religieuses. On comprendra mieux après cela la haine des Israélites, les fidèles de la dispersion (Diaspora), pour les Juifs, et cela nous permettra de faire comprendre les luttes de ces deux partis qui devaient avoir des destinées si différentes. Les Juifs, en effet, furent en partie les vrais fondateurs de la seconde forme du Christianisme qui triompha, et disparurent dans le monde catholique ; les Israélites se répandirent dans toutes les nations de l'Europe. Et, comme le renégat accuse toujours ses ennemis de sa propre trahison, on vit alors les anciens Juifs, devenus néo-chrétiens, couvrir de mépris les fidèles Israélites en les appelant « vils Juifs », c'est-à-dire en leur donnant le nom sous lequel ils avaient été méprisés eux-mêmes.

LE LIVRE D'ESTHER  (Hadassah de 167 à 164)
Ce livre, rédigé en Perse, est un roman dont voici le sujet : Une belle Israélite, cachant sa nationalité, devient l'épouse du roi de Perse, Ahasvérus. Elle a un tuteur, Mardochée, qui l'aide à entraver tous les plans du favori du roi, Haman, qui avait décidé la ruine des Israélites. Mardochée prend la place d'Haman et venge les Israélites. Son triomphe est célébré par des réjouissances et des festins.
Dans la traduction grecque du livre d'Esther, on a fait des additions. Dans le verset 14 du cantique, il est dit « que les Juifs n'ont plus de princes et que le sacrifice a cessé ». C'est sans doute des Israélites qu'il s'agit. Car des Juifs il est dit : « Ce peuple que trouble seule la synarchie » (le gouvernement en commun).
Mme Butler, qui s'occupait d'exégèse, a fait remarquer que le second livre d'Esther a été exclu du canon de la Bible parce qu'il était à l'éloge de la Femme. On a laissé le premier livre parce qu'on y a trouvé une femme s'humiliant devant son mari, ne vivant que pour le servir. Mais on a déclaré apocryphe le second livre où la Reine se révolte contre la tyrannie de son maître et se montre enfin telle que doit être une vraie Femme.
Et Mme Butler demandait que tout cela soit révisé à un point de vue plus équitable et plus libéral.

LE LIVRE DE JUDITH
Dans les derniers jours de Trajan (vers 117) ou peu après sa mort, fut composé le Livre de Judith (la Juive) à l'occasion de la lutte du Judaïsme contre Quitus (Holopherne), le général de Trajan (représenté par Nabuchodonosor).
Josèphe n'en dit rien, ce qui ne doit pas nous étonner, car il écrit avec le parti pris de ne pas louanger une femme.
Dans ce livre, il est dit (au verset III, 8) que le général assyrien prétend exterminer les dieux de tous les pays pour que Nabuchodonosor soit adoré comme Dieu par les hommes de toutes langues. Cela nous donne une idée des préoccupations de ce temps.
Il est des modernes qui, suivant le système de Josèphe, vont jusqu'à nier la réalité historique de Judith et son antiquité. Cela ne nous étonne pas ; de siècle en siècle, on supprime la femme.
M. Robiou publia, dans cette intention, une étude intitulée « Deux questions de l'histoire éclaircies par les Annales d'Assurbanipal », dans la « Revue archéologique » (1875).
Mme Butler se plaignit de ce que le Livre de Judith avait été exclu du canon de la Bible. Elle disait, que l'héroïne juive a fort bien fait de couper la tête à Holopherne, qui représente pour elle les deux plus monstrueux de tous les vices, la luxure et la tyrannie.
« De nos jours, un tel homme serait flétri dans la presse et condamné par les tribunaux. Mais Judith vivait à une époque barbare où elle n'avait à sa disposition d'autres ressources que le meurtre. »

LES SCRIBES CONTRE LES FEMMES
Aux Psalmistes, aux Prophétesses, qui enseignaient, succèdent des hommes raisonneurs, les scribes.
Ils envahissent le monde, fondent des synagogues et des écoles où on va donner l'enseignement de toutes les erreurs.
La loi primitive est altérée pour justifier la conquête de l'homme, et c'est cette loi altérée qu'on enseigne partout. Et on multiplie les lieux d'enseignement pour répandre à profusion le dogme nouveau qui n'a qu'un but : justifier le pouvoir sacerdotal.
Nous trouvons là, dans l'histoire, un fait fréquent dans la vie des individus. Chaque fois qu'un homme commet une injustice dont la femme est victime, nous le voyons tomber dans un excès de raisons justificatives de sa conduite, qui sont la preuve même de sa faute.
Lorsqu'on agit suivant les lois de la raison, on ne se donne pas tant de mal pour le prouver, l'évidence est la seule démonstration du vrai. On n'a recours à une grande multitude de preuves que lorsqu'on sent que le tort qu'on a est difficile à faire admettre.
Toute l'histoire des religions est contenue dans cette justification, expliquée par ce fait psychologique.
Nous assistons, à cette époque de l'histoire juive, à ce fait devenu presque général : L'homme a écrasé la Femme, le scribe a falsifié la Loi, tous ses efforts vont tendre à justifier cet acte en accusant sa victime.
Il va présenter la femme comme la grande coupable, c'est elle qui a fait tout le mal qui règne dans le monde ; du reste, c'est un être inférieur. La preuve, c'est sa création secondaire, c'est sa constitution physiologique, ses menstrues (on écrit plus de 500 ouvrages pour le prouver), c'est son enfantement dans la douleur, etc. ; tous ses caractères féminins sont présentés comme des caractères d'infériorité.
Si l'homme a quelques torts, c'est sa faute à Elle, c'est Elle qui l'a entraîné, lui n'est et ne sera jamais qu'une innocente victime irresponsable de ses actes ; donc il ne fait aucun mal, il continue à vivre comme l'agneau sans tache.
Chaque fois qu'il y a séduction, c'est la Femme qui est coupable, c'est toujours Elle qui a voulu être outragée, violentée, elle va le chercher pour cela, le prier. Lui, il résiste, mais enfin, la Nature aidant, il se laisse séduire. Et pour justifier ce renversement de la psychologie sexuelle, on invente la légende du vertueux Joseph et de l'impudique Mme Putiphar.
Et il se trouve des gens naïfs qui lisent cela sans comprendre dans quel esprit ces contes furent introduits dans la Bible.
Comment comprendre la terrible lutte que durent soutenir les partisans de l'ancien « Livre de la Loi » contre le nouvel esprit des Prêtres, si l'on ne sait pas dans quel sens et pourquoi ils altéraient les textes, puis pourquoi ils niaient ces altérations ? Là encore, ils tombent dans une exagération qui les perd, ils invoquent un luxe de preuves pour nier ce qu'on leur impute, qui vaut une preuve affirmative de leur faute.
Et cependant, quelle maladresse dans les altérations !
Comment a-t-on laissé les adjectifs féminins subsister dans la Bible hébraïque, et des versets tout entiers, restés intacts, qui donnent la clef de tout le système ? L'histoire d'Habel, symbolisant la première femme victime de l'homme, relatée dans toutes les Écritures antiques des autres peuples, est si maladroitement défigurée qu'on n'a pas de peine à en retrouver la signification.
Il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu'il existait à cette époque une grande lutte dans laquelle la Femme devait être vaincue, mais comme elle se débattait contre cet assujettissement qui était un fait nouveau dans la vie morale de l'humanité !
Du reste, quel que soit le mal que les Prêtres se sont donné pour justifier les altérations des Ecritures, jamais on ne les a crus. Il est toujours resté, au fond de l'esprit des peuples, l'idée que la Bible était un livre falsifié ; on n'a jamais cessé d'en rechercher la version primitive, d'en pénétrer le sens caché.
C'est cette curiosité inquiétante qui a décidé l'Eglise à édicter tant de prohibitions concernant le Livre saint. L'Eglise savait, ou pressentait, que cette étude serait un jour faite dans un esprit vraiment scientifique et que là serait sa condamnation.
C'est dans ces Livres, en effet, que l'on devait découvrir tous les mensonges de ses origines.

LITTÉRATURE JUIVE
La dissolution religieuse et morale des Juifs engendra une littérature exubérante dans laquelle les scribes et les docteurs, pétris d'orgueil, épuisèrent leur science en de vaines et puériles subtilités. Ils étaient fanatisés par les idées nouvelles que la mauvaise traduction du Sépher avait fait naître et, sur ces traditions faussées, édifièrent une nouvelle Loi.
Au commencement du premier Christianisme, ce sont eux que l'on considère comme des pharisiens hypocrites, des sépulcres blanchis qui imposent aux autres des devoirs qu'ils ne remplissent pas eux-mêmes et créent dans la société une aristocratie factice basée sur les privilèges qu'ils se donnent. Ils forment des sectes qui se détestent et se méprisent entre elles autant qu'elles détestent et qu'elles méprisent le genre humain (1).
Combien ils sont loin de l'antique esprit d'Israël, ces hommes avilis et prétentieux à la fois, livrés à d'incroyables superstitions et à un sordide appât du gain ! Leur esprit obscurci ne leur permet plus de comprendre la Thorah dont le sens leur échappe, la lettre seule les attache et ils la réduisent à une casuistique ridicule et frivole. Ces savants docteurs discutent sur des questions comme celle-ci : « Est-il permis de manger un œuf pondu le jour du Sabbat ? » Ou encore : « Un boiteux qui se sert de sa jambe de bois ne viole-t-il pas, par cette action mécanique, le repos du septième jour ? »
A la médiocrité, ces fanatiques ajoutent la violence. Après avoir fait eux-mêmes une « nouvelle Loi », on verra surgir des zélotes (zélateurs de la Loi) qui, armés du fer sacré, tueront pour la moindre infraction aux prescriptions dites mosaïques. Derrière eux viendront les sicaires qui feront couler des flots de sang (2).
Cette nouvelle Loi (la Loi de l'homme qui est destinée à remplacer celle de la Femme) est surtout exprimée dans le Talmud et le Deutéronome. Mais tous les livres publiés à ce moment sont imbus du même esprit. Ce sont : l'Esdras grec, le Prêtre et III Esdras, publiés après la chute de Jérusalem (en 70), livres écrits dans un tout autre esprit que le premier Esdras.
Sous, le règne d'Agrippa Ier, vers 40, parut la Sapience dite de Salomon, livre écrit dans le but de justifier Salomon, le fondateur de la royauté masculine et le véritable promoteur de la révolte des Juifs contre Israël. C'est à ce moment où toutes les idées sont perverties et où l'on veut justifier l'homme et le glorifier, qu'on crée la légendaire sagesse de ce roi qui fut un grand fou. Le livre qui porte son nom, tant de siècles après sa mort, est écrit avec l'onction du prêtre et prétend consoler le juste soumis au tyran.
On y trouve de belles maximes, entre autres : « L'homme est puni par où il pèche », et bien d'autres prises dans les livres des prophétesses d'Israël.
C'est après l'an 70, c'est-à-dire après la chute de Jérusalem, qu'on eut toutes les audaces ; on fit une traduction grecque du livre d'Esther et on l'enrichit d'additions en grec. Enrichir le livre d'une femme en y faisant des additions, c'est tout simplement en changer l'esprit. Entre les années 93 et 94, l'historien Josèphe, le fidèle ami des Romains et l'apologiste du nouveau régime, termina ses Antiquités judaïques. Il connaît les additions d'Esther et le livre III d'Esdras. En 97 fut composé un nouveau livre d'Esdras, le IVe, et Esdras le Prophète. C'est un livre dans lequel on s'occupe des événements du temps et où on exhorte le peuple à rester attaché à la doctrine des scribes, à la Loi qu'ils ont faite. Cette exhortation nous fait comprendre que les populations étaient peu entraînées vers l'obéissance à cette Loi nouvelle qui était en contradiction avec l'antique « Loi » et avec la vraie morale.
Les livres d'Hénoch, de Noé, IVe d'Esdras, le prophète Elie, l'Ascension et la Vision d'Isaïe le voyant, sont des livres rangés parmi les apocryphes ou livres non admis, non canoniques.
M. Volkmar s'est occupé de l'étude des Apocryphes. (Rappelons que ce mot vient de apo, « loin de », et krypto, « cacher ».)
(1) « Nous les juifs, qui nous sommes posés en sauveurs du monde, qui nous sommes vantés d'avoir fourni au monde le Sauveur, nous ne sommes plus aujourd'hui que les corrupteurs du monde, ses destructeurs, ses incendiaires et ses bourreaux. » (Oscar Levy cité dans l'ouvrage Israël aux mystérieux destins)
(2) C'est sous Antonius Félix qu'on commença à parler des Sicaires (en latin « Sicarii », les hommes à couteaux).
Aux jours de fête où Jérusalem se remplissait tout à coup d'une multitude extraordinaire, venue du dehors, ces gens se mêlaient à la foule, avec des couteaux sous leurs habits, et tuaient impunément ceux que leur fanatisme tenait pour ennemi ou pour suspects. On nous dit, ailleurs, que dès qu'ils avaient entendu un incirconcis parler du Seigneur (Kyria, donc Johana) ou de la Loi, le tenant, dès lors, pour Israélite, ils s'arrangeaient pour le surprendre et le menaçaient de le tuer s'il ne se faisait pas circoncire.
« Des bandes armées nombreuses et déprédatrices, dit Flavius Josèphe, souvent fortes de deux ou trois mille hommes, donnèrent beaucoup d'occupation à Hérode et aux Romains.
« Quelques-uns avaient un but politique et faisaient une espèce de guerre de partisans ; d'autres n'étaient, tout bonnement, qu'un ramas d'assassins qui portaient de longs poignards sous leurs robes et tuaient ceux dont ils voulaient se défaire, jusque dans les rues de Jérusalem. » (Josèphe, de Bello, 1. II.)

LES PSAUMES DE SALOMON
C'est ainsi qu'est intitulé un livre grec, imitant les Psaumes de David.
Il y a dans le titre de ce livre, qui n'est pas de Salomon, un parti pris de mettre à l'avoir d'un homme un livre de Psaumes, cherchant ainsi à porter ombrage à la gloire de David que les premiers Chrétiens feront revivre.
Dans cet écrit, qui imite les écrits de cette reine sans les comprendre, il est dit « que le Seigneur rassemblera un jour le peuple des « saints » et qu'il régnera sur eux ». Or, régner sur un peuple, ce n'est pas le libérer ; c'est du reste ainsi que les hommes comprennent le Messie, comme un roi régnant, non comme un sauveur les libérant de la domination. On ajoute qu'il purifiera Jérusalem, que les peuples viendront de tous côtés l'y voir dans sa gloire, et que là résidera un roi juste, formé par Dieu lui-même.
« Leur roi sera le Christ du Seigneur » (XVII, 28, 36, etc.), et plus, haut (23) : « Allons, Seigneur, fais lever parmi eux le roi, fils de David, qui doit régner au temps que tu sais sur Israël, ton fils » (1).
Ce n'est pas sauver, c'est régner. Ce n'est pas libérer, c'est asservir. Combien cela est différent et laisse d'espérance à tous les ambitieux qui veulent s'emparer du pouvoir !
Ce livre a été écrit après la mort de Pompée, à l'entrée du règne de César. Il n'a pas été adopté par l'Eglise parce que, dit-on, il est trop exactement daté et se rapporte à un moment trop précis de l'histoire.
(1) Le texte de cet écrit se trouve dans le Messias Judæorwn de Hilgenfeld, Leipzig, 1869.

LE DEUTÉRONOME
Le mot Deutéronome veut dire « deuxième Loi ».
Ce livre, beaucoup plus moderne qu'on ne croit, contient une histoire de Moïse et de son œuvre racontée d'après les nouvelles idées reçues, celles que le livre de Philon, De vita Mosis, avait jetées dans la circulation.
Le Deutéronome semble être une réponse à ceux qui voulaient abolir la Loi de Moïse, comme Paul et son Ecole, plus tard dans le Christianisme. Il n'a pas été écrit seulement pour donner une seconde Loi, mais aussi pour raconter comment la première avait été donnée, et ce récit, plein de miracles et d'invraisemblances, n'est qu'une œuvre d'imagination.

L'ISRAÉLISME EN ÉTHIOPIE
Dans la liturgie des Éthiopiens, on dit de Marie : « Vénérable par son antiquité ».
C'est que, depuis longtemps, en effet, les Éthiopiens portent à Marie leur dévotion ardente qui va jusqu'au fanatisme.
M. Jehan Soudan a publié dans la Revue des Revues du 15 février 1897 un article intitulé Notre-Dame d'Israël, dans lequel il a exposé les croyances qui régnaient autrefois en Ethiopie au sujet de Myriam.
Voici, d'après cet article, quelques aperçus sur cette intéressante question : « Les Annales de ce pays, écrit un Jésuite portugais qui en revint en 1710, citent une longue suite de Reines antérieures à la fameuse Makeda ou Nicaula que les Ecritures appellent la Reine de Saba. » Puis, montrant que, lors de l'exil, les Israélites vinrent se réfugier en Ethiopie, il dit : « Aujourd'hui, après 1800 ans et plus, la province éthiopienne du Samen laisse voir les descendants directs de ces émigrants de la suprême défaite. Ils portent encore le nom caractéristique de Fallazias (exilés). Ils ne se livrent à aucun commerce, contrairement aux Juifs (ce qui prouve bien que les Israélites ne sont pas des Juifs). »
Une trentaine d'années après l'époque attribuée à Jésus, régnait sur l'Ethiopie une Candace (Reine) de la lignée de Salomon, disent ceux qui veulent faire descendre Ménélik de ce roi, mais cela est un roman ajouté à l'histoire.
Dans ce pays où règne un mélange bizarre de toutes les religions modernes, il y a des couvents de femmes, et dans ces Abbayes de Thélème on fait doucement son salut en disputant scolastiquement sur les deux natures du Saint-Esprit (masculine et féminine). On a donc gardé la tradition du Saint-Esprit féminin.
Dans son émouvant récit : Dix ans de captivité chez le Mahdi, le Père Ohrwalder, de la mission catholique de Kartoum, raconte ceci : « Des Abyssins, prisonniers des Derwiches, vinrent un jour à lui, mendiant. Ne parlant pas l'arabe, les pauvres Éthiopiens ne savaient dire que ces mots : Israelim Ould Myriam (Israélites, enfants de Marie), qu'ils répétaient pour émouvoir la pitié du Prêtre.
« A Adouah, où je me trouvais en même temps que la mission anglaise de l'amiral Hewett, le Negous Iehan II, dont le cri de guerre était « Notre-Dame », ne cessait de répéter au consul de France, à chaque audience : « Les Anglais se disent chrétiens ! et ils n'adorent pas Myriam ! » Et encore : « Je hais et déteste ces Chrétiens irrévérencieux pour Notre-Dame ! » Ce monarque a un cachet impérial sur lequel on voit d'un côté, au milieu d'un cercle, la croix grecque, et en exergue, gravé en gheez (1), « NotreDame ». De l'autre côté, le Lion d'Israël, tenant le globe impérial surmonté de la croix. Il a aussi le bijou antique de l'Ordre impérial d'Ethiopie, la croix d'or massif au modèle primitif dans la forme magique dite du sceau de Salomon, le tout-puissant talisman, l'irrésistible amulette sacrée des Arabes, le signe divin qui gouverne le destin oriental. Cette croix spéciale a pour chacune de ses branches égales une série de triangles enchevêtrés (les triangles ou deltas des Mystères). »
Les anciens Israélites, convertis par la suite par des missionnaires chrétiens, n'ont jamais compris que le Christianisme pouvait être autre chose que la continuation de la religion de Myriam. Quand on leur a parlé d'une Vierge Marie, ils n'ont pas eu l'idée qu'il pouvait en exister une autre que celle qui avait été glorifiée par la Reine de Saba, et dont ils ont gardé le nom dans sa forme hébraïque primitive. Pour eux, « Notre-Dame », c'est Myriam et non Maria. Ils sont les « fils de Myriam », entendant par-là « les enfants du Livre ». En dépit de toutes les propagandes, les Éthiopiens sont restés fidèles à la primitive religion d'Israël.
(1) Le gheez est une langue morte, la langue des livres sacrés, mélange de Chaldéen et d'ancien hébreu (celui du Sépher).

LE CULTE DE MYRIAM EN ORIENT
Les Arabes ont rendu un culte à Marie avant le Christianisme, puisqu'ils l'avaient mise solennellement au nombre des 360 divinités des trois Arabies. Burkhardt, dans son Voyage en Arabie, dit : « El Arraki allègue le témoignage de plusieurs personnes pour prouver un fait remarquable dont, je crois, il n'a pas été fait mention ; c'est que la figure de Marie, avec le jeune Issa sur ses genoux, était sculptée comme une Divinité sur une des colonnes les plus proches de la porte de la Caaba. »
Du temps de Mohammed/Mahomet (on oublie que celui-ci n’est que la déformation de Mohammed), on voyait encore cette image de Myriam sur la Caaba.
En Arabie étaient aussi l'autel d'Hebal (Abel) et les gazelles d'or de la Caaba données par un roi de Perse.
Il existait chez les Arabes une « Fontaine de Marie », où on allait en pèlerinage. Et même, encore au temps des Chrétiens et des Musulmans, on continua à y aller demander la guérison des maladies et de tous les maux.
Les Arabes gardaient la science de Myriam. Un grand arbre appelé zat arouat était vénéré par les Koreischites.
D'autre part, on nous dit : « Ils avaient en haute vénération un arbre du genre des mimosas que Niebuhr a trouvé dans le désert. Ils l'appellent « arbre hospitalier », il n'est pas permis d'en arracher une feuille.
La mosquée d'Omar (El Aksa) représentait l'ancien Temple de Jérusalem ; et l'on disait que « El Sakhra » (la roche) est bâtie à l'endroit où vécut Marie depuis l'âge de trois ans.
El Sakhra fut, dans l'origine, une église dédiée à Myriam, le Saint des Saints. Les Turcs joignirent à son nom le titre de Seddika qui veut dire Juste. C'est parce que depuis longtemps les Arabes du désert avaient rendu à Marie les honneurs divins que l'Islamisme, qui avait recueilli les traditions orales de l'Arabie, connaît Myriam, la mentionne et lui fait jouer un grand rôle dans la fondation de la religion, tout en changeant singulièrement les localités, les époques et les différentes formes religieuses, parce qu'il la confond avec la Marie des Catholiques.
La vénération que l'on porte à Marie en Orient a gagné jusqu'aux infidèles qui, tout en détruisant ses images, n'en professent pas moins pour elle un respect profond.
Les Turcs et les Persans, qui en parlent dans les termes les plus honorables, la tiennent pour la femme la plus pure et la plus parfaite qui fût jamais.
Cette vénération est bien plus grande parmi les Chrétiens schismatiques de l'Orient. Chez les Arméniens, les fêtes de Marie sont toujours précédées de plusieurs jours de jeûne.
Les Coptes, qui appellent l'Assomption la Pâque de Notre-Dame, s'y préparent par un vrai carême, où l'abstinence est portée au comble. 2 des 4 monastères qui existent encore dans le célèbre désert de Scété sont dédiés à Marie.
Avec le temps, toutes les légendes et toutes les saintes se mêlèrent, et les Francs qui allèrent en Orient s'étonnèrent de rencontrer des femmes turques priant au lieudit « le tombeau de la Vierge », au Gethsémani, avec les filles de Sion, les riches Arméniennes, les Grecques ou les Arabes.
L'abbé Orsini a écrit une histoire de la Vierge. Nous y lisons ceci :
« Les empereurs de Constantinople couvrirent les champs sacrés de la Palestine de monuments religieux en l'honneur de Marie. Sainte Hélène fit construire à Nazareth, en 260, la somptueuse basilique de Sainte-Marie. Théodose bâtit le Giasmaniach ; Justinien fit élever à Jérusalem Notre-Dame-la-Neuve, où il prodigua les marbres les plus rares de l'Archipel.
Les Chrétiens élevèrent, à frais communs, des sanctuaires non moins splendides : ceux de Damas bâtirent en l'honneur de Marie la célèbre basilique de Mart-Miriam, qui leur coûta deux cent mille dinars d'or et que les Mahométans brûlèrent sous le Kalifat de Moktader, l'an 312 de l'Hégire. »
L'Egypte, la Syrie, la Chaldée et jusqu'au littoral de la mer Caspienne, abondaient en couvents dédiés à Marie. Tout cela à une époque où aucune église n'était dédiée à Jésus, dont la légende n'était pas encore acceptée.
Le plus célèbre de ces monastères orientaux fut Notre-Dame du Mont-Carmel, dont la fondation, évidemment fort ancienne, a été entourée de tant de nuages qu'il serait difficile d'en fixer l'époque précise, bien antérieure au Christianisme.
L'histoire du Mont-Carmel rapporte que la chapelle est placée sous l'invocation de Marie, et que la Mère de Jésus y prit le voile et y mourut. Ce qu'il y a de vrai, c'est que le sanctuaire du Mont-Carmel fut dédié à Notre-Dame Myriam par les reines de Tyr, qui y célébraient des Mystères analogues à ceux de Jérusalem, à une époque où le nom de Myriam, lu de droite à gauche, était Hiram.
Et l'abbé Orsini, parlant de la basilique dédiée à la Marie du Mont-Carmel, ajoute « qu'elle réjouit, dès la naissance du Christianisme, le cœur des nombreux pèlerins d'Europe qui la découvraient de loin en mer ».
Il ne s'agit donc pas de la Marie des Catholiques, qui n'existait pas lors de la naissance du premier Christianisme.


LES JUIFS AU MOYEN AGE
Les Israélites dispersés s'étaient répandus sur toute l'Europe. On les appelait Juifs, quoique les vrais Juifs eussent presque tous passé au Catholicisme, et fussent devenus les plus ardents adversaires des anciens représentants des tribus d'Israël (1). Ce sont les Juifs christianisés, par ironie sans doute (2), qui donnaient aux Israélites leur nom de Juifs qui était discrédité et détesté partout.
Depuis leur grande dispersion, les Israélites n'avaient plus eu de centre, plus de nation. Considérés comme des gens dangereux parce qu'ils étaient restés longtemps fidèles aux principes de l'ancien régime théogonique et gynécocratique, on se méfiait d'eux.
C'est sous le règne de Philippe-Auguste que les Juifs furent autorisés à s'établir en France. Cette détermination avait, du reste, un but intéressé, on avait besoin d'eux. Ils venaient d'établir l'assurance contre les risques du commerce (en 1182).
D'abord Philippe-Auguste, monté sur le trône en 1180, inaugura son règne par une ordonnance de 1182 qui voulait que les débiteurs des Juifs fussent déchargés des sommes qu'ils leur devaient. Les évêques célébrèrent cette mesure de proscription. Ils obtinrent encore de ce roi dévot une ordonnance qui condamnait les jureurs et les blasphémateurs à l'amende s'ils étaient nobles, à la mort s'ils étaient roturiers. Chassés après cette ordonnance, les Juifs furent rappelés, en considération du profit que les barons tiraient des Juifs domiciliés dans l'étendue de leur baronnie par le moyen des fortes tailles qu'ils levaient sur eux. Donc, le Juif était exploité, dépouillé par le Catholique, C'est pour cela qu'il fut accusé d'exploiter, de dépouiller le Chrétien. L'accusation est toujours l'envers de la Vérité.
Donc, les barons s'efforcèrent de se les rendre patrimoniaux ; « de là la maxime qu'il n'était pas libre à un Juif domicilié dans une baronnie de transférer son domicile dans une autre, et que, s'il le faisait, sa personne et ses effets étaient réclamés par le baron du lieu de son ancien domicile » (3).
On se disputait la présence du Juif, à cause du bénéfice qu'on en tirait. C'est lui qui, à cette époque désolée, releva le commerce, et, loin de lui en savoir gré, on lui en fait reproche. C'est qu'il était intelligent (son origine et son passé le prouvent), et tout ce qu'il entreprenait réussissait entre ses mains. En fallait-il davantage pour exciter contre lui la haine ? M. Darmesteter, dans ses Essais Orientaux, montre que c'est au Moyen Age que le Juif, chassé par l'Église Catholique de la vie politique, de toutes les charges, de toutes les professions libérales, et de la propriété immobilière, fut refoulé dans le commerce. En réalité, on ne lui laissait que cela.
L'existence qu'on lui faisait était le pendant de celle qu'on faisait à la Femme. Et cela se comprend, ils étaient les défenseurs de la même cause, ils conservaient au fond de l'âme une invincible fidélité à la même loi, cette-loi morale si forte qu'on ne peut la vaincre, et ils savaient si bien qu'elle était vraie, que c'étaient eux qui avaient raison, qu'ils puisaient dans cette conviction une force immense, une confiance sans bornes. De là cette opiniâtreté dans l'idée qui les faisait vivre, et qui les a amenés jusqu'à nous, leur réservant la grande joie de voir la Vérité triompher. Ils n'ont jamais perdu l'espoir de voir l'ancien régime rétabli, de voir la vérité et la Femme renaître, et ils ont un secret pressentiment que, le jour de cette renaissance, eux, les sans-patrie, seront le peuple-roi.
C'est à cette époque qu'on commença à sévir contre les Juifs.
A la fin du XIIème siècle, il y avait à Paris un grand nombre de synagogues et d'écoles israélites. C'est vers 1182 que l'autorité ecclésiastique les fit fermer et commença à persécuter cette famille juive, dont elle ne parvint cependant jamais à altérer l'unité. Cette unité est un fait admirable dans le monde. Sans patrie, ils possèdent l'esprit national à un degré bien plus élevé que tous les autres peuples ; s'ils ne possèdent pas de territoire, l'univers est à eux, leur patrie est partout où ils se réunissent ; exclus, rejetés de la société et souvent même des lois, ils sont les dépositaires d'une loi sociale et morale bien plus parfaite que toutes celles que les hommes ont faites à l'imitation de la leur. Saint Thomas prit leur défense, considérant combien ils étaient utiles au commerce et à la science, et recommanda la douceur à leur égard, sinon au nom de la charité chrétienne, au moins comme moyen politique.
On commença à brûler leurs livres, parmi lesquels il y en avait de remarquables.
« Ils ont duré, dit M. Havet, pendant tout le Moyen Age, en face de l'Église, comme ils avaient fait en face de l'empire romain, également invincibles aux deux plus redoutables tyrannies qui aient jamais pesé sur l'humanité. Et leur vigueur s'est si bien entretenue sous cette éducation du malheur, qu'à mesure que la liberté moderne les fait rentrer dans le concert des peuples, ils y apportent des forces considérables, qui s'annoncent comme devant contribuer grandement aux progrès de l'avenir. On ne doit pas oublier de rappeler que l'exégèse religieuse des temps modernes est sortie principalement de la polémique des rabbins contre la théologie chrétienne. » (Havet, Origines du Christianisme, p. 330.)
(1) « Tous les Pères de l’Église furent des auteurs juifs, écrivant en grec, à destination d’un public juif, dans un esprit juif. Ils portaient tous des noms juifs, mis plus tard à la mode occidentale (« Saul » devient « Paul »). Les preuves de cette supercherie abondent. Concernant les faux en écriture dont il vient d’être question, l’une des meilleures preuves de cette assertion nous est fournie par l’un des Pères de l’Église et non des moindres. Ainsi, Eusèbe (IVe siècle) mentionnant Irénée (IIe siècle) indique que ce dernier tenait des disciples que le Christ « avait prêché jusqu’à sa cinquantième année » !!!? Au IVe siècle, les Pères de l’Église ignoraient donc que le Jésus des Évangiles était mort à trente-trois ans ! » (Richard Khaitzine, Comprendre l'alchimie)
(2) « Charles Maurras entrevit les empreintes d'un « convoi de bateleurs et d'agitateurs sans patries ». » (J. Cologne, Julius Evola, René Guénon et le Christianisme)
(3) Recueil des Historiens des Gaules et de la France, t. XXII, p. 55.

MAÏMONIDE
Maïmonide (Moïse, fils de Maïmon) naquit à Cordoue en 1135. C'est dans cette ville que florissait, un siècle et demi auparavant, la célèbre Académie fondée par Hakim II. C'était un savant ; il connaissait toute la science de son temps et toute la littérature juive. Médecin ordinaire de Saladin, il voyagea beaucoup et mourut au Caire en 1204.
Le plus célèbre de ses écrits est Le Guide des égarés, dans lequel il cherche à concilier la science et la religion, déjà irréconciliables alors.
Maïmonide s'occupa d'expliquer l'anthropomorphisme. Il rappelle le principe des anciens rabbins : « L'Écriture s'est exprimée selon le langage des hommes. Tout ce que le vulgaire croit être une perfection, on l'attribue à Dieu, bien que cela ne soit une perfection que par rapport à nous, car pour lui toutes ces choses que nous croyons être des perfections sont une extrême imperfection. »
Donc, il s'égare, comme tous ceux qui discutent sur la Divinité en lui donnant la forme masculine. On trouve quelque chose cependant dans ce gâchis mental, c'est ceci : les qualités de la Déesse sont attribuées à Dieu, mais ce Dieu est tellement amplifié que ces qualités mêmes sont inférieures à la grandeur que lui donne l'imagination exagérée de l'homme. Maïmonide discute aussi sur les prophètes et dit qu'il ne comprend pas qu'ils soient des êtres dans lesquels « Dieu a versé l'inspiration ». Il ne les comprend qu'à la condition qu'ils soient arrivés à la science par un travail, un effort personnel ; il nie l'intuition ; il ne sait pas, du reste, que c'étaient des femmes, et il dit : « Il n'est pas possible que l'ignorant devienne prophète... Il faut un homme supérieur, parfait, dans ses qualités rationnelles et morales. La prophétie ne réside que dans l'homme savant, fort. » Combien ce médecin ignore la nature humaine, ou plutôt la nature féminine ! Il ne sait pas que cette voyance des prophètes est une qualité spontanée de la Femme, fût-elle la plus ignorante de la terre. Oui, l'homme ne s'en rapproche que par un grand effort personnel, mais, chez la Femme, nul effort n'est nécessaire. Elle aperçoit la Vérité sans travail et sans aucune recherche.
Maïmonide (More Nevoch, pars 2, 29) dit : « On ne doit pas entendre ni prendre à la lettre ce qui est écrit dans le livre de la Création, ni en avoir les idées qu'en a le commun des hommes ; autrement, nos anciens sages n'auraient pas recommandé avec autant de soin d'en cacher le sens et de ne point lever le voile allégorique qui cache les vérités qu'il contient. Pris à la lettre, cet ouvrage donne les idées les plus absurdes et les plus extravagantes de la Divinité. Quiconque en devinera le vrai sens doit se garder de le divulguer ; c'est une maxime que nous répètent tous nos sages, et surtout pour l'intelligence de l'œuvre des six jours. Il est difficile que, par soi-même ou à l'aide des lumières d'autrui, quelqu'un ne vienne à bout d'en deviner le sens ; alors il doit se taire, ou, s'il en parle, il ne doit en parler qu'obscurément et d'une manière énigmatique, comme je fais moi-même, laissant le reste à deviner à ceux qui peuvent m'entendre. »

AVICÉBRON ET AVERROÈS
Un célèbre penseur juif du Xème siècle, Avicébron ou Salomon ben Gebirol, écrivit un livre intitulé La Source de vie (traduit de l'hébreu par M. Munk), dans lequel on peut se rendre compte des rapports des trois croyances basées sur la Bible : le Judaïsme, le Christianisme, l'Islamisme, au moyen âge.
Averroès, qui vivait à la même époque, enseigna une philosophie qui fit de rapides progrès. Au XIIIème siècle, il y avait beaucoup d'Averroïstes.
Saint Thomas dit : « Il y a longtemps qu'il y en a ; ils enseignent leur doctrine en secret. Cet impie a nié la création, et il appelle Moïse, Jésus et Mahomet trois imposteurs tels qu'on n'en a jamais rencontré. Il nie l'immortalité de l'âme ; il enseigne que l'âme est la forme du corps et périt avec le corps. Quand on lui dit que Dieu peut tout et que l'homme ne peut rien, il répond que l'homme peut tout et que Dieu n'est pas tout-puissant. »

☆☆☆

L'EXÉGÈSE
Les altérations des textes ont fait naître une science moderne : l'Exégèse, qui s'occupe du sens caché des Ecritures sacrées qui nous ont été léguées par les Israélites.
Cette science a été créée à cause des contradictions, des anachronismes, des impossibilités que l'on a constatés dans la Bible et qui ont démontré que ce Livre, si fameux, devait avoir été altéré à plusieurs époques par des gens ignorants.
Stuart Mill a signalé trente mille variations (virgules, termes divers) entre les différentes éditions de la Bible.
L'étude des textes bibliques, très répandue en Angleterre et en Allemagne, a fait de l'exégèse une science importante.
Le mot exégèse est ainsi défini : c'est l'art de conduire ou de tirer hors du texte.
C'est Richard Simon qui a créé l'exégèse en 1678, par son livre intitulé Histoire critique du Vieux Testament. Ce livre, dénoncé par Bossuet, fut saisi et détruit. Il fut réimprimé à Rotterdam en 1685, et là il eut plusieurs éditions.
Mais la mauvaise foi qui avait altéré les Ecritures a aussi altéré l'exégèse, et, à côté de cette science qui consiste à chercher pour comprendre, on en a créé une autre, l'Eiségèse, qui consiste à embrouiller pour dénaturer.
On définit l'Eiségèse : l'art d'introduire dans le texte un sens qu'il ne renferme pas, c'est-à-dire l'art d'introduire dans les écrits ce qu'on croit utile d'y mettre.
C'est que, souvent, ceux qui sont de mauvaise foi ont fait de l'exégèse la servante de leur croyance ; loin de renoncer à leurs conceptions pour s'identifier avec celles de l'auteur, ils ont voulu plier celles de l'auteur aux leurs.
Cependant, malgré tant de travaux entrepris, les savants ne sont pas arrivés à comprendre la signification réelle du Livre qui fut l'origine de la Bible : le Sépher.
Ils ne l'ont pas comprise parce qu'ils ne connaissent pas les lois de la Nature qui y sont révélées et n'ont cherché dans ce document que des idées concordant avec les leurs. Or, pour comprendre les origines, il faut connaître la nature humaine dans les deux entités qui la composent, l'Homme et la Femme, car, à l'aurore de la vie humaine, la Femme a manifesté sa pensée, elle a agi, elle a parlé, elle a lutté. Ce sont ces manifestations de l'esprit féminin que l'homme ne comprend pas, parce que lui-même ne peut se mouvoir dans le cadre spirituel de la Femme. Quand il veut traduire la pensée féminine, il la travestit, il en supprime toute la délicatesse et toute la profondeur, comme il supprime toute la grâce féminine quand il porte un vêtement de femme. Et, dans les commentaires que les auteurs font des écrits féminins, ils mettent leurs idées masculines, aussi différentes des idées féminines que le corps de l'homme est différent du corps de la Femme. Bien plus, ils mettent dans les Ecritures sacrées de l'antiquité leurs idées modernes, tel un adulte qui voudrait expliquer les actions des enfants et qui les supposerait déterminées par les passions de l'homme. C'est ainsi que nous voyons, à chaque instant, l'idée de mariage intercalée dans l'histoire antérieure à l'institution du mariage ; c'est ainsi que nous voyons la femme représentée comme asservie avant la lutte de sexes qui devait l'asservir ; nous voyons aussi la force de l'homme invoquée comme une cause efficiente de l'évolution humaine à une époque où la force musculaire de l'homme n'était pas encore développée comme elle le fut plus tard. On semble toujours ignorer que l'état primitif de l'homme, c'est l'enfance avec sa naïveté et sa faiblesse.
Tout cela est aussi absurde que ces peintures où l'on représente des soldats romains munis de fusils, conduisant Jésus au supplice.
L'homme n'a que très difficilement la notion de la chronologie des choses lointaines, il les rapproche dans un même plan, qu'il assimile à sa vie actuelle. Ensuite, presque tous les hommes qui veulent expliquer les Ecritures le font dans le but de donner plus de force à une prétention quelconque, qui leur est personnelle (tous les prêtres ont été dans ce cas). Alors ils mettent dans les textes tout ce qui est utile pour la défense de la cause qui leur est chère. C'est ainsi que nous avons vu la plupart des historiens chercher à justifier les injustices, les usurpations, les crimes du passé pour faire accepter les injustices actuelles. L'histoire écrite dans ces conditions-là n'est plus qu'une justification, et, comme l'homme se justifie en accusant, c'est alors une perpétuelle accusation portée contre un parti par l'autre, contre un sexe par l'autre, sans que l'accusé puisse faire entendre sa réponse.
Comment, sachant cela, donner créance à l'histoire des religions que les prêtres nous enseignent ? Les plus prudents se contentent de supprimer la Femme, comme si la vie morale de l'humanité avait pu se dérouler sans elle.
En entreprenant nous-même de refaire l'histoire, d'expliquer l'exégèse, nous avons montré que toutes les Ecritures primitives de l'antiquité sont l'expression de la pensée féminine, qu'une femme seule peut expliquer :
1° parce qu'elle pense comme la femme antique a pensé ;
2° parce qu'elle n'a pas de raison pour cacher les faits qui se sont produits.
L'homme, au contraire, supprime de l'histoire les luttes de sexes, dans lesquelles il a cependant triomphé, mais il ne veut pas que la postérité sache comment il a lutté, comment il a vaincu. Il aime mieux laisser supposer à ses descendants que la société a toujours été organisée telle qu'elle l'est aujourd'hui. Il a honte de son triomphe et en efface la trace parce que son triomphe est le fruit d'une révolte qu'il sent impie.

LA BIBLE LATINE DE SAINT JÉRÔME
Saint Jérôme écrivit au Saint-Père :
« D'un ancien ouvrage vous m'obligez à faire un nouveau. Vous voulez que je me place, en quelque sorte, comme arbitre entre les exemplaires des Écritures qui sont dispersés dans tout le monde, et, comme ils diffèrent entre eux, que je distingue ceux qui sont d'accord avec la Vérité grecque. C'est là un pieux labeur, mais c'est aussi une périlleuse hardiesse de la part de celui qui doit être jugé par tous, de juger lui-même les autres, de vouloir changer la langue d'un vieillard et de ramener à l'enfance le monde déjà vieux.
« Quel est, en effet, le savant ou même l'ignorant qui, lorsqu'il aura en main un exemplaire nouveau, après l'avoir parcouru seulement une fois, voyant qu'il est en désaccord avec celui qu'il est habitué à lire, ne se mettra aussitôt à pousser des cris, prétendant que je suis un sacrilège, un faussaire, parce que j'aurai osé ajouter, changer, corriger quelque chose dans les livres anciens ?
« Un double motif me console de cette accusation. Le premier, c'est que vous, qui êtes le Souverain Pontife, m'ordonnez de le faire ; le second, c'est que la Vérité ne saurait exister dans les choses qui diffèrent, alors qu'elles auraient pour elles l'approbation des méchants.
« Cette courte préface s'applique seulement aux quatre Évangiles, dont l'ordre est le suivant : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Après avoir comparé un certain nombre d'exemplaires grecs, mais des anciens, qui ne s'éloignent pas beaucoup de la version italique, nous les avons combinés de telle manière que, corrigeant seulement ce qui nous paraissait en altérer le sens, nous avons maintenu le reste tel qu'il était. »
Ceci fut écrit en l'an 386 de notre ère. Ce n'est vraiment qu'après la Bible latine de saint Jérôme que l'histoire de Jésus se répandit dans le monde ; jusque là, on ne connaissait que ceux qu'on appelle « les Chrétiens de saint Jean », et il ne fut pas facile de faire cette substitution, car tout le monde connaissait le premier Christianisme, et personne ne connaissait le Catholicisme de Jésus qu'on y introduisit comme un intrus ; aussi fallut-il multiplier, au moyen âge, les représentations populaires, appelées Mystères, pour expliquer au peuple la vie et la mort de Jésus.
Il y a donc forcément des lacunes dans cette Histoire de la Bible à partir du Christianisme, surtout en ce qui concerne la version faite par saint Jérôme, puisque la lutte soutenue pendant trois siècles autour d'une nouvelle erreur, la légende de Jésus, était venue compliquer la question. On défendait la lecture de la Bible parce que la version de saint Jérôme était en contradiction avec le Livre qu'on avait lu avant lui et qui était celui des premiers Chrétiens qu'on avait condamnés, le déclarant apocryphe, alors que c'était le seul authentique.

AUTRES RÉVISIONS DE LA BIBLE
Saint Victor, évêque de Tumonès (Afrique), nous rapporte qu'au commencement du VIème siècle, l'empereur grec Anastase se vit forcé de faire examiner, critiquer, expurger et amender à nouveau les Saintes Écritures, qui semblaient avoir « été composées et rédigées par des évangélistes idiots » (Sancta Evangelia tanquam ab idiotis evangelistis composita, reprehendantur et emendantur).
Charlemagne, avant de mourir, conçut la même idée et, de concert avec des savants grecs et syriens, fit corriger les quatre Évangiles du Christ qui portent les noms de Matthieu, Marc, Luc et Jean.
Sixte-Quint trouva également nécessaire de faire des modifications aux Saintes Écritures. Plusieurs milliers de corrections furent faites ; après quoi le pape menaça de terribles anathèmes quiconque à l'avenir oserait modifier les textes ; puis il en fit lui-même faire encore une révision qui eut pour résultat le minime changement d'environ deux milliers de passages.
Vous supposez que cette Sainte Écriture était peut-être parfaite alors ?
Hélas ! non, car Clément VIII, trouvant l'œuvre de son prédécesseur incomplète, en fit faire aussi une nouvelle révision qui fut, heureusement, la dernière. L'imprimerie était inventée.

LA BIBLE SIXTINE
Sixte-Quint fit une nouvelle révision de la Bible en 1590, et son successeur Clément VIII, trouvant celle-ci incomplète, en fit faire encore une autre.
Après le Concile de Trente, une révision et une correction du texte latin de saint Jérôme furent entreprises, par ordre des Papes, par une commission de théologiens et de linguistes très versés dans les langues grecque et hébraïque ; tout en avouant qu'elle laissait de nombreux passages, plusieurs milliers, sans correction, pour ne pas blesser les lecteurs accoutumés à lire de telle façon ces mêmes passages, et enfin parce qu'il fallait bien terminer ce labeur difficile entre tous et avoir un texte authentique, nous voulons dire par là qui pût être accepté par les Catholiques dans leurs écoles et séminaires. C'est l'édition actuelle dite de Clément (9 nov. 1622).

LA BIBLE IMPRIMÉE
L'invention de l'imprimerie devait avoir une influence considérable dans la lutte des idées.
La première grande installation typographique, la maison Plantin à Anvers, fondée en 1480, commença ses travaux en imprimant la Bible. Et on est surpris de voir avec quel soin cette impression fut faite (1).
Ainsi donc, ce livre si longtemps ignoré, puisqu'il était dangereux de le lire, allait être mis en pleine lumière. On allait le connaître, l'analyser, l'étudier. En 1516, elle était imprimée et répandue partout, pendant que le Vatican continuait ses révisions en remaniant la Vulgate. Cette traduction, commencée par Jérôme en 390 et finie en 405, ne fut définitivement fixée que sous Clément VIII, en 1592.
Mais il était trop tard pour fixer des livres, le temps était venu de les examiner. Ce qui n'alla pas sans inquiéter le pouvoir (2) ; le 11 septembre 1563, Charles IX signa une ordonnance faisant défense aux imprimeurs d'imprimer aucun écrit sans une permission spéciale du Parlement, et cela sous peine d'estre pendus et estranglez.
La même ordonnance défendait également aux libraires d'exposer aucun livre en vente avant d'avoir été examiné et visité. Le recteur de l'Université devait apposer son paraphe s'il y avait lieu d'en approuver la vente.
Un prêtre français, Richard Simon, commença à étudier les Écritures, et c'est cette science nouvelle qu'on appela l'Exégèse. Il eut bientôt des imitateurs. Mais cette étude fut faite d'après la mauvaise traduction grecque, la Version des Septante, cette profanation du Sépher qui avait tant scandalisé les honnêtes gens lorsqu'elle fut faite.
Au XVIIème siècle, on ne connaissait pas l'histoire, on se contenta de cette version, et, bien plus, dans cette étude des Écritures on ajouta les idées catholiques que 10 siècles avaient jetées dans les esprits et dont les Protestants étaient imbus, telle la divinité de Jésus.
M. Leblois fait remarquer dans son livre Les Bibles (t. VII, p. 20) que, depuis la Réforme, les Églises séparées de Rome consultent un texte fautif et des traductions fautives. Il dit : « Le texte qui depuis 1633 est appelé le « texte reçu », d'après la préface de la 2e édition du Nouveau Testament par les Elzévirs, où les imprimeurs disaient audacieusement : « Vous avez maintenant le texte reçu par tous », est constitué d'après des manuscrits relativement récents et inexacts. »
Les traductions faites d'après ce texte sont quelquefois plus fautives encore. Et M. Leblois ajoute (en note p. 216) : « On peut reprocher à la version d'Osterwald, par exemple, d'avoir quelquefois renchéri sur les altérations dogmatiques déjà signalées dans les plus anciens manuscrits. Lorsque dans le « texte reçu » l'expression « huios tou Théou » (fils de Dieu) s'applique à Jésus-Christ, elle est exactement traduite ; mais, toutes les fois qu'elle désigne les autres hommes, elle est rendue par les enfants de Dieu. Par exemple : Matthieu, 5,9,45 ; Luc, 6-12, 6-8. Les deux seuls passages où Osterwald a traduit exactement par « fils » sont : Corinthiens, 6-18, et Apocalypse, 21-7.
« Par une altération en sens contraire, lorsque Jésus est appelé « païs tou Théou » (serviteur de Dieu), le mot serviteur est changé en fils ; par exemple : Actes, 3-13, 26 ; 4-27 ; 29-30. »
Les Écritures étaient discréditées en Orient avant d'être connues en Occident, parce que dans ces pays l'exagération habituelle de l'esprit des hommes est connue et ne trompe personne ; on sait que les livres de tous les prêtres sont des rêves chimériques, et on les prend pour des œuvres d'imagination, non pour l'expression de l'histoire vraie.
Mais les candides Européens les acceptèrent comme des vérités ; du reste, plus les gens sont naïfs, c'est-à-dire éloignés eux-mêmes de l'imagination qui invente, plus ils croient que les autres ont écrit avec le même esprit de naïveté, c'est-à-dire de vérité simple.
Actuellement, ce sont les Anglo-Saxons qui croient le plus à la Bible, les femmes surtout.
(1) La maison Plantin a été conservée religieusement. On peut la visiter à Anvers, elle est restée telle qu'elle était au XVIème siècle. Les cuves sont celles dont on se sert encore. Les gravures sur cuivre sont remarquables. La première Bible imprimée y est exposée.
(2) Conseils que des cardinaux donnèrent au Pape Jules III lors de son élection en 1550, quelques années après l'invention de l'imprimerie, qui permit une diffusion massive de la Bible auprès du peuple (Source : Feuille Bibliothèque Nationale 1089. Vol II ; P.641-650 - Référence Fond Latin N° 12558. Année 1550) :
« La lecture de l'Evangile ne doit être permise que le moins possible surtout en langue moderne et dans le pays soumis à votre autorité. Le très peu qui est lu généralement à la messe devrait suffire et il faudrait défendre à quiconque d'en lire plus. Tant que le peuple se contentera de ce peu, vos intérêts prospéreront, mais dès l'instant qu'on voudra en lire plus, vos intérêts commenceront à en souffrir. Voilà le livre qui, plus qu'aucun autre, provoquera contre nous les rébellions, les tempêtes qui ont risqué de nous perdre. En effet, quiconque examine diligemment l'enseignement de la Bible et le compare à ce qui se passe dans nos églises trouvera bien vite les contradictions, et verra que nos enseignements s'écartent souvent de celui de la Bible et, plus souvent encore, s'opposent à celle-ci. Si le peuple se rend compte de ceci, il nous provoquera jusqu'à ce que tout soit révélé et alors nous deviendrons l'objet de la dérision et de la haine universelle. Il est donc nécessaire que la Bible soit enlevée et dérobée des mains du peuple avec zèle, toutefois sans provoquer de tumulte. »

LA BIBLE SAMARITAINE
Un grand intérêt s'attache à l'histoire de la Bible samaritaine, puisque c'est celle-là qui contient le texte primitif. Son histoire est peu connue.
Dans le livre : Que penser delà Bible ? (p. 217), on nous dit :
« On ne sait pas si le livre des Samaritains est venu de ce que quelques gens d'Israël le conservèrent (III Rois, XIX, 18), ou s'il fut introduit à Samarie par les Juifs de Jérusalem qui repoussèrent l'autorité d'Esdras et passèrent avec le prêtre Manassé mécontent à Samarie, ou si, dans les rares temps d'union entre les deux royaumes, il y eut communication doctrinale » (1).
Le livre samaritain est resté inconnu du VIème siècle au XVIIème, où un érudit, Ussérius, le tira de bibliothèques orientales où l'on peut légitimement supposer qu'il ne subit pas d'altération.
C'est quand les Israélites furent vaincus que leurs ennemis écrivirent leur histoire en la faussant.
On ne peut donc connaître la réalité historique qu'en la cherchant dans les livres antérieurs à la défaite d'Israël.
La Semaine religieuse de Cambrai avouait que tout l'Ancien Testament, sous sa forme présente, est une compilation postérieure à la ruine du royaume d'Israël.
(1) Hottinger, Van Dale, Richard Simon et le Dr Prideux ont soutenu que le Pentateuque samaritain était une copie faite sur l'exemplaire d'Esdras et portée chez les Samaritains lorsque Manassé, frère du Grand-Prêtre Jaddus, se retira auprès de Sanaballat son beau-père, gouverneur de Samarie.
Cet exemplaire d'Esdras serait alors celui qui avait été trouvé dans le temple de Jérusalem du temps de Josias. Cet exemplaire n'était pas un Peutateuque, il ne contenait que le Lévitique de Myriam, attribué à Moïse.

CONCLUSION SUR LES ÉVÉNEMENTS QUE NOUS VENONS PARCOURIR
On a dit que le 19ème siècle avait été le siècle de la Bible.
En effet, pendant ce siècle, ce Livre a été traduit dans toutes les langues, on en a fait des milliers d'éditions et on en a distribué les exemplaires avec la plus grande libéralité.
Il semble qu'on ait voulu ainsi prendre une revanche sur les époques du Moyen Age qui en avaient défendu la lecture.
Mais si ce Livre a été le plus traduit et le plus lu, il est cependant resté le moins connu.
Admiré ou décrié, suivant le fanatisme des uns et des autres, très peu de savants en ont fait une étude sérieuse. Plusieurs causes ont empêché l'examen de la Bible.
D'abord, toutes les versions faites dans les langues modernes, ayant été traduites sur la Version des Septante, ne faisaient que propager les erreurs mises dans cette mauvaise rédaction, condamnée avec tant d'indignation, quand elle parut, par ceux qui avaient conservé le véritable sentiment religieux.
Quelques savants sont remontés jusqu'à la version hébraïque des rabbins. Mais cette rédaction est l'œuvre d'Esdras et des prêtres juifs. Ce n'est pas encore là qu'il fallait chercher le Livre primitif.
Un seul auteur a eu l'idée géniale que, pour comprendre le Sépher, il fallait d'abord reconstituer la langue dans laquelle il avait été écrit. C'est Fabre d'Olivet, dans son remarquable ouvrage, La Langue hébraïque restituée.
Mais cette science inattendue apportait un fait qui causa aux savants une grave inquiétude : elle restituait le rôle, de la Femme dans l'histoire, que tous les efforts, toutes les ruses des prêtres avaient fait disparaître sous un entassement de faussetés préméditées, voulues.
Comment publier un livre qui allait raviver toutes les jalousies de sexe ? Fabre d'Olivet en fut effrayé ; il dit :
« Je me dispense d'engager le lecteur à réfléchir, il sera assez porté à la réflexion par le souvenir du passé (l'ordre) et par l'image du présent (le désordre). Que si, jetant tour à tour ses regards et sur ma version et sur celle des hellénistes, il est effrayé de la profondeur où l'entraîne l'écrivain hiérographe, il sentira bien pourquoi les Esséniens, instruits de ces mystères, ont pris tant de soin de les dissimuler. »
Voilà le secret de tout le désordre social, de toutes les guerres religieuses, de toutes les persécutions, les crimes, les infamies : la lutte de sexes, la prétention de l'homme de faire une loi morale qui renverse et domine la loi de la femme, l'antique Thorah.
Mais, si la Vérité fait naître de mauvais sentiments chez l'homme pervers, elle éveille les plus hautes facultés de l'âme chez l'homme supérieur.
C'est que l'image de la femme Divine est restée dans le cœur de l'homme, qui, en vertu du souvenir atavique de ses années de jeunesse phylogénique, la fait revivre dans ses aspirations poétiques.
Ecoutez Lamartine sentant dans Iehovah l'Esprit féminin qui plane sur la vie de l'homme :

Jehovah ! Jehovah ! ton nom seul me soulage !
Il est le seul écho qui répond à mon cœur !
Ou plutôt, ces élans, ces transports sans langage,
Sont eux-mêmes un écho de ta propre grandeur.

Tu ne dors pas souvent dans mon sein, nom sublime,
Tu ne dors pas souvent sur mes lèvres de feu !
Mais chaque impression t'y trouve et t'y ramène
Et le cri de mon cœur est toujours toi, mon Dieu !
(Le cri de l'âme, « Harmonies ».)

Puis, parlant de sa mère, cette autre forme Divine, le poète dit :
C'est ici que sa voix pieusement solennelle
Nous expliquait un Dieu que nous sentions en elle.

(Milly ou la terre natale, « Harmonies ».)

Un autre auteur, M. Kousnetzoff, de Saint-Pétersbourg, soulevant plus complètement le voile qui cache la Vérité, écrivit ceci (Dans la Revue des Femmes russes, 1er septembre 1896) :
« L'Eve antique a poussé l'homme inerte dans la sphère du savoir ; c'est à l'Eve moderne d'achever la grande mission de son ancêtre, qui est de créer la renaissance morale de l'homme en le faisant participer à la réorganisation de la société sur les principes de l'amour tout-puissant. Et il y aura alors un nouveau ciel et une terre nouvelle, dans lesquels régnera la Vérité. Les peuples briseront leurs glaives pour en faire des charrues ; la guerre disparaîtra, l'humanité ayant atteint l'unité dans la foi par la conscience de la Vérité. »
Oui, la pacification sociale ne se réalisera que par la Religion naturelle, unique et universelle parce qu'il n'y a qu'une Nature, et parce qu'elle sera basée sur la science qui est une parce qu'il n'y a qu'une vérité absolue. Cette religion et cette science planent par-dessus les religions et les sciences des hommes, elles sont éternelles, c'est-à-dire qu'elles subsisteront tant qu'il y aura dans le monde des hommes et des femmes.




« Il me demande ce que je pense du problème juif. Il voudrait que j'écrive sur le problème juif. Il voudrait que je prenne position. Je lui dis que je m'en fous, que je me fous des Juifs comme de ma première culotte ; qu'il y a mieux à faire sur terre qu'à s'occuper des Juifs. Quel narcissisme ! Pour lui, il n'y a pas d'autre sujet. Il n'y a pas d'autre chose à faire sur terre qu'à s'occuper des Juifs. Non. Je m'occupe d'autre chose. »
(Jean Giono, pacifiste viscéralement et spirituellement convaincu, répondant à une sollicitation de l'écrivain Wladimir Rabinovitch.)
(Peut-être, Etienne Chouard aurait été bien inspiré en se souvenant de cette réponse de Jean Giono alors que « l'inquisition » moderne le soumettait à la question sur la Shoah à l'été 2019.)







Les rabbins les plus savants pourraient nous aider dans ces études en nous dévoilant leurs « secrets rabbiniques », mais comprendront-ils que cet hommage rendu à la Vérité est le seul moyen qu'ils ont de reprendre une grande autorité morale ? Comprendront-ils le grand intérêt qu'il y a pour eux à se mettre du côté du féminisme qui arrive, comme les Papes l'ont compris en cherchant par tous les moyens à rehausser le culte de la Femme dans la Mariolâtrie ?







À suivre : LA GRÈCE ANTIQUE


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