L'EDDA, LA VOLUSPA, LES SCANDINAVES ET ODIN



« Siegfried traverse les flammes et réveille Brünnhilde, la femme, pour les plus délicieuses étreintes d’amour. Dans nos discussions enflammées, nous avons déjà touché à ce sujet : nous ne sommes pas ce que nous pouvons et devons être avant que... la femme n’ait été éveillée. »
(Lettres de Richard Wagner à Auguste Röckel)




PERTURBATIONS RELIGIEUSES CHEZ LES SCANDINAVES
La grande révolution qui s'est faite partout pour substituer le régime masculin au régime féminin avait changé l'aspect de toute la terre. Des dieux nouveaux étaient venus prendre la place des Déesses. Les langues étaient changées. Partout le nouveau régime remplaça les noms des nations. En Espagne, la révolution fut maîtresse du pays, les nouveaux Ibères soumirent les anciens peuples gynécocratiques, et les deux noms lui restèrent. En Angleterre (Eng-land, la terre triangulaire), le pays s'appela Albion (Aristote cite Albion, « Grande Bretagne », et Ierné, « Irlande », mais Albion était déjà mentionnée dans Pythéas de Marseille et Ierné dans les Argonautiques d'Onomacrite). L'Ecosse s'appela l'Albanie. Les propagateurs des nouveaux principes, ayant conquis à main armée la plus grande partie du pays, se maintinrent dans ces deux contrées ; les deux peuples portèrent le nom de Saxons, qu'ils diversifièrent en l'écrivant différemment. L'Italie garda sa dénomination primitive. Les échappés de toutes ces révolutions, comme nous le voyons par Thucydide, accoururent dans les îles de la Méditerranée, vécurent de piraterie, formèrent mille petites républiques de courte durée, firent des légendes de tout ce qu'ils savaient, et voilà les Grecs (graia, grues), ce qui, alors, voulait dire « rebut ». Et ce sont ceux-là qui vont nous raconter l'histoire des nations qui les ont chassés de leur territoire. Là sera leur vengeance.
Par la suite, les révoltés masculinistes se donnèrent des noms divers, parmi lesquels les Francs (ce qui voulait dire « affranchi » des principes, des lois, de la morale du régime antérieur à eux) et les Sicambres (de Sig-Kimbres), les Cimbres victorieux (Cimbres ténébreux). D'abord connus sous le nom général de Goths (phallique), on les distingua bientôt par les surnoms qu'ils se donnaient. « Les Vandales saisissent l'Espagne (si féministe) ; les Francs envahissent les Gaules ; les Wisigoths s'emparent de l'Occitanie ; les Lombards inondent l'Italie. Les Romains, forcés d'évacuer la Grande-Bretagne, n'éprouvent partout que des revers. Pendant ce temps, les Huns, conduits par le farouche Attila, menacent à la fois les vaincus et les vainqueurs, pillent et massacrent tout ce qu'ils trouvent devant eux sans distinction de culte ni de nom, et ajoutent à la confusion générale. Quelques années après, Clovis, roi des Francs (Saliens), acheva la conquête des Gaules et y fonda le royaume de France » (Fabre d'Olivet, De l'état social de l'homme).
On ne voit que les Goths par les mains desquels l'Empire Romain fut renversé. Ils avaient le même caractère, les mêmes mœurs, les mêmes lois et presque le même culte que les Celtes primitifs. La haine qu'ils nourrissaient pour le nom Romain, et que leur législateur leur avait inculquée il y avait cinq ou six siècles, leur rendait odieux tout ce qui s'y rattachait ; ce nom était pour eux l'expression de tout ce qu'on peut imaginer de bas et de lâche, d'avare et de vicieux. Ils attribuaient aux sciences et aux arts cultivés par les Romains l'état d'avilissement où ce peuple était tombé.
L'histoire de ces temps a été détruite par les Grecs et les Romains, qui ont même prétendu que les Goths avaient proscrit l'art d'écrire. Prétexte toujours invoqué, quand on a détruit les archives d'un peuple, on se tire d'affaire en disant qu'il n'écrivait pas. Mais ce qui est certain, c'est, au contraire, que les Goths écrivaient ; mais on a caché ou brûlé leurs écrits. Fabre d'Olivet nous dit (Etat Social) :
« Ils enveloppaient dans cette proscription jusqu'à l'art d'écrire. Aussi ce n'est qu'aux historiens grecs et latins qu'on doit le peu de notions qu'on a sur eux. Lorsque, revenus de leurs préjugés, ils commencèrent à rédiger leurs annales, le souvenir de leur origine était entièrement perdu ; Jornandès, Paul Warnefride, Grégoire de Tours, quoique les plus anciens et les plus accrédités de leurs historiens, ne donnent sur leur origine, leurs lois et leurs mœurs, que des lumières confuses et peu satisfaisantes. Procope dit que c'est par un sentiment d'humanité qu'il ne veut pas transmettre à la postérité le détail des cruautés exercées par les Goths, pour ne pas l'effrayer par ces monuments de barbarie. »
Pourquoi auraient-ils eux-mêmes détruit leurs archives ?
Ce qu'il y a de vrai, c'est que la puissance que prenait l'Empire Romain fit naître dans les pays du Nord une haine violente contre les nations du Midi. Quand la brillante barbarie gréco-latine fut vaincue, elle laissa le monde dans un état affreux de désolation et d'ignorance ; toutes les lumières étaient éteintes, et ce furent les femmes qui, dans l'ombre de leurs couvents, allaient rallumer le flambeau de l'Esprit, ce qui créa bientôt un nouveau mouvement de résurrection spirituelle et morale résumé dans la Chevalerie.
Cependant, les pays du Nord avaient un Livre sacré, l'« Edda », écrit par la Voluspa. Mais il fut révisé et dénaturé plusieurs fois pour y introduire les dogmes masculinistes à différentes époques. La dernière révision a été faite dans le 11ème et le 12ème siècle par divers auteurs, entre autres par Sigmund Sigfusson et le fameux auteur islandais Snorron Sturlesson.
La première partie explique les dogmes, le culte, la création, les combats des géants ; la seconde les querelles des dieux.
Dans l'Edda, l'idée de Chute et de Rédemption est très longuement développée. La Chute, c'est l'orgueil divin (masculin) s'arrogeant d'exorbitants attributs, ceux de la Déesse, et voulant se placer sur une cime inaccessible à l'homme voulant dominer la Fatalité, c'est-à-dire la loi qui régit les sexes et sur laquelle s'appuie le règne des Fatæ (Déesses).
Le mythe dit : « Les dieux ne pouvaient user légitimement de l'or et furent maudits dès qu'ils se le furent approprié. » On a compris, sans doute, que l'or est un symbole, puisqu'il régit les attributs sexuels. Les dieux, ayant profané l’or sacré, furent maudits, ils moururent ; telle est la faute, la Chute. Mais la Résurrection viendra quand l’or sera restitué aux Ondines. La femme seule peut sauver l'homme et lui restituer la Science (ceci est le sujet de la Tétralogie de Wagner) ; ce qui est or dans un sexe devient plomb vil dans l'autre sexe. C'est sur ce symbolisme incompris qu'on a édifié l'alchimie de la transmutation des métaux.
Maintenant, l'Edda célèbre les faits d'armes des féroces Wikings, les incursions de ces hardis brigands danois et norvégiens, et aussi normands, qui jetaient l'effroi dans toute l'Europe en commençant par le littoral de la Baltique et en ne s'arrêtant qu'à Constantinople. Dans le Livre ainsi révisé Loke, l'homme méchant, c'est le dieu du mal ; il ne cesse de faire des malices aux dieux. Le Niflheim est leur Enfer (nifl, brouillard) ; « Niflheim » ou « Nebelheim » c'est « le pays des brumes » (1). Héla, Déesse de la mort, y préside ; son corps est moitié bleu, moitié chair, pour indiquer le principe de vie et de destruction qui est dans l'homme, mais qu'on met dans une femme pour nier la polarité sexuelle (voir l'article sur la psychologie et la loi des sexes). Les adultères, les parjures, les lâches, croupissent dans un lac verdâtre, formé du poison des serpents, où ils sont engloutis et rejetés sans cesse par des monstres affreux. Le Wal-halla est leur paradis. Là, les guerriers assistent à des festins servis par les Wal-kyries (2). Leur passe-temps le plus agréable est de renouveler, dans le ciel, les combats qu'ils se livraient sur la terre, entourés des Scaldes qui chantent leurs exploits (les Scaldes sont pour eux les Bardes) ; leur personne est sacrée. C'est parce que le Livre est ainsi profané qu'on va créer des Mystères pour conserver la vérité première.
(1) Dans l'ouvrage « L’Apocalypse - Considérations sur la révélation de Jean » d'Emil Bock, le mot « Nibelungen », tiré de la légende des Nibelungen et de Siegfried, le tueur de dragon (serpent), signifie « ceux qui résident dans les nuages ».
(2) Le nom de « Christ » qui va servir à désigner la doctrine qui triompha sous Constantin provient de l'ancien mot sanscrit « Çrêyas » qui signifie « suprématie ». L'être appelé « Çri », c'est l'être suprême (mais terrestre) ; il indique la suprématie de la Déesse et, par extension, tout ce qui vient d'Elle, comme le bonheur, la bonté, désignant alors « le bonheur suprême », « la bonté suprême ».
Mais ajoutons que le « Çrî » sanscrit vient de la langue celtique, c'est l'abréviation de « Kyrie », nom donné aux Déesses, les Val-Kyries.




LES MYSTÈRES SCANDINAVES
Dans les Mystères Scandinaves on représente, comme on le fera partout, la mort symbolique de la Femme tuée socialement par l'usurpation de l'homme.
C'est la Prophétesse Volva (Voluspa) qui représente la Déesse morte, ce qui nous prouve qu'une femme de ce nom avait écrit le Livre sacré qui fut caché, détruit ou altéré.
La façon dont les prêtres usurpèrent la science et le droit des prêtresses est racontée dans une légende. Le gui, vulgaire parasite qui croît l'hiver, représentait symboliquement le Druide usurpateur de la place des Druidesses.
Dans l'ancienne religion des peuples du Nord, il est resté une Loi comprenant 12 articles.
La voici dans la forme où elle nous est arrivée.
Les douze prescriptions du mythe Scandinave de Sigurd
1° Honore tes parents de manière à être toujours sans reproche à leur égard, et supporte même sans te venger leur injustice.
2° Ne fais pas de faux serments, car le parjure n'est qu'un misérable que les dieux châtieront.
3° N'outrage personne, supporte l'injure, mais fais expier au coupable la calomnie qui ternirait ton honneur.
4° Ne te livre pas au vice avec les femmes perverses qui corrompent le cœur, énervent et enlèvent à l'homme toute prudence.
5° Respecte toute femme qui n'est pas ta légitime épouse ; que ni sa beauté, ni sa parenté, ni ses inclinations pour toi ne troublent ton sommeil.
6° Évite l’ivresse, cause d'abrutissement et de malheur ; ne dispute jamais avec le guerrier pris de boisson.
7° Que les hommes courageux vident ensemble leurs querelles, sans détruire leurs possessions ni celles des autres.
8° Ne t'expose pas témérairement au danger sans en connaître l'étendue et les moyens d'en triompher ; sache te soustraire avec prudence aux embûches de tes ennemis.
9° Honore la dépouille des morts, quel qu'ait été le genre de leur trépas ; lave-les, peigne-les, enterre-les sous la colline tumulaire et invite-les à dormir en paix.
10° Défie-toi des promesses et des attentions de ceux qui ont vu périr par tes mains un membre de leur famille ; car le loup de la vengeance grandit chaque jour dans leur cœur.
11° Que les princes appelés à être les premiers parmi les hommes ne s'enorgueillissent pas et ne croient pas posséder les connaissances militaires et sociales qu'ils n'ont pas, mais qu'ils s'en instruisent.
12° Avant d'agir, considère toujours l'origine et la fin de toute chose pour te diriger.

LA VOLUSPA, AUTEURE DE « L'EDDA » DES CELTES
Nous connaissons la science primitive des Celtes par un poème intitulé la Voluspa, nom qui signifie : Celle qui voit l'universalité des choses.
On a comparé cette œuvre à un livre sibyllin, et le nom de la Voluspa a pris depuis la signification de Prophétesse ou Devineresse. Il se dit aussi Volva.
Ce livre contient une histoire cosmogonique ; ce qui en reste se trouve maintenant intercalé dans l'Edda Islandorum. (Edda signifie aïeule).
L'Edda est un poème composé de deux livres, l'un en vers, l'autre en prose (Edda Islandorum, Hæmiæ, 1665). C'est tout ce qui reste d'authentique touchant le culte des anciens druides, dit-on. Ce livre a été écrit pour les glorifier. La première partie date du XIème siècle et est attribuée à un poète islandais. Il fut découvert en 1643. Il chante les exploits des dieux mâles, Odin, Thor (1), Balder.
Le nom de ce poème inspire quelques réflexions : pourquoi Is-landorum ?
Is, divinité primitive chez les Celtes, land (terre), « terre des Déesses ».
Nous retrouvons la racine « Is » dans Is-is, Isthar, Istacar, Is-ra-el, Isa-ac, Ish-wara. Dans les langues Scandinaves, « Is » devient « As » (l'un absolu), de là le mot « Asie » qui signifie « terre des Déesses ».
La Voluspa était une grande Déesse qui, comme la Toath (Thot) des Égyptiens, avait été favorisée de l'intuition totale ; aussi ses oracles étaient regardés comme des lois sacrées. Et, pour les vrais initiés, la science primordiale vient d'Edda. C'est d'elle que la reçurent les Iraniens, les Égyptiens et les Chinois.
Salomon Reinach, dans Orphéus, dit (p. 203) :
« Parmi les chants dont se compose l'Edda, l'un, la Voluspa, mis dans la bouche d'une prophétesse, renferme une véritable cosmogonie ».
Parlant ensuite des conceptions du Nord, il ajoute :
« Laissons-lui l'honneur d'avoir donné au monde les conceptions eschyléennes de la Voluspa, auxquelles rien n'est comparable, avant Dante, dans tout le moyen âge occidental ».

Voici une strophe de ce poème :
« Avant que le temps fût, Ymir avait été.
Ni la mer, ni les Vents n'existaient pas encore.
Il n'était point de terre, il n'était point de ciel.
Tout n'était qu'un abîme, immense, sans verdure ».

Ymir est la matière première du monde, la présubstance universelle (Ether), d'où sort la matière organisée, vivante, quand elle est fécondée par le feu primordial, le Muspelheim (radiation des soleils) faisant éclore la vie. (Voir l'article sur La Vie)
Dans ce poème, l'arbre de vie, ancêtre de l'homme, est dit « l'arbre de l'univers » et s'appelle « Yggdrasil ». (voir l'article sur Nos véritables origines)
« Chez les Celtes, dit Fabre d'Olivet (Etat social de l'homme, p. 165), les Femmes du suprême sacerdoce exercèrent la première Théocratie. Un Collège de Femmes était chargé de tout régler dans le culte et dans le gouvernement. Les lois données par les Femmes étaient toutes reçues comme des inspirations divines (2). »
A la tête de chaque Collège de Femmes, car il y en avait dans toutes les contrées, était une Druidesse qui présidait le culte et rendait des oracles ; on la consultait dans les affaires particulières comme on consultait la Voluspa dans les affaires générales. Leur autorité était très étendue. Leur nom vient de Drud, qui veut dire puissance directrice de laquelle dépendent toutes les autres. Les Druides, que l'on voit à côté des Druidesses, ne faisaient rien sans prendre leur avis. Le peuple recevait avec le plus grand respect les ordres et l'enseignement de ces Prêtresses, qui exerçaient le pouvoir législatif, mais confiaient à l'homme le pouvoir exécutif. C'est ainsi que la Voluspa nommait un Kank (ou Kang ou King, qui signifia plus tard « roi ») qu'on regardait comme le délégué de la Déesse, institué par Elle, par sa faveur divine ; et le peuple se soumettait sans aucune hésitation à ce chef qu'elle avait nommé et qui était autant pontife que roi.
A cette époque primitive remonte la formation de la langue, la création de la poésie et de la musique qui étaient appelées « la langue divine ». On dira plus tard « la langue des Dieux », quand on mettra des Dieux à la place des Déesses ; mais, à l'époque qui nous occupe, les Dieux ne sont pas nés.
Fabre d'Olivet dit encore (Etat social, p. 187) :
« Les Druidesses, en écoutant les oracles de la Voluspa, s'aperçurent que ces oracles étaient toujours renfermés dans des phrases mesurées, d'une forme constante, entraînant avec elle une certaine harmonie qui se variait selon les sujets ; de manière que le ton avec lequel la prophétesse prononçait ses sentences différait beaucoup du langage ordinaire. Elles examinèrent attentivement cette singularité et, après s'être habituées à imiter les intonations diverses qu'elles entendaient, parvinrent à les reproduire et virent qu'elles étaient coordonnées d'après des règles fixes. Ces règles qu'elles finirent, à force de travail, par réduire en système, leur donnèrent les principes des deux plus belles conceptions dont les hommes aient pu s'honorer : la musique et la poésie (3) ».
Et ailleurs il ajoute (p. 73) :
« Tel avait été le décret divin que l'homme recevrait ses premières impulsions de la Femme et tiendrait de l'amour ses premiers développements ».
La science des Celtes est considérée comme la plus ancienne. D'après M. Cailleux, elle aurait précédé celle de l'Asie qui s'en serait inspirée.
Il est difficile d'assigner une date à l'apparition de la Voluspa, mais l'antiquité du Culte théogonique qu'elle institua nous est révélée par un fait qui nous donne, en même temps, l'origine de la Noël : la première nuit après le solstice d'hiver fut appelée « Nuit-Mère », mère du jour nouveau de la nouvelle année. On célébrait à cette occasion une fête appelée New-heyl (d'où No-el) (4).
Et voici un calcul qui donne une date :
Le mois était composé de 30 jours, l'année de 365 jours et six heures, et les siècles de 30 et de 60 ans. La fête de New-heyl, qui devait avoir lieu la première nuit du solstice d'hiver, se trouvait reculée de 45 jours au temps d'Olaüs Magnus, l'an 1000 de notre ère, et cela par la raison que l'année celtique, étant plus longue que la révolution du soleil, donnait un jour d'erreur en 132 ans. Ces 45 jours de retard répondent à 5930 ans et font remonter, par conséquent, l'établissement du calendrier celtique à près de 5.000 ans avant notre ère, en supposant même qu'il n'y ait eu aucune réformation.
(1) L'apparition du Sépher (la Genèse biblique qui en sera la caricature) avait provoqué un grand mouvement d'idées. Par toute la Terre on discuta les Principes exposés dans l'œuvre de la Déesse Hathor (Hathor était le surnom de Myriam, la grande déesse égyptienne et auteure du Sépher ; il provient de « Ha-Thora » qui signifie « la Loi »). Mais cet événement eut un résultat inattendu ; il provoqua un déchaînement de jalousie pour la grande Déesse égyptienne et une formidable réaction contre son œuvre, à cause des révélations qu'elle faisait sur les causes de la déchéance masculine. Cela provoqua une violente réaction chez certains hommes. Et le premier qui prit, chez les Celtes, la direction d'un mouvement d'opposition fut le fameux Ram dont le nom est resté pans l'histoire comme celui d'un formidable perturbateur. Sa doctrine et son mouvement révolutionnaire ne furent qu'une réaction contre la doctrine de Myriam-Hathor exposée dans le Sépher. Ram ignore la science, mais il veut cependant en avoir le prestige. Lui aussi, il écrira un livre : le Zodiaque, parce que le Zodiaque de Myriam résumait sa doctrine. Mais dans son livre Ram remplacera la Thorah par le taureau symbolisant la force, et il donnera au mot Thorah un masculin, Thor, qui deviendra le dieu de la guerre. Cette nouvelle Divinité, Thor, sera l'image de l'homme perverti, le père du carnage, le dépopulateur, l'incendiaire, l'exterminateur. On lui donne pour épouse Friga ou Freya, qu'on va appeler la Dame par excellence parce qu'on va en faire la complice de ses cruautés.
(2) Edouard GRIMARD dit dans les Bibles : « Chaque peuplade avait sa grande Prêtresse ; ces femmes jouaient un rôle plus ou moins semblable à la fameuse Voluspa des Scandinaves qui, avec une autorité que nul n'eût osé lui contester, dirigeait tout un collège de druidesses. Et tandis que les hommes, palpitants et terrifiés, tremblaient devant ces manifestations d'un monde inconnu, les femmes, plus hardies, exaltées par leur enthousiasme, prophétisaient sous certains chênes centenaires, considérés comme sacrés ».
(3) Les plus anciens écrits de tous les peuples ont été composés dans la forme poétique et chantés avant d'être récités simplement comme l'on parle. Dans les commencements, l'éloquence, la philosophie, l'histoire, sont confondues avec la poésie et la musique. C'est pour cela que les grandes révélatrices sont appelées des Muses.
(4) La fête de Noël était inconnue des premiers chrétiens.

Enseignement de la science
L'enseignement des Druidesses durait vingt ans, pendant lesquels les élèves apprenaient des chants sur l'Astrologie, la Théologie, la Physique.
« D'après César et Mêla (Livre III, chap. ll), les Druides communiquaient à leurs disciples l'enseignement des sciences, c'est-à-dire le mouvement des astres, la forme de la Terre, la grandeur de l'Univers, la nature des choses, la puissance et la volonté des Déesses.
« Les prêtres de ces temps-là faisaient usage des lettres grecques (1), mais ils auraient cru profaner la sainteté de leur doctrine et de leurs rites, s'ils eussent confié à l'écriture le dépôt sacré de leurs traditions. L'enseignement était oral, c'est-à-dire se faisait religieusement dans la forme où il fut établi.
« Ces poèmes n'ont pas pu être perdus, dit M. Lizeray, ils ont sans doute formé le fond des rapsodies et des légendes qui firent le tour du monde » (Christianisme primitif, p. 39).
(1) Parmi les noms collectifs donnés aux femmes, on trouve, dans les langues Scandinaves, le mot Queen, qui veut dire Reine et s'applique à la Femme en général. Changez le de Queen en G et vous arrivez à Gun, d'où Gunê qui signifie femme en grec. Il est donc bien vrai que de la langue celtique dérivent toutes les autres.

Réaction
Celui qui réforma la religion, c'est-à-dire l'altéra et changea le régime primitif, ce fut Sigge, guerrier cimmérien, qui prit le nom d'Odin et joua dans la mythologie Scandinave un rôle semblable à celui d'Hermès en Égypte. Il dénatura et il cacha. (Ce nom d'Odin a servi à faire Edom et Adonis.)
Les légendes Scandinaves, qui gardent le souvenir des anciennes luttes de sexes, rapportent ce propos des hommes révoltés : « Une sentence a été prononcée dans le verdoyant Manheim (nom de la Terre ou de la Scandinavie dans l'ancienne mythologie du Nord), une vieille malédiction sur ton sexe (celui de la Femme).
« La victoire n'est pas faite pour les faibles, elle n'est faite que pour ceux qui sont forts par la volonté, pour ceux qui combattent vaillamment ».
Il y eut donc chez les Celtes, comme partout, une violente persécution contre la femme, contre son autorité et contre la science. Ce sont ces persécutions qui sont symbolisées par des déluges. Elles sont toujours suivies d'une accalmie pendant laquelle on institue des Mystères pour cacher aux hommes la Vérité qui leur fait si peur.
M. Cailleux, qui voit, comme beaucoup d'autres, la Vérité retrouvée par les descendants des Celtes et revenant encore du Nord, conclut en nous disant :
« Si les nations brillent et s'éteignent, montent et descendent, si les empires apparus avec orgueil sont retombés avec fracas, tous ces coups de branle sont mesurés par une main secrète et toute-puissante pour pousser en avant le mouvement initial et consommer dans l'avenir le règne intellectuel de l'homme.
« Par l'impulsion irrésistible imprimée à sa nature dès l'origine, le Celte marche en tête du genre humain à la conquête de vérités nouvelles.
« Les nations celtiques, après avoir poussé en avant, dans les temps anciens, l'oeuvre civilisatrice du monde, après un repos temporaire, sont remontées au faite de la puissance pour donner au mouvement intellectuel un nouveau coup d'impulsion ».

ODIN
La révolution religieuse ayant été faite par une action collective, mais anonyme, des prêtres qui devaient en profiter, il arriva un moment où ils voulurent la compléter et la consacrer en la faisant remonter à un chef dont on fit un homme divin, un vénérable prophète, en même temps qu'un guerrier redouté. Ce fondateur légendaire, c'est Odin. On lui créa une légende, on lui inventa une biographie en même temps qu'on fixait la nouvelle croyance.

SA DOCTRINE
Un ancien historien de Norvège assure qu'il commandait aux Ases, peuple d'origine celtique, dont la patrie était située entre le Pont-Euxin et la Mer Caspienne. Pline, qui parle des Aséens, les place aux environs du mont Taurus (Fabre d'Olivet, Etat social). Strabon cite une ville nommée Asbourg qui paraît avoir été la capitale des Ases. Cette ville est appelée Asgard dans l'Edda. Le mot As signifiait un prince et même un Dieu dans la langue primitive des Celtes (de As-sour, noblesse, on fait As et Syr). Il signifie aussi Principe chez les Scandinaves, les Etrusques et les Vasques. Et comme cette Divinité primitive était le Principe (non divisé), la Déesse, le mot As servait à exprimer ce qui est premier et unique (de là l'as des cartes mis avant le roi et l'as des dés). C'est de ce mot ancien, très ancien, que dérive le nom donné à l'Asie et à la Femme, Asha ou Aïsha.
Quand survint la réaction brutale contre la femme, son nom divin As servit à exprimer la partie inférieure et postérieure du corps (d'où assis). On fait de Frighe (qui est un révolté) le roi des Ases (le roi des Déesses). Il révolutionna l'ancienne religion des Celtes, en changeant les noms connus des Divinités. A l'ancien Teutad, il substitua un Dieu suprême nouveau, qu'il appela Wôd ou Gôth, duquel toute la nation gothique reçut ensuite son nom (on le prononce God ou Goth dans les dialectes septentrionaux). Il s'est confondu avec le mot gut qui signifie bon et vient du mot gut qui, en celtique, signifie le gosier, le goût. God vient du Yod hébreu.
Etre gothique devait signifier alors être partisan de la réforme religieuse qui divinise le principe mâle. Du reste, ce nom signifie « le Père universel ». Mais des sectes se forment qui s'appellent des Wisigoths, des Ostrogoths. Frighe, prophète de ce Dieu nouveau, fut appelé Wodan, c'est-à-dire le Divin.
Ce législateur religieux est pour le Nord ce que Ram fut pour la Celtide et l'Inde, Zoroastre pour la Perse et Orphée pour la Grèce. Il mit hors du monde le Principe du mal, l'homme méchant, et lui laissa le nom de Locke (le renfermé, le ténébreux, le comprimé), qui joue le même rôle qu'Ahriman et fonda sur la valeur guerrière toutes les vertus. Il enseigna que les héros seulement jouissent de son paradis appelé le Walhalla, le palais de la valeur.
Voici comment il chante la gloire de la force brutale :
« Le Walhalla, ce séjour céleste de la valeur, est assez vaste pour contenir tous les héros que la gloire y amène. Quarante portes s'ouvrent pour donner entrée dans ce lieu magnifique. Huit héros peuvent sortir par chacune, suivis d'une foule de spectateurs, pour aller combattre. Car tous les jours, dès que l'animal qui fait briller une crête dorée a fait retentir de ses chants le séjour des dieux, les héros éveillés courent à leurs armes et se rangent à l'entour du Père des batailles. Ils entrent en lice et, dans des transports inexprimables de courage et de joie, se mettent en pièces les uns les autres. C'est leur noble amusement. Mais aussitôt que l'heure du repas approche, ils cessent le combat, oubliant leurs blessures, et retournent boire dans le palais de Wodan. Le nombre de ces guerriers ne peut jamais être assez grand pour que la chair du sanglier Serimner ne suffise pas pour les nourrir. Tous les matins on le cuit, et le soir il redevient entier. Quant à leur boisson, elle coule d'une source également immortelle. Les vases destinés à la contenir ne restent jamais vides. Les Walkyries en remplissent sans cesse des coupes, qu'elles présentent en souriant à ces héros. »
« On voit que, dans le Walhalla d'Odin, les Walkyries, c'est-à-dire celles qui cherchent les vaillants, remplacent les Houris du Paradis de Mahomet. Les unes et les autres sont imitées des Houramis de Zoroastre. Observez, comme une chose très singulière, que la racine de ce mot Houri, employé par les Persans et les Arabes, est celtique. On dit encore aujourd'hui Hora en gaélique, Whore en anglais, Hure dans tous les dialectes tudesques, etc. Il est vrai que le sens en est devenu très abject et qu'il exprime moins qu'une courtisane ; mais c'est un effet du changement des mœurs. Autrefois l'amour libre n'était pas condamné par le culte, au contraire. On voit que le mot sanscrit Dêvadasi, qui traduit le mot celtique Hora, ne signifie qu'une fille consacrée aux Dieux. Le grec ερως l’Amour, découle de la même source. Cette racine développe l'idée d'un principe créateur selon le système ionique ou phénicien » (Fabre d'Olivet, L'état social) (1).
Quand l'homme masculinise la religion, il met à côté de la Déesse Freya un homme, un Dieu mâle appelé Freyr et à qui on donne tous les attributs de la Femme. Quant à Freya, la Dame par excellence, celle qui était « la Maîtresse du Monde », elle n'est plus qu'une génératrice. On lui met dans une main la coupe de la volupté, dans l'autre le glaive qui voue à la mort. C'est elle qui a les attributs de l'homme, puisque l'homme a les attributs de la femme, et de son nom on fait venir le verbe frigan (pratiquer l'amour).
Gyne se rend en teuton par Frau, vrauw, et Frau a fait Freya. De Grave dit à ce sujet : « Plusieurs auteurs font dériver le nom de cette Divinité (Freya) du mot Vrydag, en allemand Freytag, en anglais Friday.
« Vrauw, frau, vient de Vrucht (fruit).
« La femme est le sexe productif du genre humain. L'enfant est le fruit du sein de la femme ; on dit d'une femme qui est grosse qu'elle est Bevrucht, qu'elle porte fruit, Vrauw (frugifère). »
(1) Nous avons déjà dit que de Houri, Hora, Eros, on avait fait héros, donnant une signification noble au mot masculin, alors qu'on donnait une signification abjecte au mot féminin qui en était la source et qui primitivement exprimait une supériorité.

SON NOM SYMBOLIQUE
Les deux sexes avaient été représentés dans l'ancienne tradition par des noms restés comme des symboles : Caïn et Habel, Jacob et Esaù. Ce dernier nom eut de multiples dérivés. Pendant qu'il devenait Hésus sur les bords de la Seine, ailleurs c'était l’Iduméen, « l'homme ». Puis, par le changement de voyelles, nous le retrouvons dans Adon, Edon, Odin, Othon, chez les Grecs Adonis et chez les Juifs Adonaï, et ces noms sont toujours donnés avec l'intention de masculiniser un personnage, c'est-à-dire comme une réaction contre une ancienne croyance. Donc, le grand révolutionnaire du Nord va être surnommé Odin (l'homme). Mais le nom qui précède ce surnom, c'est celui de la Déesse Friga masculinisé : Frighe, dont on fera le fils de Fridulphe. On nous dit qu'Odin était Celte ou Scythe d'origine, ainsi que son nom l'indique, et que ce nom vient d'une racine celtique qui développe l'idée de mettre en liberté ; le nom de Franc a la même racine, il indique aussi l'affranchissement de l'homme. Pour ces sectaires, le nom de Fridulphe signifie soutien de la paix.

SA BIOGRAPHIE
Il paraît que, dans sa jeunesse, il était attaché à la fortune de Mithridate et qu'il commanda ses armées. On le représente comme initié aux Mystères de Mithra. Il entreprend de dominer sur toutes les régions du nord de l'Europe, depuis la Russie jusqu'à la Gaule et l'Angleterre.
« Frighe, pour ne pas effaroucher les peuples qu'il voulait convaincre, s'arrêta avec ses compagnons en un lieu favorable à ses desseins et obtint la permission d'y bâtir une ville qu'il appela Asgard, du nom de son ancienne patrie ; c'est là que, déployant son art, un luxe nouveau, une pompe religieuse et guerrière, il attira à lui les peuples environnants, frappés de l'appareil et de l'éclat de ses cérémonies.
« Monarque et souverain Pontife, il se montrait à la fois à la tête de ses soldats et au pied des autels, dictant des lois en roi, annonçant ses dogmes en apôtre divin. Il agissait alors exactement comme Mahomet agit sept siècles après lui. » (Fabre d'Olivet)
Et Fabre d'Olivet, que nous continuons à citer, nous dit encore : « Odin, parti des rives du Tanaïs, s'était avancé jusqu'au sein de la Vandalie, aujourd'hui la Poméranie, soumettant à ses lois tous les peuples qui se trouvaient sur son passage ; sa renommée et sa puissance s'étaient accrues à chaque pas par le nombre de ses prosélytes et par celui de ses sujets.
« Déjà la Russie s'était soumise à ses lois et avait reçu Suarlami, l'aîné de ses fils, pour la gouverner. La Westphalie et la Saxe orientale avaient été données par lui à Baldeg et à Sigdeg, deux autres de ses fils. Il aurait ajouté la Franconie à ses conquêtes et l'aurait laissée en héritage à son quatrième fils Sighe.
« De là, prenant la route de la Scandinavie par la Chersonèse cimbrique, il passa dans la Fionie dont il s'empara. Cette contrée lui plut et il y bâtit la ville d'Odinsée qui conserve encore son nom.
« Le Danemark, qui se soumit entièrement à ses armes, reçut Sciold, son cinquième fils, en qualité de roi. Cette contrée, s'il faut en croire les annales islandaises, n'avait point encore eu de roi et commença dès lors à compter parmi les nations.
« Les successeurs de Sciold prirent le nom de Scioldungiens et régnèrent un assez long espace de temps.
« Enfin, Odin allait marcher sur la Suède pour en faire la conquête, lorsque Gylfe, roi de cette contrée, frappé d'étonnement au récit qu'il entendait, vint sous le nom du vieillard Gangler dans l'endroit où le Prince des Ases tenait sa cour.
L'auteur de l'Edda, qui raconte ce voyage, dit que Gylfe, après avoir interrogé trois ministres d'Odin, fut tellement frappé des choses admirables qu'il entendit, qu'il descendit du trône pour le lui céder. Cet événement met le comble à la gloire d'Odin. Yughe, son sixième fils, ayant pris la couronne de Suède, la transmit à ses descendants qui prirent le nom de Yugleingiens.
« Bientôt la Norvège imita l'exemple de la Suède et se soumit au dernier fils d'Odin, appelé Soemunghe.
« Odin établit à Sigtuna, la ville de la victoire, aujourd'hui Stockholm, un conseil suprême composé de douze pontifes qu'il, chargea de veiller à la sûreté publique, de rendre la justice au peuple et de conserver fidèlement le dépôt des connaissances religieuses. »
Il y avait 12 dieux. Odin était leur chef ; à lui seul, il avait 126 attributs ; Thor, son fils, est le dieu de la foudre. Tel est le culte phallique et grossier qui va régner dans les nations gothiques.
Ce culte est l'expression de l'instinct masculin le plus bas ; c'est une bravade, une suprême injure à l'Esprit féminin. Il eut un succès prodigieux ; cependant, on ne nous dit pas la résistance des peuples encore droits ; on ne nous dit que le succès du Mal. C'est l'opposition complète au dogme de l'Esprit. Il ne glorifie que la force que les féministes représentent par la couleur noire.
Le nom de la Norme Scalda, qui avait fait Scandinave, désigne le dieu de la guerre. Ce nom venait de Scaldis, fleuve de la Belgique, aujourd'hui l'Escaut.
De Bel-isa-ma, surnom de Vénus, on fait Balder. Du reste, on nous dit que Frighe était sectateur de Zoroastre, c'est-à-dire ennemi des Déesses, franchement masculiniste, destiné à combattre l'ancien régime féministe ; il prend le nom des Ases (chefs), qui était celui des anciennes Divinités théogoniques. Le dieu nouveau n'a plus la même signification. Goth, c'est l'homme, dans son sexe, sans détours et cyniquement avoué.
L'évolution religieuse en Scandinavie est la même que dans tous les autres pays : à la puissance féminine succède la puissance masculine, à la Divinité féminine la Divinité masculine.
A la Déesse Eostra succède Odin, et alors la femme souffre, se lamente ; le mal l'accable.
« Un cœur dur m'a mis Odin dans la poitrine », dit une vieille Saga scandinave. Cet Odin s'appelle d'abord Wodin. On en fait le Père universel quand on renverse la Mère ; alors il s'appelle Allfadur (Père de Tout).
Les Scandinaves qui portaient alors le nom de Cimbres, ennemis implacables des Romains, reçurent Odin comme un allié. Pour se rendre populaire, il exalta la valeur guerrière des Cimbres. Cet ambitieux voulut prendre la domination de tout le Nord, la moitié de l'Europe, promise à ses dieux et à ses armes.
Dans l’Edda, les farouches Danois, Norvégiens et Bretons, les féroces Vikings qui suivent Ram, sont de hardis brigands qui jettent l'effroi dans toute l'Europe et ne s'arrêtent qu'à Constantinople. Ils abordent aux rivages d'Islande et de Farôer (Îles Féroé) ; une partie de cette nation, les Northmanns, vint se fixer vers les 9ème et 10ème siècles dans la Normandie et changea la face politique de la France.
Les chronologistes septentrionaux placent la révolution religieuse d'Odin 60 ans avant l'ère chrétienne. Mais elle ne fut pas aussi brillante que le dit l'Edda. Celui qui a révisé ce livre s'est appliqué à nous représenter Odin comme un homme divin ; il lui donne tous les mérites et toutes les gloires, lui fait conquérir tous les pays du Nord, qui, jusque-là, n'avaient pas été soumis à l'homme. Il est le premier roi mâle, donc il vient renverser un régime antérieur qui n'avait pas connu ce système de gouvernement.
Fabre d'Olivet dit : « Les débris historiques parvenus jusqu'à nous représentent Odin comme le plus persuasif des hommes. Rien, disent les chroniques islandaises, ne pouvait résister à la force de ses discours, dans lesquels il mêlait souvent des vers composés sur le champ. Eloquent dans les temples, où son air vénérable lui gagnait tous les cœurs, il était au milieu des batailles le plus impétueux et le plus intrépide des guerriers. Sa valeur, chantée par les Bardes, ses disciples, a été transformée par eux en une vertu surnaturelle. Ils ont, par la suite du temps, renfermé dans son histoire particulière tout ce qui appartenait à l'histoire générale de la race boréenne, à cause de Bore, qu'il s'était donné pour ancêtre.
Non content de le confondre avec Wôd (God), le Dieu suprême qu'il annonçait, ils l'ont encore confondu avec l'ancien Teutad et lui ont attribué tous les chants de la Voluspa. Les poésies islandaises qui subsistent encore le représentent comme un Dieu maître des éléments, disposant à son gré des vents et des orages, parcourant l'Univers en un clin d'œil, prenant toutes les formes, ressuscitant les morts et prédisant l'avenir.
Il savait, d'après les mêmes récits, chanter des airs si mélodieux et si tendres que les plaines se couvraient de nouvelles fleurs, les collines tressaillaient de plaisir, et les ombres, attirées par la douceur de ses accords, sortaient des abîmes et demeuraient immobiles autour de lui. » (Etat Social)
Voilà les exagérations de l'imagination des hommes, qui ne connaît plus de bornes quand il s'agit de glorifier le sexe masculin. C'est la même façon de s'exprimer que l'on trouve dans le Râmâyana qui chante le Ram hindou, dans les hymnes orphiques qui glorifient l'homme en Grèce.
Devenu ainsi immense et universel, l'homme préside à la division du temps ; il remplace le soleil, c'est lui qui féconde la terre appelée Rinda, d'où naît Vali, la végétation. Ce Vali représente le printemps.
Odin a une épée invisible, il est la Force. On met dans sa légende toutes les actions glorieuses de la Déesse. C'est lui qui tue le géant Ymer (l'homme grand et fort, adversaire de la femme) ; c'est lui qui forme la terre avec ses membres, imitation de l'image primitive qui montrait la Mère peuplant la terre avec ses enfants ; c'est lui qui noie dans son sang les autres géants, allégorie du sang de la femme versé par l'homme dans les luttes de sexes.
Les Finlandais donnent à leur Divinité mâle le nom d'Ukko, qui signifie le vieillard, « celui qui existe depuis longtemps », expression qui nous prouve que là comme en Grèce, comme partout, on reprochait aux Dieux mâles d'être des « Dieux nouveaux » et on répondait en les montrant comme très anciens. C'est pour se libérer de la tutelle morale de la Femme, de l'autorité maternelle et de la contrainte religieuse, que les hommes aspirent à la liberté et prennent le nom d'hommes libres, « Free-sons », d'où Frisons.

LES LÉGENDES CONCERNANT LA RÉVOLTE DE L’HOMME
Nous retrouvons chez les Scandinaves la légende des démons, les hommes méchants, sous la forme des Elfes noirs (les mauvais esprits), rois des enfers. Ce sont des espèces de Vulcains célèbres par leur habileté à travailler les métaux. Quoique méchants, ces hommes sont les fondateurs de l'industrie. L'homme révolté contre la Femme, c'est Loki, le démon scandinave. Il est rusé et méchant, c'est le père du mensonge, le serpent immense qui entoure la terre. La Femme Divine meurt percée d'une flèche que lui lance Loki ; les Déesses (1) et toute la Nature furent plongées dans le deuil après ce meurtre.
La religion masculine, héritant de toutes les légendes antérieures, les appliqua aux idées nouvelles, C'est ainsi que cette persécution et cette mort furent attribuées à un Dieu nouveau, Balder, une sorte d'Apollon du Nord, appelé « le plus beau des Dieux ». C'est lui qui est victime du grand serpent, puisque c'est lui qui représente la Déesse.
C'est l'histoire d'Adonaï, qui, du reste, copiait celle d'Osiris. Toutes ces fables semblent avoir leur germe dans le Livre des Morts des Egyptiens. Le sexe de la victime seul a changé. Au fond, c'est toujours le drame des Caïnites tuant les Habélites ; le sujet reste le même ; il se retrouve partout parce qu'il indique un fait universel : la révolte contre l'Esprit féminin, la lutte contre l'autorité morale de la Femme, par l'homme inférieur. Loki, le grand serpent, a été lui-même enchaîné par les Ases (les passions), et il le restera jusqu'à la fin du monde. En brisant ses liens (son alliance primitive avec la Femme), il enveloppe tout dans une ruine commune.
Une autre légende scandinave nous montre la Femme vaincue dans Héla descendant dans l'empire des ombres (le monde de la domination masculine). C'est un lieu souterrain où les femmes attendent la résurrection et les hommes le Jugement dernier, c'est-à-dire le jugement de la Femme, le jour de son assomption qui doit fatalement arriver. Les Elfes, génies féminins, sont des anges vaincus, ou déchus, mais qui ne sont pas tombés jusqu'aux enfers, c'est-à-dire qui ne subissent pas le tourment moral des hommes pervertis. Les femmes, en effet, perdent leur rang dans la société, mais ne perdent pas leurs qualités naturelles, ni la sérénité qui en est la conséquence. Elles n'ont que des souffrances sociales des humiliations.
La femme, sans moyens de défense, sans armes pour la lutte contre l'homme, imagine pour l'arrêter dans le mal de saintes ruses, des menaces pour agir sur son esprit faible. Ainsi les Scandinaves font des Walkyries des messagères de mort qui frappent les guerriers dans la mêlée, fable qui semble inventée pour empêcher les hommes de se battre.
(1) Dans la seconde forme du Mystère (l'imitation masculine), c'est le dieu Balder qui est tué par Loki ou Loke qui le blesse mortellement avec une branche de gui, symbole de l'hiver pendant lequel il fleurit.

LE BANNISSEMENT
Dans l'ancienne loi scandinave, le bannissement forçait les jeunes hommes à aller chercher fortune hors du pays de leur Mère. Ces bannis se répandaient sur l'Europe. Ils allaient vers l'inconnu avec, pour seul souvenir de leur Matrie, quelques runes gravées sur l'estambot de leur navire.
Ils portaient la peine de toutes les misères paternelles ; ils erraient comme des loups ; eux-mêmes s'appelaient loups.
Dans la Wolsunga-Saga, des héros bannis prennent la forme de loups. Ces héros sont la postérité humaine d'Odin, dit-on ; ce nom a dû servir longtemps à désigner les révoltés de la Matrie.
Dans la légende de sainte Geneviève, nous le retrouvons devenu saint Loup.

À suivre : ISLAMISME, ISMAÉLIENS, ARABES ET TOUAREG