Au commencement était la Forêt.
Là où elle s'arrêtait, il y avait la mort.
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« La forêt. Sans doute eût-il fallu commencer par là le voyage. Comme la femme qui abrite en son ventre puis met au monde l'enfant, la forêt demeure gardienne des germes de vie. Toutes deux sont des matrices qui permettent à l'homme de naître et aussi de renaître. La forêt est non seulement un réservoir de vies sauvages mais un lieu propice aux initiations, à la retraite des méditants. Elle ouvre l'esprit de même qu'elle protège le corps des intempéries et le nourrit de baies et de racines. »
(Jacqueline Kelen, L'éternel masculin)
La pieuse forêt se dresse comme la première cathédrale élevée à la gloire du Seigneur. Chaque feuille est un autel où se consacre le mystère sacré de la vie. Les miracles les plus grands, les révélations les plus sublimes sont contenus dans la forêt vierge. Ne nous enseigne t-elle pas l'inanité trompeuse des apparences ? En elle la mort n'apparait que comme une transformation passagère de la vie. Ces arbres dépouillés par l'hiver ne porteront-ils pas demain des fleurs et des fruits nouveaux ? Et lorsqu'ils périront sous la hache cruelle, d'autres arbres renaîtront de la terre où ils sont tombés, tandis que leur force instinctive s'épanouira supérieurement transformée en riche sang humain dans les veines de ceux qu'auront délectés leurs fruits, dans l'esprit de ceux qu'auront enivrés leurs fleurs.
« La puissance végétale a pour force spéciale le Feu éléctrique polarisé, agissant à la fois dans l'Air et dans la Terre humide. Si l'on regarde, et si l'on photographie une étincelle électrique, on verra qu'elle affecte la forme d'une arborescence typique, se référant aussi bien au monde végétal qu'à l'arbre circulatoire sanguin et pulmonaire des animaux supérieurs. »
(Saint-Yves d'Alveydre, L'Archéomètre)
« Les hommes, comme les plantes, ont leurs époques de germination, de croissance, de maturité et de déclin, et les races ne font pas exception à cette loi universelle de changement. Seulement elles se meuvent dans de plus grands cycles. Leur maximum de civilisation correspond à la saison des fleurs du règne végétal ; puis elles viennent à graine et déclinent. Mais dans le sol même de la race s’amasse la précieuse semence qui provient des fleurs, et qui, gisant endormie, attend les conditions magnétiques et spirituelles nécessaires à son glorieux épanouissement. »
(Henry Burgoyne, La lumière d'Egypte ou la science des astres et de l'âme)
« pour les hommes des temps primordiaux, l’initiation aurait été inutile et même inconcevable, puisque le développement spirituel, à tous ses degrés, s’accomplissait chez eux d’une façon toute naturelle et spontanée, en raison de la proximité où ils étaient à l’égard du Principe ; mais, par suite de la « descente » qui s’est effectuée depuis lors, conformément au processus inévitable de toute manifestation cosmique, les conditions de la période cyclique où nous nous trouvons actuellement sont tout autres que celles-là, et c’est pourquoi la restauration des possibilités de l’état primordial est le premier des buts que se propose l’initiation. C’est donc en tenant compte de ces conditions, telles qu’elles sont en fait, que nous devons affirmer la nécessité du rattachement initiatique, et non pas, d’une façon générale et sans aucune restriction, par rapport aux conditions de n’importe quelle époque ou, à plus forte raison encore, de n’importe quel monde. À cet égard, nous appellerons plus spécialement l’attention sur ce que nous avons déjà dit ailleurs de la possibilité que des êtres vivants naissent d’eux-mêmes et sans parents ; cette « génération spontanée » est en effet une possibilité de principe, et l’on peut fort bien concevoir un monde où il en serait effectivement ainsi ; mais pourtant ce n’est pas une possibilité de fait dans notre monde, ou du moins, plus précisément, dans l’état actuel de celui-ci ; il en est de même pour l’obtention de certains états spirituels, qui d’ailleurs est bien aussi une « naissance », et cette comparaison nous paraît être à la fois la plus exacte et celle qui peut le mieux aider à faire comprendre ce dont il s’agit. Dans le même ordre d’idées, nous pouvons encore dire ceci : dans l’état présent de notre monde, la terre ne peut pas produire une plante d’elle-même et spontanément, et sans qu’on y ait déposé une graine qui doit nécessairement provenir d’une autre plante préexistante ; il a pourtant bien fallu qu’il en ait été ainsi en un certain temps, sans quoi rien n’aurait jamais pu commencer, mais cette possibilité n’est plus de celles qui sont susceptibles de se manifester actuellement. Signalons, sans pouvoir y insister présentement, que ceci n’est pas sans rapport avec le symbolisme du grain de blé dans les mystères d’Éleusis, non plus que, dans la Maçonnerie, avec le mot de passe du grade de Compagnon ; l’application initiatique est d’ailleurs évidemment en relation étroite avec l’idée de « postérité spirituelle ». Il n’est peut-être pas sans intérêt de noter aussi, à ce propos, que le mot « néophyte » signifie littéralement « nouvelle plante ». »
(R. Guénon, Initiation et Realisation Spirituelle)
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Dans les Mystères de Jérusalem, on enseigne un chapitre de la science secrète, celui qui se rapporte à la Genèse primitive, l'origine végétale.
On montre le Soleil générant l'Arbre de vie qui évolue vers le genre humain, lequel se reproduira, plus tard, par génération sexuelle.
La génération s'explique par un symbole : la quadrature du cercle. Les deux sexes sont représentés par deux triangles, qui unis forment un cube ; c'est en réunissant les deux sexes (les deux triangles) qu'on réalise la quadrature du cercle, figure qui représente la génération sexué.
Le Tau (qui devint la croix) représentait d'abord l’Arbre de vie, le grand secret de l'origine de l'homme trouvée par une femme, la grande Myriam-Hathor, qui avait été tant persécutée et trahie à cause de cette découverte dont on gardait le souvenir dans les Mystères de Jérusalem.
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LE BOIS SACRÉ
À côté des Temples des déesses existait un Bois sacré.
C'est que l'enseignement de la Cosmologie donné dans le Temple était complété par un enseignement des sciences naturelles donné dans le Bois sacré.
Ce Bois est sacré parce qu'on y enseigne l'origine végétale de l'homme et les lois de son évolution, et, pour démontrer ces idées abstraites, on montre à l'étudiant l'Arbre de vie, conservé avec soin, jamais mutilé, afin de pouvoir observer en lui les phases de l'évolution qu'il traverse et qui sont fidèlement reproduites par l'embryon qui se forme dans l'utérus maternel en repassant par les étapes de la vie végétale.
Des nymphes appelées Hamadryades avaient la garde des arbres et empêchaient de les couper. On disait qu'elles naissaient et mouraient avec l'arbre dont la garde leur était confiée.
Le culte de l'Arbre est resté dans toutes les traditions, mais on n'en comprend plus la haute portée philosophique. L'arbre révèle les puissances de la Nature. L'homme était arbre avant d'être devenu homme.
On dit l'Arbre de la science parce qu'il contient en lui tout le mystère de l'évolution et des lois biologiques. Qui connaît ces lois possède la science.
Les familles des castes supérieures avaient leur arbre sacré qu'on soignait religieusement. De là est venue cette expression : l'Arbre généalogique.
Les Hindous avaient édicté des peines sévères contre ceux qui endommageaient les arbres.
Les Athéniens punissaient de mort quiconque osait couper des branches aux arbres des Bois sacrés ou des cimetières.
L'histoire de la Genèse étant ce qu'il y a de plus universellement répandu, il faut, pour rectifier les erreurs qu'elle contient, expliquer la vérité dans la langue comprise de tous. Cependant, l'entreprise est difficile. L'origine de l'homme étant au début de toutes les connaissances, c'est l'origine de l'homme qu'il faut d'abord généraliser.
Et comment vulgariser une étude qui est la science la plus élevée, la plus abstraite, qui repose sur des faits que l'étude approfondie des sciences naturelles seule fait connaître ? Essayons cependant de vaincre cette difficulté et de tout expliquer en supprimant les termes scientifiques, tâchons de simplifier les faits et de les présenter à l'esprit sous la forme la plus saisissante.
Et que les savants plus ou moins pédants ne nous accusent pas de ne faire que de la littérature scientifique : c'est voulu.
Cependant, plusieurs résumés « savants », provenant directement de l’ouvrage « L'origine des animaux, histoire du développement primitif : nouvelle théorie de l'évolution réfutant par l'anatomie celle de M. Darwin » reprendront les grandes étapes de l’évolution humaine à l’issue de cette première description.
À côté des Temples des déesses existait un Bois sacré.
C'est que l'enseignement de la Cosmologie donné dans le Temple était complété par un enseignement des sciences naturelles donné dans le Bois sacré.
Ce Bois est sacré parce qu'on y enseigne l'origine végétale de l'homme et les lois de son évolution, et, pour démontrer ces idées abstraites, on montre à l'étudiant l'Arbre de vie, conservé avec soin, jamais mutilé, afin de pouvoir observer en lui les phases de l'évolution qu'il traverse et qui sont fidèlement reproduites par l'embryon qui se forme dans l'utérus maternel en repassant par les étapes de la vie végétale.
Des nymphes appelées Hamadryades avaient la garde des arbres et empêchaient de les couper. On disait qu'elles naissaient et mouraient avec l'arbre dont la garde leur était confiée.
Le culte de l'Arbre est resté dans toutes les traditions, mais on n'en comprend plus la haute portée philosophique. L'arbre révèle les puissances de la Nature. L'homme était arbre avant d'être devenu homme.
On dit l'Arbre de la science parce qu'il contient en lui tout le mystère de l'évolution et des lois biologiques. Qui connaît ces lois possède la science.
Les familles des castes supérieures avaient leur arbre sacré qu'on soignait religieusement. De là est venue cette expression : l'Arbre généalogique.
Les Hindous avaient édicté des peines sévères contre ceux qui endommageaient les arbres.
Les Athéniens punissaient de mort quiconque osait couper des branches aux arbres des Bois sacrés ou des cimetières.
Toutes les races sont autochtones.
La terre ne s'est pas peuplée par des émigrations, il n'y a pas eu d'homme primitif créé par la volonté d'un Dieu Créateur dans un endroit donné.
L'humanité est sortie de la terre végétale, par voie d'évolution, dans tous les pays en même temps.
La race blanche habitait l'hémisphère boréal parce que c'est là qu'elle était sortie de la végétation boréale qui avait été son état embryonnaire.
Une race noire, plus ancienne, était sortie de la végétation tropicale d'Afrique et d'une partie de l'Asie.
La race rouge, moins connue, s'était développée sur les hautes montagnes de l'Amérique du Nord. Cette race avait possédé l'hémisphère occidental, pendant que la race jaune possédait l'oriental.
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Et comment vulgariser une étude qui est la science la plus élevée, la plus abstraite, qui repose sur des faits que l'étude approfondie des sciences naturelles seule fait connaître ? Essayons cependant de vaincre cette difficulté et de tout expliquer en supprimant les termes scientifiques, tâchons de simplifier les faits et de les présenter à l'esprit sous la forme la plus saisissante.
Et que les savants plus ou moins pédants ne nous accusent pas de ne faire que de la littérature scientifique : c'est voulu.
Cependant, plusieurs résumés « savants », provenant directement de l’ouvrage « L'origine des animaux, histoire du développement primitif : nouvelle théorie de l'évolution réfutant par l'anatomie celle de M. Darwin » reprendront les grandes étapes de l’évolution humaine à l’issue de cette première description.
τ . T . ✝
PRÉAMBULE : APPARITION DES ÊTRES ORGANISÉS ET ORIGINE DES SEXES D'APRÈS LES LIVRES SACRÉS HINDOUS
L'origine végétale de l'homme et des animaux aériens est affirmée dans toutes les Écritures de l'antiquité. Mais nous n'avons pas pu les consulter toutes, ni, surtout, rectifier les mauvaises traductions qui dénaturent les idées primitives. C'est par les traditions populaires que nous retrouvons surtout la science des premiers âges, quoique la forme merveilleuse ou miraculeuse que les prêtres lui ont donnée, plus tard, la rendent presque toujours extravagante.
Mais, si la forme est dénaturée ou exagérée par l'inventive imagination des hommes, le fond reste presque toujours vrai.
Voici ce que les traditions populaires de l'Inde nous disent de nos ancêtres primitifs.
Dans le Vishnou-Pôurâna, qui n'est qu'une réminiscence de la science lointaine des Hindous, la création des êtres organisés a sept manifestations.
Cela pourrait signifier qu'il y a eu sept créations réalisées sur des continents disparus (1).
Cependant, la description des sept créations nous montre plutôt des stades de notre vie phylogénique que des créations distinctes. A moins que par « création » on entende apparition des espèces.
La première création, l'auto-évolution primordiale de Mahâtattwa, l'âme universelle, est l'effet naturel d'une cause éternelle agissant activement. L'âme suprême, la substance omnipénétrante du monde (Sarvaga), étant entrée dans la matière (Prakriti) et dans l'esprit (Purusha), agita les principes changeants et immuables.
La seconde création, Bhûta, est celle des principes rudimentaires. On l'appelle « la création élémentale ». Bhûtâdi signifie « l'origine des éléments ».
Dans le Vishnou-Pourâna, c'est « la sensation d'être soi ».
La troisième création est la création organique ou création des sens.
Les trois premières créations s'occupent des développements de la nature indistincte, c'est la vie végétale.
La création fondamentale est celle des corps inanimés (les plantes sur terre, les mollusques dans l'eau).
« Les choses immobiles sont avant tout considérées comme primaires », dit Hall dans son commentaire.
« A la fin du dernier Kalpa, Brahma se réveilla après une nuit de sommeil et vit l'univers vide ».
(Brahma, c'est la radiation solaire de l'astre qui vient de s'éveiller, c'est-à-dire d'entrer en incandescence).
On nous montre alors Brahma recommençant une fois de plus les « sept créations » dans la seconde phase de l'évolution et renouvelant les trois premières sur le plan objectif.
Il y avait donc eu des créations antérieures, dues à l'action fécondante d'autres soleils que celui qui brille actuellement et qui commença sa vie active quand la terre, sa sœur cadette dans l'évolution des astres, avait déjà reçu la radiation féconde d'autres astres aujourd'hui disparus.
La quatrième création s'appelle Mukhya. C'est la vie végétale qui recommence.
Wilson, dans sa traduction, la représente faite de corps « inanimés », de choses sans mouvement, et il dit : « Tous les systèmes hindous considèrent les végétaux comme doués de vie ». Qui donc en doute ?
Durant cette période, les trois degrés des royaumes élémentals ou rudimentaires sont évolués. C'est dans cette période que se développe, ou plutôt se complète, la force nerveuse (2).
La cinquième création est celle des animaux sacrés, des bêtes muettes. Cette création précède celle de l'homme. C'est le réveil de la perception pour le végétal-humain, qui, à ce moment, a une existence qui n'est ni celle de la plante, ni celle de l'animal, mais qui tient des deux.
C'est durant cette période que se manifeste le « Grand Souffle » qui engendre le mouvement universel.
La sixième création, ou création Tairyagyonya, fut celle des animaux. On l'appelle création Urdhwasrotas, celle des prototypes « avec des os tendres », première race-mère des hommes.
La septième création montre l'évolution des êtres Arvâkirotas, qui est celle de l'homme-enfant, « l'homme de terre », rampant couché sur la terre comme l'enfant à sa naissance.
Une huitième création est la perception de nos relations avec le monde extérieur.
Ces premiers êtres ont une existence extrêmement longue. « Ces sages vivent aussi longtemps que Brahma », dit le Vishnou-Pourâna.
Il faut considérer le mot création comme indiquant les phases de l'évolution humaine qui se déroulent lentement en passant de la vie végétale à la vie animale, et cela pendant que les êtres qui lui sont inférieurs arrivent successivement à la vie animale.
Mme Blavatsky dit de l'arbre-ancêtre :
« Au commencement de leur existence, en qualité de glyphe de l'Etre immortel, l'arbre était renversé, ses racines prenaient naissance dans le ciel et émanaient de la Racine sans racine, de l'Etre intégral. Son tronc grandit et se développa, il projeta en tous sens ses branches luxuriantes. C'est pourquoi l'arbre Ashwattha de la vie et de l'être est décrit dans la Bhagavad-Gîtâ comme poussant avec les racines en haut et les branches en bas (chapitre XV).
« Ce n'est que lorsque ses branches pures eurent touché la boue terrestre du jardin d'Eden de notre race Adamique, que cet arbre fut souillé par ce contact et perdit sa pureté primitive » (La Doctrine Secrète, T. II, p. 129).
Ceci est du symbolisme fondé sur une idée mal comprise : le renversement. Mais il est curieux de constater que les auteurs des livres sacrés de l'Inde savaient que l'homme a une origine végétale et que, dans son développement primitif, l'arbre-ancêtre occupe sur la terre une station qui nous semble renversée, puisqu'il a l'extrémité céphalique en bas, l'extrémité caudale en haut.
En réalité, c'est l'homme qui s'est renversé lorsque, passant de la vie rampante de l'homme-enfant à une vie nouvelle, il se mit debout sur ses jambes.
Les premiers êtres créés par la Nature sont appelés Anapudaka, sans parents ou sans progéniteurs.
Dans le Vishnou-Pourâna (chap. V), livre relativement moderne, on trouve le souvenir d'une origine végétale, mêlé à des croyances plus récentes. C'est au lecteur à dégager la vérité de l'erreur. Voici ce qui y est dit :
Première création :
« La création plongée dans l'abstraction fut le monde quintuple (des êtres cinq fois plus grands) incapable de mouvement, sans intelligence ni réflexion, privé de perception ou de sensation, incapable de sentiment et dépourvu de notion. (C'est la vie végétale).
« Brahma considérant que cette première création était défectueuse, la création animale se manifesta.
« En voyant cette création qui était aussi imparfaite, Brahma médita et une troisième création parut. Les êtres ainsi produits étaient capables de recevoir du plaisir.
« Une quatrième création fit jaillir des êtres possédant en abondance la lumière de la science, affligés du mal et poussés à agir. Ces créatures ont la connaissance intérieure et extérieure et sont les instruments pour accomplir l'objet de la création (la reproduction) ».
Plus loin, il est reparlé de six créations :
Celle des principes rudimentaires, appelée création élémentaire (Tanmâtras, les espèces inférieures).
3° Celle de la forme modifiée de l'être, appelée Création organique des sens.
4° Celle des corps inanimés (les végétaux).
5° Celle des animaux.
6° Celle des Divinités.
Le Lotus est l'emblème de la création naturelle, produisant les plantes d'abord et ensuite les animaux, les uns procédant des autres.
Cette Fleur Divine a reçu le nom de Mère des Dieux et des hommes. Elle est dite « bien-aimée de Vishnou ».
Le professeur Dieterich de Heidelberg, parlant des coutumes populaires, a soutenu que les hommes ont vu à l'origine, dans la Terre, la mère de tous les vivants, la mère des hommes qui en viennent et qui y retournent.
Origine des sexes :
Ici encore, une multitude de traditions servent à perpétuer les connaissances primitives dénaturées.
L'arbre primitivement hermaphrodite, Virâj, se sépare en deux et se recrée dans une de ses moitiés, dit la légende. C'est-à-dire que l'arbre monoïque devient dioïque. Cette moitié séparée est la femelle Vâsh ou Vish, qui va devenir créatrice de l'enfant.
Le nom de Vishnou vient de cette racine Vish (qui veut dire pénétrer).
La moitié masculine est Fohat, « celui qui pénètre ». On compare Fohat à l'énergie solaire vibrant dans le sein de la matière inerte, il la pousse à l'activité et dirige ses premières différenciations : c'est la fécondation.
Le grand attribut du principe de vie est de répandre, de s'épandre, de pénétrer, et celui de la matière universelle est de réunir, de collecter, de recevoir. Inconscients et non-existants lorsqu'ils sont séparés, ces deux principes actif et passif deviennent vie et conscience par leur réunion.
Ceci est tout à fait conforme à la science des sexes que nous expliquons à l'article « La Vie ». Le mâle donne le principe de vie, la radiation nerveuse identique à la radiation solaire ; la femelle donne le principe sanguin : la matière sans vie. Elle reçoit l'impulsion vitale du mâle dans la conjonction des sexes.
Une multitude de traditions populaires ont conservé aux Indes l'histoire de nos ancêtres primitifs.
L'une d'elles nous dit que, dans un séjour de bonheur et de calme appelé Chorian, croissait l'arbre de vie, Hom, ou Haom.
Ailleurs, on nous dit que sur le mont Mérou s'élevaient deux arbres représentant les hommes primitifs. Mais le premier arbre est hermaphrodite. Cet être embryonnaire vivant encore dans sa formé végétale, c'est le Yadjour-Véda blanc. Voici ce qu'en dit la légende :
« Lui ne goûtait aucun plaisir, de même que l'homme ne se réjouit pas quand il est seul. Il désira l'existence d'un autre et tout à coup il devint double, mâle et femelle ».
Adima et Héva se trouvent dans les Védas et représentent l'humanité primitive. Leur paradis est la délicieuse île Taprobane (Ceylan). Il leur était défendu de quitter leur paradis (c'est-à-dire leur pureté). Cette défense fut enfreinte à l'instigation d'Adima (non pas de Héva). Ils ne purent rentrer dans l'île (dans leur innocence) et furent condamnés à travailler, à lutter, mais ils reçurent la promesse d'une rédemption.
D'autre part, la légende raconte que :
« Le grand Esprit, s'étant posé sur un cotonnier, détacha de l'arbre quelques écorces qu'il laissa tomber dans un ruisseau et qui, par le contact de l'eau courante, se trouvèrent douées de mouvement et prirent la forme de tous les animaux.
« L'homme fut le dernier des êtres ainsi créés ; aussitôt qu'il parut, le grand Esprit le plongea dans un profond sommeil, et l'homme en s'éveillant trouva la femme à son côté ».
Ce récit qui, dans la forme que nous venons de citer, est absurde, n'en est pas moins l'affirmation de l'origine végétale.
Le grand sommeil, c'est la vie végétative.
Nous lisons dans les Védas :
« C'est ainsi que Brahma a établi, du végétal à l'homme et de l'homme à l'essence primordiale (la femme dernière apparue), la série des transmutations (c'est-à-dire des mutations ontologiques). Le monde périssable se renouvelle et se transforme sans cesse par la destruction.
« Lorsque le Brahmane jette, selon le mode prescrit, le beurre clarifié dans le feu des sacrifices, l'eau qui y est contenue à l'état de vapeur s'élève vers le soleil, du soleil elle redescend en pluie, de la pluie naissent les végétaux et des végétaux les créatures animés.
« Chacun des êtres créés acquiert la qualité de celui qui le précède, de sorte que plus un être est éloigné dans la série et plus il a de qualités ».
Le Karma, c'est l'atavisme, la somme de tous les actes du passé nerveux.
(1) la philosophie ésotérique enseigne qu'après le premier trouble géologique qui se produisit dans l'axe de la terre, trouble qui se termina par l'écroulement au fond des mers du second continent tout entier, avec ses races primordiales, continents ou « terres » successifs, dont l'Atlantide était le quatrième, un autre trouble se produisit qui fut dû à ce que l'axe reprit son ancien degré d'inclinaison, aussi vite qu'il l'avait modifié, lorsque la Terre fut effectivement tirée des eaux, en haut.
(2) Voir l'histoire du système nerveux ci-après. Les nerfs sensitifs commencent au début de la vie embryonnaire qui reproduit la vie végétale ancestrale, les nerfs moteurs commencent après trois mois et demi de développement. Ce sont eux qui complètent le système nerveux.
✰
L'ORIGINE
VÉGÉTALE DE L'HOMME
COMMENT
IL ENTRE DANS LA VIE ANIMALE
L'ENFANCE DE L'HUMANITÉ
SES CARACTÈRES ANATOMIQUES, PHYSIOLOGIQUES ET PSYCHIQUES
L'ENFANCE DE L'HUMANITÉ
SES CARACTÈRES ANATOMIQUES, PHYSIOLOGIQUES ET PSYCHIQUES
Nous
allons, dans ce qui va suivre, faire entendre les échos du passé depuis
longtemps silencieux.
Le Monde
primitif, c'est le monde inconnu, celui que ni la science ni l'histoire ne nous
avaient révélé jusqu'ici. Si nous avons pu en pénétrer les mystères, c'est
parce que les véritables lois de l'évolution des êtres organisés que nous avons
exposées précédemment, à l'article La Vie, nous ont permis de faire remonter l'histoire
humaine jusqu'à ses origines. Cette méthode d'enchaînement est indispensable
pour comprendre les phénomènes de la vie humaine, qui sont une suite continue,
dans laquelle tout se lie à travers les âges.
Pour
connaître les manifestations psychiques de l'homme, il faut connaître
l'évolution physiologique qui leur sert de base.
Or, pour
connaître l'évolution physiologique, il faut connaître l'origine lointaine de
l'humanité.
PREMIÈRE
ÉPOQUE - NOTRE ORIGINE
Toutes
les questions qui agitent l'esprit humain depuis longtemps, se heurtent à
des mystères qu'aucune science jusqu'ici n'avait pu expliquer : c'est que
l'ordre dans les opérations intellectuelles est ce qui manque le plus. On
constate des faits, mais on ne sait pas les classer. C'est ce classement qui
est la science suprême, la Mathèse qui, seule, donne des résultats certains.
C'est en remontant aux origines qu'on comprend les phénomènes actuels et leur
devenir.
Or, qu’a
été à l'origine l'homme qui pense ?
Il a été
l'Homme-enfant.
Mais
qu'est-ce que l'Homme-enfant ?
Est-ce le primate ou le sauvage, que le darwinisme (et même le néodarwinisme) met avant l'homme qu'on appelle civilisé ?
Oh ! que
non. Ceux qui mettent la brutalité finale au début sont des imposteurs qui
renversent l'histoire ; en vertu de leur perversion cérébrale, ils voient le
monde s'enfuir devant eux pendant qu'ils s'enfoncent dans le gouffre de la
dégénérescence, ils voient la succession des faits dans un ordre renversé, font
de l'enfant que la sexualité n'a pas encore entamé, l'image des vices longtemps
satisfaits, des passions devenues triomphantes dans la bestialité, et de cette
fin de l'humanité usée ils font un commencement ! Ils placent l'homme dégénéré,
avec sa force de brute, dans le chétif et faible petit, et de là ils montent
vers l'être perfectionné qu'ils personnifient en eux.
Orgueilleux
insensés ! vous faites ainsi marcher l'humanité de la vieillesse à l'enfance,
du mal au bien, alors que c'est l'inverse que la vie réelle nous montre !
Est-ce une ruse ? Voulez-vous ainsi cacher la période de paix que vous êtes
venus troubler, ou bien est-ce que votre cerveau ne peut plus voir droit ?
Les
premiers hommes qui resplendissaient de la pureté morale de l'Enfant, de sa
naïveté, de sa droiture, de son exquise sensibilité, ne sont pas plus les fils
des singes qu'ils ne sont le vieil Adam des théologiens fait de toutes pièces
par un Dieu inconnu.
Ces deux
chemins inverses qui ont été suivis pour nous expliquer les origines, nous
révèlent deux faiblesses humaines.
Si la
tradition telle qu'on nous la présente est inadmissible, c'est parce que les Écritures dans lesquelles elle est déposée ont été altérées, leur signification
primitive n'y peut plus être aperçue.
Si ces
récits nous étaient parvenus dans leur forme initiale, nous y retrouverions des
idées vraies, une science grandiose. Ce qui le prouve, c'est qu'à travers les
interpolations et les altérations, nous apercevons encore les lueurs de la
grande et simple vérité.
La cause
qui a poussé l'homme à altérer les Ecritures et à fausser l'Histoire est sa
grande honte, c'est le mensonge formidable, roulé à travers les générations, et
qui est le fait capital de l'évolution sociale de l'Humanité.
Il est rappelé et dévoilé intégralement dans les articles précédents.
La
seconde faiblesse humaine est celle qui a engendré l'erreur moderne.
L'homme
veut paraître en progrès. M. Cari Vogt n'a-t-il pas dit un jour : « J'aime
mieux venir d'un singe que d'un Abel dégénéré ».
Là est la
cause réelle de cette doctrine absurde, elle donne à l'homme orgueilleux
l'illusion du progrès et lui cache une déchéance que son orgueil même dénonce.
Le
darwinisme est né de cette hypocrisie. Si l'humanité a marché en progressant,
comment expliquez-vous ces héros hindous, égyptiens, chaldéens, phéniciens et
phrygiens, aryens et chinois, qui sont au seuil de l'histoire et nous
représentent la jeunesse phylogénique de l'homme ? Ce sont eux qui fondent les
grandes civilisations que vous ne comprenez plus, les grandes institutions
sociales que vous n'avez pas su dépasser, que vous parodiez encore, en les
amoindrissant, que vous avez mesquinisées, en les réduisant à votre petite
taille, eux qui, dans l'ordre industriel, inventèrent tout ce dont vous
bénéficiez.
Et ce
sont ces grands ancêtres de l'homme que notre intelligente jeunesse reproduit
par atavisme, que vous rapprochez des anthropoïdes, tandis que vous mettez au
sommet l'homme moderne plus avancé dans l'évolution, en même temps que l'homme
plus âgé, celui dont la conscience ne parle plus, celui dont l'envie insulte ou
méprise les grandeurs qui le gênent, dont le verbe est une audacieuse négation
de tout ce qui est vrai, le moderne enfin pour qui le vol et le meurtre sont
des jeux.
Est-ce là
le progrès ? Alors nous aimons mieux retourner dans le passé !
« La vérité, écrit René Guénon, c’est qu’il y a eu au contraire, depuis les origines, une sorte de dégradation ou de « descente » continuelle, allant de la spiritualité vers la matérialité, c’est-à-dire du supérieur vers l’inférieur, et se manifestant dans tous les domaines de l’activité humaine, et que de là sont nées, à des époques assez récentes, les sciences profanes, séparées de tout principe transcendant, et justifiées uniquement par les applications pratiques auxquelles elles donnent lieu, car c’est là en somme, tout ce qui intéresse l’homme moderne, qui ne se soucie guère de connaissance pure, et qui ne fait que leur attribuer ses propres tendances, parce qu’il ne conçoit même pas qu’ils aient pu en avoir de toutes différentes, pas plus qu’il ne conçoit qu’il puisse exister des sciences tout autres, par leur objet et par leur méthode, que celles qu’il cultive lui-même de façon exclusive. » (Mélanges, p.p. 81-82)
« La vérité, écrit René Guénon, c’est qu’il y a eu au contraire, depuis les origines, une sorte de dégradation ou de « descente » continuelle, allant de la spiritualité vers la matérialité, c’est-à-dire du supérieur vers l’inférieur, et se manifestant dans tous les domaines de l’activité humaine, et que de là sont nées, à des époques assez récentes, les sciences profanes, séparées de tout principe transcendant, et justifiées uniquement par les applications pratiques auxquelles elles donnent lieu, car c’est là en somme, tout ce qui intéresse l’homme moderne, qui ne se soucie guère de connaissance pure, et qui ne fait que leur attribuer ses propres tendances, parce qu’il ne conçoit même pas qu’ils aient pu en avoir de toutes différentes, pas plus qu’il ne conçoit qu’il puisse exister des sciences tout autres, par leur objet et par leur méthode, que celles qu’il cultive lui-même de façon exclusive. » (Mélanges, p.p. 81-82)
C'est par
une erreur de jugement qu'on a fait l'Evolution à l'envers, mettant au début la
folie des dégénérés qui engendre la brutalité, le fétichisme, la terreur,
l'absurdité.
Les
commencements de l'Evolution, sous ses aspects multiples, sont l'image des
phases de la vie de l'Enfant. La mentalité des primitifs, comme celle de
l'enfant, est saine, mais inexpérimentée ; elle n'est pas pervertie par les
passions, encore à naître.
L'esprit
de l'enfant est droit, il cherche le pourquoi des choses, il est simple parce
que plus près de la Nature que l'homme, qui d'âge en âge perd sa lucidité
d'esprit en même temps que sa droiture et ainsi arrive à la ruse, au mensonge,
à l'erreur.
Depuis
l'époque éloignée où la lumière de la civilisation jeta ses premières lueurs
sur les bords de la Meuse (On sait que M. Cailleux donne une origine celtique à
toutes les civilisations qui auraient commencé entre la Meuse, l'Escaut et le
Rhin.), puis sur les bords du Gange, un mouvement de dégénérescence s'est
produit qui a amené partout l'ignorance et les ténèbres ; l'erreur a engendré
le désordre, le désordre a produit le crime, et la misère générale en est
résultée.
Depuis 50
siècles, la VÉRITÉ est perdue.
« Dans
ce long espace de temps, dit Marius Fontane (L'Indu Védique, p. 307), l'instruction
et la science semblent avoir plutôt changé de résidence qu'étendu la sphère de
leur domaine, et là où elles fleurissaient le plus, avec leurs compagnes
inséparables, le commerce, les arts, la richesse, on ne trouve guère
aujourd'hui que des barbares et des ruines. Persépolis et Babylone ne sont que
ruines et débris et, là où Thèbes et Memphis élevaient leurs monuments
gigantesques, le pèlerin cherche aujourd'hui un misérable abri sous l'humble
toit d'un bédouin.
« Au
milieu de ces cités détruites, on en voit qui surgissent dans un autre
hémisphère, Albin, Mobile, Cincinnati, etc., etc. Toutefois ces cités n'égalent
pas encore, à beaucoup près, celles qui sont tombées.... mais la barrière est
levée, l'arène ouverte, le temps sans limite, et qui sait si une Carthage ne
s'élèvera pas sur l'Hudson, une Tyr sur le fleuve des Amazones ?
« L'Europe
elle-même, ce centre de la civilisation moderne, ne présente-t-elle pas ce
douloureux spectacle de souverainetés tombées et de cultures éteintes ?
« Que
l'on examine la terre classique où Platon était entouré de ses disciples,
Démosthène de ses auditeurs, Phidias de ses chefs-d’œuvre. Après avoir langui
des siècles dans la nuit de la barbarie, un faible rayon vient de jeter son
reflet sur elle.
« Portons
nos regards sur les rives fortunées où Constantin fonda sa capitale ; ses arcs
de triomphe sont en poussière, son hippodrome est changé en bazar des esclaves
!
« Si
nous passons aux édifices romantiques de l'Alhambra qui témoignent si hautement
de l'ancienne civilisation des Maures, de leur amour pour les arts, de leur
esprit chevaleresque, nous nous demandons ce que sont devenus ces peuples qui
ont failli subjuguer l'Europe : des demi-sauvages, des barbares ; et le superbe
palais de leur roi, désert aujourd'hui, sert de repaire aux guérillas et aux
bandits.
« Rome
même, la cité dite éternelle, déchue de sa grandeur passée, n'est plus qu'un
tombeau !
« Ainsi
la lumière et les ténèbres, la vie et la mort, la création et la destruction se
sont succédé réciproquement. »
✰
L'instinct, c'est l’abandon de soi-même aux impulsions de la Nature. Or, depuis le moment où les sexes se séparent, c'est-à-dire lorsque la lutte des sexes créa le divorce social (les hommes vivants entre eux et les femmes entre elles), le mâle est poussé par le besoin qu'il ressent d'éliminer l'élément sensitif, à s'enfoncer dans une voie décroissante qui lui donne des caractères physiques qui le rapprochent de l'animal, de l'Anthropoïde. C'est alors qu'il affirme que le singe est son ancêtre, pour justifier cette ressemblance. On a dit, depuis des siècles, que l'homme livré à ses instincts se rapproche de la brute. Il n'y a que le Darwinisme qui ait nié cette vérité, et l'ait renversé. Aussi, en considérant un homme arrivé à cet état de déchéance, dans son évolution sexuelle, on est forcé d'affirmer une loi toute contraire à celle de la théorie Darwinienne : l'homme qui s'abandonne aux impulsions de sa nature, c'est-à-dire qui agit selon la sélection naturelle, cet homme-là ne vient pas du singe, il y va.
C'est la satire de l'humanité vue par Pierre Boulle dans son roman « La planète des singes » ; vision d'une Société en plein déclin dans laquelle, seuls, règnent la technologie et le matérialisme.
✰
DÉVELOPPEMENT
PRIMITIF
Expliquons
donc ce que fut notre origine.
Après la
période azoïque (sans vie), la Terre s'était couverte d'une subite végétation.
Mais les espèces apparues dans la primitive période de vie (époque de
transition) ne ressemblaient pas à celles que nous connaissons actuellement.
C'était une végétation bizarre, des Lycopodes, des Fougères arborescentes et
bien d'autres perdues aujourd'hui, qui devait être suivie d'une animalité ayant
aussi des caractères extraordinaires, des grands sauriens, des chauves-souris
gigantesques.
Puis,
changement à vue, pourrait-on dire, une seconde Epoque surgit pendant laquelle
une nouvelle végétation apparaît, des conifères, des cycadées, et une nouvelle
animalité s'en dégage : les Didelphes. En même temps, des Graminées
apparaissent et sont suivies de l'apparition des insectes. Alors aussi apparaît
la grande famille des Monocotylédones (genre palmiers) et, dans la
sous-période jurassique, elle prend les caractères d'une vie animale, celle des
oiseaux.
Arrive
l'époque tertiaire et toutes les conditions de la vie organique changent
encore, Une végétation nouvelle surgit : les Dicotylédones, et, après eux,
issus d'eux, les grands mammifères.
Dans
l’Eocène, sous-période de l'époque tertiaire, apparaît l'arbre mystérieux,
embryon du genre humain, dont toutes les Ecritures sacrées ont parlé, parce que
son passage à la vie animale avait été vu des premiers hommes.
Comment,
dans cette vie végétale, s'introduisit le principe de la vie animale, là est le
mystère ! Mystère si grand, que chacun y a regardé et n'a rien vu ; la science
des orgueilleux, fatiguée de rechercher des ressemblances qui n'existent pas, a
conclu à la négation.
C'est
qu'il fallait regarder autrement. L'homme cherche partout son image ou sa
ressemblance, méconnaissant ainsi la grande loi de l'évolution, qui change
incessamment les formes, les organes, les tissus. Figurez-vous un kaléidoscope
en rotation continuelle, et nous présentant sans cesse de nouveaux dessins,
issus les uns des autres cependant. Pourquoi voulez-vous que les derniers
ressemblent aux premiers ?
Donc les
formes ancestrales ne ressemblent pas à l'homme.
Mais
alors, à quoi ressemblent-elles ?
A
l'arbre, à l'arbre qui s'accroît, qui se modifie, qui se transforme, qui
longtemps évolue à la même place sans rencontrer la mort, cette interruption
qui abrège nos existences et qui n'existe pas pour l’arbre de vie.
Demandons
à l'ébauche de l'enfant qui va naître quelles sont les phases de la vie
végétale qu'il reproduit, car, par une loi merveilleuse de la nature, les
recommencements retracent mot à mot les commencements.
C'est par
une cellule que tout organisme commence. Mais toutes ne sont pas semblablement
constituées.
Celle qui
commence la vie humaine, l'ovule fécondé, commence, de même, la vie végétale
des organismes supérieurs, et cette aristocratie du monde des plantes se
reconnaît à ses premiers organes pairs : les cotylédons, ces avant-feuilles qui
ne ressemblent pas à des feuilles, et qui ont valu à toute la grande caste
supérieure du monde végétal un nom barbare, les dicotylédones.
Passons
rapidement. Voici une tige tout entière faite de ces mêmes cellules ; l'embryon
de l'homme n'est d'abord que cela.
Puis elle
se ramifie dans deux directions, par en haut pour former un bouquet de
branchilles au sommet, par en bas pour former les racines. Même ramification
dans l'embryon. Cela s'appelle improprement : l'aire vasculaire.
Mais où
donc est la tête, où donc les membres ?
Cela va
venir, mais, en attendant, et pour que l'on puisse s'y reconnaître facilement,
nous allons expliquer tout de suite le grand fait, ou plutôt le grand mystère, qui
nous a caché, si longtemps, notre origine végétale : c'est que l'arbre est
renversé, non, nous nous trompons, l'homme est renversé. Quand il est embryon, quand
il est arbre, il a la tête en bas, les jambes on haut.
Regardez-donc
les arbres que vous allez observer, pour y trouver tout ce que nous allons vous décrire,
comme des êtres renversés.
Avant de continuer notre description, ajoutons que, outre les textes, nous avons pour retrouver les idées primitives, et appuyer notre affirmation, une autre méthode. C'est celle des étymologies. Arrêtons-nous-y un instant.
Les langues très anciennes énoncent des vérités, dans la signification même des mots. Ainsi nous trouvons, en sanscrit, que les organes du corps, les membres, les téguments, etc., s'expriment par les mêmes mots que les organes correspondants, dans la vie végétale.
Le mot branche se dit en sanscrit Çakha, mot qui sert à désigner aussi le bras. Les branches de l'arbre sont les « bras » de l'arbre ; les bras de l'homme sont ses « branches ». En lithuanien le mot Ramka signifie aussi branche, bras et main.
Dans l'ancien slave, on trouve le mot Râka, qui a aussi cette double signification.
Le mot racine en sanscrit se dit Çapha ; il signifie une branche souterraine et, en même temps, un sabot d'animal (du cheval entre autres).
Nos bras, nos mains sont d'anciennes branches, d'anciennes racines.
L'écorce de l'arbre et la peau de l'homme s'expriment par le même mot « Kritti ». Ce mot s'applique surtout au bouleau, qui perd son écorce par une desquamation si connue.
En persan, trois mots servent à désigner l'écorce. Ce sont :
Carman, de la racine car (ambulare, qui s'en va, qui se desquame). Cira, haillon, lambeau détaché, d'où l'on fait Cîma, fendu, divisé.
De ces racines on fait Cartah, peau.
De la racine Cùr ou Kùr on fait Côlaka ou Carâka, enlever, dépouiller. Ces mots qui dérivent de racines qui signifient blessure (détruire, déchirer), nous font assister par l'esprit à l'évolution de l'enveloppe tégumentaire du corps des animaux, laquelle apparaît quand l'écorce qui la recouvre dans la vie embryonnaire est déchirée, détruite. Cette enveloppe qui reproduit les feuillets du liber de l'arbre a été appelée par la science moderne épitrichium.
En ancien slave, en russe, en polonais, la peau s'appelle encore Skora.
L'origine des sexes est annoncée en sanscrit.
De la racine Dri on fait Dar, diviser, fendre, voulant indiquer, sans doute, la division des sexes ; de là Dêvadârou, bois divin.
Est-ce la partie féminine de l'arbre divinisé ?
La croissance de l'arbre, ou plutôt son évolution, est appelée en sanscrit Roûksha, mot que l'on retrouve dans un terme gothique désignant l'arbre, et resté énigmatique pour les étymologistes, « rôhsns », qui veut dire « ce qui est avant », c'est l'arbre-ancêtre. On a traduit ce mot, qui indique quelque chose d'antérieur, par cour, vestibule.
Le tronc de l'arbre, qui devient le tronc de l'animal, est dit, en sanscrit kal, d'où Kalama (les Latins en font calamus, calmus, columna). Par une suite d'altérations, on arriva à faire de ce mot gestare et jerre. Conclusion : le tronc (de l'arbre) est en gestation, en travail pour faire l'animal.
Les Hindous vénéraient le Pippal, dans lequel ils voyaient l'origine de l'être supérieur, de Vishnou. Il en est souvent question dans les livres sacrés.
La Forêt, première demeure du genre humain, se dit en sanscrit Vana, mot qui veut dire aussi demeure (primitive demeure) et par extension maison.
De Vana on fait Vanadja, né dans la forêt.
L'arbre originaire du genre humain est appelé saptaparna, arbre à sept feuilles. C'est la feuille composée de l'acacia qui est ainsi désignée.
L'origine végétale des oiseaux, si curieuse à étudier, était bien connue des anciens Hindous, leur langue le prouve. On désigne en sanscrit, par le mot « parnin », l'arbre qui a des feuilles, celui de l'embranchement des monocotylédones, qui a toujours de très grandes feuilles.
(Cette distinction ferait supposer qu'à l'époque où fut formée la langue, les dicotylédones n'avaient pas, ou n'avaient plus, de feuilles, ou qu'elles étaient si petites qu'on les voyait à peine.)
De là on fait « Parna », qui signifie feuille, plume et aile.
Parnin signifie « arbre muni d'ailes ».
Le buteo frondoso est appelé Parna Parnin ; le lotus s'appelle Parnasi.
La racine par signifie faire avancer, faire passer (de la vie végétale à la vie animale).
Pattrin (de Pattra) veut dire aussi feuille et aile.
En zend, langue très rapprochée du sanscrit, par (aile, plume) fait parena, aile, paridan, voler, par, para, vol, parand, oiseau.
Tout cela vient de parnin, arbre qui a des feuilles.
Dans l'ancien slave, on retrouve pariti, prati, voler ; pero, plumes.
Et cet ancien Parnin des Hindous (arbre à feuilles), infiltré dans le latin, y devient parus, mésange.
De tout ce que nous venons de dire, il résulte bien clairement que les Hindous primitifs ont affirmé l'origine végétale de l'homme. (voir le paragraphe « Apparition des êtres organisés - l'origine de l'homme » dans la partie « Hindous » de l'article « Perse et Hindous »)
Après cet éclairage étymologique, continuons à construire notre ébauche d'homme.
Avant de continuer notre description, ajoutons que, outre les textes, nous avons pour retrouver les idées primitives, et appuyer notre affirmation, une autre méthode. C'est celle des étymologies. Arrêtons-nous-y un instant.
Les langues très anciennes énoncent des vérités, dans la signification même des mots. Ainsi nous trouvons, en sanscrit, que les organes du corps, les membres, les téguments, etc., s'expriment par les mêmes mots que les organes correspondants, dans la vie végétale.
Le mot branche se dit en sanscrit Çakha, mot qui sert à désigner aussi le bras. Les branches de l'arbre sont les « bras » de l'arbre ; les bras de l'homme sont ses « branches ». En lithuanien le mot Ramka signifie aussi branche, bras et main.
Dans l'ancien slave, on trouve le mot Râka, qui a aussi cette double signification.
Le mot racine en sanscrit se dit Çapha ; il signifie une branche souterraine et, en même temps, un sabot d'animal (du cheval entre autres).
Nos bras, nos mains sont d'anciennes branches, d'anciennes racines.
L'écorce de l'arbre et la peau de l'homme s'expriment par le même mot « Kritti ». Ce mot s'applique surtout au bouleau, qui perd son écorce par une desquamation si connue.
En persan, trois mots servent à désigner l'écorce. Ce sont :
Carman, de la racine car (ambulare, qui s'en va, qui se desquame). Cira, haillon, lambeau détaché, d'où l'on fait Cîma, fendu, divisé.
De ces racines on fait Cartah, peau.
De la racine Cùr ou Kùr on fait Côlaka ou Carâka, enlever, dépouiller. Ces mots qui dérivent de racines qui signifient blessure (détruire, déchirer), nous font assister par l'esprit à l'évolution de l'enveloppe tégumentaire du corps des animaux, laquelle apparaît quand l'écorce qui la recouvre dans la vie embryonnaire est déchirée, détruite. Cette enveloppe qui reproduit les feuillets du liber de l'arbre a été appelée par la science moderne épitrichium.
En ancien slave, en russe, en polonais, la peau s'appelle encore Skora.
L'origine des sexes est annoncée en sanscrit.
De la racine Dri on fait Dar, diviser, fendre, voulant indiquer, sans doute, la division des sexes ; de là Dêvadârou, bois divin.
Est-ce la partie féminine de l'arbre divinisé ?
La croissance de l'arbre, ou plutôt son évolution, est appelée en sanscrit Roûksha, mot que l'on retrouve dans un terme gothique désignant l'arbre, et resté énigmatique pour les étymologistes, « rôhsns », qui veut dire « ce qui est avant », c'est l'arbre-ancêtre. On a traduit ce mot, qui indique quelque chose d'antérieur, par cour, vestibule.
Le tronc de l'arbre, qui devient le tronc de l'animal, est dit, en sanscrit kal, d'où Kalama (les Latins en font calamus, calmus, columna). Par une suite d'altérations, on arriva à faire de ce mot gestare et jerre. Conclusion : le tronc (de l'arbre) est en gestation, en travail pour faire l'animal.
Les Hindous vénéraient le Pippal, dans lequel ils voyaient l'origine de l'être supérieur, de Vishnou. Il en est souvent question dans les livres sacrés.
La Forêt, première demeure du genre humain, se dit en sanscrit Vana, mot qui veut dire aussi demeure (primitive demeure) et par extension maison.
De Vana on fait Vanadja, né dans la forêt.
L'arbre originaire du genre humain est appelé saptaparna, arbre à sept feuilles. C'est la feuille composée de l'acacia qui est ainsi désignée.
L'origine végétale des oiseaux, si curieuse à étudier, était bien connue des anciens Hindous, leur langue le prouve. On désigne en sanscrit, par le mot « parnin », l'arbre qui a des feuilles, celui de l'embranchement des monocotylédones, qui a toujours de très grandes feuilles.
(Cette distinction ferait supposer qu'à l'époque où fut formée la langue, les dicotylédones n'avaient pas, ou n'avaient plus, de feuilles, ou qu'elles étaient si petites qu'on les voyait à peine.)
De là on fait « Parna », qui signifie feuille, plume et aile.
Parnin signifie « arbre muni d'ailes ».
Le buteo frondoso est appelé Parna Parnin ; le lotus s'appelle Parnasi.
La racine par signifie faire avancer, faire passer (de la vie végétale à la vie animale).
Pattrin (de Pattra) veut dire aussi feuille et aile.
En zend, langue très rapprochée du sanscrit, par (aile, plume) fait parena, aile, paridan, voler, par, para, vol, parand, oiseau.
Tout cela vient de parnin, arbre qui a des feuilles.
Dans l'ancien slave, on retrouve pariti, prati, voler ; pero, plumes.
Et cet ancien Parnin des Hindous (arbre à feuilles), infiltré dans le latin, y devient parus, mésange.
De tout ce que nous venons de dire, il résulte bien clairement que les Hindous primitifs ont affirmé l'origine végétale de l'homme. (voir le paragraphe « Apparition des êtres organisés - l'origine de l'homme » dans la partie « Hindous » de l'article « Perse et Hindous »)
Après cet éclairage étymologique, continuons à construire notre ébauche d'homme.
Voici que
la tige s'accroît, et remarquons bien ceci : chaque année, c'est un segment de
tige qui se forme et vient se superposer à la tige antérieure, par en haut et
par en bas. Tous ces fragments mis bout à bout formeront la colonne vertébrale
; chaque pousse, que nous appellerons mérithalle avec les botanistes,
protovertèbre avec les embryogénistes, deviendra plus tard une vertèbre.
Voilà
l'origine de la colonne vertébrale. Si l'être qui se forme ainsi doit être un
mammifère porteur d'un appendice caudal, la tige médiane de l'arbre se prolonge
(par en haut, puisque la tête est en bas). Si c'est un homme qui doit résulter
de cette ébauche, la croissance de cette tige s'arrête. Tout cela est fixé par
des lois immuables, connues, expliquées.
Maintenant,
voici venir les membres. Toutes les petites branchilles qui poussaient autour
de la tige, dans sa jeunesse, ont disparu, et, à leur place, nous voyons se
former par en haut deux grosses branches qui vont bientôt se couder, comme une
jambe qui se plie. C'est que l'articulation du genou commence à se former et
voici comment.
La plante
cherche le soleil, or le soleil tourne ou semble tourner (toujours des
apparences) (1) et la branche qui veut le suivre s'incline vers l'est le matin,
vers l'ouest le soir. De là, à un point fixe, une articulation.
Puis la
branche se dédouble, en forme ainsi d'autres plus petites qui se retrouvent
dans les os si compliqués du pied. Enfin les orteils resteront après que toute
la cime sera emportée, comme l'ont été les branchilles de la tige jeune. Par en
bas le même phénomène se produit, mais nous ne le voyons pas, cela se passe
dans le sol ; les branches qui deviendront des bras sont étendues sous nos
pieds, et ce que nous voyons au pied des vieux arbres correspond aux aisselles.
Voici la
tête maintenant. C'est le prolongement par en bas de la tige qui va en former
la plus grande partie ; elle va s'infléchir et, en même temps, se réunir à de
fortes racines, infléchies dans la même direction. L'extrémité de la
tige-racine recourbée forme toute la partie supérieure du crâne et s'étend
jusqu'au nez qui en est la terminaison.
Les
racines latérales, qui s'y annexent, viennent former la future mâchoire
inférieure.
Tout cela
est bizarre, et, si l'évolution ne refaisait cette évolution, nous aurions de
la peine à y croire.
Voilà la
charpente construite. Elle va se modifier lentement, sans plus changer de
forme. Le centre des axes va se durcir ; c'est le bois primaire, qui deviendra
le tissu osseux ; les fibres qui sont autour resteront plus molles et
deviendront les muscles ; ils sont encore blanchâtres dans la plante, puisque
le futur sang n'est pas encore rouge, mais cela va venir.
Autour
des branches, se trouvent des couches superposées comme les feuillets d'un
livre, qu'on appellent le liber et qui s'exfolient extérieurement. Chez
quelques arbres (pas chez tous), on trouve dans une de ces couches des espèces
de crins, des fibres textiles dont on fait des étoffes. Quand la desquamation
des couches superficielles est achevée, les fibres restent à l'air, et alors
ces crins ou plutôt ces poils, qui s'assouplissent avec le temps, deviennent la
fourrure qui enveloppe l'animal qui s'est ainsi formé.
Voilà
l'extérieur. Voyons maintenant l'intérieur. Nous avons dit que la tige
s'accroît par en haut et par en bas ; il y a donc, à un endroit donné, un point
neutre qui sépare les deux impulsions supérieure et inférieure. Là se forme un
organe que les botanistes appellent scientifiquement le mésophyte, vulgairement
le nœud vital. C'est le futur cœur.
Mais cet
arbre que vous nous montrez, allez-vous dire, est plein, nous n'y voyons aucun
viscère, tel qu'il en existe dans le corps de l'homme.
En effet,
il est plein, comme le petit corps de l'embryon aussi est plein.
Mais
voici que l'axe médullaire, qui est au centre, se déplace peu à peu et s'en va
vers le bord postérieur de la tige, vers la périphérie.
Voilà
donc l'axe déplacé et, alors, on voit une cavité qui commence à se creuser du
côté qui doit devenir la partie antérieure du corps.
Vous trouverez des arbres dans notre végétation actuelle, et beaucoup, arrivés déjà
à cet état de la vie embryonnaire.
Dans
cette partie antérieure se forme un tissu cellulaire qui brunit, et cela parce
qu'il est exposé à l'action de l'air, car le tronc est ouvert en avant.
Mais un
autre phénomène bien intéressant doit nous occuper.
L'arbre,
qui s'élève très haut, est parcouru dans toute sa hauteur par un canal. Comment
se fait-il que ce canal, droit comme l'arbre lui-même, arrive à se contourner
et à se tasser pour devenir l'intestin ? C'est qu'une pression constante
s'exerce sur la tige, le poids énorme de l'atmosphère l'écrase, insensiblement,
mais constamment, si bien que, peu à peu, l'arbre se tasse en s'épaississant.
C'est
alors que le canal se contourne pour arriver à se caser dans la partie du tronc
qui sera l'abdomen.
Ce
tassement produit un autre phénomène, il comprime le tissu cellulaire, qui a
bruni, dans la partie ouverte du tronc, et arrive à en faire deux masses qui
formeront le foie.
Tout cela
se passe au-dessus du point neutre qui règle la circulation : le cœur, lequel,
dans les arbres qui ont achevé leur croissance, se trouve bien à un mètre
au-dessus du sol.
Si nous
cherchons, en dessous, ce qui arrive, nous voyons que les phénomènes sont
différents parce que la force qui comprime ne contrarie pas la force qui dirige
la croissance, mais au contraire marche avec elle de haut en bas ; voici le
primitif canal, il reste droit : c'est l'œsophage ; voici le tissu cellulaire,
il ne se tasse pas : ce sont les poumons.
Nous
savons que le sang de l'homme contient du sérum et des globules. Le sérum, ce
liquide clair, est dans la sève de l'arbre, mais les globules n'y sont pas,
c'est-à-dire n'y sont pas libres et circulants. Ce sont, d'abord, des cellules
fixées en certains endroits ; elles forment le cambium, cette masse un peu
gluante que vous avez certainement touchée quand vous avez, vandale
inconscient, mutilé des plantes. Plus tard, ces cellules gluantes se mettent en
circulation et se colorent en rouge.
(1) Voir le petit fascicule de Madame Fanny PIERREL, intitulé « Hérésie scientifique - La Terre ne tourne pas autour du soleil » (1926)
LE
SYSTÈME NERVEUX
Quoi !
la plante a des nerfs ?
Assurément,
et nous allons vous le démontrer.
D'abord,
nous avons deux espèces de nerfs, vous le savez, les uns qui font percevoir des
sensations, les autres qui nous donnent le mouvement.
Ce sont
les premiers seulement, les nerfs sensitifs, que possède la plante.
Ils ne
sont pas encore des agents de sensibilité consciente, mais en attendant ils ont
une autre fonction : ce sont eux qui font pousser la plante ; telle une
multitude de petits architectes, ils lui donnent sa forme. Nous allons les
observer ensemble. Déchirons doucement une feuille, nous verrons, entre les
deux moitiés, de petits fils blancs qui les relient ; ce sont les nerfs
sensitifs des plantes. On les appelle trachées déroulables.
Nous
voyons qu'ils viennent se terminer dans les feuilles. Mais les feuilles, où
sont-elles dans l'animal ? Nulle part. Bien avant d'arriver au caractère de la
vie animale, la plante les a perdues, elles ont disparu après s'être modifiées
lentement, après s'être découpées, déchiquetées, pourrait-on dire, sur les
bords, puis rapetissées.
Enfin, il
arrive un moment où le bourgeon qui les produit n'a plus la force de les
pousser dehors, et même, par la suite, ce bourgeon, comme apeuré des forces
extérieures qui le dominent, reste caché sous l'écorce, au lieu de venir
montrer sa petite tête ronde sur les branches. C'est ainsi caché que nous le
retrouvons dans l'animal, il est au bout des doigts, des orteils, et en bien
d'autres endroits encore. C'est dans cet état que les anatomistes l'ont retrouvé
et en ont fait le corpuscule du tact.
Quant aux
nerfs qui produisent le mouvement, ceux-là n'existent pas du tout dans la
plante, au début. Ce n'est qu'à une époque avancée qu'ils commencent à se
former et ce sont eux qui amènent la grande révolution dans la vie commencée,
eux qui font, de la plante, un animal, mais lentement, lentement : il leur faut
des siècles pour se constituer eux-mêmes, puis pour arriver à imposer, dans le
milieu où ils exercent leur action, des caractères nouveaux.
Ce sont de
vrais révolutionnaires, ils vont tout déranger dans l'arbre qui jusque-là avait
végété en paix, sous l'action créatrice du grand soleil.
Ces
petits anarchistes viennent remplir dans le corps un rôle néfaste, ils viennent
troubler les phénomènes établis, détruire les tissus formés, ralentir la
croissance, l'arrêter même, puis, en traîtres, jeter en nous le germe d'un
ferment de mort qui ne fera que s'affirmer de plus en plus par la suite. Si
bien que l'arbre de vie deviendra, dans l'avenir, l'homme mortel. Ce principe
est donc le grand destructeur, il désorganise ce que les nerfs sensitifs
avaient organisé avant son arrivée, et, dans la suite, ces deux frères ennemis
ne cesseront pas de lutter, l'un pour faire la vie, l'autre pour la détruire.
Ce
principe apporte aussi, avec lui, la chaleur animale. Il fait le mouvement,
mais, nous le répètons, bien lentement, aussi ce n'est pas dans la période
primitive de notre organisation qu'il faut en chercher les effets. D'abord, il
est absent au début.
L'embryon
qui nous retrace cette histoire de notre évolution n'a pas de nerfs moteurs, il
est aussi incapable de mouvements volontaires que la plante, pendant ses trois
premiers mois de vie.
Vers le
quatrième ils apparaissent, mais ne fonctionnent pas, et ne fonctionneront réellement
qu'après la naissance. Les mouvements du fœtus ne sont pas des mouvements
volontaires, ce sont des poussées inconscientes, exercées par les jambes pour
s'étendre, enfermées qu'elles sont dans un lieu devenu trop étroit.
Donc, à
ceux qui demandent, comme preuve de notre origine végétale, à voir des arbres
qui se déplacent, nous répondrons que l'arbre ne se déplace jamais tant qu'il
est arbre. C'est sur place qu'il se forme, sans bouger, et ce n'est qu'après
toute la longue période de développement, qui dure des siècles, que le principe
du mouvement sera assez fort pour le remuer.
Il nous
reste à mentionner ici le fait capital de cette histoire du système nerveux.
C'est l'apparition de la vie éveillée.
Tant que
la plante n'a pas acquis tous les caractères de la vie animale, elle est dans
un état que l'on peut comparer au sommeil, elle n'a pas encore la conscience
qui naît au réveil, elle ignore le monde extérieur avec lequel elle n'est pas
encore en relation.
Toute la
vie végétative, qui prépare notre vie agitée, n'est qu'un long sommeil. Chaque
fois que nous nous endormons, nous retombons dans cet état primitif.
PHYSIOLOGIE
DE L’HOMME TERTIAIRE
L'homme,
comme tous les êtres organisés, est dans son existence actuelle la réalisation
ultime d'un genre, qui n'a pas évolué à travers les autres genres, mais à côté
d'eux. Les conditions physiques qui régnaient dans les âges passés de la Terre,
conduisaient l'être créé dans la voie de l'achèvement par une évolution
progressive sans temps d'arrêt. Les végétaux continuaient sans interruption leur
évolution anatomique, physiologique et chimique, et, dépassant l'état
d'organisation auquel s'arrêtent nos végétaux actuels, ils prenaient peu à peu
les formes embryonnaires qui les amenaient aux formes animales.
En même temps,
les fonctions de la vie humaine qui sont déterminées par l'apparition des nerfs
moteurs s'établissaient lentement dans ces formes en évolution.
Les
organes qui fonctionnent actuellement dans le corps de l'homme se formaient
avec une infinie lenteur, par l'action incessante des forces physiques,
chimiques et mécaniques qui s'exerçaient sur les plantes et les modifiaient
incessamment.
C'est
après cette longue évolution dans la stabilité végétale que se produisit le
grand événement qui marque une date importante dans l'histoire de l'humanité
primitive, le changement de station, le renversement. L'arbre qui a pris tous
les caractères du fœtus humain s'est modifié chimiquement, sa cellulose a
disparu, ses fibres ligneuses qui lui donnaient au début la rigidité du bois se
sont ramollies sous l'action lente d'un principe alcalin.
Ce
changement de consistance pendant que le corps subit la pression atmosphérique
l'épaissit en le tassant et finalement lui fait perdre son équilibre primitif,
il tombe sur le sol.
Cette
chute s'opère brusquement et occasionne en lui une perturbation générale, une
souffrance intense qui s'annonce par des vagissements.
C'est
quand arrive ce moment dans la vie intra-utérine que l'enfant qui veut se
renverser par atavisme, pour refaire la chute primitive, provoque, par les
efforts qu'il fait pour changer de station, la poussée qui dilate les organes
et ouvre la voie qui le jette dans le monde. Les premiers vagissements de
l'enfant nous annoncent qu'il repasse par la première douleur ressentie dans la
vie phylogénique.
C'est
évidemment là le grand événement de la vie ancestrale du genre humain. C'est à
partir de ce moment que les fonctions de la vie végétale, qui constituent la
vie organique involontaire et inconsciente, se complètent dans la vie éveillée
par l'annexion des fonctions volontaires et conscientes de la vie animale.
SECONDE
ÉPOQUE
La
première Époque que nous venons de résumer est celle qui est reproduite par la
vie embryonnaire.
La
seconde Époque commence à la naissance de l'homme.
L'enfant
jeté dans le monde est dans le même état que l'arbre ancestral tombé sur le
sol, dans un état d'organisation intermédiaire entre la vie végétative, qui
continue, et la vie animale qui va commencer.
Cette
seconde Époque, qui comprend toute l'enfance humaine, doit être divisée en deux
sous-périodes :
La
première passée dans la station horizontale, c'est-à-dire antérieure à la
station droite et à la marche.
La
seconde représentée par l'enfant qui marche.
PREMIÈRE
ENFANCE
L'homme-enfant
dans la station horizontale.
L'homme-enfant
vient de naître, c'est-à-dire qu'il vient de se libérer définitivement de ses
attaches avec la terre.
C'est
maintenant que la vie éveillée va commencer. Il est couché sur le sol, les yeux
encore fermés, encore insensibles à l'action de la lumière, sans besoins et
sans mouvements ; l'eau et l'air qui l'ont nourri jusque-là continuent à le
nourrir, et cela lui suffit. Cependant, le réveil viendra, les impressions se
multiplieront, la conscience du monde extérieur naîtra en même temps que les
perceptions sensorielles.
C'est
pendant cette période de la primitive enfance que se développe le principe
moteur qui donne le mouvement et détermine la vie animale.
PRÉ-ALIMENTATION
L'alimentation
de l'enfant actuel a pour but de lui fournir les matériaux nécessaires à sa
croissance. La nutrition de l'enfant ne sert pas encore à réparer des pertes,
mais à fournir les matériaux de construction de son corps en voie
d'accroissement. Il s'édifie, il ne répare pas.
Chez les
êtres primitifs, rien de semblable.
C'est
pendant la vie végétale que s'est effectuée la croissance, et, quand
l'homme-enfant sort de la vie végétative, il est grand, colossal même comme
tous les primitifs. Il n'a donc pas besoin de matériaux de croissance puisqu'il
ne s'accroîtra plus, mais au contraire va commencer à décroître. Et ce sont ses
propres matériaux, emmagasinés pendant sa longue vie végétale, qui constituent
une réserve organique aux dépens de laquelle il va vivre longtemps.
PROGRESSION
ANATOMIQUE ET PHYSIOLOGIQUE
C'est
pendant ces premiers siècles de développement que l'ossification s'achève, que
les dents apparaissent, que les cheveux poussent. C'est alors que les
sécrétions et les excrétions commencent, que la vie éveillée a de plus longs
instants, que tous les organes des sens, jusque-là existants mais inactifs,
commencent à fonctionner.
Il a des
yeux, formés pendant la période végétative, mais ne voit pas, et c'est après la
naissance à la vie animale qu'il apprend à distinguer les objets ; l'enfant
actuel fixe d'abord la lumière, qu'il suit en tournant la tête, comme l'enfant
ancestral a dû suivre des yeux le soleil, dans sa course diurne. Puis,
commençant à se servir de ses membres, il prend les objets qui sont à sa portée
et les porte à sa bouche, et ainsi, s'apercevant qu'ils ont une saveur, un
nouveau sens se révèle à lui : le goût.
Mais
c'est l'ouïe surtout qu'il se plaît à mettre en activité dès qu'il découvre en
lui la faculté d'entendre, il écoute les bruits qui se produisent autour de
lui, puis, plus tard, essaye lui-même d'en produire et, charmé d'avoir trouvé
le moyen de faire résonner l'air, il abuse de ce pouvoir, et c'est par atavisme
que nos enfants modernes refont cette expérience.
Le
toucher aussi s'éveille progressivement en lui, il tâte avec ses mains
maladroites ce qu'il rencontre à sa portée.
Et tout
ceci nous prouve que ce n'est pas la fonction qui, fait l'organe, mais que la
fonction révèle la sensation que peut produire un organe formé pendant la
période antérieure sans préméditation et sans but et qui ne fonctionnera que
dans la période suivante.
LA VIE
PROLONGÉE
Des
paléontologistes, poussés par une sorte d'intuition vague, ont voulu trouver
l'Homme à une époque plus reculée que celle où son squelette a été rencontré.
On a cherché à prouver sa présence dans le Miocène, la sous-période médiane de
l'époque tertiaire.
Charles
Lyell, John Lubbock et d'autres ont étudié cette question, cherchant l'homme
tout en constatant l'absence de restes humains.
Or, on
envisageait mal la question, en supposant que l'homme est un être qui fut
soumis dès l'origine aux conditions de vie et de mort des êtres actuels.
La vie
primitive a la longueur extrême de la vie végétale ; la vie intermédiaire a
encore une intensité prodigieuse qui permet au Primitif de franchir une période
sans être interrompu dans son évolution par la mort, et d'arriver ainsi à la
période suivante.
C'est
ainsi que la plupart des Enfants-humains du Pliocène arrivèrent à l'aurore de
la période quaternaire sans avoir rencontré la mort.
Les
antédiluviens vivaient l'âge des cèdres, dira-t-on.
Quant à
ceux qui mouraient, soit par accident, soit par suite de cataclysmes
quelconques, c'est dans les tourbières que se trouvent leurs restes agglutinés.
Il faut
se rappeler que le squelette ne se conserve intégralement que quand il est
complètement ossifié et que, dans la période d'enfance, le squelette est encore
cartilagineux, l'ossification n'est pas achevée. Or les tissus cartilagineux
subissent la destruction organique et ne se retrouvent pas sous forme de
squelettes entiers, mais forment des masses de matières organiques agglutinées,
et c'est ce conglomérat qui forme les tourbières. Dans ces amas, les restes des
animaux jeunes comme l'humanité se trouvent mêlés à ceux des enfants-humains,
les primitifs fauves, entre autres, qui n'ont pas pu être un danger pour
l'homme, puisqu'ils étaient eux-mêmes dans leur première enfance à cette
époque.
TROISIÈME
ÉPOQUE
SECONDE
ENFANCE
C'est au
sortir de la première enfance que l'homme, en possession d'un commencement de
vie consciente, qui essaye de se manifester, s'occupa du monde extérieur et peu
à peu chercha à en tirer parti, pour son plaisir ou pour ses besoins,
lorsqu'ils se manifestaient. Mais, dans la première enfance, il n'a pas de
besoins autres que ceux que la Nature satisfait, donc il ne pense pas à
travailler, ni même à se remuer.
C'est
dans la seconde enfance, qui commence avec l'époque quaternaire, que l'enfant,
en possession déjà d'un organisme plus complet, va commencer à agir. Il va
marcher, il va manger, il va se réunir à ses semblables, et essayer un
commencement de langage, il va observer la Nature au sein de laquelle il vit
dans le bonheur primitif de l'enfance, fait d'inconscience et d'ignorance.
Il s'est
laissé vivre jusqu'alors, sans chercher à contribuer par son action, à
intervenir dans cette vie qui se manifeste sans son concours, laissant couler
son existence comme un esquif sans rames et sans gouvernail, ne sachant pas où
la nature le menait.
Et c'est
ainsi qu'il arriva à ce qu'on appelle « l'âge de la pierre taillée »,
c'est-à-dire à ce moment de sa vie d'enfant où, doué d'un esprit qui s'éveille
brillamment (et que nous voyons réapparaître dans nos enfants de 7 à 14 ans),
il commence à s'occuper d'une multitude de choses, créant ainsi la première
industrie.
En face
de la grande Nature qui occupait son attention, qu'il apprenait à connaître, et
qui lui fournissait toutes sortes de matériaux, l'homme primitif utilisa tous
les objets naturels qui pouvaient répondre à un de ses besoins.
Les
premiers tâtonnements de l'industrie humaine n'ont pas été conservés parce
qu'ils étaient faits aux dépens de substances altérables, telles les feuilles
dont on fait les premiers vêtements et les premiers ornements, les fruits dont
les enveloppes sont les premiers vases, les écorces qui ont des usages
multiples, les tiges jeunes, les joncs dont on tresse des nattes, des paniers.
Tout cela devait subir la destruction du temps, les pierres seules ont
subsisté.
Ce que
les modernes considèrent, chez leurs enfants, comme des jeux, ce sont les
essais d'industrie primitive, que leur atavisme les pousse à refaire quand on
les laisse en liberté ; l'enfant se fait ouvrier de la Nature, il rassemble des
pierres, creuse des canaux et des lacs dans le sable du jardin, ajuste des
morceaux de bois, fabrique une charrette primitive en traînant une planche avec
une corde, découpe du papier pour en faire des simulacres de meubles
minuscules, de bijoux, etc.
Ce
travail que l'enfant veut refaire est un besoin de son esprit ; il veut
reproduire ce que ses ancêtres ont fait dans la période de vie qui correspond à
celle qu'il traverse. Et pendant qu'il se sent instinctivement attiré vers les
occupations qui ont rempli la vie des hommes de l'époque que son âge
représente, la civilisation moderne, qui dépasse son âge phylogénique, ne
l'attire pas, les raffinements d'une industrie complexe ne disent rien à son
esprit ; il s'y habitue, mais ne s'y attache pas parce que cela dépasse les
facultés et les besoins de son temps.
LES CARACTÈRES
PHYSIOLOGIQUES
Les
caractères physiologiques de la jeunesse nous montrent une sensibilité et une
intelligence plus développées que celles qui règnent chez les adultes ; en même
temps, une force musculaire moindre, et c'est ce qui engendre les impressions
multiples qui développent l'intelligence.
L'activité
mentale n'est pas encore entravée par la vie sexuelle.
Si nous
considérons la somme des connaissances acquises par nos enfants pendant les
années qui précèdent l'adolescence, nous sommes obligés de reconnaître que,
l'activité cérébrale de l'enfance étant bien plus grande que celle de l'homme
adulte, les Primitifs ont également dû posséder une activité mentale intense.
L'homme à
l'origine du quaternaire, initiateur de l'industrie et de l'art, inventeur de
toutes les choses utiles à la vie, n'est pas un intermédiaire entre le genre
simien et le genre humain, puisque son activité intelligente est supérieure à
celle de l'homme historique occupé de luttes, de pugilats, de guerres ou de
plaisirs dégradants (c'est-à-dire de tout ce que firent naître les passions) :
cet homme trouva en naissant un monde tout fait qu'il n'a eu qu'à
perfectionner.
L'œuvre
primitive a tout produit, tout créé, la langue, en même temps que l'industrie.
Et l'enfant, loin d'être un être brutal, fort et méchant, comme le sont les
dégénérés, est au contraire doux, sensible et bon. C'est la civilisation
moderne qui l'a déformé.
C'est de
12 à 14 ans que l'enfant commence à mettre en activité ses forces naissantes ;
refaisant la vie de ses ancêtres de l'âge de pierre, il aime la course, les
excursions dans les bois, les expéditions lointaines, comme ses aïeux ont dû
les aimer ; comme eux, il aime à vaincre les obstacles, à escalader les
rochers, à écarter les taillis, à franchir les cours d'eau.
Mais
cette activité utile n'implique aucune méchanceté, aucun amour des luttes
inutiles de l'homme adulte qui veut dominer.
LA DURÉE
DE LA VIE
Les
Primitifs sentaient la sève de la jeunesse circuler à flots dans tout leur
être, ils étaient en possession de l'exubérance de vie de l'Enfant qui ne
connaît pas encore les maux de l'humanité à venir. Ils faisaient un libre usage
de leurs forces vitales, intellectuelles et psychiques. Etres privilégiés pour
qui la souffrance et la maladie sont encore inconnues, donc pour eux la mort
n'a pas de causes naturelles, elle n'est pas encore survenue, l'homme-enfant
traverse les années d'enfance sans mourir ; la vie est avant la mort, et c'est
pour cela que l'on ne trouve pas de squelettes humains dans les couches de
terrain que les Primitifs ont occupées et dans lesquelles ils ont laissé les
preuves de leur industrie ; ils vivaient, ils travaillaient, mais ils ne
mouraient pas encore. Et c'est cette absence de squelettes qui a tant préoccupé
les savants, qui n'ont pas compris ce phénomène physiologique, cependant bien
simple : LA VIE EST AVANT LA MORT, vie prolongée dans l'enfance et se
continuant d'une époque à une autre.
Du reste,
deux grandes erreurs existent actuellement dans la science et obscurcissent la
paléontologie :
1° Celle
qui consiste à chercher des squelettes osseux dans un passé lointain, à une
époque où le squelette n'était encore que cartilagineux.
2° La
recherche de squelettes humains avant la mort de l'homme.
AGE DE LA
PIERRE POLIE
Dans
cette seconde période de la jeunesse de nos primitifs aïeux, l'industrie s'est
perfectionnée, on est arrivé à fabriquer une quantité d'objets en pierre et en
os.
Dans
toutes les cavernes explorées, on a trouvé des outils arrondis, pointus,
tranchants ; des aiguilles à coudre avec leur chas en os compact, finement
terminées en pointe, et percées avec l'œil rond, petit et régulier.
A côté
des instruments en silex, il en est en jaspe, en cristal de roche. On trouve
aussi quelques vases en terre.
LES
PREMIERS SQUELETTES
Des os
qui paraissent provenir du genre humain ont été trouvés dans les derniers
dépôts d'alluvion formés sur les bords des rivières, ou sur les fonds d'anciens
étangs ou marais desséchés, ce qui semblerait indiquer que l'homme imprudent et
sans expérience se noya parfois et que les premiers morts furent des noyés.
On a
trouvé aussi des ossements humains dans les fentes des rochers, ce qui prouve
qu'il fit des chutes mortelles, quand il voulut entreprendre des escalades
dangereuses. On en trouve aussi à peu de distance de la superficie dans des
endroits où ils peuvent avoir été enfouis par des éboulements.
Tout ceci
semble prouver que la mort accidentelle a précédé celle qui résulte d'une cause
pathologique.
Depuis
l'année 1700 jusqu'à l'époque actuelle, on a trouvé des fossiles humains et on
a commencé à les étudier. Par malheur, ces découvertes se firent surtout
pendant le temps où régnait le fanatisme transformiste, qui troublait les
esprits. Si bien que, au lieu d'observer ce qu'on trouvait, on n'avait comme
objectif que l'idée de trouver des preuves pour soutenir la doctrine acceptée
d'avance. Cependant, toutes les découvertes ne faisaient qu'infirmer ces vues
préconçues ; bien plus, elles confirmaient notre doctrine en montrant que les
Primitifs sont des enfants et non des dégénérés. Or, qui dit enfant dit
facultés puissantes, en réserve pour une vie à venir, dans une tête
volumineuse, bien supérieure à celle de l'adulte, si on la compare à la
grandeur du corps.
Huxley, dans Modem Science
and Modem Thought, dit (p. 180) :
« Le
type humain de la caverne de Cro-Magnon doit être rapporté à une race cultivée,
de haute stature, au cerveau puissant et bien supérieur à celui de nombre de
races humaines modernes ».
CARACTÈRES
ANATOMIQUES DES PRIMITIFS
Il est bien
évident que les hommes de cette époque devaient avoir les caractères de
l'enfance pendant toute leur existence, quelle que soit sa longueur. Si nous
nous reportons aux hommes figurés dans les dessins préhistoriques, nous
constatons en effet qu'ils ont tous l'aspect de grands enfants ; non seulement
les caractères de la vieillesse n'existent pas pour eux, mais ils ne sont pas
même arrivés à l'âge de la puberté et, chose intéressante, leurs dents sont
celles de la première dentition.
Broca
remarque, en étudiant un des squelettes préhistoriques, que les tissus
dentaires étaient doués de peu de résistance, ce qui est un caractère de
jeunesse, et il ajoute : « L'usure si prononcée sur la première grosse molaire
est très faible, au contraire, sur la seconde, et cela permet de croire qu'il
ne s'est pas écoulé un très grand nombre d'années entre l'éruption de cette
dernière et l'époque de la mort. »
Or cette
dent pousse de 12 à 14 ans.
L'âge
viril ne commence qu'après la cinquième partie de la vie totale. (Pour une vie
de 100 ans, l'âge viril est à 20 ans.)
C'est
cette cinquième partie qui est la vie entière des enfants de l’âge de la pierre
polie.
La vie
s'est raccourcie avec la puberté et par suite même de l'exercice sexuel de
l'homme.
Il faut
aussi remarquer que la taille est plus élevée dans ces temps anciens, surtout
chez les femmes qui sont aussi grandes que les hommes (comme du reste les
petites filles actuelles de 12 à 15 ans sont aussi grandes, quelquefois plus,
que les garçons).
C'est
encore la vie sexuelle qui, plus tard, déterminera la différence de taille et
de force musculaire, en donnant à la fille primitive des conditions nouvelles
qui sont devenues les caractéristiques de la Féminité.
La
capacité crânienne de ces primitifs enfants est supérieure à celle des hommes
modernes, et tous les caractères de la tête sont ceux de l'enfant. Ce qui
étonne Broca, c'est que la tête semble à la fois très courte et très large.
C'est là un caractère de l'enfance incontestable.
SEXUALITÉ
Ici se
place l'aurore du grand fait qui va changer la vie de l'Homme : l'origine et
l'évolution de la vie sexuelle.
C'est
entre 7 et 14 ans que la sexualité, qui veut se manifester produit en lui des
impressions nouvelles. Pendant les premiers siècles de son évolution, l'Homme
primitif ne se préoccupa pas des différences sexuelles, c'est seulement au
premier éveil du sens génésique que l'attention de ces deux Enfants fut attirée
sur cette loi merveilleuse de la Nature ; c'est alors que s'éveilla en eux la
première curiosité.
La
période pendant laquelle la vie sexuelle se prépara dut avoir une longue durée,
car elle se développa par lentes étapes, parce que, dans cette humanité
primitive, il n'y a pas de génération antérieure à imiter, pas de souvenirs
ataviques pour inciter l'homme à des actes déjà accomplis avant lui, tout est
nouveau, tout est à trouver.
En même
temps, les premières lueurs de l'amour s'annoncent, c'est l'aurore d'un
sentiment qui devait grandir, mais qui ne fut au début qu'une impression faible
et fugitive, qui se confond avec l'altruisme de l'enfance. C'est pendant cette
période que se préparent les caractères nouveaux, qui vont changer le corps de
l'adolescent en lui faisant perdre les caractères de l'enfance.
Lorsque
dans les Ecritures de l'antiquité on voulait indiquer qu'un homme était fort
jeune dans la vie de l'humanité, on disait « qu'il était encore d'ivoire »
(eburneus), c'est-à-dire blanc, délicat et glabre.
Cette
idée, si conforme à la véritable évolution humaine, contredit celle d'une
évolution animale. Rien dans cet homme-enfant ne ressemble au singe velu et
grossier.
ÉTAT
MENTAL DES PRIMITIFS
Pendant
la seconde enfance, c'est la sensibilité qui domine, et c'est l'époque du grand
et facile développement des facultés mentales, facultés d'autant plus nettes, d'autant
plus vives et d'autant plus profondes qu'elles ne sont pas encore mêlées aux
passions humaines.
Il est
absurde de chercher chez les Primitifs, qui sont des enfants, tout ce qui
provient de la sexualité de l'homme et de la perversion des idées primitives,
qu'elle a engendrée, telles les superstitions des peuples dégénérés.
On a
accusé les hommes de l'âge de pierre de porter des talismans et des amulettes
parce qu'on a trouvé dans les grottes qu'ils occupaient des dents percées d'un
trou pour être suspendues au cou. Or, quel rapport y a-t-il entre une dent ou
un coquillage percés et portés par des enfants qui s'amusent, et les
superstitions religieuses des peuplades en décadence finale ? Quelques-uns leur
supposent des superstitions parce que les peuples en décadence en ont.
D'autres, dans le but de défendre les croyances du spiritualisme moderne, nous
disent : « Cette race a cru à une autre vie et le contenu des tombes semble
prouver que, sur les bords de la Vézère et de la Somme, on comptait sur les prairies
bienheureuses. » (De Quatrefages, L'Espèce
humaine).
Or il n'y
avait alors ni prévision de la mort, ni rites funéraires par conséquent.
Cette
façon d'écrire l'histoire préhistorique est aussi peu raisonnée qu'est peu
raisonnée la science des anthropologistes qui mettent les caractères de
décadence, tel le front fuyant des dégénérés, chez les enfants dont le front
est proéminent parce qu'ils ne sont pas entrés dans l'âge des passions
humaines.
RELATIONS
SOCIALES
Les mœurs
pacifiques et affectueuses de l'enfance ne révèlent rien de la bestialité du
singe adulte (qui à l'époque actuelle est lui-même dégénéré).
Les
primitifs enfants avaient l'activité de leur âge, mais ils ne savaient pas
encore attraper les oiseaux, ils ne savaient pas pêcher et ne se nourrissaient
pas encore de la chair des grands animaux (1).
Ils
avaient des résidences fixes, où ils revenaient après leurs excursions dans le
voisinage (et où on a trouvé des squelettes, mais ce n'était pas pour cela des
sépultures).
Il n'y
avait pas encore dans les groupes de distinction de sexes, donnant aux femmes
d'autres occupations qu'aux hommes, la maternité n'ayant pas encore fait son
apparition ; on travaillait en commun, on jouait en commun ; l'autoritarisme de
l'homme n'existait pas encore dans cette société où l'on vivait comme des
frères.
Si nous
résumons l'état mental des Primitifs, nous voyons qu'au point de départ de la
mentalité humaine il n'existe ni surnaturel, ni merveilleux, ni préjugés, ce
qui suppose des jugements antérieurs déformés. La Nature seule dans sa
simplicité s'impose à l'esprit et fait naître l'étude attentive des phénomènes
qui se produisent.
C'est la
science en germe avec la vérité partout.
Le
mensonge avec tout son cortège de maux n'apparaîtra que dans les époques postérieures.
(1) Ovide dans ses Métamorphoses, dit :« Dans ces temps antiques appelés l’Âge d'or, l'homme se contentait du fruit des arbres et des plantes nées du sein de la terre. Le sang ne souilla pas sa bouche : alors l'oiseau pouvait sans danger agiter ses ailes dans les airs et le lièvre errer sans crainte dans les campagnes. Alors le poisson n'allait pas, victime de sa crédulité, se prendre au perfide hameçon. Nulle part des pièges tendus, nulle part la fraude à craindre, partout une paix profonde. »
(1) Ovide dans ses Métamorphoses, dit :« Dans ces temps antiques appelés l’Âge d'or, l'homme se contentait du fruit des arbres et des plantes nées du sein de la terre. Le sang ne souilla pas sa bouche : alors l'oiseau pouvait sans danger agiter ses ailes dans les airs et le lièvre errer sans crainte dans les campagnes. Alors le poisson n'allait pas, victime de sa crédulité, se prendre au perfide hameçon. Nulle part des pièges tendus, nulle part la fraude à craindre, partout une paix profonde. »
QUATRIÈME
ÉPOQUE
ADOLESCENCE
DE L'HUMANITÉ
Nous
entrons dans la vie sexuelle. C'est en partie double que nous allons avoir, à
l'avenir, à faire l'histoire de l'Humanité, puisque, à partir de ce moment de
son évolution, l'être humain va se manifester différemment dans ses deux
entités.
Nous
allons voir se dérouler devant nous les temps appelés « l'Âge d'Or », que nous
ne connaissons qu'en cherchant à les apercevoir à travers les traditions, les
légendes, les mythes, seules sources réelles de la primitive histoire.
Plusieurs
peuples différents ont écrit, dans des langues différentes, l'histoire de
l'humanité primitive. Nous n'avons, pour la restituer, qu'à suivre leurs écrits
qui nous montrent la formation primitive de la Terre, l'apparition et
l'évolution des êtres organisés et l'histoire des premières races humaines ;
tous nous parlent de la déchéance de l'homme liée à sa sexualité et nous
montrent, à partir de « la chute », une lutte de sexes qui éclate et dans
laquelle la Femme finit par être vaincue. Et, chose curieuse, c'est à partir de
cette victoire de l'homme que commence, pour les historiens, l'HISTOIRE. C'est
après que les faits les plus importants de la vie humaine se sont déjà passés,
qu'on nous parle d'Origines, comme si la vie sociale des peuples était
compréhensible sans l'histoire du développement primitif qui explique les
causes premières de tous les effets survenus dans la suite.
La
science de l'histoire a une plus haute mission.
Elle doit
ramener aux causes fondamentales, aux idées originaires, les croyances, les
symboles, les mythes et les rites de tous les peuples. Et elle ne peut le faire
que si elle connaît le système du Monde, c'est-à-dire le commencement et la fin
de la planète que nous occupons, et l'origine des êtres organisés, c'est-à-dire
le commencement et la fin de l'homme. Sans cette connaissance, il est
impossible de comprendre les croyances qui ont été la base des théologies et le
fondement des cultes.
En
montrant l'identité fondamentale de toutes les races primitives, nous allons démontrer
la similitude de développement de toute l'humanité, l'unité dans l'évolution.
Puisque
la nature humaine est partout la même, puisqu'elle est soumise aux mêmes lois
physiologiques et psychiques, il faut qu'elle traverse les mêmes phases de
l'évolution mentale et arrive aux mêmes fins, après avoir passé par les mêmes
luttes.
En
considérant ce que les mythes contiennent de vérité morale et de vérité
historique, nous arrivons à conclure que tous les peuples de la Terre sont
reliés par les instincts les plus profonds de l'être.
Pour
refaire cette histoire éloignée, nous allons continuer à employer la méthode
qui ne trompe pas, celle qui consiste à rapprocher le développement ontogénique
du développement phylogénique.
Cette
méthode jette sur les textes qui ont été conservés une lumière nouvelle. Elle
nous aide à en comprendre les altérations, elle nous montre, sous un aspect
imprévu, des choses que l'on avait obscurcies à dessein, elle rend leurs
véritables proportions aux choses exagérées et, enfin, met en relief des faits
importants auxquels on n'avait pas fait attention.
Nous
avons donc plusieurs moyens de reconstituer ce passé lointain, ce passé qui se
perd dans la mystérieuse nuit des temps.
Nous
pouvons l'étudier dans l'évolution ontogénique, c'est-à-dire en suivant le
développement anatomique, physiologique, psychique et moral de l'enfant ; nous
pouvons l'étudier en cherchant dans le passé, en feuilletant l'histoire, en
soulevant le voile allégorique des mythes de l'antiquité. Mais ce dernier
moyen, qui semble cependant le plus facile, n'a jamais donné un résultat
complet, parce que toutes les sources historiques très anciennes sont plus ou
moins altérées.
Une
grande cause d'erreur vient surtout de ce que l'on a pris l'habitude d'écrire
l'histoire en mettant dans le passé les croyances, les mœurs, les institutions,
les passions de l'époque à laquelle on appartient. L'historien est dominé, à
son insu, par les idées de son temps et par celles de son âge. L'erreur vient
aussi de ce que les hommes qui écrivent altèrent le rôle de la Femme, autant
parce qu'ils ne le comprennent pas, que parce qu'ils croient avoir un intérêt à
l'effacer.
Rétablissons
la Vérité et montrons, telle qu'elle a été, l'évolution des idées, des mœurs et
des institutions, et aussi celle des luttes de sexes.
EXPÈRIENCE
CONFIRMATIVE
Supposons
que nous prenions deux enfants, une jeune fille et un jeune garçon, et que nous
les mettions dans une île déserte, livrés à la Nature ; ils referont
l'évolution primitive en vertu de deux lois :
1° La
persistance, des lois physiologiques qui leur fait refaire ce que leurs
ancêtres ont fait avant eux, étant doués des mêmes organes, soumis aux mêmes
fonctions.
2°
L'atavisme, ce singulier héritage mental qui nous oblige, même en dehors des
causes actuelles, à refaire ce que nos ancêtres ont fait.
« L'imagination
individuelle des enfants, chez les nations les plus avancées, offre encore le
tableau fidèle de l'imagination générale des peuples à l'aurore de leur
civilisation. Mais il ne faut pas confondre le printemps de la vie et
l'automne, l'enfance et la vieillesse, quoiqu'on y trouve des caractères
communs. » (Fabre d'Olivet, L'Etat social de l'homme, tome I, p. 151).
Il est
bien entendu que nous devons supposer nos deux adolescents élevés loin des
préjugés qui auraient pu modifier leur nature. En observant nos enfants
actuels, nous tiendrons compte aussi de certaines altérations des idées,
produites par un atavisme postérieur à l'âge réel qu'ils traversent, lequel, en
vertu de la rapidité de l'évolution ontogénique, empiète quelquefois d'un âge
sur l'autre et se précipite, pour ainsi dire, dans la vie qui recommence.
Cette
cause d'erreur mentionnée, il nous reste deux êtres tels que la Nature les a
faits. Voyons ce qu'ils vont faire en vertu des lois physiologiques et
psychiques qui les régissent.
L’AGE
CRITIQUE DE LA SEXUALITÉ
C'est
dans les lois qui régissent la vie de nos adolescents que nous devons chercher
la cause première des faits que la tradition et l'histoire nous ont relatés. Si
nous étudions le début de la physiologie et de la psychologie sexuelles, nous
remarquons tout de suite combien leurs effets sont différents dans les deux
sexes.
Comme
cette histoire du sexualisme est au début de toutes les Écritures sacrées de
l'antiquité, nous devons nous y arrêter afin que l'on comprenne bien sur
quelles bases s'est appuyée la RELIGION NATURELLE qui a été la première forme
du gouvernement des hommes. Là est le grand fait de l'histoire humaine :
l'origine et l'évolution de la vie sexuelle.
LES DEUX
SEXES SONT INVERSEMENT POLARISÉS
La
circulation sanguine et nerveuse, qui résume toute la physiologie humaine,
s'accomplissent inversement chez le mâle et chez la femelle. De là toutes les
différences de leur organisation.
Il nous
est impossible de développer ici cette grave question ; nous ne pouvons que
renvoyer le lecteur aux articles L'Amour et Psychologie et loi des sexes.
Résumons-la
cependant :
Les êtres
vivants naissent tous en apportant à la vie deux éléments : l'élément nerveux
qui a une valeur immense, puisqu'il est le principe même de la vie ; l'élément
sanguin qui n'a qu'un rôle matériel, l'édification du corps.
Si ces
deux éléments constituent la richesse biologique, ils le font comme l'or et le
cuivre constituent la richesse économique, c'est-à-dire en ayant une valeur
différente.
Or, la
loi des sexes veut que chacun garde en réserve un de ces deux éléments et donne
l'autre à la génération.
Le sexe
mâle garde en réserve l'élément sanguin et dépense l'élément nerveux. Le sexe
femelle garde l'élément nerveux et dépense l'élément sanguin.
Il existe
une polarité sexuelle en vertu de laquelle l'élément gardé tend à se déposer
dans la moitié supérieure du corps, alors que l'élément dépensé se dirige vers
la moitié inférieure pour être livré à sa destination génitale.
Nous
avons donc tous deux vies : la vie gardée et la vie dépensée.
Ce sont
les conséquences de ces deux vies que l'histoire va nous révéler.
LA FEMME
PRIMITIVE
Chez la
fille primitive qui devint femme, de grands changements se produisirent.
Elle
embellit en perdant les caractères de l'enfance, elle s'affina, pour ainsi
dire, devint supérieure à ce qu'elle avait été, prit des caractères de
spiritualité et de pureté dont le symbolisme, plus tard, dota l'ange, cette
figure allégorique inventée pour la représenter.
« Que
de choses je pourrais dire sur le réveil de la Femme, dit Flammarion, de
la femme qui, advenue plus tard que l'homme à la vie animale, y apportait une
sensibilité plus exquise, plus longuement élaborée, plus raffinée, des organes
plus achevés, une vue plus perçante, une voix plus vibrante, des tissus plus
souples, des formes mieux modelées ».
La
fillette actuelle, qui devient femme, embellit aussi, son exubérante chevelure
révèle extérieurement l'activité nerveuse qui règne dans la partie supérieure
de son corps, faisant monter l'influx nerveux qui augmente sa masse médullaire
cérébrale.
Sa
bruyante gaieté trahit le bonheur intime que lui donne la plénitude de vie qui
s'affirme en elle ; elle devient altruiste, elle aime la vie dans les autres
comme elle l'aime en elle, elle aspire à épandre ses sentiments, cherche des
amitiés profondes. Sa jeunesse est une floraison naturelle qui fait éclore
toutes les sensibilités ; son caractère se forme et s'affermit, sa raison
droite s'affirme. Elle n'aurait nulle timidité, nulle pudeur, si on ne lui
imposait une réserve qui n'est pas en elle, que son atavisme lointain ne lui
impose pas, car elle n'est pas avertie, par la voix secrète de la conscience,
qu'il y ait en elle quelque chose à cacher, son instinct, au contraire, lui dit
qu'elle est pure. Et n'est-ce pas la voix de cet instinct qui est la cause de
l'horreur qu'inspire à nos petites filles la confession, cet aveu forcé de
fautes qu'elles sentent ne pas être en elles ?
Ce
chapitre tient une grande place dans l'histoire des sociétés primitives. De
bonne heure, la Femme sut que la bonne Nature l'avait traitée en privilégiée,
et que les conditions physiologiques qu'elle lui imposait avaient d'heureuses
conséquences pour elle, la grandissaient en intelligence, rehaussaient sa
beauté. Et c'est dans ces lois psychiques que nous trouvons l'origine du dogme
de « la Femme immaculée » qui régna partout.
Michelet
dit : « La charmante et terrible puissance qui se révèle chez la Femme,
après l'amour, lui donne les sept esprits (les sept vertus de l'Avesta). Les
sept dieux de Syrie sont nés du Dieu-désir. Les sept esprits sont : la science,
la bonté, la pureté, la vaillance, la douceur libérale, le génie de la vie
productive, l'esprit vivificateur. La merveille, c'est que, réellement, en sept
nuits elle a grandi d'une façon surnaturelle. Elle est noble et fière, elle est
Reine. Il est étonné d'elle, il en a presque peur tant elle est imposante et
belle. » (La Bible de l'Humanité).
« Elle
a de l'ange et de la bête, mais elle garde, après l'amour, ce qu'elle avait de
céleste et n'a plus ce qu'elle avait de bestial. » (Michelet).
Quand on
ne connaît pas l'histoire physiologique des sexes, il est impossible de comprendre
la signification des religions primitives, tout entières édifiées sur cette
base. C'est la clef des mystères et c'est aussi la cause des luttes terribles
dirigées contre les Femmes.
L’HOMME
PRIMITIF
Chez le
jeune homme, les changements qui surviennent par suite de son entrée dans la
vie sexuelle sont tout différents. En perdant les caractères de l'enfance, il
enlaidit, devient velu, sa force musculaire augmente ; la bête humaine
s'introduit en lui, lentement (brutalement, brusquement, quelquefois, chez les
descendants des anciennes races qui se précipitent dans l'évolution et en
récapitulent les phases en peu de temps), elle le transforme, imprime sur son
visage sa lourde empreinte bestiale, l'intimide, l'effraie.... il voudrait la
fuir, se sauver de lui-même pour ne pas vivre avec cet hôte gênant, il a honte
de cet état nouveau. C'est chez lui que naît la pudeur, c'est lui qui voudrait
se cacher. Car c'est chez lui qu'il y a pour passer de l'enfance à
l'adolescence une révolution mentale, une crise intellectuelle et morale, une
conversion accompagnée d'un changement du regard.
L'apparition
de la barbe lui fait perdre sa beauté enfantine, sa voix devient grave et
sourde, ces changements le troublent profondément. Il devient timide en face de
la Femme et cherche à dissimuler ses caractères sexuels. C'est lui qui invente
le vêtement, et nous verrons chez certains peuples primitifs les hommes se
voiler la partie inférieure du visage pour cacher la barbe naissante.
Si nous
cherchons quels changements se produisent dans son caractère à la suite de ces
modifications physiques, nous constatons que le jeune garçon subit les
premières atteintes de la perversion quand il devient homme.
Quand
nous l'observons dans la société des autres enfants, dans la vie de collège,
par exemple, nous le voyons déjà occupé à faire souffrir ses petits camarades
comme plus tard, dans la société, il cherchera à vexer, à duper ses semblables.
Un autre garçon est pour lui un petit ennemi d'abord, le premier sentiment
qu'il éprouve en le voyant est mauvais, il lui témoigne de la défiance, de la
haine, il ne s'adoucit que s'il peut en faire le complice de ses gamineries, de
ses turpitudes, de ses vices naissants. Si c'est un être faible, il se montre
déjà lâche vis-à-vis de lui, il a une férocité native qui demande une proie,
l'antagonisme, l'opposition semblent être, chez l'être mâle, un mouvement
spontané.
Ce
sentiment apparaît avec ses premières manifestations sexuelles.
Il
devient destructeur, il mutile les plantes, tue les insectes, torture s'il le
peut les animaux ; ses jeux sont cruels, il tue les mouches en attendant qu'il
puisse tuer de grands animaux, qu'il puisse tuer des hommes ; il martyrise des
papillons, des hannetons, tous les insectes, et ainsi s'habitue peu à peu à la
souffrance des autres, et y prend plaisir. Les plus forts d'entre les garçons
torturent les plus faibles, ceux qui sont doux et inoffensifs, et ils appellent
cela un jeu.
Le fameux
mot de Hobbes est l'expression de la vérité : « L'homme est un loup pour ses
semblables ».
Si nous
suivons l'enfant jusqu'à l'adolescent, si nous observons attentivement les
phases de la crise qu'il traverse, nous voyons que l'amour physique qui s'est
révélé à lui, qui l'a séduit, dominé, a fait en lui son œuvre bestiale. Pendant
qu'il se travaille en silence, il devient sombre, misanthrope, en même temps
paresseux, malpropre, la coordination des idées l'abandonne, il devient
incohérent dans sa conduite comme dans son esprit, il voit faux, ce qui l'amène
à mentir. Mais il devient fort, c'est-à-dire brutal, il aime le pugilat, et ses
relations avec les autres garçons de son âge sont surtout des luttes.
DIFFÉRENCES
SEXUELLES
C'est de
12 à 15 ans que les différences sexuelles commencent ; elles sont peu sensibles
d'abord, mais s'accentueront et seront déjà bien tranchées de 16 à 18 ans.
Déjà nos
deux enfants, devenus deux adolescents, se sont séparés l'un de l'autre et
marchent dans des voies divergentes.
La
sensibilité qui a augmenté rapidement chez la jeune fille a développé son
esprit. Chez le jeune homme, la sensibilité s'est déviée, elle est devenue
sexuelle, elle a abandonné le cerveau pour descendre dans la partie antérieure
du corps que le symbolisme représentera plus tard par le cœur.
Il en
résulte que la jeune fille marche plus vite que lui dans l'évolution mentale.
« Femme,
vous offrez les charmes de l'adolescence à l'époque où l'homme n'est encore
qu'un enfant et vos tendres regards trahissent déjà les émotions de votre âme
quand il ignore leur existence ». (Fabre d'Olivet. Etat social, p. 110).
Dans la
vie actuelle, nous trouvons la Femme aussi avancée à 15 ans que l'homme à 20.
Il ralentit sa marche en raison de la perte nerveuse que la sexualité lui
occasionne. Mais s'il marche plus lentement dans l'évolution intellectuelle, il
marche plus vite dans l'évolution matérielle, car, si son esprit est moindre,
son corps est plus grand, ses muscles se développent, sa force augmente.
PREMIÈRES
RELATIONS INTERSEXUELLES CHEZ LES PRIMITIFS
L'amour
naissant pousse l'un vers l'autre ces deux adolescents.
Une
mystérieuse attirance les rapproche, ils se cherchent et facilement se trouvent
dans la solitude des bois, dans le silence des soirs d'été, dans la vie en
commun des cavernes. C'est dans ce décor magique de la grande Nature, encore
vierge, que se déroule le prélude du grand drame humain. Leurs premières
tendresses, leurs premières caresses font naître un charme qu'ils veulent
exprimer, leurs regards seuls ont trahi jusque-là le trouble naissant de leur
cœur, mais bientôt ils vont créer un langage sentimental, qui, avant ce moment,
n'eût pas eu d'objet. L'expression d'un sentiment nouveau naît du sentiment
même. Ils veulent se communiquer leurs premiers désirs, ils commencent à rêver
un inconnu encore irréalisé. Cependant, l'amour est un grand maître qui leur
indiquera les voies... Ils essayent des frôlements d'épiderme, des serrements
de mains, des effleurements de joues, ils arrivent ainsi à trouver le baiser, y
reviennent et s'attardent en cette ineffable communion des lèvres. Ces moments
de premiers bonheurs, fugitifs dans la vie actuelle, où tout se précipite,
furent longs dans la vie ancestrale. Cette découverte d'une volupté naissante
dut les absorber, les dominer. Ce dut être la grande, l'unique pensée du
moment. Tout le reste devait disparaître devant l'extase de l'amour, leur seul
désir devait être de s'y plonger, de s'y attarder. Ils étaient au début d'un
jour nouveau et allaient marcher en aveugles dans cette dangereuse voie ouverte
devant eux. Enfin, de tâtonnements en tâtonnements, ils allaient arriver au
moment suprême de l'union... suivi de sa terrible réaction.
Mais
avant cela, quelle vie calme et heureuse.
Et
l'histoire des temps de cette époque, de ces premières amours phylogéniques,
c’est la période de l'histoire que l’on appelle l'Âge d'Or.
PARTIE 2
« L'homme moderne qui réclame, à grand renfort d'arguments scientifiques, une étroite parenté avec les animaux, devrait être plus empressé d'étudier sur nature les mœurs de ses ancêtres. Il verrait, chez eux, absence complète de despotisme, de tyrannie du mâle contre la femelle, absence d'esclavage, de domestication ; il y verrait le respect de la maternité et dans une certaine mesure le respect de l'amour ! Ceci peut paraître paradoxal ? Il n'en est rien.
Dans les espèces un peu développées on ne voit pas les mâles user de violences vis-à-vis de la femelle ; il y a, sans aucun doute, l'ardeur de la chasse ; tels poursuivent avec insistance et sans relâche, l'objet de leurs désirs ; c'est le rôle des prétendants, mais ils abandonnent la partie dès qu'on leur fait comprendre que le moment n'est pas favorable. L'amour n'existant que pour assurer la perpétuation de la race, il faut que celle qui assume la plus grande responsabilité, dans cette œuvre de vie, soit consentante et prête à remplir la fonction essentielle que la nature lui a dévolue.
Le mâle se retire sans haine. L'antagonisme des sexes n'existe pas chez les bêtes. On s'accouple sans honte et on se quitte sans mépris. Dans les espèces supérieures on rencontre des qualités d'ordre moral très développées, des sentiments affectifs ; constance, dévouement, abnégation, certains couples ne peuvent supporter la séparation et meurent de chagrin. Il y a de nobles races qui refusent de se reproduire dans l'esclavage, etc., etc.
Serait-ce trop téméraire de penser que l'espèce humaine ne peut pas être inférieure aux animaux ? ou tout au moins qu'elle ne l'était pas à l'origine ?
Si ce fameux transformisme existait, il est probable qu'il admettrait que la nature, depuis le premier animalcule jusqu'à l'homme, a dû marcher de perfectionnements en perfectionnements. Et, alors, comment expliquer le contraire ?
Les humains pervertis plus cruels que les bêtes féroces ? Si les premiers hommes étaient des « animaux cyniques » que fait-on de l'évolution ? Sauvages au début, sauvages encore parvenus au sommet des civilisations ??? ».
Les humains pervertis plus cruels que les bêtes féroces ? Si les premiers hommes étaient des « animaux cyniques » que fait-on de l'évolution ? Sauvages au début, sauvages encore parvenus au sommet des civilisations ??? ».
(Cleyre Yvelin, Étude Sur Le Féminisme Dans L'Antiquité)
❀
ORIGINE DES ANIMAUX - HISTOIRE DU DÉVELOPPEMENT PRIMITIF
(Résumés
tirés de « L'origine des animaux, histoire du développement primitif : nouvelle théorie de l'évolution réfutant par l'anatomie celle de M. Darwin » )
INTRODUCTION
Les
forces physiques qui agissent à la surface terrestre, la lumière,
l'électricité, la température, la composition chimique de l'atmosphère et la
pression barométrique donnent à la végétation tous ses caractères.
Si le
monde végétal qui recouvre la surface terrestre a, aujourd'hui, une structure
déterminée qui, pour nous, est normale, c'est parce que les forces qui agissent
aujourd'hui sur notre globe engendrent cette structure. Mais à la surface d'une
autre planète, les forces différentes doivent engendrer des formes différentes.
Et même à la surface terrestre, pendant les époques passées, la structure
végétale ne pouvait pas être ce qu'elle est aujourd'hui, puisque les forces directrices
qui agissaient alors sur la matière n'étaient pas ce qu'elles sont dans notre
période actuelle.
Cependant,
aux différents âges d'un même monde on ne trouve pas de différences
morphologiques fondamentales, la direction des forces étant toujours la même,
mais seulement des différences d'intensité.
En
étudiant la physiologie végétale des époques passées, nous devons donc y
trouver des modifications profondes de l'organisme qui, de l'état transitoire
auquel nos plantes actuelles s'arrêtent aujourd'hui, les faisaient passer à un
état plus avancé.
Le terme
auquel nous aboutissons, en suivant cette évolution, qui ne s'accomplit plus
sous nos yeux, est l'aurore de la vie animale.
Depuis
longtemps déjà la science est mise en demeure de démontrer par l'anatomie
l'origine végétale des animaux.
Les
théories sur ce sujet qui, dans ces derniers temps, ont envahi l'esprit public,
ont rendu plus évidente encore la nécessité de donner définitivement une
histoire scientifique de la création naturelle de l'homme et des animaux.
Cette
nécessité est d'autant plus impérieuse que les deux écoles qui se disputent
l'esprit humain, le téléologisme et le transformisme (darwinisme) ne sont
arrivées ni l'une ni l'autre à satisfaire l'esprit scientifique.
L'une et
l'autre sont restées à l'état d'hypothèses ; ni l'une ni l'autre n'ont pu être
soumises à la vérification expérimentale indispensable aujourd'hui à toute
théorie qui surgit.
Nous ne
dirons rien du téléologisme, on a dit à ce sujet tout ce qu'il y avait à dire.
Quant au transformisme, c'est une erreur qu'il faut combattre bien qu'elle ait déjà acquis la force de l'habitude et même celle de la
tradition.
Cependant,
quoique le Darwinisme, après avoir été vivement discuté et contesté n'ait
finalement pas été accepté par les anatomistes, il se trouve un nombre, trop
grand, de personnes chez lesquelles l'esprit d'examen est peu développé, et qui
se sont contentées de cette solution. Pour celles-là, puisqu'elles sont
satisfaites, puisqu'elles se croient arrivées à la sécurité que donne la
certitude, laissons-les se reposer dans leurs convictions, mais cherchons avec
les autres une solution plus juste, plus positive et surtout plus facile à
démontrer expérimentalement de ce grand problème.
Or, il
n'y a dans cette recherche que deux voies à suivre : partir de la série
végétale ou partir de la série animale. L'histoire du développement dans la
série animale a été faite : c'est l'œuvre de Darwin. Il faut admettre sa
théorie si l'on prend pour point de départ de l'évolution la série animale.
Cette méthode étant inconciliable avec les exigences rigoureuses de la science,
ce qui est démontré par les efforts stériles de ceux qui se sont attelés à
cette cause, il ne reste donc à faire que l'histoire du développement dans la série
végétale. Car la vie ne se manifeste, et ne s'est jamais manifestée à la
surface du globe que dans ces deux séries. Il faut donc forcément en prendre
une pour point de départ.
Donc,
ceux qui ne se sont pas ralliés au transformisme, ceux qui n'admettent pas
l'origine animale, avec Darwin, sont forcément amenés à admettre l'origine
végétale avec nous ; la logique et le raisonnement ne permettent pas qu'il en
soit autrement.
Et
cependant, malgré cette alternative, chaque fois que l'on prononce la phrase qui
devrait faire le titre de ce livre : « L'origine végétale des animaux », on est
accueilli par un sourire d'incrédulité, même par ceux qui ne sont pas
darwinistes. Singulière contradiction inconsciente qui ferait supposer que
ceux-là ont découvert quelque part une troisième série organique.
L'origine
végétale des animaux nous ramène à la fixité des espèces, mais nous conduit à
l'évolution dans chaque espèce. Elle nous les montre toutes, suivant chacune
son évolution, tranquillement, sans conflit avec ses voisines, et perpétuant à
travers les âges les caractères spéciaux à chacune d'elles.
Cette
évolution est la loi générale de l'existence, du reste, nous la suivons de près
entre la naissance et la mort dans chaque individu, si dans l'histoire des
mondes ses étapes sont plus éloignées nous pouvons cependant encore les suivre
de loin, et parcourir les différents âges que la plante traverse et pendant
lesquels sa forme se modifie.
C'est
ainsi que telle plante qui, dans notre végétation actuelle, ne dépasse pas
l'état herbacé, a pu être, et même a dû être, aux époques où les forces
physiques qui agissaient sur la terre étaient plus puissantes, un arbre. De
même les plantes qui, actuellement atteignent l'état ligneux de nos arbres les
mieux organisés, suivant également cette évolution, dépassaient cet état qui,
aujourd'hui est le terme définitif de la vie végétale, le point d'arrêt de son
activité et, en dépassant ce terme, ils atteignaient des formes que nous ne
pouvons plus étudier dans la nature, mais que la continuation du développement
commencé nous révèle.
Pour
faire cette étude nous n'avons donc pas besoin de recourir à des hypothèses,
nous n'avons qu'à suivre les modifications que la physiologie végétale actuelle
nous montre s'accomplissant déjà, ou plutôt s'accomplissant encore dans notre
végétation dégénérée.
Nous commençons donc l'étude de la plante au point où les botanistes l'abandonnent,
notre point de départ est le terme auquel ils s'arrêtent.
Nous n'étudions pas l'organisation actuelle des végétaux ; si nous la rappelons
quelquefois c'est pour montrer l'enchaînement de l'évolution anatomique et
physiologique qui s'accomplit, sans lacune, de la plante à l'homme.
Dans
cette étude nous rencontrons la formation histologique de tous nos tissus,
l'origine de tous nos organes. En rapprochant ce développement primitif du
développement embryonnaire de l'animal nous arrivons à prouver par des faits
certains l'évidence de cette théorie.
Du reste,
nous sommes en mesure de donner d'autres preuves plus concluantes encore, nous
pouvons montrer des échantillons d'individus végétaux, arrêtés à différents
degrés de leur développement, et sur lesquels il est facile d'observer la
formation rudimentaire de nos organes.
Le point
d'arrêt de l'activité vitale dans les plantes marque le moment où les relations
entre la plante et le milieu qui l'entoure perdent leur harmonie. Ce point
d'arrêt a dû suivre une évolution ascendante, puis une évolution descendante.
Entre ces deux évolutions il s'est produit un terme culminant signalé sur la
terre par l'apparition des animaux.
La vie
végétale traverse une série de phases lentes que le recommencement de la vie
dans chaque animal reproduit fidèlement. Les premières étapes du développement
animal nous ramènent donc à l'état actuel de notre végétation.
Si l'on
ne s'est pas aperçu plus tôt de cette grande vérité c'est que l'on n'a pas
regardé, ou plutôt que l'on a mal regardé, la nature qui nous entoure. On a
négligé, tout au commencement de cette étude, de tenir compte de la direction
du développement, c'est-à-dire du renversement du fœtus dans l'utérus maternel,
lequel, en vertu d'une force que les botanistes ont appelée géotropisme,
cherche, comme les plantes, la direction de la pesanteur et place sa tête au
bas d'un axe vertical qui suit cette direction (1).
On a
voulu comparer l'animal actuel, dans sa situation actuelle, au végétal
contemporain, alors qu'il fallait lui comparer le fœtus dans sa station
primitive, et dans les premiers temps de son développement, puisque les formes
ultérieures que prend l'animal ne sont plus traversées par les végétaux arrêtés
dans leur activité vitale au milieu de leur évolution.
Si les
botanistes connaissent bien la vie végétale telle qu'elle se manifeste
actuellement, ils ignorent absolument la vie végétale telle qu'elle se
manifestait aux autres époques. Ceux d'entre eux qui se sont occupés de
botanique fossile n'ont fait que reporter dans le passé l'état présent de la
terre.
En
général on a étudié la plante dans son origine et le commencement de son
développement, on n'a jamais été jusqu'à sa fin. C'est cette étude, absolument
nouvelle, que nous faisons aujourd'hui.
M. Van
Tieghem arrête l'évolution végétale à ce qu'il appelle l'arbre adulte, ce qui
équivaut à arrêter l'évolution de l'embryon animal au fœtus de six semaines ;
car l'arbre adulte et le fœtus humain de six semaines sont dans le même état
d'organisation.
C'est
pour n'avoir pas pu franchir cet état transitoire qu'on n'a pas découvert la
véritable nature de la vie végétale et que l'étude de la botanique est restée
jusqu'à ce jour réduite, pour ainsi dire, à l'étude des embryons.
Nous
allons pousser plus loin cette étude, nous allons traverser non seulement toute
la période embryonnaire que notre végétation actuelle déroule sous nos yeux,
mais nous allons la suivre à travers tous les âges pendant lesquels la vie n'a
pas cessé un seul instant de modifier les corps qu'elle a traversés, et
prouver, par cette étude, que la biologie n'est pas une science divisée en deux
branches, mais au contraire une science indivise.
Quoique
la meilleure preuve à donner de la fausseté de la théorie transformiste soit de
lui opposer une autre théorie vraie, construite sur des caractères anatomiques
mieux étudiés, et surtout, susceptibles d'être prouvée expérimentalement, il
est bon, cependant, de montrer que la campagne acharnée des partisans de Darwin
reposait sur l'entêtement bien plus que sur la conviction.
On s'était fait de cette théorie une arme pour combattre la Bible, sans s'apercevoir que
ce n'est pas marcher en avant que de prendre une fausse route.
Les
transformistes, du reste, sentent eux-mêmes toute la faiblesse de leurs
arguments puisque le plus passionné de tous, M. Haeckel, qui a poussé à
l'exagération les erreurs de Darwin disait : « Nous
sommes obligés d'admettre et de défendre cette théorie (le Darwinisme) tant qu'il ne s'en présentera pas une autre,
capable d'expliquer aussi simplement une telle quantité de faits, tant à
présent cette théorie rivale fait absolument défaut. » Et plus loin il
ajoutait : « On est rigoureusement obligé,
en vertu des principes fondamentaux en vigueur dans le domaine des sciences
naturelles, d'accepter et de conserver, tant qu'il ne s'en présente pas une
meilleure, toute théorie, fût-elle même faiblement fondée, qui se peut
concilier avec les causes efficientes. » (Haeckel. La création naturelle, p. 26 et 27)
M.
Haeckel qui défendait avec tant d'acharnement une si mauvaise cause, avouait donc
qu'il n'admettait le Darwinisme, pour lequel il combattait, qu'à titre provisoire.
Or une
conviction provisoire est une conviction illusoire.
La vérité
est une. Ce n'est pas un organisme perfectible.
Elle est
ou elle n'est pas. Quand on est certain de l'avoir trouvée on ne peut pas
admettre, on ne peut pas supposer même qu'il soit possible de trouver
postérieurement une autre vérité, plus vraie.
Deux et
deux font quatre aujourd'hui. Ils feront toujours quatre dans l'avenir, quels
que soient les progrès réalisés, plus tard, dans les sciences mathématiques.
Le
transformisme part du principe inventé par Oken et publié en 1819 dans un
article qui parût dans l'Isis, intitulé : L'origine de l'homme. Il repose sur
cette idée que la terre ayant été entièrement recouverte par les eaux à une
époque très reculée, c'est dans l'eau que la vie se manifesta d'abord ; donc
que les premières formes animales furent des formes aquatiques ; que lorsque
les eaux se retirèrent ensuite, un grand nombre d'êtres créés furent déposés
sur les rivages où ils se transformèrent d'abord en amphibies et, finalement,
en oiseaux et en mammifères.
Il faut
bien avouer que cette théorie est absurde et ne repose sur aucune loi naturelle
connue. Si la transformation des animaux aquatiques en animaux aériens s'était
effectuée à un moment donné, on la verrait encore commencer à se réaliser
chaque fois qu'un poisson est apporté sur le rivage. Si l'œuf qui contenait le
germe primitif de l'homme, œuf qui, d'après Oken, n'éclot que lorsque le fœtus
a atteint l'âge de deux ans afin qu'il ait déjà des dents en naissant pour
pouvoir s'alimenter sans le secours d'une nourrice, si cet œuf prodigieux
s'était formé spontanément dans la mer, il s'y formerait encore, car les lois
naturelles sont constantes, elles n'admettent pas d'exceptions, elles
n'octroient pas de faveurs, ce qui a eu lieu un jour peut (et doit) avoir lieu
chaque fois que les mêmes éléments se trouvent mus par les mêmes forces.
Or, nous
savons tous qu'un poisson mis hors de l'eau meurt au bout d'un temps
très court. Chaque être vivant s'est organisé dans un milieu où il a acquis
certains organes, certaines facultés en rapport avec ce milieu, et qui ne
peuvent fonctionner ailleurs. La science, et la logique à défaut de la science,
enseigne, au contraire, qu'à mesure que les eaux se sont retirées les animaux
aquatiques se sont confinés dans les profondeurs occupées par les mers, tandis
que les mollusques et les poissons restés sur les plages y ont péri puisque
nous les retrouvons tous les jours à l'état de fossiles, dans leur forme
primitive et n'indiquant aucun commencement de transformation.
La
science et la logique nous enseignent que c'est après ce retrait des eaux que
la végétation apparût, et que cette végétation primitive, d'abord seule
manifestation de la vie sur les parties de la surface terrestre non recouvertes
par les eaux, est le premier état, la première forme des animaux qui, issus
d'elle, apparurent ensuite.
Il y a
donc eu, et il y a encore, modification des espèces végétales. Par conséquent,
c'est en partant de l'étude de l'anatomie comparée des végétaux et des animaux,
c'est en présentant des exemples fossiles ou vivants et en s'appuyant sur les
faits positifs que l'anatomie, l'histologie et l'embryologie nous fournissent,
que nous devons prouver la réalité de la doctrine qu'il faut, le plus tôt
possible, substituer au transformisme : la doctrine de l'Origine végétale des
animaux.
Cette
théorie repose sur un principe que l'on pourrait appeler inné, car il est au
fond de tous les esprits.
Nous
avons tous comme un vague souvenir de notre vie végétative, nous n'en avons
aucun d'une vie aquatique. Nous aimons la verdure, les fleurs, les arbres, nous
sentons que les bois ont été notre première demeure, notre berceau ; nous les
aimons et nous éprouvons en y retournant ce sentiment de bienêtre, de plaisir
que l'on ressent en revoyant l'endroit où l'on a passé ses années d'enfance ;
la mer ne nous dit rien de tout cela, le fond de l'Océan nous effraye, au
contraire, et l'idée de retourner dans ce milieu éveille en nous une idée de
mort bien plus qu'une idée de vie.
M. de
Quatrefages, une grande autorité qui honore la France, disait un jour dans une
conférence sur l'homme, faite à Vincennes :
« Dans cette étude des questions générales
relatives à l'histoire de notre espèce, nous avons dû nous demander quelle
était l'origine de l'homme. Sur ce point, je me suis vu obligé de confesser
l'impuissance du savoir actuel. Mais si je n'ai pu dire d'où venait l'homme,
j'ai pu dire, au nom de la science, d'où il ne venait pas ; j'ai pu affirmer
que nous n'avons pour ancêtre aucun animal, pas plus le singe que le phoque ou
tout autre animal, quel qu'il soit. »
Malgré
cet aveu de M. de Quatrefages, toute l'attention du monde scientifique a été
portée, dans ces dernières années, vers les travaux de la Société
d'anthropologie. On espérait voir sortir de cette réunion de personnes éminentes
la solution du grand problème, l'origine de l'homme. Cette attente a été déçue,
rien n'a été fait, et rien ne pouvait être fait puisque la plupart des
anthropologistes cherchaient dans la transformation animale ce que l'on ne peut
trouver que dans la transformation végétale.
C'est
donc vers l'étude de la botanique qu'il faut aujourd'hui appeler l'attention du
public. Il faut faire comprendre au monde savant qu'il est de la plus haute
utilité d'éveiller partout le goût de cette science qui devrait être considérée
comme la plus importante de toutes puisqu'elle renferme la clef du plus grand
des mystères, notre origine, et, en même temps, la plus utile des histoires,
l'histoire de la vie.
Mais on
le sait, aucune science n'a progressé sans l'initiative des théoriciens, sans
les hardiesses de certains esprits audacieux qui mettent tout d'un coup en
lumière des faits que la patiente investigation des savants n'avait pas
aperçus.
Les
matériaux que la science a rassemblés, depuis quelques années, pour la
construction de l'édifice scientifique et social sur lequel l'humanité doit
reposer forment un amas confus. Il semble qu'au milieu de toutes ces pierres
apportées par les uns et les autres on ait oublié de faire un plan. Chacun
s'est, fait ouvrier. M. Darwin seul s'est fait architecte, mais le plan qu'il a
donné est mauvais, il manque de base.
Les
savants modernes ont tous négligé de s'occuper de l'idée générale qui doit
grouper les matériaux épars. Ils n'ont étudié que les détails et n'ont pas
aperçu l'ensemble. Ce système est inconcevable de la part de tant d'esprits
d'élite. Grouper des faits sans une théorie qui les relient, c'est fabriquer
isolément les pièces d'un jeu de patience en attendant une main et une
intelligence qui viennent les classer.
Plus
hardi que les autres, et persuadé que ce sont moins les faits qui manquent aux
théories que les théories aux faits, nous avons extrait l'idée générale des détails.
Nous sommes partis armés d'une idée, à la recherche de faits qui la confirment, nous
l'avons soumise à une série d'observations et d'expériences, et partout nous l'avons
trouvé confirmée dans la nature.
Or, comme
lorsque toutes les observations et toutes les expériences sont d'accord avec
l'idée conçue, la loi est trouvée, nous donnons comme une certitude l'histoire de
l’Origine végétale des animaux.
(1) Chose incroyable, malgré la direction bien connue de la formation de l'embryon, aujourd'hui encore, dans les livres d'embryologie et dans les cours publics, lorsqu'on explique le développement embryonnaire, on place sous les yeux des lecteurs ou des élèves les figures destinées à la démonstration dans une position renversée qui met la tête du fœtus en haut et ses membres dirigés vers le bas, alors que l'on sait, cependant, très bien qu'il se forme dans une situation renversée.
(1) Chose incroyable, malgré la direction bien connue de la formation de l'embryon, aujourd'hui encore, dans les livres d'embryologie et dans les cours publics, lorsqu'on explique le développement embryonnaire, on place sous les yeux des lecteurs ou des élèves les figures destinées à la démonstration dans une position renversée qui met la tête du fœtus en haut et ses membres dirigés vers le bas, alors que l'on sait, cependant, très bien qu'il se forme dans une situation renversée.
ANATOMIE VÉGÉTALE ET ANIMALE COMPARÉES
Le règne
végétal se divise en trois grands embranchements :
- Les
dicotylédones qui germent avec deux cotylédons ;
- Les
monocotylédones qui germent avec un seul cotylédon ;
- Les
acotylédones qui germent sans cotylédon.
Les
animaux d'origine végétale sont :
- Les
mammifères issus de l'embranchement des dicotylédones ;
- Les
oiseaux, les reptiles et les articulés issus de l'embranchement des
monocotylédones ;
-
Différentes espèces inférieures groupées par les zoologistes dans des classes
différentes, issues de l'embranchement des acotylédones.
- Les
poissons, les batraciens, les mollusques ne sont pas d'origine végétale. Ils
n'ont aucune, parenté avec les animaux aériens. Leur formation, d'origine
aquatique, suit un mode de développement tout différent de celui des vertébrés
terrestres.
Nous nous
occuperons d'abord de l'embranchement des dicotylédones puisque c'est dans
cette grande division du règne végétal que nous allons trouver l'origine des
mammifères, dont l'homme fait partie.
LA STATION DES ANIMAUX ET DES VÉGÉTAUX
LA STATION DES ANIMAUX ET DES VÉGÉTAUX
Nous avons parlé du renversement du fœtus dans l'utérus maternel, pendant le développement
embryonnaire. Ce fait qui peut sembler insignifiant a cependant une importance
considérable. Il explique à lui seul toute la théorie développée ici ;
il explique à lui seul tout le développement primitif.
C'est
pour ne pas l'avoir observé et, par conséquent, pour ne pas en avoir tiré
toutes les conséquences qui en résultent, que nous avons été pendant si
longtemps trompés dans nos recherches et déroutés dans nos observations ; c'est
pour ne pas en avoir tenu compte que nous n'avons pas aperçu l'identité de
structure des végétaux et des animaux, ou plutôt la continuation par des
gradations insensibles de la formation anatomique commencée à l'aurore de la
vie végétale et continuée dans la vie animale.
La
station verticale de l'homme, la station horizontale des quadrupèdes est la
cause qui nous a empêchés de découvrir leur origine végétale et de suivre leur
développement progressif dans la nature. Cette façon de lever la tête vers le
ciel et de s'appuyer sur les membres inférieurs, si peu faits pour le soutenir,
est une station que l'homme adopte après la naissance, et qui est justement
l'opposé de la station actuelle de l'arbre qui nous représente les premières
phases de la vie embryonnaire. Pendant toute la vie intra-utérine qui reproduit
la longue période du développement primitif l'homme occupe la même station
renversée que la plante.
Il est si
vrai que la position actuelle de l'homme est acquise et non pas native, que
maintenant même, après des siècles d'habitude héréditaire contractée par nos
ascendants, nous ne pouvons pas encore supporter la station verticale dans une
immobilité parfaite pendant plus de quelques instants ; nous cherchons des
points d'appui, nous prenons la position hanchée pour reposer tour à tour nos
membres fatigués. Cet exercice nous est pénible parce qu'il y a une grande
dépense de force dans notre station actuelle. Ce fait suffit à prouver qu'elle n'est
pas originelle, car il est logique de supposer l'être primitif dénué de force
puisqu'il faut bien le supposer privé, comme l'embryon, de facultés motrices à
l'origine. La contraction musculaire ne s'exerce que par l'entremise des nerfs
moteurs qui ne fonctionnent pas pendant les premières phases du développement.
La
station verticale nous coûte un effort que nous faisons par la volonté,
c'est-à-dire par la mise en jeu d'une force motrice agissant sur les muscles,
mais lorsque cette force cesse d'agir, soit parce qu'un exercice fatigant a
épuisé sa réserve, soit parce que le sommeil nous envahit, en un mot, lorsque
la volonté n'agit plus ou devient impuissante à provoquer l'action, l'homme a
besoin de s'étendre pour reprendre la position horizontale qui, probablement, a
été pendant longtemps la station intermédiaire qu'il a occupée entre la
position végétale et la position animale.
Il se
couche sur le sol, sa tête qui alors recommence à obéir au géotropisme, vient
rejoindre la terre, et c'est encore dans cette position horizontale que nous
passons la moitié de notre vie, toutes nos heures de sommeil. Si par hasard il
nous arrive de nous endormir debout, bientôt le poids de la tête, cherchant le
sol, nous entraîne, et, malgré nos efforts, tend à lui faire regagner sa
position primitive qui est en bas.
Tous les
physiologistes sont d'accord là-dessus (1).
M.
Béclard dit au sujet de cette position primitive qui est en bas : « Le corps pour rendre son équilibre plus
stable et pour ne pas reposer tout entier sur la projection verticale du tibia,
c'est-à-dire sur le talon, mais pour répartir également son poids sur toute
l'étendue de la base de sustentation, le corps, dis-je, s'incline légèrement
sur l'articulation tibio-astragalienne, pour reporter en avant la projection
verticale du centre de gravité, d'où il suit que le corps a une certaine
tendance à tomber en avant, et que les muscles qui s'opposent à ce mouvement,
c'est-à-dire les muscles du mollet, sont dans un état de tension permanente.
»
« L'action musculaire, quel qu'intense qu'on
la suppose, est une force essentiellement intermittente. Tout muscle ne se
contracte qu'à la condition de se relâcher. Une contraction ne dure pas
quelques minutes d'une manière permanente sans amener bientôt un épuisement et une
impuissance absolue. Une force intermittente, comme l'est la contraction
musculaire, ne peut pas faire équilibre à une force constante, comme l'est la
pesanteur. »
« Lorsqu'on envisage un homme qui se tient
debout sur les deux pieds, le corps est à l'état d'équilibre, mais les
puissances musculaires ne sont pas inactives : elles agissent dans des sens
divers et se balancent réciproquement pour maintenir le corps dans la
verticale. Le corps de l'homme et celui des animaux n'est, à proprement parler,
à l'état de repos, que lorsqu'il est étendu sur le sol ou sur des corps plans,
obéissant ainsi librement aux lois de la pesanteur. »
« Lorsqu'on cherche à placer un cadavre dans
la situation verticale, le tronc peut être maintenu dans cette position, à peu
près sans secours étranger, tandis que les membres se dérobent, pour ainsi
dire, sous la charge du corps.
C'est aussi ce qui arrive lorsque l'homme perd
connaissance, c'est-à-dire lorsque la contraction musculaire fait défaut. »
Et M.
Béclard ajoute au sujet de cette position primitive qui est en bas :
« La station quadrupède n'est, pas plus que la
station bipède, une attitude passive, et si l'animal la supporte plus longtemps
que l'homme, elle détermine néanmoins la fatigue. Dans la station quadrupède
les muscles extenseurs des membres doivent, en effet, lutter par leurs
contractions contre le poids du corps, qui tend à fléchir les segments des
membres dans leurs diverses articulations. Le cheval offre, dans son mode de
station, quelque chose d'analogue à la station hanchée de l'homme. Dans l'état
le plus ordinaire il ne repose franchement que sur trois pieds. L'un des
membres postérieurs est légèrement fléchi et ne touche le sol que par la pince.
»
Le pied
qui supporte la charge du corps est si mal construit, chez la plupart des
animaux, pour remplir cet office, que si les quadrupèdes ne reposaient sur
leurs quatre membres, il n'en est pas un seul qui pourrait se maintenir sur cet
appendice terminal. Chez l'homme le pied ne soutient le poids du corps que par
le talon, par l'extrémité des métatarsiens et un peu par le bord externe.
C'est
donc à force d'équilibre étudié, d'habitude acquise, que la station des animaux
est devenue possible.
Si l'on
compare cette station incertaine, chancelante, difficile, des animaux à la
station assurée des végétaux, qui, cependant, reposent sur une base souvent
moins large que les animaux, puisqu'ils sont dans la situation d'un animal qui
reposerait sur la tête (2) et qui, néanmoins ne déploient pour se maintenir sur
le sol aucune force musculaire, étant privés d'innervation, on est forcé
d'arriver à cette conclusion que les végétaux sont maintenus ainsi par un
équilibre naturel établi par l'action dynamique des forces atmosphériques,
action à laquelle ils sont étrangers.
L'équilibre
des plantes est déterminé par une force objective tandis que celui que les
animaux ont acquis ne peut être maintenu que par une force subjective.
Pendant
que les physiologistes zoologistes sont d'accord à reconnaître l'instabilité de
la station humaine et même quadrupède, les physiologistes botanistes, au
contraire, sont d'accord à reconnaître l'équilibre de la station végétale.
« Le tronc étant placé verticalement par
l'action directe de la pesanteur, dit M. Van Tieghem, tous les membres qui se développent sur ses flancs se disposent de
manière à égaliser leur charge tout autour de lui, de façon qu'au fur et à
mesure de son développement le corps vivant tout entier demeure en équilibre
autour de la verticale.
« Ce résultat est atteint par la disposition
même des membres. Dans la ramification terminale la dichotomie ou la polytomie,
dans la ramification latérale la disposition verticillée, la disposition isolée
avec une divergence qui est fraction de la circonférence et la superposition
des membres en un certain nombre de rangées verticales également espacées qui
en résulte, tout concourt précisément à ce but. »
Dans la
station actuelle de l'homme il se produit continuellement une dépense de force
destinée à alimenter la contraction musculaire statique, c'est-à-dire à lutter
avec les forces physiques, dépense inutile dans la station inverse.
Nous laissons
aux amateurs de causes finales le soin de trouver et d'expliquer la cause
finale d'une station qui exige de l'homme une dépense de force improductive.
Les
animaux inférieurs, qui sont plus près de leur état primitif que les animaux
supérieurs, sont fixés au sol par la bouche, comme les plantes, tels sont les
spongiaires ; d'autres sont détachés du sol, mais conservent leur position
primitive, ils marchent sur la tête, comme les céphalopodes.
Tous les
insectes stationnent la tête en bas et l'abdomen en haut. Les araignées au
repos au milieu de leur toile ont toujours la tête renversée.
Les
insectes ne portent la tête en avant que pendant le mouvement, comme les zoospores
libres de végétaux.
Enfin
tous les animaux prennent, pour dormir, une position qui se rapproche de celle
que leurs ancêtres occupaient dans un cycle de vie antérieure.
Ainsi,
presque tous les mammifères quadrupèdes dorment en allongeant la tête entre les
pattes antérieures ; quelques-uns se suspendent aux branches d'arbres en
laissant pendre tout leur corps dans l'attitude qui a été leur station
originaire ; le paresseux, les chauves-souris, surtout le vampire, prennent au
repos cette position renversée. L'homme même sous l'accablement que cause une
forte chaleur ou une grande fatigue cherche à prendre la position appelée
américaine, qui consiste à appuyer les pieds sur un objet plus élevé que celui
où repose la tête.
Mais tous
ces faits n'ont qu'une valeur insignifiante à côté du fait qui prime tous les
autres. Le renversement du fœtus pendant la vie embryonnaire.
C'est
dans cette station renversée, semblable à la station végétale, non-seulement
que se forment tous nos organes, mais surtout que s'établit notre circulation
qui est d'abord aussi active que la circulation végétale. Lorsque l'enfant est
jeté dans le monde par l'accouchement il change de station.
Longtemps
cependant nous le tenons dans la position horizontale que l'homme primitif a dû
lui-même occuper sur le sol avant de se redresser, et ce n'est qu'à la fin de
la première année que nous mettons l'enfant sur ses pieds. Pendant cette
station transitoire sa circulation se ralentit, en partie à cause de l'obstacle
qu'oppose alors au passage du sang la direction des valvules des veines.
Cependant
peu à peu ses organes s'habituent à occuper, par rapport aux forces physiques
qui agissent dans l'atmosphère, une position inverse de celle dans laquelle ils
ont été créés primitivement à l'état végétal, et reproduits dans l'utérus
maternel. Mais cette situation est si peu naturelle que si nous retournions
brusquement l'enfant le jour de sa naissance il est probable qu'il en mourrait
(3).
Cette
circulation ralentie, quoique acquise peu à peu dans la première enfance, amène
encore, souvent, des troubles dans l'organisme, et la première chose que nous
soyons impérieusement obligés de faire alors, c'est de nous étendre
horizontalement, et souvent même ce changement de position suffit pour rétablir
le fonctionnement régulier des organes. C'est ce qui arrive généralement en cas
de syncope.
Nous nous occuperons dans un chapitre spécial de ce ralentissement de la circulation
causé par le renversement de l'individu, ralentissement qui, aujourd'hui, est
devenu notre état normal.
Si nous
commençons l'étude de l'origine des animaux par leur mode de stationnement, qui
semble n'être qu'un détail de la physiologie, c'est parce qu'il importe, avant
tout, de les remettre dans leur position primitive pour faire comprendre la
formation du squelette d'abord, et celle de tous les organes qui y sont
annexés, formation qui résulte de la relation des êtres avec les forces
physiques qui agissent à la surface de la terre dans des directions
déterminées. Or, les effets produits par ces forces seraient tout l'opposé de
ce qu'ils sont si les animaux avaient été mis de prime abord dans la position
renversée qu'ils occupent aujourd'hui.
Il est un
autre fait, non moins important, que l'on a également négligé dans l'étude
comparée du développement primitif et du développement embryonnaire ; c'est
l'absence de mouvement et la fixité de l'être pendant les premières étapes de
la vie. Dans le genre humain, par exemple, les premiers mouvements ne
commencent à se produire qu'après le quatrième mois de la vie intra-utérine.
Or, ces
quatre premiers mois du développement représentent les premières phases du
développement primitif. Comment les premières formes traversées auraient-elles
pu être celles des êtres inférieurs de la série zoologique, infusoires,
poissons, articulés, etc., tous doués de mouvements d'autant plus vifs qu'ils
sont plus bas dans la série, tandis que les premiers mois de la vie
embryonnaire se développent dans la fixité et l'immobilité qui est l'état de
notre végétation actuelle.
En
suivant la série animale le mouvement décroît de l'infusoire jusqu'à l'homme ;
dans le développement embryonnaire le mouvement progresse de l'ovule à
l'enfant, de l'enfant à l'homme.
La
conclusion à tirer de ces deux faits, le renversement et l'immobilité, s'impose
d'elle-même.
L'être
primitif occupait à la surface terrestre, pendant les premières phases de son
développement, une station fixe et renversée.
Étudions
donc, en partant de ce principe, l'anatomie de la plante actuelle, comparée à
celle de l'embryon (4).
(1) « Pour que les membres puissent rester fermes et soutenir le corps, il faut que leurs muscles extenseurs se maintiennent contractés, car sans cela, ces organes fléchiraient sous le poids qu'ils supportent et en détermineraient la chute. Nous avons déjà vu que les muscles se fatiguent d'autant plus vite que chacune de leurs contractions dure plus longtemps : aussi, chez la plupart des animaux, la station est-elle à la longue, plus fatigante que la marche. » Milne EDWARD.
(1) « Pour que les membres puissent rester fermes et soutenir le corps, il faut que leurs muscles extenseurs se maintiennent contractés, car sans cela, ces organes fléchiraient sous le poids qu'ils supportent et en détermineraient la chute. Nous avons déjà vu que les muscles se fatiguent d'autant plus vite que chacune de leurs contractions dure plus longtemps : aussi, chez la plupart des animaux, la station est-elle à la longue, plus fatigante que la marche. » Milne EDWARD.
« La
station d'abord est un exercice car elle exige la contraction permanente des
muscles extenseurs et fléchisseurs des membres inférieurs et du tronc ; ces
muscles sont obligés de se contracter pour se faire équilibre, annuler ainsi
leur action réciproque et maintenir la station. C'est un exercice des plus
fatigants et qui amène rapidement la courbature des membres inférieurs par
suite de la compression des filets nerveux inter-fibrillaires. » BECQUEREL.
(2) Un
grand nombre de plantes ne possèdent pas, ou presque pas, de ramifications
souterraines. Toutes les monocotylédones, par exemple.
(3) « Il
y a longtemps que nous avons dit que l'embryogénie n'a pas seulement pour mission de
faire comprendre la véritable signification des formes transitoires de la vie
fœtale, mais qu'elle recherche aussi la direction de la force qui réalise ces
formes. » COSTE. Histoire du développement des êtres organisés. Discours
préliminaire.
(4)
L'idée que ce qui est a toujours existé (idée qui est la négation de
l'évolution), est tellement enracinée dans l'esprit des hommes, que pour rendre
conforme le passé au présent, même dans les moindres détails physiologiques,
même dans la station de l'animal, on avait imaginé une théorie bizarre qui a
reçu le nom de doctrine de la culbute, et qui consistait à dire que le fœtus porte,
pendant le développement, la tête en haut, comme l'homme, mais que, quelques
temps avant l'accouchement, reconnaissant sans doute la nécessité de présenter
d'abord la tête à l'orifice qui doit lui livrer passage, il se retournait
brusquement, c'est-à-dire faisait la culbute.
On
s'étonne que de pareilles absurdités aient pu avoir, même un instant, cours
dans la science ; il y a longtemps, heureusement, que l'on a fait justice de
cette erreur ; cependant, comme cette théorie se trouve encore mentionnée dans
certains ouvrages, il est bon non-seulement d'en parler, mais même de la
réfuter ; chose facile, du reste, car il suffit, expérimentalement pour prouver
sa fausseté, d'ouvrir le corps d'un mammifère femelle en gestation ; à quelque
période que ce soit du développement embryonnaire on trouvera le fœtus
renversé.
Si, après
l'expérience, nous invoquons le raisonnement, nous ferons remarquer que si
l'enfant était placé à l'envers et ne se retournait que trois semaines avant
l'accouchement, tous les enfants qui naîtraient avant terme naîtraient par les
pieds, ce qui n'a jamais lieu dans les cas normaux. Ajoutons que la mère, qui
sent si bien les mouvements que l'enfant fait avec les pieds ou les mains dans
les derniers temps de la grossesse, serait, non-seulement avertie de cette
prétendue culbute de l'enfant, mais en éprouverait une véritable secousse ; ce
qu'aucune femme n'a ressenti.
Enfin,
non-seulement la situation du placenta et celle du cordon ombilical ne
permettent pas ce renversement, mais encore, s'il avait lieu, la poche de
l'amnios se formerait en haut, au lieu de se former en bas, ce qui serait
contraire aux lois de la pesanteur.
ORIGINE
DES MAMMIFÈRES
LE
SQUELETTE (Résumé)
Le point
de départ du développement primitif, comme le point de départ du développement
embryonnaire, est une cellule végétale. De cette cellule dérivent tous les
tissus de l'être qui s'organise.
C'est en
expliquant son développement et ses transformations qu'on peut arriver à faire
l'histoire du corps humain, et prouver que cette machine dont les rouages sont,
en apparence, si compliqués, est le produit naturel des modifications
successives que les éléments primitifs ont subi sous l'action des forces
extérieures.
M. Coste
dit, dans son Histoire du développement des corps organisés :
« L'homme et les animaux proviennent d'un œuf.
Les végétaux émanent d'une vésicule, d’un utricule ou d'une cellule. Or, comme
en définitive un œuf n'est lui-même qu'une cellule plus ou moins complexe, il
s'ensuit que, considérés à ce point de vue, tous les corps organisés ont une
origine commune.
Le tissu végétal, dit-il ailleurs, est exclusivement composé de cellules. Les physiologistes, entraînés
par l'analogie, furent nécessairement conduits à rechercher si l'organisation
animale ne se trouvait pas dans les mêmes conditions de structure. Ici, le
problème était beaucoup moins facile à résoudre car les organes des animaux
peuvent atteindre à un si haut degré de complication qu'il devient impossible
d'en pénétrer la structure lorsqu'on les observe chez l'adulte. Mais si on
prend la précaution d'étudier les tissus dans l'intérieur même du germe, et au
moment de leur origine première, alors on peut clairement reconnaître que leur
trame est, comme celle des végétaux, presqu'exclusivement composée de cellules
d'autant plus faciles à reconnaître que le développement en a moins dissimulé
la forme. »
M. Coste
affirme donc, et avec raison, que l'analogie qui existe entre les végétaux et
les animaux, considérés au point de vue histologique est surtout frappante si l'on
compare la plante actuelle avec l'embryon puisque, dans la suite du
développement, que la plante n'accomplit plus, les complications apparaissent.
Nous ne nous
arrêtons pas ici à démontrer, nous ne dirons pas l'analogie, mais l'identité de la
constitution anatomique des végétaux et des animaux, puisque cette étude a été
faite, il y a longtemps déjà, et a servi de point de départ aux travaux
histologiques modernes. M. Schwann, l’éminent professeur de l'Université de
Liège, dans un travail publié en 1839, a fait l'histoire des tissus. Il a
démontré que la constitution cellulaire est la règle commune de toute formation
histologique, et que le mode de développement des éléments anatomiques est le
même chez les végétaux et chez les animaux.
Le
développement de l'ovule animal, que nous voyons se dérouler pendant la vie
embryonnaire, ne fait que retracer rapidement toutes les phases de la vie
végétale, dont les plantes actuelles traversent encore sous nos yeux les
premières étapes.
L'ovule
végétal est, à son origine, une cellule.
Cette
cellule est d'abord composée d'une membrane de cellulose, d'un protoplasma
albuminé et d'un noyau qui commence bientôt son travail d'organisation.
Le
protoplasma s'écarte et laisse des lacunes qui se remplissent d'un liquide
granuleux et albumineux que l'on appelle le suc cellulaire ; bientôt ces
vacuoles grandissant toujours remplissent tout l'intérieur de la cellule et le
protoplasma repoussé vers la membrane y forme une couche pariétale. Le noyau
entraîné avec la couche de protoplasma qui l'enveloppe s'enfonce dans la couche
pariétale où il forme une petite proéminence qui est l'origine de l'embryon. « Dans toutes les plantes vasculaires, dit
M. Van Tieghem, l'œuf traverse, sur la
plante-mère, et à ses dépens, les premières phases du développement qui doit
l'amener à devenir une nouvelle plante. Dès cette première période, une racine
apparaît presque toujours sous l'extrémité inférieure de la tige, occupant
seule cette extrémité toute entière, et se plaçant dans le prolongement même de
cette tige. »
C'est
donc une petite tige que nous allons voir apparaître, terminée à l'extrémité
inférieure ou céphalique par un petit renflement qui deviendra une tête ou une
racine, terminé dans sa partie végétative, c'est-à-dire caudale, par tous les
organes qui apparaissent pendant les premières phases du développement végétal,
alors que l'individu possède encore les caractères de la plante herbacée.
C'est
d'abord l'apparition d'un (ou plusieurs) cotylédon, reproduit dans la vésicule
ombilicale, réservoir de matières nutritives et premier organe de circulation.
Ensuite l'apparition d'une feuille, l'allantoïde, décrite comme une poche
aplatie contenant un liquide, mais qui, en réalité, n'est qu'un organe foliaire
formé de ses deux lames épidermiques séparées par le mésophylle.
Enfin
nous assistons à l'apparition des premiers rudiments de la tige. « Ordinairement, dit M. Van Tieghem, la tige tire son origine des premiers
développements de l'œuf. Dès que l'œuf est devenu un massif de cellules, la
tige se caractérise, se différencie dans ce massif et ne tarde pas à former
autour de son sommet libre, une ou plusieurs petites feuilles, c'est-à-dire son
bourgeon terminal, l'autre extrémité est occupée par la racine quand il s'en
fait une. Plus tard la tige s'allonge et se ramifie. »
Les
premiers linéaments de cette tige primaire dans l'embryon nous mettent sous les
yeux un petit corps cellulaire comme la tige herbacée, puis, un peu plus tard,
une petite masse pleine, ligneuse, c'est-à-dire fibreuse, mais enfin solide,
car les éléments de l'embryon ne sont pas fluides comme le seront, plus tard,
dans l'animal, les liquides de l'organisme. Dans cette petite masse il n'y a
d'abord ni cavités, ni viscères, ni cloisonnements ; elle est pleine d'un tissu
fibreux comme le sont nos arbres actuels.
Sans
entrer dans aucun détail sur les phases qui représentent le développement de la
plante herbacée et que nous reprendrons dans un chapitre spécial d'embryologie, nous
passons tout de suite à la formation du squelette.
Un mot
cependant aux transformistes.
Il est
convenu que chaque degré de perfectionnement des espèces est représenté par un
stade du développement embryonnaire des espèces supérieures.
Nous demandons, en vertu de cette loi, que l'on ne peut pas nier, que l'on nous montre
dans la série animale l'homologue d'un individu réalisant la forme reproduite
par l'embryon au moment où il est pourvu de sa vésicule ombilicale et de son
allantoïde. Où est l'animal qui ressemble à cela ?
Quel est
l'espèce zoologique qui ait à l'état adulte cette structure normale ? En
attendant leur réponse, nous ferons remarquer que cette forme est celle de tous
les végétaux phanérogames pendant les premières phases de leur développement,
celle de toutes les plantes annuelles ; toutes ont commencé par être pourvues d'une
vésicule ombilicale, un cotylédon, souvent deux (nous expliquons plus loin pourquoi
le second avorte toujours dans le recommencement de la vie animale) suivi de
l'apparition d'une feuille, insérée immédiatement au-dessus de lui, puis enfin
de l'apparition d'une tige, contenant à son centre les éléments qui formeront
plus tard le canal médullaire, le névrax (ensemble du système nerveux central),
en attendant l'apparition des membres et des viscères (1).
Donc,
pendant le commencement de la vie embryonnaire le fœtus a la structure d'une
plante et non celle d'un animal.
(1) La chlorophylle apparaîtrait dans l'allantoïde si on pouvait l'exposer à l'air sans tuer l'embryon. Mais comme elle pousse dans un endroit où les radiations solaires ne pénètrent pas, elle reste incolore comme les feuilles d'une plante qui pousse en cave. Cependant le cordon ombilical, qu'elle devient dans le courant de la vie embryonnaire, renferme de la chlorophylle ; en outre, on a observé depuis longtemps des points colorés en vert sur les bords du placenta du chien et du chat, et sur les villosités de la vésicule ombilicale de la musaraigne.
(1) La chlorophylle apparaîtrait dans l'allantoïde si on pouvait l'exposer à l'air sans tuer l'embryon. Mais comme elle pousse dans un endroit où les radiations solaires ne pénètrent pas, elle reste incolore comme les feuilles d'une plante qui pousse en cave. Cependant le cordon ombilical, qu'elle devient dans le courant de la vie embryonnaire, renferme de la chlorophylle ; en outre, on a observé depuis longtemps des points colorés en vert sur les bords du placenta du chien et du chat, et sur les villosités de la vésicule ombilicale de la musaraigne.
On a
assimilé les matières colorantes de l'embryon à l'hématosine ou à la
bilirubine. Meckel a donné le nom d'hématochlorine à la chlorophylle du placenta
des carnivores.
Quoique
la lumière semble généralement nécessaire à la formation de la chlorophylle,
elle apparaît cependant déjà dans l'embryon végétal au sein de la graine, comme
nous la voyons encore se former à l'obscurité dans les annexes de l'embryon
animal. Nous expliquerons plus loin la cause de ces faits.
MEMBRES
PRIMAIRES (Résumé)
La racine
et la tige d'une plante dicotylédone forment deux corps cylindriques, partant
d'un centre commun et croissant en sens inverse, sous l'action des deux forces
verticales qui agissent sur elle, l'une de haut en bas, l'autre de bas en haut.
Le plan
qui sépare ces deux corps, et qu'on appelle collet organique, est l'endroit où,
peu à peu, se formera le cœur. « Je
définis la tige, dit M. Germain de St-Pierre, axe ascendant ou aérien, terminé par un bourgeon (lisez vertèbre), je définis la racine axe descendant ou
hypogé (souterrain) jamais terminé
par un bourgeon (lisez toujours vertèbre où il y a bourgeon). L'axe primaire est celui qui résulte de la
germination de l'embryon. Il est simple ; il ne tarde pas à se ramifier par la
division de la racine d'une part et, d'autre part, par la production sur la
jeune tige de bourgeons axillaires devenant des rameaux qui constituent des
axes secondaires. »
En effet,
il arrive un moment dans la vie de la plante où la croissance cessant d'obéir à
la force terrestre qui la dirige de bas en haut se dévie par le développement
de bourgeons axillaires. En même temps que la tige la racine se ramifie et
donne naissance à des rameaux symétriques entre eux et correspondant à ceux de
la tige.
Ces
bourgeons axillaires divisent la tige de bas en haut et la racine de haut en
bas. Dans l'embryon animal ils donnent naissance aux membres primaires.
Les
bourgeons qui naissent vers l'extrémité caudale de l'embryon sont ceux qui,
dans le développement primitif de la plante engendraient les rameaux aériens,
ceux qui apparaissent vers l'extrémité céphalique reproduisent les bourgeons
axillaires qui engendraient les rameaux souterrains.
Les
membres primaires, aériens et souterrains, se divisent eux-mêmes en ramuscules
qui deviennent les doigts.
Faisons
remarquer tout de suite qu'il existe entre les branches aériennes et les
branches souterraines des arbres dicotylédones une correspondance parfaite, peu
connue en général, parce que nous n'avons jamais occasion de voir un arbre
adulte en entier.
Comme
dans le fœtus nous trouvons dans un arbre adulte entier un axe primaire
commençant au nœud vital (la tête) et se terminant au dernier bourgeon de la
tige médiane (la dernière vertèbre de la queue), latéralement des branches
aériennes secondaires correspondant aux deux racines secondaires qui forment
des branches souterraines, des rameaux tertiaires aériens et souterrains,
toujours en nombre égal et enfin, d'autres ramifications indéfiniment ramifiées
elles-mêmes, jusqu'aux dernières nervures des feuilles, lesquelles existent en
nombre égal et sont toujours disposées dans le même ordre que les radicelles
dont elles sont l'homologie parfaite.
Cette
correspondance qui caractérise les plantes dicotylées caractérise également les
mammifères.
Ils
possèdent toujours quatre membres plus ou moins ramifiés, lesquels présentent
entre eux une homologie parfaite. Le bras correspond à la cuisse, c'est-à-dire
le fémur à l'humérus, l'avant-bras répond à la jambe, le tibia répond au radius
et le péroné au cubitus, la partie terminale antérieure, la main, correspond à
la partie terminale postérieure, le pied.
Mais
cette division de la tige et de la racine ne s'opère pas dans la première
enfance de la plante et ne peut être observée sur les individus très jeunes,
quoique leur tige émette, presqu'à l'origine, des branchilles qui la garnissent
à droite et à gauche sans ordre et sans symétrie.
Ces
ramifications prématurées qui sont, pour ainsi dire, les tâtonnements de la
nature, ne parviennent pas à se fixer. Elles sont destinées à disparaître,
comme celles qui, plus tard, proviendront encore de bourgeons adventifs. Ces
branchilles, malgré leur peu de durée dans la vie végétale, se reproduisent
dans l'embryon. Dès la formation du capuchon céphalique (la coiffe de la
racine) on voit apparaître tout autour de la corde dorsale des noyaux munis de
prolongements ; ces éléments appelés noyaux des fibres lamineuses sont les
fibres libériennes qui, dans les premières années de végétation, se dévient
dans leur direction pour aller, en se plaçant horizontalement, former une
feuille. Un peu plus tard le développement de bourgeons axillaires nés à
l'aisselle de ces feuilles, forme, tout autour de la tige, une ramification
adventive qui disparaît tout à fait lorsque la ramification normale est
établie.
Ce stade
du développement primitif est bien facile à étudier dans la nature puisqu'il se
déroule sous nos yeux dans la végétation actuelle.
Dans la
vie embryonnaire toute la période d'évolution qui précède l'apparition des
membres est représentée par l'aire vasculaire, période très curieuse du
développement, pendant laquelle le petit corps de l'embryon se garnit à droite
et à gauche de rudiments vasculaires reproduisant exactement les ramifications
adventives des arbres jeunes. Des ramifications qui naissent de chaque zone
annuelle s'enfoncent dans le mésoderne qui forme une bordure autour de
l'embryon, comme les ramifications de l'arbre s'enfoncent dans l'atmosphère qui
les entoure et les nourrit. La bordure qui représente autour de l'embryon la
zone aérienne dans laquelle les feuilles de ces branches adventives se
nourrissaient, est un feuillet qui présente à cet endroit un épaississement
plus ou moins renflé et que V. Baer a nommé le velum général.
La
petitesse des objets empêche d'en découvrir les détails, mais il est probable
qu'avec de plus forts grossissements on pourrait distinguer dans l'aire
vasculaire des rudiments de feuilles, quoique la périodicité de l'apparition de
ces organes pendant le développement primitif rende peut-être leur réapparition
dans l'embryon impossible à distinguer, à cause de l'extrême rapidité avec
laquelle doivent se succéder les intervalles qui répondent aux étés et aux hivers.
MEMBRES
SECONDAIRES (Résumé)
Après la
déviation première du méristème qui engendre les membres primaires il se
produit, dans l'arbre, un nombre successif de déviations partielles, toujours
engendrées par la même cause : le changement de position de l'arbre sous les
radiations solaires, et le dédoublement indéfini des axes, qui résulte de ce
changement. Le nombre des rameaux tertiaires produits par ces déviations varie
suivant les espèces de plantes, mais il est rigoureusement déterminé dans
chacune d'elles. Ce sont ces rameaux qui forment les appendices terminaux des
animaux, lorsque les dernières extrémités de l'arbre se sont usées et que le
tronc, les branches gourmandes et les rameaux tertiaires, ont seuls subsisté.
Leur
nombre varie de deux à sept. Les chiens et les chats ont sept doigts aux pattes
de devant (deux de ces doigts sont rudimentaires, c'est-à-dire formés de
branches plus usées que les autres) ; mais le plus souvent ils se trouvent au
nombre de cinq comme chez l'homme et un grand nombre de mammifères ; chez le
sanglier, le lapin, le cochon, ils sont au nombre de quatre ; le rhinocéros en
a trois, chez la chèvre, le mouton, le bœuf, on en trouve deux, le cheval n'en
possède qu'un seul.
Le nombre
de rameaux tertiaires d'un arbre peut être quelquefois difficile à vérifier à
cause de l'avortement des bourgeons qui doivent les produire. (Il s'agit des
arbres naturels, bien entendu, avertissement que nous sommes obligés de donner afin
que l'on ne soit pas tenté de prendre pour sujet d'étude ceux qui ont été
soumis à la culture ; et la plupart de ceux des villes sont dans ce cas). Mais
le nombre des rameaux étant toujours en correspondance avec l'ordre dans lequel
naissent les feuilles sur la tige, il est facile, en étudiant celles-ci, de
déduire de leur nombre et de leur disposition le nombre de doigts qu'auraient
les animaux qu'ils deviendraient dans un milieu favorable à leur développement
(1).
Le
rapport de position des membres latéraux sur l'axe commun qui les porte est une
question qui a été étudiée, discutée, controversée de toutes les manières par
les botanistes.
Comme ces
discussions portaient, en général, sur toutes les espèces végétales, très
différentes les unes des autres, dans leur structure, on a introduit dans ce
chapitre de la physiologie végétale des complications que nous ne mentionnons même
pas ici, d'abord parce que cette étude est inutile à notre sujet, ensuite parce
que les dicotylédones étant les seules plantes qui nous occupent dans cette
première partie, il est inutile de rappeler ici ce qui a été dit relativement
aux autres embranchements végétaux.
Les
feuilles se produisent de deux manières ; elles naissent sur la tige en
spirales ou en verticilles. Lorsqu'elles naissent en spirale elles se
produisent sur la tige suivant une ligne idéale plus ou moins allongée. Chaque
tour de spire renferme un nombre de feuilles qui varie de deux à sept. (Nous ne
tenons pas compte, pour simplifier, des fractions dont on a compliqué la
question).
La
première feuille qui naît après un tour entier se trouve sur la tige au point
de départ, c'est-à-dire justement au-dessus de la première feuille de la spire.
Elle recommence une nouvelle série qui recouvrira la première dans le même
ordre.
« La moins complexe et la plus fréquente de
ces dispositions, dit M. Duchartre, avait
été observée vers la fin du siècle dernier, par Bonnet, qui l’avait nommé «
Quinconce », et même un siècle auparavant dit Dupetit-Thouars, par Thomas
Brown. Le pêcher, l’amandier, la ronce, etc., en offrent des exemples. Dans ce
cas, c'est la sixième feuille qui est superposée à la première, et, par
conséquent, la spire qui va de l'une à l'autre rencontre cinq feuilles. »
Lorsque
la spire ne se compose que de deux feuilles, terme minimum, on dit que les
feuilles sont alternes, ou plutôt distiques. Dans ce cas l'animal n'aura que
deux doigts, comme le mouton, la chèvre, etc. ; c'est le cas de l'orme. Le
poirier, le cerisier et le peuplier donnent cinq feuilles dans un tour de
spire. Lorsque, comme chez les chiens et les chats, on trouve sept doigts (aux
pattes de devant), ils sont placés autour de la patte suivant une ligne
spiralée semblable à celle que forment les bourgeons sur la tige.
Les
bourgeons axillaires que chaque année produit, et qui se placent autour de la
branche dans le même ordre que les feuilles engendrent donc les membres
secondaires. Mais la ramification des arbres étant indéfinie, il se produit
après la première spirale d'autres spirales qui, elles-mêmes, en engendrent de
nouvelles. C'est cette production indéterminée de nouvelles spirales qui se
greffent sur les premières, qui donne à l'arbre une forme plus ou moins
arrondie et fait ressembler sa partie aérienne à un bouquet de branches. Ce qui
l'éloigne considérablement de la forme animale et empêche de reconnaître, au
premier abord, la similitude de structure qui existe, en réalité, entre les
arbres dicotylés et les mammifères.
Mais il
faut considérer que toutes les branches hautes, formées de spirales
secondaires, sont destinées à disparaître, et que l'arbre, arrivé à l'état d'usure
végétale qui est l'aurore de la vie animale, ne possède plus que la spire qui
s'est formée la première, celle qu'on appelle la spirale primitive ou
génératrice, qui est la spirale indéfinie de laquelle naissent les spirales
secondaires.
On
retrouve dans le développement embryonnaire la trace de cette croissance
indéfinie : « Dans un embryon de lapin de
17 jours, dit Kolliker, tous les
orteils étaient terminés par une traînée de blastème non différencié, de
longueur variable, tantôt occupant seulement la place d'une articulation,
tantôt répondant en outre à une portion de la phalange plus ou moins étendue
"et non encore arrivée à l'état de cartilage. »
Lorsque
toutes les spirales secondaires sont usées il ne reste sur l'arbre que la
spirale génératrice, la première formée. Sa disposition régit donc le mode de
terminaison des membres des animaux.
C'est
l'origine des axes qui formeront dans le squelette animal le carpe et le
métacarpe, le tarse et le métatarse et les phalanges des doigts.
La
direction que suivent les rameaux successifs qui se produisent dépend de leur
position respective ; elle est plus ou moins oblique ou verticale, mais cette
direction peut être géométriquement déterminée puisqu'elle obéit à des forces
immuables.
Lorsque
sous l'action longtemps exercée d'une excessive pression l'arbre tout entier,
comme aplati par le poids énorme qui pesait sur lui, se raccourcissait en
s'épaississant, il devait arriver que toutes les branches verticales,
c'est-à-dire toutes celles qui étaient placées dans une position
perpendiculaire à la surface terrestre, subissaient un raccourcissement
considérable, tandis que celles qui poussaient dans une direction oblique se
raccourcissaient beaucoup moins. Ainsi, tandis que dans la tige médiane, la
plus verticale de toutes, la pression exercée sur chaque mérithalle (mérithalle
est le nom botanique des proto-vertèbres) l'aplatissait au point de le réduire
à la proportion d'une vertèbre, les membres primaires de la plante, qui sont
toujours les plus obliques, ne se raccourcissaient presque pas ; ils formaient
les os longs, le fémur et l'humérus, qui ne sont chacun que le développement
d'un seul bourgeon, comme les vertèbres. Certains rameaux tertiaires qui, dans
leur mouvement de retour vers la tige, poussaient verticalement, subissaient,
comme les vertèbres, un aplatissement complet, tandis que d'autres qui
suivaient une direction oblique se raccourcissaient moins et formaient des os
un peu plus allongés. Ainsi, en observant le squelette du pied de l'homme, nous
pouvons déterminer la direction que suivaient les rameaux qui l'ont formé.
(1) Le point d'où naît une feuille a, dans la vie végétale, une double importance puisque c'est, en général, immédiatement au-dessus de lui que naît le bourgeon. Bonnet vit le premier qu'en faisant passer de bas en haut, une ligne, par les points successifs d'où partent les feuilles, cette ligne décrit une spirale autour de la tige.
(1) Le point d'où naît une feuille a, dans la vie végétale, une double importance puisque c'est, en général, immédiatement au-dessus de lui que naît le bourgeon. Bonnet vit le premier qu'en faisant passer de bas en haut, une ligne, par les points successifs d'où partent les feuilles, cette ligne décrit une spirale autour de la tige.
Il avait
signalé comme le cas le plus général celui où les feuilles reviennent ainsi
superposées de cinq en cinq. (DE JUSSIEU. Hist. nat. Botanique, p. 119.)
LE CRANE
(résumé)
La
première chose à faire lorsque l'on bâtit une théorie de l'évolution c'est de
chercher des échantillons d'individus arrêtés aux différents stades que
l'embryon reproduit, et réalisant chacune des formes que nous considérons comme
des formes de passage.
Cette
méthode est si logique, et si nécessaire, du reste, pour satisfaire les
exigences rigoureuses de la science, que l'on s'étonne de n'avoir jamais vu les
efforts des transformistes dirigés dans cette direction.
Jamais
aucun d'eux n'a eu l'idée de réunir dans un musée la série complète, classée
par rang d'âge phylogénique, des êtres que l'évolution Darwinienne prétend nous
imposer pour ancêtres.
Il est
vrai qu'il aurait fallu commencer par nous montrer un individu muni d'une
vésicule ombilicale et d'une allantoïde à l'état adulte, caractères bien
définis, bien connus, bien faciles à retrouver dans la nature, s'ils y sont, et
constants chez les mammifères et les oiseaux au commencement de leur
développement; caractères cependant sur lesquels les transformistes ont peu
argumenté, dans l'impossibilité où ils étaient de nous montrer, dans la série
animale, une espèce arrêtée à ce stade de l'évolution.
Il est
impossible, cependant, que le développement primitif n'ait pas laissé de traces
dans les couches de terrain que la géologie a fouillées ; il est impossible que
l'on ne retrouve pas, en suivant les âges de la terre, la série complète des
formes traversées par chaque espèce animale.
Plus
heureux que les transformistes nous pouvons reconstituer, par des échantillons,
l'histoire à peu près complète des premières phases de l'évolution.
Si nous
n'en avons pas encore un grand nombre à offrir à l'examen des savants et à la
curiosité du public, c'est parce que nous n'avons pas les moyens d'action
nécessaires pour entreprendre de lointains voyages et fouiller l'écorce
terrestre.
Nous n'avons à
notre disposition, pour le moment, que quelques échantillons trouvés en France et
arrêtés à différents degrés de développement que les individus qui forment
notre végétation actuelle atteignent encore.
Nous avons cherché ces échantillons parce que nous avons compris qu'il était du plus haut
intérêt, après avoir étudié la partie aérienne de l'arbre, de savoir si l'étude
de la partie souterraine allait nous présenter les mêmes analogies de
structure. Il était du plus haut intérêt, en effet, de chercher dans la partie
de la racine qui termine inférieurement la tige, la formation rudimentaire du
crâne et des organes qui se logent dans la tête.
Cette
étude ne pouvait être faite à l'aide d'aucun ouvrage de botanique, puisqu'aucun
botaniste ne s'est occupé de la racine des arbres usés, des arbres arrivés à
cet âge de décrépitude végétale qui est le point de départ de la vie animale.
C'était donc à la nature même qu'il fallait demander des documents, des
exemples et des preuves. Ce chemin, qui, du reste, est toujours le plus sûr,
est celui que nous avons suivi. Nous avons examiné quelques échantillons de cette partie du
végétal que, vulgairement, on appelle des souches (et qu'il est assez difficile
de se procurer dans un état intact, car la hache des bûcherons ne respecte
rien). J’y ai toujours trouvé, outre la structure régulière des différentes
têtes animales, des particularités extrêmement curieuses et dont nous recommandons
l'étude aux naturalistes.
La figure
15 (Livre p.119 – Origine des animaux) représente une tête végétale qui,
évidemment, se rapporte au genre humain. Pour en faire ressortir l'évidence nous
mettons à côté d'elle un crâne d'homme.
La face
est aussi aplatie que celle de tous les hommes qui vivent actuellement sur la
terre, et quoique le menton soit assez développé il ne ressemble en rien au
museau saillant du singe. Il faut donc renoncer à l'idée de chercher dans le
genre simien l'origine de l'homme puisqu'il existe des végétaux plus hommes que
les singes.
Comme
particularités anatomiques à noter, nous ferons remarquer d'abord la netteté avec
laquelle sont marquées les cavités annexes du nez, ces cavités dont la
formation embryonnaire est encore si mal étudiée.
Entre les
deux cavités orbitaires, dont l'une est creusée tandis que l'autre ne l'est pas
encore, et au-dessus de l'orifice buccal, indiqué par une dépression percée
d'une rangée de petits trous, se trouve le septum (paroi, cloison)
cartilagineux, formé de fibres en continuité avec le maxillaire supérieur.
Le sinus
maxillaire est indiqué par la disposition des fibres.
En ce qui
touche les annexes de la cavité nasale elles n'existent pas sur cette figure,
dépouillée de son écorce, il est vrai ; or, comme Dursy a montré dans le
développement embryonnaire que les annexes naissent sous forme de diverticules
de la muqueuse, laquelle n'a pu se former que du liber, absent ici, il ne faut
pas s'étonner de ne pas trouver dans ce rudiment de tête humaine le futur
cartilage du nez.
Si au
lieu de regarder cet échantillon de face nous le retournons, nous trouvons de
l'autre côté l'origine du sphénoïde antérieur dans une couche fibreuse en voie
d'ossification ; la cavité buccale avec une muqueuse bien formée et l'origine
des glandes ; le pharynx est largement ouvert et la luette en voie de
formation.
La partie
postérieure du crâne manque dans cette racine.
Chose
fort curieuse à observer, la disposition des fibres, encore ligneuses, de cette
tête rudimentaire, annonce déjà l'expression qu'aura plus tard le visage.
La souche
représentée dans la figure 17 (Livre p.121) a tout l'aspect d'une tête de
chien.
Le museau
est creusé à l'endroit où il doit s'ouvrir, les yeux sont indiqués et les
naseaux bien formés.
Quant à
la structure elle est exactement ce qu'elle sera dans l'animal.
Vue par
la partie postérieure, elle nous montre le rocher, déjà de consistance éburnée,
la cavité où se logera le cerveau et qui contient une petite masse médullaire
desséchée, et présentant le même aspect que les cerveaux trouvés dans les
crânes des catacombes ; cette souche provenant d'un individu mort depuis
longtemps, sa substance médullaire est réduite à un résidu qui n'a pu
disparaître par évaporation.
L'origine
du sphénoïde postérieur y est indiquée, et plus bas, trois sillons indiquent la
place qui était occupée par les arcs branchiaux, lesquels s'arrêtent
brusquement dans le cou, et ne semblent ici prendre aucune part à la formation
des parties dures de la face, contrairement à la théorie généralement admise
par les embryologistes, et que nous trouvons confirmée, du reste, dans d'autres
échantillons.
A part
ces observations, le futur crâne de chien que nous avons sous les yeux est une masse
pleine, fibreuse, sans aucune lacune dans sa continuité, si ce ne sont les
orifices creusés par une action mécanique extérieure et qui annoncent la place
que viendront occuper les sens spéciaux. Toute cette masse ligneuse semble
coulée d'une seule pièce et la direction des fibres qui la composent, et que
l'on peut suivre dans toute leur longueur, indique la direction des forces qui
ont courbé et dirigé le pivot d'arrière en avant. Le crâne est continu, rien
n'y ressemble aux sutures que l'on trouvera plus tard séparant les différents
segments qui formeront le crâne définitif de l'animal ; du reste cette
segmentation des pièces du crâne n'existe pas à l'état embryonnaire et ne se
produit que par le fait du travail d'ossification.
Cet
échantillon se trouve arrêté dans son développement à l'état qui correspond à
ce que les embryologistes appellent le crâne membraneux, sa partie postérieure
est ouverte.
La souche
représentée dans la figure 18 (Livre p.122) est plus curieuse encore ; elle
possède déjà un organe visuel extrêmement intéressant à observer dans tous ses
détails.
Le globe
oculaire, formé d'une matière gélatineuse pétrifiée, est entouré de paupières
qui ont l'apparence de la lame fibreuse qui sépare les deux moitiés d'une noix.
Cette
tête nous montre, de plus, un profond sillon sinueux creusé à la place où se
formera la trompe d'eustache. Il part de la gorge et vient aboutir à la place
qu'occupera l'oreille. La forme de cette racine rappelle celle de la tête du
mouton.
L'exemple
que nous donnons dans la figure 19 (Livre p.123) a été copié d'après un échantillon
de la galerie de botanique du muséum. Il est moins intéressant que les autres,
du reste nous n'avons pas eu le loisir de l'examiner en détail ; il n'a de
remarquable que la courbure du pivot rappelant par la forme qu'il prend la tête
du cheval ou celle de l'âne.
Toutes
les parties du squelette primordial qui passent directement de l'état
cartilagineux à l'état osseux existent dans ces échantillons à l'état ligneux.
Nous ne trouvons nulle part l'origine de ce que Kolliker appelle les os de
revêtement. La transformation du chondro-crâne en crâne définitif nous semble
être due au processus histologique bien connu qui engendre une multiplication
de cellules unies par une substance intercalaire.
Les
échantillons dont nous donnons les dessins ne sont pas des fossiles, ils ont été
trouvés aux environs de Paris en 1878, et proviennent d'arbres déracinés, il y
a quelques années, dans des terrains avoisinant le bois de Boulogne. Du reste,
toutes les souches que nous avons eu occasion de voir avaient la forme des têtes
animales à différents états du développement embryonnaire. Il est facile de
s'en convaincre puisqu'il suffit pour cela de faire déraciner des arbres
régulièrement formés, et possédant déjà dans la partie aérienne, la structure
animale.
Le grand
avantage de cette théorie sur toutes les hypothèses qui ont été émises jusqu'à
ce jour, c'est l'extrême facilité avec laquelle on peut en prouver
Expérimentalement l'exactitude.
Ceci nous amène à donner, en passant, à M. Darwin et à ses partisans cette maxime à
méditer : Ce qui est vrai peut toujours se prouver.
Si après
avoir examiné ces têtes végétales nous examinons les têtes fossiles des animaux
disparus, ou même de ceux dont les descendants vivent encore parmi nous, nous
sommes frappés de la ressemblance qui existe entre elles, non pas seulement au
point de vue de la forme, mais surtout de la disposition des éléments
anatomiques et de la consistance. En effet, la plupart des têtes fossiles ont
bien plutôt l'apparence ligneuse que l'apparence osseuse. Est-ce parce qu'elles
n'étaient pas arrivées au même degré d'ossification que celles qui se sont
formées depuis ? Peut-être, car l'évolution marche toujours et les progrès
acquis se transmettent aux descendants.
En
résumé, la racine primaire est la partie essentielle de la plante comme la tête
est la partie essentielle de l'animal. Si elle se fixe au sol, c'est parce
qu'étant positivement géotropique, c'est-à-dire cherchant la terre, elle obéit
à l'action de la pesanteur qui l'y entraîne et l'y maintient. La tête du fœtus,
douée du même géotropisme, se dirige aussi vers la terre, autant que l'espace
restreint qu'il occupe dans l'utérus maternel le lui permet.
Sachs
cite quelques exemples de cette direction constante de l'axe et de sa fixation
par celle de ses extrémités qui, lorsque la plante est mobile, se porte
toujours en avant. « En ce qui concerne
la direction de l'axe d'accroissement, dit-il, il paraît être de règle générale que la production de tout individu
nouveau coïncide avec l'apparition d'une nouvelle direction d'accroissement.
Dans les phanérogames (plante ayant des organes de reproduction apparents),
la direction d'accroissement de la tige
de l'embryon est directement opposée à celle de l'ovule et continue de croître
dans cette direction. »
Et Sachs
de continuer : « Une seconde remarque est
relative à la fixation de la base de l'axe d'accroissement. Même quand le
nouvel axe d'accroissement se forme par une zoospore ou par une cellule
embryonnaire fécondée, l'accroissement ne commence dans une direction
déterminée que lorsque la cellule s'est fixée quelque part. Il en est ainsi de
toutes les zoospores qui ne s'allongent en tube et en filaments que lorsque
leur extrémité hyaline antérieure pendant le mouvement (la tête) s'est attachée quelque part, fût-ce
seulement à la surface de l'eau, à ce qu'on appelle la surface superficielle du
liquide. Mais si un point solide est une fois donné comme base, l'accroissement
en longueur ne se produit plus également que dans une seule direction à partir
de ce point, c'est-à-dire que tout ce qui se forme dans cette direction est un
membre doué d'un caractère morphologique déterminé.
Il ne faut pas en excepter le cas où un nouvel
accroissement se produit plus tard dans la direction opposée, car le membre qui
se forme dans cette direction opposée est d'une nature morphologique toute
différente du premier. Il en est ainsi, par exemple, dans les embryons de
phanérogames, où la racine principale naît, en effet, de telle façon que l'on
doit regarder son axe longitudinal comme le prolongement en arrière de l'axe de
la tige. »
Ceci
prouve qu'il faut que la cellule, pour croître, se fixe entre les deux forces
électromagnétiques qui règnent à la surface terrestre. Sans cette fixité et
cette stabilité l'action lente des forces sur la matière serait impossible.
Ceci est d'autant plus important à considérer que c'est le point de départ de
la formation des organes dans la stabilité végétale.
Les
organismes qui ne se fixent jamais n'ont jamais aucun des organes qui résultent
de l'action des forces physico-chimiques sur le protoplasma.
ACTION
NERVEUSE
Le
système nerveux est, dans l'organisme, l'axe autour duquel tout converge. Tous
les autres systèmes lui sont subordonnés, tous se développent après lui et
dépendent étroitement de lui.
Nous
aurions donc dû, pour agir avec une méthode rigoureuse, commencer l'exposé de
cette théorie de l'origine végétale des animaux par ce chapitre.
Si nous
nous sommes occupés de la formation du squelette d'abord, c'est parce qu'il
importait, avant tout, de familiariser le lecteur avec la structure de l'arbre.
Mais la formation du squelette n'est pas antérieure à celle du système nerveux,
puisqu'au contraire elle en dépend.
ORGANES
D'INNERVATION - HISTOLOGIE (Résumé)
Les
forces physico-chimiques constituent le milieu indispensable à toute
manifestation vitale. Voyons maintenant comment ce milieu engendre un corps.
Lorsque
deux radiations d'oxygène, ce qui revient à dire deux courants
électromagnétiques, possédant un degré de tension déterminé, se rencontrent
dans un milieu humide, soit que ces radiations proviennent de l'atmosphère,
soit qu'elles se forment par la mise en liberté de l'oxygène qui était enfermé
dans un composé organique quelconque, soit qu'elles proviennent de l'action
d'un acide sur deux métaux inégalement oxydés, en un mot, qu'elles émanent d'une
source artificielle ou d'une source naturelle, ces deux radiations, en se
rencontrant, donnent naissance, en modifiant les éléments qu'elles rencontrent
et ceux qu'elles entraînent, à une matière protoplasmique ou protéique, à un
composé vivant, qui est le principe de la vie.
Telle est
l'origine des fermentations, point de départ de cette végétation microscopique
que nous appelons moisissure, et qui est l'image réduite de la végétation qui
enveloppe les mondes, et que l'on pourrait appeler la chevelure des astres.
Si cette
genèse spontanée n'est plus aussi fréquente aujourd'hui qu'elle devait l'être
nécessairement à l'époque où la vie apparut primitivement à la surface
terrestre, c'est parce que la tension des courants atmosphériques n'est plus la
même, et varie sans cesse, comme varie la quantité d'oxygène que le soleil nous
envoie, laquelle diminue proportionnellement à la diminution d'intensité de son
foyer.
« La substance nucléaire ou chromatine,
dit M. Van Tieghem, a sa première origine
cachée dans le passé le plus reculé. Actuellement elle ne nait pas, elle se
continue seulement. »
Les
éléments qui constituent notre air atmosphérique, en y ajoutant l'hydrogène de
l'eau, suffisent donc pour créer des êtres organisés ; ils sont les seuls
créateurs des plantes, des animaux, des hommes !
Nous ne
sommes, en résumé, qu'une modification de l'air et de l'eau !
Cette
idée n'est-elle pas aussi merveilleuse, aussi grande, aussi féconde que tant de
vulgarités que l'on nous donne à admirer. Que l'homme soit ! Non pas seulement
du limon de la terre, mais de l'air qu'il respire !
La
matière vivante, primordiale, qui se forme aux dépens des éléments
atmosphériques, est d'abord anhiste. Elle deviendra une cellule lorsqu'elle
aura acquis une membrane limitante qui se formera aux dépens de ses propres
éléments, lorsque son expansion centrifuge sera arrêtée par la pression
extérieure des radiations atmosphériques ; alors la couche externe qui forme sa
périphérie, poussée à la fois dans deux directions, en se condensant, se coagulera
et deviendra une membrane.
La
coagulation est l'arrêt du mouvement, donc de la vie. La membrane est donc une
partie du protoplasma privée de vie.
Cette
cellule une fois formée, sollicitée elle-même à suivre alternativement deux
directions, se segmentera ; elle abandonnera à l'attraction positive la moitié
de son protoplasma, à l'attraction négative l'autre moitié. Elle aura deux
pôles, qui représenteront déjà, à l'aurore même de la vie, la moitié positive
et la moitié négative du végétal. Enfin, de segmentation en segmentation, elle
commencera un individu qui commencera une famille.
Les deux
courants qui ont engendré la cellule primitive nous représentent les deux
éléments en lutte dans l'Univers. En lutte, parce que venant de points
différents, ils se rencontrent en sens inverse, et, comme ils sont tous deux
animés d'une force motrice qui engendre un mouvement rectiligne, ils veulent,
chacun, obéir à l'impulsion qu'ils ont reçue et suivre leur voie directe. Ce
sont deux trains express lancés, en sens inverse, sur la même voie, lorsqu'ils
se rencontrent il y a explosion ou combinaison.
Combinaison,
parce qu'il y a ici cette circonstance particulière, qu'étant formés, chacun,
du même élément, il y a attraction entre eux, en vertu de leur affinité
chimique. Ils luttent l'un contre l'autre et cependant ils se cherchent.
La lutte
commencée dans la cavité cellulaire ne cesse pas par le fait de la rencontre
des deux radiations, le mouvement commencé continue, malgré le premier choc qui
a donné naissance au nucléole primitif. On voit les deux courants dans la
cellule, sous forme de filaments plus ou moins nombreux, composés des matières
qu'ils entraînent, s'agiter, aller et venir, s'entrecroiser et former un réseau
à grandes mailles. Ils vont de la périphérie au centre, en rattachant ainsi
l'enveloppe cellulaire au noyau.
Ces
courants, appelé protoplasmiques, exécutent un mouvement circulatoire autour du
noyau primitif, mouvement qui est l'origine même de la circulation nerveuse.
TOPOGRAPHIE
DU SYSTÈME NERVEUX (Résumé)
Décrire
l'origine de la substance médullaire dans les végétaux, c'est décrire l'origine
même de la plante. Tous les auteurs qui ont fait des traités élémentaires de
botanique ont fait cette description sans se douter qu'ils faisaient, en même
temps, l'histoire du corps de l'homme.
La
matière primordiale forme un parenchyme cellulaire qu'on a appelé méristème, et
qui remplit à lui seul toute la jeune tige à son origine.
Si nous
considérons le tissu cellulaire végétal au moment où il se divise et forme, par
cette division, une espèce d'étoile dont le centre deviendra l'étui médullaire
et dont les espaces restés libres entre les faisceaux de fibres deviendront les
rayons médullaires, nous voyons à ce moment déjà la différenciation des
cellules du méristème primitif produire des cellules striées qui, plus tard,
deviendront, en se modifiant, des trachées. Ainsi de même, si nous considérons
les premières phases du développement embryonnaire de l'animal, nous voyons
déjà à ce moment apparaître dans les cellules blastodermiques les cellules
nerveuses qui bientôt vont engendrer les cylindres axe.
En lisant
la description de l'apparition de ces éléments dans les traités de botanique,
il semble qu'on la lit dans les traités d'embryologie, tant l'identité est
complète.
Kölliker
est un de ceux qui, en expliquant le développement de la moelle dans l'embryon,
font, sans s'en douter, de l'histologie végétale. « Au début, dit-il, la moelle
est formée, de cellules rangées perpendiculairement à l'axe du conduit. Ces
cellules ne tardent pas à se séparer en deux couches ; les plus superficielles
s'allongent en fibres disposées concentriquement autour du canal, tandis que
les plus internes forment l'épithélium de l'épendyme. »
C'est
ainsi que nous voyons, de même dans la plante, la moelle être peu à peu
circonscrite par les trachées déroulables qui sont, dans la jeune tige, les
éléments qui se développent les premiers aux dépens du parenchyme cellulaire
qui remplissait l'axe à son origine. Les trachées se rangent en zone autour du
centre médullaire qu'elles refoulent sans cesse, et qui, du reste, finit par
s'user. On retrouve ces éléments primitifs dans les animaux, formant
l'épithélium de l'épendyme qui, d'abord épais et formé de plusieurs couches, se
réduit progressivement à mesure que se développe la substance blanche.
Nous
avons vu que les tubes fusiformes des trachées sont, au début, formés de
cellules juxtaposées bout à bout, qui en se soudant entre elles forment des
tubes continus ; nous avons vu que les tubes nerveux ont la même origine. Voilà
donc un fait acquis. Il nous reste maintenant à étudier le trajet et la
terminaison de ces tubes.
Le trajet
des trachées déroulables est bien connu dans les plantes.
Nées de
la moelle primitive elles constituent aussitôt qu'elles sont formées un point végétatif
qui se perd dans le bourgeon terminal ou dans chacun des deux bourgeons
latéraux. Le sort du bourgeon terminal est d'augmenter la tige d'une zone
annuelle ou d'une portion de moelle destinée à cette zone.
Le sort
des bourgeons latéraux est de se répandre en expansions latérales qui, d'abord,
se font jour au dehors dans une feuille suivi d'un rameau axillaire, mais plus
tard restent enfermées dans la tige.
Les
trachées nées de la moelle se bifurquent donc dans chaque zone annuelle pour se
répandre vers la périphérie de la tige.
Cette
division des trachées, qui est représentée dans la figure 21 (Livre p.229) qui
nous montre une section longitudinale pratiquée dans la région terminale d'une
tige dressée, nous les fait voir formant trois faisceaux, l'un central et
vertical, les deux autres obliques et latéraux.
Nous les
trouvons continuant la même disposition dans l'animal. La figure 22 (Livre
p.230) représentant l'ensemble du système nerveux de l'homme nous montre les 31
paires de nerfs formées des rayons médullaires qui régnaient dans chaque zone
annuelle.
Nous les
voyons se bifurquant dans le corps de L'animal, comme elles le faisaient dans
la tige, jusqu'au moment où le faisceau vertical se perd dans le sommet
végétatif, représenté dans l'homme par la queue de cheval (faisceau de cordons
nerveux visible dans la zone inférieure de la colonne vertébrale).
RÉSUMÉ DE
CETTE THÉORIE
Les deux
séries végétale et animale, peuvent être représentées par une sorte d'échelle
double dont les deux branches sont reliées entre elles par des échelons
transversaux.
Le point
de départ de cette échelle est multiple.
Il a lieu
dans la branche gauche lorsque son origine est une cellule formée dans un
milieu alcalin. Dans ce cas la vie se manifeste sous la forme d'un animal,
c'est un être doué de mouvement mais privé de sensibilité. Cette cellule, ou
plutôt la famille qu'elle engendre, restera toujours dans la branche gauche de
l'échelle, jamais elle n'avance vers la série végétale (sensitive). Elle
répandra ses rameaux dans les degrés inférieurs de la série zoologique, comme
nous le voyons sur la planche destinée à compléter cette théorie. Les
bactéries, qui occupent ce dernier terme de l'échelle zoologique, ne peuvent
pas vivre dans le milieu oxygéné qui engendre la végétation. Elles meurent en
présence de l'oxygène positif. Il leur faut, pour vivre, un milieu alcalin qui
est mortel pour les végétaux.
Lorsque
le point de départ de la vie est une cellule neutre, nous voyons les
ramifications du tronc que forme cette famille s'étendre à droite et à gauche
de la ligne médiane où les deux systèmes se réunissent et se confondent.
Certaines
ramifications s'étalent dans la série zoologique, d'autres dans la série
botanique.
Quelques-uns
de ces êtres peuvent, déjà, avoir un commencement de conscience de leur
existence, comme ils ont déjà quelques organes rudimentaires.
Les
représentants de ce tronc sont les êtres indéfinis qui ont tant embarrassé les
naturalistes qui ont fait des tables de classification.
Lorsque
le point de départ est une cellule positive formée dans un milieu acide, la
famille occupe toujours un des degrés de la branche droite de l'échelle
organique. Les individus de cette famille, privés de mouvement, restent dans la
sérié végétale pendant un temps variable. Ils se fixent au sol, non parce que
les éléments du sol leur sont nécessaires, mais parce que la pesanteur les y
entraîne, et qu'ils n'ont aucune raison pour ne pas rester là où ils tombent,
puisqu'ils sont privés de mouvement pour agir, de conscience pour vouloir.
C'est à
cette fixité que l'on doit la formation des organes de relation, puisque la
condition essentielle de cette formation est la stabilité entre les forces
physiques qui créent ces organes.
C'est le
manque de stabilité qui fait que les animaux qui se sont formés dans la série
alcaline ne peuvent pas acquérir d'organes de relation, puisqu'ils ne laissent
pas aux vibrations lumineuses, sonores, etc., le temps d'agir sur eux.
L'individu fixé au sol est comparable à un liquide au repos qui cristallise et
acquiert les propriétés de son système de cristallisation ; l'individu mobile
est comparable à un liquide agité qui ne peut cristalliser.
Mais le
milieu dans lequel vivent les individus végétaux leur apporte sans cesse, et de
différentes manières, des substances alcalines qui, tôt ou tard, éveillent en
eux la motricité.
Lorsque
cette faculté de mouvement est mûre, pour ainsi dire, en eux, ils passent, par
un des échelons de l'échelle, dans la série animale. Les uns y arrivent
promptement, d'autres très tardivement.
Ils y
apportent les organes acquis, lesquels, dès ce moment, cessent de progresser.
Donc, si
la locomotion est un avantage, puisqu'elle procure à l'animal des éléments de
nutrition et des rapports sociaux qui lui sont refusés à l'état de fixité, cela
ne constitue cependant pas une supériorité dans la série organique. L'être
conserve son rang, quelle que soit la dénomination qu'on lui donne d'animal ou
de végétal.
Il est
facile de comprendre que celui qui reste le plus longtemps dans la série
végétale y acquiert les organes les plus parfaits.
L'histoire
de la formation de ces organes, que nous allons faire dans la suite de ce fil,
le prouve. Donc, nous devons trouver dans la série animale une suite
d'individus représentant tous les degrés où cette formation des organes s'est
arrêtée ; mais nous ne devons trouver, dans aucun d'eux, d'organes transformés
dans l'état animal même, puisque la formation ne peut s'opérer que dans la
stabilité.
C'est là
que réside l'erreur fondamentale des transformistes. Ils voient dans la Nature
une série d'animaux dont les organes représentent une chaîne progressive, et
croient que cette progression s'est accomplie dans la série zoologique, ce qui
est anatomiquement et chimiquement impossible.
Ils
n'aperçoivent pas l'autre branche de l'échelle, celle où s'accomplit la lente
élaboration de l'individu, et, surtout, ils n'aperçoivent pas les échelons qui
relient les deux séries, et, ne les apercevant pas, ils les nient, moyen
employé de tous temps par les aveugles.
Lorsque
vous leur parlez de la formation des organes, ils vous répondent immédiatement
en appuyant leurs arguments sur l'embryologie, qui, cependant, dément
formellement leur théorie, ou sur la chaîne apparente qui relie les animaux,
surtout les animaux inférieurs. Or, dans l'échelle zoologique, on ne peut
trouver que les différents degrés auxquels la formation des organes s'est
arrêtée. Ces degrés sont séparés entre eux par les lacunes, les interruptions
nombreuses qui existent entre les différents animaux arrivés dans la série
négative par les divers échelons de la série végétale, échelons qui sont la
continuation des rameaux venant de la branche droite, mais qui ne sont pas
reliés entre eux dans la série animale.
Chaque
espèce est donc, dans la branche zoologique, séparée par une lacune de celles
qui s'en rapprochent le plus, tandis qu'il y a continuité dans la branche
botanique. De là résulte la multiplicité des espèces végétales, bien plus
grande que celle des espèces animales, parce que toutes n'arrivent pas à franchir
la ligne neutre, à partir de laquelle le mouvement s'éveille.
Le
transformisme animal, absolument contraire à la science, ne sera donc jamais
admis par les chercheurs consciencieux qui veulent des séries complètes et des
causes réelles.
Une autre
erreur dans laquelle les Darwinistes sont tombés, est celle qui consiste à
faire de tous les animaux une seule série, alors qu'il existe, en réalité,
plusieurs séries bien définies, et dont le nombre est, probablement, en
relation avec celui des systèmes de cristallisation, fait aperçu par Linné.
Du reste
les transformistes avouent que la théorie édifiée par Darwin n'est qu'un essai
provisoire, puisque M. Hoeckel dit lui-même : « Mes hypothèses généalogiques méritent d'être prises en considération
tant qu'elles n'auront pas été remplacées par quelque chose de mieux. »
La
théorie progressive que nous venons d'exposer est confirmée par un grand nombre
d'auteurs, qui, quoique n'ayant pas aperçu la continuité de la série végétale,
ont eu, cependant, le pressentiment de cette évolution croissante.
M. Coste,
un de ces auteurs, dit à ce propos :
« Si chacun des actes transitoires que la
Nature accomplit ainsi dans son œuvre progressive trouve son équivalent fixe
inscrit sur un des anneaux de la chaîne qu'elle établit, on est déjà conduit,
par cela même, à cette double conséquence, que les corps organisés doivent être
disposés en série croissante, et que l'organisme le plus complexe doit résumer
en lui tous les termes dont cette série se compose. Mais, obtenue par ces seules
preuves, la solution du problème conserverait encore un vague peu compatible
avec les procédés si rigoureusement précis que l'embryogénie met en usage.
Il ne suffit pas, en effet, pour faire prévaloir
l'idée fondamentale du progrès organique, d'avoir établi sur des preuves
certaines que le développement particulier de chaque appareil en offre le
témoignage isolé ; il faut démontrer encore que l'ensemble de l'organisme
supérieur, soumis tout entier à l'empire de cette loi, en porte l'empreinte
passagère successivement caractérisée et déroule à nos yeux le tableau fugitif
de l'admirable chaîne dont la création présente l'image conservée. L'homme
apparaît comme le but et le terme dont cette création est le résultat, car il
n'acquiert le privilège de sa suprématie hiérarchique qu'après avoir passé par
tous les degrés de la série, qu'après avoir répété dans le développement de son
propre organisme tous les actes de la création vivante. »
Le
professeur Brown dit, dans un travail sur le même sujet : « Toutes les espèces d'êtres organisés n'ayant
qu'une durée temporaire et disparaissant tôt ou tard, cèdent leur place à
d'autres plus récentes, qui remplacent non-seulement les précédentes, mais les
surpassent ordinairement encore par la diversité de leur forme et accidentellement
par la perfection même de leur organisation. »
ANIMAUX
SENSITIFS ET ANIMAUX MOTEURS
Claude
Bernard disait : « Il semble qu'il y ait
dans le courant sensitif une sorte de tension de sensibilité ; les cellules
communiquant avec le nerf sensitif transmettent l'impression sensitive plus ou
moins loin suivant son intensité ; la réaction reflexe peut se généraliser ou
se restreindre suivant l'intensité qui la met en jeu. »
C'est
cette différence de tension de sensibilité qui fait la différence des animaux
entre eux, la différence des hommes entre eux. Non-seulement les différences
intellectuelles, mais les différences physiques résultent de l'activité plus ou moins
grande d'un système ou de l'autre, de la tension relative du fluide qui
engendre la sensibilité ou la motricité.
Les
différences physiques résultent de ces degrés de tension puisque la structure
du corps est elle-même déterminée par l'extension du système sensitif.
Les
différences chimiques en sont la conséquence.
On peut
donc diviser toutes les espèces zoologiques en animaux sensitifs et animaux
moteurs.
Les
animaux sensitifs sont ceux chez lesquels il existe, par rapport aux autres,
une plus forte tension de sensibilité, une transmission plus prompte des
impressions. Les animaux moteurs sont ceux chez lesquels cet ordre de chose est
renversé, ceux chez lesquels l'intensité motrice l'emporte relativement sur
celle des autres animaux.
Chez
ceux-là les mouvements sont plus prompts, plus violents, moins coordonnés, la
réflexion est lente, obscure, l'impression se transmet moins vite au cerveau et
la réaction reflexe est plus restreinte.
Nous
avons vu, dans les pages précédentes, que les animaux qui sont restés pendant
le temps le plus long attachés au sol sont ceux qui possèdent le plus haut
degré de sensibilité, ceux chez lesquels l'action s'est développée le plus
tard.
La
conséquence de cette élaboration plus lente est, en même temps qu'une plus
grande perfection des organes, une plus grande différenciation des tissus,
puisque tant que le système sensitif règne seul, les synthèses organiques
continuent à s'accomplir.
La
construction plus grande que la destruction ou, si l'on veut l'assimilation
plus grande que la désassimilation, est la cause de la croissance. La
croissance augmente tant que l'assimilation augmente. Elle diminue aussitôt que
la désassimilation commence ; elle s'arrête lorsque l'équilibre entre ces deux
fonctions est rompu par le triomphe de la force négative qui opère la
destruction. A partir de ce moment il y a évolution descendante.
« La vie organique du fœtus, dit Bichat, est remarquable par une extrême promptitude
dans l’assimilation et par une extrême lenteur de désassimilation. »
Ailleurs, il dit encore : « Il est
facile, d'après les considérations précédentes, de concevoir la rapidité
remarquable qui caractérise l'accroissement du fœtus, rapidité qui est en
disproportion manifeste avec celle des autres âges. En effet, tandis que toute
active la progression de la matière nutritive vers les parties qu'elle doit
réparer, tout semble, en même temps, forcer cette matière, qui n'a presque pas
d'émonctoires, à séjourner dans les parties. »
Magendie
ajoute à ce paragraphe une note ainsi conçue : « Cette explication est ingénieuse, sans doute, mais elle est
insuffisante, puisque les causes qu'assigne Bichat pour la rapidité
d'accroissement du fœtus cessent entièrement au moment de la naissance, et que,
cependant, l'accroissement persiste encore longtemps à être très-rapide. »
Il
ressort de ceci que ni Bichat ni Magendie n'ont aperçu l'influence destructive
du système moteur.
S'il y a
croissance rapide chez le fœtus et encore chez l'enfant, c'est parce que,
pendant cette période de la vie, les proportions relatives des deux agents
nerveux font encore pencher la balance vers le système sensitif, l'agent
constructeur. Dans le fœtus, comme dans la plante, il ne se produit encore que
des phénomènes de synthèse ; les phénomènes de destruction engendrés par le
ferment moteur ne commencent qu'avec le mouvement.
L'activité
vitale est d'autant plus intense que l'enfant est plus près de son état
végétal, plus il s'en éloigne plus la vie se ralentit en lui, et enfin l'amène
au terme fatal, la mort.
Dans la
vie végétale, surtout dans la position stable et renversée, la vie ne
décroîtrait pas si les forces physiques étaient constantes ; au contraire elle
augmenterait sans cesse d'intensité en modifiant constamment la forme du corps.
Dans la
vie végétale tout ce qui entoure le corps tend à l'accroître, dans la vie
animale tout ce qui entoure le corps tend à le détruire ; il lutte, mais le
principe de réaction qu'il possède en lui, sa réserve vitale, a été puisée dans
la vie végétale de ses ancêtres, et s'use en passant à travers les générations.
Le
méristème, qui est l'agent multiplicateur des tissus, apparaît au point où
viennent aboutir les trachées déroulables, qui deviennent plus tard les nerfs
sensitifs. C'est là que se forme le point végétatif.
Il y a
végétation là où les trachées apparaissent parce qu'il y a attraction entre
l'oxygène de la trachée et l'oxygène qui constitue les courants électriques de
l'atmosphère. La rencontre de ces courants reproduit incessamment la genèse
primitive qui a donné naissance à la première cellule.
Il ne
peut donc y avoir de végétation, c'est-à-dire d'accroissement, que là où
viennent aboutir des vaisseaux spiralés, ou des cellules propres à le devenir
et les cellules propres à le devenir sont celles dans lesquelles les courants
protoplasmiques ont continué à circuler. Les courants annoncent toujours qu'une
cellule est vivante.
Quand le
courant s'arrête la cellule meurt. Or, les fibres nerveuses sont formées de
cellules dans lesquelles le courant protoplasmique s'est perpétué.
Ce sont
les seules parties restées vivantes dans l'animal ; tous les autres tissus sont
des échafaudages de cellules mortes ; elles seules engendrent les phénomènes de
la vie, et la multiplication des tissus.
Dans
l’embryon nous voyons se reproduire ce mode d'accroissement centrifuge. Les
extrémités se constituent peu à peu sous forme d'un blastème dont les
différentes parties forment, d'abord, un tout continu, mais qui se
différencient successivement du tronc vers la périphérie.
L'histoire
du méristème de la plante est exactement celle du blastème de l'animal.
Nous empruntons à M. Van Tieghem une description du méristème qui met en évidence
ses propriétés génératrices.
« A mesure que l'on se rapproche de
l'extrémité en voie de croissance d'une racine, d'une tige, d'une feuille ou
même d'un thalle différencié, on voit les divers tissus perdre peu à peu les
différences qui les séparaient et se confondre enfin vers le sommet dans un
tissu homogène et indifférent, dépourvu de méats, dont les cellules, riches en
protoplasma finement granuleux, entourées de membranes minces et sans
sculpture, sont toutes en continuel cloisonnement. C'est ce dernier caractère
qui a fait donner à ce tissu homogène le nom de méristème.
Vers le bas, le méristème, cessant de se
cloisonner, engendre, par une différenciation progressive de ses cellules, les
divers tissus définitifs qui constituent le membre considéré ; la fin du
cloisonnement et la différenciation ultérieure s'opèrent par degrés trop
insensibles et se manifestent, pour les divers tissus, à des époques,
c'est-à-dire à des niveaux trop différents, pour qu'il soit possible de fixer,
avec quelque précision, la limite inférieure du méristème. Vers le haut, si la
croissance terminale du membre est indéfinie, comme dans la plupart des tiges
et des racines, le méristème se régénère sans cesse par la formation de
nouvelles cloisons ; si la croissance terminale cesse bientôt, au contraire,
comme dans la plupart des feuilles, le cloisonnement s'arrête de bonne heure et
le méristème disparaît sans laisser de trace, en se convertissant, tout entier,
jusqu'à sa dernière cellule en tissu définitif.
Dans tout membre doué d'une croissance terminale
continue, on appelle point végétatif toute la partie terminale encore
exclusivement formée par le méristème ; souvent cette région se trouve allongée
en cône, et mérite le nom de cône végétatif. »
Revenons
aux différences qui caractérisent les animaux sensitifs et les animaux moteurs.
Une des
conséquences les plus importantes de l'intensité sensitive, c'est la longueur
de l'existence, toujours proportionnée au degré de sensibilité de l'animal.
L'élément destructeur, qui apparaît avec le système moteur, use la vie,
d'autant plus vite que l'activité musculaire est plus intense.
Nous
avons vu que tous les animaux possèdent plus de motricité que l'homme, que tous
sont arrivés plus tôt que lui à la vie animale. C'est ce fait qui fait la
supériorité du genre humain sur toutes les espèces zoologiques, et qui est la
cause, en même temps, de la plus longue durée de son existence.
L'homme
vit cent ans, même au-delà (quelques auteurs ont essayé de prouver que la limite
de la vie humaine est deux cents ans) (1).
Parmi les
hommes il y a des différences résultant de la latitude.
Les
peuples de l'hémisphère boréal vivent plus longtemps que les peuples de
l'hémisphère austral.
Les
Samoyèdes et les Finlandais vivent plus longtemps que les peuples des régions
tropicales.
Le cheval
vit vingt ans ; le chien quatorze ; le chat vingt ou vingt-cinq.
L'insecte
vit une saison ; certaines libellules vivent un jour ; certains infusoires
vivent quelques heures. Enfin, plus on descend dans la série plus la vie est
courte et plus l'animal est moteur.
Chez les
êtres qui occupent le bas de l'échelle organique, dans la série zoologique, la
vie est éphémère, c'est une lueur qui dure un instant.
Au
contraire, chez les êtres qui occupent le bas de l'échelle, dans la série
végétale, la vie est permanente, la mort n'existe pas. Le protoplasma qui se
divise engendre de nouveaux êtres qui continuent l'existence des parents, sans
qu'il soit rien perdu de son intensité, ce qui a fait dire à M. Van Tieghem que
« L'idée de la mort ne s'applique pas aux
plantes non différenciées, elles conservent une jeunesse éternelle. »
On peut
encore mesurer le degré de sensibilité et de motricité des espèces en comparant
l'âge auquel les petits commencent à marcher, âge qui correspond, dans la vie
animale, à l'âge auquel la locomotion a commencé dans la vie végétale.
Chez les
animaux très moteurs les petits marchent en naissant.
Plus les
espèces s'élèvent dans l'ordre sensitif plus tard se développe en eux la
motricité. Les petits de l'homme ne marchent qu'à un an ; le poulain marche
comme un grand cheval le lendemain de sa naissance ; au bout d'une heure, le
jeune chevreau se tient sur ses jambes, et avant la fin de la journée on le
voit souvent bondir ; le petit chien court au bout de quinze jours ; le petit
chat est un peu plus lent ; le perdreau court au sortir de l'œuf.
Si de
l'ordre physique nous passons à l'ordre moral nous trouvons, dans les effets
produits par la prédominance d'un des deux éléments nerveux, la même différence
fondamentale.
Les
facultés sensitives sont difficiles à définir tant elles sont multiples. Ce
sont, en général, celles qui ont leur siège dans la partie antérieure du
cerveau. La sensibilité est l'agent de toutes les opérations intellectuelles.
Toutes les fonctions de l'entendement sont des manières de sentir.
La
tradition populaire place le siège de la sensibilité dans le cœur, et cette
expression avoir beaucoup de cœur est, probablement, bien loin de disparaître
du langage vulgaire. Cependant cette manière de s'exprimer est fausse à tous
les points de vue. La femme, qui a plus de sensibilité que l'homme, a le cœur
plus petit, donc, anatomiquement, elle a moins de cœur.
Il y a plus de cent cinquante ans, les physiologistes considéraient les expressions
populaires relatives au cœur comme des fictions poétiques. Claude Bernard
essaya de concilier les faits acquis à la science avec les expressions
traditionnelles, mais les résultats qu'il obtint sont incomplets.
Les
personnes étrangères à l'étude de la physiologie font encore de l'intelligence
et de la sensibilité deux ordres de facultés distincts, alors qu'en réalité ces
deux mots indiquent une seule et même faculté.
Il en est
de même de la volonté, qu'il ne faut pas confondre avec l'entêtement. La
volonté n'est aussi qu'une forme de la sensibilité ; l'entêtement est une
opiniâtreté non raisonnée. Bichat disait : « Le sentiment fournissant les matériaux de la volonté, là où il n'existe
pas elle n'est pas, et, par conséquent, les mouvements qui en dépendent ne
sauraient se rencontrer. »
Toute
action raisonnée à pour point de départ un phénomène de sensibilité. On peut
dire que la sensibilité est la faculté de recevoir des impressions par
l'influence des objets extérieurs, et d'en avoir conscience. De ces impressions
naît la réflexion.
Plus
l'être reçoit d'impressions et plus vite il en a conscience, plus il réfléchit,
plus il compare, plus il se souvient, en un mot plus il pense. Donc le
développement de la sensibilité engendre l'activité de l'esprit et, comme
conséquence, la réflexion et la logique. « Des
sensations dérivent immédiatement la perception, la mémoire, l'imagination et,
par cela même, le jugement ». (Bichat)
On peut
mesurer la valeur des hommes et déterminer la place qu'ils doivent occuper dans
la société par le degré de tension du courant qui parcourt leurs nerfs
sensitifs.
Mais il
ne faut pas oublier que le degré de sensibilité que possède un individu est en
raison inverse de son degré de motricité. Il en résulte que les individus
sensitifs joignent à leurs qualités naturelles des qualités négatives
engendrées par le défaut de force musculaire. A côté du calme, de la patience,
de la persévérance, ils ont le manque d'action et, surtout, la timidité qui
naît de l'aversion pour tout ce qui est lutte, combat, violence.
Il en
résulte que les hommes les meilleurs sont en même temps les plus modestes et
presque toujours les plus ignorés, puisque, à moins de circonstances
exceptionnelles, pour se faire connaître il faut l'action, l'audace qu'ils ne
possèdent pas.
En même
temps les plus moteurs, c'est-à-dire les plus remuants occupent les premières
places, alors qu'ils devraient occuper les dernières puisque leurs facultés
intellectuelles sont moindres, leur réflexion plus lente et qu'ils possèdent,
en échange, des facultés motrices qui les rapprochent des animaux et dont
l'excès est un danger pour la société. Tout ce qu'on est convenu d'appeler
qualités morales est le résultat des facultés sensitives, l'amour du bien, du
beau, du vrai, la charité, la pitié, la fraternité, le raisonnement.
Dans le
domaine des faits c'est la justice et le droit.
La
prédominance du système moteur engendre des facultés toute contraires. C'est,
d'abord, l'action, l'audace que donne la conscience de la force musculaire. On
ne craint rien d'un ennemi que l'on peut terrasser ; la brutalité, la cruauté,
la violence, la tyrannie, l'injustice, la mobilité, le défaut de persévérance,
l'égoïsme, l'orgueil, et enfin un sentiment de vengeance qui naît de ce que
lorsqu'un individu a reçu une impression qui le blesse, mais dont il n'a pas
pleine conscience, une impression qu'il ne peut pas apprécier à sa juste valeur
parce qu'il lui manque pour délibérer des facultés sensitives qu'il n'a pas, il
donne à cette impression une valeur exagérée et veut en tirer une vengeance
exagérée. La jalousie naît de cette impression. C'est encore la domination,
l'ambition, l'autorité arbitraire. En un mot c'est la force.
C'est
sous son impulsion que les hommes accomplissent tous les actes irréfléchis,
dictés par ce qu'on appelle le premier mouvement, plus prompt que le mouvement
sensitif qui vient après et amène la réflexion et le repentir.
C'est
ainsi que chaque fois que les nerfs moteurs veulent agir sans en avoir reçu
mission, dans les centres sensitifs, ils exécutent des mouvements incohérents,
irrationnels, ne répondant pas à une pensée et n'allant pas vers un but.
Pour nous
résumer, nous dirons que la motricité engendre l'égoïsme ou l'amour de soi, effet
que nous expliquons par une cause physique. Le fluide négatif étant pauvre
chimiquement puisqu'il possède une faible densité, celui qui ne possède surtout
que celui-là garde pour lui tout ce qu'il a et attire à lui tout ce qu'il peut.
Tandis que la sensibilité engendre l'altruisme, ou l'amour d'autrui. Ce qui
s'explique de la même façon. L'individu altruiste ou sensitif est un riche qui
donne aux pauvres.
On peut
encore exprimer cette idée d'une autre manière. On peut dire que le système
sensitif est exogène, il cherche à se répandre au dehors ; le système moteur
est endogène, il tend à se concentrer vers l'intérieur, vers le moi. Cette
façon de s'exprimer a l'avantage d'être en rapport avec les faits anatomiques.
L'altruisme
engendre la liberté.
L'égoïsme
engendre l'esclavage.
Toutes
les mœurs des peuples dépendent de la mise en pratique d'un de ces deux amours.
L'altruisme
commence à la politesse et finit au martyr.
L'égoïsme
commence à la grossièreté et finit à l'assassinat.
La
jalousie est une des manifestations de l'égoïsme, l'altruisme ne la connaît
pas. Nous ne savons pas de plus bel exemple d'altruisme que cet usage pratiqué par
les Esquimaux qui consiste à offrir à l'étranger qui s'arrête, chez eux leur
table et leur femme. Aucun peuple de l'hémisphère austral n'est capable d'un
pareil raffinement d'altruisme.
Le système
moteur qui engendre la force, et le système sensitif qui engendre le droit,
sont les deux principes qui sont en lutte dans les sociétés et que les
mythologies ont appelés le principe du bien et le principe du mal ; dans les
religions de l'Inde, le destructeur et le conservateur.
La lutte
de ces deux éléments commence dans la cellule organique et se manifeste chaque
fois qu'ils sont mis en présence l'un de l'autre.
S'il
était possible de concevoir un homme animé seulement du fluide négatif, cet
homme ne posséderait que des nerfs moteurs, il ne connaîtrait pas l'a
sensibilité. Il pourrait se mouvoir, mais n'y étant sollicité par aucune
sensation il n'exécuterait que des mouvements inconscients comme un somnambule
ou comme un infusoire. C'est ce manque d'incitation sensitive qui explique la
paresse des peuples moteurs des régions méridionales, qui mettent toute leur
activité dans la guerre et si peu dans l'industrie. Supposez, au contraire, un
être uniquement animé du fluide solaire et ne possédant que des nerfs de
sensibilité ; il recevra des impressions vives et multiples, mais il ne pourra
les traduire par des actions. On peut comparer cet être imaginaire à un homme
atteint dès sa naissance de paralysie générale. Ces deux êtres incomplets
représentent la limite extrême de la séparation des deux fluides. Mais ils sont
imaginaires, attendu que le principe même de la vie repose sur la combinaison
des deux éléments et que, suivant une expression heureuse de CI. Bernard, un
nerf isolé n'existe pas plus qu'un élément zinc et un élément cuivre n'existent
au point de vue électrologique.
Il semble
que dans la lutte que se livrent toutes Les espèces animales, les plus forts
physiquement devraient toujours triompher.
Cependant
il n'en est pas ainsi puisque l'homme, qui a soumis toute la terre à son
empire, est, physiquement, le plus mal doué pour se défendre.
On peut
même dire le plus faible si l'on compare la somme de ses forces aux proportions
de son corps.
Cela
provient de ce que les espèces qui ne possèdent pas la force physique, qui
engendre la contraction musculaire, possèdent la force intellectuelle qui
engendre toutes sortes de moyen de défense, que l'on peut résumer dans le mot
ruse.
Comme on
le voit, il faut renoncer aux idées de sélection naturelle et autres causes du
même genre, empruntées à la métaphysique par les mystiques du matérialisme, qui
voudraient nous imposer la croyance que les différences physiologiques qui
caractérisent les espèces sont dues à une action individuelle, multipliée par
l'action accumulatrice des siècles.
Il
n'existe rien de semblable. La cause unique de ces différences réside dans les
forces physicochimiques qui agissent sur la terre et engendrent les êtres
organisés, lesquels sont étrangers à leur formation.
(1) L'homme vivrait plus longtemps que tous les animaux sans le renversement complet dans lequel il stationne actuellement, renversement qui amène des désordres dans la circulation, et dans le fonctionnement de tous les organes, et qui abroge la vie. S'il est des animaux quadrupèdes qui vivent plus longtemps que l'homme, comme l'éléphant, c'est parce que la station horizontale est plus favorable que la station verticale à l'entretien de la vie.
(1) L'homme vivrait plus longtemps que tous les animaux sans le renversement complet dans lequel il stationne actuellement, renversement qui amène des désordres dans la circulation, et dans le fonctionnement de tous les organes, et qui abroge la vie. S'il est des animaux quadrupèdes qui vivent plus longtemps que l'homme, comme l'éléphant, c'est parce que la station horizontale est plus favorable que la station verticale à l'entretien de la vie.
L'AGENT
NERVEUX
Pour
trouver la cause ultime des phénomènes il ne suffit pas d'observer les
phénomènes. La méthode empirique ne révèle que des effets, elle ne remonte pas
aux causes, aussi cette méthode est-elle incomplète ; elle ne nous fait
connaître que des détails épars, non reliés entre eux par un élément
conjonctif.
Lorsque
l'on s'aventure à la recherche des causes naturelles qui régissent le monde
organique et le monde inorganique, on est surpris, en même temps qu'attristé,
de voir les ténèbres qui règnent dans toutes les sciences sur ce terrain-là. On
est affligé de voir des erreurs monstrueuses érigées en lois.
(Faut-il
citer à l'appui toute l'œuvre de Newton, esprit nébuleux qui a entravé le
progrès des sciences physiques comme l'esprit nébuleux de M. Darwin tend à
entraver le progrès des sciences naturelles) (1).
En dehors
de cela on ne trouve que des observations de détail, observations qui ne
demandent aucun effort intellectuel, mais seulement, en physiologie un
laboratoire bien monté, en histologie un bon microscope.
Partout
le tissu conjonctif manque, et les faits, comme des éléments anatomiques
dissociés, gisent épars sans pouvoir former un corps.
Partout
on constate cette même absence d'effort intellectuel pour relier entre eux les
faits.
La
causalité est une faculté qui semble disparaître de l'esprit des hommes.
Les
notions que la science actuelle possède sur toutes choses sont les pièces d'un
jeu de patience jetées çà et là, sans ordre, pêle-mêle, ou, si vous voulez, des
caractères d'imprimerie projetés sur le sol. Attendez-vous que d'eux-mêmes ils
se disposent de manière à former l'Iliade ? vieille comparaison, mais toujours
juste.
Pour
assembler les pièces il faut une vue d'ensemble que peu d'entre les hommes
possèdent, il faut pouvoir embrasser d'un coup d'œil tout le tableau que ces
pièces réunies doivent former.
Les
détaillistes empiriques nous font l'effet de gens qui voient l'Univers à travers
une lorgnette de théâtre, dans laquelle ils regardent par le petit oculaire,
ils rapprochent les objets et en observent les détails, mais leur champ est
d'autant plus rétréci que l'objet est plus rapproché.
Nous n'avons
jamais pu suivre cette méthode, notre vue ne s'accommode pas à ce point visuel ;
nous regardons l'Univers par le gros oculaire, nous voyons l'ensemble, nous nous apercevons
par les détails. Nous élargissons le champ, quitte à chercher ensuite des preuves
histologiques soit dans la nature, soit dans les travaux de ceux qui n'ont vu
que le petit côté de la science.
L'agent
du système nerveux est une des causes qui ont le plus été cherchées, et le plus
discutées.
On a
voulu en faire une vibration moléculaire, comme si un ébranlement de molécules
pouvait causer les phénomènes chimiques qui accompagnent toujours la
transmission nerveuse.
On a
voulu en faire une décomposition chimique, mais sans expliquer de quelle nature
elle pouvait être. Enfin on en a fait un influx analogue au fluide électrique
(2). Ce mot analogue indique avec quelle timidité la vérité s'impose, alors que
l'erreur a toujours tant de hardiesse.
Nous avons toujours éprouvé un grand étonnement en face des discussions de ce genre. Voir
affirmer ou nier l'action d'une force, comme l'électricité, dont, pour
commencer, on ne connaît pas l'essence ; voir appliquer cette force inconnue à
la recherche de l'agent nerveux, dont on ne connaît pas la nature, nous fait
l'effet d'un homme employant une arme dont il ne connaît pas le maniement pour
combattre un ennemi qu'il ne voit pas. C'est, suivant une expression de Paul
Bert, expliquer l'inconnu par l'inconnu.
Pour
affirmer ou nier l'intervention d'une force il faut la connaître, pour procéder
à l'expérimentation il faut savoir sur quoi l'on expérimente.
Sans ces
deux conditions essentielles tout est vague, on ne fait que des tâtonnements
dont les résultats ne peuvent avoir de valeur sérieuse.
Donc, à
ceux qui nient l'action de l'électricité, nous commencerons par dire : qu'est-ce
que l'électricité ?
Si vous
ne savez là-dessus que ce que nos livres de physique enseignent, ce n'est pas
la peine de vous mêler de la question, vous ne savez rien.
Pour se
prononcer il faut non-seulement connaître l'essence de l'électricité, mais
encore connaître toutes ses manifestations, or nous ne les connaissons pas
puisque, tous les jours, nous en découvrons de nouvelles. Donc pourquoi ne pas
admettre que la transmission nerveuse est une de ces manifestations.
Le
procédé de Helmholtz pour mesurer la vitesse de l'influx nerveux n'est, du
reste, nullement infaillible, et repose, pour commencer, sur une hypothèse,
puisque ce qu'il mesure c'est le moment de la contraction musculaire. Or, quand
le muscle se contracte le nerf a cessé d'agir. La contraction est une réaction
et non pas une action de nerf. Quant au moyen employé pour mesurer la vitesse
du courant sensitif, il est plus défectueux encore puisqu'il consiste à avertir
en frappant avec la main au moment où la sensation est perçue. Or, frapper est
une réaction motrice, dont le moment où le coup est frappé n'est pas celui où
la sensation est perçue, puisque, dans cette expérience, les deux actions
sensitives et motrices interviennent.
Du reste
les auteurs qui se sont occupés de cette question ne sont pas tombés d'accord
sur la vitesse des courants. Chauveau a trouvé 70 mètres par seconde pour la
vitesse de transmission dans le pneumogastrique du cheval. La vitesse semble
plus grande chez les animaux supérieurs. On suppose 60 mètres par seconde pour
la propagation dans les nerfs sensitifs. D'après M. Marey, la vitesse serait
plus grande pour le courant sensitif que pour le courant moteur, mais rien ne
prouve ces hypothèses.
CI.
Bernard, un de ceux qui ont méconnu la cause réelle des phénomènes
électro-physiologiques dit, à ce sujet : « L'électricité
ne se substitue pas à l'agent nerveux, c'est un simple excitant. Le tissu
musculaire conduit mieux l'électricité que le tissu nerveux (3). Cela prouve bien que le nerf n'agit pas par
l'électricité, à moins qu'on admît qu'il put, en quelque sorte, lui servir de
multiplicateur, ce qui me semble difficile à établir. »
La
différence de vitesse de transmission du courant électrique et du courant
nerveux s'explique de plusieurs manières :
1° Le
renversement de l'individu qui a arrêté brusquement le développement de tous
les organes, et surtout celui du système nerveux. Mais ici ce n'est pas
seulement un arrêt de développement, c'est, en même temps, un ralentissement de
la transmission électrique dont nous avons vu le premier effet dans le
ralentissement de la circulation.
Si le
corps avait conservé la position qu'il occupait sur le sol, à l'état de la
plante, ses fibres nerveuses auraient continué à fonctionner suivant leur
direction primitive. Le système nerveux n'aurait pas présenté les complications
qui sont nées de ce que les choses se sont trouvées embrouillées par ce
renversement.
La
position de l'arbre étant toujours la même, relativement à la position de la
terre sous le soleil qui nous envoie le fluide électromagnétique, les courants
atmosphériques suivent toujours la même voie pour venir solliciter ou exciter
les courants individuels de la plante. La place occupée par chaque filet
terminal de l'élément nerveux est géométriquement déterminée, puisque la forme
de l'arbre, le nombre de ses ramifications et la façon dont elles s'étalent,
sont constantes dans une même espèce. Mais renversez l'arbre, vous dérangez
toute cette harmonie, et vous ralentissez l'action des courants, puisqu'ils ne
trouvent plus autour d'eux les points d'attraction auxquels ils obéissaient,
mais, au contraire, trouvent partout des agents de répulsion avec lesquels ils
luttent.
« On sait que la terre et l'atmosphère qui
l'entoure, dit M. Van Tieghem, sont
toujours pénétrées d'électricité dont la quantité et la tension varient à tous
moments. Comme la tension du sol est généralement différente de celle de l'air,
il se fait entre le sol et l'atmosphère un échange perpétuel d'électricité.
Plongée dans le sol par ses racines, dans lesquelles
l'électricité possède la tension du sol, élevant dans l'atmosphère une cime
rameuse où s'épanouissent ses rameaux et ses feuilles, et qui partage
naturellement la tension électrique de l'air, une plante isolée a donc son
corps incessamment traversé par des courants qui se dirigent tantôt de haut en
bas, tantôt de bas en haut. »
Mais si
vous retournez l'arbre, non pas pendant son développement, alors qu'il est
encore susceptible de s'adapter à de nouvelles conditions, mais à un moment où
ses organes déjà profondément différenciés ne peuvent plus être modifiés, vous
le mettez, vis-à-vis des forces qui l'ont créé, en lutte ouverte, et dès lors,
trop faible pour lutter, l'harmonie première se dérange.
La
vitesse de la transmission électrique est égale à celle de la propagation de la
lumière, environ 78,000 lieues (376 500 km) par seconde, puisque la
lumière et l'électricité sont deux manifestations de la même radiation
d'oxygène. La vitesse de la transmission de l'action nerveuse, malgré le
désaccord des auteurs sur cette question, est évaluée, à peu près, à 43 mètres
par seconde.
Outre la
cause principale que nous venons de donner pour expliquer cette énorme différence,
on peut invoquer d'autres causes, qui nous semblent moins importantes, mais qui,
cependant, ont aussi leur valeur ainsi, on peut supposer que la différence de
vitesse de la transmission provient de la différence d'énergie de l'impulsion.
L'impulsion solaire qui fait radier les courants électriques qui traversent
l'espace et l'atmosphère est incommensurable ; l'impulsion que l'animal donne à
ses courants radiants est infiniment plus petite. La différence peut très-bien
être comme 78,000 lieues sont à 43 mètres.
On peut
encore invoquer une autre cause. Nous mesurons la vitesse du courant de
l’électricité actuelle, et nous comparons cette vitesse à celle de nos courants
nerveux, dont l'origine remonte à une époque où les forces électriques étaient
autres que ce qu'elles sont aujourd'hui. Or, un organe créé ne traduit que les
forces qui l'ont créé ; le courant nerveux ne peut représenter que la vitesse
des courants qui existaient lors de sa formation première, vitesse qui a dû se
perpétuer fidèlement dans l'organisme animal, quels qu'aient été les
changements postérieurs survenus dans l'intensité des forces physiques.
Le
courant primitif, qui engendrait le système sensitif, était beaucoup plus lent,
en même temps qu'il possédait une plus grande puissance chimique, lorsque le
foyer solaire était plus intense. La vitesse de transmission acquise alors
s'est perpétuée dans les êtres créés à cette époque, quoique la force se soit
modifiée depuis. Toutes les modifications successives des courants sont
indiquées par la création des organismes qui se sont succédés sur la terre, et
dont le système nerveux révèle l'état ou le degré. En d'autres termes,
l'intensité des forces qui se propagent dans les corps organisés s'y perpétue.
De là la constance des caractères dans chaque espèce, malgré la différence des
milieux.
L'oxygène
qui circule dans nos nerfs aurait donc toujours la tension qu'il avait à
l'époque où nous avons été formés. Cette tension était celle de l'oxygène qui
régnait dans l'atmosphère ; elle n'est plus celle de notre oxygène actuel. Donc
les manifestations électriques de nos courants nerveux ne peuvent pas être les
mêmes que celles des corps inorganiques qui ne perpétuent rien.
Nous
avons chacun un optimum d'intensité nerveuse qui traduit la tension de nos
courants nerveux. Cet optimum oscille entre des limites au-delà desquelles la
vie s'arrête. Nous cherchons dans tout le cours de notre existence à nous
remettre dans un milieu favorable à cet optimum.
Ce
milieu, que nous ne retrouvons plus, était l'état normal de l'atmosphère à
l'époque où la vie de l'humanité a atteint sa plus grande intensité.
La
radiation solaire et la radiation individuelle de l'homme étaient alors en
harmonie parfaite ; c'était des courants possédant la même tension.
On a
remarqué que les individus végétaux mobiles à la surface terrestre se
rapprochent, ou s'éloignent de la source des radiations pour retrouver le point
qui les rapproche le plus de cet état d'harmonie.
Lorsqu'ils
sont immobiles ils souffrent des écarts qu'ils sont forcés de supporter, et
leur vie n'atteint toute son intensité que lorsqu'ils sont remis dans des
conditions plus favorables. Mais comme dans le milieu actuel ils ne peuvent
plus retrouver ces conditions, il en résulte un ralentissement des fonctions
vitales qui les empêche de dépasser une limite de végétation qui est
représentée par les premières semaines du développement embryonnaire.
Nous
pouvons mesurer, par le chemin qui reste à faire aux organismes végétaux
actuels pour achever leur développement, les différences physiques du milieu
actuel et du milieu antérieur dans lequel la plante continuait son travail
d'organisation jusqu'à l'état animal.
La
tension de nos courants nerveux est notre optimum d'intensité. Si nous pouvions
rétablir cette tension dans le milieu dans lequel nous vivons, notre vie
acquerrait son maximum d'intensité.
Si cet
optimum se maintenait sans oscillations ni dans un sens ni dans l'autre, notre
vie n'aurait pas de terme. La mort est le résultat de l'écart qui existe, et
qui augmente sans cesse entre notre optimum primitif et l'état actuel du milieu
qui nous entoure.
Des
expériences concluantes ont prouvé que l'électricité est la principale
nourriture des végétaux.
Il serait
trop long de les mentionner ici ; il serait trop long également de nous occuper
du débat contradictoire soulevé par M. Naudin à ce sujet. Nous ne
voulons constater qu'une chose, c'est que cette force vitale qu'on appelle
l'innervation chez les animaux, cette faculté que l'on avait refusée aux
végétaux jusqu'à ce jour et dont on avait même voulu faire une ligne de
démarcation entre le règne animal et le règne végétal, a été non-seulement
discutée, mais même affirmée (4), le jour où l'on a prouvé que la plante ne
peut pas vivre sans électricité.
Et
cependant toutes ces discussions manquaient de base, puisque ceux qui les
soutenaient, ne sachant pas que le courant électrique est une radiation
d'oxygène, affirmaient ou niaient sur des données empiriques incomplètes, ou se
contredisaient, car tel botaniste qui niait l'action de l'électricité
affirmait, en même temps, que la plante absorbe les radiations solaires, sans
se douter qu'il affirmait et niait, en même temps, une seule et même chose.
La plante
vit, c'est incontestable ; or, il n'y a pas de vie sans l'intervention de
l'oxygène radiant.
La
question est de déterminer les degrés de vie dans chaque individu.
Du reste,
nous ne pouvons, dans aucun cas, dire que les plantes sont dépourvues de
sensibilité (quoique nous fassions naître la conscience de la sensibilité au moment
de la réunion des deux fluides). Nous ne pouvons dire qu'une chose, c'est
qu'elles sont dépourvues de motricité, parce que si elles en possédaient elles
exécuteraient des mouvements qui nous en avertiraient. Mais la sensibilité sans
motilité n'a aucun moyen de se révéler, puisqu'elle ne peut jamais être
appréciée que par la réaction motrice.
Nous avons expliqué comment l'origine de la circulation nerveuse est un courant libre
d'oxygène, d'abord enfermé dans le nucléole du noyau de la cellule et circulant
ensuite dans, ou sur, les trachées déroulables.
Donc
l'essence du système nerveux n'est pas un ébranlement moléculaire.
S'il n'y
avait qu'ébranlement sans transport de matière :
1° Il n'y
aurait pas de phénomènes chimiques ;
2° toutes
les impressions seraient les mêmes, il n'y aurait que des différences
d'intensité.
C'est la
molécule elle-même qui circule et qui apporte, comme un courrier fidèle,
l'impression qu'elle a reçue. Ce n'est qu'un déplacement d'impression, un
transport d'impression. Ce qui était dans un endroit va, dans un temps rapide
comme l'éclair, se trouver transporté dans un autre endroit, où ce quelque chose
se trouve tout d'un coup illuminé par la lueur de la conscience au moment de sa
rencontre avec l'élément contraire.
C'est là, nous dira-t-on, faire d'une molécule un être intelligent. Eh bien ! Si la somme
de notre oxygène individuel représente la somme de notre intelligence, pourquoi
chaque molécule de cet élément ne serait-elle pas une fraction de cette
intelligence ? Pourquoi la source d'oxygène, le foyer, ou les foyers solaires,
qui nous envoient la vie ne seraient-ils pas considérés comme l'intelligence
suprême ?
Est-ce
que toutes les religions passées n'ont pas été basées là-dessus ? Est-ce que la
divinité n'a pas été mille fois définie par cette phrase : Principe
éternellement pur dont le feu est le symbole. Or, le feu, c'est l'oxygène.
Est-ce
que Zoroastre n'a pas institué le culte du soleil ?
Est-ce
que toutes les religions n'ont pas placé Dieu dans l'empire céleste, dans
l'espace, que l'on a appelé en haut, c'est-à-dire entre nous et le soleil, par
opposition au mauvais esprit que l'on a toujours fait résider en bas,
c'est-à-dire dans les régions sidérables opposées au soleil, par rapport à
nous.
Est-ce
que le fluide nerveux, l'âme, en un mot, n'a pas, de tout temps, été considéré
comme l'essence même de Dieu, comme une parcelle de la divinité incarnée en
nous ?
On ne
peut donc pas séparer ces deux idées. Dieu et l'âme, de même que l'on ne peut
pas séparer l'influx nerveux de l'électricité solaire.
Qu'on nous
accuse pas d'athéisme, nous ne nions pas Dieu, nous l'expliquons. Nous ne nions pas
l'âme, nous l'analysons.
L'oxygène
est l'âme du monde. Peut-on le nier, puisque sans lui il n'y aurait ni vie, ni
lumière, ni chaleur !
Tout ce
que l'on considère comme émané de Dieu, est produit par l'action d'un courant
d'oxygène radiant.
Pourquoi
refuser à la matière raréfiée, subtilisée, cette intelligence, qui n'est qu'une
de ses propriétés, et vouloir doter de cette propriété un être imaginaire (5) ?
Pourquoi cet amour du merveilleux, de l'invraisemblable, de l'absurde, quand le
vrai est si simple, si grand, si beau et si facile à concevoir.
(1) Toute la physique, qui étudie l'action des agents impondérables sur les corps, repose sur la théorie des radiations.
(1) Toute la physique, qui étudie l'action des agents impondérables sur les corps, repose sur la théorie des radiations.
L'unité
des causes physiques est dans la radiation qui engendra le mouvement, la
chaleur, la lumière, l'électricité. Newton n'a rien aperçu de tout cela.
(2) « Toute activité des nerfs qui se manifeste
dans les muscles à titre de mouvement, dans le cerveau à titre de sensation,
est accompagnée d'une modification du courant électrique du nerf. Au moment
même où le mouvement ou la sensibilité se produisent, le courant du nerf subit
une diminution d'intensité ».
« Il y a dans tout nerf un courant électrique,
mais les excitations qui frappent les nerfs à la périphérie du corps ne sont
perçues que lorsque les nerfs les ont conduits au cerveau. »
« Les procédés les plus délicats d'observation
des phénomènes électriques démontrent que, dans chaque mouvement qu'un nerf de
notre corps produit, il se fait un changement dans le courant électrique de ce
nerf. Ce fait a été démontré pour la première fois le 18 novembre 1847. »
(MOLESCHOTT. Circulation de la vie)
(3) C'est
parce qu'il ne le conduit pas qu'il est un agent électrique. Lorsqu'un corps ne
conduit pas les courants radiants d'oxygène, c'est qu'il les absorbe et les
emmagasine pour les rendre à un moment donné. Le protoplasma végétal, origine
même de l'agent nerveux, est aussi mauvais conducteur du courant électrique ;
il absorbe toute la radiation d'oxygène ; à moins qu'elle ne soit trop
puissante, le courant de trente éléments de Grove détermine instantanément
l'arrêt définitif du protoplasma.
(4) « Les caractères des êtres organisés dont
l'ensemble constitue le règne végétal, peuvent se résumer en un seul mot : la
vie. Les naturalistes se sont généralement appliqués à faire ressortir les
différences essentielles qui caractérisent les règnes. Je me propose, au
contraire, d'insister sur les analogies et les similitudes qu'ils présentent,
tant dans les formes de leurs organes ou, de leurs appareils que dans les
fonctions physiologiques dont l'ensemble constitue, soit la vie animale, soit
la vie végétale.
Les fonctions physiologiques exécutées par les
organes, ou appareils, dans la série de tous les êtres organisés (végétaux et
animaux), s'exécutent sous l'influence d'un principe d'action désigné, tantôt
sous le nom de force vitale, tantôt sous le nom de force d'innervation.
L'appareil de l'innervation offre d'autant plus de développement qu'on
l'observe dans les classes les plus élevées de l'échelle du monde organique.
Chez les animaux supérieurs il se compose de l'encéphale ou cerveau et de ses
annexes ou dépendances ; plus du système ganglionnaire (grand sympathique)
annexé lui-même au précédent et qui préside aux fonctions de la vie dite
végétative.
L’appareil de l'innervation si complet et si
développé dans l'embranchement des animaux vertébrés s'affaiblit déjà, comme
importance, dans les classes inférieures de cet embranchement très complexe
encore cependant chez les articulés et les mollusques, il se simplifie de plus
en plus chez les rayonnés et devient assez vague chez les microzoaires ». GERMAIN DE SAINT-PIERRE. Dictionnaire de
botanique.
(5) « Qu'est-ce que la matière radiante ? Le nom
vient de Faraday qui, il y a plus de soixante ans, en 1816, simple étudiant,
âgé de vingt-quatre ans et déjà passionné pour la méthode expérimentale dont il
devait être le coryphée, avait exposé dans les termes suivants cet état subtil
de la matière raréfiée :
« Si nous imaginons un état de la matière
aussi éloigné de l'état gazeux que celui-ci l'est de l'état liquide, en tenant
compte, bien entendu, de l'accroissement de différence qui se produit à mesure
que le degré de changement s'élève, nous pourrons peut-être, pourvu que notre
imagination aille jusque-là, concevoir à peu près la matière radiante ; et, de
même qu'en passant de l'état liquide à l'état gazeux, la matière a perdu un
grand nombre de ses qualités, de même elle doit en perdre plus encore dans
cette dernière transformation ». Plus le vide devient parfait, plus s'accroît
la distance moyenne qu'une molécule parcourt avant d'entrer en collision, ou,
en d'autres termes, plus la longueur moyenne de la course libre augmente, plus
les propriétés physiques du gaz se modifient.
Ainsi, quand nous arrivons à un certain, point,
les phénomènes du radiomètre deviennent possibles; et, si nous poussons la
raréfaction du gaz encore plus loin, c'est-à-dire si nous diminuons le nombre
de molécules qui se trouvent dans un espace donné, et que par là nous
augmentions la longueur moyenne de leur course libre, nous rendrons possible
les expériences dont il s'agit ici : « Les phénomènes, dit M. Crookes,
diffèrent tellement de ceux présentés par les gaz de tension ordinaire, que
nous sommes forcés d'admettre que nous sommes en présence d'un quatrième état de
la matière, lequel est aussi éloigné de l'état gazeux que celui-ci l'est de
l'état liquide. »
(Extrait d'un article de M. Flammarion)
L'oxygène ne possède-t-il pas toutes les propriétés dont on a fait les attributs de la divinité ?
L'oxygène ne possède-t-il pas toutes les propriétés dont on a fait les attributs de la divinité ?
N'est-il
pas subtil comme la pensée (dans le courant électrique), n'est-il pas répandu
partout, n'est-il pas immatériel lorsqu'il est radiant, puisqu'il échappe alors
à nos sens, et à la balance. (Nous employons le mot immatériel par concession).
N'est-il pas la source de notre vie, de notre gaieté, de l'amour même, ce
bonheur suprême qui naît de la tension d'un courant d'oxygène radiant qu'une
autre personne dirige vers nous.
« Un créateur qui présiderait au développement
de la nature organisée par l'intermédiaire d'une force placée en elle-même,
dit le professeur Brown, comme il dirige
celui du monde inorganique, par les seuls effets combinés de l'attraction et de
l'affinité, répondrait en même temps à une idée beaucoup plus sublime. »
Les
Védas, cet admirable code où toutes les religions ont puisé leurs principes,
expliquent cette infiltration de Dieu dans le système nerveux, d'une façon qui
n'est pas allégorique, mais claire comme la science.
Quoique
ces recherches sortent de notre sujet, qu'il nous soit permis de citer quelques
slocas des Védas, dans lesquels Manou fait connaître l'origine de l'essence de
l'âme, qui est, pour lui, une émanation de la substance du Grand Tout (de
l'oxygène solaire).
Livre
VII. Védas. Dernier livre de Manou. (Traduction de M. Jacolliot).
« Le moteur de ce corps est appelé kchetradjna
(âme, principe de vie), et le corps qui
accomplit des fonctions visibles et matérielles a reçu le nom de boûtâtna.
Composé d'éléments. »
« Un autre élément interne appejé mahat
(sensation), vit avec tous les êtres
animés, et c'est grâce à lui que le kchetradjna perçoit le plaisir et la peine.
»
Ces deux
versets nous expliquent le dualisme du système nerveux, l'agent moteur qui
accomplit les fonctions visibles et matérielles, et l'agent sensitif au moyen
duquel nous percevons le plaisir et la peine.
« La sensation et l'âme intelligente, unies
aux cinq sens, l'ouïe, la vue, l'odorat, le toucher, l'attrait mutuel des
sexes, sont dans une liaison intime et constante avec le Grand Tout qui réside
dans les êtres de l'ordre le plus élevé aussi bien que dans ceux de l'ordre le
plus bas. »
Ce verset
nous explique le principe actif des nerfs crâniens dans les organes des sens,
et celui du grand sympathique dans l'attraction sexuelle.
Leur
liaison constante avec le Grand Tout, c'est la solidarité des forces nerveuses
et des forces magnétiques.
Le Grand
Tout qui réside dans les êtres c'est l'oxygène qui existe partout où il y a
vie.
Ce qui,
du reste, est encore affirmé par le verset suivant :
« De la substance du Grand Tout, s'échappent
continuellement d'innombrables principes vitaux qui communiquent sans cesse le
mouvement aux créatures des divers ordres. »
« Apprenez quels sont les organes que les
anciens pundis ont déclaré être au nombre de onze. L'ouïe, la sensation de la
peau, la vue, le goût, les organes de la génération, la langue, la main, le
pied et l'organe de la voix. Les cinq premiers sont nommés organes de
l'intelligence ; les cinq derniers organes de l'action.
« Il en est un autre, le onzième, le plus
grand de tous, qui renferme en lui l'intelligence et l'action auquel tous les
sens obéissent ; il s'appelle la conscience. »
« Ainsi la conscience humaine, ahancara, seule
a la conception, la volonté, la direction, le jugement ; les organes sont
inconscients et irresponsables. »
« Swayambhouva a déclaré la plus pure la
partie du corps humain qui descend de la tête au nombril (moitié positive
du corps portion hypocotylée de la plante) et,
dans cette partie, la bouche a été déclarée la plus pure (celle qui
contient le plus de fibres sensitives).
« Qu'il sache que l'âme possède la notion du
bien, celle du mal, et qu'il y a, de plus, en elle, des aspirations qui ne se
peuvent définir en ce monde, ce qui tient à son union avec les substances
matérielles et périssables dont le corps est formé. »
Les
aspirations qui ne se peuvent définir, c'est l'affinité chimique des éléments.
Notre oxygène radiant, en vertu de son affinité pour les radiations d'oxygène
atmosphérique, doit tendre à se réunir à elles, c'est la tension électrique, du
reste.
Mais cette
tension est arrêtée dans son mouvement expansif par les tissus, substances
matérielles, dans lesquels le système nerveux est engagé. La désorganisation
des tissus que la mort amène, peut seule mettre notre oxygène en liberté.
Ceci est
encore affirmé par le verset suivant :
« L'acte par lequel l'âme aspire après
l'inconnu, est un souvenir du swanga dont elle a gardé l'empreinte, comme on
voit vaguement, au réveil, les images qui vous ont frappé dans les songes.
»
« Lorsque soit le bien (principe sensitif),
soit le mal (principe moteur), arrivent à dominer entièrement un être
animé, ils le rendent semblables à eux. »
Remarquez
comme cette phrase confirme toute notre théorie sur l'origine des facultés et des
fonctions des organes, sur le caractère que la cause qui crée imprime à
l'organe qu'elle crée.
« Mais ce qui fait la récompense ou la
punition légitime, c'est la liberté du choix de l'homme entre le bien et le
mal. Le bien c'est la bonté, LA SCIENCE et la modération. Le mal c'est
l'ignorance, la passion et les appétits brutaux, toutes choses qui luttent dans
l'homme et qu'il doit savoir maîtriser à son gré. »
Que de
choses renferme ce verset ! Nous y trouvons le principe de toutes les fonctions
cérébrales.
Le bien
c'est la science, quelle belle phrase !
Combien
nous devons l'admirer ! Le principe du bien c'est l'agent du système nerveux
sensitif, ce principe engendre les facultés intellectuelles, d'où résulte la
science.
La
modération, c'est la coordination des actes, des pensées, des mouvements, cette
fonction qui réside dans le cervelet et sans laquelle les mouvements sont
incohérents, les actions inconscientes, les pensées irréfléchies. Voilà le
cervelet réhabilité.
Le mal
c'est l'ignorance, qui en doute ? La passion, c'est-à-dire le contraire de la
coordination, les appétits brutaux, puisque l'élément dont l'homme se
débarrasse en satisfaisant ces appétits est l'élément sensitif, celui qui
engendre le bien, la science, celui qui vient de Dieu, du Dieu Oxygène, celui
qui est une parcelle de Dieu même et dont la tension, ou l'accumulation, fait
la supériorité des hommes sur les autres espèces.
La moitié
au moins du code de Manou est destinée à contenir cet instinct dont la
satisfaction diminue la valeur morale de l'homme.
« L'âme est l'assemblage des dieux (assemblage,
c'est-à-dire combinaison des deux fluides) l'Univers
repose dans l'âme suprême ; c'est l'âme qui produit la série d'actes accomplis
par les êtres animés. »
« Que le brahme contemple, en s'élevant par le
secours de la méditation, l'éther subtil des cavités de son corps, l'air dans
son action musculaire et dans les nerfs du toucher, la suprême lumière dans sa
chaleur digestive et dans ses organes visuels, l'eau, dans les fluides de son
corps, la terre dans ses membres. »
Voilà
tous les états de l'oxygène énumérés. L'Ether subtil c'est le fluide
électrique, dans le courant nerveux ou dans l'air. L'eau, une autre forme de
l'oxygène. Enfin qu'il contemple la terre dans ses membres ; la terre ce sont
les éléments inorganiques des tissus.
« Mais il doit se représenter le grand Etre
comme le souverain maître de l'Univers, comme plus subtil qu’un atome, comme
aussi brillant que l'or pur et comme ne pouvant être conçu par l'esprit que
dans le sommeil de la contemplation la plus abstraite. »
En effet,
la matière radiante, le courant électrique, se conçoit mais ne se voit pas.
Les uns
l'adorent dans le feu, d'autres dans l'air. II est le Seigneur des créatures,
l'éternel Brahma.
« C'est lui qui, enveloppant tous les êtres
d'un corps formé de cinq éléments, les fait passer successivement de la
naissance à l'accroissement, de l'accroissement à la dissolution par un
mouvement semblable à celui d'une roue. »
« Ainsi l'homme qui reconnaît dans sa propre
âme, l'âme suprême présente dans toutes les créatures, comprend qu'il doit se
montrer bon et loyal pour tous, et il obtient le sort le plus heureux qu'il
puisse ambitionner, celui d’être, à la fin, absorbé dans Brahma. »
Tout cela
n'est pas de l'allégorie, c'est de la science. C'est la théorie de la matière
radiante expliquée en d'autres termes que ceux dont nous nous servons
aujourd'hui. C'est le culte de la matière dans toute sa pureté, dans toute sa
grandeur, dans toute son évidence.
Combien
cette doctrine est belle, et combien elle est consolante dans sa vérité, dans
sa sécurité !
☆
« En réécrivant l’histoire de son évolution, l'homme comprendra les différentes mythologies qui ont été nécessaires à son progrès involutif mais qui, tout de même, furent une insulte à son intelligence intégrale et cosmique. Il aura unifié par le feu cosmique et la volonté égoïque son ancienne conscience divisée. Il sera immortel. L’abîme de sa conscience sera expliqué et les mystères n’existeront plus pour lui. »
(B. de Montréal, La Genèse du réel)
À suivre : PSYCHOLOGIE ET LOI DES SEXES
A