ISLAMISME, ISMAÉLIENS, ARABES ET TOUAREG



Mon cœur est devenu capable de toute forme : il est un pâturage pour les gazelles et un couvent pour les moines chrétiens, et un temple pour les idoles, et la Kaabah du pèlerin, et la table de la Thorah et le livre du Qorân. Je suis la religion de l’Amour, quelque route que prennent ses chameaux ; ma religion et ma foi sont la vraie religion.
(Muhyi-d-dîn Ibn Arabî)

L’homme de Dieu est au-delà de l’infidélité et de la religion. J’ai regardé dans mon cœur, c’est là que je l’ai vu. Il n’était nulle part ailleurs. Je ne suis ni chrétien, ni juif, ni guèbre, ni musulman, je ne suis ni d’Orient ni d’Occident, ni de la terre, ni de la mer... j’ai mis les dualités de côté ; j’ai vu que les deux mondes n’en font qu’un. Un seul je cherche, un seul je connais, un seul je vois, un seul j ’appelle.
(Djelaleddin Er-Rumi)




« Comme s’il pressentait que son heure était proche, grave, il ne faisait plus à personne un reproche ; il marchait en rendant aux passants leur salut ; on le voyait vieillir chaque jour, quoiqu’il eût à peine vingt poils blancs à sa barbe encore noire ; il s'arrêtait parfois pour voir les chameaux boire, se souvenant du temps qu’il était chamelier. Il semblait avoir vu l’Eden, l’âge d’amour, les temps antérieurs, l’ère immémoriale. »
(Victor Hugo, An neuf de l'hégire, 1858)


« Je viens mettre à profit les erreurs de la terre…  Il faut un nouveau culte, il faut de nouveaux fers. Il faut un nouveau Dieu pour l'aveugle univers. » (Voltaire, Le Fanatisme, ou Mahomet le prophèteParis 1742)

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« Lorsque le Seigneur eut créé le cheval, il dit à cette magnifique créature : « Je t'ai créé différent de tous, tous les trésors du monde reposent entre tes yeux. Tu écraseras mes ennemis sous tes sabots mais tu porteras mes amis sur ton dos : Tel sera le siège d'où s'élèveront les prières qui me sont adressées. Tu trouveras le bonheur sur toute la terre. Et tu seras aimé entre toutes les créatures. Car pour toi s'accroîtra l'amour du maître de la terre. Tu voleras sans avoir d'ailes. Et tu vaincras sans épée. »
(Mohammed)

« Dieu » a dit : Soixante-dix fois par jour, Je regarde dans le cœur de mon serviteur pour y entrer. Hélas, le plus souvent, Je le trouve plein de lui-même, et Je me retire.
(hadith qodsi/parole sainte)

« D'après la tradition islamique, tout être est « muslim », c'est-à-dire soumis à la volonté divine, à laquelle rien ne peut se soustraire ; la différence entre les êtres consiste en ce que, tandis que les uns se conforment consciemment et volontairement à l'ordre un universel, les autres l'ignorent ou même prétendent s'y opposer (...) Il est à remarquer que la même racine se retrouve encore dans les mots Islam et muslim ; la « soumission à la Volonté divine » c'est le sens propre du mot Islam, et est la condition nécessaire de la « Paix » ; l'idée exprimée ici est à rapprocher de celle du Dharma hindou. » (R. Guénon)

« Il est intéressant de remarquer que la tradition hindoue et la tradition islamique sont les seules qui affirment explicitement la validité de toutes les autres traditions orthodoxes ; et, s’il en est ainsi, c’est parce que, étant la première et la dernière en date au cours du Manvantara (durée d’un cycle humain), elles doivent intégrer également, quoique sous des modes différents, toutes ces formes diverses qui se sont produites dans l’intervalle, afin de rendre possible le « retour aux origines » par lequel la fin du cycle devra rejoindre son commencement, et qui, au point de départ d’un autre Manvantara, manifestera de nouveau à l’extérieur le véritable Sanâtana Dharma, qui est la Tradition primordiale, pleinement intégrale, et qui seule subsiste continuellement et sans changement à travers tout le Manvantara. » (R. Guénon)

Nous avons tendance à nous étonner des prouesses du téléphone, nous laissant imaginer que nos ancêtres ne communiquaient pas entre eux, ou mal. Quel progrès incontestable, disons-nous ! N’est-ce pas ? Pourtant, à y regarder de plus près, cela n’est pas du tout évident. Car ce que l’on n’imagine pas c’est que cette capacité, sinon ce moyen spécifique, de communication a toujours existé entre les hommes, et que notre pouvoir de communication en réalité n’a fait que s’obscurcir et se matérialiser au cours des âges. Ainsi nous appelons « progrès » ce qui n’est qu’amplification des moyens (matériels) nécessaires à compenser la dégradation de notre situation ontologique. Autrefois, la simple venue dans la ville d’un étranger, le simple retour du fils prodigue ou du mari d'un long périple, se répandait comme une traînée de poudre, avant même qu’il y soit rendu. De nos jours, nous appelons ce phénomène communément (et souvent de manière péjorative) le « téléphone arabe », parce que nous rattachons ce moyen moderne à une civilisation encore susceptible d’accéder en son Cœur, à cette autre dimension, qui en vérité consiste en une plus grande simultanéité, due à sa plus grande proximité du Principe divin. Cependant, la tentation exercée sur les musulmans par la science et les prouesses technologiques d’un « Occident mentalitaire » s’exerce même là où l’on s’y attendrait le moins. Tout se passe comme si la société Islamique s’était engagée sur la voie qui progressivement la mènera à une situation comparable à celle qui caractérisa hier la société chrétienne lorsque la « chrétienté » abjura de fait sa propre tradition pour le « plat de lentilles » de l’humanisme, de l’individualisme, entraînant un changement radical dans ses préoccupations et ses finalités.

« …le Croissant n’a jamais symbolisé l’Islam que dans l’imagination des Occidentaux ; il ne lui appartient ni exclusivement ni essentiellement, et il y est uniquement un symbole de « majesté », rien de plus. Je vous signalerai à ce propos que le roi de France Henri II, que je ne crois pas avoir été musulman, en avait fait son emblème personnel, et aussi qu’on voit ici sur beaucoup de boutiques Coptes, donc chrétiennes, la Croix entre les cornes du croissant (ce qui reproduit d’ailleurs exactement un ancien symbole phénicien, bien antérieur à l’islam et au christianisme). Mais il y a des « clichés » que l’ignorance se plait à répéter indéfiniment : c’est ainsi, pour prendre encore un autre exemple, qu’il est convenu en Europe que l’étendard du Prophète était vert ; or il y en avait deux, un blanc pour la paix et un noir pour la guerre ; le vert n’est venu que beaucoup plus tard, sous je ne sais quel Khalife. »
(Correspondance de Marcel Clavelle avec René Guénon)

« Napoléon avait été initié à Malte (en 1798 si je ne me trompe) à la Maçonnerie et peut-être aussi à quelque chose d’autre ; quand il vint ici (en Égypte), il adhéra à l’Islam et prit le nom d’Ali, fait qui semble assez peu connu. »
(R. Guénon dans une lettre à Lovinescu datée de novembre 1936)
« Nous n'avons jamais été converti à quoi que ce soit »
(René Guénon)

« Le monde est un grand homme, et l'homme est un petit monde »
« El-âlam insân kabir, wa el-insân âlam seghir » ainsi qu'il est dit dans les Rasâil Ikhwân es-Safâ, les Épîtres des Frères en pureté.

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« Tu te crois un néant et c’est en toi que réside le monde. »
(Ibn Sina, dit Avicenne)



سيدة الجنة 
Parmi les surnoms de Fatima, fille du prophète Mohammed, l'un des plus usuels est Zohra ou Zahra, qui est le nom de la planète Vénus, qu'on appelait Isthar dans l'ancien Orient.




Celui qui connait la valeur des femmes et le secret qu’elles recèlent ne pourra s’empêcher de les aimer ; et l’amour qu’on leur porte fait partie de la perfection de celui qui a la connaissance de Dieu, car c’est un amour divin. (Ibn Al ‘Arabî, Fusûs al Hikam)


Avant l'organisation matriarcale, les hommes erraient d'un lieu à l'autre, étrangers au sol qu'ils occupaient.
Les Déesses-Mères, en organisant le travail, divisèrent le sol et le délimitèrent pour les travaux agricoles. Elles donnèrent aux hommes la part de terre qu'ils avaient à cultiver. De là vint le mot « tenancier », qu'on retrouve dans le vieux mot latin « tenere » (tenir ; celui qui a).
Mais le tenancier devait donner une part de ses produits à la Mère, à l'organisatrice, dont le rôle moral, maternel, éducateur, n'était pas producteur des biens matériels nécessaires à la vie. Il fallait donc que l'homme travaillât pour elle et pour les enfants de la collectivité. Il faisait cinq parts du produit de sa terre, en gardant quatre et donnant la cinquième à sa Maîtresse. 
Le souvenir du cinquième lot payé à la Maîtresse laisse des traces dans le mot « five », qui signifie « cinq » et dont on fait « fief ». Une ferme s'appela « quinta » chez les Ibères. Le grec « pente », cinq, forma le latin « penaere » qui signifie « payer l'impôt ».
Egalement, le travail que représentent les quatre parts a eu des appellations restées dans les langues ; « arbé », dans les langues celtiques, veut dire quatre. De là s'est formé « arbeit » qui signifie travailler (en allemand « arbeiten »).
« Arabe » est le nom donné à ceux qui étaient soumis à cette redevance (« arba’a » : quatre en arabe).
Chez les Celtes, où « Vyer » signifie aussi quatre, la grange dans laquelle se gardaient ces quatre parts fut appelée « Vyer heim » (« Vyer », quatre, « heim », demeure), d'où nous avons fait « ferme ».
Arabe ne serait pas un nom de peuple, mais un nom générique désignant celui qui travaille la terre. « Arare » veut dire labourer.
Les Bretons étaient quelquefois appelés « arbi » (hébreu, heber, arabe), c'est-à-dire « ceux qui travaillent ».
Avec le temps, les hommes commencèrent à trouver bien lourde leur sujétion. Ils travaillaient sur un sol dont ils n'héritaient pas (la fille seule héritait). On vit alors des hommes, plus audacieux que les autres, s'attacher à la Maîtresse et prétendre partager avec elle la redevance des tenanciers.
Alors le cinquième donné fut divisé, et chacune de ses deux moitiés devint un dixième (la Dîme).
C'est ainsi que Joseph, à la cour de Pharaon, régla la taxe du peuple (Genèse, XLI, 24).


« En des temps où je parcourais le Maroc en quête d'éléments pour un reportage sur l'économie marocaine, il m'arriva un soir, entre Chichaouenne, où sont de si beaux tapis, et Marrakech, d'entreprendre une conversation avec un fellah qui égratignait son champ avec un arau primitif tiré par un attelage assez bizarre d'une vache maigre au delà de la maigreur et d'un chameau qui n'était guère plus gras.
« Là-bas, c'est le « bled sec », mais toutefois pas totalement aride.
« Dans le champ que l'homme labourait étaient d'assez gros blocs de pierre, non point assez énormes, cependant, pour ne pouvoir être déplacés de main d'homme avec un peu de peine.
« Je m'étais assis au bord de la route à contempler l'étrange attelage, m'étonnant de la peine que prenait l'homme pour guider son instrument entre les blocs.
« Il vint me voir et nous fîmes les salamalecs rituels.
« Avec la méticuleuse et gentille politesse berbère, il me demanda si j'étais « labès », et si tout allait bien pour moi. J'étais « labès ». Je lui demandai s'il l'était aussi. Il l'était. Ma famille également. La sienne aussi. Nous convînmes qu'Allah devait être remercié. Nous le fîmes.
« Alors il s'assit près de moi et nous parlâmes de la terre, des récoltes, de ce dont parlent tous les paysans du monde avec les geste qu'il fallait là où il les fallait pour arriver à nous comprendre. Et, sabir pour sabir, sur la question des sauterelles, du rendement de la terre, du tracteur qu'il aurait désiré, nous nous comprenions très bien.
« Je lui demandai alors pourquoi il n'enlevait pas les pierres de son champ. Il me regarda comme si Allah m'avait refusé toute clarté. Et il est de fait qu'il me l'avait refusé.
« Est-ce que je ne savais pas que quand Allah envoyait de l'eau, celle du Ciel ou celle de la Lune (la rosée), c'étaient les pierres qui la gardaient et que, sans pierres, son champ serait kif-kif la route ?
« Je mis cela dans ma poche.
« Et puis ces pierres, Allah les avait mises là pour que la terre soit bonne et que les récoltes soient bonnes... Lui n'était pas un « Fqih », un lettré, mais il savait voir la vérité des choses. Il y avait des pierres qui chassaient le mal. Celles-là en étaient… « Amdoulillah ! »
« Amdoullilah ! » Mais alors, pourquoi ne pas mettre d'autres pierres ?
« Peut-être un saint saurait, mais lui, il ne savait pas quelle pierre mettre ni où.
« Il me souhaita bonne route. « Slamah ! »
« Or, quand il s'agit de leur terre, il ne faut jamais prendre les dires des paysans à la légère. Je retins que certaines pierres dans un champ pouvaient être bénéfiques.
« Et puis je me souvins d'un autre paysan, un Berrichon qui avait, aussi, une pierre dans l'un de ses prés ; une pierre qui était un menhir, superbe, dressé droit, de près de quatre mètres, et, à ce paysan, j'avais entendu dire : « C'est p't'êt ben pas à cause de la pierre, mais c'est quand même ben mon meilleur pré ! Et qui fait ben le meilleur profit aux bêtes. Et que, si je savais, j'en mettrais ben aussi dans les autres prés, des pierres. Et après tout, les Anciens qui l'ont mise là, cette pierre, ils avaient p't'êt ben une idée de derrière la tête. Ils étaient p't'êt ben pus malin qu'on croit, les Anciens… »
« Ces deux hommes qui, tous deux, le Berbère et le Berrichon, savaient de quoi ils parlaient quand il s'agissait de leur terre et de leur métier, étaient donc d'accord sur ce point : les pierres d'Allah et les pierres des Anciens étaient, agronomiquement, bénéfiques.
« Cela donne à réfléchir. « 
(Louis Charpentier, Les géants et le Mystère des origines)

La plupart des Européens n’ont pas exactement évalué l’importance de l’apport qu’ils ont reçu de la civilisation arabe, ni compris la nature de leurs emprunts à cette civilisation dans le passé et certains vont jusqu’à totalement méconnaître tout ce qui s’y rapporte.
Cela vient de ce que l’histoire telle qu’elle leur est enseignée travestit les faits et paraît avoir été altérée volontairement sur beaucoup de points. C’est avec outrance que cet enseignement affiche le peu de considération que lui inspire la civilisation arabe, et il a l’habitude d’en rabaisser le mérite chaque fois que l’occasion s’en présente.
Il importe de remarquer que l’enseignement historique dans les Universités d’Europe ne montre pas l’influence dont il s’agit. Au contraire, les vérités qui devraient être dites à ce sujet, qu’il s’agisse de professer ou d’écrire, sont systématiquement écartées, surtout pour les évènements les plus importants.
Le plus étrange en cette occurrence c’est de voir les Européens se considérer comme les héritiers directs de la civilisation hellénistique, alors que la vérité des faits infirme cette prétention. La réalité tirée de l’histoire même établit péremptoirement que la science et la philosophie grecques ont été transmises aux Européens par des intermédiaires musulmans.
En fait, l’influence de la civilisation arabe s’est étendue dans une très large mesure et d’une manière sensible à tous les domaines, science, arts, philosophie, etc. L’Espagne était alors un milieu très important à cet égard et le principal centre de diffusion de cette civilisation sans oublier, mais dans une moindre mesure, la Sicile et la partie méridionale de la France actuelle.
Il convient de parler également de l’influence de la civilisation islamique et non spécialement arabe. Car la plupart de ceux qui ont exercé cette influence en Occident n’étaient pas de race arabe, et si leur langue était l’arabe, c’était seulement une conséquence de leur adoption de la religion islamique.


Avant-propos
Le panorama des remarquables portraits spirituels des principales femmes soufies, à la fois Saintes et Maîtres spirituels pour certaines d’entre elles, du début de l’Hégire (IIème et IIIème siècles), offert pour l’essentiel par la traduction annotée des « Kawâleih » de Al Munâwî, nous incite à rechercher l’origine de ce qui se présentera, ultérieurement, comme, d’une part, l’occultation rapide du rôle (pourtant essentiel) de la femme dans la vie publique en Islam ; et d’autre part, l’occultation plus tardive du savoir et de ce qui se développera à l’excès, jusqu’à devenir exclusif, en Occident à partir du point d’appui que constituera « l’egocogito » cartésien, c’est à dire l’usage restreint de l’Esprit, par l’homme, comme raison autonome de toute transcendance. Il semble bien, à cet égard que le rôle essentiel dans cette occultation soit tenu par ce que l’on appelle la « Shari’ah », qui nous est présentée abusivement comme la Loi divine révélée elle-même, alors qu’elle est, en vérité, la rencontre, en l’homme, de la Loi divine révélée et de la sociologie liée aux lois naturelles qui en marquent l’utilisation plus ou moins conditionnée, intéressée ou arbitraire par l’homme même bien intentionné, selon les époques et les civilisations qui reçurent l’Islam. L’homme a donc tendance, invariablement, par faiblesse native à faire du Rappel cela même que celui-ci était venu abolir : les idoles ; et à s’abriter derrière le caractère révélé de la loi pour refuser de progresser intérieurement, se contentant de répéter, de plus en plus mal, ce que ses ancêtres lui ont transmis extérieurement.
Pourtant malgré l’occultation généralisée, chacun peut constater la multitude des opinions des musulmans sur leurs femmes, qui vont de la Parole, venue du Monde de la Plénitude, du Prophète de l’Islam disant : « Il m’a été donné d’aimer trois biens dans votre monde : les femmes, les parfums et la prière ». Parole que commentera le plus grand des Maîtres Ibn Al ‘Arabi dans ses « Fusûs al Hikam » et qu’il résumera ainsi : « Celui qui connait la valeur des femmes et le secret qu’elles recèlent ne pourra s’empêcher de les aimer ; et l’amour qu’on leur porte fait partie de la perfection de celui qui a la connaissance de Dieu, car c’est un héritage du Prophète et un amour divin ». Mais à côté de ces sublimes joyaux de la réalisation spirituelle il y a aussi, en très grand nombre, même dans les traditions tenues pour authentiques, un certain type malheureux de sentences telle celle attribuée au Calife Omar et reprise par l’Imam Ghazali lui-même, où il est dit : « Cherche refuge auprès de Dieu contre les maux que causent les femmes, et garde-toi des plus pieuses d’entre elles ». Mais, par rapport à notre propos, n’est-ce pas là, en vérité, affirmer la loi du plus fort sous couvert de la Loi révélée ? Car bien sûr le problème est qu’il n’y a pas de sentence comparable ou semblable à l’encontre des hommes qui viendrait relativiser le propos.
La conclusion la plus urgente que l’on puisse tirer de cette courte présentation c’est que le jugement des hommes sur les femmes, leur autre complémentaire, est le plus exact révélateur de leur propre incompréhension d’eux-mêmes et donc de Dieu ; car elles sont dans la perspective de l’Unité de tous les plans et états d’existence, l’indispensable axe de rassemblement pour l’homme en quête de Dieu ; et ce, tels que l’indiquent directement les premiers chiffres : 4 et 1 des noms Adam : 45 et Eve : 15, en langue arabe. Or en notre temps d’extériorisation extrême et d’insoumission, l’incompréhension des hommes à l’égard des femmes est d’autant plus criante qu’ils ont tendance à contraindre leurs femmes à respecter ce qu’ils appellent exagérément : Shari’ah, dont toute tolérance véritable est bannie, alors qu’eux-mêmes n’en suivent que ce qui leur convient sans discernement.
Osons conclure que si les musulmans rendaient volontairement l’espace public à leurs femmes, selon ce que chacune peut lui apporter, avant que les médias n’aient introduit une perturbation irréversible dans l’ordre traditionnel, ils rendraient par la même le monde à eux-mêmes et donc à Dieu.
D’aucun penseront peut-être qu’il est déjà trop tard. Nous pensons tout au contraire que l’aube se prépare…


L'ISLAMISME
C'est au milieu des luttes que l'Église catholique soutenait contre les premiers Chrétiens féministes, qui gardaient fidèlement le culte de la Déesse, que retentit un cri de révolte d'un autre genre contre l'ancienne Théogonie : « Dieu seul est Dieu, et Mohammed est son Prophète. »
Il n'est plus question de savoir de quel Dieu il s'agit, il n'y en a plus qu'un : c'est Dieu ; impossible d'être plus simple, et c'est avec ce cri et ce drapeau qu'une horde de cavaliers arabes va envahir l'empire d'Orient et celui des Perses, en guerre depuis 30 ans.
L'an 630, Mohammed tombe comme une avalanche sur le territoire sacré de la Mecque, avec une armée de 10.000 hommes. La ville, incapable de résister, se rend, et Mohammed fait purifier la Kaabah (le sanctuaire) et détruire les images des anciennes Divinités pour anéantir le culte antérieur.
« La Vérité est venue, dit-il, que le mensonge disparaisse (1). »
Rappelons que dans des temps reculés, lorsque les émigrées de l'Inde se répandirent dans toute l'Asie, elles firent un séjour dans la partie de l'Arabie qui touche au Golfe Persique et y laissèrent des souvenirs dont l'histoire a gardé la tradition. Aussi, la Mecque (longtemps avant l'Islamisme) fut une de leurs stations. On y trouve la « Maison sacrée », la Kaabah, « Maison de Dieu », dira-t-on, quand on mettra le nom divin au masculin. Sur les collines voisines de la Kaabah se trouvait l'habitation des Déesses Icâf et Nayila. C'est dans la Kaabah qu'avaient lieu les réunions secrètes des femmes, c'est là qu'elles célébraient leurs « Mystères ». Primitivement on disait Qoubbah, mot qui signifiait, dit le Coran, lieu d'Abraham. Une fois par an, les femmes y recevaient les hommes pour la fécondation annuelle qui avait lieu au printemps : d'où la Pâque, fête de l'œuf. Cet endroit fut donc consacré par le pèlerinage annuel qui réunissait les hommes et les femmes, dans un temps où la lutte des sexes avait créé le divorce social, les hommes vivant entre eux, les femmes entre elles. Cette fête de Pâque était accompagnée de cérémonies religieuses et d'un enseignement. Les Déesses profitaient du pèlerinage qui attirait les hommes pour leur expliquer les lois de la Nature que, dans d'autres occasions, ils ne voulaient pas écouter. C'est ainsi qu'on institua le Tawaf, ou les 7 tournées autour de la Kaabah, qui étaient destinées à faire connaître aux hommes les lois cosmiques résumées dans l'histoire des 7 corps actifs qui génèrent les couleurs des soleils (voir l'article sur la Cosmogonie). C'est le septénaire, représenté chez les Hébreux par les Elohim
C'est de cette cérémonie qu'est resté l'usage des processions autour des églises.
La simple visite au lieu saint, qui pouvait se faire à toute époque de l'année, s'appelait Omra ou Hadjdj al-Asghar (« petit pèlerinage »). Pour se préparer aux cérémonies du Hadjdj et de l'Omra, on s'imposait certaines abstinences et on se mettait en état d'ihrâm (sanctification). C'est l'origine du carême. Les hommes se purifiaient (bain), se faisaient couper les ongles, la barbe et les cheveux avant de paraître devant les femmes. C'était l'occasion d'une grande féria, aux environs du sanctuaire. Des marchands venaient y apporter toutes sortes d'objets, et c'est là que les hommes achetaient des cadeaux qu'ils offraient aux femmes. C'est de là qu'est resté l'usage des foires annuelles.
Un grand nombre d'images de femmes se trouvaient dans la Kaabah ; on prétend qu'on y voyait aussi celle d'Abraham et celle de Jésus.
Ce triomphe à la Mecque amena à Mohammed/Mahomet (2) la plupart des hommes. Toutes les tribus de l'Arabie se soumirent à sa doctrine qui se résume en cette phrase fameuse : « Dieu seul est Dieu, et Mohammed est son Prophète. »
Les Arabes imposèrent par la force leur religion aux polythéistes, leurs ennemis naturels, puisqu'ils représentaient encore, dans l'opinion du monde, le symbolisme de la Nature et le culte de la Femme laissé à côté de celui de l'homme. Mais ils furent plus doux envers ceux qui avaient déjà masculinisé la religion. Les Juifs renégats et les Catholiques pouvaient, moyennant un impôt personnel, continuer librement l'exercice de leur culte.
(1) Une inscription sabéenne trouvée par M. Camoin a été présentée à l'Académie des Inscriptions par M. Derenbourg. On y lit ceci : « Abd, fils de Méharwah, vassal de Banou-Thaan, a consacré à sa Déesse Ouzza cette statue d'or en faveur de sa fille, l'adoratrice d'Ouzza, Koholthahir. Au nom d'Ouzza. »
Cette divinité fut condamnée par le Coran comme une divinité rivale qu'Allah a chassée de la Kaabah, comme une adversaire redoutable du monothéisme islamique.
(2) On oublie que Mahomet n’est que la déformation de Mohammed

MOHAMMED
Cet homme audacieux naquit à la Mecque, vers 571, d'une famille pauvre de la tribu des Koraïshites ou Quraychites qui signifie littéralement « celui qui réunit » (amasseurs). Les traditions qui relatent son enfance sont incertaines, elles ont été arrangées après sa mort.
On sait qu'il était orphelin ; d'abord pâtre, puis serviteur d'une femme riche, qu'il séduisit et qu'il épousa. Enfin, il était marchand de chameaux, d'après le Dictionnaire de Voltaire. Il eut une apparition céleste, dit la légende, un rêve qui fut le point de départ de sa propagande.
Il résidait à la Mecque. Ses premiers partisans furent les membres de sa famille. Sa doctrine était celle du « Dieu unique » ; il voulait détruire ce qui restait de la religion théogonique, qu'il appelait « l'idolâtrie officielle ».
Il rencontra une vive opposition, subit des déboires et des injures ; ses disciples furent persécutés et se réfugièrent en Abyssinie. Cependant, il gagna des partisans. Tous les hommes pervertis se rallièrent à lui. Il convertit le farouche Omar. Il trouva des partisans dévoués parmi les habitants de la ville de Yathrib. Vers 621, douze d'entre eux vinrent prêter un serment d'obéissance à sa personne et de fidélité à sa religion, sur la colline Akabah, près de la Mecque. (Ceci ressemble beaucoup aux douze disciples de Jésus réunis sur la Montagne.)
L'année suivante, ils étaient 75. Ils furent obligés de s'enfuir vers la fin de l'été de l'année 622.
Dans son ouvrage « Théosophie sémitique », au chapitre « Les Suffis et la Théosophie Mahométane », Lady Caithness, Duchesse de Médina Pomar, écrit :
« L'imagination poétique de Mahomet avait été vivement impressionnée par les histoires des patriarches d'Israël, ainsi que par la poésie légendaire et les brillants tableaux du Midrash. D'autre part la doctrine de l'unité de Dieu enseignée par Moïse, qu'il considérait avec Jésus comme le plus grand prophète après lui, répondait aux instincts philosophiques de son esprit. C'est sous l'influence de ces deux ordres de préoccupations qu'il commença à avoir des visions, et à recevoir des communications divines. L'Ange Gabriel lui apparut, et lui enseigna la vraie religion en lui confiant la mission divine de la répandre au près et au loin. Alors, avec une grande éloquence, il exhortait le peuple à mener une vie pure et vertueuse, et à prier le seul Dieu Eternel indivisible et infiniment sage qui l'avait choisi pour son messager et son prophète, comme il avait choisi avant lui les prophètes hébreux. Au début, il fit peu de disciples, et ceux-ci se recrutèrent surtout parmi les classes inférieures de la société. Les gens du monde faisait peu attention à lui et le traitaient de vulgaire devin, ou de poète insensé. Cependant, lorsque le nombre de ses adhérents augmenta, ceux qui l'avaient méprisé commencèrent à le regarder, et lui firent l'honneur d'une opposition violente. Les persécutions que lui et ses disciples eurent à subir furent si vives, qu'il se trouva forcé de se cacher pendant trois ans, dans un château fortifié qui appartenait à son oncle, Abu Talib. »
L'an 622, année de la fuite de Mohammed, sera également celle du commencement de l'Hégire (l'ère nouvelle des Musulmans).
La ville de Yathrib, qui, la première, lui avait donné des alliés, fut appelée Medinet En-Nabi (ville du Prophète), ou simplement « El-Medinah », la ville ; en français, Médine.
Suivant un géographe turc, on disait : « Médine, la resplendissante ». Le premier soin de Mohammed fut de construire une mosquée et de fixer les formes d'un culte. La forme d'abord, contrairement aux religions primitives qui s'occupaient des idées abstraites et non des idées concrètes.
Il institua « l'appel à la prière ». Le mulâtre Bilâl ibn Rabâh fut le premier moueddin (muaddin ou muezzin, qui appelle à la prière).
Il consacra au jeûne le mois de Ramadan, et n'oublia pas l'argent ; il établit la Zékah, dîme aumônière que chaque fidèle devait prélever sur ses biens pour être employée aux besoins du Prophète et de sa religion.
Il avait des femmes en nombre. L'une d'elles, Aïshah, se maria avec lui « étant encore fille » ; les autres étaient plutôt prises parmi les prostituées.
Il arborait comme emblème la liva ou bannière blanche (c'était la couleur des masculinistes). Cependant, dans ses expéditions, il arborait un drapeau noir appelé « Raya », fait d'un châle de sa favorite Aïshah ; mais ses troupes gardaient la bannière blanche, la liva. Le Raya portait cette inscription : « Il n'y a point de Dieu hors Dieu, et Mohammed est son Prophète. »
Un jour, il attaqua une caravane pour se procurer des richesses, et, pour la première fois, dans le combat, il poussa comme cri de guerre le fameux Ahadun qui signifie un seul ; et cela voulait dire « un seul Dieu », ce qui sous-entendait : suppression des Déesses.
Les rigueurs contre les Israélites féministes (qu'il ne faut pas confondre avec les juifs renégats) poussèrent ces derniers à former contre lui une coalition de plusieurs tribus réunies. Ils attaquèrent Médine pour détruire la nouvelle communauté, devenue menaçante pour l'ordre social du pays. Mais Mohammed fut plus rusé qu'eux. « La guerre, disait-il, est un jeu au plus fin. »
Les Israélites se retirèrent, abandonnant la lutte. II fit graver un cachet d'argent avec l'inscription : « Mohammed, apôtre de Dieu ».
Lui-même se donnait ce nom ; il n'attendait pas que les autres lui reconnussent une valeur quelconque, il s'imposait, c'était plus vite fait. Puis, une fois établi prophète de par sa propre décision, il envoya des messagers aux rois d'Abyssinie et de Perse, au prince de Syrie et au gouverneur d'Egypte, à l'empereur de Constantinople Héraclius et au chef du Yemen, dans l'Arabie centrale, pour les engager à se convertir à l'Islam.
Cette doctrine, jusqu'alors, n'avait qu'un précepte : supprimer ce qui restait de la Divinité spirituelle de la Femme et ne reconnaître qu'un Dieu anthropomorphique, celui que les Catholiques avaient mis dans les cieux, si loin qu'il ne gênait plus personne.
Cette suppression devait séduire bien des hommes, tous les libertins qui, déjà, s'étaient affranchis de toute loi morale. Du reste, il avait une façon de faire sa propagande qui était souvent décisive : il joignait le combat à la parole, il marchait en guerre contre ses ennemis, à la conquête de l'autorité brutale qu'il voulait substituer à l'autorité morale ; il intimidait ceux qui lui résistaient.
La vie du Prophète eut deux grandes périodes. La première se passa à la Mecque, sa ville natale, et dura 13 ou 15 ans. L'autre se passa à Médine et dura 10 ans. La fuite de la Mecque à Médine eut lieu en 622. Il mourut en 632.
Ce qu'on appelle « sa vocation » dura de 606 à 610. Les Sourates (séries) du Coran sont écrites suivant ces deux périodes.
Il y a les « sourates mecquoises » et les « sourates médinites ».
Cependant, cette division n'est pas indiquée dans le Coran.
Il est curieux de savoir comment Mohammed a fait le Coran. Voici un verset qui nous apprend que Mohammed était illettré ; on croit qu'il ne savait ni lire ni écrire (sourate, 156 et 158) :
« Ma miséricorde, je la destine à ceux qui suivent l'envoyé, le prophète illettré (ommi). Croyez à Dieu et à son envoyé le prophète illettré » (Ommi, dérivé de Ommah qui veut dire « peuple »).
Le Coran, dont Mohammed est l'auteur, n'est qu'un assemblage de sentences que chacun savait déjà par cœur. Il y ajoute des miracles et des pensées personnelles dictées par un intérêt particulier.
Les Mecquois accusaient Mohammed de puiser ses révélations dans les « asatir » des anciens (mot traduit ordinairement par « conte », « histoire », en grec).
« Il les a mis par écrit, disaient-ils, ils lui sont dictés matin et soir » (sourate 25,6).
Mohammed cite lui-même cette accusation pour faire croire qu'il sait écrire, puis il y répond en disant : « Celui qui connaît les secrets des cieux et de la terre a envoyé ce Livre. »
On voit que Mohammed veut se donner l'air d'un homme instruit ; ainsi, il fait dire à Dieu :
« Nous t'avons envoyé le Livre. Auparavant, tu ne lisais aucun livre, ni tu n'en écrivais de ta main droite » (sourate 29,46-47).
Un homme instruit, sachant lire et écrire, n'aurait pas eu l'idée d'insister sur ce détail.
Enfin, on raconte, d'après une tradition, que, sur son lit de mort, il demanda des matériaux pour écrire, mais qu'ils lui furent refusés parce qu'il avait un accès de fièvre. On n'est pas plus naïf que ceux qui ont inventé cette réponse pour faire croire à la postérité que le Prophète aurait pu écrire. Si cela était, il serait resté quelque chose de lui, et ce n'est pas au moment de la mort, c'est pendant sa vie qu'il aurait profité de ses talents calligraphiques pour nous raconter ses succès et pour chanter ses louanges.
Il avait des secrétaires qui écrivaient sous sa dictée, et lui lisaient les lettres qu'on lui adressait. Un auteur, M. Th. Noldeke, lui donne neuf secrétaires ; un autre, M. Weil, lui en donne 26 et même 42 (Mohammed der Prophet, p. 350).
Lorsque Mohammed parlait, ses secrétaires écrivaient ses paroles sur des morceaux de cuir ou de parchemin, ou sur des feuilles de palmier, ou sur des pierres blanches et plates ; ils écrivaient aussi sur des os, des omoplates ou des côtes.
Tout cela était conservé pêle-mêle dans une caisse. Les Arabes n'avaient pas encore de chiffres pour les numéroter (1).
(1) Les chiffres dits « arabes » ont été apportés d'Espagne à une époque où on appelait « arabe » tout ce qui en venait. Mais nos chiffres ne sont pas ceux des Arabes, qui en avaient d'autres. On les a attribués à Pythagore et ils en ont même porté le nom, parce qu'on mettait sous ce nom tout ce qui était très ancien.
Les chiffres servant à expliquer les mystères restèrent longtemps secrets.

LES MYSTÈRES DE LA KABBAH (Kaaba, Ka'ba ou Ka'aba)
L'histoire des mystères sacrés est très compliquée. Les découvertes précises sur ce sujet sont disséminées, enfouies, perdues dans des fatras inextricables de descriptions sans suite, sans ordre, trouvailles de hasard ; ce sont des recherches ardues. Cependant, les documents sont nombreux, très nombreux ! ils fourmillent de détails précieux, encombrants ; tout cela est à débrouiller, à classer.
Cela dit, tâchons de nous en tirer pour le mieux.
Au nombre des cérémonies religieuses, il faut citer les fêtes de la Kabbah, en arabe « al-kabbah ». Pendant l'occupation des Maures, la langue espagnole apporta certaines modifications aux mots barbaresques, « al-kabbah » devint alcoba et par la suite « al-cove » en français. Les secrets de l'alcôve correspondent aux secrets de la kabbale, mais ce qu'ils expriment aujourd'hui diffère considérablement de l'origine ; qu'on en juge : ces cérémonies ou mystères sacrés, ont eu pour théâtre principal la ville de la Mecque, dont l'établissement parait remonter à six ou sept cents ans avant notre ère.
C'est là, sur l'emplacement occupé, dix siècles plus tard, par les adeptes de Mohammed, et depuis consacré à sa mémoire, que se célébraient ces fêtes, dont la réputation attirait une grande affluence de monde. De petites constructions carrées, composées de quatre murs sans toit, étaient, pour la circonstance, recouvertes d'une toile, dont les coins retombant jusqu'à terre étaient retenus par une grosse pierre. Selon les pays et le climat le décor changeait. Tantôt c'était des espèces de cabanes rustiques faites de branchages, ornés de fleurs ; ailleurs on choisissait des anfractuosités de rocher, décorées de verdures... en Grèce, dans la période préhellénique, elles étaient faites de lauriers et de myrtes ; à Cythère se voyaient des bosquets enchanteurs.
C'est là que la femme parée de sa jeunesse, entourée de fleurs et de mystère, attendait celui qu'elle aimait : l'heureux élu devait rapporter, comme preuve de sa victoire, une branche de verdure. C'est de là qu'est venu ce proverbe : « Aller cueillir des lauriers. »
Comme on peut en juger, la clef de ces cérémonies mystérieuses était l'union naturelle, de la femme avec l'homme, dans l'amour, mais poétisée, embellie du prestige dont le sexe féminin était entouré et du respect qu'inspirait la noble fonction de la maternité.
Pour terminer cette note sur les « mystères de la kabbah » il convient d'ajouter que tout souvenir n'est pas mort en ce qui les concerne ; il existe encore un témoin authentique quoique muet, dans la principale mosquée de La Mecque. C'est un petit édifice carré appelé « Kaaba » ; c'est le point vers lequel les musulmans doivent se tourner dans leurs prières. Après cela, les partisans de l'erreur masculine, qui pèse sur le monde des siècles, peuvent de concert avec les instigateurs de mensonge et de superstitions, continuer à nier malgré l'évidence, l'histoire véridique de nos ancêtres ; le règne de la femme, sa vertu, la puissance morale qu'elle exerça aux âges primitifs ; ils sont libres ; mais rien n'y fera. Nous sommes dans une période de critique historique ; la femme est entrée dans la lice et le flambeau de la vérité éclaire ses pas.


« Rûzbehân rédigea son livre afin d'apporter aux amants et Fidèles d'amour la joie de l'intimité des fleurs du Paradis. C'est bien dire les critères en action dans cette expérience mystique. Il expose les étapes par lesquelles l'amoureux transite, depuis l'éclosion du sentiment jusqu'à l'extase. En route, de multiples épreuves écartent les prétendants incapables d'atteindre le degré d'élévation suivant. Seuls les Amis de Dieu gravissent les échelons menant au Tawhîd, station souveraine résultant de l'Union avec l'Aimé. Pour lui, l'amour est le lieu de l'anéantissement mystique. Il ne peut être jeté en pâture à la médiocrité d'âme. Rien à voir avec le sentiment du vulgaire chez qui ne prévaut que l'entrée en mouvement des passions sensuelles. Pour atteindre cette station, le disciple est appelé à livrer, au quotidien, le Djihad, lutte sans complaisance contre ses propres penchants maléfiques (1). Guerre sainte permettant à l'homme de devenir un Héros du Cœur, elle n'a de sens que si elle est lutte contre soi-même et si elle est livrée avec résolution et objectivité. Le Djihad, est-il à la portée de tous ? Est-il moderne ? Il devrait l'être encore et plus que jamais, car ce mot définit le comportement qui favorise la compréhension et libère l'être de la condition du servage. »
(Lumière sur Lumière ou le vrai Jihad, Dominique Blumenstihl Roth)
(1) Il est à noter que dans la conception islamique de la « guerre sainte » (jihad) nous trouvons l’application sociale et extérieure qui n’est que secondaire, et qui constitue la « petite guerre sainte » (jihad seghir), tandis que la « grande guerre sainte* » (jihad kebir) est d’ordre purement intérieur et spirituel ; c'est la lutte de l'homme contre contre les ennemis qu'il porte en lui-même, c'est-à-dire contre tous les éléments qui, en lui, sont contraires à l'ordre et à l'unité. Il ne s’agit pas, d’ailleurs, d’anéantir ces éléments, qui, comme tout ce qui existe, ont aussi leur raison d’être et leur place dans l’ensemble ; il s’agit plutôt de les « transformer » en les ramenant à l’unité, en les y résorbant en quelque sorte. L’homme doit tendre avant tout et constamment à réaliser l’unité en lui même, dans tout ce qui le constitue, selon toutes les modalités de sa manifestation humaine : unité de la pensée, unité de l’action, et aussi, ce qui est peut-être le plus difficile, unité entre la pensée et l’action.
(*La grande guerre sainte, R. Guénon).

*

LA DIVINITÉ PRIMITIVE EN ARABIE
La Femme-Esprit, chez les anciens Arabes, c'est l'Almée, en arabe Almet, d'Alam (savoir).
L'Almée, c'est « celle qui sait ». Elle représente l'âme, c'est-à-dire la vie, que l'on appellera plus tard Alma, et dans certaines langues l'homme parlera encore à la femme en l'appelant Alma mia, « mon Âme ».
Nous trouvons aussi la Femme appelée Almageste (la très grande), mot dérivé du premier et dont on fera en grec Mégistê au féminin et mégistos au masculin, superlatif de Mégas (grand). Inutile de faire remarquer que c'est de ce mot qu'on fera Majesté. Après ce nom générique donné à la Femme, nous trouvons des désignations particulières telles que :
- Allah-Taola, Divinité suprême adorée au Hedjaz.
- Al-Lat, (l'Alilat d'Hérodote), dont le sanctuaire était à Tayt (Taïf), près de la Mecque.
- Monat (Manat ou Manah), adorée à Codayd (Qudayd).
- Al-Ouzza (Al-Uzza ou Al-Ozzâ), adorée à Makhla (Nakhlah).
- Sawâha, Déesse adorée à Rohat, dans le Tihâma.
- Shams, Déesse du Soleil (en hébreu Shemesh).
Dans toutes les formes de la grande religion de la Nature qui régna si longtemps, dans l'univers tout entier, nous voyons à l'aurore de tous les cultes : la Femme

LES FEMMES EN ARABIE APRÈS L'ISLAMISME
Les évolutions sociales sont lentes, les changements progressifs. Le Coran avait inscrit l'avilissement de la femme dans ses lois ; mais les mœurs ne l'avaient pas encore accepté. Les femmes continuèrent encore à briller pendant quelque temps, en dépit du Prophète, de son Dieu et de sa loi.
L'époque des califes qui succèdent à Mohammed est particulièrement brillante par les femmes de valeur qui s'y distinguent.
L'histoire a gardé les noms de Badhlah, la poétesse qui chante une douce chanson dans les jardins de Bagdad, de Zubeïdah, femme du calife Haroun Al-Rachid, qui exprimait, dans des poésies délicieuses, l'amour et la douleur. C'était une étoile de première grandeur qui brillait dans le monde des lettres. Le chroniqueur Madouzi, qui a gardé sa mémoire, a exagéré son luxe et sa prodigalité. Le nom d'Abbassah, sœur du même calife, est aussi resté dans le souvenir des anciens Arabes. Une autre femme poète, Oleïah, joua un grand rôle à cette époque. Par les accords de sa lyre, elle calmait les fureurs tyranniques du calife Haroun Al-Rachid. On raconte que, un jour, transporté de plaisir en entendant la belle voix de la chanteuse, il jeta tout le contenu de sa caisse sur la tête de celles qui accompagnaient la Diva, près de 6 millions.
Renan nous apprend que « l'Islamisme lui-même eut une auréole pour Hind, fille d'Othobah, qui chantait à la tête d'un chœur de femmes, à la bataille d'Ohed, et contribua puissamment à la victoire des croyants ».
Le calife El-Motassem eut la pensée d'organiser un « Paradis terrestre », suivant les données du Coran. Ce livre faisait, en Arabie, le même effet qu'avait fait la Bible à son apparition. il faisait perdre la tête aux hommes. Dans les jardins de Zamara, sur le Tigre, il réunit les plus belles femmes qu'il put trouver ; singulière transformation d'une idée ! L'ancienne conception d'un lieu de délices où règne la vie spirituelle, devient un lieu de débauche où règne l'amour profane ! C'est ainsi que ces hommes dégénérés comprenaient le Paradis. Cela amena un changement profond dans les mœurs. La femme libre perdit sa valeur, et ce furent les esclaves qui se soumettaient aux caprices des hommes qui furent les plus estimées. Ces femmes esclaves coûtaient des sommes folles, surtout dans le Paradis de Zamara, où on dépensait le revenu de tout le royaume pour les amours du calife.
Il y avait à Médine une célèbre école de chant, d'où sortit la remarquable chanteuse Djemilah, qui évaluait chaque note de sa voix à un prix fantastique, ainsi que l'avait déjà fait, du reste, la célèbre Salamah, chanteuse esclave à Zamara.
Salamah, Rabéïah, Soueïkah et d'autres régnaient en maitresses sur le cœur du calife. Les villes les plus saintes d'Arabie, la Mecque, Médine, étaient des centres de luxe restés renommés dans les derniers temps des Abbassides.
Les califes de l'Arabie étaient à la fois chefs spirituels et temporels (califat signifie vicariat). Ils se disputaient entre eux le pouvoir, et, pendant qu'ils étaient occupés de leurs intrigues, leurs femmes, profitant de la liberté qui leur restait, s'exerçaient dans toutes les branches de la science et des arts.
C'est ainsi qu'on vit les femmes des califes provoquer une renaissance de la science. Une d'elles, Chodah, s'y fit surtout remarquer. Sa vie austère, livrée à l'étude, contraste avec celle des autres femmes de son temps, si occupées des soins corporels que réclamait l'entretien de leur beauté.
Avec elle devaient s'éteindre les derniers élans de l'esprit féminin en Arabie.
Quand les Mongols attaquèrent Bagdad et mirent fin au luxe des califes, l'influence et le charme de la femme intellectuelle disparurent de l'Arabie orientale.
Une classe à part se forma dans l'Arabie méridionale, composée de femmes artistes, les chanteuses des cours des princes ; mais on ne les glorifie plus, l'envie remplace la louange, on les accable de tant de mépris que personne ne veut plus les connaître. 


« Quelle terre est vide de Toi pour qu'on s'élance à Te chercher au ciel ? Tu les vois qui Te regardent au grand jour mais aveugles ils ne Te voient pas. »
(Mansur al-Hallaj)


LES ISMAÉLIENS
La prétention de Mohammed d'établir un Dieu unique fut loin de gagner tous les suffrages.
A peine né, l'Islamisme vit se former, en face de lui, une secte : les Ismaéliens.
Cette secte avait pour fondateur Ismaël, qui mourut vers l'an 766. La société fondée par Ismaël prit le titre de « Zindik » ou « Esprits forts » ; elle devait, plus tard, perdre ce nom et n'être plus désignée que par celui de son fondateur.
Les disciples d'Ismaël étaient des libres penseurs qui discutaient les préceptes du Coran chaque fois qu'ils en avaient l'occasion.
Au début, ils agirent au grand jour, mais les califes les persécutèrent ; un de leurs chefs les plus célèbres, Babek, qui parut en 815, tomba avec ses partisans en 837.
Ils se constituèrent alors en société secrète et enseignèrent l'antique vérité, comme les Manichéens, ou du moins le syncrétisme divin résumé dans l'idée d'une dualité représentant l'homme et la femme.
Ce fut Abdallah, qui vivait à cette même époque à Ahwas, dans les provinces méridionales de la Perse, qui, rendu circonspect par le sort des disciples de Babek, résolut de miner sourdement la religion des Arabes et fit de l'Ismaélisme une société secrète.
Il divisa l'enseignement des doctrines en 7 degrés. Dans le 7ème degré, on apprenait que toutes les religions des hommes étaient des chimères et qu'il fallait revenir à la Nature.
Abdallah eut un grand succès ; il forma des disciples, dont beaucoup se firent missionnaires et allèrent propager au loin l'Ismaélisme, qui eut bientôt des ramifications à Bassorah et dans toute la Syrie.
Le plus célèbre de ces émissaires fut Ahmed, fils d'Eskhaas, surnommé Karmath. Ses disciples, qu'on appelait les Karmathites (ou Qarmathes), n'eurent pas la prudence des autres adhérents d'Abdallah ; ils se mirent en lutte ouverte avec les califes encore puissants. Cette lutte fut sanglante et se termina par la destruction complète des Karmathites, mais ceux-ci ne moururent que pour renaître (1).
Un de leurs plus hardis missionnaires, qui se nommait aussi Abdallah et qui descendait d'Ismaël, parvint à s'échapper du cachot où l'avait fait jeter le calife El-Motadhal et rallia à lui, avec l'aide des Ismaéliens d'Egypte, un parti nombreux et déterminé.
Il réussit à conquérir le pouvoir et s'assit sur le trône sous le nom d'Obeidallah-Mahdi (909). Il fut le fondateur de la dynastie des califes égyptiens, appelés Fatimites parce qu'ils se donnaient pour origine Fatmah, fille de Mohammed, et non Mohammed lui-même (2).
A partir de ce moment, la secte des Ismaéliens fut toute puissante en Egypte. Elle fut propagée par des agents officiels, dont le chef portait les titres de « Daï Ed-Doat », suprême missionnaire dans l'intérêt du trône, et de « Qâdi El-Qodat », juge suprême de l'État. Les membres de l'association des Ismaélites avaient au Caire, au Moyen Age, des assemblées deux fois par semaine, le lundi et le mercredi, sous la présidence de « Daï Ed-Doat ». Ces assemblées étaient mixtes, les femmes y assistaient en aussi grand nombre que les hommes.
Ces réunions s'appelaient « Medjlis El-Hekmah », Société de la Sagesse, et l'édifice où elles avaient lieu « Dar El-Hekmah », Maison de la Sagesse.
L'Egypte, tombée sous la domination masculine, a eu le sort de toutes les nations qui ont suivi la même évolution. Roulant de chute en chute, elle arriva à se laisser vaincre par le Catholicisme.
En 391 de notre ère, un édit de l'empereur Théodose proclama que la religion catholique serait désormais la religion officielle de l'Egypte. Ordonnant la fermeture de tous les lieux du culte et la destruction de tous les dieux, il répandit la mort sur cette terre autrefois si vivante ; les temples furent profanés, détruits, l'Egypte devint une tombe renfermant l'ombre de la grande Déesse Isis, l'ombre de la Femme.
Mais le Catholicisme devait être dépassé en barbarie par l'Islamisme. En 640, l'invasion arabe vint détruire ce que le Catholicisme avait laissé debout. Les derniers temples et les derniers palais furent abattus, et leurs matériaux servirent à la construction des misérables villes arabes ; d'un manteau royal on fit un torchon.
Le 22 décembre 641, prise d'Alexandrie en Egypte par les Musulmans. C'est à la prise de cette ville qu'aurait été brûlée par Omar la fameuse bibliothèque des Ptolémée. Ce fait est aujourd'hui contesté.
On démolit Memphis pour bâtir le Caire, rapetissant l'architecture pour la mettre à la mesure des esprits ; les sculptures et les inscriptions furent converties en chaux et servirent à préparer le mortier. Les cachettes des tombes furent pillées...
Et l'on s'étonne, après tout cela, d'apprendre que les savants trouvent encore des monuments dans un pays ainsi ravagé par deux hordes de vandales, les Catholiques et les Musulmans. Il est vrai que ce qui reste leur a échappé parce que cela demandait un certain travail de déblaiement, et, comme tous les dégénérés, ils avaient en partage la paresse.
(1) La position des Karmathites à l'égard des monothéismes abrahamiques était on ne peut plus clairement résumée par cette phrase célèbre d'Abù Tahir al-Djannabi (907-944), troisième souverain du royaume Karmath de Bahrein : « En ce monde, trois individus ont corrompu les hommes : un berger (Moïse), un médecin (Jésus) et un chamelier (Mohammed). Et ce chamelier a été le pire escamoteur, le pire prestidigitateur des trois. » (voir le Traité des trois imposteurs)
(2) Le théâtre persan reproduit deux scènes relatives à la tragédie de Kerbéla au sud de Bagdad, c'est-à-dire à cette bataille qui sera livrée cinquante ans après la mort de Fatima, fille du prophète Mohammed, par l'armée du calife oméyade Yazid aux troupes de Hosseïn, fils cadet de Fatima.
Dans cette scène, on entend Hossein se plaindre de la situation et dire : « Toute l'Eau du monde avait pourtant été donné en dot à notre mère. Pourquoi faut-il que nous soyons frustrés maintenant de cet héritage ? » Et dans une autre scène du même drame, c'est Fatima elle-même qui, prévoyant et annonçant, cinquante ans à l'avance les évènements, s'écrie : « J'ai bien reçu en dot l'Eau de l'Euphrate. Et pourtant, mes enfants seront un jour privés de cette Eau, par la méchanceté de la famille Hind (Hind est le nom de la mère de Mo'awia, le fondateur de la dysnastie des Oméyades). » (Ch. Virolleaud, La passion de l'Imam Hosseïn)
Cette tradition est, en dehors du théatre persan, attestée par d'autres documents, iraniens aussi, et suivant lesquels l'Eau est la propriété personnelle de Fatima : et l'on ajoute que le vendredi (À propos du « Vendredi », voir l'article Celtes et Latins, paragraphe Agapes), qui est le jour de la prière publique, l'Eau est, plus encore que les autres jours, le bien ou l'apanage de la fille du Prophète. (Voir Croyances et coutûmes persanes)
Et Fatima, quoique mère de plusieurs enfants, est très souvent qualifiée « betoul », mot qui a, en arabe et en arabo-persan, le même sens que « betoulat » en cananéen (« La vierge »). Il faut dire aussi que celui des signes du zodiaque qui est consacré spécialement à Fatima est le Sombolé ou l'Épi, qui est le même que le signe de la Vierge. (source)
L'hiéroglyphe de la Vierge représente la lettre M qui symbolise l'Eau de l'abîme primordial dont le souffle de l'Esprit fit naître l'Univers. En Égypte, la masse d'Eaux primordiale (la Mer) ou potentialité universelle était appelée « mw » et représentait une onde en « zigzag », une vague souvent individualisée sous la forme d’une vulve en V : Le V est souvent fermé en un triangle. Morphologiquement le triangle « tête en bas », concave, est associé au sexe féminin, à l'eau, YONI pour les Hindous. 
La figure de la Vierge est souvent associée à l'eau, celle des Poissons, son signe complémentaire. « Presque tous les sanctuaires de Marie, dit Émile-Jules Grillot de Givry (Lourdes, ville initiatique) avaient été précédés, aux mêmes emplacements, d'un sanctuaire dédié au Principe féminin dominateur des Eaux. « L’eau est la force motrice de la nature… Telle, unie à elle-même, elle tourne en une continuelle révolution. Deçà, delà, en haut, en bas, courant, jamais elle ne connaît la quiétude, pas plus dans sa course que dans sa nature. Elle n’a rien à soi, mais s’empare de tout, empruntant autant de natures diverses que sont divers les endroits traversés. » (Léonard de Vinci)

LES ISMAÉLIENS AU MOYEN ÂGE
La secte des Ismaélites, dont nous avons raconté les débuts, subsista en Orient jusqu'à la chute de l'empire des Fatimites.
Pendant toute leur durée, ils firent une active propagande, envoyant partout des émissaires, si bien que cette société se répandit secrètement dans les différentes contrées de l'Asie. Dans la dernière moitié du XIème siècle, un de ces missionnaires, Hassan ben Sabah Homaïri, devint le fondateur d'une nouvelle branche de la secte, celle des Ismaéliens de l'Est, appelés Hashishin, mangeurs de « hashish ». Il existe une autre étymologie qui fait dériver leur nom de l’arabe « Assass », gardien. « Les Assacine, écrit Serge Hutin (Gouvernants invisibles et sociétés secrètes), c’étaient donc les gardiens, gardiens de la Terre Sainte, et constituaient un ordre chevaleresque dont les buts coïncidaient exactement avec ceux des Templiers » (1).
Hassan devint le plus célèbre des chefs de l'Ismaélisme.
Il était, appelé « le Vieux de la Montagne ». Il avait pris le système ismaélien en 2 classes, les « refik », compagnons, et les « daï », maîtres, le subdivisant en 9 degrés ; il y ajouta une 3ème classe d'un seul degré, qui formait un groupe à part qui était celle des « fedawis », mot qui signifie les sacrés, ceux qui se sacrifient.
Les fedawis s'engageaient à obéir aveuglément à l'ordre des supérieurs ; ils étaient des instruments dociles, dans un temps où les idées se défendaient les armes à la main et où une propagande secrète ne pouvait subsister qu'en s'entourant de tous les moyens possibles pour assurer sa sécurité.
Les jeunes gens destinés à devenir des « fedawis » recevaient une éducation soignée. On leur enseignait plusieurs langues ; on les armait d'un poignard destiné, leur disait-on, à venger les injures faites à la secte par les Catholiques ou les Musulmans. Ils prenaient, pour mieux assurer leur action secrète, divers déguisements, tantôt le froc du moine, tantôt l'habit du commerçant, et ils agissaient avec tant de circonspection qu'ils arrivaient toujours à leurs fins. Ceux d'entre eux qui périssaient dans l'accomplissement de leur mission étaient considérés par les autres comme des martyrs ; leurs parents recevaient de riches présents, ou, s'ils étaient esclaves, on les affranchissait.
Les Ismaéliens, cependant, évitaient de tuer leurs ennemis, mais ils leur faisaient comprendre leur puissance pour qu'ils sachent à quel danger ils s'exposaient en les attaquant.
L'Ordre des Ismaéliens comprenait une hiérarchie de fonctions. Après le Grand-Maître, qui était le chef suprême de la société, venaient les « daï kebir » ou Grands Recruteurs. Ces officiers gouvernaient les trois provinces sur lesquelles la puissance des Ismaélites s'était étendue ; le Djebal, le Kouhistan et la Syrie.
Ce sont ces dignitaires que les historiens des Croisades appellent les Grands Prieurs. Ils avaient sous leurs ordres des fonctionnaires militaires et civils, Vers la fin du 12ème siècle, cette secte régnait des frontières du Khorassan aux montagnes de la Syrie, du mont Taurus au Liban et de la mer Caspienne à la Méditerranée.
Hassan était mort en 1124, après avoir choisi pour successeur Kia Buzurgomid, celui des Daï qui lui avait paru le plus digne d'être investi de la Grande Maîtrise ; mais peu à peu cette dignité devint héréditaire.
L'Ordre des Ismaéliens subsista dans son entier jusqu'à l'an 1254, époque à laquelle le petit-fils de Gengis-Khan, Mangou-Khan, inonda l'Orient de ces hordes mongoles qui renversèrent toutes les puissances, et du même coup détruisit la secte des Ismaéliens, dont les membres furent en grande partie pris et massacrés. Leurs ennemis, notamment les faux Chrétiens, leur imputaient toutes sortes de crimes, et rapprochaient leur nom Hashishin du mot assassin, pour les flétrir.
Aladin, un des Vieux de la Montagne, régna sur les Ismaéliens à la fin du 13ème siècle.
(1) Des relations intimes unirent les Ismaélites et les Templiers. Ils avaient la même organisation, la même hiérarchie de grades, le même costume blanc et rouge. Ils professaient la même doctrine et vouaient la même haine à l'erreur que le Catholicisme et l'Islamisme représentaient : l'adoration d'un Dieu unique, mâle, et, pour protester contre ce dogme, les Templiers avaient une Divinité féminine représentant l'ancienne Déesse porte lumière, la Vénus-Lucifer. Ils enseignaient que c'est Lucifer, « l'Esprit », qui est l'organisateur de l'Univers, le Grand Architecte qui met toutes choses à leur place et crée l'ordre. C'est le mauvais principe, son contraire, représenté par l'homme fourbe, qui crée le désordre en se déclarant Dieu et en se faisant adorer et obéir. Toutes les vertus naissent de l'obéissance au bon Principe, tous les vices naissent de l'obéissance au mauvais Principe. Le retour à la Femme est toujours un retour à la Sagesse ; mais il excite toujours la rage envieuse des hommes pervertis, qui veulent faire régner le mal.
« Le monde occidental, depuis des temps qui remontent encore plus loin que le début de l’époque dite historique, et quelles qu’aient été les formes traditionnelles qui l’organisaient, avait d’une façon générale toujours entretenu avec l’Orient des rapports normaux, proprement traditionnels, reposant sur un accord fondamental de principes de civilisation. Tel a été le cas de la civilisation chrétienne du moyen âge. Ces rapports ont été rompus par l’Occident à l’époque moderne dont René Guénon situe le début beaucoup plus tôt qu’on ne le fait d’ordinaire, à savoir au XIVème siècle, lorsque, entre autres faits caractéristiques de ce changement de direction, l’Ordre du Temple, qui était l’instrument principal de ce contact au moyen âge chrétien, fut détruit : et il est intéressant de noter qu’un des griefs qu’on a fait à cet ordre était précisément d’avoir entretenu des relations secrètes avec l’Islam, relations de la nature desquelles on se faisait d’ailleurs une idée inexacte, car elles étaient essentiellement initiatiques et intellectuelles. » (Michel Vâlsan ou Mustafâ 'Abd al-Azîz)
Cette rupture des liens traditionnels est véritablement la première cause de toute la déviation intellectuelle du monde moderne.
« après la destruction de l'Ordre du Temple, les initiés à l'ésotérisme chrétien se réorganisèrent, d'accord avec les initiés à l'ésotérisme islamique, pour maintenir, dans la mesure du possible, le lien qui avait été apparemment rompu par cette destruction » (René Guénon, Aperçu sur l'initiation)

LES VIEUX DE LA MONTAGNE
Un article paru dans le Mercure du 15 octobre 1924, sous la signature de J. Bru, s'occupe du culte de la Femme et des raisons de ce culte méconnues jusqu'à ce jour.
Cet auteur nous rappelle d'abord l'histoire des Ismaéliens, qui avaient fondé une religion secrète pour détruire la puissance de l'Islam. C'est vers 1080 de notre ère, avec le Grand-Maître Hassan ben Sabah, que les Ismaéliens jouèrent leur grand rôle sur la scène du monde. Pour se défendre et défendre leur religion, il créa le corps des « Fedawis » (les dévoués), qui, avec un entier dévouement, se chargeaient des missions les plus dangereuses dans les vues de sauvegarder leurs croyances et leur organisation.
L'histoire écrite par leurs ennemis les appelle les Assassins, et les représente comme des brigands et des pillards enivrés de hashish et tuant dans l'exaltation des stupéfiants. On a fait justice de ces calomnies depuis que l'on sait que leur but était de défendre la Femme. Pour eux, les infidèles, ce sont ceux qui ont abandonné la religion naturelle et la loi de Myriam.
Les Catholiques, qui copient tout, appellent leurs ennemis infidèles, alors que ce sont eux qui le sont, eux les négateurs de la Vérité démontrée, et les pires fanatiques de l'erreur indémontrable.
Lorsque les Croisés (les Francs) apparurent sur les routes de Jérusalem, ils rencontrèrent les Ismaéliens de Syrie, et c'est par les croisés que les premiers échos portèrent en France le renom du Vieux de la Montagne.
A cette époque-là, les Ismaéliens de Syrie avaient à leur tête le Grand-Maître Abou Hassan ben Soleïman ben Mohammed Rashid ed-Din, plus connu sous le nom de Rashid Sinam.
Ceux qui ont rencontré les populations de ces régions ont été surpris d'y trouver de beaux types d'Aryens à la stature, élevée, au teint clair, souvent aux yeux bleus ; vision occidentale qui a servi à étayer l'hypothèse d'une origine celtique.
Les chefs régionaux détiennent l'autorité morale. Chez les Ismaéliens, c'est le Sheikh religieux et l'Émir. Presque chaque village a son Sheikh. Le Sheikh dépend spirituellement de l'Émir, qui est le chef de cette principauté théocratique, le chef des Ismaéliens de Syrie, le vassal et le représentant du Grand Maître l'Agha-Khan, qui de Bombay préside à la vie religieuse de tous les Ismaéliens du monde, car les Ismaéliens ont des adhérents dans tous les coins de la terre : au Zambèze et en Abyssinie, en Allemagne, en Angleterre, et même en France, paraît-il.
L'Agha-Khan (1), que tous les fidèles considèrent comme l'incarnation d'Ismaël, est le dépositaire du Grand Mystère de la Religion. Mais les dogmes entraînent tant de discussions et d'interprétations diverses que l'Agha les doit trancher tous les ans dans le Pharaman, le livre sacré de la doctrine.
Cette doctrine, il serait un peu long de l'exposer dans son ensemble, d'autant que, obscurcie de phrases sibyllines, il faudrait en commenter presque toutes les sourates.
Suit un aperçu de la doctrine, qu'il est impossible de faire comprendre à ceux qui ne sont pas initiés ; c'est toute la science telle que nous l'avons reproduite dans ce blog et telle que les sociétés secrètes la conservent encore : par les pratiques de la volupté, l'âme masculine s'est alourdie, créant une matière charnelle qui, de chute en chute, obscurcit son esprit.
Pour les Ismaéliens, l'homme est un dieu déchu qui se souvient des cieux. Pour regagner les sphères pures, il faut que son âme s'allège de toute l'enveloppe matérielle qui l'alourdit et la retient dans les basses couches de la pensée. C'est la science, la mystique rationnelle, qui donne les moyens de retrouver cette forme pure. Mais tous les humains ne connaissent pas cette science qui rend le Paradis perdu.
Le grand secret ne sera livré qu'aux sages qui, par une vie d'exemples et de volonté, seront parvenus à mériter les 7 grades de l'initiation. Cette initiation n'a rien gardé des anciens rites hermétiques. L'Ismaélien est initié, sans allégorie, à une religion et non à des mystères. Comment a-t-on pu en découvrir le secret ?
On sait que dans l'antiquité la célébration des Mystères était tenue des plus secrètes ; des gardiens vigilants écartaient les curieux, et les mystagogues exigeaient de l'initié le secret le plus absolu sous les menaces les plus terribles.
Et, cependant, ce secret fut découvert. Voici comment :
« Un jour, dit l'auteur de l'article que nous citons, le hasard nous donna ce que, depuis tant de siècles, les sectateurs cachaient.
« Un Ismaélien de Syrie, hiérophante ou catéchumène, fut trouvé mort sur les bords de la route qui va de Latakieh (l'ancienne Laodicée maritime) à Djebleh (l'ancienne Gabala des Sinnites). Dans le turban crasseux du mort, sur une feuille de papier noircie par le temps et les mains sales, étaient transcrites deux des leçons du Grand-Maître Rashid Sinam, le Vieux de la Montagne.
« À la traduction, nous reconnûmes la copie d'un fragment du livre qui contient les sages enseignements du Vénérable Rashid Sinam, recueillis par son disciple Abou Fares el-Mimiki. Cette copie, est un document capable d'éclairer l'étude de la religion des Batiniehs, qui sont des adeptes d'une secte hermétique qui appuie son dogme sur le sens caché des Écritures. C'est la religion de la Science du sens caché, semblable à celle des Gnostiques et des Mandéites.
« Aujourd'hui que le document trouvé sur l'homme de Laodicée nous livre les origines de ce culte, nous prêtons une oreille plus attentive aux témoins qui rapportent ce que leurs yeux ont vu ; mais les témoins sont rares. Il est non seulement plein de difficultés, mais aussi de danger, de vouloir percer le secret des rites. M..., un Chrétien de Moissyaf (je m'abstiens de citer son nom par crainte de représailles), me dit qu'un vendredi, à la tombée du jour, il aurait surpris la réunion des Ismaéliens par un trou pratiqué dans le plafond du Mashad-Ali. Les Ismaéliens étaient assis, les jambes croisées à l'orientale, écoutant le Sheikh lire des passages du Bir-Sadin.
« Cela dura plusieurs quarts d'heure, cependant que, sur un piédestal aménagé, une jeune fille toute nue se tenait debout. Dans la salle, aucun autre ornement que cette resplendissante fleur de chair, la Femme, l'idole éternelle qui se tenait immobile, hiératique, devant les hommes recueillis. Puis, la lecture achevée, les assistants se levèrent les uns après les autres. En silence, chacun à son tour se mit à genoux devant la jeune fille, devant les sources de la vie, devant les sources de la joie, devant le symbole de la vie éternelle ; l'homme rendait hommage à la Femme. La tête, dans un geste d'humilité, venait s'appuyer sur le triangle sacré de son origine. Et, l'hommage rendu, il regagnait sa place.
« Dans la grande leçon du Vénérable Seigneur Rashid ed-Din aux croyants ses disciples, nous trouvons dans le Mashad-Ali (maison de prière) les 40 disciples qui demandèrent au Maître les raisons pour lesquelles la Vérité a été révélée aux hommes sous les apparences d'une Femme. Il fut répondu : Le Secret de Bismillah est le point sous le « Bâ » ; c'est le plus redoutable mystère ! Il ne peut être révélé à qui que ce soit !
« Cependant, dans la 2ème leçon, il dit : La Vérité de toutes les Vérités, c'est le kaf et le sin (le « Kess » ou sexe de la femme). Et l'auteur de l'article ajoute : « Nos mentalités européennes comprennent difficilement que ce mélange de sensuel et de sacré puisse garder un caractère pur et religieux ; cela participe d'une psychologie différente de la nôtre, que les siècles anciens comprenaient. »
Ce culte, qui semble étrange à tous ceux qui ignorent la loi des sexes, a une origine persane. Toutes les semaines, dans les mosquées de village, on rend à la Femme l'hommage sacré selon les principes de la religion. Tradition sacrée en opposition avec les mœurs actuelles, qui ont avili la femme.
L'Ismaélien, qui fait travailler durement sa femme, rend un culte à la Femme. Il a en lui, sans même le savoir, le respect féminin.
Au cours des guerres de tribus à tribus, on n'a jamais enregistré le moindre assassinat, le moindre viol, la moindre atteinte à une femme ennemie. La Femme est respectée par le guerrier, comme par le bandit coupeur de routes. Leur égoïsme et leur faiblesse ne prête pas à la femme la responsabilité de tous les malheurs humains. Ils n'y voient pas la cause des ruines, des malheurs, des misères, des injustices, mais la source des joies et des consolations, des plaisirs et de l'équilibre, de la paix, de la puissance.
C'est pourquoi Hassan ben Sabah, qui était un grand sage, voulut qu'on lui rendît les honneurs divins.
Peut-être était-il plus avancé que nous dans la connaissance des hommes. Nos âmes, il est vrai, sont si différentes !
(1) « Il n’y a actuellement personne dont on puisse dire vraiment qu’il soit « The foremost representative of Islam » ; dans chaque pays, on vous désignerait sans doute à cet égard une personne différente... En tout cas, pour ce qui est de l’Agha-Khan, il n’a absolument aucune autorité en dehors de la fraction de la secte hétérodoxe des Ismaéliens dont il est le chef ; je dis la fraction, car les Ismaïliens de Syrie ne le reconnaissent nullement. » (R. Guénon, correspondance avec A.K. Coomaraswamy du 24 mars 1945)

LES SOUFIS
Parmi les sociétés secrètes gardant la tradition sacrée de l'Avesta (livre sacré des anciens iraniens), nous trouvons les Soufis, ordre célèbre et vénérable.
La doctrine des Soufis affirme la psychologie divine, l'Unité de la Réalité, l'omniprésence et l'immanence de l'unique (unique Divinité féminine qui est partout où il y a des hommes, puisqu'elle est la Mère).
On trouve l'origine de cet ordre dans la « Loge Blanche » ou Agartha de l'Asie Centrale.
Cette doctrine proclame qu'on peut atteindre sa connaissance par l'amour et la dévotion. Elle recommande la méditation.
Mais en attendant, les frères Soufis, comme Empédocle, répètent des phrases prononcées par les Prêtresses qui disaient : « Je suis la Déesse elle-même ».
Eux disent : « Je suis Dieu lui-même ». C'est toujours la confusion des sexes.
D'après le professeur Inayat-Khan, le mot soufi viendrait du mot arabe « saaf » qui signifie pur. René Guénon écrit (Le Roi du Monde) que : « l'explication du mot Sûfî, désignant les initiés musulmans, par le grec sophos, « sage », tout en paraissant plus acceptable, a l'inconvénient de faire appel à un terme étranger à la langue arabe ; nous pensons donc qu'il faut admettre de préférence l'interprétation qui fait venir Sûfî de safâ, « pureté » ». Nous remontons plus haut que les Grecs, et croyons qu'il vient plutôt du mot égyptien Soffet qui signifie sage.
Les Soufis prêchent le renoncement aux vanités de ce monde, ils tuent en eux tous désirs se rapportant aux passions, comme les Cathares du Moyen Âge. Ils allient leur philosophie à la poésie et à la musique.
La plupart des grands poètes arabes ou persans appartiennent à leur ordre. L'un d'eux, Saâdi, qui fut prisonnier des Croisés, est l'auteur du Gulistan (Jardin des Roses). Avicenne fut affilié à l'ordre, Averroès aussi, et nous faisons remarquer que leurs deux noms commencent par Avé, (Avé c'est le mot « Éva » ou plutôt « Hévah » retourné) nom divin chez les Israélites.
Ce détail a dû être remarqué car, par réaction, on a fait de Avi-cenne - Ïbn-Sina ; de Ave-rroès - Ibn-Roschd.

LA CIVILISATION ARABE
La civilisation arabe prit un grand développement de 500 à 800. Les sciences arabes étaient protégées par le calife El-Mansour, en attendant Haroun Al-Rachid au 8ème siècle, El-Mamoun, El-Motassem.
On vit s'élever des écoles nombreuses à Damas, Bagdad, Alexandrie, Tripoli, Cordoue et Grenade.
L'industrie, le commerce, l'agriculture suivirent le progrès des sciences et s'étendaient partout, en Syrie, en Egypte, dans le Nord de l'Afrique et le Midi de l'Espagne. Ces progrès seraient venus vers le Nord s'ils n'avaient été arrêtés à Poitiers par Charles Martel.
En 756, une dynastie de califes s'établit à Cordoue, fondée par Abdérame, de la famille des Ommayades (elle dura jusqu'en 1031).
Parmi les femmes intellectuelles de l'Orient qui émigrèrent en Espagne avec eux, il faut citer Valadata, fille du roi Mohammed, Aïshah de Cordoue, Sophia de Séville, et Bent Achali, fille du fameux poète Ahmed. Ces femmes transportèrent en Andalousie les rites des anciennes sociétés secrètes, qui depuis se sont perpétués en Espagne. C'est à leur influence que l'on doit en partie l'exquise éducation du peuple espagnol, qui, pendant la domination arabe, réagit contre la brutalité que le régime masculiniste des Suèves et l'infiltration romaine avaient essayé d'introduire.
L'Espagne de cette époque avait aussi de grandes femmes parmi les Chrétiennes. On cite Alfasula et les deux sœurs de saint Isidore, Théodora et Florentine.

L'INFLUENCE DE L'ORIENT AU XIIIème SIÈCLE
L'« ancien régime » tendait à rentrer peu à peu dans la société, tel un corps malade qui tend à revenir à la santé.
La civilisation avait commencé en Orient, où les femmes avaient régné longtemps. Elle revenait en Occident de différentes manières, par les Arabes, par les Juifs, par les Cathares, par tous les hérétiques, par les idées rapportées d'Orient lors des Croisades.
L'influence de la civilisation arabe surtout se faisait sentir (1). Elle avait déjà sa littérature, ses arts, sa poésie, et surtout sa brillante architecture. Les Arabes avaient fondé des écoles en Egypte, au Maroc, en Syrie, en Perse, en Andalousie ; ils avaient une philosophie qui se développait et qui s'inspirait de la philosophie indienne et de la philosophie grecque. C'est ce mouvement qui, remontant vers le Nord, vint apporter aux écoles de Paris le germe de toutes les grandes idées nées et cultivées autrefois en Orient.
C'est ainsi que les écrits d'Aristote (2), connus et enseignés depuis longtemps dans les écoles de Cordoue et de Séville, furent introduits en France en 1215 par un Espagnol nommé Maurice. C'est à la civilisation arabe que la France doit ses arts, ses sciences, ses mathématiques, son architecture, c'est-à-dire tout ce que l'Église laissa passer (3).
(1) Il convient de parler également de l’influence de la civilisation islamique et non spécialement arabe. Car la plupart de ceux qui ont exercé cette influence en Occident n’étaient pas de race arabe, et si leur langue était l’arabe, c’était seulement une conséquence de leur adoption de la religion islamique.
(2) « il faut mentionner spécialement un autre domaine, celui de la philosophie, où l’influence islamique atteignit au Moyen Age une importance si considérable qu’aucun des plus acharnés adversaires de l’Orient ne saurait en méconnaître la force. On peut dire véritablement que l’Europe, à ce moment, ne disposait d’aucun autre moyen pour arriver à la connaissance de la philosophie grecque. Les traductions latines de Platon et d’Aristote, qui étaient utilisées alors, n’avaient pas été faites directement sur les originaux grecs, mais bien sur des traductions arabes antérieures, auxquelles étaient joints des commentaires des philosophes musulmans contemporains, tels qu’Averroès, Avicenne, etc. La philosophie d’alors, connue sous le nom de scolastique, est généralement distinguée en musulmane, juive et chrétienne. Mais c’est la musulmane qui est à la source des deux autres et plus particulièrement de la philosophie juive, qui a fleuri en Espagne et dont le véhicule était la langue arabe, comme on peut le constater par des œuvres aussi importantes que celles de Moussa-ibn-Maimoun qui a inspiré la philosophie juive postérieure de plusieurs siècles siècles jusqu’à celle de Spinoza, où certaines de ses idées sont encore très reconnaissables. » (R. Guénon, Aperçus sur l'ésotérisme islamique et le Taoïsme)
(3) « Nous tenons à noter encore spécialement l’importance que les Hindous accordèrent toujours à l’étude des mathématiques comprenant, sous le nom général de ganita, l’arithmétique (pâtî-ganita ou vyakta-ganita), l’algèbre (bîja-ganita) et la géométrie (rêkhâ-ganita). Les deux premières surtout de ces trois branches reçurent dans l’Inde, dès les temps anciens, un remarquable développement, dont l’Europe, par l’intermédiaire des Arabes, devait d’ailleurs bénéficier plus tard. » (R. Guénon, Les doctrines hindoues)

LES TOUAREG
Les Touareg sont le résidu d'une race qui a conservé les lois de l'époque matriarcale. On les trouve dans les profondeurs du Sahara où ils forment une aristocratie qui a conservé ses caractères natifs et ses antiques institutions sociales. Ils sont de véritables archives vivantes, du plus grand intérêt pour nous, puisqu'ils sont une confirmation de l'histoire vraie que nous nous efforçons de restituer, un lambeau conservé de cette antiquité disparue, une preuve vivante et agissante de ce que fut le « Régime primitif ». M. Barth, qui a consacré cinq années à l'exploration du pays des Touareg, révélait cette fière aristocratie du grand désert, qui a continué à vivre comme vivaient les primitifs il y a des milliers d'années et qui n'a pas laissé entamer ses antiques institutions par l'Islamisme qui l'a dominée sans la convertir.
Il y a là une mine inépuisable pour la science de l'histoire.
La race Touareg s'appelle elle-même imohar, imohagh, imochar, imageren, imaziren, suivant les tribus, ce qui veut dire en langue sémitique : les hommes de race pure.
Rapprochons imohar de immolar ; fonction mystérieuse du sexe féminin, souvent mentionnée chez les Hébreux, et rapprochons aussi i-mageren de Maga, Maya ou Maja.
Tout cela se traduit chez les Latins par majores ; chez les Ibères par Mujeres ; en Hongrie, le premier souverain s'appelle Mogère, d'où l'on a fait Magyar (Chez tous les peuples primitifs, le nom de la femme indique la souveraineté. Les Scandinaves appelaient la femme Queen, qui veut dire Reine.).
Cette expression « Magyar » s'appliquait au Xème siècle à toute la noblesse de la nation hongroise. Donc, qui dit noble dit féminin, ou féministe.
Le régime des castes est la loi sociale des Touareg, et la Dualité sociale le trait dominant de leurs institutions.
En effet, le dualisme sexuel ne peut que créer un dualisme social. Il existe partout, du reste, mais chez les Touareg il est basé sur la vraie loi des sexes. La Femme occupe la place que lui donnent ses facultés naturelles, et c'est cela qui étonne les hommes parce que, dans les sociétés masculines, on a violé la Nature en renversant cette loi des sexes. Les femmes sont les majores, les majeurs (de maja), les hommes sont les minores, les mineurs, les minimes, d'où ministres.
Dans ce régime Touareg, la femme a gardé les privilèges de son sexe, elle exerce ses droits.
L'homme est considéré comme l'être qui a besoin d'être guidé, celui qui doit recevoir ses inspirations, qui doit être suggestionné. Et quoi de plus juste, puisqu'il ne pense pas par lui-même et suit toujours quelqu'un ? Il a des devoirs à remplir dans le monde social et ne prétend pas jouir des droits de la Femme, des droits de la Mère.
Telle était la base de toute la grande civilisation antique. Partout avait régné le Droit naturel, avant l'invasion des masculinistes qui renversèrent le régime primitif des castes et toutes les institutions matriarcales, tout en refaisant les castes sur un plan masculin (dans lequel le prêtre prend la place de la Femme) et la société sur le Droit de l'homme substitué au Droit naturel, au Droit de la Femme.
La langue des Touareg est une langue berbère. Elle s'écrit en caractères tifinars.
Quand l'Egypte fut envahie par la domination masculine (ce qui qui lui valut le nom de Terre maudite : c'est de Afri (Afrique) qu'on fit affreux), les Touareg se réfugièrent dans les montagnes, et c'est là qu'ils ont continué à vivre et qu'on les a retrouvés, pendant que les Éthiopiens de race chamitique occupaient la partie centrale de l'Afrique. C'est cette race chamitique qui engendra les Hottentots, les Cafres, les nègres.
Au Nord, les peuples berbères sont les plus anciens dont l'histoire ait gardé le nom.
Vers l'an 1200 avant notre ère, ils occupaient le pays compris entre la Méditerranée, l'Egypte, l'Ethiopie et l'Océan Atlantique, c'est-à-dire la Numidie (Algérie actuelle moins le désert) :
La Mauritanie (le Maroc) ;
La Gétulie (Sahara ou désert septentrional).
L'Atlas qui traverse le pays était appelé les colonnes du ciel. (Plus tard, on dira colonnes d'Hercule). « L'histoire des Berbères remonte dans la nuit des temps, dit le colonel Bidault (dans Monde actuel et Monde ancien, p. 350). Les auteurs grecs et latins ont connu les Berbères dans la contrée des Somalis et sur les bords de la mer Rouge.
« Les écrivains arabes relèvent l'existence de ce peuple, bien avant l'invasion de l'Islamisme sur les bords du Nil, sur la lisière nord du grand désert et le long de la côte méditerranéenne, depuis le Fezzan jusqu'à l'Atlantique.
« Aujourd'hui nous les retrouvons formant trois groupes bien distincts :
« En Algérie, les Kabyles ;
« Au Maroc, les Chillouh ;
« Au désert, les Touareg, dont la langue a chez tous le même fond, avec des variantes suivant les régions où elle est parlée, ce qui fait que les Kabyles ne comprennent pas les Marocains et que les Touareg ont un dialecte spécial connu sous le nom de Tamalek.
« Les Touareg ont choisi comme refuge les monts Tassili, Hoggâr, Aïr et Adrar qui renferment chacun une de leur quatre fédérations.
« Ces quatre massifs sont entourés de plaines, qui ne semblent appartenir à personne. On a voulu y voir la ligne de séparation entre les Touareg du Nord et ceux du Sud, séparés par la ligne Timissao, Assion, lnguezzan, et, d'autre part, entre ceux de l'Est et ceux de l'Ouest, séparés par l'Ygharghar et l'ouadi Taffasseret ».
« Les Berbères, dit Vivien de Saint-Martin, appartiennent à une race intelligente. Ils ont tenu leur place et joué leur rôle sur le théâtre des événements du monde.
« La Genèse, dans son Xème chapitre de l'Ethnographie, en fait une branche des Hamites, sœur des Mizraïm.
« Le royaume de Méroé, dans les temps anciens, et un peu plus tard les royaumes d'Axoum ou d'Abyssinie, reposent ethnographiquement sur un fond berbère.
« Enfin, la portion de la race à laquelle l'appellation de Berbère est restée plus particulièrement attachée, les Berbères de l'Atlas, qui se nomment eux-mêmes Amazih, a glorieusement figuré dans les événements de l'histoire romaine, de même qu'aux premiers temps de l'Islamisme. Plusieurs chefs berbères, en Afrique et en Espagne, fondèrent des dynasties renommées qui ont eu leur histoire dans Ibn Khaldoun ».
Les hommes qui ont écrit l'histoire après la conquête masculine ont volontairement laissé dans l'ombre tout ce qui pouvait faire retrouver le régime antérieur. Ils n'ont pas voulu mentionner les régions où s'étaient réfugiés les Touareg, et longtemps on crut qu'il n'y avait là qu'un désert de sable, le fond d'une ancienne mer, mais tout cela a été mis à néant depuis les explorations modernes.
On a fait dire à Hérodote, décrivant ce pays, dont on voulait effacer le souvenir parce qu'il était le dernier rempart des Féministes :
« Au nord du plateau sablonneux que je viens de décrire, la Lybie ne présente que des déserts sans eau, sans humidité et sans végétation ».
(Colonel Bidault, Monde ancien et Monde moderne, p. 56).
« Les caractères physiques des Touareg ont été décrits par le général Daumas et le médecin Schaw qui les ont trouvés dans toute leur pureté. C'est une haute stature, une peau blanche, une figure allongée, les traits réguliers, les cheveux blonds, les yeux bleus et un air de grande distinction ».
M. Duveyrier les voit autrement, il dit :
« En général, les Touareg sont de haute taille ; quelques-uns même sont de vrais géants. Tous sont maigres, secs et nerveux, leurs muscles semblent des ressorts d'acier, leur peau est blanche dans l'enfance, mais le soleil lui donne la teinte bronzée. Ils ont la face allongée, le front large, le nez petit, les lèvres fines, les dents blanches et belles, les yeux et les cheveux noirs. Parfois les yeux sont bleus ».
Des savants prétendent avoir reconnu le type blond sur nombre de sarcophages de plusieurs Pharaons. Rien d'étonnant. Toute l'humanité jeune a été plus blonde que la vieille humanité, comme l'enfant est blond avant de devenir brun.
Le général Daumas donne le portrait suivant d'un Targui (singulier de Touareg) : « Le chef des Ahoggar est un homme très grand, maigre et fort. Ses yeux bleus à demi cachés par un voile noir brillent comme des étoiles dans la nuit.
« Fatoum, de la même famille noble, est une femme grande et belle, distinguée par ses yeux bleus, beauté de race chez les Touareg ».
Ces hommes portent une blouse et un pantalon qui ressemblent à la saie et à la braie des Gaulois.
Les Berbères ont subi des invasions, mais n'en ont pas moins conservé leur autonomie, ce qui fait que les envahisseurs ont traversé et occupé le pays conquis sans se mêler aux aborigènes. Les révolutions s'y sont accomplies sans le concours des premiers occupants, de sorte que les Berbères sont restés spectateurs impassibles des luttes entre l'Orient et Carthage, entre Carthage et Rome, entre le paganisme et le christianisme, entre le christianisme et le mahométisme, entre les Arabes et les Turcs, aussi bien qu'entre les Turcs et les générations actuelles.
Dans les temps modernes, des entreprises isolées, nombreuses et hardies se sont aventurées vers les régions centrales de l'Afrique et ont cherché à pénétrer chez les Touareg.
En 1859, Barth les visita et écrivit sur eux un mémoire des plus intéressants.
En 1869, Melle Tinnée fut assassinée par ses guides chez les Touareg entre Mourzouk et Gath sur l'Oued Aberdzoutch.
En 1880, la mission Flatters partit de Biskra, alla à Touggourt, Ouargla, Temassinin, et dut se rabattre sur Laghouat après un échec dans ses pourparlers avec les Touareg.
En 1887, Douls tenta d'explorer le Sahara occidental, mais, arrêté par les Touareg, il se fit appeler pèlerin (El-Hadj) et se fit passer pour musulman ; arrivé à Tidikelt, il fut assassiné.
Donc tout ceci prouve que les Touareg ne veulent pas laisser pénétrer chez eux les hommes du régime masculin, ils se défendent vaillamment pour conserver intactes leurs institutions féministes.
Si les Malgaches, qui avaient aussi une survivance du régime matriarcal, avaient agi comme eux, ils auraient encore le gouvernement de leur île de Madagascar, leur régime de Droit naturel et leur reine Ranavalo.
On les a vaincus et on a importé chez eux les vices et les erreurs du vieux monde masculin.

LES FEMMES TOUAREG
« La femme touareg est l'égale de son mari. Elle dispose de sa fortune personnelle, et dans les villes, par l'addition des intérêts au capital, elle arrive à posséder presque toute la richesse. A Rhat, une grande partie des maisons, des jardins, des sources, du capital, du commerce de la place appartient aux femmes.
C'est le rang de la mère et non celui du père qui assigne aux enfants leur position dans la société. Le fils d'un serf né d'une femme noble est reconnu noble et le fils d'un noble et d'une femme serve ou esclave reste serf ou esclave.
De cette loi curieuse découle une autre loi plus exceptionnelle encore : ce n'est pas le fils du chef, du souverain, qui succède à son père ; c'est le fils aîné de la sœur aînée du chef qui prend sa place. Ainsi, encore aujourd'hui à Rhat, par suite de cette loi de succession, c'est le fils d'un étranger, d'un commerçant du Touat, mais d'une mère Rhatia, qui commande en ville, et il ose même quelquefois faire opposition à la volonté des chefs touareg.
Voici un témoignage encore plus remarquable de cette puissance féminine. Les Touareg sont musulmans et l'islamisme autorise la polygamie ; cependant, telle a été l'influence de leurs femmes, que les Touareg sont, sans exception, tous monogames.
L'historien arabe Ibn-Khaldoun nous apprend que les Touareg, après avoir embrassé l'islamisme, ont renié 14 fois la religion nouvelle, d'où leur est venu leur nom arabe de Touareg, c'est-à- dire apostats. Il est inutile de dire que ce nom est rejeté par eux et qu'ils n'acceptent comme leur étant propre que le titre d'Imohagh.
En se demandant le motif de si nombreuses apostasies et en constatant encore aujourd'hui l'interdiction de la polygamie aux Touareg, n'est-on pas autorisé à conclure que les femmes ont forcé leurs maris, leurs frères et leurs enfants, à n'accepter de l'islamisme que ce qui ne les concernait pas ?
En effet, quand, en deçà de la région des dunes de l'Erg, on voit la femme arabe telle que l'islamisme l'a faite, et, au delà de cette simple barrière de sables, la femme touareg telle qu'elle a voulu rester, il semble qu'on reconnaisse dans cette dernière une inspiration du christianisme.
Les femmes nobles portent de longues chemises blanches et par-dessus de longues blouses bleues attachées au moyen d'une ceinture ; le tout est recouvert à la manière arabe du haïk blanc, qui passe sur la tête en laissant la figure découverte ; car, contrairement à l'usage des autres peuples musulmans, chez les Touareg les hommes sont voilés et les femmes ne le sont pas.
Au milieu des révolutions qui ont successivement transporté leurs tribus errantes de Barka dans la Cyrénaïque, l'un des berceaux du christianisme en Afrique, jusqu'aux rives de l'Océan Atlantique et jusqu'au Niger, on retrouve encore aujourd'hui chez les femmes touareg la tradition de l'écriture berbère, perdue pour les autres groupes de cette grande et ancienne famille.
Tandis que dans tous les Etats barbaresques une femme sachant lire et écrire est une exception très rare, presque toutes les femmes touareg lisent et écrivent le berbère, et quelques-unes lisent et écrivent aussi l'arabe.
Le temps des femmes, après les soins réclamés par les enfants, dont elles dirigent l'éducation, est consacré à l'écriture, à la lecture, à la broderie, mais surtout à la musique. Chaque soir elles se réunissent pour se livrer au plaisir de concerts donnés en plein vent, et auxquels les hommes assistent en silence. Un instrument à archet appelé amzad en temahaq, rebaza en arabe, et la voix des femmes, sont les instruments de ces concerts.
Ce serait faire injure à la France que de la vouloir comparer à ce pauvre petit pays africain des Touareg.
Une réflexion cependant est permise : combien de millions de femmes françaises sont évidemment inférieures en éducation et en influence morale aux femmes touareg ! ». (Magasin Pittoresque.)


« Ceux qui aiment d'Amour spirituel et divin...
dont les yeux ont l'aspect du jasmin
»
(Le jasmin des fidèles d'amour : kitâb-e 'Abhar al-'âshiqîn)
Abû Muhammad ibn Abî Nasr Fas'î Sîrâzî Rûzbehân Baqlî (1128 - 1209)


À suivre : LES CROISADES