LA VIE

« Nous pourrions supposer qu'à l'origine des temps, au lendemain de quelques divins FIAT LUX, la lumière, d'abord seule au monde, a peu à peu engendré par condensation progressive, l'univers matériel tel que nous pouvons, grâce à elle, le contempler aujourd'hui ».
(Louis de Broglie, Physique et Microphysique)


« Vous savez que je crois à une influence cosmique dissymétrique qui préside naturellement, constamment, à l'organisation moléculaire des principes immédiats essentiels à la vie, et qu'en conséquence les espèces des règnes de la vie sont, dans leur structure, dans leur forme, dans les dispositions de leurs tissus, en relation avec les mouvements de l'univers. »
(extrait d'une lettre de Louis Pasteur adressée à son ami et ancien élève Jules Raulin, 1871)


« Bien que relatif en tout temps et de quelque façon qu'il s'exprime, le progrès est fait du déplacement, soit de la marche de quantités indéfinies vers un but défini. C'est ce but qui, une fois atteint, marque l'apogée d'une civilisation, la perfection d'une race, l'âge d'or d'une époque. Le déclin qui les suit recouvre sous une apparente annihilation le déplacement devant servir, en d'autres lieux et sous d'autres formes, à un progrès nouveau. Telle est, dans sa synthèse, l'historique du mouvement social et du développement de l'humanité à travers les siècles. « Ce qui est grand est comme ce qui est petit ; ce qui est en bas est comme ce qui est en haut » dit la loi. Nous voyons par là que l'individu fait progresser la nation et que la nation fait progresser l'humanité. Comprendre l'individu, lorsqu'on a en vue le développement d'un peuple et de ses institutions, est donc la seule manière de comprendre l'humanité. L'homme est non seulement formé de la substance même du monde, mais la mécanique céleste trouve en lui sa plus fidèle expression. Attraction et répulsion, nutrition et excrétion travaillent en son organisme à la transmutation de la vie physique ; abstraction et concrétion mentale, idéalisme et raisonnement assurent sa participation à l'évolution intellectuelle et morale. Son corps et son âme, son cerveau et son cœur appartiennent, en un mot, à un système qui relève, à son tour, de systèmes plus grands. »
(A. Erath-Tissot, Le peuple roi : essai de sociologie universaliste)


« La centration de la vie sur un point ascendant, ensuite de la mort, s'opère de façon toute naturelle ; l'âme n'a-t-elle point pour habitude d'opérer une telle centration au cours de chacune de ses journées terrestres ? Lorsque la Terre détourne du Soleil l'un de ses hémisphères et que l'«Aither » participant du cône d'ombre ralentit son activité, quel est le faire de l'âme ? - Elle abandonne son corps et le livre au sommeil, c'est-à-dire au repos presque absolu. La Nature se repose et l'âme suit l'exemple de la Nature : elle ne saurait agir mieux, attendu que la loi d'alternance soumet les corps à l'activité et à l'inactivité consécutives. Travail et repos sont indispensables à la conservation de la forme, qu'elle soit animal, végétale ou minérale. »
(Th. Darel, À la recherche du Dieu inconnu)


« La Pluie est universellement considérée comme le symbole des influences célestes reçues par la terre. C'est un fait d'évidence qu'elle est l'agent fécondateur du sol, lequel en obtient la fertilité. » (J. Chevalier & A. Gheerbrant, Dictionnaire des Symboles)
« Rappelons à ce propos l'existence des « faiseurs de pluie » chez un grand nombre de peuples, et particulièrement chez les noirs de l'Afrique, où ils peuvent être comptés parmi les membres les plus influents des diverses sociétés secrètes. »
(R. Guénon, Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, tome 2)


« Rorate Coeli desuper, et nubes pluant Justum »
(Isaïe, XLV, 8)


La Vie est un acte perpétuel d'Amour


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Nous abordons maintenant la grande question de la Vie. Qu'est-ce que la Vie ? Quelle est son origine ?

LE FAIT GÉNÉRATEUR
PROTOGÉNÈSE
La Vie est une force restée jusqu’ici inconnue, une force dont on a étudié les manifestations, observé les effets, mais dont personne encore n’a osé chercher la cause.
La science moderne, cependant, est mise en demeure de demander à la genèse son secret, elle est mise en demeure de nous dire quelle est cette force qui, dans le principe, a produit les êtres vivants, de nous dire, surtout, si cette force est encore agissante. Et si la science affirme que la création première est arrêtée, elle est mise en demeure, en nous donnant la démonstration de cette force, de nous expliquer comment son action génératrice s’est ralentie, pourquoi elle ne s’exerce plus.
Ceux qui se contentent de constater que les êtres vivants ne proviennent que d’êtres semblables à eux ne font qu’affirmer un fait actuel, un fait concernant l’état présent de la terre, (et qui est loin d’être certain), ils ne remontent pas dans le passé. Etendre cette affirmation à tous les âges de notre planète c’est nier tout commencement. C’est le système de ceux dont les vues bornées font de l’état actuel de l’humanité l’image d’un état constant, méconnaissant ainsi la grande loi de l’évolution qui régit les mondes comme elle régit les êtres.
Mais quiconque a des vues un peu plus larges reconnait que la vie n’est pas une manifestation nécessaire et éternelle et qu’elle a eu un commencement sur notre planète puisque les premiers étages de sa formation cosmologique nous montrent des couches de terrain absolument dépourvues de débris organisés.
Ceux qui refusent ainsi, de parti pris, d’examiner ces mystères de la Nature se donnent à eux-mêmes un certificat d’incapacité, d’impuissance. Lorsque l’on se sent en possession d’un esprit fort pour résoudre tous les problèmes philosophiques on ne craint pas de les aborder.
Regarder ces questions comme étrangères au domaine de la science c’est méconnaitre son véritable rôle. Il n’existe pas de question qu’elle puisse s’affranchir d’examiner, pas de manifestations intellectuelles qu’elle ait le droit de dédaigner. Ce qui est étranger au domaine de la science ce ne sont pas les questions relatives à la genèse naturelle puisque ces questions, au contraire, lui appartiennent tout entières, ce sont celles qu’une philosophie malsaine a répandues dans le monde et qui servent encore de guide à ceux qui refusent d’accorder à la science l’émancipation sans laquelle elle ne peut vivre.
Examinons donc comment la vie a commencé, comment s’est accomplie, à un moment donné de l’existence de notre planète, la formation naturelle d’êtres qui n’avaient pas été engendrés par des parents semblables à eux.

L’ÉTAT NAISSANT
Entre les corps bruts et les corps organisés il existe une différence qui réside dans la manière d’être des éléments, dans leur état physique.
L’état qui engendre cette différence et produit toutes les facultés qui distinguent les corps organisés des corps bruts dure et se renouvelle tant que le corps vit : aussitôt que cet état disparaît le corps meurt.
Cet état particulier est la manifestation des propriétés fondamentales de l’atome, c’est l’état « naissant » ou « radiant », c’est-à-dire le courant électrique, état que possède la matière au sortir d’une combinaison, mais qu’elle perd, soit en rentrant dans une autre combinaison, soit en se trouvant arrêtée dans son mouvement de propagation par un corps placé devant elle.
Un peu plus tôt, à l'article sur la Cosmogonie, nous avons posé en principe que le courant électrique est une radiation d’oxygène, que le rayonnement d’un foyer terrestre de combustion est une radiation d’oxygène (si l’élément comburant de ce foyer a été ce métalloïde), que le rayon solaire est une radiation d’oxygène.
Si le courant électrique peut être porté au loin, en d’autres termes si l’état « naissant » peut être maintenu longtemps c’est parce que la radiation d’oxygène née de la décomposition des oxydes métalliques d’une pile, ou de tout autre réaction dans laquelle l’oxygène a été mis en liberté, est restée isolée par un fil conducteur. Mais cet état ne dure pas toujours ; là où le courant est arrêté il y a production de chaleur, action chimique, c’est-à-dire oxydation, ou phénomène lumineux.
La première condition à réaliser pour faire passer la matière inorganique à l’état organisé c’est de la prendre à l’état « naissant » car la vie est la conservation de cet état actif de l’oxygène au sein d’un plasma qui est incessamment modifié par une incessante oxydation. Vouloir produire la vie en dehors de ces conditions c’est méconnaître, pour commencer, le principe fondamental du phénomène, sa cause première.
C’est en vain que nous prendrions de l’oxygène, de l’hydrogène, du carbone et de l’azote pour les réunir dans des proportions quelconques, si nous ne donnons pas à l’oxygène, qui est le principe même de la vie à « l’état naissant », c’est-à-dire si nous ne le prenons pas à l’état atomique avec toutes les propriétés actives qu’il possède alors, nous n’arriverons jamais à produire ce que la Nature ne produit que dans ce cas.
Le courant nerveux, qui résume toute la puissance vitale de l’individu, qui est l’essence même de la vie, a pour agent, un courant d’atomes d’oxygène incessamment renouvelé. Comme dans le courant électrique il reste à l’état naissant et se propage par le « cylindre axe » autour duquel les atomes restent libres parce qu’ils sont isolés de l’organisme par la « myéline » avec laquelle ils ne peuvent pas se combiner ; s’ils se combinaient ils perdraient leur activité et la circulation nerveuse s’arrêterait. C’est à l’extrémité des nerfs seulement que le courant s’arrête et, alors, on voit apparaître, comme dans les phénomènes électriques qui se produisent en dehors de l’organisme, des actions thermiques, mécaniques et chimiques. Si le courant d’atomes radiants d’oxygène n’est pas incessamment renouvelé la vie s’arrête. Or, nous posons en principe que l’agent qui entretient une fonction est toujours l’agent qui a créé cette fonction. L’oxygène à l’état naissant entretient la vie ; l’oxygène à l’état naissant a créé la vie.
Telle est la première condition à réaliser pour reproduire la genèse naturelle.

LA MOLÉCULE PRIMITIVE
La seconde condition est que le courant atomique d’oxygène (qui nous arrive du soleil ou qui provient de toute autre source de radiation) rencontre dans sa route un autre courant d’atomes radiants qui l’arrête au passage et avec lequel il se combine. Car, si la vie réside dans les courants radiants, les courants radiants font la substance organique en passant de l’état atomique à l’état moléculaire. La substance vivante a donc eu pour point de départ chimique une molécule, laquelle devrait être composée d’atomes d’oxygène « positifs » et « négatifs » combinés.
C’est cette différence d’état physique qui détermine l’attraction des courants électriques.
M. Crookes nous a montré, dans ses expériences, que la matière radiante (qui n’est autre que le courant électrique) se dévie en présence d’un aimant ; de même que l’aiguille aimantée se dévie en présence des radiations solaires.
C’est en vertu de l’affinité des atomes d’oxygène contenu dans le fer magnétique que la radiation se dévie et va à la rencontre d’autres atomes avec lesquels elle cherche à se combiner.
La molécule qui résulte de la combinaison de deux radiations d’oxygène est de l’ozone. L’ozone est un composé d’oxygène, mais il n’est pas son état « naissant », il en est un état moléculaire : l’état « naissant » de l’oxygène, c’est le courant électrique.
La déviation des courants semble nécessaire pour que le phénomène chimique apparaisse, car, si les courants se rencontrent en ligne droite et se choquent avec une certaine force, c’est le phénomène lumière qui apparaît, et non pas la combinaison moléculaire.
Cette propriété que possède la radiation de se dévier était connue des anciens. C’est la déviation des atomes que Lucrèce appelait « clinamen ».
Fénelon qui, comme tous les théologiens de son époque, ignorait absolument la Nature, dit de cette déclinaison :
« Étrange philosophie ! Les atomes, s’ils ne vont qu’en ligne droite sont inanimés, incapables de tous degrés de connaissance et de volonté ; mais les mêmes atomes s’ils ajoutent à la ligne droite un peu de déclinaison deviennent tout à coup animés, pensants et raisonnables ; ils sont eux-mêmes des âmes intelligentes qui se connaissent, qui réfléchissent, qui délibèrent et qui sont libres de ce qu’elles font. Quelles métamorphoses plus absurdes que celles des poètes ! Que dirait-on de la religion si elle avait besoin pour être prouvée, de principes aussi puérils. »
C’est ainsi que les grandes vérités sont comprises et jugées, c’est ainsi que les lois de la Nature sont appelées des « principes puérils » par ceux qui bâtissent leur philosophie sur l’imagination.
La molécule qui se forme aux dépens de deux radiations déviées est le point de départ de la substance qui formera un corps vivant. C’est la génératrice du nucléole de la première cellule, elle porte en elle l’avenir des êtres que les générations successives feront sortir de ce germe initial.
Ces êtres seront des animaux ou des plantes, des êtres privilégiés appelés à subir une lente évolution qui les perfectionnera, ou des organismes inférieurs destinés à une vie éphémère. Tout cela est renfermé dans la molécule qui commence une évolution, tout cela dépend du nombre d’atomes associés ensemble sous cette forme nouvelle, car les atomes groupés en faisceaux dans une radiation sont plus ou moins nombreux au moment où ils rencontrent d’autres atomes avec lesquels ils se combinent : leur nombre proportionnel donne à la molécule des propriétés électro chimiques spéciales qui se manifesteront chaque fois qu’elle se décomposera.
Ainsi, supposons une radiation d’électricité positive apportant sur la même ligne dix atomes et arrêtée par une radiation négative qui n’en donne que deux dans le même espace, nous aurons une molécule d’ozone dans laquelle il sera entré dix atomes d’oxygène positif et deux d’oxygène négatif.
Suivons cette progression dans les deux sens et nous aurons une infinie variété dans la composition de la molécule primitive, sans compter les variétés qui peuvent résulter de l’arrangement atomique, le nombre d’atomes étant égal.
Cette première formule est destinée à se perpétuer à travers tous les êtres qui se succéderont dans la descendance d’un premier type, elle leur donnera tous leurs caractères spéciaux en leur donnant des facultés électro-magnétiques qui leur permettront de réagir dans le milieu extérieur pendant l’évolution organique d’une façon qui variera suivant le degré de puissance magnétique du corps qui agira et des corps sur lesquels il agira. L’action chimique commencée est incessamment renouvelée. Un corps qui a pour base primitive une molécule d’ozone, d’une formule donnée, refera, dans tout son avenir des molécules d’ozone ayant la même formule. La nucléine des cellules de ce corps donnera toujours, en se décomposant, le même nombre d’atomes d’oxygène négatifs et positifs. Ces atomes détermineront l’intensité des courants nerveux qui, comme nous le verrons plus loin, « font le corps ».
C’est sur cette base chimique qu’est fondée l’ « espèce ».
Elle est irrévocable et indestructive. Elle ne périt qu’avec les corps qui la représentent.

L'OXYGÈNE SOLAIRE
Le bienfaisant soleil qui nous éclaire aujourd'hui, qui nous donne la chaleur et la lumière, a commencé à régner dans notre milieu cosmique au début de la période tertiaire. Depuis ce temps, il est le principe qui génère la vie à la surface terrestre. Cette vie, d'abord, se manifesta par l'apparition des plantes dicotylédones, et ce sont les membres de cette grande famille végétale qui, en suivant leur évolution anatomique et physiologique prirent, peu à peu, les caractères des mammifères dont ils sont la forme embryonnaire.
Mais le premier acte de l'astre jeune qui allait rayonner sur la Terre fut de jeter dans l'atmosphère un gaz nouveau : l'Oxygène, que Priestley appelle « l'air de feu ».
L'oxygène, en même temps, créait un liquide, l'eau qui commença alors à tomber sur la planète, déjà vieille et à y former ce qu'on appelle « l'eau douce » pour la distinguer des liquides antérieurs, avec lesquels elle vint se mélanger.
Dans les liquides qui avaient déjà arrosé la Terre, le soufre, le chlore, l'iode, etc... dominaient et ce sont ces liquides qui s'étaient déjà déversés dans les réservoirs qui devinrent les océans ; ils en remplissaient le fond quand l'eau tomba et s'y mêla.
Quant aux liquides des anciens cycles solaires de la Terre, ils se confinèrent dans les sources profondent alors que l'eau, plus récente, vint occuper la surface terrestre.
Depuis l'époque tertiaire notre soleil génère la vie sur notre planète, en même temps qu'il produit la lumière blanche qui nous éclaire. Ce sont ses radiations qui constituent les courants électriques de l'atmosphère ; c'est lui qui donne la douce chaleur, dont nous avons tant besoin, quand ses radiations s'arrêtent à la surface de la planète. Il donne à notre Terre sa vie actuelle, mais d'abord il donna aux êtres qui vivent par lui, leurs formes, car c'est l'attraction de ses radiations qui dirige les ramifications de l'arbre dans des directions que sa position détermine.
C'est donc avec raison que Tyndall a dit : « Nous sommes mécaniquement les enfants du soleil. »
Qu'est-ce donc qu'une radiation pour qu'elle est cette puissance ?
C'est l'état radiant d'un corps actif, c'est l'atome-force émané du foyer solaire dont il est l'élément comburant.
Se fait-on une idée de la puissance que peut prendre l'oxygène à l'état radiant, quant à l'état gazeux il a déjà un si grand empire sur les êtres vivants ?
« L'hydrogène, le carbone et l'azote sont les grands seigneurs du monde, mais l'oxygène en est le roi », dit Jean Macé dans « La bouchée de pain ».
Avant de chanter l'apothéose de ce fluide merveilleux qui est bien, pour nous, ce que Pline appelait « la cause première mystérieusement cachée dans la majesté de l'Univers », cherchons comment il est devenu le Principe générateur d'une vie sur notre Terre en travail.

L’EAU ET LA TERRE
Mais pour que la molécule d’ozone soit devenue le germe de la substance organique il a fallu d’abord, qu’elle se formât. Pour cela il a fallu qu’à un moment donné de l’existence de notre planète, la radiation solaire ait rencontré une radiation d’oxygène négatif dans un milieu chimique propre à engendrer le plasma organique.
Comment a-t-elle rencontré cette radiation, ou ce courant d’électricité négative ? Quel est le milieu chimique dans lequel cette rencontre a du se faire pour qu’elle soit arrivée, comme conséquence dernière, à former un plasma vivant ?
L’origine de la radiation négative ne peut exister que dans la décomposition des métaux alcalins, dans celle de l’eau (quelques fois, car il y a de l’eau acide) ou dans celle des alcalis végétaux, mais cette dernière source doit être rejetée puisque la matière organique est le résultat d’une vie antérieure, d’une vie déjà acquise. Dans ces conditions nous ne reproduirions pas la genèse primitive, nous ferions procéder la vie de la vie nous ne la tirerions pas directement du monde inorganique. Or, ce que nous avons à chercher ici, c’est l’origine inorganique de la vie.
Il ne nous reste donc, comme source de radiations négatives, que les métaux alcalins et l’eau (lorsqu’elle est alcaline).
Or, nous trouvons dans ces deux sources de décomposition un fait singulier, c’est que, justement, les métaux alcalins terreux décomposent eux-mêmes l’eau à froid.
Rappelons que ce sont des métaux mous et légers (exemple le potassium, le sodium, le calcium) qui n’ont pas l’éclat métallique et qui ont une grande affinité pour l’oxygène avec lequel ils sont toujours unis quand nous les trouvons sous l’aspect de matières terreuses. On les appelait anciennement « terres » ou « alcalis ». Ce sont ces oxydes mélangés à l’eau qui constituent « le limon de la terre ».
L’action électro-chimique de l’eau, indispensable à la genèse primitive des êtres organisés est mentionnée dans toutes les écritures de l’antiquité : « Et spiritus Dei ferebatur super aqua », dit la Bible. L’esprit de Dieu était porté sur les eaux. Or, nous verrons plus loin que c’est le courant radiant d’oxygène que l’antiquité désigne toujours par les mots « Esprit de Dieu ».
Quant à cette affirmation biblique : « Dieu créa l’homme du limon de la terre », c’est l’expression d’un fait exacte qu’il faut traduire ainsi, en langage moderne : le courant radiant d’oxygène créa, dans la terre humide, la matière organique qui, en se développant, devint l’homme.
M. Virchow, que l’on n’accusera pas de vouloir soutenir l’Eglise, a relevé ce fait dans le discours qu’il a prononcé à l’ouverture du congrès de la Société allemande d’Anthropologie, à Francfort, en 1882 : « Notre théologie elle-même, dit-il, a toujours soutenu que l’homme est le produit d’une formation mécanique dérivée directement d’une substance inorganique. L’homme est formé du limon de la terre. »
Remarquons que dans cette genèse primitive, deux éléments sont mis en présence ; l’oxygène positif, principe de vie qui nous vient du soleil, et que, dans l’antiquité nous trouvons partout déifié, l’oxygène négatif, principe de mort, qui nous vient de la terre et que nous trouvons partout représenté comme un agent de destruction. Les alcalis sont, en effet, les agents de la destruction organique, quoique leur présence soit indispensable à la construction d’un corps vivant.
Singulier accouplement de la vie et de la mort, d’un principe salutaire et d’un principe nuisible qui seront en lutte perpétuelle dans les êtres qu’ils vont former. Si la terre alcaline humide, fécondées par la radiation solaire a été le seul facteur de la formation de la molécule primitive, d’où devait sortir le monde organisé (« l’œuf d’or des ancienne religions) ; on peut en conclure qu’en l’absence de ces deux agents indispensables : l’eau et la radiation solaire, la vie était impossible.
Cependant, M. Faye soutient une doctrine étrange dans laquelle on suppose que la genèse primitive des êtres organisés a commencé avant l’incandescence du soleil !
Comme lui, nous soutenons que la formation cosmique de la terre est antérieure à cette grande date, « l’irradiation solaire », mais nous affirmons que la vie, telle que nous la connaissons actuellement, n’a commencé qu’après que l’oxygène venu du soleil a formé l’eau et fait naître la lumière.
Aussi, lorsqu’on demande combien de temps il a fallu à la Nature terrestre pour produire la vie, on peut répondre, avec certitude, que ce temps a duré tant que l’eau n’y a pas existé. C’est à l’absence d’eau seulement qu’il faut attribuer l’absence de vie et non à un état incandescent hypothétique. Si l’action de la radiation solaire est la condition première de la genèse naturelle, l’apparition de l’eau à la surface terrestre n’est pas moins essentielle.
Mais si l’élément humide est indispensable à la genèse primitive cela ne signifie pas que c’est au « sein des eaux » que la vie s’est manifestée d’abord. Elle a commencé à régner sur la surface découverte de la terre en même temps que dans les eaux, mais le mode de procéder de la genèse aérienne est tout différent de celui de la genèse aquatique, comme, du reste, est différent le développement des êtres qui se sont formés dans des milieux si dissemblables.
Il y a donc eu une genèse et une évolution aérienne, en même temps qu’une genèse et une évolution aquatique qu’il ne faut pas confondre et dont nous étudierons plus loin le développement.

ORIGINE DE LA RESPIRATION
Le premier effet de la radiation solaire, en opposition avec la radiation terrestre, est de déterminer un mouvement rythmique au milieu du corps qui se forme et qui traduit les impulsions inverses qui furent le point de départ de la première cellule.
Ce mouvement commencé se perpétuera, il déterminera la respiration végétale qui s'accomplira aux extrèmités libres de la plante où le phénomène de synthèse organique et de croissance, commencé dans la première cellule, se reproduira. Ce ne sera plus une cellule, mais une multitude de cellules, qui continueront le travail commencé.
Le mouvement rythmique de la respiration animale est la continuation lointaine de celui qui a créé la première cellule.
Les actions mécaniques ont une importance capitale dans la vie, et leur étude, qui nous montre quelles sont leurs causes pour chaque vie, nous fait comprendre, en même temps, pourquoi les animaux aériens ne peuvent pas vivre dans un milieu aquatique. Les radiations n'exercent pas leur action dynamique dans l'eau parce que le corps actif qui les constitue se dissout en atteignant l'élément liquide (1).
Le cœur bat en raison de 100 000 pulsations par jour (36 500 000 par an). Ce chiffre représenterait le nombre de chocs de la radiation solaire sur la surface terrestre.
Les plantes dicotylédones sont sillonées de vaisseaux appelés trachées déroulables. On les appelle aussi vaisseaux aériens parce qu'ils ne charrient aucun liquide, mais conduisent seulement un courant libre d'oxygène. Les trachées déroulables viennent aboutir à toutes les extrémités de la plante où s'organise un point végétatif. Là, l'oxygène de la trachée est mis en liberté. C'est l'agent générateur et multiplicateur du système primitif.
Les trachées entrent dans les feuilles. Leur extrèmité est ouverte et laisse échapper l'oxygène qui circule incessamment dans ce système de vaisseaux.
Lorsque l'on plonge une feuille dans l'eau, l'oxygène qui s'échappe de la trachée forme des bulles de gaz sur les bords et les nervures de la feuille.
Lorsque la feuille est dans l'air au lieu d'être dans l'eau, c'est dans l'air que se dégagement d'oxygène a lieu.
La circulation incessante qui s'accomplit dans les trachées n'a pas seulement pour effet de mettre en liberté le gaz qu'elles contiennent, elle occasionne aussi la mise en liberté, à leur point d'arrêt, de la matière grasse qui existe dans leur enveloppe et qui suit l'impulsion du courant.
Cette matière grasse, cette mœlle végétale, analogue à la myéline des fibres nerveuses des animaux, forme des granules mous et onctueux. Les uns les ont appelé Chlorophores, parce qu'ils portent la chlorophylle, d'autres les appellent des leucites. Mis en contact avec l'eau ils en absorbent et se gonflent ; ils sont homogènes, mais leur couche externe est un peu plus dense que le reste de la masse. Ils sont d'abord à peu près incolores, puis jaunissent et la couleur qu'ils prennent est la couleur de la feuille en l'absence de la chlorophylle. En même temps que la trachée apporte à son point d'arrivée cette matière onctueuse qui régnait, à l'état fluide dans son enveloppe, elle met en liberté, à cet endroit, l'oxygène libre qu'elle conduit et qui circule dans ses vaisseaux avec une grande vitesse. Comme dans le courant nerveux de l'animal, il est à l'état naissant.
Or, l'état naissant, c'est l'état radiant, c'est le courant éléctrique.
En vertu de l'attraction électrique, ou si l'on veut, en vertu de la grande puissance magnétique de l'oxygène, l'extrémité des trachées se dirige dans l'espace à la rencontre des courants électriques. Les courants électriques sont déterminés par la direction des radiations solaires, puisqu'ils ne sont eux-mêmes que la manifestation mécanique des radiations ; ils changent de direction à tous moments, en marchant de l'ouest à l'est. Le tissu primitif de la plante suit, dans l'espace, la direction des courants et, en changeant ainsi de direction à tous moments, il se multiplie dans des directions géométriquement déterminées, ce qui donne à la plante l'architecture spéciale à son espèce.
Mais on sait que l'action chimique de la radiation solaire est double, qu'elle comprend deux phénomènes distincts qui se produisent l'un après l'autre. Le premier est l'origine de la couleur verte, la synthèse de la chlorophylle, le second est l'assimilation du carbone par les feuilles.
Ce second phénomène est la reproduction de ce qui a dû se passer lors de la genèse primitive, c'est l'origine du substratum chimique qui renferme en lui le mystère de la vie.
(1) C'est pour cela que nous ne pouvons pas respirer dans l'eau. La traction de la langue des noyés rétablit dans le corps le mouvement rythmique aérien de la circulation, alors que dans l'eau ce mouvement avait cessé et que le cœur ne battait plus.

LE CARBONE
Nous avons déjà deux principes indispensables à la production de la vie : les radiations d’oxygène positif et négatif, et l’eau. Il nous reste à chercher maintenant qu’elle est l’action chimique qui s’accomplit au moment où les deux radiations se rencontrent dans un milieu humide, en un mot quelle est l’origine chimique de la substance vivante ? Faire cette histoire c’est faire l’histoire du carbone.
Jusqu’ici trois éléments seulement sont en présence l’oxygène, l’hydrogène et l’azote qui règnent dans l’atmosphère.
Et cependant, après que la combinaison s’est effectuée, la matière primordiale qui commence à vivre contient du carbone.
Ce carbone n’apparaît dans la nature que sous l’influence de la vie, il n’existe pas sur la terre à l’état libre ; il est même devenu, pour la science, le symbole de l’organisation vitale.
Quelle est sa place dans la classification chimique ? D’où vient-il ? Qu’est-il ?
Pour répondre à ces questions il faut faire une révolution dans la science, révolution qui, si on la comprend bien commencera une ère nouvelle pour les études biologiques.
Par malheur, comme tout ce qui est nouveau, comme tout ce qui a été longtemps inaperçu, cette solution va sembler d’une hardiesse folle. Et cependant, ce caractère d’originalité et d’imprévu qui accompagne les idées nouvelles est la condition de toute découverte. C’est parce que les vérités sont cachées que les hommes ont vécu longtemps sans les apercevoir et ont mis à leur place des erreurs. Et si elles sont restées longtemps sans être trouvées c’est parce que les voies suivies pour les chercher étaient mauvaise ou insuffisante. C’est donc en sortant des méthodes classiques qu’il faut chercher et non en continuant à suivre les sentiers battus de la routine.
Après ce petit préambule destiné à nous faire pardonner l’audace de ce qui va suivre, nous commençons l’exposé de notre théorie de l’origine du carbone.
Le carbone, nous venons de le dire, est un corps qui n’apparaît que sous l’influence de la vie, qui n’évolue que dans la matière organisée dont il est, pour ainsi dire, le point de départ. Il n’existe pas dans le règne minéral ; toutes les sources inorganiques de carbone sont des dépôts de provenance organique.
Le diamant semble faire exception à cette règle, mais après avoir lu ce qui suit, on verra ce qu’il faut penser du diamant.
C’est en étudiant le rôle du carbone dans la vie des plantes que nous sommes arrivés à une conception nouvelle sur son origine. Nous devons donc faire cette histoire en suivant inversement le chemin parcouru par la Nature, c’est-à-dire en le prenant à son état secondaire pour descendre de là à son état primitif.
Nous avons dit que le carbone n’apparaît que dans les corps organisés, mais cette expression est trop générale, il faut la restreindre ; le carbone ne « s’organise » pas dans tous les corps vivants mais seulement dans les plantes.
Et encore, poussant plus loin l’observation nous voyons qu’il ne prend part à l’organisation végétale que dans certaines parties du corps de la plante : celle où apparaît la chlorophylle.
Donc, pour trouver l’origine du carbone il faut commencer par faire l’histoire de la chlorophylle.

LA CHLOROPHYLLE
La naissance du carbone dans un corps vivant, son origine, en un mot, n’a lieu que dans les parties de la plante qui sont colorées en vert. Donc, cherchons la relation qui peut exister entre l’apparition de cette couleur et l’assimilation du carbone.
Pour bien suivre le développement qui va suivre, revenons rapidement sur ce qui vient d'être dit à propos de la respiration :
Les plantes vasculaires sont sillonnées de vaisseaux appelés « trachées-déroulables ». On les appelle aussi « vaisseaux aériens » parce qu’ils ne charrient aucun liquide, mais conduisent seulement un courant libre d’oxygène. Les trachées-déroulables viennent aboutir à toutes les extrémités de la plante où s’organise un « point végétatif ». Là, l’oxygène de la trachée est mis en liberté. C’est l’agent générateur et multiplicateur du méristème primitif.
Les trachées entrent dans les feuilles. Leur extrémité est ouverte et laisse échapper l’oxygène qui circule incessamment dans ce système de vaisseaux.
Lorsque l’on plonge une feuille dans l’eau l’oxygène qui s’échappe de la trachée forme des bulles de gaz sur les bords et les nervures de la feuille.
Lorsque la feuille est dans l’air au lieu d’être dans l’eau c’est dans l’air que ce dégagement d’oxygène a lieu.
La circulation incessante qui s’accomplit dans les trachées n’a pas seulement pour effet de mettre en liberté le gaz qu’elles contiennent, elle occasionne aussi la mise en liberté, à leur point d’arrêt, de la matière grasse qui existe dans leur enveloppe et qui suit l’impulsion du courant. Cette matière grasse, cette mœlle végétale, analogue à la myéline des fibres nerveuse des animaux, forme des granules mous et onctueux. Les uns les ont appelés « chlorophores », parce qu’ils portent la chlorophylle, d’autres les appellent des « leucites ».
Mis en contact avec l’eau, ces granules mous et onctueux en absorbent et se gonflent ; ils sont homogènes, mais leur couche externe est un peu plus dense que le reste de la masse. Ils sont d’abord à peu près incolores, puis jaunissent, et la couleur qu’ils prennent est celle de la feuille en l’absence de la chlorophylle. En même temps que la trachée apporte à son point d’arrivée cette matière onctueuse qui régnait à l’état fluide dans son enveloppe, elle met en liberté, à cet endroit, l’oxygène libre qu’elle conduit et qui circule dans ces vaisseaux avec une grande vitesse.
Comme dans le courant nerveux de l’animal il est à « l’état naissant ».
Or, l’état naissant c’est l’état radiant, c’est le courant électrique.
En vertu de l’attraction électrique, ou si l’on veut, en vertu de la grande puissance magnétique de l’oxygène, l’extrémité des trachées se dirige dans l’espace à la rencontre des courants électriques. Les courants électriques sont déterminés par la direction des radiations solaires, puisqu’ils ne sont eux-mêmes que la manifestation mécanique des radiations : ils changent de direction à tout moment, en marchant de l’ouest à l’est. Le tissu primitif de la plante suit, dans l’espace, la direction des courants et, en changeant ainsi de direction à tout moment il se multiplie dans des directions géométriquement déterminées, ce qui donne à la plante l’architecture spéciale à son espèce.
Lorsqu’un courant électrique faible rencontre un autre courant faible il se produit de l’ozone. Nous avons vu que c’est le premier phénomène qui apparaît à l’origine de la vie.
Lorsque le courant de la trachée rencontre dans l’espace un courant électrique faible, il se forme dans la feuille de l’ozone.
L’ozone est bleu. Et non seulement il possède cette couleur à l’état de gaz libre, mais il la donne à l’amidon en présence de l’iode. Le granule qui se couvre de chlorophylle est toujours l’origine d’un grain d’amidon. C’est autour de chaque grain d’amidon que se condense une couche de protoplasma nettement limitée en dehors, d’abord jaune, puis verte, et que se constitue chaque grain de chlorophylle.
Cette couche superficielle se colore en bleu par l’ozone, en présence de l’iode que toute feuille contient en quantité plus ou moins grande.
Comme la couleur primitive du granule était jaune pâle, qui brunit en s’oxydant, il résulte du mélange de cette couleur première avec la couleur secondaire bleue donnée à l’amidon par l’ozone un mélange qui apporte à notre œil l’impression du vert. La chlorophylle résulte donc d’une matière jaune, la « xanthophylle », formée aux dépens de la substance onctueuse qui règne dans l’enveloppe de la trachée-déroulable, et d’une matière bleue, la « cyanoxantine » formée dans la couche superficielle sous l’action de l’ozone.
Si le papier ozonométrique n’a pas révélé la présence de l’ozone dans l’oxygène expiré par les plantes, c’est parce que l’ozone n’a d’action sur ce papier qu’à l’état gazeux et qu’ici il est assimilé, donc ne peut pas être retrouvé à l’état de gaz. Mais la substance organique sur laquelle il se dépose est elle-même un réactif qui révèle sa présence en se colorant comme le ferait le papier amidonné en présence de l’iode.
Tel est le premier effet de la radiation solaire sur la plante, mais on sait que l’effet chimique de la radiation est double, qu’il comprend deux phénomènes distincts et qui se produisent l’un après l’autre. Le premier est l’origine de la couleur verte, la synthèse de la chlorophylle, le second est l’assimilation du carbone par les feuilles.
Ce second phénomène est la reproduction de ce qui a dû se passer lors de la genèse primitive, c’est l’origine du substratum chimique qui renferme en lui le mystère de la vie.

ORIGINE DU CARBONE DANS LES PLANTES
Aussitôt que la chlorophylle apparaît, après que l’ozone s’est formé de la rencontre des deux courants d’oxygène qui ont été fournis, l’un par la plante, l’autre par le courant électrique de l’atmosphère (qui n’est autre que la radiation solaire), il se passe dans les feuilles un second phénomène chimique : le carbone apparaît.
D’où vient ce carbone qui n’était pas dans le corps ?
Naturellement, c’est dans l’atmosphère qu’il faut en trouver la source. C’est là, en effet, qu’on la cherché. On a supposé que l’acide carbonique qui existe actuellement en petite quantité dans l’atmosphère était décomposé par les feuilles en présence de la chlorophylle et que son carbone était assimilé par les tissus végétaux, tandis que son oxygène était expiré.
C’est la théorie de Perceval et Senebier. Elle est tout entière fausse, nous y reviendrons.

ORIGINE DU CALCAIRE
Le carbone animal, c'est-à-dire vivant, est destiné lui-même à évoluer. C'est lui qui va devenir le calcaire qui se formera dans le centre des tiges, où il se trouvera associé aux phosphates de chaux.
Si nous suivons l'évolution des tissus de la plante ligneuse, nous voyons que, d'abord fibreuse, il se fait au centre des tiges une agglomération de matèriaux qui passent de l'état cartilagineux à l'état osseux.
Dans ce dernier état, on touve les os presqu'entièrement composés de phosphate de chaux.
Et les auteurs naïfs nous diront que le cartilage est d'origine organique et que le phosphate de chaux est d'origine minérale, alors que tout, dans la plante (hormis les quatre principes qui ont formé sa cellule initiale), a été fabriqué par la plante elle-même.
Nous avons vu que le phosphore est de l'ozone organisé et qu'on le trouve dans le nucléus des cellules. Nous venons de voir que le carbone se forme dans la plante même ; si maintenant nous montrons que c'est le carbone qui se transforme en chaux sous l'action de la pression centripète qui pousse les couches ligneuses vers le centre des tiges, nous n'étonnerons personne, et on conclura, avec nous, que c'est l'être lui-même qui fabrique son calcaire.

PREUVE DE LA FAUSSETÉ DE LA THÉORIE DE SENEBIER
Si nous faisons germer une graine sous une cloche dont l’air ne contient pas d’acide carbonique, si le sol artificiel sur lequel nous la plaçons n’en contient pas, et si nous l’arrosons avec de l’eau distillée dans laquelle il n’y en avait pas, nous ne voyons pas moins notre graine germer, devenir une plante, grandir et fabriquer de l’amidon et de la chlorophylle, et, au bout d’un certain temps, contenir une quantité de carbone beaucoup plus grande que celle que pouvait contenir notre graine. Nous avons réalisé avec succès cette expérience que, du reste, d’autres avaient faite plus ou moins complètement avant moi.
Cl. Bernard démontrait que l’acide carbonique de l’air n’est pas décomposé par la chlorophylle en mettant un chou sous une cloche dont l’air ne contenait pas d’acide carbonique. Le chou poussait et fabriquait du carbone.
En face de ce fait, Cl. Bernard crût que la plante puisait son carbone par les racines, mais les botanistes ont prouvé, par de nombreuses expériences, que loin d’absorber de l’acide carbonique par les racines, la plante, au contraire, meurt quand on lui en fait respirer par ces organes.
Parmi les faits nombreux qui rendent l’hypothèse de Senebier impossible, on invoque entre autres, celui-ci : C’est que les feuilles ne pourraient pas décomposer l’acide carbonique sec et qu’il faudrait, pour opérer cette décomposition qu’il fut dissous, ce que les feuilles presque toujours sèches ne font pas.
Donc, les feuilles vertes ne décomposent pas du tout d’acide carbonique. Et cependant, dans les cellules de la feuille il se forme de l’amidon qui assimile du carbone.
A côté des faits fournis par la méthode expérimentale, en voici d’autres qui n’ont pas moins de valeur. Ce sont ceux qui sont fournis par la logique et le raisonnement.
Si le carbone des plantes provenait de l’acide carbonique de l’atmosphère il faudrait trouver dans l’atmosphère une quantité de carbone au moins égale à celle qui s’amasse tous les ans dans la végétation. Il n’en est rien. L’immense quantité de carbone que font les plantes chaque année est bien supérieure à celle qui existe dans l’atmosphère à l’état d’acide carbonique.
Si l’on nous objecte que les foyers de combustion et la respiration des animaux sont des sources considérables d’acide carbonique, nous répondrons qu’avant l’apparition de l’homme sur terre, alors qu’il n’existait pas de foyer artificiel de combustion, et même avant l’apparition des animaux, alors que la respiration animale ne pouvait pas fournir d’acide carbonique, la végétation était bien plus puissante qu’elle ne l’a été depuis l’apparition de l’homme et, surtout, depuis l’envahissement de l’industrie.
Si le libre-échange de gaz que l’on a imaginé entre les animaux et les plantes était réel, si les végétaux avaient besoin, pour fabriquer leurs tissus, de l’acide carbonique expiré par les animaux, il n’y aurait pas eu de végétaux sur la terre avant l’apparition des animaux, et de nos jours même, on devrait mesurer l’intensité de la vie végétale par le nombre des habitants vivant dans le même lieu que les plantes. Les endroits inhabités par les animaux devraient être dépourvus de végétation, ou, au moins, n’avoir qu’une végétation rabougrie, languissante. Or, c’est tout le contraire qui arrive, les plus belles forêts sont des lieux inhabités tandis que, dans les centres de population et d’industrie, les arbres sont chétifs.
D’un autre côté, nous ne voyons pas non plus que l’oxygène donné par les plantes aux hommes soit indispensable à leur existence. Les animaux vivent très bien dans des endroits absolument dépourvus de végétation, et, dans de grands centres de population comme Paris et Londres, où, pour plusieurs millions d’habitants, hommes et animaux, il n’y a presque pas d’arbres, nous ne voyons pas que la vie soit ralentie.
Autre objection. L’acide carbonique étant plus lourd que l’air, doit se déposer à la surface terrestre, comme cela a lieu dans la célèbre Grotte du Chien. Si l’acide carbonique de l’air était à l’origine du carbone de la plante, la source où les feuilles le puisent, il faudrait que l’arbre fut baigné dans une atmosphère d’acide carbonique, et comment ce gaz se maintiendrait-il à la hauteur des branches sans tomber à la surface du sol ? S’il si maintenait, et si sa quantité était suffisante pour fournir tout le carbone que les feuilles d’un arbre assimilent, les animaux qui vivent sous les arbres seraient asphyxiés.
Il ne faut pas invoquer la loi du « mélange des gaz » car cette loi est infirmée par ce qui se passe dans la Grotte du Chien où l’acide carbonique reste sur le sol sans s’élever dans l’atmosphère.
Lorsqu’une théorie est en faveur il se trouve toujours des gens qui prétendent la prouver expérimentalement, alors même que la fausseté de cette théorie est mise en évidence, plus tard, par d’autres expériences (ce qui diminue singulièrement l’infaillibilité de la méthode expérimentale). C’est ce qui est arrivé dans cette question.
Mais nous dira-t-on, si l’acide carbonique de l’atmosphère n’intervient pas dans la production de carbone effectuée par la plante, d’où vient le carbone ? Car les éléments ne se créent pas spontanément, ils sont éternels et indestructibles, donc, pour qu’ils apparaissent en un endroit il faut, de toute nécessité, qu’avant leur apparition ils se soient trouvés ailleurs. C’est absolument vrai lorsqu’il s’agit d’un élément, mais… Nous allons démontrer que le carbone n’est pas un corps simple.

HISTOIRE DU CARBONE
Dans l’expérience dont nous avons parlé plus haut et qui consistait à faire germer une graine et pousser une plante sous une cloche qui ne contenait pas d’acide carbonique, qu’y avait-il dans le milieu donné à la plante ? De l’oxygène, de l’azote et l’hydrogène de l’eau qui servait à l’arrosage : c’est-à-dire les éléments que nous avons vu mis en présence à l’aurore de la vie. C’est donc au dépens de ces trois corps, non seulement que la matière primitive s’est formée, mais que la plante forme encore ses tissus, et, cependant, dans ses tissus le carbone domine. Le carbone n’est donc pas un élément puisqu’il apparaît là où il n’était pas.
Et non seulement il apparait où il n’était pas, mais dans d’autres circonstances nous le voyons disparaître sans laisser de traces ; ainsi, par exemple, dans la décomposition du carbonate de bismuth on retrouve tous les éléments du composé, moins le carbone. Or rien ne se créé, rien ne se perd. Un corps simple est indestructible et doit toujours se retrouver au sortir d’une combinaison, comme il devait exister avec la combinaison.
Donc le carbone n’est pas un corps simple. Et cependant, ce n’est pas non plus un composé. C’est une manière d’être, un état physique, une transformation d’un autre corps, et cet autre corps c’est l’azote (1).
L’azote, cet élément passif, qui est partout autour de nous, exerce sur les corps organisés une action qui est restée un mystère pour la chimie organique. On n’a pas plus compris son rôle que l’on n’a compris celui du carbone. En faisant l’histoire de l’un nous faisons l’histoire de l’autre.
L’azote, qui est encore la nourriture indispensable des êtres vivants, a été la première nourriture de la matière protéique primitive, la première nourriture de l’être en genèse.
C’est encore ici le cas d’appliquer ce principe ; que la force ou l’action qui entretien une fonction est toujours celle qui, à l’origine, a créé l’organe et la fonction. Sans azote pas de renouvellement des tissus, donc sans azote pas de tissu primordial.
L’azote, qui semble un corps indifférent aux actions physiques, se laisse cependant influencer par les courant électriques faibles ; sous leur action, ou, ce qui revient au même, sous l’action de l’oxygène naissant, il change de nature, il se modifie et apparaît sous une nouvelle forme qui est le carbone.
Si nous cherchons comment s’accomplit cette transformation au moment où les courants radiants s’arrêtent pour former une molécule, nous trouvons que c’est au mouvement même des courants qu’est due cette action. L’azote qui règne partout règne entre les atomes radiants, il sépare, entre eux, ceux qui sont sur une même ligne, comme il sépare deux traits radiants placés à une petite distance l’un de l’autre, comme il sépare deux faisceaux plus écartés encore.
Or, lorsque deux courants électriques, formés de plusieurs atomes rangés sur une même ligne, viennent à s’arrêter, le mouvement annulé produit une pression subite qui suffit pour donner à l’azote, qui règne entre les atomes, une secousse qui le condense ; dans cet état nouveau de condensation il se trouve mis en présence des autres éléments qui se décomposent aussi dans le milieu où s’opère la genèse primitive et il entre en combinaison avec eux.
Tous ces phénomènes sont nécessaires pour former le substractum chimique qui commence un individu.
M. Berthelot a démontré que l’azote est absorbé par les matières organiques sous l’action lente et prolongée de charges électriques très faibles et continues, telles que celles qui existent d’ordinaire dans les couches atmosphériques.
Tels sont les premiers procédés que la Nature emploie pour donner à la matière cette impulsion que l’on appelle la vie.
Résumons cet exposés en disant que l’électricité atmosphérique est indispensable à l’apparition de la vie puisque, pour qu’elle se manifeste, pour que les éléments inorganiques changent d’état et deviennent des éléments organiques, il faut que des courants radiants, positifs et négatifs, se rencontrent dans un milieu humide, il faut que ces courants fassent passer l’azote de l’air à l’état de carbone et que celui-ci entre aussitôt en combinaison avec l’hydrogène de l’eau, l’oxygène des courants et une petite quantité d’azote emprisonnée dans la masse, qui reste libre et se dissous. Tout cela concourt à former le composé albuminoïde qui est le point de départ de la vie.
Ce composé primitif a une formule qui varie infiniment quoiqu’on lui ait donné celle-ci comme la plus approchée :

C40 H31 AZ5 O12

Il est impossible que la formule soit toujours la même puisque la constitution atomique de la molécule primitive d’oxygène varie, et, en variant fait varier la quantité de carbone qui entre dans le substractum primitif, puisque le nombre d’atomes rangés sur une même ligne détermine la quantité d’azote qui règne entre les atomes.
Les courants pauvres (et ce sont les courants négatifs) apportent dans le composé moins d’atomes d’oxygène et plus d’azote transformé en carbone. Cette différence chimique déterminée au début même de la vie, est la cause, non seulement des complications infinies que l’on trouve dans l’évolution chimique des êtres vivants, mais surtout des différents genres, des différentes espèces.
Nous avons vu que c’est la composition atomique de la molécule primitive d’oxygène qui détermine toutes ces différences.
Haeckel dans son ouvrage « La création naturelle », dit : « De tous les éléments le carbone est, pour nous, de beaucoup le plus intéressant, le plus important ; car, chez tous les corps, animaux et végétaux, cette matière primordiale joue le rôle principal. C’est cet élément qui, par sa tendance spéciale à former, avec les autres éléments, des combinaisons complexes, produit une grande diversité dans la constitution chimique et, par suite, dans les formes et les propriétés vitales des animaux et des plantes. La propriété caractéristique du carbone c’est de pouvoir se combiner avec les autres éléments, dans des proportions infiniment variées en nombre et en poids. C’est par la combinaison du carbone avec trois autres éléments, l’oxygène, l’hydrogène, et l’azote auxquels il faut ajouter le plus souvent le soufre et aussi le phosphore, que naissent ces combinaisons extrêmement importantes, ce premier et indispensable substractum de tous les phénomènes vitaux, je veux parler des composés albuminoïdes (matière protéique) » (Haeckel, La création naturelle)
(1) Dans les cours qu'il donnait à la Sorbonne, M. Sainte Claire Deville dit un jour ceci :
« Nous avons démontré que l’oxygène n’est pas un élément (?) il est probable que nous pourrions en dire autant de l’azote qui, probablement, est un composé qui se décompose au-dessus de notre atmosphère ». M. Sainte Claire Deville entrevoyait donc la possibilité d’une décomposition de l’azote. Nous ne savons sur quels faits il basait cette hypothèse, il est mort sans avoir pu pousser plus loin ses recherches qui, nous n’en doutons pas, l’aurait amené au même résultat que nous.

DÉSASSIMILATION DU CARBONE
Tout ce que nous avons dit jusqu’à présent du carbone n’est relatif qu’à son assimilation. Il nous reste à parler de sa désassimilation, c’est-à-dire de sa présence dans l’organisme à l’état d’acide carbonique qui est la forme ultime qu’il prend et sous laquelle il est expulsé du corps.
Cette désassimilation s’opère aussi bien dans les plantes que dans les animaux. Le carbone qu’elles ont fabriqué par le procédé que nous avons indiqué plus haut, subit dans l’organisme mille modifications en s’unissant aux divers éléments qu’il rencontre ; ces modifications sont toute l’histoire de la chimie organique.
Finalement, il est rejeté du corps et, alors, remis en liberté dans l’atmosphère où, après fort peu de temps, et sous différentes actions physiques et chimiques, l’acide carbonique est décomposé en ses éléments, c’est-à-dire retourne à son état primitif et rentre dans le grand réservoir commun d’azote et d’oxygène.
S’il n’en était pas ainsi, si l’acide carbonique jeté dans l’atmosphère y restait, dans les grands centres industriels où il y a toujours très peu de végétation pour le reprendre (suivant la théorie de Senebier) l’air serait constamment chargé de ce gaz et irrespirable pour les hommes.
L’acide carbonique se décompose par la chaleur ce qui est encore un fait à invoquer contre l’hypothèse de Senebier. En été, alors que la vie végétale a le plus d’activité, la chaleur est presque toujours assez élevée pour décomposer l’acide carbonique de l’atmosphère. C’est parce qu’en été tout l’acide carbonique jeté dans l’air par les animaux et par les foyers de combustion est promptement décomposé et rendu à son état primitif, que l’air est pur, tandis qu’à basse température cette décomposition ne s’opère pas ; donc, en hiver l’air est moins pur.
Les partisans des causes finales expliquent l’apparition des végétaux sur la terre avant celle des hommes et des animaux par la nécessité de purifier l’atmosphère par leur respiration, en lui enlevant l’acide carbonique qu’ils supposent y avoir régné, et en fabriquant des tissus qui puissent servir de nourriture aux herbivores, lesquels, plus tard, pourront servir de nourriture à l’homme. Donc, pour eux, il existe un Créateur qui, dès l’origine du monde, a eu en vue la création de l’homme, but et fin de toutes choses, qui a préparé, longtemps à l’avance, cette création ultime par une série de création préparatoires, qui a façonné un monde pour pouvoir, un jour, inviter cet être privilégié à venir en prendre possession.
Et pour soutenir de pareilles extravagances, on invoque des faits scientifiques, on torture la pauvre science qui sert de prétexte à tant de divagations.
C’est pour soutenir cette idée absurde qu’on a imaginé de dire qu’il fallait des végétaux pour enlever à l’air un excès d’acide carbonique que l’on a inventé pour la circonstance, afin que l’homme et les animaux pussent venir, plus tard, vivre dans cette atmosphère primitivement impure.
De cette manière on fait servir les conclusions de la théorie de Senebier, qui est fausse, à la confirmation d’une idée qui n’est pas moins fausse. Tout cela est de la fable et constitue la mythologie scientifique des modernes. Il n’y a pas eu de création préméditée dans un but déterminé, les végétaux ont paru avant les animaux parce qu’ils sont le premier stade de l’évolution animale ; ils sont avant les animaux comme l’enfant est avant l’homme. Il n’y avait pas d’excès d’acide carbonique dans l’atmosphère, attendu qu’aucune plante ne peut vivre dans un milieu chargé d’acide carbonique. Bien plus, nous soutenons qu’il n’y avait « pas de carbone du tout », sous aucune forme, avant l’apparition de la vie, puisque ce corps ne prend naissance que sous l’influence de la vie, et n’existe, sous forme d’acide carbonique, qu’après qu’un travail de décomposition organique s’est opéré (1). Si sans carbone il n’y a pas d’êtres vivants, nous pouvons affirmer que sans être vivants il n’y a pas de carbone.
« Il est inexact d’enseigner, comme on le fait d’ordinaire, dit M. Paul Bert, que les végétaux ont dû apparaître sur la terre avant les animaux afin de purifier l’air de la grande quantité de CO2 qu’il contient. En effet, la germination, même celle des moisissures, ne se fait pas dans l’air assez chargé de CO2 pour être mortel aux animaux à sang chaud.
« Il l’est tout autant, ainsi que je l’ai fait il y longtemps observer, d’expliquer l’antériorité des reptiles par rapport aux animaux à sang chaud, par l’impureté de l’air souillé de trop de CO2 ; les reptiles, en effet, redoutent ce gaz plus encore que les oiseaux et surtout que les mammifères. »
Rien n’a été prémédité, rien n’a été voulu, et les effets qui se sont produits, aussi bien l’apparition de la vie que tous les autres phénomènes, ont été le résultat des forces qui régnaient alors et qui agissaient sur la terre. Le principe de vie qui fit la première plante la fit inconsciemment sans savoir que l’homme habiterait un jour la terre, et il aurait fait cette première plante alors même que l’homme, par un cataclysme quelconque, ne se fut pas formé lentement pour arriver un jour à son état actuel d’organisation.
(1) Exception faite de celui qui se produit dans les foyers de combustion. Mais il n’y a pas de combustion artificielle dans un monde sans habitant. Bien plus, il n’y a pas de combustibles, puisque tous ont une origine organique.

L’AZOTE
Si la matière d’où résulte la constitution matérielle spéciale des organismes est le carbone, et si le carbone n’est que de l’azote modifié, nous sommes obligés, en dernière analyse, de ramener tous les phénomènes chimiques de la vie à la présence de l’azote dans l’organisme et à ses propriétés physico-chimiques encore si peu connues.
Si la différence fondamentale qui sépare les corps organisés des corps inorganiques provient de ce que les premiers contiennent toujours du carbone, c’est parce que la vie même repose sur cette modification de l’azote, elle est intimement liée à la transformation de ce corps : Le carbone n’a pu apparaître que dans les conditions qui produisent la vie.
Mais si nous suivons le cours de l’évolution chimique, nous voyons que le carbone est constamment uni à l’hydrogène ou à l’azote. L’hydrogène semble même s’unir à lui d’une façon si intime qu’on a pu dire qu’il n’y a pas de carbone absolument pur et dégagé d’hydrogène. Si bien que le carbone ne serait, en résumé, qu’un carbure d’hydrogène peu hydrogéné.
Ceci nous ramène à l’hypothèse qui est formulée dans l'article « Cosmogonie ». L’hydrogène, l’azote et le carbone ne sont qu’un même corps sous trois états différents.
Ils forment une famille « négative » qui entre dans la constitution des corps vivants à titre de matériaux de construction, mais qui ne concourt pas à produire la vie, laquelle est, tout entière apportée par l’oxygène, le corps actif qui s’agite au sein d’un plasma négatif.
Ce plasma négatif fait de la « substance de l’Univers », (l’ancien éther des poètes) est éminemment instable dans son état physique et chimique ; le moindre changement de densité entraine un changement chimique dans ses composés.
C’est sur ce fait qu’est basée la variabilité infinie des substances organiques.
Ainsi donc, l’assimilation de l’azote est une des conditions essentielles à l’entretien de la vie commencée. Le phénomène produit à l’origine, aux dépens de la source immense d’azote qui nous entoure dans l’atmosphère, se renouvelle dans l’individu aux dépens de l’azote puisé dans d’autres sources. Car, l’entretien de la vie exige que toutes les actions commencées se continuent, c’est-à-dire que la genèse primitive se renouvelle incessamment. La vie peut se ralentir mais elle ne souffre pas de temps d’arrêt.
Nous avons vu que pour que la vie apparaisse il fallait trois conditions essentielles : des courants électriques, c’est-à-dire de l’oxygène à l’état naissant, de l’eau et de l’azote. Il faut donc, pour entretenir la vie qu’il y ait toujours dans le corps vivant :
1°) des courants radiants, qui ne s’arrêtent jamais car leur arrêt serait la cessation immédiate de tous les phénomènes vitaux dont ils sont l’origine ;
2°) de l’eau ;
3°) de l’azote afin que ce corps, en se transformant, fournisse à la matière organique le carbone sans lequel elle ne serait pas.
C’est pour cela que les animaux, pour renouveler leurs tissus, formés en grande partie de carbone, ont besoin de consommer de l’azote (1), et non pas du carbone qui n’est qu’un résidu devenu impropre à de nouveaux échanges.
L’azote est donc indispensable à l’entretien des corps vivants, il est leur principale nourriture, puisqu’il renouvelle, sans cesse, le carbone indispensable à la matière protéique qui, incessamment se réforme.
Mais le protoplasma azoté s’use pendant que la transformation s’opère, l’azote disparait en se transformant. L’intensité des phénomènes vitaux diminue à mesure que la substance première s’éloigne de sa formule primitive, les parties qui ne renferment plus d’azote sont en état d’évolution chimique décroissante.
Mais si l’azote disparait des composés qui le renfermaient, il n’en est pas de même du carbone. Quelles que soient les modifications accomplies dans la matière organisée, le carbone s’y retrouve toujours, comme un témoin de l’action qui s’est opérée au début de l’évolution chimique.
(1) On a constaté que le sucre, la gomme, l’huile, la graisse dans la constitution desquels il n’entre pas d’azote, ne peuvent suffire pour la nourriture des animaux. L’usage d’une certaine quantité d’aliments azotés, tels que le gluten, l’albumine, etc., est indispensable à l’entretien de la vie de tous les êtres.

ÉLÉMENTS SECONDAIRES
Les quatre éléments dont nous nous sommes occupés jusqu’à présent ne sont pas les seuls qui entrent dans la composition des corps organisés, il faut y ajouter en général, c’est-à-dire pour les plantes et les animaux, le phosphore, le soufre, le chlore, le silicium, le fer, le calcium, le potassium, le manganèse, le magnésium, le sodium ; dans certains cas le fluor, l’iode, l’alumine, le brome, le cuivre, le plomb, l’arsenic, le lithium, l’argent, le cæsium, le rubidium. Il est probable qu’on pourrait en ajouter bien d’autres car on a trouvé dans les matières extraites de la houille presque tous les corps simples.
Tous ces éléments mélangés ou combinés avec l’oxygène et l’eau forment la terre végétale.
D’où viennent-ils ? Les plantes les puisent-elles dans le sol ou bien dans l’atmosphère, les seules sources où elles s’alimentent ?
Le sol étant, lui-même, le résultat des éléments cosmiques, le dépôt, accumulé par les siècles, des éléments atmosphériques, ce n’est pas dans le sol, qui n’est qu’une conséquence, mais dans l’atmosphère, qu’il faut chercher l’origine des éléments qui constituent la terre.

ORIGINE COSMIQUE DES MATIÈRES TERRESTRES
Si nous imaginons une coupe verticale de la terre, nous constatons que les diverses couches géologiques qui la constituent sont superposées les unes aux autres, comme des feuillets annexés successivement. Nous voyons, par exemple, que la période houillère, qui doit être représentée, dans cette coupe imaginaire, par une zone plus noire que les autres, enveloppe les couches qui l’ont précédée, de manière à nous prouver que, à un certain moment de la vie de notre planète, elle en a été la surface ; nous voyons qu’elle est, elle-même, recouverte par d’autres zones, de formation plus récente, qui l’ont enveloppée à leur tour, comme elle avait enveloppé les plus anciennes.
La terre s’accroit donc continuellement en volume et, à l’époque où la couche houillère était sa surface elle était beaucoup plus petite qu’aujourd’hui. La matière, sans cesse annexée, qui l’augmente lui vient du dehors, puisqu’elle se dépose, par couches régulières, au-dessus des couches déjà formées. Remarquons aussi que cette annexion est constante et régulière, elle ne s’opère pas par des bouleversements accidentels, elle est lente. Elle est donc due à une action cosmique incessante.
Nous avons vu, en faisant l’histoire primitive de la terre, que la radiation n’est pas un mouvement vibratoire ou ondulatoire, mais un transport d’atomes, c’est-à-dire de matière, à l’état naissant ou radiant. Nous avons vu que lorsque la matière radiante rencontre dans sa route un obstacle qui l’arrête elle passe à l’état gazeux. Or, la terre est entourée de toutes parts d’astres qui lui envoient leurs radiations. Ces radiations constituées par des atomes de natures diverses, s’arrêtent à la surface terrestre et, là, changent d’état. La pression incessante exercée par l’action électro-motrice de toutes ces radiations fait passer incessamment ces matières gazeuses à l’état solide. L’eau, l’oxygène de l’air, avec lesquels se combinent les atomes apportés par les radiations stellaires, forment les divers composés qui constituent la croûte terrestre.
Comme cette annexion constante de matière, commencée dans le passé de la terre, doit continuer à s’opérer de nos jours, nous devons en être les témoins et, en observant ce qui se passe autour de nous, nous devons trouver des traces de ces corps étrangers qui nous arrivent incessamment de l’espace.
En effet, nous sommes tous les jours témoins de ce fait sans en comprendre la signification. La matière cosmique qui nous arrive sans cesse de l’espace se dépose sur toutes les surfaces planes, sur tous les objets qui nous entourent.
C’est la poussière, que nous enlevons dans nos maisons, mais qui s’accumule dans les endroits où on la laisse et qui, après une longue action du temps, arrive à constituer une zone de terre qui devient une couche géologique. On a reconnu dans les poussières atmosphériques, formées des atomes apportés par les radiations, toutes les matières qui forment la masse inorganique de la terre.
Nous savons que la radiation exerce une action lumineuse, une action électro-motrice, une action calorique et une action chimique. Tous ces effets de la radiation sont faciles à constater lorsqu’on les étudie dans la radiation solaire, mais l’étude des radiations stellaires n’a pas encore été entreprise et, cependant, les phénomènes que ces radiations déterminent sont les mêmes, quoique leurs effets, sur la surface terrestre, se fassent sentir avec moins d’intensité, puisque les foyers qui les émettent sont situés, dans l’espace, à des distances considérablement plus grandes de nous que le foyer solaire.

ACTION CHIMIQUE DES RADIATIONS STELLAIRES
Pour convaincre ceux qui seraient tentés de nier la présence des atomes dans les radiations, il suffit :
1°) de démontrer qu’il n’y a pas de force sans matière et la radiation est une force ;
2°) de mettre en évidence l’action chimique qu’elles exercent, car, pour qu’il y ait une action chimique il faut qu’il y ait combinaison ou décomposition. La chimie même repose sur cette loi, puisque c’est la science des phénomènes qui sont accompagnés d’un changement dans la nature intime des corps. Une action de « présence » n’est pas suffisante pour déterminer un phénomène chimique.
Il serait impossible d’énumérer ici les actions chimiques produites par les radiations stellaires, qu’on appelle les « rayons chimiques ». Nous avons montré que la radiation solaire est un principe d’oxydation ; les autres radiations sont des principes de sulfuration, de chloruration, de bromuration, etc., etc.

ABSORPTION DES RADIATIONS
Les radiations stellaires, comme la radiation solaire, sont absorbées par le protoplasma vivant, c’est-à-dire que les atomes qui les constituent entrent directement en combinaison dans les tissus des plantes avec les éléments qui y régnaient déjà. C’est par le même procédé que les atomes radiants ont été absorbés par le plasma primitif, et ont concouru à sa formation. Car les actions qui s’accomplissent dans la vie végétale ne sont que la continuation de celles qui se sont accomplies à l’origine de la vie.
Les atomes qui constituent les radiations stellaires doivent donc se retrouver dans les composés qui se forment dans les plantes sans qu’il soit besoin que celles-ci les aient reçus sous une forme matérielle. Le travail de la plante est un travail de « synthèse », qu’il ne faut pas confondre avec la nutrition animale qui est un travail de réparation.
Les atomes qui sont apportés à la terre par les radiations stellaires entrent dans la composition des matières qui forment les couches terrestres. Par conséquent, on doit retrouver dans la couche superficielle de terrain d’un lieu donné, à peu près les mêmes éléments que dans le corps organisé qui se sont formés sur ce terrain.
Si à l’époque actuelle, il n’en est pas toujours ainsi, c’est parce que la culture est venue changer l’habitat primitif des plantes.
Dans les nouvelles conditions où elles se trouvent mises, il arrive qu’elles rencontrent des éléments pour lesquels elles n’ont pas d’affinité.
Dans ce cas, on peut trouver, sur le sol, des corps qui font défaut dans les tissus de la plante.
Dans l’énumération des éléments secondaires qui entrent dans la composition des corps organisés, nous avons placé le phosphore en première ligne. Cependant, le phosphore, comme le carbone, n’est pas un élément. C’est un corps d’origine organique.
Le phosphore n’existe pas, dans la nature, en dehors des composés vivants, des débris organisés ou des composés qui se sont formés aux dépens de ces débris. Aussi voyons-nous que, dans les couches géologiques, les phosphates sont toujours associés aux carbonates. Les uns et les autres procèdent de la vie. Leur abondance montre combien l’activité vitale a été puissante, à la surface terrestre, dans les âges passés de notre globe.

LES PROTOORGANISMES
Revenons à la molécule primitive, point de départ de l’être vivant.
L’oxygène qu’elle contient est le principe actif qui s’agite au sein d’un plasma négatif. Ce plasma, fait d’hydrogène, d’azote et de carbone, représente les matériaux de construction qui font la maison, l’oxygène en est l’âme.
La molécule d’oxygène qui entre dans le composé, qui est le premier mot de la genèse primitive, contient un nombre d’atomes qui résulte de l’apport de chacune des deux radiations qui ont concouru à la former. La molécule d’ozone qui en résulte peut donc se décomposer en atomes d’oxygène positif et en atomes d’oxygène négatif.
Or, l’oxygène a, sous ces deux états différents, des propriétés essentiellement différentes. Les courants positifs, qui engendrent les acides, possèdent une grande puissance chimique, ils représenteront, dans l’avenir de l’individu, le principe générateur, multiplicateur des tissus (Dans la vie commencée nous les verrons exercer leur action à l’extrémité terminale des nerfs sensibles).
Les courants négatifs, qui engendrent les bases, possèdent, à l’état radiant, une plus grande vitesse, ils sont surtout des agents mécaniques. (Dans la vie commencée ils sont les agents de l’influx nerveux moteur). Mais loin de posséder l’action génératrice du courant positif, ils exercent une action toute contraire, ils désorganisent ce que les courants positifs organisent, ils détruisent les tissus que le principe positif a formé.
C’est le principe destructeur représenté dans toutes les mythologies anciennes.
Le milieu primitif dans lequel le plasma originel se forme, et aux dépens duquel il se forme, détermine la constitution chimique de la cellule primitive et du corps qui en résultera.
Il peut arriver que l’oxygène positif soit le mieux représenté dans ce composé, alors son action physique et chimique domine ; il peut arriver que ce soit l’oxygène négatif qui prédomine et impose à l’être qui se forme ses caractères physico-chimiques.
Mais, comme les conditions essentielles de la vie sont renfermées entre des « maxima » et des « minima » au-delà desquels elle n’apparaît pas, l’un des deux courants, quelques faible qu’il soit, ne peut jamais faire défaut : cependant ses degrés d’intensité peuvent être infiniment variés.
Dans les composés inorganiques nous voyons déjà la quantité relative des atomes d’oxygène positif et négatif varier dans les sels neutres. Le rapport de la quantité d’oxygène de l’acide à la quantité d’oxygène de la base peut être de 5 à 3 – de 5 à 2 – de 5 à 1 – de 3 à 1 – de 2 à 1.
Enfin, il existe des cas où deux acides sont identiques par leur composition chimique et, cependant, possèdent des propriétés physiques différentes ; l’un est dextrogyre et l’autre est lévogyre. Ce qui indique que l’oxygène qui entre dans leur composition, tout en s’y trouvant dans les mêmes proportions, n’y est pas dans le même arrangement, et, par suite, n’obéit pas de la même manière à l’attraction qu’exercent les rayons lumineux. Exemple : le tartrate double d’ammoniaque, le saccharose et le glycose, l’acide tartrique.
La distance qui sépare un composé d’un autre et lui donne un caractère chimique et physique différent donne au composé vivant des caractères différents. La présence d’un atome en plus, la place qu’il occupe dans la molécule, peut changer toutes les conditions de la vie future. Et, comme la formule primitive est irrévocable, c’est dans toute la descendance d’un premier être que l’on retrouvera les différences déterminées au début par la présence, ou la place occupée, d’un atome. Le milieu dans lequel se forme la matière vivante donne à l’être des caractères spécifiques qui se perpétuent, qui sont immuables et le classent, dès son origine, dans une caste biologique à jamais fixe.
Ceux qui sont nés « la première fois » dans un milieu alcalin sont doués, dès le début de leur existence, des facultés que l’oxygène négatif engendre ; ils sont aptes à exécuter des mouvements sous leur premier état cellulaire, ils sont analogues, chimiquement, aux cellules nerveuses motrices de l’animal supérieur, car le système nerveux représente le dualisme primitif qui a engendré la vie ; ils possèdent en eux, le « ferment moteur » qui est l’agent destructeur qui luttera avec la vie et l’abrègera ; leur existence sera courte et leur développement presque nul. Les êtres qui naissent sous cette forme sont des individus cellulaires doués de mouvement : des vibrions, des infusoires, etc.
Ceux qui se sont formés dans un milieu acide possèdent l’activité chimique qu’engendre l’oxygène positif. Ils ont, en eux, le germe de toutes les qualités qui se développeront par l’entremise su système nerveux sensitif : la synthèse des tissus, la multiplication des membres et des organes, par conséquent, la croissance, le développement ; mais ils sont privés de mouvements.
On peut donc diviser les protoorganismes en deux classes infiniment subdivisibles elles-mêmes ; dans l’une les êtres sont doués de mouvement, dans l’autre ils en sont privés.
Les premiers seront appelés des animaux, les seconds seront des végétaux. Ceux-ci posséderont en eux un agent multiplicateur qui les fera croitre et vivre presque indéfiniment (car la limite de leur croissance et de leur existence vient du milieu qu’ils occupent et non d’eux-mêmes).
Cependant, entre ces deux extrêmes, on peut placer des degrés de transition séparés entre eux par des distances infiniment petites, si bien qu’il peut y avoir une infinie variété de protoorganismes.
Les êtres doués de mouvement mais presqu’entièrement privés de sensibilité sont à peu près privés de conscience, car la conscience naît de la réunion des deux éléments, l’élément sensitif et l’élément moteur.
Il en est de même des végétaux qui ont, au commencement de leur existence, le principe sensitif (l’irritabilité des anciens botanistes) mais sont privés de motricité.
Nous ne pouvons pas suivre le développement des protoorganismes « moteurs » puisqu’ils n’évoluent pas, leur vie est éphémère. Quant aux protoorganismes « sensitifs » leur évolution fera l’objet d'une longue étude dans l'article sur nos véritables origines. Ce sont les seuls qui évoluent, c’est d’eux que nous verrons sortir toutes les espèces aujourd’hui vivantes sur la terre. (Sauf les animaux aquatiques dont l’origine et l’évolution ne ressemblent en rien à l’origine et à l’évolution des animaux aériens).
On pourrait résumer ce chapitre par cette loi qui est le point de départ de l’évolution chimique et, par conséquent organique :
L’agent conservateur qui règne dans les cellules sensitives fait du carbone.
L’agent destructeur qui règne dans les cellules motrices brûle le carbone.

LE PRINCIPE GÉNÉRATEUR DE LA VIE
Après nous être occupés de la genèse scientifique, il nous reste à mettre la question sur le terrain de la philosophie.
Après la formation de l’Univers nous voyons toutes les religions de l’antiquité s’occuper de la genèse des êtres organisés : Après la cosmogonie, premier mot des sciences religieuses, la biologie.
Mais si tous les dogmes de l’antiquité expliquent la vie, tous prennent pour point de départ « Dieu », ou plutôt le « Principe Divin » dont ils font le Principe générateur. Si les modernes rejettent, même sans examen, toutes ces doctrines de l’antiquité, c’est parce que ce point de départ, cette présence et cette action de Dieu à l’origine, semble aujourd’hui inutile et inconciliable avec les méthodes scientifiques.
En effet, il est avéré que dans tout ce qui se passe sur la terre, dans tout ce que nous pouvons observer, la science n’aperçoit rien qui lui dénote l’action personnelle et incessante d’une volonté arbitraire, à laquelle elle puisse immédiatement attribuer les phénomènes de la Nature.
Mais si, abandonnant la mesquine interprétation des idées primordiales qui règne dans les temps modernes, si, renonçant à voir dans la divinité un être possédant les attributs et quelquefois même la forme de l’homme, nous remontons aux conceptions des premières époques de l’humanité pensante, nous voyons que ce « Principe Divin » dont on invoque toujours la présence et l’action pour expliquer « La Vie », n’est pas autre chose que l’élément universel et tout-puissant que nous appelons aujourd’hui L’OXYGÈNE.
La science moderne, d’accord avec les dogmes de la haute antiquité, a démontré que cet élément est bien le principe de vie. Si dans toutes les anciennes religions nous voyons affirmer l’intervention de ce principe, si nous le voyons intervenir activement, matériellement, ne nous récrions pas sur l’ignorance des hommes qui ont affirmé de telles choses, ayons la bonne foi de reconnaître, au contraire, qu’ils étaient en possession de la vraie cause qui engendre et régit la vie, et que ce sont les modernes qui méritent tout le dédain que nous sommes habitués à leur prodiguer.
L’humanité historique, dont la raison s’est affaiblie, a mis un mot là où l’humanité antique avait mis une cause.
Les premiers hommes comprenaient ce qu’ils expliquaient ; les hommes modernes expliquent ce qu’ils ne comprennent pas.
En remontant dans l’histoire nous voyons les idées s’éclaircir à mesure que nous nous éloignons de l’ère chrétienne en nous enfonçant dans le passé.
Aujourd’hui, deux doctrines sont en présence pour expliquer l’origine de la vie à la surface terrestre. L’une affirme la genèse naturelle effectuée par l’action même des éléments qui la produisent : c’est la doctrine antique retrouvée. L’autre invoque l’intervention d’un Dieu surnaturel.
Or, en démontrant que le principe dans lequel les anciens ont vu « la Divinité » n’est autre chose que le principe de vie que les modernes ont appelé « l’Oxygène », nous pouvons affirmer que la genèse des êtres vivants est un acte de Dieu, puisque cette affirmation sous-entend, « du Dieu primitif » dont l’idée, d’abord altérée, s’est perdue peu à peu dans le monde.
Par ce système, nous pouvons donner raison tout à la fois aux partisans de la genèse naturelle et aux partisans de la genèse divine ; nous pouvons affirmer, avec les uns et les autres, que « Dieu créa l’homme ».

L’IDÉE DE DIEU DEVANT LA SCIENCE
C’est à la science désormais que la philosophie a à demander la solution des problèmes qui ont de tous temps agité l’esprit humain. C’est à elle, par conséquent, que nous avons à demander la connaissance du principe primordial qui, sous tant de noms et de formes divers, a été célébré par les différents peuples qui ont successivement occupé la terre.
Car, il faut bien le reconnaître, l’idée de Dieu est universelle ; non seulement elle est la base de toutes les croyances religieuses, mais la plupart des systèmes philosophiques l’ont affirmée.
Or, lorsqu’une idée est aussi ancienne et aussi universelle, il faut bien avouer qu’elle constitue un phénomène psychologique et historique digne d’occuper l’attention des penseurs, digne surtout d’être examinée dans son principe, étudiée dans son origine et dans son évolution.
Donc, avant de nier l’idée divine, qui tient tant de place dans la vie morale des peuples, examinons d’où elle vient ; cherchons comment elle est née dans le cerveau de l’homme, comment elle y a grandi, s’y est modifiée, s’y est corrompue, quelle a été sa signification dans les temps passés et quelle somme de vérité elle représente. En un mot, poussons la physique nouvelle jusqu’aux derniers retranchements de la métaphysique.

CONCEPTION PRIMITIVE ET NATURELLE D’UN PRINCIPE CRÉATEUR
Dans la première éclosion de la pensée humaine, l’homme jeta autour de lui un regard, étonné d’abord, puis interrogatif. Tout ce qui l’entourait était mystère ; il voyait partout des effets produits par des causes inconnues ; il apercevait planant par-dessus toute la nature, une force immense, une puissance qui semblait tout diriger, sa vie comme le reste.
Les observations qu’il fit autour de lui pendant ces premiers jours de son histoire, durent être empreintes d’une grande précision, car lorsqu’il eut l’idée de définir, d’expliquer, de représenter cette puissance inconnue, il lui donna des attributs qui sont bien réellement ceux de la « force » qui régit le monde cosmique et le monde organisé. Il avait donc tout aperçu, tout deviné ; à défaut de science il avait l’intuition. Dans toutes les mythologies de l’antiquité, ces derniers vestiges des conceptions primitives, nous voyons la force personnifiée dans toutes ses manifestations ; chacune d’elles reçoit mille noms : on les appelle des Dieux. Les Dieux sont les principes qui gouvernent le monde.
Or, quelle que soit la corruption apportée plus tard à l’idée que représente le mot « Dieu », on n’a jamais pu en changer la signification primitive. Dieu est toujours resté « un principe qui gouverne le monde ».
Existe-t-il donc réellement un principe tout-puissant, qui soit à la fois l’origine et la cause de tous les phénomènes de la Nature, un principe qui donne et entretient la vie, un régulateur permanent qui soit si nécessaire et si évident que l’homme primitif, malgré son ignorance, le découvrit spontanément dans la Nature.
Interrogeons la science. Que nous dit-elle à ce sujet ?
Affirme-t-elle qu’il existe réellement un principe possédant une telle puissance, un principe à la fois physique, chimique et physiologique, car les phénomènes de la Nature relèvent de ces trois sciences, un principe qui soit surtout le grand agent biologique et en absence duquel la vie disparaitrait, ou plutôt, n’aurait jamais existé ?
Oui. La science répond affirmativement.
Elle nous enseigne qu’il règne en effet, dans la Nature, un principe primordial qui répond à tout ce que la métaphysique a inventé pour en doter Dieu, qui possède tous les attributs ontologiques de la divinité, qui gouverne tout, qui non seulement régit le monde physique, mais surtout le monde organisé, puisqu’il fait la vie et l’entretient dans les êtres qu’il a créés.
Ce principe, c’est l’Oxygène.
La science affirme que ce corps est bien réellement l’agent qui « gouverne le monde » puisque, sans lui, toute l’organisation physique de notre planète disparait. Il fait la lumière, donc sans lui la lumière s’éteint, il propage le son, donc sans lui, le son cesse de se propager. Il est le générateur de l’électricité qui n’est qu’une de ses formes, donc sans lui l’électricité est incréée. Sans lui l’atmosphère devenue une mer d’azote est mortelle. Le monde, sans lui, c’est le chaos.
Mais l’oxygène est aussi, et surtout, le principe qui gouverne le monde organisé. Il est l’agent de l’activité intellectuelle et, par-là, des actions morales de l’homme, puisque toutes les manifestations de la vie sont des actes.
Ses propriétés physiques, chimiques et physiologiques sont, du reste, celles que tous les peuples primitifs placent en Dieu, qu’ils définissent comme étant les attributs de Dieu. Il est, dans son essence, ce que Descartes, deux siècles avant les travaux de Lavoisier, définissait ainsi : « Par le nom de Dieu j’entends une substance infinie, éternelle, immuable, indépendante, toute puissante, et par laquelle moi-même et toutes les autres choses qui sont (c-à-d qui vivent) ont été créées et produites. »
Mais il ne suffit pas de démontrer que l’Oxygène est le principe qui gouverne le monde physique et crée le monde organisé ; il faut, en même temps, montrer qu’il n’en existe aucun autre qui puisse, en son absence, accomplir les actions qu’il accomplit, produire les effets qu’il produit. Il faut montrer que la conception d’une puissance existant en dehors de la Nature est une idée inutile en même temps que chimérique puisque toutes les actions qu’on lui attribue sont celles d’un corps connu. Si cette puissance existait, elle ferait double emploi ; elle serait dès lors inexplicable.
La conception d’un Dieu personnel et indépendant de la Nature ne s’est imposée à l’esprit de l’homme qu’en l’absence de la connaissance du principe qui l’anime. On a été en droit de supprimer cette conception chimérique le jour où on a retrouvé l’Oxygène (1).
Cependant, comme tous les hommes ne vont pas aussi vite dans l’évolution intellectuelle que nous accomplissons, comme il existe encore bien des personnes attardées aux idées qui entretenaient les discussions des siècles passés, comme les degrés de science que chacun possède varient à l’infini, il s’en trouvera certainement, parmi ces retardataires qui nous diront que Dieu est un principe qui existe en dehors et au-dessus de l’Oxygène, un principe tout-puissant, par conséquent, plus puissant que l’Oxygène. Si cette imprudente affirmation était prononcée, la science serait en droit de demander à ces philosophes qu’elle est la puissance qui peut créer la vie par un acte de volonté personnelle sans oxygène, qui peut faire la lumière sans oxygène, qui peut donner à l’être créé une sensation, une pensée, un mouvement sans oxygène ? Ces philosophes seraient mis en demeure de nous dire où sont les œuvres de ce Dieu et comment il se fait que son action isolée n’ait jamais pu créer un brin d’herbe, un insecte, une goutte d’eau sans le concours de l’Oxygène. La Toute Puissance de ce Dieu personnel, s’il existe, s’arrête donc où commence celle de l’Oxygène.
C’est sur ce terrain nouveau que nous plaçons la question de l’existence de Dieu. Au lieu de la résoudre par une négation systématique, nous la résolvons par une affirmation scientifique.
Cette solution inattendue ne sera peut-être pas bien comprise d’abord, mais, le premier moment d’étonnement passé, on reconnaîtra que nous n’altérons en rien les croyances séculaires de l’humanité et, qu’après tout, il ne s’agit ici que d’une substitution de mot. Nous présentons le principe sous un nom nouveau ; nous ne le nions pas, nous l’affirmons, au contraire, et avec la plus ferme conviction. Nous déclarons qu’il gouverne la Nature entière, qu’aucune puissance ne peut être opposée à la sienne, qu’il possède en lui l’essence de la force créatrice, qu’« il est » parce qu ’« il est », que nul ne peut l’avoir créé parce que nul n’est plus puissant que lui. Nous affirmons que nul ne peut entraver ses effets, que nul ne peut diriger ses actions, qu’il est le maitre de la destinée des hommes. Du reste, son existence et sa puissance sont démontrées par la science et constituent une de ces vérités fondamentales qu’aucune personne instruite n’oserait nier.
C’est donc bien lui, l’Oxygène, qui est l’élément créateur désigné par des noms divers dans les différentes langues de l’humanité primitive, nom que la traduction moderne, qui résume les langues et les idées du passé, exprime par le mot Dieu.
Lorsque Priestley en Angleterre, et Scheele en Suède, retrouvèrent cet élément en 1771, ils ne se doutèrent pas du grand rôle qu’il joue dans la Nature, ils n’aperçurent qu’un de ses petits côtés. C’est pour cela que Lavoisier lui donna un nom qui ne rappelle qu’un de ses caractères chimiques et n’indique pas sa grande puissance créatrice.
Il fit le mot oxygène de « Oxus genos » (acide j’engendre). Si nous avions eu l’honneur d’être appelée à donner un nom à ce principe, nous n’aurions pas pris un mot qui ne rappelle qu’un caractère aussi exclusif et qui ne lui est même pas spécial, nous en aurions choisi un qui rappelât son action génératrice de la vie, nous l’aurions appelé « Zoogène », ou plutôt « Biogène », car ce n’est pas seulement la vie animale qu’il engendre, c’est aussi la vie végétale.
Aujourd’hui nous sommes habitués au mot oxygène, il ne peut être question de le changer, mais, pour faire comprendre son pouvoir immense, sa puissance infinie, son éternité, son universalité et enfin toutes ses actions dont on a fait les attributs de la Divinité, nous avons un moyen, c’est d’unir le nom chimique qu’on lui a donné au mot Dieu qui résume dans l’esprit des hommes toutes ces qualités. Nous affirmerons donc que Dieu existe, mais nous ajouterons que ce principe qui gouverne le monde et nous a donné la vie c’est le Dieu-Oxygène. Et nous déclarerons « athée », c’est-à-dire sans « Dieu » quiconque niera cette puissance et voudra lui substituer celle d’un créateur quelconque forgé dans l’imagination des ignorants.
Il a fallu bien des recherches, bien des études, pour arriver à retrouver la véritable nature de ce principe, mais pour arriver à comprendre sa signification philosophique, ce qui est le couronnement de ces recherches, pour pouvoir lui rendre sa place dans l’esprit des hommes, il a fallu une inspiration soudaine donnée par ce principe lui-même, puisqu’il est l’agent de toutes les opérations intellectuelles, donc de toutes les « révélations divines ».
Jusqu’ici il n’avait été considéré que comme principe chimique et, quoiqu’il soit dans l’esprit de toutes les personnes éclairées que la chimie nous donnera la solution de tous les problèmes métaphysiques, personne encore n’avait aperçu ce lien qui rattache la science à la philosophie (2).
Mais il était dit que cet élément extraordinaire, dont la découverte a été le premier mot de la chimie moderne, nous donnerait aussi le premier mot de la philosophie nouvelle. La grande révolution qu’il a déjà amenée dans la science est résumée dans les lignes suivantes empruntées au dictionnaire de chimie de Wurtz :
« On peut dire que toute la chimie dualistique, celle de Lavoisier et de Berzelius, repose sur l’histoire de l’oxygène et de ses composés. Un signe apparent de la prépondérance attribuée à cet élément c’est la dérogation faite aux lois de la nomenclature quand il s’agit de nommer les acides oxygénés ; c’est encore le choix du poids atomique de l’oxygène et de son volume gazeux comme unité de mesure commune à tous les corps simples. Depuis Davy, Dalton et Gerhardt, l’oxygène a dû céder la première place à l’hydrogène, mais en cessant d’être l’élément type, il est resté l’un des corps simples les plus importants de la chimie ; c’est le plus abondant de tous. Il entre pour près de la moitié dans la construction des minéraux qui forment la croute terrestre, l’eau en contient les huit neuvièmes de son poids, les êtres organisés en renferment tous une forte proportion, enfin il a été répandu dans la Nature avec une telle profusion que, malgré son activité chimique qui lui permet de s’unir avec tous les autres corps simples, le fluor excepté, il en existe encore, à l’état de liberté, dans l’atmosphère, plus d’un million de milliard de kilogrammes.
Le rôle d’un élément libre aussi énergique et aussi abondant est immense. L’oxygène de l’air entretient la respiration des animaux terrestres et aquatiques ; à lui sont dus les phénomènes les plus apparents qui se passent à chaque instant sous nos yeux. »
Mais si la chimie a été tout d’un coup éclairée par cette découverte, combien aurait dû l’être également la philosophie si la connaissance de cet élément avait été plus tôt vulgarisée. Nul doute que si l’histoire de l’oxygène ne s’est pas enrichie de faits nouveaux depuis Lavoisier, à part les découvertes de M. Paul Bert, c’est parce que le divorce qui existe entre la philosophie et la science a empêché ceux qui se livrent aux études philosophiques de s’occuper de ce principe et d’apercevoir son rôle dans la Nature. Cette découverte, qui n’a eu longtemps qu’un caractère chimique, est, d’abord, restée confinée dans les laboratoires et ce n’est que depuis quelques années, seulement, qu’elle commence à se répandre dans l’esprit public. La science s’infiltre dans toutes les classes de la Société, elle mine peu à peu le terrain où régnait, en souveraine maîtresse, la métaphysique aussi, en donnant une explication scientifique des idées primordiales sur lesquelles la philosophie se base, nous ne faisons que formuler une idée qui est dans tous les esprits.
Pour prouver que la conception primitive et naturelle de la Divinité repose sur l’existence, dans la Nature, d’un principe actif et tout-puissant, deux choses nous restent à faire. Etudier, en remontant dans l’histoire, l’origine de l’idée de Dieu et suivre la corruption graduelle de cette idée.
Mais d’abord, faire la véritable histoire cosmique de l’Oxygène afin de rapprocher cette histoire de la conception primitive du principe divin. Sans cette première condition il serait impossible de faire comprendre comment les propriétés physiques, chimiques et physiologiques de ce corps ont été considérées, à l’origine des temps historiques, comme les attributs de Dieu.
Il faut faire un pas en avant dans la science pour arriver à retrouver l’origine des croyances antiques (3)
(1) Singulière coïncidence, c’est au moment où les philosophes du XVIIIème siècle faisaient les premiers efforts pour supprimer le Dieu personnel que la science retrouvait le Principe que l’antiquité avait déifié. C’est le 1er août 1774 que Priestley fit son expérience célèbre. Cependant, avant lui, d’autres avaient aperçu l’existence probable de cet élément de vie. J. Mayow (1615-1679) semble avoir connu l’Oxygène ; il l’appelle aliment « igno-aérien » : « Il ne faut pas s’imaginer, dit-il, que l’aliment « igno-aérien » soit tout l’air lui-même ; non, il n’en constitue qu’une partie, mais la partie la plus active. » Cardion, né à Pavie en 1501, mort en 1576, a aussi entrevue l’Oxygène. Dans son ouvrage « De rerum variétate » il parle d’un gaz (flatus) qui alimente la flamme, qui rallume les corps qui présentent un point d’ignition.
(2) Dans l’antiquité, la Chimie était la base même de la religion. Elle était appelée « Art sacré » ou « Art divin ». Cet Art était exercé par des prêtres.
(3) Pour faire l’histoire cosmique de l’oxygène nous renvoyons le lecteur à l'article précédent de ce blog. Ces répétitions que nous sommes obligés de faire sont nécessaires pour que chaque article lu séparément soit compréhensible. Cependant, cette Doctrine est un tout qui s’enchaîne rigoureusement et dont chaque partie est la suite et la conséquence de celle qui précède.

HISTOIRE DE L’OXYGÈNE COSMIQUE
Vous trouverez à l'article sur la Cosmogonie, l’histoire des éléments actifs qui règnent dans l’Univers. Nous allons refaire, en quelques lignes, l’histoire de l’Oxygène.
Lorsqu’il s’opère une combustion ou une décomposition chimique quelconque les corps actifs qui entraient dans la composition des substances qui se décomposent sont mis en liberté, ils reviennent à l’état atomique, qui est l’état initial de la matière, et restent à cet état tant qu’ils ne sont pas repris par une nouvelle combinaison. Or, la matière à l’état atomique est douée de propriétés actives qu’elle ne possède qu’alors et qu’elle perd aussitôt qu’elle passe à l’état moléculaire.
La première de ces propriétés, c’est le mouvement. L’atome libre n’est jamais stable. Lorsqu’il passe de l’état moléculaire à l’état atomique, dans un foyer de décomposition quelconque, il quitte immédiatement ce foyer et se répand dans l’espace environnant avec une vitesse extrême, il « radie » car les atomes qui fendent l’espace y constituent une « radiation ».
Cet état radiant de l’atome libre est ce que les chimistes appellent « l’état naissant ».
Mais le milieu dans lequel s’opère une décomposition est généralement occupé par des corps solides, liquides ou gazeux qui arrêtent les radiations à leur passage. Or, la matière radiante, arrêtée dans son mouvement de propagation, passe à l’état gazeux, c’est-à-dire qu’elle reprend l’état moléculaire. L’état radiant, ou naissant, de l’atome n’a donc duré que pendant le temps qui sépare sa sortie d’un composé, de sa rentrée dans un nouveau composé : temps fugitif, quelquefois inappréciable, mais quelquefois très prolongé.
Les radiations sorties d’un foyer terrestre de combustion ou d’une décomposition chimique sont extrêmement courtes puisque, partout où s’opère la décomposition, il y a des corps solides, liquides ou gazeux qui arrêtent les radiations.
Mais si nous supposons un foyer de combustion isolé dans l’espace, loin de tout obstacle matériel, nous devons, en même temps, supposer que ses radiations peuvent être extrêmement longues et se propager autour de leur centre d’émission avec une vitesse d’autant plus grande que le milieu qu’elles traversent est plus raréfié.
Les astres incandescents, les soleils qui gravitent dans l’immensité céleste, sont des foyers de décomposition dont les radiations se répandent dans l’espace avec une rapidité extrême.
Chaque soleil a ses radiations qui, physiquement et chimiquement ne sont pas celles des autres soleils puisque les matières décomposées par la combustion ne sont pas les mêmes dans tous les astres incandescents. En même temps, chaque soleil a sa couleur, laquelle est déterminée par l’élément actif qui entretient la combustion. Or, cet élément actif n’est pas partout le même.
L’élément qui entretient l’activité de la combustion de notre soleil est l’Oxygène, comme c’est lui, du reste, qui entretient l’activité de tous les foyers de combustion terrestre. Il est l’élément comburant de notre système solaire. Mais, l’élément comburant disparait du milieu dans lequel la combustion s’opère, ou plutôt, puisque rien ne se perd, il change d’état. Il est le premier qui passe de l’état moléculaire à l’état atomique, c’est-à-dire de l’état gazeux à l’état naissant ou radiant. S’il n’est plus, sous sa forme primitive, dans le foyer de combustion, il est, sous la forme atomique, dans les radiations que le foyer émet et il se propage, sous cette forme radiante, tant qu’il ne rencontre pas un obstacle qui l’arrête dans sa course.
Donc, tout foyer dont la combustion est entretenue par l’Oxygène émet des radiations d’Oxygène. C’est pour cela que ces radiations exercent toujours une action oxydante sur les corps qu’elles rencontrent, quelle que soit la distance à laquelle elles s’arrêtent.
L’Oxygène à l’état naissant qui constitue la radiation solaire est arrêté dans son mouvement de propagation dans l’espace par les planètes. Quand il en rencontre une il vient frapper sa surface et là s’arrête en passant à l’état gazeux.
Cette action incessamment répétée détermine à la surface planétaire une accumulation d’oxygène gazeux. Mais la radiation n’exerce pas seulement une action chimique, elle est, en même temps, une puissance physique et mécanique. Elle engendre la chaleur, l’électricité, la lumière, la vie.
L’unité des forces physiques réside dans l’action de la radiation.
Par conséquent, toutes les forces actives qui règnent autour de nous sont des manifestations de l’Oxygène, puisque la radiation solaire, qui est l’origine de ces forces, est constituée par l’Oxygène radiant que la combustion solaire a mis en liberté.
Les courants électriques qui sillonnent notre atmosphère sont des courants radiants d’Oxygène ; notre lumière solaire est une manifestation de l’Oxygène ; notre chaleur terrestre est le résultat de la transformation du travail mécanique en chaleur, transformation qui s’opère au moment où les radiations s’arrêtent à la surface de la terre ; c’est la mise en liberté de la chaleur latente que Lavoisier étudia dans les phénomènes d’oxydation.
On pourrait citer mille faits à l’appui de cette théorie sur l’origine de l’Oxygène terrestre, mille faits qui prouvent que la radiation solaire est un principe d’oxydation. On pourrait démontrer que toutes les réactions qui se produisent par l’action des acides, peuvent se produire lentement par l’action des radiations que le soleil nous envoie. Mais nous ne voulons pas entrer dans ces détails qui sont exclusivement du domaine de la chimie. Il nous suffit, pour établir la signification philosophique de ce principe, de montrer que la radiation solaire est l’agent de toutes les actions physiques et physiologiques que l’on attribue à l’Oxygène, qu’elle est le principe générateur de la vie, que c’est elle qui organise la matière en lui transmettant son mouvement, c’est-à-dire qu’elle la pénètre sans perdre son état atomique ; elle s’y établit de telle sorte que l’activité qu’elle possédait à l’état de radiation continue à s’exercer au sein d’un plasma qui, en devenant actif, devient « vivant ». La vie n’est donc, en dernière analyse, qu’un mouvement de l’Oxygène.
Par conséquent, nous pouvons affirmer, en toute sureté, que l’Oxygène est l’élément créateur, l’élément divin, mais nous devons ajouter qu’il n’exerce sa propriété créatrice qu’à l’état radiant, c’est-à-dire à l’état atomique.
C’est cet état subtil de la matière raréfiée que dans les cultes primitifs on appelait l’Esprit.
L’état radiant ou naissant a été connu dès la plus haute antiquité. Il a toujours été mentionné dans l’énumération des différents états de la matière. La terre représentait l’état solide, l’eau l’état liquide, l’air l’état gazeux et le feu l’état radiant. L’ignorance des modernes a cru voir dans cette représentation des états de la matière quatre éléments, quatre corps simples. C’est ainsi que la science de l’antiquité est toujours mal interprétée par ceux qui n’en comprennent pas le sens.
L’existence de la matière « radiante », « naissante » ou « rayonnante » se démontre de mille manières. Elle est mise en évidence par son action mécanique, calorique et lumineuse.
Dans son action dynamique, elle est le principe qui engendre toute la mécanique céleste, qui accomplit tous les phénomènes de mouvement qui se produisent autour de nous. C’est cette force que Kepler appelle un « Esprit recteur sidéral » « grâce auquel les planètes suivent dans l’espace des courbes savantes, sans heurter les astres qui fournissent d’autres carrières et sans troubler l’harmonie réglée par le divin géomètre ».
En changeant d’état, la matière radiante devient le principe des actions chimiques dont la radiation solaire est l’agent. Cette action chimique prouve qu’il y a transport de matière dans le courant radiant, et renverse l’idée, qui est encore dans l’esprit de bien des hommes, d’une force sans matière.
Là où il y a un effet, il nous faut une cause. Là où il y a une action chimique, il nous faut un corps matériel.
Ce transport de matières à d’énormes distances, est un fait que l’esprit de l’homme a une peine extrême à concevoir, et cela se comprend ; la radiation ne se voit pas, on ne peut la concevoir que par les yeux de l’esprit, c’est-à-dire par le raisonnement. Or, cette vue là n’est pas donnée à tout le monde et ceux qui ne la possède pas ont l’habitude de nier audacieusement tout ce qui ne tombe pas sous les sens.
Le transport d’atomes, dans les courants radiants, établit entre les astres une communication matérielle, c’est un trait qui les relie, les maintient à la place qu’ils occupent dans l’Univers, les meut et les entraîne dans l’espace. C’est un échange incessant de matière qui accompli l’évolution des astres, qui, semblables, en cela, aux êtres organisés, naissent, se développent et disparaissent.
Notre soleil nous envoie incessamment sa radiation bienfaisante qui exerce à la surface terrestre son action oxydante, puis passe à l’état gazeux et forme, alors, la réserve d’oxygène qui règne autour de nous et qui est incessamment renouvelée par l’incessante radiation solaire.
Cette façon d’expliquer l’état radiant, par l’état naissant ou atomique, ne ressemble pas, comme on le voit, à la théorie de M. Crookes. Pour le savant physicien anglais, toute matière raréfiée devient radiante ; pour nous la matière n’est radiante qu’à l’état atomique, c’est dans le passage de l’état moléculaire à l’état atomique qu’est l’impulsion ; il faut donc, pour que la matière « radie », qu’il y ait eu décomposition. Les propriétés actives de la matière apparaissent toujours au moment de la décomposition et disparaissent toujours dans la combinaison.
Nous considérons la matière que M. Crookes fait « radier » dans ses intéressantes expériences, comme étant celle que le courant électrique apporte et non celle qui reste dans les tubes de verre où il a fait le vide. Nous ne croyons pas que M. Crookes puisse faire « radier » la matière sans l’intervention de l’électricité qui est constituée, elle-même, par des atomes libres, c’est-à-dire est, elle-même, un courant de matière à l’état radiant.
Si nous considérons la matière, à l’état naissant ou atomique, dans son essence, c’est-à-dire libre et active, nous sommes en présence de « la force », de cet agent, resté mystérieux, qui est le principe de la lumière, le principe de l’électricité, le principe des actions dynamiques telles que la gravitation, qui devient chaleur lorsque le mouvement de propagation s’arrête, qui est, dans l’organisme, l’agent du système nerveux. Enfin, c’est cette force que, dans l’antiquité, on considérait comme l’essence même de la divinité puisqu’elle est Toute-Puissance.
Cette cause unique de tant d’effets, cause encore si peu connue de la science moderne, est le point de départ de la « Philosophie Nouvelle ». C’est elle qui est ce que Pline appelait « la cause première mystérieusement cachée dans la majesté de l’Univers ». C’est elle qui a été si souvent discutée sur le terrain de la métaphysique, mais toujours si mal définie qu’en dernier lieu on l’a réputée impénétrable.
Cependant, ceux qui ne connaissent pas cet état actif de la matière, les philosophes qui ne sont pas chimistes, ont répété, sur tous les tons, que la matière est inerte, sans penser, ou sans savoir, que si la matière est inerte à l’état solide ou liquide, elle devient active à l’état gazeux, elle devient esprit à l’état radiant.
La matière active est aussi répandue dans la Nature que la matière inerte. Partout où il y a combustion, décomposition chimique, vie, il y a action de la matière active.
Nous la voyons se manifester dans les radiations solaires et stellaires qui s’étendent à des distances infinies dans les profondeurs de l’espace ; nous la voyons se manifester dans les courants électriques, dans la décomposition des matières organiques ; elle est partout où pousse une plante, où respire un animal ; elle régit le mouvement universel des astres comme elle régit l’admirable organisation de la Nature, comme elle régit la morphologie des corps organisés et inorganisés, et toutes les actions du système nerveux dont la pensée est la conséquence. C’est elle qui fait rouler la terre dans son orbite ; c’est elle qui nous éclaire ; c’est elle qui transmet la pensée, la parole dans le courant électrique ; c’est elle qui engendre toutes les actions des êtres vivants, toutes leurs sensations, tous leurs mouvements.
Que les philosophes viennent encore nous dire que la matière est inerte, nous leur démontrerons sa force dans l’électricité, sa puissance dans la vapeur, sa féconde activité dans la radiation solaire ; nous leur montrerons que les nombreuses manifestations sous lesquelles la matière active se présente, sont celles que certains philosophes expliquent par l’intervention de la force isolée qu’ils appellent « l’Esprit » ; nous leur montrerons que ce point de départ est toujours dans une décomposition chimique, dans un changement d’état de la matière, dans son état naissant.
Un philosophe, auteur d’un livre intitulé : « Matière et force » (Eugène Maldant), mais qui ne connait pas les lois physiques et chimiques de la matière, quoi qu’il indique sur la couverture de son livre qu’il est ingénieur civil, dit ceci : « Quand le matérialisme se permet de nous assurer, de sa propre autorité, que la matière sent, pense, agit par elle-même, il nie donc arbitrairement l’inertie matérielle, c’est-à-dire la science elle-même. »
Celui qui nie la science, c’est au contraire celui qui ne connait la matière que sous ses deux états inertes, l’état solide et l’état liquide et qui ignore, ou feint d’ignorer, qu’elle perd cette inertie et devient active à l’état gazeux, plus active à l’état radiant.
Et pour comprendre cette progression d’un état à l’autre, citons ces lignes de Faraday :
« Je puis, maintenant, faire remarquer une certaine progression dans les propriétés physiques qui accompagnent le changement de forme et qui est, peut-être suffisante pour déterminer, dans l’inventif et ardant savant, un degré considérable de croyance dans l’association de la forme radiante avec les autres formes, dans la classe des changements que j’ai mentionné. A mesure que nous nous élevons de l’état solide aux états liquides et gazeux, les propriétés physiques diminuent en nombre et en variétés, chaque état perdant quelques propriétés appartenant à l’état précédent. Quand les solides sont convertis en liquides, les variétés de dureté et de mollesse sont nécessairement perdues. Les formes cristallines et autres sont détruites. L’opacité et la couleur font fréquemment place à un aspect incolore et transparent en même temps que les particules deviennent animées d’un mouvement général. Passant plus avant, jusqu’à l’état gazeux, un plus grand nombre encore de caractères des corps sont anéantis. Les grandes différences dans leurs poids disparaissent presque ; les différences de couleur qui restaient encore, finissent également par se perdre. Tous deviennent transparents et élastiques. »
Faraday ajoute : « Ils forment, maintenant, une seule série de substances, et les variétés de dureté, opacité, couleur, élasticité et forme, qui rendent le nombre de solides et fluides presque infini, sont maintenant substituées par quelques légères variations en poids et quelques nuances insignifiantes de couleur. Pour ceux donc qui admettent la forme rayonnante de la matière, il n’existe aucune difficulté dans la simplicité des propriétés qu’elle possède, mais plutôt un argument en leur faveur. Ces personnes nous montrent bien une diminution graduelle de propriétés dans la matière, diminution que nous pouvons apprécier à mesure que la matière parcourt l’échelle des formes, et elles seraient étonnées si cet effet devait cesser avec l’état gazeux. Elles font remarquer les efforts plus grands que la nature fait à chaque pas du changement, en pensant, par conséquent, que ce changement devrait être des plus grands dans le passage de la forme gazeuse à la forme radiante » (« Vie et lettres de Faraday » par le Dr Bence Jones).
Enfin, M. Crookes, qui a fait faire un grand pas à l’étude de la matière radiante, savait que c’est dans cet état de la matière qu’il faut chercher le principe des causes invoquées par la métaphysique. Cette recherche a même été le point de départ de ses études et c’est dans cet ordre d’idées que ses conclusions seront surtout fécondes. « Nous avons vu, dit-il, que dans quelques-unes de ses propriétés, la matière radiante est aussi matérielle que cette table, pendant que, dans d’autres propriétés, elle assume, presque, le caractère de l’énergie radiante. Nous avons touché, actuellement, la frontière où la matière et la force semble se confondre l’une dans l’autre, le royaume ténébreux entre le « connu » et « l’inconnu », qui a toujours eu pour moi un entrainement tout particulier. J’ose croire que les plus grands problèmes scientifiques de l’avenir trouveront leur solution dans cette « frontière », et même au-delà. Là, il me semble, se trouvent des réalités ultimes, subtiles, merveilleuses, de longues portées. ».

ORIGINE SCIENTIFIQUE DE LA THÉOGONIE PRIMITIVE
Nous venons de considérer le principe divin dans son essence, dans sa puissance, dans son action génératrice. Nous avons, maintenant, à examiner un autre ordre de faits.
Nous savons que toutes les religions primitives affirmaient la pluralité des dieux ou, ce qui revient au même, la pluralité des puissances. Disons, suivant le langage moderne, la pluralité des forces.
Or, la pluralité des forces agissant, dans l’Univers, est la conséquence de la pluralité des foyers de radiations. Chaque soleil est un centre rayonnant, donc une puissance ; les radiations stellaires sont les manifestations de ces puissances multiples, par conséquent, comme il y a une infinité de soleils, il y a une infinité de puissances. Dans le langage allégorique des religions primitives, on disait qu’il y avait pluralité des dieux.
Toutes les religions sont bâties sur le même plan. Le Dieu unique des religions monothéistes voit sa puissance s’arrêter où commence celle de l’esprit du mal, des démons.
Par conséquent, il n’est pas la puissance unique et souveraine ; sa puissance est limitée, il y a d’autres puissances. Un Dieu unique, régnant seul dans l’Univers suppose une puissance sans limite.
A côté de cette grande question de l’origine scientifique de Polythéisme, il s’en présente une autre non moins intéressante à étudier. C’est l’histoire de la conception primitive qui faisait du Dieu primordial un principe se manifestant de plusieurs manières, une entité divisée en trois parties, lesquelles, comme nous le verrons, répondent à trois états allotropiques de l’Oxygène. Nous aurons donc à expliquer les lois chimiques sur lesquelles a été basé le dogme de la Trinité.

LE CHAOS
Toutes les religions de l’antiquité commencent leur cosmogonie par l’histoire du chaos, état qui précède, dans l’Univers, toute organisation de la matière. Manou dit : « Ce monde était dissout dans le non-être, imperceptible, sans propriété distinctes, ne pouvant tomber sous les sens, ni être imaginé par la pensée. C’était le sommeil de la Nature. »
Cette conception du chaos primitif se rapporte à l’état nébulaire de notre planète. Les cosmogonies anciennes ne voulaient, évidemment, désigner par le mot « chaos », que l’état antérieur à l’organisation de la matière planétaire, l’état primitif des matériaux terrestres, soit lorsqu’ils se trouvaient dissociés comme ceux d’une nébuleuse, soit lorsqu’ils commençaient déjà à se réunir en une masse solide formant ainsi un noyau inorganique encore impropre à la vie.
Si nous appliquions le mot « chaos » à la matière cosmique universelle, nous tomberions dans une erreur de principe, nous supposerions que l’Univers a eu un commencement, ce qui impliquerait une fin, car ce qui a commencé doit finir ; supposer un commencement et une fin à l’Univers, c’est supposer un commencement et une fin à la matière, un commencement et une fin à la force, ce qui serait absurde.
Ce qui commence, ce sont les astres, puisqu’ils naissent et meurent ; mais l’Univers, au sein duquel ils évoluent est éternel.
Dans la cosmogonie indienne, l’Univers (mot employé par les traducteurs pour désigner l’organisation astrale) est soumis à des alternatives de dissolution et de vie. C’est le jour et la nuit de Brahma (le principe générateur). Quand Brahma dort, c’est-à-dire quand la matière est au repos, tout se dissout, quand il se réveille, c’est-à-dire quand la matière redevient active, tout renaît à la vie. Mais ce principe alternativement actif et inactif, ne représente pas la matière cosmique, il ne se rapporte qu’à l’action solaire qui est temporaire, puisque les soleils s’allument et s’éteignent.
Il est évident que si l’on admettait l’hypothèse du repos primitif de la matière cosmique, il faudrait chercher, comme l’a fait Aristote, qui partait de ce point de vue faux, la cause de l’impulsion première qui aurait dérangé ce calme parfait.
Mais chercher un commencement au mouvement de la matière, c’est nier l’éternité de la force, comme chercher un commencement à la matière, c’est nier l’éternité de la matière. C’est là, nous le répétons, une erreur de principe. La nécessité d’un premier moteur, donnée comme preuve de l’existence d’un Dieu personnel par Aristote, pouvait exister quand on ne connaissait pas les moteurs naturels tels que l’électricité ; mais, aujourd’hui, ce genre de preuve n’a plus de valeur. Nous connaissons l’origine de la « force », donc nous connaissons le « premier moteur de l’Univers ».

LA LUMIÈRE
Une des premières manifestations de la radiation, c’est l’apparition de la lumière.
La Lumière provient du choc de deux radiations.
La lumière du jour est la somme totale d’une multitude d’étincelles infiniment petites qui résultent de la rencontre des radiations solaires avec les radiations terrestres ; c’est-à-dire des courants d’électricité positive avec les courants d’électricité négative. Donc, pour que la lumière apparaisse, à la surface d’une planète, il faut qu’elle soit frappée par des courants de matière radiante et pour que ces courants puissent exister, il faut qu’il y ait, dans son aire céleste, un foyer de combustion, un soleil.
Au commencement de toutes les écritures sacrées, nous voyons cette première manifestation de la radiation mentionnée, l’apparition de la lumière.
Manou dit : « Quand vint l’heure du réveil, « Celui » qui existe par lui-même, qui n’est pas à la portée des sens extérieurs, développant la Nature avec les « cinq éléments (1) et les principes subtils, parut brillant de lumière et sa présence chassa la nuit. »
« Que la lumière soit ! » dit le Dieu de la Genèse biblique.
L’apparition de la lumière, à l’origine des mondes, est donc un fait cosmogonique que la science affirme et explique. C’est l’état de transition qui sépare le chaos primitif de la période d’organisation, car l’apparition de la lumière est bientôt suivie de l’apparition de la vie.
(1) Ici, au lieu de quatre éléments, nous en voyons cinq. Dans plusieurs mythologies anciennes, notamment dans celle des chinois, on mentionne cinq éléments, cinq états de la matière, au lieu de quatre. Le cinquième est l’état plastique de la matière organisé ; il est représenté par le bois.

LE PRINCIPE DU BIEN ET LE PRINCIPE DU MAL
Les radiations nous arrivent de tous les côtés à la fois, puisque, lorsque nous contemplons le Ciel, nous voyons de tous les côtés des étoiles. C’est cette multitude de radiations, envoyées de tous les points de l’espace, qui maintient les corps célestes en équilibre à la place qu’ils occupent dans l’Univers.
Mais les soleils dispersés dans les régions célestes sont à des distances différentes de nous : les uns plus rapprochés, les autres plus éloignés, si bien que leurs radiations, au moment où elles arrivent à la terre, ont eu à parcourir un espace plus ou moins grand. Par conséquent, les atomes qui les constituent sont plus ou moins rapprochés les uns des autres puisqu’ils ont été plus ou moins dispersés.
Nous avons affirmé que l’Oxygène est l’élément constituant de la radiation solaire. Mais il est d’autres soleils dont l’Oxygène est également l’élément comburant. Ceux-là occupent dans les profondeurs de l’espace céleste des distances variables, par conséquent, les atomes qui constituent leurs radiations ne sont pas, lorsqu’ils arrivent à la terre, dans les mêmes conditions physiques et mécaniques que ceux qui arrivent d’un foyer de combustion plus rapproché. Ils sont plus éloignés les uns des autres. Il en résulte que, lorsqu’ils rencontrent dans leur chemin un corps avec lequel ils se combinent, ce corps est moins oxygéné parce que les atomes qui concourent à sa formation sont moins nombreux dans le même espace occupé.
De là, une différence chimique dans les composés de l’oxygène.
Ceux qui se sont formés aux dépens des atomes les plus rapprochés, c’est-à-dire les plus nombreux dans le même espace, sont plus oxygénés que ceux qui se sont formés des atomes les plus écartés.
Les premiers sont des acides, les seconds des bases. Toute la chimie dualistique de Berzelius (1) repose sur cette différence chimique.
Il y a donc, dans le réservoir des matières qui nous entourent, des atomes d’oxygène venus dans les radiations stellaires et des atomes d’oxygène venus dans les radiations solaires. Les premiers sont plus éloignés les uns des autres et, sans doute, animés d’un mouvement de propagation plus rapide que les seconds, puisque le mouvement est rectiligne et accéléré.
Les premiers constituent des courants d’électricité positive tandis que les seconds constituent des courants d’électricité négative.
Dans les religions de l’antiquité, pendant que l’Oxygène était considéré comme un élément Divin, Tout-Puissant, bienfaisant et générateur de la vie lorsqu’il arrive à la terre dans la radiation solaire, il était considéré comme un Dieu malfaisant lorsqu’il arrive dans les radiations stellaires. Son action, en effet, bienfaisante dans certaines conditions chimiques, est nuisible dans d’autres.
La physiologie a démontré que les alcaloïdes sont funestes à l’existence. A trop forte dose ils deviennent des poisons ; en petite quantité, ils usent lentement la vie, ils détruisent les tissus.
Donc, si l’Oxygène est le principe de la vie il est aussi le principe de la mort. Dans l’ordre physiologique et moral nous verrons, plus loin, que la façon dont il agit sur le système nerveux est la cause première des actions bonnes ou mauvaises que les hommes accomplissent, nous verrons qu’il est l’agent du bien mais qu’il est aussi l’agent du mal.
C’est sur ce dualisme de l’Oxygène qu’est basée la conception antique du bien et du mal se disputant le monde ; monde physique quand ces deux principes constituent des courants électriques qui se choquent et produisent la foudre ; monde moral quand, dans l’homme, ils représentent la lutte de l’esprit contre la force ; en physiologie nous dirions de l’action sensitive contre l’action motrice.
« D’une part le saint royaume d’Iran, le monde du bien, le jardin de l’arbre de vie, le Paradis (mot qui veut dire jardin), et le vague monde barbare du mal et du caprice injuste, tout apparaît peuplé d’esprits contraire.
« Les étoiles au Ciel même, sont en deux bandes ennemies.
« La lutte est au fond même des êtres : chacun a son esprit, son ange, une âme lumineuse étincelle dans le diamant » (2)
(1) « Il eût été intéressant d’ajouter que cette idée n’appartenait pas en propre à Berzelius et que celui-ci n’avait fait que retrouver, peut-être à son insu, et en l’exprimant autrement, une ancienne théorie alchimique ; en effet, l’acide et la base représentent exactement, dans le domaine de la chimie ordinaire, ce que les alchimistes appelaient soufre et mercure, et qu’il ne faut pas confondre avec les corps qui portent communément ces mêmes noms. Ces deux principes, les mêmes alchimistes les désignaient encore, sous d’autres points de vue, comme le soleil et la lune, l’or et l’argent ; et leur langage symbolique, en dépit de son apparente bizarrerie, était plus apte que tout autre à exprimer la correspondance des multiples dualités qu’ils envisageaient, et dont voici quelques-unes : l’agent et le patient, le mâle et la femelle, la forme et la matière, le fixe et le volatil, le subtil et l’épais. » (R. Guénon, Les dualités cosmiques, la Revue de Philosophie, 1921).
(2) Michelet – La Bible de l’humanité, p.90)

LES DIEUX SECONDAIRES
Mais l’Oxygène n’est pas le seul élément que les radiations stellaires nous apportent. Tous les corps actifs qui existent sur notre terre lui sont arrivés, à l’origine de sa formation, par voie de radiations et, actuellement encore, on trouve dans les poussières atmosphériques tous les corps simples connus sur la terre.
La couleur des soleils nous donne des indications sur la nature de l’élément comburant qui règne autour d’eux et se trouve projeté au loin par la décomposition moléculaire.
Pendant que Sirius, Vegas, Regulus, l’Epi, qui sont blanches, nous envoient, peut-être, des radiations d’Oxygène, Béteigueuse et Aldébaran qui ont une teinte rouge prononcée sont peut-être des foyers de radiations de sélénium, Arcturus et Antarès nous envoient, peut-être du brôme, Procyon et la Chèvre du soufre, Castor du chlore, Eta de la Lyre de l’iode, etc.
Ces radiations, en s’arrêtant à la surface des mondes, y forment des zones colorées. Elles ne sont pas visibles parce que la lumière solaire les efface de son éclat, mais nous pouvons les voir dans certaines circonstances, dans l’arc-en-ciel par exemple.
Ces différents éléments ont, dans l’organisme, un rôle utile ou nuisible. Ce sont des puissances secondaires, bonnes ou mauvaises. Toutes les religions primitives leur ont donné des noms. Il n’y a donc pas plus un Dieu unique dans l’Univers, qu’il n’y a un élément unique.
Cependant, remarquons que l’élément comburant d’un soleil régit toute l’organisation physique du système, toute l’organisation physiologique des êtres qui y vivent. Pour eux celui-là seul « est Dieu », ils lui doivent la vie.
Le monde terrestre n’a donc qu’ « un Dieu » qui règne dans l’Univers au milieu de la pluralité des puissances. Cependant la philosophie spiritualiste nous dit : « Dieu est un ou il n’est pas. »
Si l’on entend par là que, sur notre planète, il n’existe qu’un principe de vie, nous affirmons, avec cette philosophie, que Dieu est « un », car, sur la terre, l’Oxygène seul engendre la vie, mais si l’on entend, par là, qu’il est la seule puissance qui règne dans l’Univers, nous affirmons que cette philosophie se trompe, que les puissances sont multiples puisque les éléments actifs qui engendrent « la force » sont multiples. Donc les Dieux sont multiples. « Le Dieu unique, sans second, est unique même au milieu de la collection des Dieux » dit M. Pierret dans sa « Mythologie Égyptienne ».
Le polythéisme repose donc sur une donnée scientifique.
On peut dire qu’il y a autant de Dieux que de soleils, c’est-à-dire qu’il y a autant de Dieux que de puissances. Leur action est favorable ou funeste sur la terre. Mais cette action n’est pas la même sur tous les points de l’Univers. Dans les mondes qui gravitent autour d’un soleil vert, par exemple, un soleil dont les radiations sont constituées par du chlore, le chlore est l’élément-générateur, il est le Dieu organique, indispensable à la vie. Et l’Oxygène de notre système solaire, s’il arrive à ces mondes-là, y est un Dieu secondaire, peut-être un élément malfaisant.
Dans l’Inde, une très ancienne doctrine avait partagé l’Univers en huit royaumes régis par huit Dieux bienfaisants, personnifiant huit éléments actifs.
Le Brahmanisme ressuscita cette doctrine.
Ces huit éléments étaient représentés comme arrivant à la terre des profondeurs de l’espace, des quatre points cardinaux et des quatre points intercardinaux, de manière à figurer, inversement, une rose des vents dont la terre est le centre. Ce nombre huit, qui, certainement, n’est pas rigoureux, indique plutôt des directions que des éléments.
En effet, on peut dire que les radiations stellaires arrivent à la terre de huit points, ce qui lui donne sa forme sphérique puisque la radiation est une force motrice qui la frappe de huit côtés à la fois (1).
Dans la mythologie Brahmanique, ces huit Dieux se partagent l’Univers qu’ils divisent en huit régions. Ils sont placés sur les ordres de Brahma, le Dieu suprême, l’âme de l’Univers, l’Oxygène.
Nous n’avons considéré ici la pluralité des Dieux que dans la pluralité des puissances. Mais on sait que, dans les religions primitives, les Dieux ne représentaient, le plus souvent, que des attributs de ces puissances. C’est pourquoi il y en avait une si prodigieuse quantité. A ce point de vue, encore, le polythéisme n’est pas, comme on l’a cru, une erreur grossière, mais une représentation d’idées abstraites, faciles, du reste, à retrouver sous le voile de l’allégorie.
(1) Du reste nous avons vu que les métalloïdes qui sont les corps actifs sont au nombre de huit. Si nous mentionnons à part l’Oxygène, dont la puissance plane par-dessus toutes les autres, il nous reste sept corps actifs représentés partout dans l’antiquité, notamment le chandelier à sept branches des juifs.

ORIGINE SCIENTIFIQUE DU DOGME DE LA TRINITÉ
Le dogme de la trinité existe dans toutes les religions primitives. Il ne faut donc pas attribuer la conception au Christianisme qui l’a adapté à sa doctrine comme il y a adapté tant d’autres traditions venues des religions de l’Orient. Il est anté-védique. Nous ne pouvons donc pas en sonder l’antiquité et nous sommes forcés de reconnaître qu’il a pris naissance dans l’esprit des hommes en même temps que l’idée d’un principe créateur. Dieu, quoiqu’ « un », a, cependant, toujours été considéré comme divisé en trois personnes.
Comment la science explique-t-elle cette conception primitive, cette idée qui, dans les temps modernes, a semblé si absurde aux esprits forts qui ont voulu tout abattre sous une négation générale. Sans penser que, non seulement la négation « à priori » est une preuve d’ignorance, mais qu’il faut bien reconnaître que, lorsqu’une tradition a traversé tous les âges et tous les peuples, c’est qu’elle portait en elle un principe de vérité que le temps et les hommes ne pouvaient détruire.
La Trinité repose sur un principe scientifique que la chimie moderne a retrouvé.
L’Oxygène est le Principe-Divin : l’Oxygène est Dieu.
Mais cet élément existe, dans notre système solaire, sous trois états ; sous l’état physique que possèdent ses atomes lorsqu’ils entrent dans la composition des acides ; sous l’état physique qu’ils possèdent lorsqu’ils engendrent les bases, et à l’état d’ozone.
Pour simplifier nous appellerons le premier l’oxygène positif, le second l’oxygène négatif, et l’ozone l’oxygène neutre.
Les composés que les atomes positifs ou négatifs engendrent ont des propriétés physiques, chimiques et physiologiques toutes différentes. Dans l’organisme, l’oxygène positif est l’agent de l’influx nerveux sensitif, il engendre la pensée ; l’oxygène négatif est l’agent de l’influx nerveux moteur, il engendre le mouvement.
Lorsque deux radiations, constituées par des atomes physiquement différents, se rencontrent, il y a choc, si les courants sont assez forts et apparition d’une étincelle (c’est la naissance de la lumière), mais si les courants sont faibles, les atomes qui les constituent se combinent au moment de leur rencontre : il en résulte de l’ozone, corps formé des deux autres, quoique tous les trois soient un seul et même élément. L’ozone, sous un très petit volume, possède des qualités plus actives que l’oxygène gazeux. C’est le fils procédant du père et de la mère, c’est l’ovule fécondé qui, sous un volume d’une petitesse extrême, renferme le germe de toutes les qualités des deux principes qui l’ont constitué.
Lorsque les hommes primitifs connurent l’Oxygène et le déifièrent, ils connurent, en même temps, ces trois états, et les personnifièrent comme ils personnifiaient toutes les propriétés physiques et chimiques des éléments.
Mais cette personnification des trois états de l’Oxygène n’est pas toujours la même. Le plus souvent on représente la Trinité comme étant formée par le père, la mère et l’enfant, faisant ainsi allusion à ce qui se passe dans la fécondation sexuelle où le père apporte un des éléments qui constituent le système nerveux et la mère l’autre ; de leur rencontre résulte le produit neutre, l’enfant. Cette personnification représente aussi la fécondation primitive, la genèse originelle produite par une radiation d’oxygène positif, venue dans un rayon du soleil, et une radiation d’oxygène négatif, d’où résulte l’ovule primordial. D’autres fois on représente l’oxygène positif comme un principe conservateur et l’oxygène négatif comme un principe destructeur, s’appuyant sur un fait physiologique aujourd’hui bien connu et sur lequel Cl. Bernard a édifié une théorie. L’agent nerveux sensitif (l’oxygène positif) est un principe conservateur, ou plutôt générateur, c’est l’agent de la synthèse organique. L’agent nerveux moteur (l’oxygène négatif) est le principe de la destruction. Dans la vie humaine ou animale, partout où le courant moteur arrive il y a destruction des tissus, le ferment musculaire est le principe destructeur des anciens, il use la vie.
On a encore représenté la Trinité d’une autre manière.
On a fait de l’oxygène négatif le père parce que dans le sexe mâle la motricité l’emporte et de l’oxygène positif la mère parce que dans le sexe femelle la sensibilité l’emporte. Lorsque le rôle de la femme fut effacé dans l’histoire on modifia ce dogme. Au lieu de représenter la sensibilité par une femme on la représenta par le Saint-Esprit, parce que les facultés intellectuelle, l’esprit, sont produites par l’action de l’influx nerveux sensitif.
C’est sous cette forme que le christianisme nous a transmis le dogme de la Trinité.
Donc, si l’élément-Dieu est un, si l’Oxygène est un corps simple, il se manifeste, cependant, sous trois états qui sont tous les trois « des Dieux » puisqu’ils sont, tous les trois, des puissances. Le fils est « consubstantiel » au père et au Saint-Esprit, au père et à la mère, puisqu’il n’est qu’un composé de ces deux éléments.
L’ozone est un oxyde d’oxygène.
Dans les livres classiques de chimie, on dit souvent que l’ozone est de « l’oxygène électrisé » ; mauvaise définition mais qui signifie la même chose. Le courant électrique étant une radiation d’oxygène, lorsqu’il vient exercer son action chimique sur l’oxygène il se produit de l’ozone parce qu’il y a combinaison entre eux. Pour employer, avec autorité, cette expression « oxygène électrisé », il eut fallu commencer par définir le principe de l’électricité.


La vie est avant tout un phénomène cosmique.
Voilà ce que pensent les biologistes actuels, tout au moins ceux de l'aile marchante.
(Michel Gauquelin, L'hérédité planétaire)



À suivre : DIEU ?