ÉGYPTE ANCIENNE ET RÉVOLUTION RELIGIEUSE



« Liberté : chez le barbare, celle de prendre, et surtout de détruire. Chez le civilisé, celle de créer et de donner. Dans l'ordre social, c'est la recherche d'une organisation assurant le don mutuel : le communisme inséparable, chez les civilisés, de la Monarchie de droit divin. Régime quéchua de la culture obligatoire des terres du soleil, de celles des veuves, des orphelins, des infirmes, des particuliers, enfin des domaines de l'Inca. Régime égyptien du Nouvel Empire, dans lequel le gouvernement se réservait le commerce international et laissait aux particuliers le seul commerce intérieur. Expérience perse de Mazdek sous le Roi Kavâdh, en 488 : communauté des biens et des femmes, abolition de tous les privilèges. Nous ne citons ces tentatives politiques et sociales qu'en corrélation avec notre théorie de la mémoire obscurcie depuis l'âge d'or de la Révélation, époque que caractérisait vraisemblablement une structure sociale à base de communisme et de monarchie théocratique dont l'emblème, l'Abeille (Reine et dans le même temps sorte de Déesse-Mère, aujourd'hui encore image vivante du Matriarcat naturel et de la Féminité de la Manifestation), dont l'emblème, dis-je, était encore, sous le nom de « biti », porté également par le Roi, celui de la Royauté en Basse-Egypte à l'époque archaïque. Ainsi donc, le Roi historique de l'Egypte d'il y a cinq mille deux cents ans porte encore le titre de Biti, Abeille, et il a cet insecte pour emblème. L'analogie s'étendant à la Monarchie elle-même, nous obtenons le communisme matriarcal de la Ruche. Ajoutons encore que c'est vraisemblablement par association avec la liliacée de la Haute-Egypte, l'abeille des jardins et celle de la monarchie contemporaine et amie du Delta, que l'Egéide minoénne a pris pour emblème de la royauté le Lys, adopté plus tard par les Capétiens, comme l'abeille l'avait été par les Mérovingiens. »
(O.V. de Lubicz-Milosz, Les Arcanes, p.88-89)



« Au milieu du chaos des superstitions populaires, il existait une institution qui empêcha toujours l'homme de tomber dans la brutalité absolue, c'était celle des Mystères. »
(Voltaire)



RÉVOLUTION RELIGIEUSE EN EGYPTE
Abydos en est la ville, Osiris le dieu, Ramsès le roi, Hermès le prêtre.
Ces noms vont couvrir de ténèbres l'antique lumière qui avait resplendi sur l'Egypte primitive. Au culte sacré de la Nature, institué par la Prêtresse des anciens temples, on va substituer le mystère hypocrite des temples nouveaux ; à la vieille civilisation morale de la séculaire Gynécocratie, on va substituer la conquête brutale, cette fausse civilisation faite de violence, d'injustice et de cruauté, qui entraîne les nations dans la barbarie. L'erreur et le mensonge vont remplacer la lumineuse vérité ; l'ignorance et la superstition vont planer sur les vestiges de l'ancienne science voilée, non détruite.
Les prêtres qui ont écrit l'histoire de l'Egypte nous ont caché la transformation lente de l'ancien système et ont mis le régime masculin à l'origine de l'histoire. Partout le même système a prévalu. C'est donc avec méfiance que nous lisons leurs récits.

« O Egypte, Egypte, il ne restera de tes cultes que des fables, et tes enfants plus tard, n'y croiront même pas ; rien ne survivra que des mots gravés sur les pierres qui racontent tes pieux exploits (...) les Ténèbres seront préférées à la lumière (...) Nul ne lèvera plus ses regards vers le ciel ; l'homme pieux sera tenu pour fou, l'impie pour sage ; le frénétique passera pour un brave, le pire criminel pour l'homme de bien (...) Voici donc ce que sera la vieillesse du monde : irreligion, désordre, confusion de tous les biens. » (Corpus Hermeticus, extrait, T. 1)

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Nous sommes dans une période de critique historique ; la femme est entrée dans la lice et le flambeau de la vérité éclaire ses pas

Isis est souvent représentée voilée (sens mystique et occulte de l'Intelligence). De sa tête s'élève un lotus (épanouissement de l'illumination). Dans la main droite elle tient le sistre (son, parole), et dans la gauche une aiguière (dispensation de l'eau fécondante, vie nouvelle). Elle est parfois entourée d'étoiles. L'apparition de l'étoile Sirius qui lui est consacrée et qui marque le commencement des pluies fécondantes de la canicule est, par les hébreux, assimilée à Lucifer, l'ange de lumière.
(M. Senard, Le Zodiaque)

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Les habitants actuels de l'Egypte appellent en arabe les pyramides HERAM. C'est parce que les pyramides appelées « Heram » étaient consacrées à la Femme divine, qu'on a appelé HAREM par dérision les lieux où on enferma les femmes livrées aux plaisirs des hommes (« heram » vient de la même racine arabe que « haram » qui signifie « interdiction » et aussi « sacré »). Les Pyramides étaient des Temples sacrés dans lesquels on se cachait et qui étaient construits de façon à en interdire l'accès à ceux qui n'étaient pas initiés. À l'instar des murs Labyrinthiques, les Pyramides, en plus d'une fonction de « Gardien », interdisant l'accès aux éléments hostiles et « non qualifiés », avait une fonction conservatrice, empêchant ainsi les éléments intérieurs de se disperser.
Il existait en Orient des Temples du FEU qu'on appelait « Pyres ». Dans l'Edda suédoise, le feu est nommé « fyr » ou « fur » ; les Grecs, dit-on, prononçaient « pyr » comme nous prononçons « pur », d'où Pyramide, Pyramidion. C'est parce qu'il y avait des Temples du « Feu » sur les montagnes qui séparent l'Espagne de la France qu'on les a appelées Pyrénées, et non parce qu'elles furent embrasées. Ces montagnes servirent de refuge aux femmes persécutées ; partout où elles étaient, celles-ci établissaient ce que, symboliquement, on a appelé le culte du Feu, du Feu sacré.



RÉGIME PRIMITIF EN ÉGYPTE
En Egypte comme partout, le régime féminin a précédé le régime masculin et il a dû avoir une longue durée de prospérité et de paix, puisque, au moment où commence l'histoire, c'est-à-dire le règne de l'homme, le pays possède déjà une langue bien formée, l'écriture, et des institutions sociales qui serviront de base à l'organisation future des sociétés. Enfin une religion, un culte, une haute morale. Tout cela réalisé avant les temps historiques.
« L'Egypte est la terre classique de la Gynécocratie », dit Bachofen, « sa civilisation repose en principe sur la préférence d'Isis à Osiris ».
C'est par le règne des Déesses que commence l'histoire de l'Egypte. Manéthon, qui cherche à effacer les traces du règne de la Femme, place sept dynasties de dieux (il masculinise les Déesses) au début, puis encore douze dynasties vagues auxquelles succèdent trente dynasties de demi-dieux. Veut-il dire par « vagues » des dynasties mixtes, composées de Femmes et d'hommes, de couples régnants ? Nous l'ignorons (1).
Les mémoires de Manéthon se perdirent, mais l'historien Josèphe en reproduisit quelques fragments et, après lui, les chrétiens s'emparèrent de ce qui restait de ces anciennes chroniques pour les dénaturer et nous représenter cette magnifique antiquité comme un temps de barbarie.
L'Egypte fut longtemps gouvernée par des Prêtresses que l'histoire appelle des Pharaons. Celui qu'on appelle « le premier Roi » est Mena (devenu Menés), mot qui veut dire Mère, comme le Manou des hindous. On appelle les féministes Philo-Mena. On le fait suivre d'une longue série de Princes, dit-on, qu'on croyait d'abord fabuleux, mais qui ont réellement existé. Ce sont les Déesses-Mères. On cite parmi elles la Reine Nitocris à laquelle on doit de beaux travaux ; Mœris, qui semble être la Déesse He-Mœra, à qui Hérodote attribue la construction d'un lac immense créé de mains d'hommes et qui servit de réservoir aux eaux du Nil.
Par ici, une révolte masculine et des rois conquérants, c'est-à-dire des chefs, des Ack (ou Ak), venant troubler le pays. On cite parmi eux Osartasês, Sebek-hotep.
Mais cet état de choses est interrompu tout à coup par l'invasion des Hyksos, appelés rois Pasteurs, qui sont les émigrés féministes de l'Inde, qui viennent redonner à l'Egypte une nouvelle vie matriarcale et gynécocratique. Le règne de l'homme en Egypte ne s'établira que dans le millénaire qui précède le Christianisme (2).
Il commencera à Psammitique (665 à 650).
Hérodote et Diodore ont montré que chez les Égyptiens la Femme avait un rôle prépondérant, tandis que l'homme filait et se livrait aux soins du ménage.
M. Révilloud, dans son histoire de La Femme dans l'ancienne Egypte, a affirmé le même fait.
C'est la Femme qui faisait les lois et les interprétait ; Elle qui était Déesse et Prêtresse.
Les Pharaons sont des magistrats sacerdotaux, toujours représentés en costumes de femmes.
Dans le règne primitif, toutes les grandes dignités de l'Etat, les fonctions de juge, de médecin, étaient exclusivement réservées à la caste sacerdotale. Les hommes ne pouvaient pas y prétendre, ils étaient soumis au pouvoir des femmes appelées « des sages » (Soffet), qui leur faisaient faire un service régulier, un travail dont l'organisation avait été savamment établie. On les envoyait aussi en expéditions lointaines.
Pour les récompenser, on leur donnait le droit de porter certains signes de distinction. On comprenait déjà que les honneurs accordés aux hommes n'ont de valeur que s'ils les tiennent de la Femme (3).
La Femme gardait en dépôt les Livres de science et les cachait à tous les yeux avec des précautions infinies.
La connaissance des lois de la Nature, que les Livres sacrés avaient enseignées, facilitait tous les travaux, qui ne sont en somme que les applications de ces lois à la vie, ou à l'industrie.
Les lois de la physique (le Kosmos), de la chimie (l'art sacré des Temples), de la physiologie (imposées dans le Connais-toi du Temple de Delphes), étaient la base solide des travaux entrepris.
On savait tout ce que la science des modernes explique si mal, on connaissait la cause réelle de tous les phénomènes, et l'on est surpris de voir avec quelle précision tout était expliqué.
Ces connaissances qui étaient le fond de l'éducation religieuse donnée par les femmes (les Déesses qui écrivent, les Prêtresses qui enseignent) passaient dans les mœurs, dans les institutions, dans tout le milieu ambiant. Il n'y avait pas encore de place reconnue (officielle) pour l'erreur. Nous sommes, il est vrai, à l'aurore du mensonge, mais il n'a pas encore triomphé.
Cependant, partout il se produisit un fait qui allait changer la face du monde, et renverser le premier régime de Vérité et de Justice.
Les servants des temples usurpèrent les fonctions sacerdotales.
Si après les historiens nous consultons les monuments, nous voyons que les plus anciennes inscriptions connues sont celles qui se trouvent sur le socle de trois statues exposées au Louvre, en haut de l'escalier de la galerie égyptienne. On y voit une femme ayant à ses côtés un homme représenté deux fois (le même à droite et à gauche). Cet homme est Sepa, la femme est Nesa, et l'inscription Souten Reht-Nesa a été traduite par « Royale princesse Nesa ».
L'Egypte était divisée en petits Etats appelés des nomes, indépendants les uns des autres. C'étaient probablement des tribus plus ou moins étendues comme celles qui existaient partout où régnait la gynécocratie.
Il y avait en Egypte 44 nomes, 22 dans le Delta ou basse Egypte et 22 dans la Vallée ou haute Egypte.
Chaque nome ou district d'Egypte possédait ses emblèmes héraldiques, peints ou brodés sur la bannière qu'on portait dans les processions solennelles. Dès l'époque de Séti 1er, on trouvait à Abydos la liste complète des provinces. Dans les temples ptoléméens plus récents de Philæ, Denderah, etc., les textes qui servent de commentaires aux listes des districts donnent d'intéressants détails sur l'existence politique et religieuse de chaque nome. La distribution géographique de la vallée du Nil a été décrite avec sagacité et exactitude par Harris, de Rougé, etc..
(1) Avant ses dynasties, Manéthon plaçait, une dynastie de dix rois préhistoriques, et avant trente demi-dieux qui suivaient une dynastie de douze dieux et une autre de sept dieux (probablement les sept forces cosmiques, les Elohim). C'est un moine du VIIIe siècle de notre ère, Georges, surnommé « le Syncelle », secrétaire du patriarche de Constantinople, qui copia ce qui restait des ouvrages de Manéthon.
(2) « Non seulement Hérodote, le Père de l'histoire, nous parle des merveilleuses dynasties de dieux qui précédèrent le règne des mortels, puis furent suivies des dynasties de demi-dieux, de héros et enfin d'hommes, mais encore ses dires sont confirmés par toute la série des auteurs classiques : Diodore, Eratosthène, Platon, Manéthon, etc., reproduisent le même récit et ne varient jamais dans l'ordre successif qui est donné ». (H. Blavatsky, La Doctrine Secrète).
(3) Qu'est-ce que la rosette de la légion d'honneur, imaginé par Napoléon, Rudice en étoile, que les officiers de marine appellent la « tomate » ou « pomme d'amour », la « pomme de Vénus », tellement dévaluées de nos jours, parce que distribuées à la volée, et qui récompense moins le mérite qu'une certaine aptitude aux courbettes quand il ne s'agit pas de reptation.
C'est la Rose mystique que les anciens appelaient « la splendeur des plantes », emblème qui représente la Femme et que nous retrouvons en Egypte dans l'ordre de la « Rose-Croix ».
Cette Rose était dédiée à Vénus et ceux qui se soumettaient à sa loi étaient appelés Sub Rosa.

LES HYKSOS
Les premières phases de l'histoire des Hyksos se déroulent en Chaldée ; les origines qu'elles nous racontent sont celles que la tradition babylonienne a conservées. Leurs tribus matriarcales existaient en Assyrie. C'est cette forme de gouvernement qui fut établie en Palestine, « cette terre qui sera un jour la possession d'un peuple qui sortira des tribus gynécocratiques ».
A l'époque où les féministes fuyaient devant l'oppression masculine, on vit entrer en Egypte, par le nord-est, un peuple de « Pasteurs » nomades. C'étaient des Chananéens qui, après avoir habité la région de l'Arabie qui touche au Golfe Persique, avaient émigré en Syrie. Cela se passait 2.000 ans avant notre ère. Ces féministes allaient vers la Palestine en vertu de cette tendance singulière qui pousse les femmes qui émigrent à se diriger vers le nord-ouest ; fait, du reste, qui a une cause psychologique : les races du Midi, ayant commencé plus tôt leur évolution, sont arrivées plus tôt au déchaînement des passions qui engendre la révolte de l'homme contre la femme (1). Pour fuir les dominateurs, il faut se diriger vers les pays où l'évolution plus tardivement commencée n'a pas encore amené les hommes au même degré de révolte contre les contraintes qui leur sont imposées par la loi morale. C'est pourquoi le mouvement d'émigration féministe, véhicule de la civilisation, marche de l'Orient à l'Occident, du sud au nord.
Il faut se rappeler que la « Tribu » est la forme du régime matriarcal et que ce sont les femmes qui sont « Pasteurs » ou plutôt « Pastourelles », c'est-à-dire Sédentaires.
Quand on parle de « Rois Pasteurs », on met au masculin le titre que l'on donnait à la souveraine féminine.
Suivant Flavius Josèphe, « Hyk » dans le dialecte sacré veut dire chef, et « sos » dans la langue populaire signifie pasteur (Contre Apion, 1.4). Or le langage sacré à cette époque reculée, c'est la primitive langue des Déesses.
M. Chabas rappelle que le nom hiéroglyphique des Pasteurs, trouvé dans l'inscription d'Ahmès, est exprimé par un groupe qu'il lit : Menaou. Dans le papyrus Sallier, ils sont désignés par une épithète flétrissante : Aatou (fléau) (Mélanges égyptologiques, pp. 32 à 35).
Nous voyons dans cette flétrissure une preuve psychologique de l'origine gynécocratique des Hyksos. C'est toujours ainsi qu'au milieu des luttes de sexes on parle des féministes.
Ces tribus s'établirent au nord de l'Egypte, dans le Delta (2).
L'historien Josèphe les avait identifiées avec les Israélites, par erreur, disent les modernes, qui ne comprennent pas qu'il ne s'agit pas de groupement par similitude de race, mais par similitude de gouvernement.
Mariette a découvert des monuments qui ont fait constater que les Pasteurs sont une race d'origine sémitique dont les chefs, après avoir conquis la partie septentrionale de l'Egypte, choisirent pour résidence la ville de Sâm qu'ils appelèrent Tanis (Tanis ne viendrait-il pas de Tanit, la Déesse phénicienne ?) à l'ouest du lac Menzaleh, et établirent leur place d'armes à Haouar ou Avaris à l'est du même lac.
Ces tribus adoptèrent, peu à peu, les habitudes et même la langue du pays, mais gardèrent intacte leur religion. Elles élevèrent des temples à leur Divinité dans les villes de Tanis et d'Avaris. Quelques monuments des « Reines » Hyksos portant les noms de leurs constructeurs subsistent encore.
Les « Pasteurs » devinrent maîtres du nord de l'Egypte et firent de Memphis leur capitale. La personne qui les gouvernait, Salaris, y régna. Nous ignorons si ce personnage était un homme ou une femme.
La fondation de Memphis, à l'entrée du Delta, remonte donc à cette époque. Cette ville s'appela d'abord Men-Nefer (la bonne demeure).
Pendant que les Hyksos régnaient dans le nord, la partie méridionale de l'Egypte était dominée par les Hak, que les historiens appelèrent des « Rois ». Or il n'y avait pas encore de royauté constituée, puisque nous savons que le régime gynécocratique dura, sans partage, jusqu'au Xème siècle avant notre ère. Ces Hak (ou Ack) sont des hommes qui se sont séparés des tribus matriarcales et se sont mis à la tête d'un parti opposant.
C'est en comptant ces Hak comme des rois légitimes qu'on arrive à établir un si grand nombre de dynasties qui auraient été, si elles avaient existé, une série parallèle à celle que formaient les Mères (Matriarches) des Tribus.
C'est surtout en Egypte que la gynécocratie fut solide et durable. Cependant, il y avait des contestations entre les Reines et les Hak. C'est ainsi que nous apprenons par un fragment de papyrus que l'un de ces « Rois », appelé Rashenen, reçut un message inquiétant de la part d'Apapi qui régnait chez les Hyksos, sans qu'il soit possible de découvrir à quel sujet, ni quelles furent les suites de ce message (3).
Un de ces Hak appelé Ahmès (Amosis) résidait à Thèbes. C'est lui qui parvint à vaincre les Hyksos et à les obliger à sortir du pays. On en fait le fondateur de la XVIIIème dynastie, une de celles que les historiens de la vieille école considèrent comme les plus brillantes parce qu'elle aurait remporté des victoires sur le régime féministe.
D'après Champollion, les « Pasteurs » régnèrent en Egypte 260 ans. D'autres disent 953 ans ; d'autres disent 500 ans ; l'Exode dit 450 (ch. XII, 40). Renan croit que leur règne fut d'un siècle seulement. Croyez donc les historiens après cela ! On leur donne trois dynasties, depuis la XVème jusqu'à la XVIIème, pour rester fidèle au système adopté ; mais, comme nous savons qu'à cette époque le pouvoir n'était pas héréditaire (puisque dans le régime matriarcal le père n'était pas connu) (4), nous en concluons qu'on n'a inventé les dynasties qu'après que cette forme du pouvoir (l'hérédité) a été instituée, et alors, suivant le système toujours employé, on a reporté les dynasties dans un passé lointain pour donner au système dynastique le prestige de l'antiquité.
Amosis vivait 1750 ans avant notre ère. A la même époque, les tribus féministes sont chassées de l'Arabie par des hommes qui se font appeler « Tobba » (celui qui fait le bien), répondant ainsi aux accusations de malfaisance dirigées contre eux.
Manéthon, prêtre de la religion polythéiste (en lutte contre la Théogonie), a écrit l'histoire de son pays au IIème siècle avant notre ère pour justifier l'usurpation du pouvoir sacerdotal par l'homme ; il y représente les « Pasteurs » sous des traits odieux. Ce sont, pour lui, des malfaiteurs qui ont maltraité les Égyptiens et insulté leurs dieux ; « aussi, dit-il, ils furent asservis, après avoir séjourné cinq cents ans dans le pays, et, finalement, s'en furent en Judée où ils fondèrent Jérusalem », vers le XVIIIème siècle avant notre ère.
C'est aussi l'histoire de Manéthon qui nous dit que les Israélites se révoltèrent sous un chef nommé Osarsiph, « lequel changea son nom contre celui de Mosé ; qu'ils faisaient des horreurs inimaginables et insultaient à la religion des Égyptiens ».
Il est bien facile, à travers cette haine, de rétablir la vérité. L'accusation de choses abominables a toujours été faite aux femmes par ceux qui les combattaient injustement. Les insultes à la religion des Egyptiens, ce sont les reproches des fidèles de la Théogonie adressés à ceux qui pratiquaient le culte des dieux mâles, ce qui sembla abominable au début.
Tout cela est tellement limpide qu'on n'a aucun effort à faire pour l'expliquer, c'est la psychologie humaine dans toute sa simplicité. Du reste, le récit de Manéthon est plein de contradictions.
Il dit : « Ils firent une audacieuse expédition dans notre pays et le subjuguèrent facilement sans combat ». Plus loin, il ajoute qu'ils traitaient les indigènes de la façon la plus odieuse, massacrant les uns et menant en esclavage les femmes et les enfants des autres. ». Or, si cela était, on ne pourrait pas dire qu'ils ont subjugué sans combat, car ces prétendus massacres n'auraient pas eu lieu sans qu'il y eût combat. Il y a donc, dans ce récit, un parti pris de représenter les Hyksos sous un jour défavorable. Qu'il y ait eu domination morale, c'est-à-dire prosélytisme, cela est probable ; et ce qui le prouve, c'est que Manéthon les représente comme « renversant les temples et les dieux » ; cela prouve que ces tribus obéissent à une idée religieuse, et cela ferait supposer, si cela était vrai, que le culte égyptien commençait à se corrompre, ce qui arriva par la suite. Manéthon est imbu des idées de son temps (IIème siècle avant notre ère), et il les reporte à l'époque des Hyksos (plus de mille ans avant lui). Du reste, la haine que ces « Pasteurs » inspirent prouve leur féminisme et explique le silence systématique fait sur leur histoire. On a couvert d'épaisses ténèbres les siècles pendant lesquels les Hyksos régnèrent en Egypte. Alors que tant de monuments, d'inscriptions, de statues, attestent le passage de l'homme, racontent ses actions, relatent ses exploits et chantent ses louanges, le passage de la Femme n'est signalé que par une action moralisatrice qui engendre des haines et la fait représenter sous une figure ridiculisée, avilie, déshonorée.
On sait que c'est presque toujours par la fuite que la femme se soustrait à la tyrannie ; elle ne lutte pas longtemps, se sachant impuissante, elle fuit son oppresseur. C'est là un fait psychologique qu'il ne faut pas perdre de vue. Quand un peuple pacifique est attaqué par un dominateur brutal qui prétend l'asservir, si ce peuple, au lieu de se défendre, abandonne la place (non sans invectiver son adversaire, du reste), c'est un peuple féministe. La gynécocratie n'a jamais su organiser la guerre. Ces peuples vont fonder ailleurs un autre établissement en attendant que d'autres hommes viennent encore les en déloger.
Aucune peuplade androcratique n'agit ainsi. L'homme, contre un autre homme, lutte, ne s'éloigne pas sans combat. Mais la Femme, qui cède, accuse de lâcheté ses oppresseurs qui font contre elle usage de la force, et ceux-ci se vengent en renvoyant cette accusation à celles qui la leur adressèrent, et c'est ainsi que la lâcheté du conquérant qui attaque des êtres plus faibles que lui devient une accusation portée contre le faible qui fuit une force supérieure à la sienne.
Du reste, un régime social basé sur l'autorité morale et la Justice ne peut pas entrer en lutte avec des ennemis qui basent leurs conquêtes sur la violence.
(1) À la naissance de l'empire Perse, les nomades, suivant un mouvement d'est en ouest, sillonnent le monde des civilisations fixes. Ils sont craints, tolérés ou persécutés, ce qui ne fait que renforcer leur particularisme. Comme l'écrit Michel Bernard (Zanko : Chef tribal chez les Chalderash, la tradition des Tsiganes conservée par l'aristocratie de ce peuple) : « Leur accroissement numérique et le fait que des sédentaires usurpent des professions que la coutume leur réservait les incitent à partir toujours plus loin. »
(2) Manéthon parle d'un peuple d'émigrants qui arrivèrent tout à coup aux bouches du Nil et se rendirent maîtres du pays. Il les appelle Hyksos, et dit qu'ils avaient pour roi (?) Boïkos et pour capitale Abaris.
(3) C'est sous le règne de cette Apapi, qu'on appelle un Pharaon, que l'on place le jeune Hébreu Joseph vendu par ses frères. Cette légende a été, comme toutes les autres, arrangée d'après les idées les plus modernes.
(4) Renan dit dans l'Histoire du peuple d'Israël (T. Ier, p. 17) : « Le mot patriarche ne se trouve pas avant le premier siècle de notre ère, mais il est bien fait ; nous l'employons », et il l'applique aux chefs des tribus matriarcales qui étaient des « Mères ».

SÉTI-SETH
Il est expliqué plus bas le grand rôle joué en Egypte par la reine Séti, mère de Ramsès.
Rappelons succinctement la légende :
Dans l'histoire d'Adam et Eve, on nous dit que ce premier couple eut trois enfants : Caïn et Abel, puis un troisième sur lequel on ne nous dit rien. C'est ce personnage, effacé avec intention qui est Seth.
Ce troisième enfant (sans sexe comme tous ceux des écritures masculines), est une fille qui arrive au monde pour remplacer celle que Caïn a tuée, la femme vaincue partout. Celle-ci va vivre et faire revivre, avec elle, la puissance féminine éclipsée pendant plusieurs siècles.
Les anciens Egyptiens appellent cette nouvelle souveraine Sota, Seta ou Seti.
Seth, ou Seti, a une légende entourée de merveilleux, mais les historiens mettent son nom au masculin naturellement.
C'est après le règne de Séti que commencent les luttes séculaires soutenues pour établir un pouvoir nouveau, celui de la force, dans un pays qui voulait garder ses anciennes institutions.
Rappelons que le culte de la grande Déesse Séti a subi plusieurs phases historiques. D'abord, elle compte au nombre des grands dieux d'Abydos, où on lui donne un rôle solaire dans lequel elle figure comme adversaire du serpent Æpophis, le symbole du mal et des ténèbres.
Puis, par la suite, le culte de Séti est aboli, ses images détruites ; si on parle encore d'elle, c'est pour la ridiculiser sous le nom de Soutekh, personnalité féminine honnie, avilie. C'est aussi Sekhet à tête de lionne (ou de chatte) que surmonte le disque du soleil, son ancien emblème qu'on n'a pas encore supprimé, mais on y ajoute le serpent. Elle est appelée « la fille de Râ » et elle personnifie, sous la figure du serpent Uræus, l'ardeur dévorante et funeste de l'astre du jour. On va lui faire symboliser, dans la vie humaine, l'amour indomptable et passionné ; c'est toujours ainsi que s'exprime la haine des hommes pour les femmes qui veulent les ramener à la Vérité et à la vie morale. On nous dira qu'elle couvre de plaies envenimées les réprouvés de l'enfer égyptien, mais aussi qu'elle engendre des ivresses et des voluptés. On l'appelle aussi Best ou Astarté, comme sa sœur phénicienne.
Après cela, elle sera masculinisée sous une forme avilie par vengeance, parce qu'elle était l'adversaire du serpent Æpophis (l'homme pervers). Alors on l'appellera Set, d'où Satan, et sous ce nom elle va représenter l'homme perverti, c'est elle qui a commis tous les méfaits qu'elle reproche à l'homme, on la confondra avec Typhon, l'homme méchant. Set sera l'ennemi d'Isis et de tout ce qui est pur, bon et vrai. Il caractérise le trouble des éléments, le défaut d'harmonie dans la Nature.
Horus, en combattant Set au nom de sa mère Isis, peut l'abattre et la mutiler, mais il ne lui est pas permis de l'anéantir parce que le mal est éternel.
Set ou Seb porte une oie sur la tête parce que cet oiseau (qui symbolise le phallus) était considéré comme l'emblème de la bêtise.
Les oies sont des oiseaux priapiques, elles sont consacrées aux Divinités phalliques.
Dans le Satyricon, CXXXVI, Pétrone se moque de l'oie des Dieux. On trouve souvent les cygnes associés à Apollon (le Père Universel).
Sur la barque d'Isis était une oie sculptée. Tout ceci indique la haine implacable qui a empoisonné le cœur de l'homme. Et c'est ce sentiment qui nous fait comprendre des textes qu'on ne pourrait pas expliquer si on ne le connaissait.

MERIAMOUN
Meriamoun (ou Meryamon), nom que les historiens masculins ont donné à Ramsès, et que Champollion, qui lisait dans le même esprit, a fait signifier « Aimé d'Ammon », était le nom d'une grande prophétesse Mériam ou Myriam dont les modernes ont fait Marie, la sœur de Moïse.
Rappelons que certains historiens donnent au Pharaon de l'Exode le nom de Meriem-Ptah ; or ce nom est celui de Myriam elle-même. Les hébraïsants disent souvent Meriem. Quant à la terminaison Ptah, c'est un mot égyptien qui signifie Soleil ; c'est, du reste, dans la ville du Soleil qu'on la fait naître, à Héliopolis (ville natale de Moïse, dit-on, donc ville natale de Myriam)
On croit maintenant que c'est à la suite de son expédition sur le mont Sinaï que le temple de Karnac a été construit, et lui a été dédié. Les masculinistes en reportent la gloire à Ramsès. C'est elle que les Egyptiens ont surnommée Hathor (Ha-Thora, la loi).
Les ruines, dites de Karnac, sont remarquables. Ce sont les débris d'un temple qui dépasse tout ce que notre imagination peut rêver de plus grandiose. Les piliers qui soutenaient la salle principale, au nombre de 134, égalent en grosseur les colonnes que nous élevons sur nos places publiques et ont 70 pieds de hauteur (un peu plus de 21 mètres). Les piliers, comme les murs, sont couverts de dessins, d'hiéroglyphes, proportionnés à l'ampleur du monument ; et des statues s'y dressent semblables à des colosses.
Cette salle de Karnac fut construite en partie sous le règne de Meriamoun dont elle raconte les exploits à côté de ceux des autres grandes Déesses ses aïeules.
Puis, dans les listes des dynasties égyptiennes, nous lisons : Honfou (Cheops d'Hérodote), dynastie IV, construit la grande pyramide. Il fait exécuter des travaux au temple de Denderah consacré à la Déesse Hathor.
Or le temple de Denderah a été construit sous les Ptolémées, beaucoup plus tard. Mais ceci est une lumière. N'y aurait-il pas un rapprochement à faire entre le règne glorieux de Séti, celui de Meriamoun et la construction des Pyramides ?
Les habitants actuels de l'Egypte appellent en arabe les Pyramides Heram ; or nous savons que c'est le nom de Myriam qui, lu à l'envers, dans ses lettres hébraïques, a fait Hiram (« Hiram » doit se lire de droite à gauche comme lisent les Hébreux et non de gauche à droite suivant l'usage des Européens : Hiram alors devient Myriam ou plutôt Maria. Le heth - H - final en hébreu se prononce A. voir l'article sur l'Israélisme) (1)
C'est parce que les pyramides appelées Heram étaient consacrées à la Déesse, qu'on a appelé Harem par dérision les lieux où on enferma les femmes livrées aux plaisirs des hommes.
Dans l'époque de réaction dont nous nous occupons, la grande Déesse égyptienne Hathor fut représentée par une vache allaitant Horus.
Les rois sont souvent représentés comme tétant la vache Hathor. Est-ce une ironie renversant l'idée enseignée par les Prêtresses, que l'homme se nourrit de l'esprit féminin ?
Cette déesse représente maintenant le ciel nocturne, l'esprit des ténèbres, alors qu'elle a été la grande lumière de son époque On l'appelle aussi Merseker, celle qui aime le silence, ou qui garde le silence, c'est alors la femme intimidée ou persécutée qui ne parle plus.
(1) « On pourra noter ici la curieuse ressemblance qui existe entre les noms d'Hermès et d'Hiram ; cela ne veut pas dire évidemment que ces deux noms aient une origine linguistique commune, mais leur constitution n'en est pas moins identique, et l'ensemble H R M dont ils sont essentiellement formés pourrait encore donner lieu à d'autres rapprochements. » (R. Guénon, Le Voile d'Isis, article « Hermès »)

RAMSÈS
Le grand révolutionnaire qui bouleversa l'Egypte (vers 1350, dit-on, mais c'est une date incertaine) est Ramsès II, qui se fait appeler Meriamoun, et que les Grecs appelleront Sésostris.
Nous montrons, plus bas, que ce nom fut formé de celui de sa Mère, Séti, que les Grecs mirent au masculin, Sethos, suivi du chiffre tris (trois).
Les Grecs qui prononçaient le TH comme S disaient Sesos-tris.
Ramsès mena une campagne contre « la vile race des Khétas ou Chetas » célébrée dans le poème de Pentaour.
Puis il se fit élever à lui-même une statue colossale en l'honneur de sa victoire guerrière de Kadesh, remportée sur les Khétas en Palestine.
Que sont ces Khétas, ses ennemis ? Evidemment des représentants de l'ancien régime. Qu'est-ce que cette victoire chantée par le Pentaour ? Evidemment la violation d'un droit. Ce qui prouve qu'il y avait déjà des hommes pour louer les exploits meurtriers des autres hommes. Le poème de Pentaour fut considéré, plus tard, comme l'Iliade des Egyptiens. On y louait le roi avec exagération, on vantait son courage et sa présence d'esprit. Il n'y a qu'une chose qu'on ne pouvait pas louer : c'est sa modestie, car le fait de se faire élever une statue colossale est la plus belle preuve d'orgueil qu'il ait pu nous laisser.
On raconte que huit fois il traversa les rangs ennemis sur son char de guerre ; fanfaronnade qui n'aurait de mérite que si cela servait a quelque chose d'utile à l'humanité. On nous dit aussi que dans le danger il invoquait comme puissance supérieure Ammon. Il dit : « Je pense qu'Ammon vaut mieux pour moi qu'un million de soldats, que cent mille cavaliers, qu'une myriade de frères et de jeûnes fils. J'ai accompli ces choses par le conseil de ta bouche et je n'ai pas transgressé tes conseils ».
Voilà de la superstition. C'est en même temps une justification.
Ammon répond : « C'est moi ton Père, je suis le seigneur de la force aimant la vaillance ».
Voilà le Père divinisé remplaçant la Déesse-Mère. Et voilà la Force remplaçant l'Esprit.
La statue de Ramsès nous apprend qu'il rappelle le type sémitique par la forme arquée du nez et la grosseur des lèvres.
Ce dernier caractère indique une nature sensuelle que nous aurions ignorée si ce grand orgueilleux n'avait pas eu l'idée de nous en transmettre la preuve, à travers les siècles, en se faisant immortaliser sous des formes colossales. C'est avec ces documents de l'orgueil des hommes que nous refaisons leur histoire.
La main droite du colosse tient la croix ansée, la gauche tient le sceptre. Ce qui prouve que l'initiation religieuse était encore mise avant la royauté. Du reste il se donnait les deux pouvoirs.
Sur sa large poitrine d'homme fort il porte un bouclier, le plastron des lâches, car cela veut dire : « J'attaque, mais me protège des coups portés par les autres ». Ce bouclier est surmonté d'une couronne qui porte cette inscription modeste : RAMSÈS FAVORI D'AMMON, FILS DU SOLEIL, GARDIEN DE LA VÉRITÉ.
Tout cela, c'est la parodie des attributs donnés à la Déesse. Il ne se contente pas d'un bouclier pour se garer, il porte aussi une fine cuirasse aux écailles de fer qui moule ses reins étroits.
Cette statue a été trouvée près de l'emplacement où était Memphis. Il fit graver ses victoires sur cent pylônes (1) ; il donne au Vaincu le sexe féminin. Son règne dura 60 ans. Voilà les documents qui ont servi à faire l'histoire.
La sculpture, qui servait à faire « les images taillées », est un art qui date de la puissance masculine et sert à la glorifier. Les femmes avaient ces idoles en abomination. Les hommes pensaient autrement : « Les statues des Dieux, dit Eusèbe, sont des livres qui font connaître aux hommes, par le moyen de la vue, la Divinité invisible, et ceux qui prennent ces statues pour du bois ou de la pierre sont aussi ignorants que ceux qui, ne sachant pas lire, ne voient dans un livre que du papier ». (Praep. Èvang., 3,7).
Voyons maintenant ce que dit de cette lutte le seul auteur moderne qui ose mentionner le rôle de la Femme dans l'antiquité.
C'est M. Révillout, qui a écrit un ouvrage intitulé : La Femme dans l'antiquité égyptienne. Il dit ceci (T. I, p. 167) :
« Les documents sont très rares concernant les Kétas, ou Hétéens, qui avaient l'hégémonie asiatique que possédèrent plus tard successivement les Assyriens, les Babyloniens et les Perses. Mais ils n'écrivaient pas en cunéiformes et leurs hiéroglyphes spéciaux n'ont pas encore été lus, du moins avec certitude, malgré les efforts de Sayce et d'autres assyriologues. Au contraire, les documents abondent à Ninive, à Babylone, à Schippara et dans les autres villes antiques de la Chaldée.
« Ce que je tiens surtout à bien mettre en lumière, c'est ce fait que plus on remonte dans les origines de la civilisation chaldéenne, plus on voit la situation de la Femme être plus considérable. Il en est de même dans l'Egypte archaïque. »
Ces Kétas qui ont l'hégémonie asiatique, ce sont les anciens Celtes (Keltes), et cette langue indéchiffrable, c'était la leur.
Puis M. Révillout va nous raconter la lutte de Ramsès contre ce peuple, mais il aura la bonne foi de mentionner la Reine des Kétas. Du reste, dans son récit, il mêle les deux traditions masculiniste et féministe ; il dit (ouvrage cité, T. I, p.117) :
« Dans le traité d'alliance et de commerce qui fut conclu entre les deux nations des Kétas et d'Egypte, on remarque le rôle très important joué par la Reine des Kétas qui, de son propre chef, était reine de Kidjautan. Le roi des Kétas avait, de concert avec l'ambassadeur de Ramsès II, préparé le projet de traité, en y joignant l'invocation au dieu de Cheta et d'Egypte et les anathèmes contre ceux qui n'en observeraient pas les clauses. Il ne restait plus qu'à présenter le document à la signature des parties contractantes, et on commença par la reine de Kéta et de Kidjautan. Mais dès que celle-ci en eut pris connaissance, elle déclara qu'elle ne l'approuverait jamais sans certaines modifications. Un article surtout ne lui plaisait en aucune façon, c'était celui qui concernait les ouvriers et les artistes qui, d'un des deux pays confédérés, venaient dans l'autre sans permission ou sans passeport, pour exercer leur métier.
« Le texte actuel prescrivait de les mettre aussitôt à la disposition de leur souverain légitime.
« La reine, au cœur sensible, craignit de les voir punir trop sévèrement, et elle exigea l'insertion d'un article supplémentaire en vertu duquel chacun des deux souverains s'engageait à ne pas tuer, à ne pas mutiler, à ne punir d'aucune manière ses sujets ainsi transfuges et à ne pas leur faire un crime de leur tentative.
« On en passa par là et le traité ainsi complété fut approuvé par la Reine des Kétas qui y apposa le cachet de son Dieu, comme. par le roi de Cheta qui y apposa le cachet du sien, avant d'être porté en Egypte ».
Ce document nous montre la Femme ayant encore tous les pouvoirs. Elle est représentée par la Reine du jeu d'échecs, inventé à cette époque. L'homme, c'est le Roi du même jeu : son pouvoir est limité
(1) « Hérodote nous apprend que Sésostris, pendant ses conquêtes asiatiques, érigeait des colonnes (symbole phallique) sur lesquelles il faisait graver les organes féminins, comme complément de symbole. Ces monuments souvent gigantesques étaient généralement élevés en témoignage de quelqu'évènement d'importance. » (Godefroy de Roisel, Études anté-historiques : les Atlantes, p.147).

LA DÉGRADATION DES RAMESSIDES
Le nom de Ramsès que prirent les chefs de la XXème dynastie vient de Ram, le célèbre révolutionnaire qui masculinisa une partie de la Terre. Tous ces chefs tombèrent dans la débauche.
C'est ce Ram celtique (1) que les Hindous appellent Râma, c'est lui que le Tibet, la Chine, le Japon et les immenses régions du Nord de l'Asie honorent sous le nom de Lama. Il est connu sous le nom de Fo, de Pa, de Pa-pa (monarque paternel) ou de Pa-si-pa (Père des pères). C'est lui qu'en Perse on a appelé Giam-Shyd et dont on a fait le premier monarque du monde.
Précisons enfin, à propos de ce grand perturbateur, que sur les bords du Tibre, aux Mystères de Raymi, on immolait un agneau noir, et à Rama, dans l'Inde, pendant la cérémonie, la foule répétait continuellement : Ram, Ram ! Le mot Ramadan vient de là.
Revenons à Révillout qui dit, au sujet des Ramessides (p.141) : « Les derniers Ramessides, amollis par les plaisirs, étaient devenus des rois fainéants, et les souverains pontifes profiteront de leur indolence pour se faire attribuer la direction suprême des troupes. Désormais le roi était en tutelle et, sans en porter le titre, le premier prophète était un véritable maire du palais. Un beau jour, pour prendre le titre de roi dont il exerçait le pouvoir, il n'eut à consulter personne autre que son Dieu. Herhor, dans une fête solennelle, demanda donc à Ammon s'il ne devait pas recevoir la Couronne et, sur une réponse affirmative de l'Oracle, il usurpa aussitôt le double cartouche de la légende royale.
« On a le sarcophage monumental de Ramsès III au Louvre. Il est recouvert de Déesses un peu déshabillées. Lui-même, dans les représentations de son palais, nous fait assister à des scènes d'un caractère un peu intime. On le voit dans le plus simple appareil tenir le menton d'une jeune femme entièrement nue, sauf la coiffure, et qui lui présente un fruit, ou bien encore jouer aux échecs dans les mêmes conditions avec une autre fille tout aussi déshabillée. Dans une des représentation du bas de la planche, c'est toute une série d'académies (nudités) qui l'entourent et jouent avec lui  ».
(p. 126) « Le roi en maillot avec lequel elles jouent aux échecs est plutôt familier. C'est bien le vieux libertin usé et abêti dont nous connaissons maintenant la figure par sa momie ».
(1) Voir l'article intitulé « Celtes et latins »

HERMÈS CONTRE LES DEESSES
C'est du temps de Ramsès II que le sacerdoce masculin apparaît en Egypte.
Dans chaque pays on trouve un terme générique pour désigner la fonction nouvelle que l'homme va prendre. Ici le « Prêtre » s'appelle « Hermès ».
Ce personnage n'a aucune réalité, c'est un être imaginaire servant de symbole. « Hermès est l'emblème de la parole qui crée et interprète tout », dit Eusèbe.
Il va interpréter en effet, mais si sa parole crée, ce ne sera que l'erreur.
L'Egypte avait, pendant les siècles antérieurs, été soumise au gouvernement théocratique féminin, longtemps la Prêtresse d'Isis avait enseigné les lois de la Nature, l'histoire des forces qui la régissent, la loi morale. Cet enseignement avait été donné dans les anciens temples de cette heureuse contrée, qui s'était élevée si haut, qui avait brillé d'une si grande splendeur qu'elle était partout renommée.
C'est que le culte primitif avait eu de profondes racines dans la nature humaine.
Mais la réaction masculine renversa tout cela. Le Prêtre s'empara du sacerdoce au nom de l'intelligence qu'il se donnait et du ciel qu'il mettait de son côté dans le seul but de se procurer des jouissances terrestres (1). La religion si élevée de l'Egypte théogonique se réduisit à un formalisme stérile. Les Prêtres, cessant de penser, se contentèrent de répéter les paroles sacrées sans les comprendre et d'accomplir les minutieuses cérémonies du culte en leur prêtant un caractère magique. La lettre prit la place de l'esprit et leurs dieux furent des hommes vulgaires. Avec cela ils entretenaient des superstitions, ils opprimaient les castes inférieures, ils étouffaient la vérité, et, renversant la morale, ils commençaient à substituer l'adoration de l'homme à l'adoration de la femme. Et la foule se prosternait devant des choses abjectes.
Alors la religion qui, naguère, avait consolé le peuple dans ses misères, élevé, purifié les cœurs, nourri les âmes de foi, d'espérance et d'amour, ne servit plus qu'à donner à ses ministres une arme de despotisme et de charlatanisme.
(1) La ville de Khennou, située sur un des bras les plus étroits du Nil, proche la frontière de Nubie, contenait une fameuse école de Prêtres. On les représente festoyant d'après des peintures de banquets qu'on trouve en si grand nombre dans les hypogées. Un des prêtres de Khennou est Touauf, dont on a retrouvé des compositions classiques.

LA MÉDECINE HERMÉTIQUE
Dans les temples des Hermès se trouvaient des médecins qui mêlaient aux médicaments des prières, des sacrifices, des exorcismes. Comme les autres prêtres, les médecins vivaient de l'impôt sur les laïques et des sommes qu'ils savaient faire affluer au trésor. Les pratiques médicales valaient au temple de riches présents, et on assurait que les guérisons dépendaient de l'offrande beaucoup plus que du remède.
Clément d'Alexandrie a consacré à la chirurgie un des six livres qu'il a intitulés les HERMÉTIQUES des médecins. Ces livres les montrent comme des charlatans.
Cependant l'opinion qui régnait dans l'antiquité était que la science médicale des Egyptiens était incontestable ; mais il faut penser qu'il s'agit de la science des temples féminins et non de celle des temples masculins qui ont beau mêler la divinité à leurs prescriptions, ne l'égalent jamais. Dans ces temples, on imitait les cérémonies des temples théogoniques. Les fêtes d'Aphrodite avaient lieu le quatrième jour du mois.
Il existait des temples hermétiques à Thèbes en Béotie, à Mégalopolis en Arcadie et dans beaucoup d'autres villes.
Jusque là, le sacerdoce avait été exclusivement féminin. Le régime maternel primitif était une théocratie. A la caste sacerdotale appartenait le sol entier de l'Egypte. La terre était à la Déesse-Mère. C'est elle qui était la maîtresse du domaine et qui faisait travailler les hommes qui cultivaient les terres suivant les lois admises.
« Des femmes symbolisaient tous les nomes de l'Egypte », dit Révillout ( T. I, p. 10).
Il parle ailleurs d'une procession de domaines représentés par des femmes ; d'où le nom de famille resté celui de la Mère, celui du nome (p. 16). (N'est-ce pas de là que sont venus les mots nom et nommer ?)

LES MYSTÈRES ÉGYPTIENS
C'est après que les Egyptiens se soient révoltés contre l'Esprit féminin qu'on y institua les Mystères.
Hérodote nous dit que ce fut en Egypte que furent établies ces fêtes appelées Pan-Egyries, avec la pompe des cérémonies et les processions.
Les Grecs n'ont fait que les copier. Les grandes solennités de la Grèce, telles que les Pan-Athénées, les Thesmophories, les fêtes d'Eleusis, avaient été apportées d'Egypte.
Ce sont les Prêtresses, antérieures aux Hermès, qui formaient la caste sacerdotale qui gouvernait l'Egypte (les Pharaons).
Elles formaient des familles consacrées qui, à l'exclusion de toutes les autres, s'occupaient des fonctions du culte.
Clément d'Alexandrie a décrit la hiérarchie sacerdotale des Egyptiens. Il y avait cinq grades suivant les degrés d'initiation aux livres du rituel : le chantre, le devin, le scribe, la Prêtresse en robe portant le sceptre et le vase sacré, le prophète ou le prédicateur président du Temple qui portait l'eau sainte et étudiait tous les livres hiératiques.
Les Mystères égyptiens étaient de grandes solennités qui attiraient les multitudes.
« Dans les Mystères d'Isis, l'Hiérophante tirait du sanctuaire des espèces de grimoires chargés de caractères hiéroglyphiques dont les lignes s'entrelaçaient et formaient des nœuds et des roues. C'était la langue sacrée dont on donnait l'explication » (Apulée, Métamorphoses, 1,11).
Suivant Ebers : « La doctrine des mystères est expliquée dans les inscriptions de la salle d'entrée du tombeau des Rois à Thèbes. Elles contiennent la louange de Râ (Déesse de la Raison) dont on invoque tour à tour les 75 manifestations principales (imitée dans les litanies de la Vierge). Ces textes ont été commentés par M. Ernest Naville dans la litanie du Soleil. Le texte du Livre des Morts, l'hymne au Soleil conservé à Boulaq et interprété par Stern et Gréhant, les inscriptions des sarcophages et des murs du temple de Ptolémée, le traité de Plutarque sur Isis et Osiris, les Mystères des Egyptiens par Jamblique et le discours d'Hermès Trismégiste sur l'âme humaine renferment les principaux détails que nous avons sur l'enseignement secret des Egyptiens ».
Mais Ebers se trompe quand il mentionne un discours d'Hermès parmi les enseignements secrets. Les Hermès (les prêtres) ont renversé la religion primitive, ils ont attribué à Osiris les Mystères d'Isis et tous leurs bienfaits. C'était donc contre eux qu'on les avait institués, non avec eux.
L'enseignement secret était destiné à expliquer aux hommes les lois morales qui les lient aux Divinités et les lois qui régissent l'Univers.
Leur but, suivant Plutarque, était de fortifier la piété et de donner à l'homme des consolations (non à la femme). Quelles étaient ces consolations ?
L'espoir d'un avenir plus heureux, le moyen, après la mort de l'âme par le péché, de revenir à une félicité durable, en revenant au bien.
(C'est de cette idée que les Prêtres ont fait la félicité éternelle dans un Paradis.)
« Nous y avons reçu des leçons qui rendent la vie plus agréable », dit Cicéron.

LE CULTE D'HATHOR
Dans l'ouvrage de Révillout, La femme dans l'ancienne Egypte, nous relevons les citations suivantes concernant le culte de la Déesse Hathor, qui se rapportent à l'époque où le sacerdoce devint mixte, féminin et masculin :
(T.I, p. 32) « L'intendant du palais, administrateur de la nouvelle Ville, chef prophète d'Hathor, la Dame de Roant, le parent royal (suten recht) Nebankh et sa femme dévote à Hathor Hedjtnebheken ».
« Il a fait ordre à ses enfants d'être prêtres d'Hathor, Dame de Roant ».
« Je les ai fait prophètes, ceux-là, parmi mes enfants que j'ai désignés pour être prêtres d'Hathor, et sa Majesté Menkara a donné deux grandes mesures de terre à ces prophètes pour être prêtres ».
Puis vient un tableau que précède ce titre : « Ont donné cela le parent royal, intendant du palais Nebankh, et sa femme la parente royale Neb-hedjthekennu, pour ses enfants à elle ».
Et plus loin :
« C'est la femme de Nebankh qui donnait (qui officiait) avec son mari, comme Mère des autres prêtres ».
Le document se termine par ce dernier article :
« Sa Majesté Userkaf m'a ordonné prêtre d'Hathor, Dame de Roant. Quant une chose quelconque entre dans le temple, c'est moi qui suis prêtre établi sur tout ce qu'on y transporte. Mes enfants, ceux-là, seront prêtres d'Hathor, Dame de Roant, comme je l'ai été moi-même.
« Quand je voyagerai vers l'Occident, en qualité de maître de respect, tout cela sera dans la main de mes enfants, ceux-là ».
Le nom de Hathor se donnait aux filles comme le nom de Marie dans les temps modernes. Nous trouvons dans une citation cette phrase : « sa fille Hathornofré ».
« Sous l'ancien empire, dit encore Révillout (T. I, p.24), la femme peut être prophétesse d'une divinité, ou même de plusieurs si elle est d'une famille de ceux que les Egyptiens nommaient suten rekh ».
Ailleurs (p. 18), nous trouvons qu'il est question de la Déesse Merab dans son costume sacerdotal
(p.16).« Les Pallacides sacrées jouissent d'une grande considération dans la haute société d'alors. Ce sont des artistes qui représentent les Mystères ».
Les auteurs modernes en ont fait des danseuses plus ou moins vêtues ! Du reste, dans le régime phallique, on les trouvera dans les temples à côté des Qadesh, mot hébreu qui signifie sainte et qu'on assimilera aux prostituées.
De Qadesh les sociétés secrètes ont fait Kadosh (saint).

LA FAMILLE ET LES MŒURS
C'est dans, l'ordre secret de Misraïm que l'union des sexes fut régularisée et légitimée.
Cet ordre, c'est la Religion, donc l'union est un acte religieux.
On sait que les Mystères sont des fraternités dans lesquelles les femmes appellent les hommes « mon frère ». C'est cet usage qui a fait penser que les unions se faisaient entre frères et sœurs.
Il s'agit des frères mystiques. Le mot n'indique pas une parenté, mais une conformité d'idées.
Dans un chant d'amour d'une femme, cité par Révillout (T. I, p. 131), nous trouvons ceci :
« J'ai trouvé mon frère. Je me suis fait de l'amour de mon frère le but unique...», etc.
L'enseignement donné dans les assemblées secrètes avait surtout pour objet de développer chez l'homme les bons sentiments.
Révillout nous-dit encore (T. I, p. 139) :
« On l'a remarqué il y a longtemps, il n'est si pire criminel qui n'ait quelque chose de bon, ou âme si froide qui ne puisse s'échauffer un jour au contact de cet amour qui est dans notre être une lumière divine et dont les étincelles jaillissent du roc.».
Le respect de la femme était si profond en Egypte que pour faire sortir les Egyptiens d'eux-mêmes, il suffisait de toucher à une femme.
« Les Grecs étaient très étonnés et même un peu scandalisés de la manière dont les Egyptiennes imposaient leur domination au sexe fort. Ajoutons-le d'ailleurs, c'était la Mère qui triomphait surtout en elles. Avant tout elles songeaient à leurs enfants ; et la reine d'Egypte, c'était toujours la « Divine Mère Isis », portant son enfant dans ses bras et dont le surnom a passé à la Vierge Marie. »
Dans les Mystères, l'homme qui sera choisi, c'est l'épopte. C'est évidemment de ce mot qu'on a fait le mot époux. Il a des devoirs à remplir ; nous en voyons la preuve dans cette inscription, c'est un homme qui se justifie, il dit (p. 134) :
« Je n'ai pas été donné à toi mauvais compagnon pour agir avec toi à la façon d'un maître, on ne m'a jamais trouvé agissant d'une façon mal appropriée à ton égard. Je ne me suis mêlé en rien de ce que tu faisais. »
Dans le papyrus démotique conservé à Boulaq et expliqué par H. Brugsch, appelé le roman de Setna, on lit : « N'est-ce pas la loi qui enchaîne l'époux à l'épouse ? » Donc c'est l'homme qui est enchaîné.
Les documents qu'on nous exhibe se rapportent presque toujours aux personnages qui ont régné ; dans ce monde supérieur, la Déesse-Mère (la Reine, diront les modernes) est pour celui qui s'unit à elle sa parente royale.
Dans les projections des cours du Louvre, on montrait « la prophétesse et parente royale Djefasen appuyant la main sur l'épaule de son ami et portant une couronne de fleurs, sur la tête » (p. 12).
C'est ainsi que le fils, quand il grandit, porte aussi le titre de parent royal, qui lui vient de sa Mère (p. 22).
« Au point de vue familial, la Mère seule comptait avec son fils », dit Révillout (p. 19).
Mais les Mères ont eu quelquefois à se plaindre de leur fils. Après les exhortations et les remontrances nécessaires, si elles ne le ramenaient pas à elles, elles lui disaient : « Tu n'es plus mon fils ». Et il était alors rejeté du monde régulier et de l'héritage maternel.
Les auteurs modernes qui, tous, mettent dans l'antiquité les lois et les usages de leur temps, surtout lorsqu'il s'agit de leur situation familiale, ont toujours parlé de la famille antique comme si elle était constituée d'après les lois modernes, c'est-à-dire le code Napoléon et la morale catholique.
C'est pour se conformer à ce système qu'on va nous dire que la femme n'a plus l'administration de ses biens à une époque où les documents démentent ces assertions et donnent d'autres lois. On nous dira donc en même temps ceci (p. 115) :
« L'épouse, en vertu du mariage solennel effectué, est maîtresse des biens de son époux, ne possédant plus, quant à elle, rien par elle-même ou plutôt pour elle-même ».
Puis, page 116 du même ouvrage, dans un chant d'amour, la fiancée s'écrie :
« O mon bel ami, mon désir est que je devienne maîtresse de
« tes biens en qualité d'épouse. Je ne m'éloignerai pas, mais la
« main dans la main je me promènerai et je serai avec toi en
« toute place, heureuse puisque tu fais de moi la première des
« femmes et ne brise point mon cœur ».
Révillout reproche à son confrère Etienne Lamy sa manie de romaniser l'histoire. Il dit (p. 2) : « Il est facile de voir l'auteur s'inspirer de Rome, de cette Rome prétendue primitive, dont certains catholiques voudraient copier jusqu'aux abus, de cette Rome enfin qui les hante et leur fait partout et toujours confondre l'antiquité avec la Romanité ».
C'est que, en effet, c'est à l'époque où sévissait le Droit romain que les historiens ont altéré toute l'histoire antérieure pour y introduire le droit, nouveau alors, et les mœurs qui en résultaient. La femme descend dans la hiérarchie sociale quand c'est l'homme qui arrive à faire des lois et à les lui imposer. Alors elle n'est plus dite (nous citons p. 80) : « Sa femme bien-aimée trouvant dans son amour la seule raison de leur union, elle est devenue la nebt pa, la Dame de la Maison, et, comme telle, elle partage avec son époux les honneurs dont lui seul est revêtu. Certes, les mœurs publiques l'empêcheront toujours d'être, en Egypte, un tyran domestique, comme à une certaine époque en Grèce et à Rome ».
Dans le formulaire de l'Union légale, le Prêtre d'Ammon dira au futur époux :
« Est-ce que tu l'aimeras en épouse, en femme conjointe, en mère transmettant les droits de famille à sa filiation, ô mon frère ? » (p. 94).
Le titre d'épouse (himt), de femme conjointe (khnumt), se retrouve dans l'inscription de la reine Nub Klas de la XIIème dynastie (parce qu'on l'y a mis) comme dans les actes nuptiaux du temps des Psammétiques.
Ce n'est pas encore l'asservissement de la femme, c'est la période d'égalité dans l'union. Elle est du reste consacrée par cette formule :
« Ubi tu gaius et ego gaia. Où tu es le maître, je suis la maîtresse, avec le même nom et les mêmes droits » (p. 3).
Nous venons de voir le mot épouse écrit par les modernes. C'est le féminin donné au mot époux, titre qui ne peut jamais être que masculin. Mais quand on perd de vue la morale, on change aussi la signification des mots. Pour racheter tout ce que ce système a d'incohérent, on va nous parler de la femme épousé honorée (p. 16).
Ailleurs, on nous parlera des veuves, à une époque où le mariage n'est pas encore institué. Toujours le Droit romain dans l'Antiquité !
Celle qu'on a appelée la Dame de maison, va descendre à la seconde place, et c'est l'époux qui va devenir le Neb (seigneur).
Ces substitutions de sexes qui laissent cependant subsister certains textes, introduisent dans l'histoire des incohérences comme celle-ci (p. 17) : « fils du roi, né de son flanc ». Et les modernes qui ne comprennent pas, mais qui croient, répètent des phrases qu'ils ont lues sans en comprendre la portée, ainsi (p.115) :
« Ramsès fit épouser à son fils Séti Ier (une reine) une des sœurs d'Aménophis V, afin d'avoir ainsi des droits sérieux à la couronne, droits dont bénéficiera surtout Ramsès II, le grand Sésostris, né de cette union contre nature, entre un meurtrier et l'une de ses victimes ».
A quoi nous répondons :
1° A l'époque des Ramsès, l'enfant ne connaissait pas son père.
2° Séti était une Reine, la mère de Ramsès II
3° Le grand Sésostris, c'est Séti elle-même.
Et nous nous arrêtons parce que l'histoire ainsi écrite est un galimatias incompréhensible.

LES PLUS ANCIENS DOCUMENTS (4.673 ans avant notre ère)
Le plus ancien de tous les documents connus, c'est le Papyrus Prisse (de E. Prisse d'Avenne).
Cet écrit renfermait plusieurs traités, mis à la suite les uns des autres. Le premier est en partie détruit. Il en reste seulement deux pages ou feuillets.
Après ces deux feuillets se trouve un intervalle de 1 mètre 33 centimètres où l'écriture a été effacée. Ce papyrus est continu, suivant l'usage antique. On suppose qu'il y avait là un second traité que quelqu'un a eu intérêt à faire disparaître.
Qui ? quand ? et pourquoi ?
Enfin, les quatorze dernières pages contiennent un traité intitulé : « Livre du gouvernement de la ville, signé Ptah-hotep sous la majesté du roi Assa toujours vivant, etc. »
Assa est un Pharaon, mis dans la Vème dynastie, et les Pharaons sont les Prêtresses qui remplissent les fonctions sacerdotales.
On suppose que les trois parties de cet ouvrage ont été écrites à des époques différentes par des auteurs différents et que le papyrus Prisse est une copie du tout, faite sous le roi Assa, c'est-à-dire la Prêtresse Assa.
Les autres parties sont très anciennes. La première a pour auteur Kakemni, qui vivait sous les rois, dit-on, alors qu'il n'y avait que des reines, Houni et Snefou.
Le second ayant été effacé, on ne sait rien de son auteur, ni de sa date.
Un intervalle de plusieurs siècles sépare chaque partie.
Ces traités ont été composés environ deux à trois mille ans avant le temps où l'on place Moïse (XIVème siècles avant notre ère).
Il est curieux de voir ce que disaient les êtres qui vivaient à une époque si éloignée de nous. Comme nous l'avions prévu, ce sont des idées féminines qui sont exprimées dans cet antique écrit.
Voici la version du premier feuillet. Elle a été faite par le professeur J. Dumichen.
Premier feuillet :
« Un chant relatif à ce qui est juste ouvre l'arcane de mon silence. Pour laisser échapper des paroles munies de glaives, contre celui qui transgresse la droite voie.
« Lorsque tu te trouves dans une société de personnes qui détestent les mets que tu aimes, c'est pour toi un court instant de tourment. Mais fuis l'intempérance, car une tasse d'eau (1) suffit pour apaiser la soif et une bouchée de melon pour restaurer le cœur.
« Souvent une richesse supérieure remplace la richesse, mais souvent aussi l'indigence remplace une grande fortune.
« Méprisable est celui qui est au service de son ventre et qui passe son temps dans l'oisiveté.
« Si tu es assis avec un mangeur qui mange jusqu'à être obligé d'ôter sa ceinture, ou que tu boives avec un buveur qui t'a reçu et qui satisfait son goût, comme le crocodile sur la viande, accepte ce qu'il t'offre ; ne le refuse point.
« Mais qu'il est répugnant de voir un homme perdre ses pensées et n'être plus maître de ses paroles !
« En vérité, il est la honte de sa Mère et de ses proches. Tout le monde s'écrie : O ! puisses-tu t'en aller ! »
Telle est cette littérature naïve qui prouve que la personne qui en est l'auteur avait près d'elle un homme déjà intempérant.
La gourmandise est un défaut de jeunesse, elle n'attend pas le nombre des années.
Ce document est donc bien réellement l'expression d'idées jeunes, de vices naissants qui provoquent les premiers dégoûts de la Femme se manifestant à la vue des premières faiblesses de l'homme.
(1) Cette expression : une tasse d'eau, semble indiquer que ceci a été écrit avant l'invention du verre.

RENAISSANCE MORALE SOUS LA DYNASTIE ÉTHIOPIENNE
Après les Ramessides, l'Egypte revint à l'ancien régime gynécocratique sous la première dynastie éthiopienne mentionnée comme la 23ème et qui aurait duré 58 ans.
Puis sous la suivante, la 24ème qui dura 44 ans ; et, enfin, sous la troisième, la 25ème qui aurait duré 52 ans.
Cette renaissance matriarcale a donc gouverné le pays de l'année 790 à 625.

Qu'étaient ces Ethiopiens ?
C'était la race pure des anciens Celtes qui avaient créé la première civilisation et l'avaient répandue dans le monde entier (voir l'article consacré aux Celtes).
Ceci demande quelques explications que la philologie va nous fournir.
On appelait Ethos les peuples qui vivaient suivant les lois de la Morale.
Les Druides sont appelés Ethi-opiens (ethos, mœurs, ops, terre) parce qu'ils prêchent la morale.
Pline énumère 45 peuples qui, dans des pays très éloignés les uns des autres, portaient ce nom, ce qui prouve qu'une seule morale régnait sur la Terre, celle qui était donnée dans les grands Livres sacrés des temps primitifs. En Abyssinie, en Colchide, en Mauritanie, dans les îles de la Méditerranée, on trouve des peuples appelés Ethiopiens et vivant sous la loi morale, Ethos, d'où Ethique, terre des hommes purs.
Dans les langues du nord, Keush signifie pur et Haus demeure, d'où Caucase (demeure des hommes purs).
Dans la Bible, on trouve le mot Koush (pur), traduit en latin par Ethiopiens. Ce mot Koush semble être la racine du mot Kadosh (saint). Pline désigne l'homme pur par les mots le couchi. Pour lui, les Druides sont des Cuschites ou Ethiopiens.
Dans l'Iliade, il est parlé des vertueux Ethiopiens, et dans l'Odyssée, on mentionne les fêtes religieuses éthiopiennes.
Les Grecs, au lieu de Ethos (morale), supposèrent pour racine Aithos qui signifie noirceur, et sur cette étymologie fictive ils transformèrent tous les Ethiopiens en noirs (1). La mer Noire fut appelée ainsi parce que le peuple qui vivait sur ses bords était féministe.
Ceux qui, plus tard, violeront la loi morale seront appelés ithy-phalliques.
Le régime éthiopien fut une réaction contre la débauche des Ramessides. C'était un régime féministe, austère, qui recommençait. Voici ce qu'en dit Révillout (p. 120) :
« Qu'on contemple, par exemple, cette Reine éthiopienne à laquelle un prince rend ses hommages, avec une cour aussi décemment vêtue que les souverains.
« C'est le prototype de la reine Candace, dont nous parlent à l'envi tous les documents d'époque romaine, y compris les Actes des Apôtres, et qui gouvernait le pays dans une sorte de matriarcat, en reléguant toujours l'homme au second plan, comme cela se pratique encore dans certaines peuplades de ces contrées.
« On remarquera qu'ici la reine, surmontée de son cartouche hiéroglyphique, est assise sur son trône, en ayant la Déesse Hathor derrière elle pour la protéger. Le prince casqué, portant sur le dos son bouclier et surmonté d'un texte démotique, encense la reine. Des prêtres, ayant des costumes sacerdotaux, le suivent dans une procession sacrée, ainsi que des fonctionnaires, portant des vases d'offrandes ou des palmes.
« Tous les textes hiéroglyphiques et démotiques de ces tableaux se réfèrent, non à l'Egypte, mais à la langue éthiopienne ou Blemmye, non encore déchiffrée jusqu'à présent. Les figurations de ce genre sont nombreuses en Egypte ».
Les historiens modernes appellent ces reines Candace « des pharaons éthiopiens, » le mot pharaon étant devenu masculin pour eux.
Ce régime fut une restitution de la Religion naturelle basée sur le culte de la Déesse maternelle, Mère des hommes, créatrice de l'enfant. C'est la Déesse Heva des Israélites, désignée autrement dans la langue éthiopienne. Des savants vont lui donner le nom de Amon-Ra, mais ils feront de la signification de ce mot un secret, comme, du reste, cela se faisait pour le nom de I-HAVE, que nul ne peut prononcer ; « c'est la divinité qui a illuminé la terre plongée dans les ténèbres », dit Daanson (Mythes et Légendes, p. 73).
Les Ethiopiens avaient apporté ce culte du nord de l'Europe où leur doctrine avait pris naissance chez les Celtes.
Cette Déesse maternelle était représentée à Thèbes par une statue de Cérès entourée de mamelles pour montrer qu'elle a nourri l'humanité.
Sous les mamelles, des têtes de vaches complétaient le symbolisme en montrant que c'est aussi la vache qui donne le lait qui nourrit l'homme.
La Déesse a des tours sur la tête, qui indiquent que c'est elle qui a construit les villes et les a gouvernées ; c'est pour cela qu'elle sera appelée dans les rites secrets « Le grand architecte de l'Univers ».
Sur ses bras, des têtes de lions représentent la force, comme le corps du sphinx.
Cette statue fut reproduite en Grèce où on imitait le symbolisme égyptien et fut donnée comme étant celle de la grande Diane d'Ephèse, un autre nom de la même Déesse.
On croit qu'elle était en or.
Le corps, qui semble enfermé dans une gaine, rappelle les momies. Les savants reconnaissent que les ornements qui la couvrent sont les symboles d'Isis, de Cybèle, de Cérès.
Cette divinité maternelle symbolise la renaissance des être puisqu'elle est le principe de la génération. Derrière elle sont toujours figurées des plantes, première forme de la vie humaine (voir l'article intitulé Nos Origines).
Il semble que cette Déesse s'est appelée d'abord Mammon ou Mammosa, nom qui serait devenu Ammon pour lui ôter le caractère trop féminin que la lettre M lui donnait (2).
Il faut se rappeler que les Ethiopiens parlaient une langue aujourd'hui perdue qui venait du nord ; il ne faut donc pas chercher dans la langue égyptienne l'origine de ce nom.
Une légende raconte que la statue de la Déesse Cérès-Mammon à Thèbes rendait des sons à l'aurore quand les premiers rayons du soleil la frappaient, ce que nous supposons être une façon symbolique de représenter l'intuition des grandes Déesses, symbolisée du reste par le sphinx qui regarde le soleil levant (voir plus bas le paragraphe sur le Sphinx).
Pendant le régime masculin, lorsque l'on mit l'homme partout, on remplaça l'ancienne statue de Cérès-Mammon par un colosse du roi Aménoph III, à qui on donna le surnom de Memnon. Et longtemps le public crédule vint visiter avec curiosité cette statue pour entendre les sons qu'elle rendait à l'aurore. Mais depuis que les Déesses étaient détrônées, depuis que l'intuition était cachée sous les voiles d'Isis, la statue ne parlait plus.
La restauration de l'ancien régime féministe va refaire une Théocratie, c'est-à-dire un régime sacerdotal qui va supprimer les rois et leur politique. Ces rois, du reste, n'ont jamais été que des chefs de parti, des haq, gouvernant par la force et dont la légitimité n'a jamais été acceptée.
Révillout résume en ces lignes le régime social de l'ancien féminisme (p. 143) : « En ce qui touche les biens, par exemple, Amon veut la permanence d'une sorte de socialisme dans les génies. Aucun bien n'appartenait à personne ; mais tous ils appartiennent à tous. Le chef actuel de la gens, le hir, attribue temporairement telle culture à telle branche, en échange de ses droits indivis sur les autres cultures. Mais, à tout moment, il peut changer, et il change, après avis conforme des vieux (les matrones appelées chez les hébreux Zeqenim) formant conseil, les attributions ainsi faites par lui, en disant : « Ces biens que vous occupez, il nous a plu de les donner à d'autres ».
« Cependant le dieu garde toujours le pouvoir de faire des exceptions à ses règles ; et les exceptions, il les fait surtout en faveur de certaines femmes bien vues de lui et appartenant d'ordinaire à la race sacerdotale et royale.
« Les biens qu'il leur concède comme douaires, il spécifie dans des décrets spéciaux qu'ils resteront à leur descendance sans que les chefs de race, rois, grands Prêtres, etc., puissent rien y changer.
« La femme a repris, en effet, toute son ancienne importance avec un aspect, pour ainsi dire, hiératique. »
La cour..... Elle ressemble à un séminaire. « Le roi est tout occupé à faire des sacrifices (p. 144), de dévotes invocations, et à recevoir directement les communications du dieu (c'est-à-dire de la Déesse-Mère). Après ses devoirs dans le temple, il reçoit les exhortations ou les reproches des prêtres et se fait faire de pieuses lectures. Puis il expédie ses affaires, selon les conseils du Dieu (de la Déesse). Tout son temps est fixé d'avance par un règlement très sévère, spécifiant les heures de ce qui lui est imposé. Il ne peut manger que des légumes ou certaines viandes blanches, ne doit pas boire de vin ou seulement à quelques occasions et dans de certaines quantités. Les moments même qu'il doit passer avec sa femme lui sont étroitement mesurés. Tout cela nous est décrit par Diodore, d'accord avec les documents contemporains » (p. 145).
Et le professeur continue ainsi :
« Je n'ai pas sous la main de reine de la 21ème dynastie qui vaille la peine de vous être présentée, à peine quelques types de religieuses renfrognées dont les momies sont parvenues jusqu'à nous et sur la propreté primitive desquelles on a fait des suppositions désobligeantes. Mais notre musée du Louvre contient une statue d'une reine de très peu postérieure, la reine Karomama, appartenant à la 22ème dynastie, c'est-à-dire à une époque dans laquelle on comptait encore beaucoup avec Amon. La race royale Ammonienne était réfugiée en Ethiopie ».
Ceci est le langage ironique des modernes qui ne comprennent pas plus le féminisme antique que le féminisme actuel.
(1) « Le nom des Éthiopiens, nous dit René Guénon (Etudes Traditionnelles, 1948), signifie littéralement « visages brûlés » (Aithi-ôps), et par suite « visages noirs » ; on l’interprète communément comme désignant un peuple de race noire, ou tout au moins au teint noir. Cependant, cette explication trop « simpliste » apparaît comme peu satisfaisante dès qu’on remarque que les anciens donnèrent en fait le même nom d’Éthiopie à des pays très divers, et à certains desquels elle ne conviendrait aucunement, puisque notamment l’Atlantide elle-même, dit-on, fut aussi appelée Éthiopie ; par contre, il ne semble pas que cette dénomination ait jamais été appliquée aux pays habités par des peuples appartenant proprement à la race noire. Il doit donc y avoir là autre chose, et cela devient encore plus évident quand on constate ailleurs l’existence de mots ou d’expressions similaires, si bien qu’on est naturellement amené à chercher quelle signification symbolique ils peuvent avoir en réalité. »
(2) Aujourd'hui, le mot « Mammon » avec son « M » est resté, mais il ne désigne plus que l'argent. Dans le Nouveau Testament, il apparaît en Matthieu (VI, 24) et en Luc (XVI, 9, 11 et 13). Dans le judaïsme tardif, en hébreu mishnaïque ou en araméen targumique, « Mammon » correspond à la richesse ou le gain, souvent mal acquis. Dans l'Évangile de Matthieu (VI, 24, « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon »), le terme est, dans la bouche de Jésus, presque personnifié et identifié à une puissance démoniaque.


CRÉATION DU SURNATUREL
La Déesse avait fait la science. Le Prêtre, en prenant sa place et en donnant sa divinité à l'homme, voulut aussi lui donner le savoir. Il l'imite en tout, lui prend son costume, sa robe (d'où dé-rober), et, comme elle, veut enseigner, mais une seule chose l'arrête : la science.
Le Prêtre ne comprend pas cela, ne peut pas trouver en lui le fond de Vérité qui est dans la Déesse, ne comprend pas la cause de cette sagesse, de cette autorité mais il en a vu le prestige, et c'est cela qu'il envie et qu'il veut se donner par des apparences de sagesse et de sainteté. Il est persuadé qu'il peut faire ce que fait la femme.
A la loi Divine il va opposer la loi humaine, et c'est l'origine de l'erreur, le commencement du surnaturel.

LA RÉVÉLATION EN EGYPTE PAR LA DÉESSE TOATH (THOT)
Les Egyptiens font remonter leurs saintes Ecritures à un « Révélateur » considéré comme un être divin, surnaturel, c'est- à-dire au-dessus de la nature masculine.
Ce Révélateur égyptien est appelé Toath (ou Thoth ou thot). Il est dit « l'écrivain de la Vérité », « le Seigneur (1) des paroles divines », « le Seigneur des Écrits sacrés » ; on l'appelle « Trois fois grand ».
Dans les hiéroglyphes, TOATH est désigné par les mots Nuter Aa Heonet, qu'on traduit mal à propos par Dieu trois fois grand, parce que le mot Nuter (Nouter ou Noutir) ne signifie pas Dieu il signifie Nature ou « Renouvellement » (par la maternité), donc, ici, il désigne la Divine Mère.
TOATH est la Déesse des lettres, celle qui a créé le langage articulé et donne des noms à tous les objets, ce qui est bien le rôle d'une Mère qui dirige et instruit ses enfants.
Elle invente l'écriture, elle fonde la science et la médecine « qui a mis en fuite les ténèbres de l'ignorance ; elle chasse la nuit de l'âme, l'erreur et les mauvais principes émanés de l'homme ». (Livre des Morts, chap. XLIV).
C'est TOATH qui établit la religion (Théogonie) et créa les cérémonies du Culte ; elle fit connaître aux hommes l'astronomie et la science des nombres, la géométrie, l'usage des poids et mesures.
Un des livres sacrés de Toath comprenait une description de la Terre, un autre était spécialement consacré à la description de l'Egypte. (Voir Clément d'Alexandrie, Stromates, Livre VI.)
Elle se servit de la lune pour mesurer le temps, elle inventa la musique et fabriqua la lyre.
Les idées de TOATH sont exposées dans le Pœmander (Poimandrès) et l'Asclepius (l'Asclépios).
Ce qui prouve bien qu'il s'agit de « l'Esprit féminin », c'est que, sous une autre de ses formes divines, Ma (dont le sexe n'est pas discuté), elle est la Déesse qui représente la Vérité. Ma est tout ce qui est conforme à la règle, c'est-à-dire à la loi naturelle, c'est l'identité du Vrai et du Bien.
Ma signifie Mère en Celtique, langue primitive qui a formé toutes les autres. Son diminutif est Mena, dont les hommes feront Menés.
La légende dit que TOATH a conseillé HORUS (l'enfant), dans sa lutte contre l'esprit du mal.
TOATH (l'esprit féminin) maintient pure l'œuvre qu'elle a organisée de « l'harmonie universelle », c'est-à-dire du triomphe de l'ordre par la Vérité qui vient d'Elle. Elle est le Prophète de la Vérité. TOATH personnifie donc l'intelligence divine qui a présidé à l'organisation sociale primitive, qui fut la gynécocratie ; elle est le sage qui pèse et délibère (2).
TOATH est représentée par la tête d'Ibis, et cet oiseau lui est consacré (3).
L'Ibis est un oiseau sacré parce que sa spécialité est de faire la chasse au serpent qui personnifie l'esprit du mal, le mensonge, la fausseté et la ruse.
(1) On a traduit par un mot masculin, Seigneur, un titre qui, dans l'antiquité, était toujours féminin ; c'est le Çrî (sanscrit), qui devint en grec Kyria.
(2) Sage est encore un mot traduit du masculin qui, primitivement, avait une signification féminine ; en grec, c'est Sophia, qui vient de l'égyptien Sofet.
(3) Tôt ou Thoth signifie en égyptien le Verbe, la parole (Bunsen). Toath est le Verbe divin, le Médiateur entre tous les êtres. Son nom s'écrit avec la première lettre hiéroglyphique Tho, qui veut dire monde. Tho-the, monde divin, devient Tho-oth quand on change la terminaison des noms féminins.

HERMÈS « RÉVÉLATEUR »
Quand les hommes renverseront le culte féminin, ils donneront à Hermès le rôle rempli par la Déesse. C'est lui, Hermès qui va expliquer les lois de la Nature que l'antique Déesse Toth avait trouvées par sa faculté divine, son intuition féminine que le Sphinx symbolisait.
Mais le Prêtre, loin de continuer l'enseignement de la Vérité, va, au contraire, la cacher, la voiler ; de là le mot révélateur qu'on lui applique. Ce mot veut dire re-voiler (d'où révéler).
Cependant il prendra à la femme son beau titre de Trismégiste, pendant qu'il représentera la Déesse Toth par le singe pour se venger d'avoir été appelé cynocéphale par les féministes.
Ce sont ces luttes de sexes qui vont introduire dans le monde les aberrations de l'esprit faussé des théologiens masculins qui feront voir les choses les plus simples sous des apparences surnaturelles et merveilleuses qui ont passé dans les croyances modernes.
Pour Hermès, les anciens cultes sont appelés impurs parce qu'ils glorifient la Femme ; on cherche à les supprimer et on établit dans toute l'Egypte le culte mâle appelé pur : c'est l'origine du Phallicisme.

HERMÈS PLAGIAIRES
Les inscriptions des stèles nous apprennent que les Prêtres prenaient le titre de nuter hou (qui appartenait aux hiérodules) ; cela se trouve dans l'inscription de Sépa. C'était une substitution de sexes. Du reste, pendant qu'il se faisait Femme, Hermès mettait dans la Déesse l'esprit de mensonge, les discours rusés et trompeurs de l'homme pervers, ou l'humiliait (1). Puis il se faisait appeler « Trismégiste » (trois fois grand), parce que l'antique Toth, le verbe féminin, avait été appelé ainsi. Du reste, il s'identifie avec Toth (la femme initiatrice) et, pour prouver sa valeur intellectuelle, il se fait passer pour être l'auteur de plus de 30.000 ouvrages : tous les livres de femmes publiés jusque là.
Avec lui la science devient fermée, c'est-à-dire supprimée, car on la réserve aux prêtres, ce qui veut dire qu'on ne permet plus aux autres d'exprimer leurs idées, pas plus que de discuter celles du Prêtre, si absurdes soient-elles.
Hermès devient Dieu. Il confie la garde des Livres sacrés, qu'il arrange à sa convenance, à la caste sacerdotale qu'il organise. Chacun des membres de cette caste doit posséder à fond les livres sacrés en totalité ou en partie, selon l'ordre de ses fonctions et son rang dans la hiérarchie.
(1) Les anciens Égyptiens nommaient leur antique révélatrice Tothou Techouth, deux fois grande ; les masculinistes lui opposent Hermès Tris-mégiste, le trois fois grand.

LES MYSTÈRES DES HERMÈS
Pour eux, les mystères du monde ne devaient jamais être ouvertement dévoilés.
Un de ces Hermès fut l'instituteur des Schésou-Hor, auxquels les Alexandrins attribuent la doctrine secrète. Ce qui préoccupe les Hermès, ce sont les choses sexuelles, sujet de toutes les discussions. Aussi, à partir du moment où ils prennent la direction du sacerdoce, les cérémonies et les règlements des sacrifices eurent un sens symbolique que seuls les Pontifes connaissaient. Tous les efforts des Prêtres eurent pour but de cacher au fond des sanctuaires les principes de la science primitive. Ils établirent des mystères où la Vérité ensevelie était réservée aux seuls initiés, mais dont le secret ne paraissait plus aux yeux des profanes que couvert d'un voile épais d'allégories, et cela eut un succès immense ; ces mystères où l'on prétendait dévoiler le principe des choses étaient recherchés par les grands hommes qui hasardèrent souvent leur vie pour s'y faire initier.
« Les légendes de la statue de Ptah-Meer, grand Prêtre de Memphis (Louvre A.60) nous disent que ce personnage (un Hermès) avait pénétré les mystères de tout sanctuaire ; il n'était rien qui lui fût caché, il adorait Dieu et le glorifiait dans ses desseins, « il couvrait d'un voile le flanc de tout ce qu'il avait vu ». (C'était un mot d'ordre que tout membre du sacerdoce avait intérêt à respecter). » (Paul Pierrot, Mythologie Égyptienne, p.12).
C'est ainsi que le Prêtre embrouilla l'écheveau du fil d'Ariane qui conduit dans le dédale de la Science, il mêla les pièces du jeu de patience que la Déesse avait savamment disposées, et que les hommes n'ont jamais pu remettre en place depuis.

OSIRIS ET LES DIEUX MALES
Osiris est le Dieu de la mort, mais la mort qu'il symbolise est d'abord celle de l'âme, si bien expliquée dans la primitive religion égyptienne ; on en fait, plus tard, la mort du corps, et Osiris devient le Dieu des morts (1).
Tout mort est appelé un Osiris.
Ce Dieu est symbolisé par un taureau Apis (Hapi). C'est sous cette forme que sur de très anciens monuments on trouve Osiris représenté. Apis mort s'appelait Osor-Apis, nom dont les Grecs font Sérapis.
C'est du reste cet animal qui symbolise le rôle mâle dans la génération.
Strabon dit : « Apis est le même qu'Osiris ».
Le Sérapeum était le nom de la tombe d'Apis.
Le Sérapeum égyptien fut construit par Aménophis III, il avait contenu 64 taureaux.
Les monuments représentent Apis-Osiris sous la forme d'un taureau, la tête surmontée du disque et de l'uraeus (aspic qui se dresse sur le front des Dieux et des Rois et qui représente le mauvais esprit) ; il a des taches noires sur le flanc, un triangle au front, et parfois une tache en forme de croissant sur le poitrail ; sur la housse frangée qui orne son dos est un vautour aux ailes déployées.
(Le bœuf Apis. C'était le dieu principal de Memphis. D'après une stèle ou colonne du Sérapeum à Memphis, il est représenté portant entre les cornes l'image du soleil, avec le serpent Uraeus, signe de la divinité.)
Pourquoi ce culte ?
Quand arriva la réaction contre la religion Théogonique, on institua le culte d'Apis par fanfaronnade, pour narguer la Femme qui avait comparé l'homme fort au taureau ! Alors (2) un taureau vivant représentait le Dieu mâle. Lorsqu'il mourait, on l'enterrait magnifiquement et le pays était plongé dans le deuil jusqu'à l'apparition d'un autre taureau divin. Et des historiens modernes, pour expliquer ce culte, nous diront qu'Osiris apprit aux hommes à labourer et à soigner le bétail !
M. Mariette a découvert, auprès de l'emplacement de Memphis une nécropole où furent successivement enterrés des Apis, « depuis la 18ème dynastie jusqu'à la fin de la domination grecque », dit-il. Sur les monuments qu'il a découverts, Apis est appelé « Nouvelle vie de Ptah ».
Or Ptah, c'était la puissance cosmique, le rayonnement solaire personnifié par la Femme-Déesse, comparée au Soleil parce qu'elle possédait en Elle l'esprit qui éclaire ; on avait fait de cet Apis-Ptah le Dieu suprême de Memphis. Plus tard on lui donnera le corps d'un homme.
Mais d'abord ce principe solaire est donné au taureau. Voilà donc un culte né d'une ironie. Mais ce n'est pas tout.
C'est la Déesse, maintenant, qui va, à son tour, être représentée, sous la figure d'un taureau, par vengeance masculine. C'est encore un résultat du curieux phénomène psychique de la réflexion sexuelle, si fréquent à cette époque de l'histoire.
A Héliopolis, c'est , l'ancienne Déesse (Rhea), qui est représentée par le taureau Mnevis.
Abydos est la nécropole la plus célèbre de l'Egypte. C'est là qu'un égyptologue français, M. Amélineau, a fait exécuter des fouilles pour retrouver les tombeaux des premiers rois d'Egypte et celui même d'Osiris, nous disent des savants modernes.
C'est comme si on prétendait avoir trouvé les tombeaux de Jupiter ou d'Apollon.
(1) Les savants modernes ont accepté consciemment ou inconsciemment le symbolisme des Prêtres. C'est pour cela que leur « Histoire » a si peu de valeur. M. Pierret dit : « Osiris est le Dieu des morts ; c'est son domaine qui est affecté au châtiment des coupables et à la récompense des justes ; récompense ou châtiment résultant d'un jugement prononcé par lui et enregistré par Thot. Le rôle d'Osiris est parfaitement expliqué par son costume ; il porte l'enveloppe de la momie et il est coiffé de la mitre solaire ». (Mythologie Egyptienne, p. 40).
(2) Les Grecs et les Romains attestent que les Égyptiens étaient enclins à la satire et que leur esprit très mordant, très emporté, leur aurait fait sacrifier leur fortune au plaisir de lancer une épigramme. Certaines images inconvenantes du kiosque de Médinet-Habou, et les caricatures intraduisibles d'un papyrus de Turin continuent ces appréciations. Il existe un curieux passage de Flavius Vopiscus (Edit Peter, II, 208, cap. VII) où il compare ce peuple aux Gaulois.

LE BŒUF APIS DANS LES MYSTÈRES MASCULINS
« Cent temples, plus superbes les uns que les autres, consacrés à différentes divinités, contribuaient à l'embellissement de la ville, de Memphis. Mais le temple le plus riche était celui du bœuf Apis.
« Cet emblème pour lequel les Égyptiens avaient une si grande vénération, devait être noir et moucheté de blanc. Il était entretenu dans ce fameux temple, espèce de labyrinthe, si vanté par les auteurs, mais aujourd'hui complètement détruit, de telle sorte que toutes les descriptions qui en ont été données nous paraissent bien hasardées. Quoi qu'il en soit, on prétend qu'il se composait de douze cours, dans chacune desquelles était bâti un palais en marbre et de la plus grande magnificence. Des voûtes très longues conduisaient dans ces palais ; et dans ce dédale de chemins croisés et coupés en tous sens, des gardiens féroces pouvaient facilement immoler l'imprudent visiteur qui avait violé la sainteté de ces lieux, pour en découvrir les mystères.
« Comme tous les soins et toutes les jongleries des Prêtres n'auraient pu rendre le dieu Apis immortel, dès qu'il en mourait un, l'Egypte entière prenait le deuil, des prières publiques étaient adressées au ciel, des offrandes étaient portées au temple d'Apis, des sacrifices étaient offerts dans tous les temples, les œuvres pieuses remplaçaient le travail, en un mot, l'affliction était générale.
« Cependant, des émissaires envoyés par les Prêtres parcouraient l'Egypte pour trouver un bœuf qui eût les qualités requises, mais surtout il fallait qu'il fût jeune. On l'amenait secrètement au temple, ainsi que la vache qui l'avait porté.
« Alors les cérémonies changeaient d'objet : c'étaient des actions de grâces et toujours de nouvelles offrandes au ciel pour le remercier d'avoir exaucé les vœux des fidèles. La renommée proclamait ce miracle, et des peuples accourus de toutes les provinces de l'empire venaient pour être admis à voir le bœuf intronisé, solennité dont le jour avait été indiqué et proclamé dans toutes les villes de l'Egypte. De toutes parts on recevait des présents considérables, de telle sorte qu'on pourrait dire que, si la mort d'Apis était une calamité pour le peuple, elle était pour les prêtres une source de fortune.
« Alors, si le concours des pèlerins était nombreux, on faisait venir le bœuf dans une avant cour environnée de claires-voies, à travers lesquelles on pouvait le considérer. C'était dans cette cour qu'on avait pratiqué un autre appartement moins riche où on nourrissait de même la vache qui avait eu le bonheur de mettre au monde cet animal divinisé (Champollion : « Hathor était le nom de la vache sacrée. » ). En toute autre occasion, le dieu Apis était invisible, ou ne se montrait du moins que par une petite fenêtre grillée, pour satisfaire la pieuse curiosité des dévots attachés à cette divinité.
« Si la richesse des prêtres d'Apis était immense, leur pouvoir ne l'était pas moins, car, étant parvenus à persuader au peuple qu'ils reconnaissaient, dans l'altération de la couleur du bœuf, le successeur qu'il convenait de donner au roi qui mourait sans héritier, par ce moyen, ils disposaient à leur gré de la couronne ». (Perrot, Essai sur les momies, 1845).

RENVERSEMENT DE LA LOI DES SEXES
Dans la religion nouvelle, Osiris devient le Dieu du Bien sous le nom de Ounnofré.
Ce n'est plus la Femme que l'homme serpent a tué, c'est lui, Osiris ; il a dispersé les membres de son cadavre, parodie de la dispersion des femmes après leur défaite, et pour comble d'ironie, les membres épars du Dieu sont recueillis par Isis et Nephtys et embaumés par Anubis. A propos de cette fable, Fabre d'Olivet dit : « Ce fut dans ces mystères qu'ils consacrèrent les événements dont je viens d'esquisser le récit (il s'agit des luttes de sexes), et que, ne pouvant témoigner ouvertement leur douleur touchant la défaite du Principe masculin dans, la cause première de l'Univers, ils inventèrent cette allégorie si connue d'Osiris trahi, déchiré, dont les membres dispersés « ensanglantent l'Egypte, tandis qu'Isis, livrée au plus affreux désespoir, quoique couronnée, rassemble en pleurant les membres de son époux, excepté le membre viril perdu dans le Nil ». (L'Etat social de l'homme, t. I,pp. 278-279).
Cette façon de raconter l'histoire est très masculine, elle retourne tout, attribue à l'homme la défaite de la femme le rend intéressant et attribue à la Déesse, à cette occasion, une douleur qu'elle ne ressent pas ; c'est une sorte d'hypnotisme social qui pousse les Prêtres à décrire les sentiments qu'ils veulent faire régner. Enfin, comble d'ironie, comme après avoir vaincu la Femme il n'a gardé d'Elle que son sexe, il garde le sexe d'Osiris échappé à la dispersion, en tombant dans le Nil !... Tout cela est plein d'ironie.
Cette fable eut du succès, presque tous les pays la copièrent.

PATERNITÉ ! OSIRIS LE PÈRE
Voici maintenant un autre sujet de réaction.
L'enfant, jusque là, appartenait à sa Mère. La fille prédominait sur les fils. Tout cela va changer et le fils Horus va succéder à son père Osiris, pour lequel on le fait combattre contre la Déesse Séti.
Jadis, c'était pour défendre sa Mère contre les attaques de l'homme pervers que le fils combattait.
Dans la nouvelle religion, Osiris ayant pris la place d'Isis, tout se trouve renversé. Le Père ayant remplacé la Mère, on dira son Père Osirien, « Père en Osiris ».
M. Paul Pierret dit : « Horus prend possession de l'héritage d'Osiris, s'empare de la couronne des deux lions (couronne de la double force), il est sur le trône de son Père, il à la tête de l'épervier, il s'élance dans le ciel et fait la Vérité en dissipant les ténèbres, en repoussant les mauvais principes et en éloignant le retour des causes de désordre et du chaos.
« Horus repousse les compagnons de Set (les Féministes), qui, voyant le diadème placé sur son front, tombent sur leur face ». (Mythologie Egyptienne, p.42).
Les deux lions qui portent la couronne de la double force, ce sont les deux femmes, la jeune et la vieille, que nous voyons maintenant traînant le chariot d'Hermès (1). C'est de leur force, de leur puissance morale que l'enfant s'empare. Voilà une singulière morale !
Du reste, le monde tout entier est mis à l'envers. Le nouveau Dieu solaire, Osiris, est en même temps le Roi de la Divine région inférieure (sous-entendu du corps).
De là au culte phallique, il n'y a qu'un pas.
C'est lui qui juge, il est l'Hadès où les méchants sont châtiés et les justes récompensés. On le représente coiffé de l'Atef, son corps est enveloppé comme celui d'une momie, mais ses mains sont libres, elles tiennent le pedum (insigne de commandement) et le flagellum, fouet ou fléau qui le rend redoutable et dont, par ironie, on fait un instrument de protection.
Son hiéroglyphe est dérivé d'un verbe qui signifie protéger, l'homme protège en flagellant.
Le sceptre divin dont le flagellum prend la place était, sous les Déesses, l'insigne de la stabilité.
Osiris a chez les Egyptiens le même rôle que Jupiter chez les Grecs. Il est le Père universel, on lui donne mille noms. On le représente avec la mitre (il est prêtre), avec le bonnet pointu (il est médecin), avec le fouet (il châtie, il est la justice).
Quelquefois, au lieu d'un bonnet, il a sur la tête un globe ou une trompe d'éléphant ; souvent, au lieu d'une tête d'homme, il a une tête d'épervier ; on lui met dans la main le Tau des Déesses, car il est tout, il réunit les attributs de l'homme et ceux de la femme. Les Grecs, qui s'assimilent tout, mettront Osiris dans leur mythologie et en feront le fils de Jupiter et de Niobé.
(1) La Femme, à qui on prend sa place, est, en même temps ridiculisée. Dans la 7ème clef du Tarot, représentant le chariot d'Hermès, nous voyons un char dans lequel est un homme jeune ; il est traîné par deux sphinx, deux femmes, une jeune et une vieille, un sphinx noir et un sphinx blanc.
La signification de ce symbole ironique était : « La femme est devant l'homme comme le cheval est devant le cocher ».

LES FEMMES CONTRE HERMÈS
La Prêtresse attaquée répond au Prêtre en le comparant au cynocéphale (tête de singe).
Cette tête de singe devient souvent une tête de chien ou de chacal, on l'appelle Anubis. C'est le symbole hermétique.
C'est l'hiéroglyphe de la planète Mercure, diront plus tard les Grecs, et en effet : « Lorsque le cynocéphale est représenté avec le caducée, le croissant, ou le lotus, c'est le glyphe de Mercure (le voleur) ; lorsqu'on le voit avec un roseau ou un rouleau de parchemin, il représente Hermès, le secrétaire et le conseiller d'Isis » (Doc. sec, T.II, p. 107).
D'après Plutarque, Anubis avec sa tête de chacal servait de guide aux âmes des morts.
Les Hermès prenaient tous les noms de femmes et les masculinisaient : ainsi Imhotep devient le Dieu-mâle de la médecine ; il est le fils de Ptah le Soleil ; et on le compare à l'Asklepios des Grecs, nom dérivé de celui des femmes médeciennes, les Asclépiades. (C'est de ce nom qu'on a fait Esculape).
Ce Dieu mâle est représenté avec une calotte sur la tête et un livre sur les genoux. Plusieurs de ses statues sont à Berlin, au Louvre, et étaient à Boulaq (peut-être au musée égyptien du Caire aujourd'hui).
Comme en Egypte la Déesse et la Prêtresse étaient représentées par un Soleil levant, les Hermès vont mettre les attributs du Soleil sur toutes les personnalités masculines.
Ramsès III dit à Ammon dans une inscription de Médinet-Abou : « Tu me places en roi avec toutes les régions sous mes pieds, tu me lègues le circuit du disque ». « Le roi-soleil de Versailles n'est qu'un timide imitateur des Pharaons », dit M. Paul Pierret, et il ajoute :
« Le soleil était la manifestation la plus éclatante de la Divinité, et ceci explique que l'animal dans lequel la Divinité s'incarne aura des attributs solaires : en effet, Apis est coiffé du disque, sur son dos est posée une housse entre le scarabée ailé, symbolisant le devenir perpétuel de l'astre voyageur, et le vautour aux ailes déployées, symbolisant la protection des déesses solaires ». (P. Pierret, Mythologie Egyptienne, p. 17).
Apis est appelé fils de Ptah et Ptah était une forme de l'élément de vie, mais il est appelé aussi fils de Toum, et Toum personnifie le ciel nocturne.
Désormais tout est renversé.
Dans toutes les anciennes Théogonies, la lune était liée avec le Dragon. Osiris est représenté dans la première phase religieuse sous la forme d'un Dieu-lunus, Aah, reflet du soleil (imitation de l'esprit féminin). Quelquefois c'est un enfant coiffé du disque et du croissant, Khons-lunus.
La Déesse, la Vierge ou la Madone se tenait sur le Satan mystique symbolisé par le croissant qu'elle foule à ses pieds. Ce qui nous explique pourquoi on dit qu'Hermès se cache dans la lune : « il est la sagesse obscure ».
Quand on renverse le symbolisme, Hermès ayant pris le nom de Toth, c'est cette antique Déesse qui va être appelée Toth-lunus. Elle est ornée du disque et parfois de la plume d'autruche ; c'est à elle que les cynocéphales seraient consacrés.
Dans le papyrus Cadet, on la voit assise au milieu d'une barque sous les traits d'un homme barbu, elle est adorée par quatre cynocéphales. On a trouvé à Thèbes et à Hermapolis des momies de ces singes. Des peintures malicieuses les représentent comme absorbés par la lecture. Le portrait en relief d'un de ces singes se voit encore sur la muraille gauche de la Bibliothèque du Temple d'Isis à Philae.
Comme les femmes ont comparé l'homme vil, qui les attaque lâchement, au serpent, Hermès appelle le serpent le plus spirituel de tous les êtres ; il symbolisait pour lui la Sagesse et la Perfection Divine et représentait la Régénération et l'immortalité de l'âme.

ANDROCRATIE
L'histoire masculine de l'Egypte commence aux Psammétiques (650 à 665).
Psamtoh était, selon Hérodote, un des 12 seigneurs qui, dans un moment d'anarchie, avaient pris le gouvernement de l'Egypte.
Ceux qui liront ceci vont s'écrier : Comment ? Vous faites commencer le règne de l'homme vers 650, alors que vous nous avez parlé de grands rois qui vivaient mille ans avant !
A cela nous répondons que ces hommes étaient de grands révolutionnaires, des chefs de bandes, des Hak, mais non des rois suivant la conception moderne, car le gouvernement gynécocratique n'était pas encore vaincu.
Ramsès a pu dompter les Hébreux, d'autres ont pu refouler les Éthiopiens dans les déserts du sud et construire des monuments à la gloire de l'homme, mais ils n'ont pas détrôné Isis. Les vrais souverains sont inconnus. On n'a pas retrouvé les palais des Pharaons, et Manéthon ne les cite pas dans ses listes royales, il les remplace par des rois imaginaires avec lesquels on les a confondus.
Tout cela prouve que ces Pharaons étaient des personnages qu'on voulait cacher, donc des femmes. 
C'était la fonction sacerdotale des grandes Prêtresses qui donnaient la direction morale et rendaient la Justice comme les Soffetim en Israël.
Si nous consultons les historiens modernes sur l'origine de la divinité et de la royauté en Egypte, voici ce que nous trouvons dans les livres classiques donnés à la jeunesse, livres dans lesquels on mêle le surnaturel au réel :
« Au commencement il n'existait rien autre que le Nou, c'est-à-dire l'Océan sans limites, le chaos, dans les profondeurs duquel les choses flottaient confondues. Le dieu Phtah, ou Râ, en tira la terre avec ses plantes, ses animaux, ses hommes. Puis il se fit roi de la terre et la gouverna longtemps. Mais les hommes conspirèrent contre son autorité divine, Râ en colère créa le Ciel et s'y retira ».
Voilà qui prouve que Râ est une divinité féminine, en colère contre les hommes qui lui prennent son pouvoir divin et sa royauté.
Les historiens classiques ajoutent : « Le monde alors fut gouverné par d'autres dieux, Osiris et sa femme Isis ».
Voilà le dieu mâle mis le premier, tandis que la Déesse, appelée « sa femme », occupe une place secondaire. Or cette façon d'écrire l'histoire est faite pour dénaturer le rôle de la Déesse qui, malgré les luttes des deux partis, persista jusqu'au Catholicisme.
Quant à l'origine de la royauté, elle n'est pas moins faussée par ces historiens qui nous disent :
« A la fin, les dieux fatigués de gouverner la terre remontèrent au ciel. Menés, qui était un homme, prit alors la couronne à leur place et devint le premier roi d'Egypte ».
Hérodote fait remonter la fondation du royaume d'Egypte à 12 mille ans avant notre ère, confondant dans le mot royaume les deux régimes gynécocratique et androcratique.
Il existe un livre apocryphe, qui est intitulé La Sothis et dans lequel un certain Panodore, qui vivait vers 400 ans avant notre ère, présente les dynasties comme des générations maternelles.
Cet ouvrage, qu'on a eu intérêt à cacher, a été faussement attribué à Manéthon, archiprêtre et archiviste des temples de Baal en Egypte. C'est lui qui masculinisa l'histoire, et fit des dynasties masculines de rois, se succédant de père en fils. C'est sans doute lui qui, pour cacher la grande Reine Séti (1), en fit un roi, c'est-à-dire un Pharaon qu'il appela Ousertasen III (Lisez Sésostris).
A propos des fouilles d'Aboukir, nous lisons ceci : « Daninos-Pacha vient de faire connaître le résultat des fouilles entreprises sous sa direction dans l'antique Zephirion. Il y a découvert, sur l'emplacement d'un temple élevé en l'honneur de Vénus Arsinoé, trois statues colossales en granit rose, de Ramsès II et de sa fille, la reine Hentmara. Ces statues appartiennent toutefois au style de la douzième dynastie, et Ramsès II paraît, comme on en a déjà plusieurs fois trouvé la marque, avoir fait effacer le nom du roi Ousertasen 1er pour y substituer le sien. Ces statues auraient été transportées, à l'époque ptolémaïque, de Sân, l'ancienne Tanis, à Aboukir » (20 mars 1892).
Dans un autre journal, nous trouvons cet entrefilet : « Après avoir vu fermer le dernier silo abritant la récolte annuelle de l'Egypte, le roi Pharaon Ousertasen III établit un beau jour, treize siècles avant notre ère, l'impôt sur le revenu ».
Donc, on cache sous le nom d'Ousertasen la grande Reine qui a rénové l'Egypte. Que d'artifices pour cacher les Déesses Égyptiennes, pour cacher les grandes Reines et en faire des hommes, même des guerriers fameux, pour mettre leur renommée à la gloire du sexe masculin ! 
Ainsi, nous lisons dans les livres classiques une histoire des exploits de Sésostris, des phrases qui sont écrites pour éloigner de ce personnage toute idée féminine, ceci par exemple : « Sésostris, à la tête de son armée de terre, entrait en Asie et soumettait la Syrie, la Mésopotamie, l'Assyrie, la Médie, la Perse, la Bactriane et l'Inde ».
Telle est la légende masculiniste inventée pour cacher une grande Reine dont le principal exploit est d'avoir fondé les Mystères Égyptiens, qui en effet se répandirent sur toute la Terre mais ne furent pas des actions guerrières. Ce fut une victoire pacifique.
(1) Elle est représentée par la Reine du jeu d'échecs, inventé à cette époque. L'homme, c'est le Roi du même jeu, son pouvoir est limité.

LES LISTES ROYALES DE MANÉTHON
C'est en s'inspirant de ces contes que Manéthon a écrit son histoire. Il vivait à l'époque de la décadence religieuse qui précéda de deux ou trois siècles l'ère actuelle et pendant laquelle les prêtres de toutes les religions transformèrent l'histoire.
Les listes royales n'ont pas été conservées, mais ce qu'on a pu en retrouver a été abrégé par Eusèbe et Africain qui y ont mis les idées de leur temps. Les citations en grec et en latin, qui fourmillent dans l'histoire de l'Egypte, indiquent bien que c'est dans les écrits des Grecs et des Latins que les modernes étudient l'antiquité.
Comme les inscriptions étaient en opposition avec les textes de Manéthon, on a voulu les mettre d'accord ; pour cela, on a supprimé les noms de femmes quand on a pu le faire. Révillout, qui le constate, dit :
« Dans les inscriptions religieuses, on a partout martelé les noms.
« Ainsi on a partout martelé les cartouches de la Reine Hashepsu (Hathason) dont le règne fut un des plus glorieux de l'Egypte. Et quand on est obligé de la mentionner, on la représente avec une fausse barbe pour en faire un homme » (p. 12). On ne s'occupait que de prouver l'antiquité du règne de l'homme.
« Hérodote raconte qu'Hécatée de Milet, qui visitait l'Egypte, ayant été introduite dans les temples, se vantait devant un grand-Prêtre d'une généalogie qu'elle rattachait à une Divinité et qui comptait 16 générations. Elle descendait, disait-elle, de 16 reines dont la première était Une Déesse.
« Le prêtre lui montra 341 statues de grands-Prêtres, en les lui comptant une après l'autre, depuis celle du dernier mort, ce qui, en calculant à 3 générations par chaque siècle, formait une série de pontifes qui avait à cette époque onze mille trois cent soixante-six années. »
Le même auteur cite d'autres faits pour prouver la haute antiquité du gouvernement masculin ; un calcul sur les périodes sothiaques a pour objet de prouver que la durée du règne des dieux et des rois mâles aurait été de 36.525 ans.
Il s'agissait de justifier les dynasties inventées par Manéthon, qui imagina 31 dynasties qui auraient régné sans interruption en Egypte depuis l'an 5.867 jusqu'à l'an 321 avant notre ère, époque où ce pays fut conquis par Alexandre, ce qui fait un espace de 5.536 années, pendant lesquelles régnèrent 353 rois, dont cette liste donne les noms et les origines, et où ne se trouvent compris ni les noms ni le nombre des rois de la XVème dynastie qui était Thébaine, et dont la durée fut de 250 ans.
Champollion corrobore les listes de Manéthon parce qu'il a lu sur des stèles, en Egypte et dans divers musées, des noms qui sont en rapport avec ceux des listes de Manéthon.
Mais Champollion n'a pas tenu compte des altérations de l'histoire faites dans les temps anciens pour effacer les noms des Reines et leur substituer des noms de rois.
Les ruses employées pour soutenir le grand mensonge historique sont curieuses. En voici un exemple.
Pour répondre aux reproches des femmes dépossédées, on leur dit qu' « on a reconnu dans les ruines des plus anciens monuments de Thèbes, où ils sont employés comme matériaux de construction, des débris d'édifices portant sculpté le nom d'un des rois de la XIème dynastie ; dès cette même époque, en effet, les monuments où sont inscrits les noms de ces vieux rois surgissent des entrailles de la terre et viennent, de leur antique autorité, corroborer et mettre hors des atteintes du doute les monuments des temps postérieurs où ces mêmes rois sont inscrits par les mêmes noms, et pour les mêmes époques ».
Les dieux vont désormais remplacer les Déesses : « Osiris, régnant en Egypte, retira la nation de la vie misérable, indigente et sauvage qu'elle menait alors : il enseigna à semer et à planter ; il établit des lois ; il apprit à honorer les dieux ; il inventa les arts et apprivoisa les hommes ».
Comme roi, ce nom d'Osiris ne figure sur aucun des monuments antiques que nos savants ont étudiés jusqu'à ce jour.
On donna le nom d'Osiris à l'esprit céleste, représenté par un épervier.
C'est pour prouver le sexe des reines et garder le souvenir de leur règne qu'on eut l'idée de conserver leur cadavre que l'on voulait supprimer pour effacer la trace de leur existence. De là l'usage de les embaumer. Cette coutume qui allait déjouer les intrigues des historiens révolta d'abord les hommes, ce qui fait dire à Chateaubriand que « les embaumeurs sortaient furtivement de la maison, car ordinairement ils étaient poursuivis à coups de pierres ». C'est pour cela que rares sont les momies d'hommes.
La tombe même n'était pas un asile assuré pour les reines, plusieurs ont été exhumées ignominieusement et ont eu leurs inscriptions martelées avec soin pour les faire disparaître, par suite de la découverte de quelque crime connu longtemps après leur mort, dit Champollion.
Leur crime, c'était d'être une preuve indiscutable du mensonge de ceux qui avaient voulu les supprimer. On sait que les sépultures des reines ont été souvent saccagées et profanées. On y a trouvé un grand nombre de caisses vides, on y a introduit des statues d'hommes, des momies d'hommes, on y a peint des inscriptions masculines.
Ceci nous explique pourquoi on cacha avec tant de soin le lieu de sépulture des reines.

L'EGYPTE SOUS LES PTOLÉMÉES
Le IIIème siècle est l'époque des Ptolémées.
Ces rois ne sont pas, comme les Hak qui ont régné avant eux, de simples conquérants, exerçant une autorité Brutale ; ils ont suivi le mouvement intellectuel qui s'est fait dans le monde et ils ont des prétentions littéraires.
Le premier, Ptolémée Soter, qui veut dire sauveur, se pose en messie. C'était déjà une idée régnante que quelqu'un viendrait régénérer le monde, pourquoi pas lui ?
Il règne de 305 à 286, est d'abord gouverneur, puis roi et maître de la Palestine depuis 301, et du Sud de l'Asie Mineure. Il réunit à sa cour des littérateurs, des poètes, des artistes, des savants, il est écrivain lui-même et fonde le Musée et la Bibliothèque d'Alexandrie, sa capitale, qui devint la métropole intellectuelle de l'ancien monde. C'est sous son règne qu'on vit les Israélites affluer à Alexandrie.
Le second Ptolémée est surnommé Philadelphe (qui aime son frère). Pourquoi ce surnom ? N'y voit-on pas une préoccupation d'établir « le lien moral », base de l'antique religion, avec l'homme, pour faire ainsi réaction contre l'antique alliance de l'homme avec la femme ? Cela semble si bien ainsi que c'est à partir de ce moment que la religion perd sa signification antique.
Ce Ptolémée aurait donc été misogyne. C'était dans l'esprit du temps, cela ne serait pas étonnant. C'est lui que l'on fait intervenir dans la traduction du Pentateuque en grec, la « version des Septante ». Mais cette imputation, due à une lettre apocryphe d'un certain Aristée, ne semble avoir aucune valeur, et l'on croit que cette déplorable traduction a été faite à Alexandrie par des auteurs inconnus qui achevèrent les parties essentielles de leur traduction pendant le second siècle avant notre ère. C'est sous Ptolémée II, vers 270, que Manéthon rédigea ses « Mémoires égyptiens ».
Ptolémée III, en 246, est surnommé Evergète, « bienfaiteur ». Il soumit la Mésopotamie, la Babylonie, et poussa ses conquêtes jusqu'en Bactriane. La neuvième année de son règne parut le décret de Canope, promulgué le 7 mars 238 (ce décret fut retrouvé en 1866 et publié par Lépsius).
Celui qui lui succède en 222 joue un rôle important dans l'histoire des luttes de sexes : c'est Ptolémée IV dit Philopator (qui aime son père), ainsi surnommé parce que c'est lui qui établit le droit paternel et donna un coup mortel au régime maternel par un simple décret royal, le « prostagma de Philopator ».
En 205, le cinquième Ptolémée monte sur le trône. Il est surnommé Épiphane (illustre). Ces rois sont modestes !.... Il épousa Cléopâtre, fille d'Antiochus III. C'est sous son règne que la Palestine fut perdue pour l'Egypte.
Tous ces Ptolémées prirent part à la lutte religieuse, tous s'adonnèrent au culte de Dionysos qui était une enseigne masculiniste, abandonnant ceux qui défendaient le principe féminin, le culte d'Isis ; cependant, ils faisaient une opposition opiniâtre à la théorie patriarcale de la Grèce.

PASSAGE DE LA FAMILLE UTÉRINE A LA FAMILLE AGNATIQUE
Ici, nous saisissons sur le fait le passage de la famille utérine (maternelle) à la famille agnatique (paternelle). Dans les autres pays, la transition fut insensible et difficile à préciser. Chez certains peuples, elle n'eut jamais lieu, et le régime matriarcal a toujours continué à exister.
Le mariage, considéré comme institution sociale, est une question remise en discussion partout, on en étudie les origines, et cette étude amène forcément à chercher quelle fut l'organisation primitive de la famille.
Mais combien est enraciné le préjugé des esprits peu éclairés qui se figurent que ce qui existe, a toujours existé ! Comme il est difficile à vaincre ! Combien l'idée d'évolution, c'est-à-dire de changements, pénètre difficilement chez certains hommes !
Les femmes comprennent mieux la question parce qu'elles sont plus près de la Nature et plus intéressées à ce que la Vérité soit dite. Une d'elles, Mme Olga de Bezobrazow, a écrit à propos du matriarcat les lignes suivantes :
« D'ailleurs, le matriarcat si répendu dans la haute antiquité existe de nos jours. Il en resté quelques traces parmi certaines peuplades d'Afrique qui, selon le célèbre voyageur Livingstone, sont gouvernées par les femmes.
« A Balouda, au nord du Zambèze, d'après les constatations du même Livingstone, les femmes tiennent en main les rênes du gouvernement ; l'homme est réputé un être inférieur ; privé de droits, il végète dans l'oppression et s'y soumet comme à un ordre de choses naturel.
« Les témoignages de Hodgson sur les Kokches, du lieutenant Stil sur les Hasias, prouvent que, présentement encore, le matriarcat a ses peuples, ses lois, qu'il est le résultat de la tradition attestant le pouvoir dont était revêtue la femme dans les temps éloignés.
« N'est-ce pas l'antique matriarcat qui se révèle encore dans l'usage voulant, à l'île de Sumatra, que le père, quand il lui naît un fils, prenne le nom de ce fils ?
« D'ailleurs, la forme du matriarcat se trouve à des degrés divers dans un grand nombre de peuplades.
« Ainsi, chez les Iroquois, c'est dans la descendance féminine que réside l'hérédité. Chez les Vèdes de l'île de Zelou, la femme est vénérée, la polygamie méprisée. On découvre les traces du matriarcat, d'après P. Mihaïloff, chez les Touareg ; là, les femmes seules savent lire et ce sont elles qui conservent les livres sacrés. Ce régime existe encore à Madagascar, chez les tribus Néariennes des Indes, chez celles de l'Hindoustan, dans les îles de Fidji et Tonga, en Australie, dans les îles de Marianne et de Caroline, dans l'Amérique du Sud, au milieu des tribus les plus avancées précisément, chez la confédération des Astèques, en Guyane, en Floride, chez les Gourones, les Dakotas, les Mouskoks, les Delawares. Au sujet de ces derniers, le missionnaire Loskil raconte que, dans leur terrible lutte contre les blancs, les tribus indiennes, voulant se solidariser, choisirent les Delawares comme organisateurs de leur unification. Comment symbolisèrent-ils cet acte ? Ils déclarèrent donner à cette tribu, la plus intelligente des leurs, « la tige de maïs et la truelle en main », et l'appelèrent la Femme.
« La forme de l'antique matriarcat était logiquement basée sur cette considération, que la femme est l'élément économique tant psychique que moral du monde.
« Chez les Hindous, on trouve actuellement des groupes familiaux, la « joint family », qui rappellent l'organisation matriarcale des premiers temps. »

DROIT PATERNEL
Et Mme de Bezobrazow, que nous continuons à citer, dit encore :
« Et la femme qui avait pris l'initiative du progrès, qui participa à la peine du développement de l'humanité dans son enfance, qui y apporta son génie, son courage, son dévouement, écartée, asservie par l'égoïsme de l'homme, en dépit des témoignages de l'humanité et de l'histoire, ne projeta plus les rayons de son intelligence qu'à de rares intervalles.
« La clef de voûte du gouvernement masculin fut le patriarcat. Aucune calamité plus grande ne pouvait survenir pour la femme.
« Nul affront, nulle honte, nul préjudice ne lui furent marchandés dans cet état de choses basé impunément sur l'arbitraire de l'homme et n'ayant pour but que sa satisfaction. La femme fut privée par l'homme de ses qualités d'être humain, alors que l'homme fondait sa supériorité sur la prépondérance qu'il se donnait.
« Le principe de servitude, admis dans la famille, se transmettant de génération en génération, par voie d'hérédité, date de l'origine du patriarcat, qui représente à tous les degrés le « privilège ». La vie patriarcale, la famille du moyen âge, qu'est-ce donc ? La tyrannie du mari, le despotisme du père, la haine entre les enfants, le bonheur en souffrance pour toute la société se reflétant sur chaque génération par une récolte d'immoralité, d'injustice, de guerre. La famille devrait être le prototype de l'ordre, de l'harmonie sociale. Mais, nous le répétons, pour que cela soit, il faut que la constitution de la famille soit normale, qu'elle soit basée sur la réalité même de la loi morale.
« Le degré d'élévation ou d'abaissement des races en dépendra. Que les relations sociales ou familiales s'établissent, mais sur leur raison d'êtres pensants, qui est divine. Alors, mais seulement alors, l'amour vrai sera ressenti et compris, la famille deviendra la glorification de l'amour, sa personnification sous toutes ses manifestations.
« Le droit a donné à l'homme la liberté de mal faire et lui a conféré la direction du foyer, la gestion des intérêts généraux, c'est-à-dire a basé la famille sur le vice radical du mensonge. De là, la hiérarchie arbitraire dans l'éducation des fils et des filles.
« Avant d'arriver à l'âge de la connaissance, les enfants sont témoins d'une organisation établie sur l'injustice. L'arbitraire existe pour eux et ne choque pas leur conscience.
« Les lois ont synthétisé la subordination de la femme dans l'humanité, et ont décrété, pour ainsi dire, la supériorité du principe mâle. Qu'est-ce que la supériorité du principe mâle ? Le rôle de générateur attribué à l'homme. Seulement, ni l'anatomie, ni la physiologie ne lui octroient ce principe qui lui est si cher. L'étude du mécanisme cérébral chez la femme n'a, malgré cent modes d'investigation, jamais justifié l'assertion d'infériorité ».
Pour montrer combien ce régime nouveau était impopulaire, il suffit de rappeler que du mot ab, père en hébreu, on fit abomination.
Il fallut longtemps pour substituer le régime patrimonial au régime matrimonial. On fit remonter cette substitution à un personnage légendaire appelé Cécrops, pour faire croire que cette idée existait depuis longtemps ; c'est ce personnage irréel et vivant à une date imprécisée qui aurait préconisé l'union conjugale exclusive, cela aurait passé par le mythe de Thésée, puis par l'idée du père putatif (supposé), pour arriver enfin à la formule nouvelle résumée dans ces mots : « connaître son Père ». Jusque là, l'enfant n'a pas connu son père, il n'a porté que le nom de sa Mère.
Le nouveau régime va s'appeler Agnatio, mot qui indiquera les rapports de parenté par les mâles, et c'est sur cette idée nouvelle que va reposer la loi romaine appelée « Patria potestas ».

L'histoire du second siècle avant notre ère nous montre en Egypte une réaction on faveur de la Femme et de la religion Théogonique.
Après Ptolémée Philopator survint Ptolémée Philométor (qui aime sa Mère). Ces surnoms seuls nous font comprendre l'âpreté de la lutte.
Ce roi fit dotation à Ornas, fils du Grand-Prêtre Josué, d'un terrain près de Léontopolis pour y bâtir un temple à Hevâh. Le sanctuaire de Léontopolis devint si florissant que, suivant le Talmud, celui qui ne l'avait pas vu ne connaissait point la gloire d'Israël.
Il fut fermé après la destruction de Jérusalem, vers l'an 74 de notre ère.
Ptolémée Philométor, qui commença à régner en 180 avant notre ère, est le septième, du nom. On dit qu'il épousa sa sœur Cléopâtre II, sans doute parce qu'il fit retour aux usages du régime gynécocratique dans lesquels l'homme qui s'unissait à une femme était appelé « son frère ». Ptolémée fut fait prisonnier par Antiochus IV (en 170). Pendant sa captivité (de 170 à 169), son plus jeune frère régna à sa place. Ce frère était appelé Physcon, « ventru ».
Antiochus devint dans l'imagination populaire le type de l'Anté-Christ. Il ne survécut que trois ans aux débuts de l'insurrection des Macchabées qu'il essaya de faire réprimer par Lysias.
De 164 à 162, Antiochus V, dit Eupator (né d'un père illustre), surnom qui indique qu'il se range parmi les défenseurs du droit paternel (Ptolémée VI fut aussi surnommé Eupator), fit avec Lysias une expédition heureuse pour lui contre les Juifs.
De 162 à 150, Démétrius 1er Soter, fils de Séleucus, détrôna Eupator. Ces rois ne duraient pas longtemps, et il fut lui-même tué en 150 par l'usurpateur Alexandre Balas, qui épousa en 149 Cléopâtre, fille de Ptolémée VII. Celui-ci fut détrôné en 146 par Démétrius II Nicator, qui à son tour épousa Cléopâtre, puis fut chassé en 144 par Antiochus VI, lequel fut détrôné en 142 par l'usurpateur Tryphon, « voluptueux ».
En 137, Antiochus VII Sidétès (chasseur) fit une dernière guerre aux Israélites et conclut la paix avec Hircan (en 133). Démétrius II fut remis sur le trône et régna encore jusqu'en 125. Puis l'empire des Séleucides tomba en décadence.
Si nous avons fatigué le lecteur par cette énumération de noms et de dates, c'est pour faire comprendre que les défenseurs du droit paternel sont tous des gens violents qui se détrônent les uns les autres quand ils ne s'assassinent pas, et le nom usurpateur qu'on leur donne, signifie qui usurpe le pouvoir paternel (usur - usage, pator - père).
Ces hommes étaient considérés comme des spoliateurs du pouvoir féminin ; l'histoire les a glorifiés parce qu'ils furent des vainqueurs heureux.

DESTRUCTION DES DOCUMENTS SOUS CÉSAR
C'est dans la ville d'Alexandrie que le premier des Ptolémée avait établi la fameuse Bibliothèque. Elle arriva à contenir 200 000 livres ou rouleaux. Et ce nombre fut augmenté encore, grâce surtout au 7ème Ptolémée qui faisait saisir tous les livres apportés en Egypte.
On dut créer une seconde Bibliothèque, tant le nombre de livres augmenta. Elle fut établie dans le temple de Sérapis.
Lors de la prise d'Alexandrie par César, la première Bibliothèque fut incendiée. Mais la seconde Bibliothèque, celle de Sérapis, échappa à la destruction ; elle fut même augmentée de 200 000 ouvrages provenant de la Bibliothèque des rois de Pergame, donnée par Antoine à la reine Cléopâtre.
Sous Théodose, cette importante collection fut détruite (en 389) par les sicaires de l'imbécile patriarche Théophile. Elle contenait toute la littérature de la Grèce, de l'Inde, de l'Egypte, de Rome (1).
On ne se contenta pas de brûler les bibliothèques pour faire disparaître les traces du vieux monde, on viola les tombeaux pour en extraire les papyrus qu'ils contenaient, et on fit disparaître aussi les corps, restes gênants pour ceux qui avaient changé le sexe des personnages historiques.
Les découvertes du début du XXème siècle nous apportent des témoignages précieux de la royauté des femmes. M. de Morgan a découvert à Dachour les tombes des princesses Khoumit et Ita, de la XIIe dynastie.
Ces découvertes nous donnent des renseignements de la plus haute importance sur l'état social de l'Egypte ancienne.
Il ne faut plus qu'un peu de bonne foi et beaucoup de bonne volonté pour reconstituer l'histoire, que les historiens avaient falsifiée !
Quels que soient les efforts faits par eux pour détruire les témoignages du passé, il nous en reste, cependant, assez pour le reconstituer dans ses grandes lignes. C'est qu'il est une chose qu'ils n'ont pas pu détruire, ce sont les lois de la psychologie qui nous révèlent la marche de l'évolution humaine. Et les actes de violence accomplis pour étouffer le passé sont des faits qui, à eux seuls, nous donnent plus d'indications sur ce qu'a été l'homme que bien des livres détruits.
(1) La destruction a continué pendant tout le moyen âge. Au temps de Louis XIV, le moine franciscain Vansleeb, avec le secours de quelques moines coptes, brûla un colombier plein de papyrus.

ORIGINE DE LA CIVILISATION
LA SCIENCE INTUITIVE
En étudiant les Livres sacrés, écrits dans le passé lointain, nous avons vu que les primitives institutions sociales n'avaient pas été, comme on l'a tant dit, édifiées sur un assemblage de fictions créées par le génie poétique des peuples, mais qu'au milieu des croyances que les mythologies nous ont conservées, on pouvait découvrir l'origine de toutes les lois de la Nature, que la science moderne cherche vainement.
L'intuition de la Déesse Toth, primeur de la pensée humaine, conçut magnifiquement l'édifice de l'univers et la loi du divin dans la vie, et c'est sur ces connaissances qu'elle posa avec tant de sûreté et de grandeur les bases de toute sagesse. Quand cette belle fleur de féminité se fut fanée, un monument immortel en perpétua le souvenir : le Sphinx.
« Le Sphinx, effigie humaine démesurément agrandie, lève la tête, regarde avec des yeux fixes et sourit ; le sourire de ces lèvres fermées semble garder le mot de l'énigme suprême. C'est la grande figure intimidante.
« Les grands symboles qu'on a cessé de vénérer depuis des millénaires, attirent par leur énormité et leur mystère.
« A l'époque des Romains, ils étaient déjà des symboles au sens perdu, legs d'une antiquité fabuleuse.
« Ce que les hommes du passé ont dû emmagasiner et éterniser de secrètes pensées derrière ce masque mutilé ! » (Loti).
Pour les hommes de son temps, que représentait-il ? « De toutes les images hiéroglyphiques il reste la moins bien déchiffrée ». Les insondables penseurs de l'Egypte symbolisaient tout en d'effroyables figures de dieux à l'usage du peuple non initié. On dit qu'il fut jadis d'une surprenante beauté, le Sphinx, alors que des enduits, des peintures harmonisaient et avivaient son visage et qu'il trônait de tout son haut sur une sorte d'esplanade dallée de longues pierres.
Aujourd'hui, il est presque enseveli dans les sables du désert. Les touristes intimidés baissent la voix comme on fait d'instinct dans les temples !
Toute la grandeur passée est enfouie sous la terre, le Sphinx seul émerge encore.
Le sol s'est élevé de six mètres sur la ville de Thèbes depuis qu'elle est une ville morte. On a entrepris de rétablir l'antique niveau.
Sous les plus vieux temples connus on constate qu'il y en avait d'autres, plus vieux encore et plus massifs, que l'on ne soupçonnait pas et dont l'âge dépasserait huit mille ans.
Celui qui connaît le phénomène extraordinaire de l'intuition, cette faculté Divine, qui dans sa plénitude ne s'est manifestée sur la terre que dix fois, celui-là comprendra que la première femme qui en fut favorisée ait établi sur ce grand fait un culte et un symbole.
Le symbole, c'est le Sphinx, et l'hymne qu'on lui a consacré rappelle les conditions de l'intuition, l'action du soleil levant quand la tête est tournée vers l'Orient et qu'on occupe une hauteur.
Du temps de l'ancien empire, le Sphinx, dont la face est tournée vers l'Orient, était couronné d'un disque d'or. Quand le soleil du matin jaillissait de la chaîne arabique, son premier rayon allait frapper le disque et le visage du Sphinx, qui resplendissait alors comme un soleil à face humaine, ou comme un dieu auréolé de flammes. Des coups de cymbale et des fanfares retentissaient dans le temple de granit et d'albâtre, aux piliers carrés et nus, et les prêtres vêtus de blanc, montant vers le Sphinx par le dromos en pente douce, entonnaient l'hymne sacré :
« Tu t'élèves bienfaisant, Ammon-Râ Harmakouti.
« Tu t'éveilles véridique, Seigneur des deux horizons, tu resplendis et tu flamboies, tu sors, tu montes, tu culmines en bienfaiteur. Les Déesses et les hommes s'agenouillent devant cette forme qui est la tienne, ô Seigneur des formes ! Viens vers le pharaon (1), donne-lui ses mérites dans le ciel, sa puissance sur la terre, épervier saint à l'aile fulgurante, phénix aux multiples couleurs, coureur qu'on ne peut atteindre au matin de ses naissances. »
(Cet hymne fut découvert par Grébant et traduit par Maspéro.)
C'est en souvenir de cet événement qu'on a construit des pyramides, afin que, à leur sommet, l'on pût se mettre dans les conditions qui produisent le phénomène cérébral de l'intuition, si désiré, quand une fois on l'a connu (2) !...
C'est à cause de cette lointaine tradition que, en Egypte, le lion personnifie la force du soleil. Il ne faut pas confondre la signification du mot force, employé dans ce cas, avec la force que donne l'intensité musculaire, c'est tout l'opposé.
Le soleil est la source du Principe de vie qui nous anime.
On reconnaît donc au lion un degré d'héliotropisme plus grand que celui qui existe dans les autres animaux, et partant de là on lui attribue toutes sortes de qualités : la magnanimité, la grandeur d'âme, la générosité, la noblesse, etc.
Les radiations solaires sont comparées à des déesses léontocéphales, c'est-à-dire à tête de lion, elles personnifient la force des feux du soleil. De là vient tout le symbolisme du lion et du Sphinx.
« Le lion est un symbole de lumière », dit M. Mariette. L'horizon céleste d'où émerge le soleil est supporté par deux lions.
Des explications naïves seront données par les non-initiés qui ignorent les antiques réalités. Pour eux le lion est le symbole de la force, de la vigilance, de la noblesse, parce que cet animal est réputé dormir les yeux ouverts. C'est pourquoi on le place devant les grandes portes des temples, et c'est ainsi qu'on explique que dans des avenues précédant les temples se trouvent des rangées de sphinx.
(1) Pharaon vient de pharai, qui signifie parler. Le Pharaon, c'est le Prophète qui parle, qui enseigne, ce n'est pas un roi.
(2) L'intuition est un phénomène cérébral favorisé par l'altitude. C'est pourquoi les Muses sont toujours représentées comme vivant sur les montagnes. C'est l'Olympe en Grèce, « la montagne des filles de Sion » en Palestine, le Sinaï où vécut la Déesse Hathor, le mont Méron où se réfugièrent les dernières fidèles Israélites, le Carmel en Phénicie, le Liban, etc., etc.



De Vinci - Le Sphinx Illuminati de Raulikidejota
(deviantart.com)
LE SPHINX
L'Egypte connut, dès la plus haute antiquité, les lois de la Nature, c'est-à-dire la science des principes, parce que la Femme, qui en fut la Révélatrice, eut, dans cette jeunesse phylogénique, une intuition profonde de l'Univers, de la Vie et de l'homme.
Le sens éternel et universel des grands symboles que ce pays a légués au monde en atteste. La science égyptienne a formulé des principes immuables qui émanent de la pensée juste, des principes qui sont vrais à travers le temps et qui ne sont pas perfectibles, étant la Vérité absolue. Mais cette fixité de l'idée est ce que l'homme ne comprend pas, parce qu'il n'y arrive pas spontanément lui-même ; il ne prend, de la Vérité, que des aspects isolés et divers, il la morcelle ; dans son ensemble, en bloc, elle lui échappe, il en fait la chimère de l'incompréhensible. Aussi reproche-t-on à l'Egypte de s'être murée dans l'idée de l'absolu, forme austère que la Femme donne toujours à ses conceptions intuitives, mais forme ingrate, puisque l'homme ne la comprend pas et n'accepte que le relatif, c'est-à-dire ce qui est adéquat à son mode intellectuel présent, lequel mode est variable dans la vie masculine.
Cet absolu de la science féminine, incompréhensible pour l'homme, c'est l'énigme cachée dans le Sphinx. Cette tête de femme, calme dans sa noblesse, consciente de sa force que le corps de lion symbolise, regarde le soleil levant ; c'est l'esprit impassible comme l'éternelle Vérité.
Le Sphinx est le plus ancien symbole de l'Egypte (1). Les textes lapidaires l'appellent le Hou de Hor Em Kou, c'est-à-dire le gardien du soleil levant. C'est le soleil de vie, le génie de toutes les renaissances, c'est-à-dire des réapparitions de l'Esprit dans un corps féminin.
La radiation solaire fait sortir la Vérité du néant, comme une vive lumière. Cette lumière, c'est la grande intuition, celle qui, en une minute, déchire le voile qui cache les réalités.
Qui connaît l'intuition, ce phénomène aussi rare qu'extraordinaire, comprendra que la première femme qui en fut favorisée ait voulu en commémorer le souvenir dans un symbole qui devait durer aussi longtemps que brillerait la lumière qui avait jailli de son esprit.
Ce symbole fut le sphinx, énigme pour les profanes, compris seulement des initiés, comme la faculté qu'il représente. Il rappelle les conditions cosmiques qui génèrent le phénomène intuitif : l'altitude, l'action du soleil levant quand on est placé au réveil en face de l'Orient.
Au temps de l'ancien empire, le sphinx était couronné d'un disque d'or. Quand le soleil du matin jaillissait de la chaîne arabique, son premier rayon allait frapper le disque et le visage du sphinx, qui resplendissait alors comme un soleil à face humaine.
Par la suite, on institua une cérémonie cultuelle à cet endroit. A l'aurore, quand le soleil, frappant le sphinx, le faisait apparaître comme auréolé de flammes, les prêtres vêtus de blanc montaient vers lui par le dromos en pente douce et entonnaient un hymne de gloire à l'astre bienfaisant qui éclaire la Terre et fait naître la Vérité dans le cerveau des inspirés.
(1) Dans le voisinage de Memphis (aujourd'hui près du Caire), se dresse le Sphinx, colosse de granit de 90 pieds de long (28m), de 74 pieds de haut (23m), dont la tête énorme a 26 pieds du menton au sommet (8m). Ce grand Sphinx était primitivement un grand rocher au milieu des sables. Ce symbole a été copié à profusion. Dans toute l'Egypte, on trouve des sphinx moins gigantesques. Il y en a qui sont rangés en avenues devant les temples de l'ancienne religion. A propos du sphinx de la pyramide de Chéops, il ressort de la stèle trouvée par Mariette que le sphinx est antérieur à Chéops et certainement au premier Pharaon.

RESTAURATION DE LA SOUVERAINETÉ FÉMININE
Dans l'histoire d'Adam et Eve, on nous dit que ce premier couple eut trois enfants : Caïn et Abel, puis un troisième sur lequel on ne nous dit rien. C'est ce personnage, effacé avec intention, qui va entrer en jeu ou plutôt entrer dans l'histoire à l'époque que nous étudions. Seth, ce troisième enfant (sans sexe comme tous ceux des écritures masculines), est une fille qui arrive au monde pour remplacer celle que Caïn a tuée, la femme vaincue partout. Celle-ci va vivre et faire revivre, avec elle, la puissance féminine éclipsée pendant plusieurs siècles.
Les anciens Egyptiens appellent cette nouvelle souveraine Sota, Seta ou Seti.
Seth, ou Seti, a une légende entourée de merveilleux, mais les historiens mettent son nom au masculin naturellement. Hérodote nous raconte son enfance dans le palais de son père (alors que l'enfant ne connaît pas son père) et entourée des enfants nés le même jour qu'elle.
Devenue grande, elle voyage et subjugue tout le pays que baigne la Mer Rouge, elle parcourt le continent, passant d'Asie en Europe, laissant des colonies féministes jusque dans la Colchide : « La plupart des colonnes (colonies), dit Hérodote, que ce roi a dressées en diverses contrées, ne subsistent plus, mais dans la Palestine Syrienne j'en ai vu moi-même ».
De retour en Egypte, cette Reine aurait utilisé la multitude qui s'était attachée à elle en lui faisant élever des temples et construire les canaux qui existent encore en Egypte.
Elle fait construire des vaisseaux, dans des ports qui depuis ont porté les noms de Adulé, Bérénice, Leucos ; ce sont les premiers vaisseaux longs qu'eussent construit des mains égyptiennes (Diodore, L. I, chap. iv). Il, c'est-à-dire elle, s'embarqua sur les eaux du golfe Arabique et en subjugua les îles et les rives jusqu'à son extrémité méridionale.
L'histoire classique en fait le deuxième roi de la XIXe dynastie et l'appelle Seti 1er.
« Seti (ou Sethos), nous dit-on, recommence les campagnes de Thouthmès III et joint par un canal la Mer Rouge au Nil. Constructeur de la salle hypostyle de Karnak, l'un des chefs-d'œuvre de l'architecture égyptienne, du grand Temple d'Abydos et du tombeau de la Reine Seti à Bal-el-Melouk (ou Biban-el-Malouk) (Thèbes) ».

LA DÉESSE SETH
Le nom de cette grande femme va se mettre, comme un titre de gloire, devant les noms des Déesses. Il y avait à Assouan un temple dédié à Isis-Sothis. L'Arthémise de Pallène, dans l'Achaïe, est appelée Arthémise-Soteira. L'astre Sirius lui était consacré, et son règne ouvre une ère nouvelle qui va s'appeler la période Sothiaque (1).
Dans le tarot égyptien, la première des figures représente la Reine. Elle est appelée la Sota (c'est encore ainsi dans le jeu de cartes espagnol).
Parmi les noms donnés à la femme en sanscrit, se trouve Sati, « la bonne, la chaste ». Sati-Saras signifie femme vertueuse. Donc on met Sati devant les noms de femmes pour les rehausser. Seth est parfois appelée Soutekh, nom dérivé du premier.
(1) « A une certaine époque, nous dit Bunsen, Seth et Typhon étaient « les dieux » importants universellement adorés dans toute l'Egypte et conféraient, aux souverains des XVIIIe et XIXe dynasties, les symboles de la vie et de la puissance : mais plus tard, durant la XXe dynastie, ils furent soudain traités comme de mauvais démons, si bien que leurs effigies et leurs noms furent effacés sur tous les monuments et dans toutes les inscriptions que nous avons pu voir ».

SÉSOSTRIS
Cette histoire de la Sothis, universellement connue, fut portée de pays en pays dans le cours des siècles, mais prit une forme légendaire, surtout en Grèce, où l'on ne savait pas grand chose, mais où l'on exagérait tout.
Cette Reine ayant été masculinisée, on en fit un personnage extraordinaire, sur la tête duquel on mit tous les exploits des premiers guerriers de l'Egypte et particulièrement ceux des Ramsès, en les amplifiant encore, et on donna à ce personnage le nom de Sésostris. Ce sont ces traditions légendaires, ces récits devenus fabuleux, racontés de bouche en bouche par le peuple, que les Grecs recueillirent avidement. Et c'est avec ces récits que pendant bien des siècles on a écrit l'histoire de l'Egypte. Sésostris fut inventé par les Grecs pour mettre à la gloire d'un homme les mérites d'une femme.
Le culte de la Déesse Seth a eu plusieurs phases historiques. Pendant sa vie, elle fut persécutée par la haine envieuse de ses contemporains, on la compara au Typhon des Grecs et on la représenta avec une tête d'animal. L'Isis avilie est représentée par la Déesse Seth à la tête surmontée d'un scorpion. Comme l'astre Sirius lui était consacré et que cette brillante étoile apportait l'inondation du Nil, on donna à la Déesse la signification symbolique de l'eau, emblème d'erreur et d'ignorance.
Comme on l'avait fait de toutes les grandes femmes qui avaient combattu le masculinisme et en avaient triomphé, on fit d'elle un être pervers et le mot Sathan servit à la désigner. Après sa mort, on en fit un homme et on la mit au nombre des grands Dieux d'Abydos, où on lui donna un rôle solaire dans lequel elle figure comme l'adversaire du serpent Apophis, qui est le symbole du mal et des ténèbres. Puis, par suite d'un revirement politique, Seth est aboli, ses images sont détruites, et les savants modernes nous diront : « Horus prend possession de l'héritage d'Osiris, s'empare de la couronne des deux lions, il repousse les compagnons de Seth (les féministes), qui, voyant le diadème placé sur son front, tombent sur leur face ». (P. Pierret, Myth., p. 42.)
A travers une pareille littérature, que peut-on comprendre de l'histoire réelle ?
Tout en supprimant cette Déesse, comme on ne peut pas supprimer tous les noms qui la désignaient, on les donne à des Rois et nous en verrons plus tard qui se feront appeler Ptolémée-Soter.
Dans la langue celtique, on désignait les hommes qui prenaient les titres et les fonctions des femmes par le mot sod ou sot, on disait aussi soto, mot qui dès lors signifiait sous ou dessous, et c'est par apocope qu'on en fait sot. Et nous allons même voir que ceux qui, avec son nom, lui prenaient sa robe (pour imiter ses fonctions sacerdotales), donnent à leur vêtement le nom de sotana (d'où soutane).
En Syriaque, le nom devint Soté, et en Chaldaïque, Seta (1).
Au moyen âge, nous trouvons encore le souvenir de ce nom dans le mot Sotie qui signifiait un Mystère, une Moralité, qu'on appelait quelquefois le Bon jugement de la Sainte Vierge. Mais, comme tout dégénère, ces moralités finirent par devenir des farces et des Soties.
Nous dirions aujourd'hui des sottises.
(1) « Dans son livre Des divers noms du Nil, l'historien Ahmed Ben Youssouf Eliphas nous parle de la croyance, répandue parmi les Arabes sémitiques, que Seth, qui devint plus tard le Typhon d'Egypte, Seth avait été l'un des sept Anges ou Patriarches de la Bible et devint ensuite un mortel, après quoi il communiqua le don de prophétie et de science astronomique à Iared, qui les transmit à son fils Hénoch. Mais Hénoch (Idris), « l'auteur de 30 livres », était d'origine Sabéenne, c'est-à-dire appartenait à Saba, « une légion » (une fraternité scientifique et secrète). Ayant établi les rites et les cérémonies du culte primitif, il se rendit en Orient où il construisit 140 villes, dont la moins importante fut Edessa, puis il retourna en Egypte où il devint Roi ».

LES « CITÉS DES MORTS » EN ÉGYPTE
Ce que nous avons déjà appris sur la signification des ombres, des morts, des mânes, va nous faire comprendre ce qu'étaient les idées régnantes en Egypte, à l'époque que nous étudions.
Là, plus qu'ailleurs, l'homme est montré comme l'être imparfait, qui n'est complet que par son union spirituelle avec la Femme ; sans elle, il n'est qu'une ombre errante par les solitudes, par les champs, par les villages.
M. Amélineau, dans un ouvrage intitulé Histoire de la Sépulture et des funérailles en Egypte, recherche quelles étaient les croyances des Égyptiens à ce sujet et nous montre que l'on appelait « Ka » ce complément de l'Etre humain que nous traduisons par le mot « double ».
Ce double était quelque chose d'assez semblable aux idoles des Grecs, aux idoles des morts, telles que les dépeignent Homère et les poètes tragiques. C'était à peu près aussi l'ombre des Latins.
Pour durer, il avait besoin d'un appui, d'un support.
« C'est cette idée du Double qui a évolué et qui a abouti à l'idée de l'âme, séparée du corps, telle que la conçoivent les spiritualistes modernes. Quant aux Égyptiens, ils ne croyaient pas primitivement, s'ils y ont jamais cru, à l'âme spirituelle, ou même tant soit peu immatérielle. Au reste, il est certain, comme l'a démontré M. Guizot, que les premiers Pères de l'Eglise eux-mêmes n'y croyaient pas du tout. »
Ces réflexions de M. Amélineau nous amènent à parler de l'origine de cette idée : L'âme immortelle de l'homme, c'est son double, et son double, ou sa moitié, c'est la Femme ; il est le corps matériel, Elle est l'âme immortelle, et c'est pour cela qu'il l'appelle « Alma mia ».
M. Amélineau établit d'abord qu'il faut, d'après les monuments, faire remonter la civilisation de l'Egypte à 6.000 ans avant notre ère. Et puis, avec les éléments que lui fournissent la pierre, le marbre et la gravure, la peinture et la sculpture des « cités des morts », il nous fait l'histoire des mœurs, de la religion et de l'art à travers cette longue série de siècles. Seulement, il se trompe en prenant ces « morts » pour des trépassés ; ce mot désigne seulement les hommes morts à la vie de l'esprit, à la vie morale, et nous allons voir par la suite que ces « morts » là se portent très bien et continuent à vivre longtemps dans leurs « cités des morts ».
M. Amélineau, qui les appelle des cimetières égyptiens, nous dit « qu'ils sont grands comme des villes, ordonnés et distribués de la même façon, avec des constructions beaucoup plus solides et plus fastueuses qui ont résisté au temps, alors, ajoute-t-il, que les Palais des Pharaons et les maisons contemporaines ont disparu ».
Si ces palais n'ont pas subsisté, c'est que c'étaient les demeures des femmes, peut-être mal construites par elles, ou pour elles, que les Pharaons qui les habitaient étaient des Déesses-Mères. A cette époque de l'histoire, le règne de l'homme n'a pas commencé.
« Les Égyptiens, dit M. Amélineau, appelaient la tombe l'endroit où l'on se tient, la maison où l'on dure, puis, la maison de l'existence, le lieu du bonheur. Apparemment, au lieu de craindre la mort et ses suites, ils s'en réjouissaient. Pour eux, le cimetière était la vraie cité, la cité éternelle. Le mort n'y dormait pas, il y vivait. »
On voit que le malentendu continue. Il faut connaître la psychologie humaine et la psychologie de l'histoire pour comprendre que ces expressions « lieu de bonheur », « maison de l'existence », sont des exagérations destinées à répondre aux accusations dont les hommes étaient l'objet quand ils se séparaient des tribus gynécocratiques.
Nous croyons, en effet, que ce que bien des savants ont appelé « des nécropoles », c'étaient les villes « des morts », les villes masculines.
On trouve encore en Afrique ce nom, Nécropolis, cité des morts.
C'est Osiris qui personnifie l'homme déchu, « le mort ».
Ces préliminaires étaient nécessaires pour comprendre la signification de l'ouvrage fameux que les savants modernes ont intitulé « le Livre des Morts », que l'on étudiera plus loin, alors que son vrai titre aurait dû être « le Livre des Initiés », car ce livre fameux était le rituel des « Mystères » fondés par la reine Séti.

THÈBES
Thèbes fut la ville brillante des anciens Féministes égyptiens.
« Thèbes, dit M. Rozières (description de l'Egypte), Thèbes bouleversée par tant de révolutions, Thèbes maintenant déserte, remplit encore d'étonnement ceux qui ont vu les antiques merveilles d'Athènes et de Rome. Thèbes, célébrée par Homère, est, de son temps, la plus belle ville du monde ; après XXIV siècles de dévastation, elle en est encore la plus étonnante. On se croit dans un songe quand on contemple l'immensité de ses ruines, la grandeur, la majesté de ses édifices et les restes innombrables de sa magnificence, cette ville n'ayant pas d'enceinte se déroulant librement sur les deux rives du Nil. »
C'est de Thèbes que sortirent environ dix illustres générations de Souveraines (qu'on appellera des dynasties), depuis la Xème jusqu'à la XXème.
Les masculinistes qui dévastèrent le monde des Femmes ne laissèrent que peu des monuments des premières Déesses-Reines Thébaines ; mais la VIIIème dynastie (ou génération), celle de Seth, a laissé des traces ineffaçables.
C'est à la Reine Amersé (El-Assasif) qu'il faut attribuer les grands édifices de Médinet.
Lorsque la Reine Séti revint de ses voyages, elle fit élever à Abydos un temple magnifique, l'un des plus remarquables de l'Egypte, et l'un de ceux qui se sont conservés jusqu'ici. Thèbes a conservé jusqu'à nos jours les merveilles de Karnak.
Presque tous les Rois du nouvel empire donnèrent avec prodigalité pour l'entretien du Temple de Karnak. Le plus ancien nom qu'on y trouve est celui d'Ousirtesen 1er (on l'a mis dans la XIIème dynastie). Les travaux y furent suspendus pendant la période des Hyksos ; mais les rois des XVIIIème et XIXème dynasties l'agrandirent par des constructions dont la grandeur ne fut jamais dépassée. La grande salle, commencée par Séti, contenait 134 colonnes sculptées avec un art infini et comptait 102 mètres de long sur 51 de large. Ramsès II joignit le temple de Louqsor (XVIIIème dynastie) à celui de Karnak et le compléta par des constructions grandioses. Il le consacra au dieu mâle Ammon. Les présents affluèrent dans le trésor de ces temples et chaque roi voulait rivaliser de générosité avec ses prédécesseurs. Mariette a publié d'admirables plans et restitutions des principales parties du Temple colossal de Karnak. Il n'y a rien dans le monde (sauf peut-être certaines ruines de l'Inde) de comparable aux débris superbes de la salle immense de Karnak. On trouve dans ce temple l'Obélisque d'Hatasou qui a 33 mètres de hauteur (celui qui a été transporté de Louqsor à Paris n'a que 22 mètres) (1).
(1) Cleyre Yvelin, au sujet de cet obélisque, nous dit ceci (« Le féminisme dans l'antiquité », p.35) :
« Voici la traduction des hiéroglyphes gravés sur l'obélisque de Louqsor, qui ornait la fameuse Thèbes aux cents portes, et se trouve aujourd'hui place de la Concorde ; c'est un savant philologue qui en a donné l'explication au peintre David au milieu des ruines de Thèbes où ils se rencontrèrent.
« Face 1 : La culture des terres et des générations prirent leur origine dans les temples d'isis et d'Hathor.
« Face 2 : L'Amour universel qui unit lous les membres de la famille humaine, a son siège dans le cœur de la femme.
« Face 3 : La femme a la science de la vie : En elle est l'avenir et nos succès futurs. Ce qui la caractérise, c'est l'amour d'où naît la famille, la société.
« Face 4 : L'Amour est le devoir. L'Amour est le dévouement. L'Amour est la justice. L'Amour est l'infini.
« Ce monument date de trois mille ans. A qui pourrait-on faire croire que ces maximes ont été gravées sous un gouvernement masculin ? Tout le monde sait que seul l'éloge des souverains doit figurer dans les inscriptions lapidaires. »

LA THÈBES DES VIVANTS
Thèbes fut la capitale de la Thébaïde, dont le nom est resté comme un synonyme de séjour paradisiaque. Cette gloire lui vint de la Déesse Seth qui y restitua la science et y fonda un ordre nouveau, celui de Misraïm, c'est-à-dire une législation nouvelle, sans doute celle conservée dans le livre des morts. Et les rituels disent encore : « Seth succéda à Adam comme suprême grand conservateur ». Puis, pour expliquer que c'est, une résurrection d'un personnage disparu (la femme qu'on ne veut pas nommer), on dira : « Misraïm, second fils de Cham, donna son nom à l'Egypte l'an 1816 du monde et, en 1827, institua l'ordre chevaleresque des défenseurs de la Vérité ».
Les modernes diront que « c'est le grand architecte lui-même qui a créé l'ordre de Misraïm et en a confié le dépôt à Adam, le 17ème jour du 1er mois de la 17ème année du monde ».D'autres diront qu' « Amphion bâtit les murs de Thèbes au son d'une flûte à sept tuyaux ; la Thèbes d'Egypte était dans l'Heptanomide ».
Ceci veut dire, ou plutôt cacher, que la science qu'on y rétablit explique le septénaire universel, c'est-à-dire les lois de la cosmogonie, telles qu'elles avaient été expliquées une première fois avant la dévastation des hommes (le déluge) (1).
La Thèbes des vivants était la ville où il y avait des femmes ; c'est là que les Prêtresses qui enseignaient vivaient avec leurs familles. On appelait ces Prêtresses la Grande Maisonla maison sublimela Haute Porte, en égyptien Peraa, d'où s'est formé le mot Pharaon des Hébreux, et le mot prophète.
« La demeure imposante du chef des prophètes s'élevait à cent pas derrière la maison de Seti, entre de riants ombrages et une pièce d'eau limpide, le lac sacré du Temple. On la reconnaissait à ses bannières flottantes. Les prophètes y venaient pour s'acquitter de leur service ; ils habitaient avec leur famille dans la Thèbes des Vivants ».
C'est dans cette ville que les Phéniciens de passage rendaient un culte aux anciennes Déesses dans le sanctuaire de Set.
D'après le papyrus Sallier, le roi-Pasteur (c'est-à-dire la Reine) Apapi (Aptobis) choisit Set pour son Dieu et affecta de n'en point adorer d'autre en Egypte. Plus tard, le dieu Baal fut nommé Set par les Égyptiens, ainsi que le constate le traité de paix conclu entre Ramsès II et les Rhetas (ou Qhétas), traité dont le texte, trouvé à Karnak, porte d'un côté l'invocation au Set des Rhétas et à Astarté, de l'autre celle aux dieux de l'Egypte. Tous les détails relatifs à cette particularité de la religion phénicienne sont commentés dans les savants ouvrages de Pleyte, Chabas, Brugsch, Meyer, G. Ebers.
(1). Dans la Doctrine Secrète, nous lisons : « L'auteur arabe Soyouli dit que les annales les plus reculées font mention de Seth, ou Set, comme du fondateur du Sabéisme, et que les Pyramides, qui personnifient le système planétaire, étaient considérées comme le lieu de sépulture de Seth et d'Idris. Et les Sabéens s'y rendaient en pèlerinage et y chantaient des prières sept fois par jour, en se tournant vers le nord. » Nous avons vu que la momie de Sésostris (Seth) a été de celles qu'on a sorties de leur sépulture royale et reléguées, avec d'autres, dans des caveaux plus modestes. Cette citation de la Doctrine Secrète nous montre qu'une Pyramide était bien la sépulture de Seth.

THÈBES DES MORTS
Nous venons de mentionner la Thèbes des vivants, celle que fonda la Déesse Séti, mais il y eut aussi la Thèbes des morts, celle de Ramsès. Celle-là est une ville sans famille, la ville des hommes séparés, mais non pas cependant sans femmes. On y trouve des harems et des prostituées.
La grande préoccupation de Ramsès semble avoir été de rivaliser avec le monde des femmes et de les surpasser en tout. On institua des collèges où des Prêtres, des médecins, des juges et des professeurs de tous genres enseignaient.
C'est le commencement des Hermès.
Ramsès dépensa des sommes considérables pour l'entretien de son collège de prêtres. Ces Prêtres avaient pour mission de rivaliser de science et d'éclat avec les Prêtresses et d'assurer à Thèbes, nouvelle capitale de la Haute-Egypte, la prééminence sur les cités royales féministes du Delta, si renommées par leurs travaux scientifiques et la vogue de leurs Ecoles. Les institutions masculines copiaient les institutions féminines. Cependant, une Ecole masculine fut appelée Séti, pour lui donner du prestige. Elle se distingua entre toutes. Les fils de tous les citoyens libres riches ou pauvres étaient invités à y venir. Ils y étaient hébergés moyennant rétribution. Le temple prenait des pensionnaires logés dans un bâtiment spécial.
On traitait durement les élèves, car nous trouvons cette phrase : « Les oreilles de l'écolier étaient sur son dos ».
C'est que le bâton, la férule jouaient un grand rôle dans les écoles de garçons dirigées par des hommes.
C'est dans cette « ville des Morts » qu'on inaugure l'enseignement secret des Hermès, qui explique que Ramsès, l'homme, le Dieu, est à la fois l'époux de sa Mère, son propre Père et son propre fils. Il anime et pénètre les créatures qui, grâce à lui, pénètrent dans un ordre de vie d'un degré supérieur.
Voilà de la psychologie renversée. Et cela continue.
L'homme vénère en lui la secrète puissance, qui tient l'équilibre moral, récompense les bons, punit les méchants. Il a pour attribut une haute plume double à sa couronne.
Les masculinistes lui donnent une tête de bélier. Ra change aussi de nature. Primitivement, c'est Rhéa, Déesse solaire : plus tard, l'enseignement secret des prêtres la transforme, elle devient sous le nom de Ra l'essence composant l'univers tout entier (la pré-substance). Et c'est ainsi que peu à peu la Divinité féminine quitte la terre et monte dans les cieux. Alors sa place sera prise par Ammon, le Dieu-caché, le Dieu de Thèbes.
Après l'expulsion des Hyksos de la vallée du Nil, sous la protection de Ramsès et par ses soins, on associa son image à celle de Ra d'Héliopolis, Ammon-Ra, en leur donnant les attributs de tous les autres dieux. C'est l'hermaphrodisme divin.
Le temple de Qournak, dans la nécropole de Ramsès II, est un temple copié sur les vieilles institutions d'Héliopolis et de Memphis qui étaient féminines.
Près de Karnak, on a trouvé les traces et les débris d'une allée de sphinx qui n'avait pas moins d'une demi-lieue (2.4 km) et conduisait au palais de Louqsor, vaste amas de temples, de galeries, de pylônes, de statues, d'obélisques, donc de symboles masculinistes (1), qui étaient mis en face de la Déesse. C'est parmi ces obélisques que l'on prit celui qu'on apporta à Paris.
Le fondateur du palais de Louqsor est Aménophis Memnon (vers 1732).
Le tombeau d'Osy-mandias (nom grécisé), appelé aujourd'hui Ramesseum, est surmonté d'un colosse de granit de 53 pieds (plus de 16 m) qui représente Ramsès assis sur un trône. Son pied a plus de deux toises de long (près de 4 m).
(1) Ho-bélisque, flèche de pierre, vient de Bel.

LES DÉESSES RENVERSÉES ET RIDICULISÉES
L'homme est implacable pour ses victimes.
Quand les Déesses furent attaquées, vaincues, il les ridiculisa à outrance. C'est ce qui explique les deux aspects de l'histoire : la haine et l'amour. Mais la haine a prévalu.
Loti nous dit (La mort de Philae, p. 307) : « Une des voies magnifiques de Thèbes est celle qui part à angle droit de la ligne des temples d'Ammon, aboutit à un lac sacré au bout duquel les Déesses à tête de chatte sont assises en cénacle. Elle fut commencée, il y a 3.400 ans, cette voie-là, par une belle reine appelée Makeri, et nombre de rois en continuèrent la construction pendant une suite de siècles ».
On peut voir, au Musée des Momies du Caire, la reine Makeri dans son cercueil, une longue forme féminine dessinée sous les bandelettes qui la serrent.
Elle mourut en mettant au monde un petit prince qui repose là, aux pieds de sa Mère.
Loti dit encore : « Le temple de la déesse Moût est recouvert et caché depuis XX siècles. Il n'en reste que des tronçons de colonnes, alignées en rangs multiples sur une vaste étendue du désert, et enfin voici le lac sacré au fond duquel les grandes chattes sont assises sur un trône ».
Est-ce ironie, parce que le Sphinx avait le corps du lion, qu'on renversait le symbole et donnait aux Déesses un corps de femme et une tête de chatte, ou plutôt de lionne ? « Car, dit Loti, des chattes n'auraient pas ces oreilles courtes et ce menton cruel épaissi par une barbiche, image de Sokhmet qui fut Déesse de la guerre et à ses heures Déesse de la luxure (voilà la calomnie masculine). Elles ont des corps sveltes de femme, qui rendent plus terribles ces grosses têtes félines coiffées d'un haut bonnet. » Et voilà pourquoi on nous dit que l'Egypte adorait les chats ! Sekhmet, qui vient d'être citée, semble être une caricature de la Déesse Séti dont le nom est quelquefois écrit Seket.
L'Astarté des Phéniciens prend souvent sur les représentations des monuments la place de Seket (Déesse ridiculisée). A Edfou, on la voit avec une tête de lionne, conduisant un char tiré par des chevaux. Son nom se trouve souvent dans les papyrus avec ceux de Ramsès II et d'un cheval et d'un chien, favoris de ce roi.
Voici sur Sekhmet de plus amples informations. Nous savons, par Loti, qu'on l'appelait l'Ogresse de Thèbes ; combien ce titre décèle de haine ! Et quelle grandeur il faut avoir eue pour avoir été à ce point outragée !

CONFIRMATION INATTENDUE DES SUBSTITUTIONS DE SEXES EN ÉGYPTE
Loti, dans La mort de Philae, vous conduit dans le musée de Boulaq, au Caire, où viennent aboutir les momies sorties des sépultures royales. Mais que de tricheries, là encore !
Ainsi, Loti nous dit de ces personnages momifiés (page 57) : « Dans l'antiquité, ils ont pérégriné souvent depuis leur mort, car, aux époques troublées de l'histoire d'Egypte, c'était une des lourdes préoccupations du souverain régnant : cacher, cacher ces momies d'ancêtres dont la terre s'emplissait et que les violateurs de sépultures étaient si habiles à dépister. Alors on les promenait clandestinement d'un trou à un autre, les enlevant chacun de son fastueux souterrain personnel, pour, à la fin, les murer en compagnie dans quelque humble caveau plus discret ».
Ce travail de déplacement des momies fait aux époques troublées de l'histoire, c'est-à-dire au moment où l'homme s'empare du pouvoir, nous est une révélation. Il nous apprend les ruses employées par les usurpateurs pour cacher le sexe des Reines qui avaient gouverné l'Egypte avant eux, et dont les femmes de ces époques malheureuses devaient réclamer la gloire et le souvenir brillant. Et c'est pour les faire taire et faire disparaître la trace de ces souveraines qu'on enlevait leurs momies des sépultures royales pour mettre à leur place celles des hommes.
C'est ainsi que l'homme va apparaître comme ayant été le Pharaon, alors que ce titre, qui indique une suprématie spirituelle, signifiait Prophétesse.
Les savants modernes le traduisent par Professeur, ou Prêtre. On appelait leur caste la grande maison, la maison sublime, la Haute Porte, ce qui en égyptien se rendait par Peraa, d'où s'est formé Pharaon.
Dans l'hébreu primitif, Pharai signifie « parler ». C'est la parole de vérité que, par la suite, on appellera « logos ».
Mais à côté de la femme qui représentait l'autorité spirituelle, il y avait l'homme, associé ou ennemi, qui était son auxiliaire matériel, son officiant, son prêtre, celui qui agissait pour elle. Puis il y avait d'autres hommes qu'on appelait des Ack (chefs).
Manéthon les mettra dans ses listes de dynasties masculines pour faire croire à l'antiquité du règne de l'homme, mais son histoire n'est qu'un tissu de mensonges ; il ne pouvait pas exister de dynasties masculines dans un pays où l'enfant ne connaissait pas son père et ne dépendait que de sa Mère qui lui donnait son nom et son rang.
C'est Ptolémée Philopator qui, dans son décret appelé le Prostagma de Philopator, décide que l'enfant connaîtra son père et portera son nom, c'est-à-dire sera dit « fils de tel père » (2 siècles avant notre ère).
Donc les Pharaons n'étaient pas des hommes, c'étaient des prophétesses comme les druidesses, les sibylles, les pythies, les magiciennes, les brahmines, les vénètes et les vestales. Mais quand l'histoire fut masculinisée, lorsqu'on parlait des règnes les plus brillants que la tradition propageait, ne pouvant pas supprimer les noms des femmes, qui étaient encore dans toutes les mémoires, on les accouplait aux noms des hommes, les chefs, qui étaient les contemporains de ces brillantes prophétesses.
Et ceci va nous faire comprendre une découverte faite au Musée de Boulaq, qui a été une grande surprise pour la science historique et une grande lumière pour nous.

RAMSÈS 1er ET RAMSÈS II - Sésostris (Vers 1400 avant notre ère)
Ramsès 1er était issu d'une famille sémitique demeurée en Egypte après l'expulsion des Hyksos. Il se distingua par son orgueil et son despotisme sous les règnes de Thotmès et d'Aménophis. Usant de ruse et de violence, il renversa la famille royale légitime (maternelle, pharaonique), et usurpa le trône.
A sa mort, Séti reprend le pouvoir légitime. Ce personnage, évidemment une femme comme on l'a expliqué précédemment, eut un fils, Ramsès II, qui pouvait se dire héritier de la vieille dynastie par sa Mère. Mais ce n'est pas l'hérédité qui fait la légitimité, c'est le sexe. Il faut être femme pour avoir le droit de régner, c'est-à-dire d'exercer la suprématie spirituelle dans une gynécocratie.
Cependant, Ramsès II se vante d'avoir été déjà roi dans l'œuf (d'après une inscription d'Abydos que Mariette et Maspéro ont commentée).
Les historiens masculins, qui ont fait de Séti un homme, nous diront que, pour affermir le pouvoir dans la ligne masculine, il décréta que Ramsès II régnerait avec lui, et qu'il fut associé au trône dès sa naissance. Ceci est une imposture.
(Ramsès est un nom masculin, il signifie « disciple de Ram », mais Séti est un nom féminin. Ce sont les Grecs qui en ont fait Sethos.)
Ramsès II fut l'usurpateur du trône de sa mère, et non son associé.
Ce qui le prouve, c'est que sur le tombeau de Séti 1er à Biban-el-Malouk (Thèbes), se trouvent les peintures des quatre races d'hommes avec un passage ainsi conçu : Vous êtes une larme de mes yeux, vous qu'on appelle des hommes.
Ramsès II était surnommé Gesou-Ra. Ce nom est sur les monuments (1).
Le temple de Gournak (ou Karnak) était appelé « la maison de Séti ». Les inscriptions du péristyle oriental de ce temple nous apprennent qu'il venait, aux fêtes, des députés de la lointaine province du Delta, région restée gynécocratique.
On dit que les Grecs, qui étaient très masculinistes, confondaient les exploits de Séti avec ceux de Ramsès II ; ce sont eux qui, de ce nom de Seth-Sos (sos, roi pasteur) (2), ont fait « Sésostris ».Et ce sont eux qui ont voulu voir dans Ramsès II et Sésostris le même homme, puisqu'ils supprimaient partout les femmes.
L'historien Josèphe, à propos de Sésostris, nous dit que sos, dans le langage populaire, signifie pasteur sédentaire. C'est l'appellation donnée aux femmes, alors que les hommes sont considérés comme étant un peuple chasseur et nomade.
(1) La transformation du nom Seth-sos, s'explique facilement, quand on se rappelle que les Grecs prononçaient le ψ comme S. Quant à tris, c'est le mot trois (Tris-mégiste, trois fois grand). Donc, ce nom de Sesos-tris, c'est Seth-sos-tris. Dans la langue celtique des Bretons, tri veut dire trois. Ce sont les Grecs qui y ont ajouté l'S final.
(2) C'est sous les Ramsès qu'on masculinise les Dieux. Alors l'enseignement secret des Prêtres enseigne qu'Ammon, le Dieu caché, est à la fois l'époux de sa mère, son propre père et son propre fils. Ces divagations ont pour but de permettre à l'usurpateur de s'attribuer ce qui est fait par sa mère, puisque sa mère, c'est lui.

LES EXPLOITS DE RAMSÈS
Les Kétas contre lesquels il lutte sont les féministes, ceux probablement que l'histoire moderne appelle des Hébreux. On les appelle aussi Retas.
Ramsès, qui les appelle vils Chétas, misérables Chétas, dit d'eux (1) :
« Je me jetai sur eux, semblable au dieu Mouth; dans l'espace d'un instant, ma main les moissonna. Je massacrai parmi eux, j'égorgeai au milieu d'eux et j'étais seul à crier ; il n'y avait pas une seconde parole, aucun d'eux n'a élevé sa voix, chacun de mes ennemis sentant sa main sans force contre la mienne ; ils ne savaient plus tenir l'arc ou le javelot.
« Lorsque les archers et les cavaliers arrivèrent l'un après l'autre de leur camp, vers l'heure du soir, ils trouvèrent toute la région baignée dans leur sang ; tous bons guerriers du pays de Chéta, champions valeureux de leur Souveraine. Lorsque le jour éclaira la terre d'Atesch, le pied ne pouvait trouver sa place, tant les morts étaient nombreux. »
Cette expédition,dans laquelle Ramsès courut un grand danger, ne termina pas la guerre.
Ce chef (Ak) régna 68 ans, c'est lui qui dirigea contre les Hébreux les persécutions qui les obligèrent à s'enfuir dans la presqu'île du Sinaï, sous la conduite d'une femme, Myriam (dont les modernes feront la sœur de Moïse).
C'est cette cheffesse qu'on appelait Meia-Moun, nom qu'on a donné à un Pharaon ; bien plus, nom qu'on donne à Ramsès lui-même comme on lui a donné le nom de sa Mère.
(1) Ce sont eux qui semblent être les Shasous, tribu sémitique de l'Est de l'Egypte, détestée des hommes qui les accusent de brigandage.

QUELQUES MOTS SUR LES SUMIRS ET LES ACCADS
L'écriture cunéiforme nous a conservé les annales des Sumériens.
Les Sumirs seraient les féministes de la Pré-Chaldée. Les Accads seraient les féministes déportés de l'Inde lors du schisme d'Irschou. Ils vinrent se réfugier chez les Sumirs à cause de leur communauté d'idées.
Les Accadiens sont un rameau détaché de la race sémitique. Lorsqu'ils arrivèrent chez les Summériens, « race pleine de mansuétude », dit-on, ils se mêlèrent à eux ; ils étaient au début de leur histoire dont la suite allait remplir le monde ; ils accomplissaient la première étape de ce qu'on a appelé « Israël errant ».
Les Sumériens occupaient la plaine basse où s'élevaient les plus anciennes cités : Nippour, Eridac, Our, Larsam, Ourouk, Sirpoula, Houmma, etc., etc.
Les réfugiés Accadiens s'établirent plus au nord, dans les terrains encore vacants : à Kish, à Opis, à Agadé, etc.
Ces deux peuples se pénétrèrent et se fusionnèrent si bien qu'ils apparaissent dans l'histoire intimement unis, sous des noms qu'on ne sépare pas.
Des historiens ont nié l'existence des Sumirs et des Accads parce que c'étaient des tribus féministes.
On s'en occupe maintenant parce qu'on a trouvé des documents masculins antidatés, qui ont fait croire que l'homme avait régné sur ces peuples ; alors on les a fait entrer dans l'histoire.

LEUR GOUVERNEMENT GYNÉCOCRATIQUE
Le gouvernement matriarcal qui existait à Bab-ilou, nom primitif de Babylone, était un régime théocratique. Les ordres, comme les lois, émanaient de la Déesse (les historiens modernes diront d'un Dieu), et la divination (faculté intuitive) imposait à tous le respect et l'obéissance. C'est ce qui a créé dans l'âme humaine l'atavisme de l'autorité divine à laquelle l'homme se soumet. Mais il y avait une multitude de Déesses ; chaque contrée avait la sienne, elles étaient, d'après le style moderne, « des dieux locaux ».
Un homme est près d'elle, il est son lieutenant ou son officier (on dira plus tard son vicaire), il sert d'intermédiaire entre elle et le peuple et transmet ses ordres. On l'appelle Lou-Gal (homme grand), ou Patesi, ce qui veut dire : « Soumis à la Déesse ».
Les officiers forment donc une caste privilégiée. Ils sont investis de biens, mais qui sont inaliénables et dont ils n'ont que la gestion, le fonds reste à la communauté, car la propriété collective familiale est à la base de toute société matriarcale.
A l'origine, la tribu est un territoire limité sur lequel vit la famille sous la protection d'une Déesse-Mère. Il ne faut donc pas s'étonner d'apprendre que le panthéon chaldéen, au IXème siècle avant notre ère, comptait plusieurs milliers de Grands Dieux, c'est-à-dire de Déesses-Mères, dirigeant chacune une famille, mais avec une inégalité de pouvoir qu'on a évaluée mathématiquement en les classant de un à soixante. C'est ainsi que Ninghirsou, Déesse de Sirpoula, a une puissance évaluée à cinquante. (Cette puissance est peut-être basée sur le nombre des habitants de la tribu.)
Les villes et les villages ne sont d'abord que des agglomérations d'enclos créés le long du fleuve ou du canal d'irrigation à proximité du temple. Les Déesses possédaient quelquefois de vastes tènements ; au delà s'étendait la plaine laissée à la jouissance commune.
C'est en s'emparant des terrains libres que les officiers-Prêtres se sont créé des domaines, qu'ils ont opposés plus tard à ceux des Déesses-Mères.

SÉMIRAMIS
La grande figure qui brille dans l'histoire de cette époque, c'est Sémiramis. On croit qu'elle régna 2000 ans avant notre ère. Il existe un monument, à la gloire de cette grande Femme, qui se compose de sculptures singulières que M. Dauville a décrites. Ces figures gigantesques sont taillées dans le roc et forment de vastes bas-reliefs. Ctésias, qui vivait à la cour de Perse, raconta l'histoire de Sémiramis, dont le nom chaldéen était Sammouramit. C'est cette brillante Reine qui fit construire Babylone. Le nom de cette ville, retrouvé dans les inscriptions, est Bab-ilou (porte du ciel, ou porte divine). Sémiramis y tint le sceptre du monde à une époque que l'on ne saurait préciser. Elle était fille de Derceto (ou Dercetis), grande Déesse phénicienne qui avait un magnifique temple à Ascalon, élevé par Sémiramis en l'honneur de sa Mère.
C'est Derceto qui fut surnommée Astarthé, après avoir écrit le grand livre sacré appelé « Cosmogonie Phénicienne » (voir l'article du blog intitulé « Cosmogonie » ). Josèphe identifie Derceto avec Oannès, adoré dans les mêmes contrées. Sémiramis avait pour emblème la colombe, symbole de la pureté et de l'esprit (1). Elle exerçait sa domination sur tous les peuples voisins de son empire et se consacrait aux travaux pacifiques ; ses expéditions avaient pour but de faire défricher les pays incultes, de percer des montagnes, de briser des rochers, de faire pratiquer de grandes et belles routes qui reliaient son pays aux autres. C'est dans ce but qu'elle alla jusqu'aux Indes.
Elle fit exécuter à Babylone des travaux gigantesques qui ont fait l'admiration de l'antiquité : le Temple, les palais, les jardins suspendus et les tours en étages.
Les remparts de Babylone formaient un carré de 120 stades de côté (23 km), renfermant, outre Babylone, plusieurs autres villes et des champs. Borsippa n'était qu'un faubourg de Babylone (2).
Sémiramis parcourut le monde et partout sur son passage, elle suscita un mouvement d'enthousiasme et d'admiration. Rien ne lui résistait, elle ne connut ni les difficultés, ni les obstacles ; elle dicta ses volontés à l'Egypte et reçut les hommages des Éthiopiens. Elle rentra à Babylone en une marche triomphale. Plus tard, elle visita l'Empire du Milieu où elle eut une entrevue avec une souveraine chinoise.
Elle s'avança jusqu'aux Indes, mais elle se heurta à l'Empire des Aryas et fut repoussée par eux ; elle dut rétrograder jusqu'en Assyrie.
Cette grande Reine disparut brusquement de la scène du monde. Une légende la fit s'envoler de son palais au milieu d'une bande de colombes, mais les historiens rapportent qu'elle mourut de mort violente.
Sémiramis porta la civilisation antique à son apogée et fut l'initiatrice de la haute culture des Chaldéens, cette race supérieure qui remplissait dans le monde une sorte de sacerdoce scientifique. Hérodote parle de la tour de Bélus qu'il a vue à Babylone, monument composé de huit étages, couronnés par une plateforme régulière où l'on faisait des observations astronomiques.
Callisthène, au temps d'Alexandre, trouva à Babylone des observations astronomiques remontant à 1900 ans. Donc, l'astronomie apparaît comme une science déjà constituée en Chaldée, dès une antiquité prodigieuse. Les Grecs en savaient bien peu avant les conquêtes d'Alexandre ; Aristarque parle des observations des Chaldéens, mais ce n'est que plus d'un siècle après la conquête de Babylone que les fameuses tablettes astrologiques furent utilisées par Hipparque.
C'est aux Chaldéens que l'on doit le Zodiaque. C'est aussi parmi les antiques conceptions de ce peuple que nous trouvons le système duodécimal qui est resté dans l'usage de vendre à la douzaine.
Ce système a été appliqué à la mesure du temps et de la révolution diurne du soleil, c'est-à-dire à la division du jour en 24 heures. Ce sont les Chaldéens qui ont divisé l'année en 365 jours 6 heures 11 minutes.
Bœckh a démontré, et après lui Brandis, que toutes les mesures de grandeur, de poids et de capacité dont se sont servis les anciens doivent être rapportées à une même échelle, et qu'en Phénicie, en Palestine, en Perse, comme à Athènes et à Rome, on retrouve partout le système sexagésimal des Babyloniens.
M. Hilprecht, qui était professeur à Pittsburg (Université de Pensylvanie), qui dirigeait les fouilles entreprises sur l'ancienne Nippour, la première capitale de l'empire Babylonien, a retrouvé la célèbre bibliothèque du Temple de Nippour qui contenait près de trente mille écrits, parmi lesquels il y avait des dictionnaires, des plans, des ouvrages littéraires et scientifiques, des poèmes, des contrats commerciaux ou industriels, des recueils chronologiques, des traités légaux et religieux. Tout cela pourrait jeter un jour nouveau sur l'histoire, si les traducteurs modernes n'y mettaient pas trop leurs idées masculinistes.
Les 10 à 12 mille volumes supplémentaires extraits des ruines du Temple se rapportaient, suivant le professeur Hilprecht, à l'histoire des Hébreux.
Les premiers manuscrits retirés de la bibliothèque de Nippour semblaient tous être dans un excellent état de conservation, écrits sur des tablettes d'argile, en caractères cunéiformes.
On croit que Sémiramis fonda aussi Ninive.
Cette ville était entourée de murs hauts de plus de 30 mètres et assez épais pour y faire passer de front trois chariots ; ces murs contournaient la ville, qui occupait une surface mesurant 80 stades sur 50 (environ 13 km sur 8 km) ; sur ce périmètre étaient, de distance en distance, 15 tours fortifiées, atteignant la hauteur de 70 mètres. Ce chiffre est peut-être exagéré, il est peut-être exact et prouve alors que, dans ces époques de jeunesse humaine et de grande force corporelle, on faisait de grandes choses que l'on ne sut plus accomplir dans les âges, suivants.
La population de Ninive fut estimée à plus de 2 millions d'habitants. Ce fut la ville de toutes les splendeurs, la ville puissante, sans rivale, gorgée de richesses et qu'on accuse d'orgueil parce qu'elle est fière de sa splendeur.
« C'est moi et il n'y en a point d'autre que moi », lui fait dire le prophète Sophonie (11-15).
Tel était le monde antique que les hommes allaient détruire.
Au mois de juin 1914, une nouvelle venait d'Amérique et causa une impression profonde à Paris. Les journaux la reproduisirent en l'intitulant : La créatrice du monde. Voici ce qu'on disait :
« L'Université de Pensylvanie possède une pierre gravée qui a été mise au jour, il y a quelques années, au cours de fouilles faites à Nippur. Le professeur Arno Pœbel avait entrepris de déchiffrer les caractères gravés sur la plaque, et il vient d'annoncer qu'il y aurait réussi. Il déclare que ce document préhistorique date de 7000 ans environ avant notre ère. Ces caractères donneraient, d'après M. Arno Pœbel, une nouvelle version de la Genèse, avec cette différence que le monde aurait été créé, non par un dieu, mais par une Déesse ».
Il n'y a pas de quoi s'étonner de pareilles découvertes.
Les sociétés secrètes conservent depuis longtemps la vieille tradition qui enseigne que la Déesse était appelée « le grand Architecte de l'Univers » ; mais la création qu'elle accomplit n'a rien de surnaturel : elle fonde des villes et elle crée l'enfant.
(1) Selon Hésychius, le nom de Sémiramis signifiait « Colombe des montagnes »
(2) Si l'on prend pour mesure le stade de 198 mètres, Babylone avait environ 95 kilomètres de tour et 595 kilomètres carrés de superficie. Paris, y compris Pantin, Levallois-Perret, Montrouge, Ivry, Vanves et Neuilly, ne couvre que 108 kilomètres carrés. D'après Quinte-Curce, Babylone avait 90 stades de pourtour, c'est-à-dire environ 16 kilomètres. L'enceinte murée de Paris était de 39 kilomètres. Ces différences de mesures viennent de ce que les uns comptent toute la région babylonienne (la tribu) qui comprenait plusieurs villes, et les autres ne mesurent que la ville ; c'est comme si les uns mesuraient Paris et les autres Paris et les départements de la petite couronne.

LE LIVRE DES MORTS
Il s'agit, dans ce livre, non de la mort réelle du corps, mais de cette mort de l'âme, qui n'empêche pas les hommes de vivre. Ce symbolisme, ainsi compris, change complètement l'esprit du livre.
C'est Lepsius qui donna à ce recueil son titre actuel « Todtenbuch ». Champollion, qui n'y avait rien compris, parce qu'il ignorait l'ésotérisme hermétique des prêtres, voulut l'appeler « Rituel funéraire ». Les Égyptiens ne lui avaient pas donné ce titre. C'est un ouvrage très ancien, datant, dit-on, des premiers temps de l'Egypte, et écrit par un ou des auteurs inconnus.
D'abord, nous savons qu'on donne toujours comme très anciens les livres altérés, pour reporter dans un passé lointain les idées nouvelles qu'on y introduit. Ensuite, nous savons aussi que les auteurs « inconnus » sont les Femmes dont on a caché le nom ; les œuvres des hommes ne sont jamais anonymes et les historiens n'en laissent pas perdre la mémoire.
L'ouvrage dont nous nous occupons se compose de sections ou chât (livres) appelés Ro. Il contient des variantes qui laissent supposer plusieurs rédactions ou plusieurs interprétations. C'est le « mort » qui parle, il raconte ce qu'il fait, ce qu'il voit, où il est, etc. Et il faut se rappeler que le surnaturel n'existait pas à cette époque, donc c'était bien quelqu'un, qui était quelque part. La plupart des sections se terminent par la formule : « Celui qui sait ce chapitre », ou « celui qui sait ce livre durant sa vie entrera dans la région de la vie Divine ».
Or la vie Divine, c'est la vie dans les villes qui ont conservé le régime Théogonique, le monde où règnent les Déesses. Ce sont donc des conseils, des leçons donnés aux hommes pour les rendre dignes de vivre parmi ces femmes Divines.
C'est une collection de prières en 165 chapitres.
Le chapitre 125 expose ce qu'il fallait pratiquer ou éviter et fait connaître sous une forme dramatique les conditions morales du salut.
Le chapitre 162 se termine par ces mots : « Ce livre renferme le plus grand des mystères, ne le laisse voir à aucun œil humain (masculin), ce serait un crime, apprends-le, cache-le ».
Voilà qui prouve bien qu'il s'agit de la lutte de sexes.
Cela nous confirme dans l'idée qu'il a été écrit par une femme pour moraliser les hommes, et que c'est cette circonstance qui fait que le livre primitif a été altéré.
En effet, dans la rédaction remaniée qu'on nous donne, Osiris n'est plus « le mort », mais « le seigneur de la vie ». Ce n'est plus la Femme, la Déesse Isis, qui est l'Etre bon, vivant, la grande âme, c'est l'homme qui est devenu tout cela. On a donc corrigé une première rédaction en changeant le rôle des Dieux.
On a vu dans ce livre une allégorie représentant la défaite de la Femme vaincue, et sa résurrection à la vie et à la puissance. On a fait de cela un symbole astronomique. Ra descend dans l'enfer d'Osiris, comme Istar, comme Perséphone, puis elle en sort et renaît à la vie. Sa mort provoque des pleurs, son retour à la puissance s'affirme graduellement par des modifications successives, opérées par des Divinités qui avaient pour mission de faire avancer le soleil (c'est-à-dire l'Esprit qui conçoit la vérité) jusqu'à son lever. Belle image de la renaissance de la Femme à la vie sociale. Ces Divinités devaient changer perpétuellement les conditions des êtres en les faisant renaître. Ceci est l'histoire du progrès à travers les générations.
Après cela venaient des idées obscures, qui ne peuvent avoir été exprimées que par des prêtres cachant, renversant, exagérant une idée primitive qu'ils voulaient à dessein rendre inintelligible.
Tels ces trois paragraphes :
1° Les Justes divinisés, vivant dans l'adoration du soleil, ou constitués gardiens des bassins dans lesquels les corps s'épurent pour le renouvellement.
2° La barque du Dieu Af naviguant dans la région souterraine, en fécondant la larve des hommes promis à la résurrection.
3° Les criminels, les morts enchaînés, renversés, torturés par Toun, Horus et les Génies qui les assistent, puis traînés à la « demeure d'anéantissement ». Des âmes, des ombres sont plongées dans des gouffres de feu, où l'on voit aussi des têtes coupées. A ces gouffres président des bourreaux féminins, des Déesses à tête de lionne qui « vivent des cris des impurs, des rugissements des âmes et des ombres qui leur tendent les bras du fond du gouffre ».
Ce dernier paragraphe a été écrit par un auteur qui a voulu renverser sur les Femmes ce qu'elles avaient dit du séjour infernal, du monde des hommes. Il leur renvoie leurs accusations, en faisant croire que ce sont Elles qui torturent et non Elles qui sont torturées. C'est le système de la « réflexion sexuelle », c'est une façon de donner à la Femme la responsabilité des souffrances infligées par des hommes.
Le « livre des Morts » a été traduit en français par M. Paul Pierret, qui nous dit : « Le livre s'ouvre par une représentation des funérailles. Le traîneau qui porte la momie est escorté par les parents, les pleureuses, les prêtres, qui portent des insignes sacrés, ou lisent les prières prescrites. Les quatorze premiers chapitres, au-dessous desquels se déroule cette procession, introduisent le défunt dans la région souterraine et lui promettent la résurrection, « la vie après la mort » (c'est l'initiation) ». Chacun des mots que nous soulignons devrait être expliqué. Ainsi, à l'époque qu'on assigne au Livre des Morts, il n'existe pas encore de prêtres. Donc le livre a été remanié à l'époque où les prêtres ont existé, les prières et les insignes sont de la même époque, ainsi que le surnaturel, né du symbolisme destiné à cacher les vérités qui servaient de bases à la Théogonie. Ceci dit, continuons l'exposé de M. Pierret :
Les chapitres XVIII et XIX sont des invocations à Thoth, pour qu'il accorde au mort la faculté de proférer la vérité, privilège divin.
Ici, le mort, c'est l'homme (l'ombre) ; le privilège divin, c'est le privilège féminin.
Dans les chapitres XXX et XLII, on parle des combats de l'âme contre les animaux fantastiques de l'IIadès. Le mort y apprend les paroles sacrées à l'aide desquelles il doit obtenir la victoire.
Les chapitres XLII et LIII s'occupent des maux qui accablent les méchants après la mort (de l'âme) et que l'âme accomplie doit au contraire éviter.
Dans les chapitres LIV et LXV, faveurs qui attendent les âmes accomplies.
Le chapitre LXIV compare la résurrection de l'homme (son retour à la vie morale) au lever du soleil, en mettant en regard l'homme qui sort de son tombeau et le soleil qui émerge de l'horizon.
Chapitre LXXXIX. Réunion de l'âme à son corps (de la Femme-âme à l'homme-corps).
Chapitre XCIX. Le mort arrive à la barque du soleil (symbole de vérité) et y navigue avec lui (le voilà revenu à la vie morale et le tableau suivant indique la vie heureuse qu'il rencontre dans le séjour bienheureux où la réconciliation s'est effectuée).
Chapitre CX. Le mort laboure, sème, moissonne, navigue dans l'Elysée.
Chapitre CXXVI. Invocation aux Génies (les Déesses) chargés d'effacer la souillure du péché.
Chapitre CXXVII et suivants. L'âme est renseignée sur la nature et les habitants des diverses régions célestes qu'elle doit parcourir.
Le chapitre CXXV est l'un des plus intéressants du recueil ; il est intitulé littéralement et en maintenant la forme hiéroglyphique : « Livre d'entrer dans la salle de vérité et de séparer l'homme de ses péchés afin qu'il voie la face des Dieux ».
Le mort adresse aux Dieux l'allocution suivante : « Salut à vous, seigneurs de vérité ; salut à toi, Dieu grand, seigneur de vérité. Je suis venu à toi, mon seigneur, pour voir tes beautés. Je sais ton nom. Je sais le nom des 42 Dieux qui sont avec toi dans la salle de vérité » (1).
Ces 42 Déesses sont les auteures des 42 livres sacrés des Égyptiens.
(1) La connaissance du nom réel et du nom mystique des Dieux était un secret d'initiation dans la période du sacerdoce masculin ; c'était des noms féminins qu'on ne voulait plus citer, qu'on tenait cachés. Un de ces 42 Dieux est la Déesse Ranen ou Ranon, qui préside aux moissons et symbolise l'alimentation. C'est d'Elle que le mort reçoit le renouvellement de la vie. Nous ne savons pas à quelle époque les prêtres ont altéré ce livre et caché les noms des Déesses, mais c'est certainement après le Xe siècle (avant notre ère). Il n'a pas existé de prêtres avant cette époque.

 

CONCLUSION : RÉSULTAT SOCIAL DE L'USURPATION SACERDOTALE
C'est pour s'affranchir du travail que les Prêtres de la nouvelle religion instituèrent un nouveau système de castes, au sommet duquel ils placèrent la classe sacerdotale qu'ils exemptèrent de toute charge. Une inscription trouvée dans les ruines de Memphis prouve qu'on reprochait à l'homme son oisiveté, elle dit : « C'est ici la moisson ; quand il travaille, l'homme reste plein de douceur ».
La caste sacerdotale fit un partage nouveau de la terre. Elle s'en adjugea un tiers, le roi en possédait un autre tiers et les guerriers le 3e tiers.
Quant aux autres, le peuple, il formait la dernière caste et ne possédait rien.
Le Prêtre recevait dans les temples sa part de fruits et de vin. Cela représentait l'ancienne dîme donnée à la Déesse-Mère, et perpétuée dans l'usage de l'offrande. C'est ainsi que les hommes qui s'emparent du pouvoir sacerdotal renversent l'ordre primitif.
Là où la Femme était tout, elle ne fut plus rien. Les fonctions qui avaient été interdites aux hommes furent interdites aux femmes ; on exigea d'elles des impôts et des servitudes. Tout fut renversé.
L'âge créateur est passé, on copie, on compile, on enjolive, on ne produit plus. C'est l'esprit masculin maintenant qui se manifeste, il est le compilateur, l'enjoliveur.
L'Esprit féminin, qui est créateur, se tait, non pas que la Femme manque d'inspiration, mais parce qu'elle manque de liberté et de sécurité ; l'âge de la souffrance a commencé pour elle, elle est attaquée, elle ne pense plus qu'à se défendre.
Le trouble qu'amena la révolution religieuse en Egypte fut si grand que, pendant le règne funeste de Chéops et de Chéphren, les temples de la Déesse restèrent fermés. A partir de cette époque, l'humanité fut soumise à des orages que, jusqu'alors, elle avait ignorés. Le souvenir de ces temps a été conservé dans la légende de la Déesse Sokar, « celle qui est enfermée dans le cercueil ».
C'est la femme vaincue, mais ayant gardé l'espérance d'un retour à la vie et à la lumière. L'esprit féminin Orus sera surnommé Harpocrate (silence) et représenté avec deux doigts sur la bouche.
Les Déesses qui restent en honneur ne sont plus que des symboles de la génération. On ne reconnaît plus qu'un rôle à la Femme, celui de gestatrice. Mais ces outrages devaient amener une réaction.
Ce que les Hermès ont fait de la grande Religion égyptienne ? Une caricature ! L'adoration des animaux, des rats, des chats, des éperviers, des crocodiles, mêlée à des superstitions ridicules qu'ont rapportées des historiens masculins : la divinité du bœuf Apis qui, du temps des anciens, était une caricature de l'homme. Cependant, l'antiquité avait connu les Divinités réelles, et l'histoire vraie, avant le renversement des choses. Mais depuis tout est travesti, les Hermès ont fait d'Osiris le soleil et d'Isis la lune. Osiris est devenu le Dieu bon, le Père de la Vie, la divinité utile aux hommes !
Dans la ville de Kynopolis (aujourd'hui Samalout, la Saka de l'ancienne Egypte), on adorait Anubis, et le chien y était l'un des dieux les plus vénérés. Plutarque raconte une querelle étrange survenue entre les habitants de Kynopolis et ceux de la ville voisine d'Oxyrynchos où l'on adorait le poisson de ce nom. Les premiers ayant eu l'impiété de manger de ce poisson dieu, leurs voisins, pour se venger d'un tel méfait, n'imaginèrent rien de mieux que de sacrifier dans un banquet tous les chiens qu'ils purent saisir. Juvénal plaisante dans sa XVème satire sur une aventure à peu près semblable.
Burnouf, à propos de l'Egypte, reproduit un passage cité par Apulée (Asel., 24), il dit (Science des religions, p. 350) :
« Voici la peinture que fait de son état un auteur latin du IIème siècle : « Notre terre est le temple du monde entier, et pourtant un jour viendra où toute la piété tombera stérile. L'Egypte sera délaissée. Des étrangers remplissant ce pays, les cultes seront négligés et, ce qui est plus dur, la religion, le culte divin verront décréter cette peine : la prohibition. Alors cette terre, où s'élèvent des sanctuaires et des temples, sera pleine de tombeaux et de morts. O Egypte, Egypte, de tes religions il ne restera plus que des fables, incroyables même à nos descendants, il ne restera que des mots gravés sur des pierres et racontant tes actes pieux. Les tombeaux dépasseront de beaucoup en nombre les vivants ; et si quelqu'un survit, à son langage on le reconnaîtra pour Egyptien, à ses actes il semblera étranger. »

DÉCADENCE DES MYSTÈRES D'ISIS
Les femmes se défendent comme elles peuvent, en cachant leur culte dans le plus grand secret. Cependant, la vieille tradition surnageait, mais on en perdait la signification.
Loti, visitant ce qui reste du Temple de Louxor, nous dit : « Des statues colossales à la porte principale tiennent en main cette sorte de croix bouclée (le swastika) qui était en Egypte l'emblème de l'immortalité. » (Il s'agit de l'immortalité des Déesses due à leurs conditions physiologiques. Les modernes en feront la vie éternelle).
Les hommes ont pris pour eux le symbole du sexe féminin. Il en est bien d'autres aussi, détournés de leur signification première, devenue incompréhensible puisque la science qu'ils exprimaient a disparu, mais le prestige reste et aussi le mystère !
C'est ainsi que les Prêtres d'Isis, les Isiaques, ne mangeaient pas de porc, par chasteté, parce que le porc, c'était l'homme sexuel ; ils ne mangeaient pas non plus de brebis, parce que cet animal représentait la femme victime des passions de l'homme. Toute l'histoire de l'agneau pascal est basée sur ce symbolisme. Les Isiaques se rasaient la tête parce qu'ils avaient appris jadis, dans l'enseignement des Prêtresses, que les passions sexuelles font tomber les cheveux de l'homme ; cet usage qui, se modifiant avec le temps, est devenu la tonsure. Ces Prêtres qu'on appelle Ision ne font plus dans les Temples d'Isis que des simulacres sans valeur.
C'est par la suppression du pouvoir divin de la Femme que commença l'Athéisme.
En effet, la révolution dans les idées et dans les principes de morale qui résulta de la substitution d'un sexe à l'autre, eut pour conséquence de jeter le doute et le discrédit sur tout ce qui, par là suite, se présenta accompagné de l'épithète divine. Cependant l'antique foi, basée sur une loi de la Nature, avait eu, au début de la vie humaine, une telle force qu'elle sommeillait toujours au fond de la conscience de l'homme.
Mais la connaissance parfaite de la Divinité restera toujours un mystère pour l'homme. Et pourtant, cette connaissance est ce que la Femme désire le plus, parce que c'est la base de l'entente qu'elle voudrait voir régner entre elle et lui. C'est pour cela que l'enseignement qu'elle donnait avait pour premier précepte : « de croire à la Divinité, de la connaître, de l'aimer, de la servir ». Recommandations restées dans tous les catéchismes, qui tous ont remplacé la vraie Divinité par une chimère incompréhensible.


« L'Égypte est restée élégante d'allure dans ses haillons modernes ; pauvre belle race fatiguée de domination et devenue indifférente à la qualité du dominateur, hantée du souvenir mystérieux du passé, dans son immobilité millénaire.»
(Pierre Loti)

À suivre : PERSE ET HINDOUS