PSYCHOLOGIE ET LOI DES SEXES



« L'homme est le roi de la création. Qui a dit cela ? L'homme. » (Paul Gavarni)
La congratulation de soi-même est comme une tour élevée sur laquelle est monté un sot arrogant.
Là, assis dans sa hautaine solitude, il n'est aperçu de nul autre que de lui-même.
Ajoutons à cela qu'un Midrash vient malicieusement rappeler à l'homme que si Dieu a attendu le 6ème jour pour créer l'humanité, c'est pour qu'aucun humain ne puisse se vanter :
« Si un homme se donne trop d'importance, s'il devient vaniteux, insolent, on lui dira :
« De quoi te vantes-tu ? Même les moustiques ont préséance sur toi dans l'ordre de la Création. »


« L'homme se distingue des autres animaux surtout en ceci : il est le seul qui maltraite sa femelle, méfait dont ni les loups ni les lâches coyotes ne se rendent coupables, ni même le chien dégénéré par la domestication. »
(Jack London, Les Vagabonds du rail)

« S'ajoutant à la plénitude du 10, qui symbolise un cycle complet, le 11 est le signe de l'excès, de la démesure, du débordement, dans quelque ordre que ce soit ; ce nombre annonce un conflit virtuel. C'est en ce sens que Saint Augustin pourra dire que « le nombre 11 est l'armoirie du péché ». Son action perturbatrice peut être conçue comme un dédoublement hypertrophique et déséquilibrant d'un des éléments constructifs de l'Univers…
Ce caractère est confirmé par le procédé de l'addition théosophique qui, en faisant le total des deux chiffres le composants, donne le résultat 2, c'est-à-dire le nombre néfaste de la lutte et de l'opposition. 11 serait alors le symbole de la rébellion, de la transgression de la loi, du péché humain… de la révolte des anges. »
(J. Chevalier & A. Gheerbrant, Dictionnaire des symboles)

« La vérité est que, si le mal n'est qu'un moindre bien, la tendance au mal s'oppose, pour nous, à la tendance bien comme les deux termes d'une antithèse dont la valeur relative nous échappe. Dès lors, comme le deuxième terme d'une dualité est toujours une négation ou une limitation du premier, le Diable, « celui qui dit toujours non », et le mal qu'il personnifie, ont le nombre 2 pour symbole. « Deux, dit Claude de Saint-Martin, est l'opposition à l'unité, de sa production ; deux ne sort de un que par violence, car on n'enlève rien à un ; c'est faire passer l'entier à la qualité de la moitié ; c'est l'origine du mal », et pour Martinez de Pasqually, « le nombre 2 est donné à la confusion où se trouvent les esprits pervers et les hommes qui se joignent à l'intellect de ces mauvais esprits ». Madrolle nous dit que 2 est un nombre faux, laid, faible, stérile et malheureux. »
(R. Allendy, Le symbolisme des nombres : essai d'arithmosophie, Le Binaire)


« L’humanité, en tant que race, est une accumulation historique de distorsions psychologiques et psychiques développées par la domination d’idéologies qui détournent l’individu de lui-même. L’humain plus évolué se dissociera, le temps venu, des idéologies globales et recouvrera son identité. » 
(Bernard de Montréal)


Les familiers de l'œuvre de René Guénon savent qu'un chapitre de son testament spirituel est consacré aux « méfaits de la psychanalyse ». Les pages 303 à 313 du « Règne de la Quantité » situent en effet la prétendue « psychologie des profondeurs » dans un ensemble de tendances relevant de la « seconde phase de l'action antitraditionnelle ». Sa critique de la psychiatrie moderne rejoindrait donc la « conspirologie » dans la mesure où il existe une différence entre les intentions des « praticiens » et l’objectif global « dont ils ne sont que les collaborateurs aveugles ».
Et René Guénon d'enchaîner en affirmant qu'il « ne serait pas exagéré de voir » dans la psychanalyse et la psychiatrie « des moyens spécialement mis en œuvre pour accroître le plus possible le déséquilibre du monde moderne et conduire celui-ci vers la dissolution finale », c'est-à-dire un moyen de hâter l’abêtissement de l'humanité, l'élimination des hommes de valeur traumatisés par le rythme infernal du modernisme et le totalitarisme triomphant des hommes de puissance. 
Enfin, Faisant allusion à l'obligation des psychanalystes de se faire eux-mêmes psychanalyser avant d'entrer en fonction clinique, René Guénon pose, à la fin de son chapitre, une question qu'il serait primordial d'éclaircir :
« Par qui les premiers psychanalystes eux-mêmes ont-ils bien pu être psychanalysés tout d'abord ? »
(Le bourbier d'Éleusis, Vers La Tradition)


« La métapolitique et la métaphysique du sexe offrent d'autres reflets de l'Unité primordiale antérieure et supérieure à la diversité du monde physique : ce sont respectivement la synthèse de l'autorité spirituelle et du pouvoir temporel, et le mythe de l'androgyne auquel la tradition chrétienne fait allusion par les voix de saint Luc, Saint-Matthieu et Scot Erigène. »
(J. Cologne, Julius Evola, René Guénon et le Christianisme)




Ah ! Justice de Dieu ! Qui peut réunir tant de tourments et de châtiments inouïs que j'en ai vus ? Et pourquoi nos fautes nous déchirent-elles ainsi ?
(Dante Alighieri, La Divine Comédie, L'Enfer)





La Tradition est véridique :
le monde après six millénaires sera consumé par le Feu ; j'ai appris cela de l'Enfer
(William Blake, Le Mariage du Ciel et de l'Enfer)




De l'inconnu à l'Un connu…
À l'Ecole Pythagoricienne, on enseignait l'unité de la nature féminine, dont le principe de vie ne se divise jamais : c'était le nombre 1. Et la dualité de la nature masculine dont le principe de vie se divise en deux parties : l'une pour être conservée et l'autre pour être donnée à la génération : d'où le nombre 2.
L'unité féminine était appelée la Monade, parce que la femme est l'être indivisé, d'où le mot individu.
La dualité masculine était la dyade. En latin, on disait homo duplex pour désigner la contrariété du cœur et de la raison, la duplicité (le double), suprême mystère de l'existence de l'homme.
Ce grand mystère, c'est la loi des sexes.
« Je ne pourrais entrer dans la discussion du fameux symbole de Pythagore, un-deux, sans dépasser de beaucoup les bornes que je me suis prescrites, écrit dans une note Antoine Fabre d'Olivet ; qu'il me suffise de dire que, comme il désignait Dieu par 1 et la matière (l'homme) par 2, il exprimait l'Univers par le nombre 12 qui résulte de la réunion des deux autres : un, deux, « en, duo » (« Bi-Un », Bien). C'est le même symbole de Fo-hi, si célèbre parmi les Chinois, exprimé par une ligne entière — 1 (Yang) et une ligne brisée - - 2 (Ying) ».
C'est là l'origine du système duodécimal qui fut généralisé dans les temps anciens et appliqué à la division de l'année, des heures du jour, des signes du zodiaque, des achats à la douzaine, etc..
Mais le symbolisme des nombres fut profané, comme tout ce qui était secret, et les hommes instituèrent un autre système en donnant aux chiffres d'autres significations. Ils firent de « 1 » le symbole mâle et de « 0 », qui précède la numération, le symbole féminin. Et alors leur union fut 10, que l'on prit pour base du système décimal, qui remplaça le système duodécimal primitif, quand l'homme prit la direction du monde (1). Dans ce système, la femme fut représentée par un signe qui signifie rien, et mise après celui qui représente l'homme. Elle fut, dès lors, personne, après avoir été les trois personnes formant la triade sacrée, les Avasthases divines : Mère-Sœur-Fille.
« aucune puissance ne peut rien soustraire aux Trois hypostases dont le nom se composent de quatorze lettres » avertit « fort curieusement » le Zohar (I 22 b - 33 a), livre masculiniste relativement moderne.
(1) « La division du cercle en 360 parties, en outre de son rapport avec l’année, est la seule qui permette d’exprimer la valeur des angles de tous les polygones réguliers (et en particulier du triangle équilatéral) par des nombres entiers. Cette raison devrait suffire à faire rejeter la division en 400 parties, qui tend à prévaloir actuellement comme étant plus conforme au système décimal ; On aurait dû remarquer que la division par 10 ne peut s’appliquer qu’aux mesures rectilignes ; pour les mesures circulaires, il faut employer la division par 9 ou par 12, ou par un multiple de ces nombres. » (R. Guénon, La Gnose, L'Archéomètre, note de bas de page)

Je (dé)pose Un et je retiens D(i)eux…
Les noms des Déesses tant glorifiées par l'homme adolescent dévinrent des noms ridiculisés, on en changeait la terminaison en les retournant : « Théà » devint « æth » par le retournement des lettres (Thé, Thée, d'où Théa, Théos, veut dire parfait, et se place avant ou après les noms de femmes : Thémis, Astar-Thée) et Astar-thée devint Astaræth ou Astaroth, et Istaroth, la grande Déesse Istar, va devenir une femme guerrière et voluptueuse. 
La Vénus Uranie qui porte le flambeau de l'Esprit : Lucifer, devient la Vénus Callipyge, la femme-sexe. Le mot Euménide voulait dire propice. Quand vint l'heure de la réaction, on représenta, par antithèse, les Euménides comme des furies.
De tout cela devait résulter une profonde confusion. C'est pour cela que cette époque fut appelée l'âge Kali (4ème du monde), âge de ténèbres et de souillure, âge noir et fatal, âge des causes et des effets sinistres.
De ce mot « Kali » on fit en latin « Caligo » (obscur, ténébreux) et en français « Gali » ; on y ajoutait le mot « Mathias » (discours), d'où « Galimatias » ce qui voulait dire : discours ténébreux, incompréhensible.
Les choses sexuelles prenant, dès lors, la place des choses spirituelles, le prêtre créa un culte nouveau, obscène. Pour lui, la femme est un organe. Cet organe devient la coupe du plaisir ; il est représenté par le calice de la fleur qui devient le vase sacré des Mystères.
C'est alors que les femmes outragées rappellent les hommes à la vérité et les somment de parler proprement, c'est-à-dire suivant le sens réel des mots ; et ces expressions « à proprement parler », « employer l'expression propre », sont restées dans les langues et sont opposées au langage malpropre et figuré qui avait été inventé pour vexer les femmes.
Ce ne fut d'abord qu'une taquinerie, cela devint une habitude, puis cela devint un dogme, celui qui est à la base de toutes les religions modernes.

☆☆☆

L'idée de rétablir le rôle de la femme dans les Écritures sacrées a été inspirée par l'étude de l'évolution humaine. En suivant l'évolution anatomique, physiologique, morale et sociale de l'homme et de la femme, il a été compris qu'il avait dû exister dans le passé de l'humanité toute une période de lumière et de paix d'abord, puis de lutte ensuite, et enfin d'assujettissement de la femme. Et tout cela devait avoir été relaté par l'histoire primitive, chantée par les premiers poètes, inscrite même sur la pierre, si bien qu'elle a pu être reconstituée de deux manières :
1°) Par l'étude du passé, et rapportée intégralement dans les articles précédents ;
2°) Par l'étude de notre évolution ontogénique.


Les conditions climatériques des pays divers, créent des différences ethniques, c'est-à-dire physiologiques, psychiques et, par conséquent mentales des peuples.
Mais quel que soit le degré de leur intelligence, de leurs vertus ou de leurs vices, quelle que soit la prospérité ou la pauvreté de leur commerce, une chose les domine tous : la Loi des sexes, qui fait que partout, sous toutes les latitudes, dans les coins les plus reculés de la Terre, on trouve les deux sexes représentés et toujours suivant l'inflexible loi de leur polarité inverse.
Donc, toutes les différences des peuples s'effacent devant cette loi générale qui les gouverne tous : Un Être de raison et de bonté vit près de l'homme pour tempérer ses passions, pour empêcher ses mauvaises impulsions, pour prévenir ou réparer ses désordres, pour lui ouvrir la voie d'un idéal que seul, cet Être peut lui donner. Sans ce concours avoué (ou inavoué) de la Femme, l'existence de l'homme est incomplète, incohérente, dangereuse même.
Rétablissons l'harmonie sociale du monde en la basant sur la science éternelle et universelle, celle qui reconnaît et fait reconnaître par tous l'immuable « Loi des Sexes ». Cette loi porte en elle toutes les solutions sociales.
Quand les chefs d'État comme les derniers des citoyens auront reconnu cette « Loi », quand ils comprendront les aspirations psychiques et spirituelles de tous les peuples, ils s'uniront dans une fraternité consciente pour conduire le monde nouveau à son but grandiose :

L'HARMONIE UNIVERSELLE.

L'homme a unifié le monde par son industrie qui ne connaît pas de frontière, son commerce est international, sa puissance économique est mondiale, il a créé des moyens de transport, des moyens de communication sans fil qui fait courir la pensée à travers l'espace avec la vélocité de l'éclair… Et malgré toutes ces merveilles, le désordre subsiste, les divers peuples se déchirent, la haine les divise et quand les hommes se concertent entre eux, ce n'est pas pour faire le bien, c'est pour faire le mal, pour se donner mutuellement la mort ou créer des entraves à la liberté des autres.
Il faut changer tout cela et se mettre sur un terrain nouveau pour réaliser un accord solide entre les divers peuples, pour se concerter, en vue du Bien général sur les bases d'une vérité démontrée : la différence psychique des sexes.
La Nature a fait deux grandes divisions dans l'Humanité : les sexes qu'elle a créés différents, leur donnant à chacun des facultés spéciales. Chaque sexe doit avoir, dans la société, le rôle que ses facultés lui assignent.
Pour le connaître et l'accepter, les hommes et les femmes ont le devoir d'étudier « La loi des sexes ».



INTRODUCTION
C’est l’absence de Vérité, l’absence de respect, l’absence de courage : c’est le règne du mensonge, de l’envie, de la lâcheté, qui créent le malaise général dont souffrent les sociétés modernes.
Croire que telle ou telle réforme dans le gouvernement des nations peut changer la vie morale de l’homme serait une étrange illusion ; on peut lui donner des progrès matériels, des réformes économiques avantageuses aux masses, on n’atteindra pas les profondeurs de sa vie psychique.
Or, ce sont les souffrances morales qui rendent l’existence amère. L’homme porte en lui une blessure profonde qui a été faite, dans le passé, à la tête et au cœur de l’humanité par ses criminels ancêtres. Ce sont eux qui, en étouffant la Vérité, en avilissant la Femme, en donnant à leurs descendants l’exemple de toutes les lâchetés, ont été la cause première de toutes les souffrances accumulées pendant des siècles sur la tête des générations montantes. L’homme actuel en est la victime. Il naît esclave d’un atavisme lointain qui le sollicite à refaire la terrible expérience du mal, malgré les cataclysmes sociaux qui en ont démontré les redoutables conséquences.
Cependant, la maladie dont souffre l’humanité n’est pas fatalement mortelle ; on peut la guérir, car, si le mal a souvent triomphé, le bien aussi a évolué, et ses Victoires, quoique moins bruyantes que celles de son terrible adversaire, ont laissé une profonde empreinte dans la Nature humaine.
Aujourd’hui, la lutte est décisive : ou l’effondrement des nations dans la dégénérescence des masses, ou la brillante renaissance depuis si longtemps annoncée ! Et que les sceptiques ne viennent pas nous dire que c’est un rêve irréalisable. Il suffit, pour en faire une réalité, de rétablir dans le monde :
- Le respect de la Vérité ;
- Le respect de la Femme ;
- Le courage moral.
Remettre dans le monde la « Vérité », combattre toutes les erreurs, faire la guerre au mensonge, à l’hypocrisie qui le couvre, à la fausseté qui l’excuse ou le justifie ! Voilà le premier point à réaliser, car c’est de la Vérité, seulement, que peut sortir la concorde, et la Vérité manque dans l’ordre social parce qu’elle manque dans l’ordre moral. L’erreur s’est glissée partout, qu’elle soit religieuse, philosophique ou scientifique, elle règne en souveraine maîtresse, on l’impose par suggestion social, elle est dans nos mœurs, elle est dans l’enseignement donné à nos Enfants, elle est dans nos institutions. Nous en sommes tellement imprégnés que nous n’en avons plus conscience, nous avons fait de cet état de choses notre état normal. Pendant des siècles l’esprit humain a été enfermé dans un réseau d’erreurs, et nos institutions modernes, qui en dérivent, sont pour lui comme un instrument de torture qui veut le forcer à prendre une direction qui n’est pas celle que lui avait donnée la Nature.
Pour remettre dans le monde le respect de la Femme, il faut reconnaître sa vraie nature physiologique et psychique, faire la lumière sur sa valeur réelle, afin que les gens de bonne foi puissent opposer victorieusement des Vérités démontrées aux mensonges qui l’ont avilie dans les siècles passés, qui l’avilissent encore dans la société moderne, et servent de prétexte à ceux qui veulent la tenir à l’écart pour prendre la place qu’elle devrait occuper dans le monde. Il faut, ensuite, montrer au jeune homme que ses ancêtres, en méconnaissant le respect de la Femme, ont gâté son existence, supprimé tout l’idéal de la vie, toutes les sublimes envolées de l’Esprit, tous les grands élans du cœur que l’homme ne trouve que près de la Femme qu’il respecte.
Et non seulement ils ont supprimé tout ce qui peut donner à l’homme le réel bonheur, mais ils lui ont légué, en échange, l’habitude de la dissimulation, une crainte inavouée de la Femme, le germe de toutes les brutalités, et le remord de leurs crimes. Tout cela constitue le triste héritage atavique que le jeune homme traîne derrière lui, comme le forçat son boulet. L’homme, aussitôt qu’il est homme, entreprend contre la Femme une lutte, dans laquelle il triomphe. Mais ce triomphe est, pour lui, un remord, et c’est ce remord qui le tourmente, c’est ce triomphe qu’il veut justifier par des mensonges ; il sent qu’il a écrasé quelque chose de grand, quelque chose qu’il devait respecter, qu’il voudrait respecter, mais l’orgueil ancestral, qui le domine, le pousse à la lutte et lui fait honte de ses remords, alors il s’étourdit lui-même pour ne pas entendre les gémissements de sa propre conscience qui proteste.
« Sigmund Freud en essayant de comprendre les névroses de l’homme civilisé, par le meurtre du Père, en l’occurrence Moïse, figure du père totémique, s’est trompé de victime ; dans l’inconscient collectif, c’est le souvenir du meurtre de la Mère, qui devrait plutôt culpabiliser l’homme. Le meurtre de la Mère, une dette que nous payons depuis la fin du néolithique et jusqu’à quand encore ? » (Philippe Annaba, Le renversement des valeurs).
Pour remettre dans le monde le courage moral, il faut soi-même en donner l’exemple.
Dans les heures de crises, comme celles que nous traversons, il faut oser lever l’interdit mis sur les antiques et éternelles révélations de la science, il faut oser lever tous les voiles, montrer toutes les plaies et jeter aux quatre vents de la publicité toutes les Vérités, supprimant une bonne fois, et pour toujours, les secrets ésotériques.
Mais il faut surtout conformer sa vie à la doctrine dont on se fait l’apôtre, sans crainte d’être ridiculisé par les sots, avili par les pervertis, attaqué par les envieux, persécuté par les fous.
Le jour où l’homme pourra se libérer de l’atavisme qui l’entrave, le jour où il osera revenir à la Vérité, écouter la Femme qui l’enseigne et pratiquer le Bien qui en résulte, on pourra chanter dans le monde régénéré une immense Joie, un immense Hosanna, l’homme se sentira tout à coup animé d’une grande fierté, l’effort qu’il aura fait pour sortir de ses guenilles morales lui mettra au cœur une telle joie qu’il ne saura comment l’exprimer. Cette revanche du Bien sur le mal sera un immense soupir de soulagement.
En écrivant l’Histoire de « l’Evolution psychique », nous n’avons voulu faire que l’Histoire du développement normal des facultés humaines, rien de plus. Et si le mot Psychologie indique l’étude de phénomènes dont les causes sont restées jusqu’ici cachées, il ne faut pas en conclure que cette branche des connaissances humaines soit la science du merveilleux, de l’anormal, des choses suprasensibles. Non, nous ne nous engageons pas dans la voie ouverte par des investigateurs à qui la simple Nature ne semble pas suffire. Ceux-là cherchent des « au-delà » dans une pathologie qui intéresse vivement le public avide de merveilleux, mais qui nous semble indigne d’occuper si longtemps l’attention des savants, alors que les phénomènes normaux, tout aussi inconnus, n’ont pas le don de les captiver.
On sait, cependant, que les troubles pathologiques ne peuvent être compris si le fonctionnement régulier des organes n’est pas connu. Pourquoi, alors, s’occuper si ardemment des déraillements psychiques quand on ne peut rien expliquer ni comprendre, si l’on ne connait, d’abord, les phénomènes naturels, réguliers, constants ?
N’est-il pas étrange de voir que c’est cette étude qui manque, et que, aujourd’hui, le véritable « inconnu », c’est la « vraie Nature », ce sont les choses simples qui se déroulent autour de nous. Celles-là ne captivent pas l’attention, peut-être, justement parce qu’elles sont trop simples. Et dans ces temps de paradoxe, c’est-à-dire de « renversement », où les esprits semblent s’habituer à tout voir à l’envers, la Nature « naturelle » est la seule chose qu’on ait oublié, ou négligé, d’étudier.
Cependant un intérêt capital s’attache à cette étude. En expliquant, par la science, les mystères de la vie psychique, nous arrivons, d’abord, à supprimer l’ancienne métaphysique, devenue inutile puisqu’elle est remplacée. Ensuite, et c’est là un résultat bien plus important, nous retrouvons les bases de la loi morale et nous arrivons même à la formuler d’une façon précise.
Et nous estimons que c’est là qu’est la plus belle conquête de la science retrouvée, car le résultat de la connaissance des lois de la Nature est de reconstituer la société sur des bases solidement établies qui assurent le progrès moral et le bonheur de l’humanité.

L’Evolution psychique se greffe sur l’évolution physiologique ; elle en est la suite et la conséquence.
Or, l’Evolution physiologique est différente dans un sexe et dans l’autre. Faire l’histoire de la psychologie humaine, c’est donc faire, à un point de vue spécial, l’histoire des sexes.
Rappelons, en quelques lignes, les grandes lois de l’Evolution sexuelle.
C’est dans l’action du système nerveux que résident les différences qui séparent physiologiquement l’homme de la Femme.
On sait que le système nerveux encéphalo-rachidien est constitué par des nerfs sensitifs et des nerfs moteurs. Leur dénomination même indique les fonctions auxquelles ils président. On peut les considérer comme représentant les deux principes qui luttent dans les êtres vivants, le premier pour produire la vie puisqu’il est le facteur de la synthèse organique ; le second pour produire la mort car il est le facteur de la destruction organique.
Ces deux principes existent dans des rapports de proportion différents dans les espèces zoologiques. La sensibilité (principe de synthèse) est d’autant plus développée que l’être organisé est plus élevé dans la série animale. La motricité (principe de destruction) existe dans une proportion inverse ; plus intense chez les êtres inférieurs, elle diminue chez les êtres supérieurs. Elle est moins développée chez l’homme que chez les autres mammifères, moins que chez les oiseaux, les reptiles et les articulés.
Mais si nous considérons ces deux ordres de facultés dans les individus d’un même genre, nous constatons que ce sont leurs différences d’intensité qui déterminent le sexe, ou, si l’on veut, qui sont déterminées par le sexe, qui est, tout à la fois, cause et effet.
Si au point de départ de la vie, il y a une neutralité sexuelle relative, cette neutralité disparaît peu à peu ; les individus sexués, partis d’un même point, s’en sont allés dans des directions différentes et, dans tout le cours de leur existence phylogénique, ils ont continué leur évolution dans des voies qui les ont éloignés de plus en plus du point de départ commun. Cette divergence est le résultat du développement inverse des facultés nerveuses. Chez les individus du sexe mâle, la motricité s’est développée avec plus d’intensité que la sensibilité. Chez les individus du sexe femelle, la sensibilité s’est développée avec plus d’intensité que la motricité.
Mais c’est surtout à l’âge de la puberté, c’est-à-dire à l’époque où commencent les fonctions sexuelles, que les grandes différences physiologiques se dessinent entre les individus diversement sexués.
Cette progression vient de ce que ces fonctions sont une désassimilation, laquelle épuise, ou plutôt diminue l’élément évacué, qui, dès lors, manifeste ses effets avec moins d’intensité dans l’individu.
C’est par l’intermédiaire du système nerveux « grand sympathique » que cette action s’exerce.
Pour expliquer la cause et les conséquences des différences sexuelles, il faut donc faire l’histoire de ce système nerveux.

EVOLUTION PSYCHIQUE
LE GRAND SYMPATHIQUE
Le système nerveux grand sympathique est un ensemble de nerfs et de ganglions annexés, pour ainsi dire, au système encéphalo-rachidien dont nous venons de parler. Il occupe la partie antérieure du corps, dans laquelle il répand ses ramifications, qui s’en vont aussi dans les membres jusqu’à leurs extrémités.
Ces nerfs sont partout accompagnés de vaisseaux sur lesquels ils agissent, pour les contracter ou les dilater. De là leur nom de « vaso-moteurs ».
C’est ce système nerveux qui préside à la sexualité ; c’est dans les fonctions qui sont sous sa dépendance que nous trouvons l’origine de tous les phénomènes qui font la différence physiologique des sexes ; et cela est ainsi parce que c’est par l’intermédiaire de ces nerfs et des vaisseaux qui les accompagnent, que s’opère la désassimilation des éléments que le mâle et la femelle rejettent de leur organisme pour faire une vie nouvelle.
Chez le mâle, les caractères que la sexualité détermine résultent de ce que c’est l’élément nerveux qui est donné à la génération ; l’élément sanguin, annexé, n’y prend qu’une part insignifiante ; il est mis en réserve et contribue au développement musculaire de l’individu.
Chez la femelle, les caractères que la sexualité détermine résultent de ce que c’est l’élément sanguin qui est donné à la génération (dans les menstrues et dans l’ovulation, l’ovule étant une cellule analogue au leucocyte), tandis que l’élément nerveux, qui n’y participe pas, constitue une réserve individuelle.
Les organes auxquels le grand sympathique porte son incitation sont : l’œil, l’oreille, le nez, la langue, les lèvres, le cœur, l’estomac, le foie, le pancréas, le canal intestinal, les reins, la vessie, enfin l’appareil génital, et dans les membres, les glandes sudoripares et les corpuscules de Pacini.
Tous ces organes reçoivent, chez le mâle, une incitation nerveuse plus forte que chez la femelle, puisque ce sont des organes qui sont sous la dépendance du système nerveux sexuel.
C’est dans le système encéphalo-rachidien que la femelle fait sa réserve nerveuse.

ÉVOLUTION PSYCHIQUE
LES DEUX VIES
Notre être intime est donc composé de deux vies individuelles ; l’une qui préside aux fonctions de relations extérieures, ou sociale, par l’intermédiaire du système nerveux encéphalo-rachidien ; l’autre qui préside aux relations sexuelles par l’intermédiaire du grand sympathique.
Le premier système est double et insexué, sensitif et moteur, action et pensée. Le second est impair et sexué, sensitif et sanguin, mâle ou femelle.
La sexualité, quoique étrangère au premier système, intervient, cependant, indirectement dans ses actions, puisque l’élément déversé dans le grand sympathique, pour alimenter les fonctions sexuelles, diminuant dans la vie de relation, arrive à faire naitre une différence de proportion entre la motricité et la sensibilité restée au service de l’être social, différence qui entraine des conséquences psychiques considérables.
Bichat avait aperçu ce fait puisqu’il dit : « On peut comparer ces deux ordres à deux lumières qui brûlent en même temps et qui n’ont pour aliment qu’une quantité de matériaux. Si l’une est plus excitée que l’autre, si plus le vent l’agite, il faut bien qu’elle s’éteigne plus vite. »
Sa comparaison est juste, mais la conclusion qu’il en tire ne l’est pas. Quand il dit : « il faut bien qu’elle s’éteigne plus vite », il se trompe, c’est le contraire qui a lieu, puisqu’il est reconnu qu’en physiologie l’usage augmente l’intensité fonctionnelle d’un organe. Donc, plus une de ces deux lumières brûle activement, plus elle consomme les éléments qui devraient les entretenir toutes les deux et plus elle acquiert de force et de puissance aux dépens de l’autre, qui décroit peu à peu et s’éteint.

C’est ainsi que l’élément sensitif étant celui qui entretient les fonctions intellectuelles et en même temps les fonctions génératrices chez l’homme, il établit une balance, chez lui, entre les deux ordres de facultés nourries par cet élément. L’homme qui exerce son esprit exerce peu sa puissance génitale, celui qui donne beaucoup à la sexualité ne donne presque rien à l’intellectualité.
La valeur intellectuelle des hommes dépend donc de la façon dont ils exercent leurs facultés sensitives ; ils peuvent les exercer dans la vie cérébrale et les faire servir aux fonctions de relations extérieures : ce sont, alors, des hommes « sensitifs », des hommes élevés dans l’ordre moral et doués d’une intelligence active ; ils peuvent les exercer dans la vie sexuelle, et alors leur intelligence décroit. La sensibilité qui diminue en eux laisse une liberté trop grande à l’élément moteur, qui alors se traduit par des actions brusques, violentes, non coordonnées, parce que l’intelligence qui devrait les guider fait défaut. C’est aussi la domination primant la raison. Le cerveau, dans ce cas, subit une modification ; la moelle grise, siège de l’élément sensitif, décroit : la partie supérieure du crâne diminue de volume ; la moelle blanche, siège de l’élément moteur, s’accroit ; la partie inférieure du crâne se développe.
Il ne faut donc pas confondre l’action avec l’intelligence, puisque ces deux facultés s’exercent inversement : une vie remplie de mouvements n’est jamais une vie intellectuelle, et la force musculaire est toujours en raison inverse de la force morale.

Bichat constate le fonctionnement inverse du système sensitif et du système moteur en ces termes :
« Voyez ce savant qui, dans ses abstraites méditations, exerce sans cesse ses sens intimes, et qui, passant sa vie dans le silence du cabinet, condamne à l’inaction les externes et les organes locomoteurs ; voyez-le s’adonnant, par hasard, à un exercice du corps, vous rirez de sa maladresse et de son air emprunté. Ses sublimes conceptions vous étonnent, la pesanteur de ses mouvements vous amuse.
« Examinez, au contraire, ce danseur qui, par ses pas légers, semble retracer à vos yeux tout ce que, dans la fable, les cris et les grâces offrent de séduisant à notre imagination ; vous croiriez que de profondes méditations d’esprit ont amené cette heureuse harmonie de mouvements ; causez avec lui vous trouverez l’homme le moins surprenant sous ces dehors qui vous ont surpris.
« L’esprit observateur, qui analyse les hommes en société, fait à tout instant de pareilles remarques. Vous ne verrez jamais coïncider la perfection d’action des organes locomoteurs avec celle du cerveau et des sens, et, réciproquement, il est très rare que ceux-ci étant très habile à leurs fonctions respectives, les autres soient très aptes aux leurs. »
Tout ceci est spécial à l’homme. Les Femmes ne peuvent exercer leurs facultés sensitives que dans les fonctions cérébrales ; leurs facultés motrices (dépendantes du système sanguin) sont les seules intéressées dans les fonctions génératrices. La motricité suit, dans leur évolution sexuelle, la même progression décroissante que la sensibilité dans l’évolution sexuelle de l’homme.
Mais la séparation des sexes est lente. Commencée dans le passé, elle continue à progresser. En s’accentuant, elle nous montre l’avenir lointain réservé à l’humanité. Les êtres du sexe mâle verront, peu à peu, diminuer leurs facultés sensitives ; les êtres du sexe femelle verront, peu à peu, diminuer leurs facultés motrices.

L’instinct, cette force qui nous pousse à la satisfaction des besoins sexuels, a donc, dans les deux sexes, des conséquences morales toutes différentes ; il porte le mâle au sacrifice d’un élément nerveux qu’il a un grand intérêt psychique à garder, puisque c’est celui qui alimente les fonctions intellectuelles ; il porte la femelle à éliminer l’élément moteur qui est le principe de la destruction organique, tandis qu’elle garde, dans toute son intégrité, le principe sensitif qui n’est pas intéressé dans sa vie sexuelle.
Ces faits, que la science affirme, ont été connus dans l’antiquité, c’est-à-dire dans la jeunesse phylogénique de l’humanité. Et c’est surtout pour prévenir les conséquences fatales que devaient avoir, pour l’avenir de l’homme, les fonctions sexuelles que l’on avait institué des lois morales. Mais les entraves que l’on avait apportées à une fonction dont le besoin grandissait furent peu à peu secouées. Du reste, les hommes cessèrent d’en comprendre la raison, et aujourd’hui on accuse de rêverie ceux qui la retrouvent au fond des légendes, à l’origine des traditions, ou masquée dans les mystères que les religions propagent encore.
En faisant l’étude des conséquences psychologiques de la vie sexuelle, nous n’avons donc pas seulement à établir les faits scientifiques sur lesquels doivent, à l’avenir, se baser les lois morales, nous avons aussi à rétablir les traditions altérées.

PSYCHOLOGIE MASCULINE
Nous venons de voir que l'homme donne à la génération l'élément nerveux, le principe même de la vie, c'est-à-dire ce qu'il y a de meilleur en lui : la sensibilité qui, mise en réserve dans le cerveau, y détermine toutes les actions intellectuelles.
Nul doute à ce sujet, c'est le même élément qui, chez l'homme, alimente la vie intellectuelle et la vie sexuelle.
Il en résulte, pour lui, un dualisme représenté par la vie cérébrale et la vie sentimentale qui sont en perpétuel antagonisme.
En effet, ce que l'homme puise dans la vie individuelle (cérébrale) pour le donner à la vie sexuelle laisse un vide dans son cerveau qui amène des conséquences psychiques que nous devons étudier en détail. Mais pour les bien comprendre il faut, d'abord, considérer les conséquences physiologiques de l'évolution sexuelle masculine.
— C'est, d'abord, la diminution de l'intensité sensitive dans la vie de relation, puisque la sensibilité est jetée dans le grand sympathique. Cette diminution amène le ralentissement des opérations intellectuelles.
— C'est, ensuite, l'augmentation des facultés motrices, déterminée par la réserve sanguine qui nourrit le système musculaire et augmente la force de l'homme.
— Nous trouvons encore, comme conséquence de la désassimilation de l'élément de vie, la cause qui abrège son existence. La statistique a montré que les hommes vivent moins longtemps que les femmes.
Étudions, d'abord, ces trois conséquences de la sexualité chez l'homme.

DIMINUTION DE L’INTENSITÉ DES FACULTES SENSITIVES
Il s'agit de la diminution de la sensibilité générale, celle dont le centre de réserve et d'action est le cerveau. Cette diminution coïncide avec une augmentation de la sensibilité sympathique qui va porter son incitation aux organes des sens spéciaux ; les yeux, le nez, les oreilles, la bouche, et aux viscères qui occupent la partie antérieure du corps.
C'est donc, surtout, d'une nouvelle localisation de la sensibilité qu'il s'agit, mais qui a des conséquences psychiques d'une extrême importance. En effet, du moment où les facultés sensitives diminuent dans le système nerveux qui représente le pôle cérébral et augmente dans celui qui représente le pôle générateur, les opérations intellectuelles se ralentissent, s'obscurcissent, deviennent pénibles, difficiles, quelquefois impossibles.
Nous n'avançons rien de nouveau en disant que l'acte sexuel est le chemin qui conduit l'homme à l'abrutissement.
Léonard de Vinci n'a t'il pas dit : « Qui ne réfrène la volupté s'abaisse au rang de la brute. »

Or, qu'est-ce que l'abrutissement ?

C'est l'état physiologique et psychique qui rapproche l'homme de l'animal, c'est-à-dire la diminution de ses facultés sensitives et l'augmentation de ses facultés motrices.
Cette nouvelle localisation de la sensibilité détermine, chez l'homme, un changement profond dans le travail mental.
Tant que le cerveau est le seul maître de l'influx nerveux (de l'âme pourrait-on dire) il crée des idées abstraites. Quand les sens prennent une grande part de la force nerveuse les opérations de l'esprit changent de nature ; de l'abstraction pure nous passons à la matérialisation, de l'idéalisme au sensualisme.

Du moment où cette révolution s'opère chez l'homme, il donne à sa vie psychique une direction nouvelle. Le sentiment (c'est ainsi qu'il appelle sa vie sexuelle) devient impérieux, il accapare les éléments qui devraient alimenter sa réserve cérébrale. C'est alors que ses facultés intellectuelles, arrêtées dans leur progression, s'abaissent, quelquefois subitement, à la suite des premiers appels impératifs faits par la vie sexuelle. Il en est averti, heureusement, par des manifestations que nous allons étudier plus loin, et il s'efforce alors de remonter la pente si facile à descendre. C'est une réaction salutaire, mais impuissante cependant, à vaincre l'entrainement fatal qui s'impose et qui détermine la « Chute » avec ses amertumes et ses dangers.
Si nous suivons l'évolution sexuelle de l'homme depuis l'enfance, nous voyons que c'est dans la période qui précède l'adolescence que l'esprit prend son plus grand développement ; la multitude d'idées que l'enfant acquiert, en quelques années, demande un travail cérébral qui dépasse de beaucoup l'effort que l'homme adulte pourrait faire.
Quel est celui qui ne se souvient d'avoir traversé, dans son enfance, cette période de grande lucidité, pendant laquelle il observait la Nature, il cherchait la cause des phénomènes qui se produisaient autour de lui et essayait de résoudre les grands problèmes de la philosophie naturelle ?
Quelle est la mère qui n'a constaté, chez son enfant, cette grande curiosité de la Nature qui se révèle par d'incessant pourquoi ?
Suivons-le et voyons-le arriver à l'âge ingrat de la première jeunesse. Ce n'est plus la Nature qui va le préoccuper, c'est la femme. Ses facultés intellectuelles sont amoindries, mais ses sens sont développés ; il a perdu le jugement droit de l'enfant, mais il va le remplacer par l'imagination ; en même temps il acquiert une audace qui lui tient lieu de logique.
Enfin, allons jusqu'aux derniers degrés de cette évolution.
Considérons les individus dont la sexualité a complètement éteint l'intellectualité : c'est la dégénérescence. Chez ceux-là nous trouvons les conséquences de l'acte sexuel poussées jusqu'à une limite extrême, annoncée par une diminution considérable des facultés sensitives.

AUGMENTATION DE L'INTENSITÉ DES FACULTES MOTRICES
L'élément sanguin, générateur des muscles et de la force musculaire, n'est pas donné, par l'homme, à la génération ; c'est une réserve qu'il garde pour l'édification de son propre corps. Donc, si la fonction sexuelle diminue ses facultés sensitives, elle ne diminue pas ses facultés motrices.
La force musculaire de l'homme suit une progression ascendante, de l'enfance à l'âge viril, dans la même proportion que l'accomplissement de ses fonctions sexuelles.
Dans tous les êtres vivants il existe un rapport primitif entre la motricité et la sensibilité. Si, dans le courant de l'évolution des races, des familles, ce rapport s'est dérangé, les facultés de ces races, de ces familles, se sont modifiées.
Si c'est la motricité qui a augmenté et, par conséquent, se trouve dominer la sensibilité, les individus ont dégénéré dans la hiérarchie morale ; si c'est la sensibilité qui a augmenté et est arrivée à dominer la motricité, les individus ont progressé dans la voie intellectuelle et morale.
Or, ce qui se passe dans les races dans les familles, se passe dans les individus, et c'est même la somme totale des actions individuelles qui fait le progrès ou la décadence des familles et des races.
Si l'être mâle, arrivé à l'âge du développement sexuel, diminue sa sensibilité et augmente sa motricité de manière à rompre l'équilibre primitif, il est en déchéance. L'alimentation renouvelle bien les éléments perdus, répare les pertes, mais dans une certaine mesure seulement, et si la dépense est plus grande que le gain, la rupture de l'équilibre augmente d'une façon progressive et presque irrévocable.

DIMINUTION DE LA DURÉE DE LA VIE
Le principe albuminoïde, alcalin, tiré du sang, qui génère et nourrit le système nerveux moteur est un principe de destruction qui use l'organisme ; Cl. Bernard l'appelait : le ferment moteur. Si la motricité augmente, le principe de la destruction augmente avec elle ; chaque effort est suivi d'une réaction morbide.
C'est parce que la force musculaire a augmenté, dans l'évolution humaine, que la vie de l'homme s'est constamment raccourcie dans le passé.
Dans la série zoologique, ce sont les êtres dont les facultés motrices sont le plus développées qui vivent le moins longtemps.
Si nous prenons la vie humaine comme exemple, nous voyons, par les chiffres que la statistique nous fournit, que la vie des peuples les plus robustes est moins longue que celle des autres peuples moins forts. Nous voyons aussi que les femmes, dont les facultés motrices sont toujours moins intenses que celles des hommes, vivent plus longtemps que ces derniers.
L'élément qui alimente le système nerveux sensitif est, au contraire, un principe de vie. Ces deux éléments luttent en nous, l'un veut la vie, l'autre veut la mort. Or, si la fonction sexuelle diminue, dans l'homme, l'élément sensitif, qui est le principe de vie, et augmente l'élément moteur qui est le principe de la destruction, il est bien évident que chaque fois que l'homme accomplit cette fonction il descend un des degrés qui le conduisent à la tombe (1).
« C'est pour cela que le sépulcre s'est élargi et qu'il a ouvert sa gueule sans mesure. » (Isaïe)
Enfin on sait que les hommes qui ont donné leur vie aux travaux de l'esprit et qui, par conséquent, ne se sont pas livrés, aussi librement que d'autres, à la satisfaction de l'instinct sexuel, sont ceux qui ont vécu le plus longtemps.
M. Büchner dit : « Le nombre des vieillards est incomparablement plus grand parmi les savants. » En même temps nous pourrions montrer que les hommes vicieux ont, toujours, les apparences de la vieillesse avant l'âge.
Tels sont les caractères physiologiques les plus évidents, de l'évolution sexuelle, chez l'homme.
Nous avons à étudier, maintenant, les caractères psychiques qui en résultent.
(1) « LIBIDO (latin) signifie passion, caprice, et vient de LIBET, anciennement LUBET, dont la racine sanscrit est LUBH = être pris de passion, de désir. Ses composés ont le sens de caprice tyrannique, licence, plaisir. « LIBITINA était le nom d'une Vénus romaine (son nom vient de libitum = désir), mais pour des raisons qu'on ignore, les objets relatifs aux obsèques étaient vendus dans son temple. Elle a ensuite changé de rôle et est devenue une déesse des funérailles » (d'après Bréal et Bailly, Dictionnaire étymologique latin). Curieuse transformation !... Doit-on en tirer la conclusion que ceux qui s'abandonnent aux caprices de la déesse « libido » s'acheminent vers la mort véritable, c'est-à-dire la désintégration de l'entité tripartite corps, âme, esprit qu'est l'homme ? » (M. Senard, Le Zodiaque clef de l'ontologie appliqué à la psychologie, p.161)

LES TROUBLES DE L'ÂME
Au moment où l'enfant mâle franchit les degrés de la vie qui le conduisent à l'âge adulte, un sentiment nouveau s'empare de lui, il se sent dominé par une impulsion nouvelle ; sa vie mentale se défait peu à peu, et il assiste à cette transformation lente, qui lui fait un autre moi, avec une infinie mélancolie.
Il se passe, évidemment, dans son cerveau, au moment où l'élément de vie s'échappe de lui, une réaction qui détermine, tout à la fois, une tristesse sourde, un remords poignant, une première honte, surtout en face de la femme qu'il désire et redoute.
Tous ces troubles augmenteront et deviendront, plus tard, un tourment intime, qui envahira l'homme, et lui causera un malaise, d'autant plus grand, qu'il ne l'avouera jamais.
Ecoutez Raspail tracer le tableau de la crise qui vient entraver l'évolution ascendante de l'adolescent :
« Le passage de l'enfance à la puberté est annoncé par une révolution générale dans toute l'économie des organes et dans les idées. La nature semble révéler en un instant combien d'orages cette nouvelle fonction doit faire éclater pendant tout le cours de la vie. L'enfant, étonné de lui-même, se cache à tous les regards, confus des désirs qui l'assaillent et qu'il ne sait ni repousser ni satisfaire ; il a honte de ses idées ; il recule à la vue de l'autre sexe, comme instinctivement convaincu de la toute-puissance du danger, s'il se laissait approcher de plus près. Ce qu'il éprouve, pour la première fois, il se le reproche, car il a l'instinct que ce plaisir, qu'il entrevoit, pourrait bien être une action coupable ; un mot le fait rougir, la vue de ceux qu'il respecte le fait pleurer, ses yeux se cernent de bleu, son teint perd sa fraîcheur rosée, les oreilles lui tintent, la distraction l'assaille, l'appétit diminue. » (Raspail, Manuel de la maladie et de la santé)

PREMIÈRE HONTE
C'est, évidemment, quand nos ancêtres primitifs traversèrent, pour la première fois, cette crise, qu'ils inventèrent le vêtement pour se cacher.
Et si c'est vis-à-vis de la femme que le jeune homme a, surtout, honte de lui-même, c'est qu'il sent qu'en elle ne s'accomplit pas la même crise.
Dans les sociétés modernes cette honte est, souvent, dissimulée par le régime de la vie familiale ou par le régime de la communauté des garçons dans les établissements d'éducation. Cela leur fait un milieu factice qui modifie leur nature mais combien les conditions de la vie primitive étaient différentes. Alors, l'homme adolescent, seul en face de la Nature, de cette Nature qu'il commence à craindre, dut éprouver un véritable effroi en considérant son nouvel état et, lorsque la première honte (aujourd'hui affaiblie par l'hypocrisie sociale qui la dissimule ou l'excuse) l'envahit, il dut se cacher dans les lieux solitaires, s'isoler des autres humains, chercher la nuit et le silence pour en couvrir sa déchéance.
Ce sentiment est resté dans la nature masculine, il réapparaît en vertu de l'atavisme. La psychologie moderne lui a donné un nom, c'est l'agoraphobie, la crainte d'être vu.

En voici la description, faite par M. Guyot Daubes dans l'Indépendance belge :
« Il est toute une série de troubles nerveux, touchant de près à la psychologie et fort curieux à divers points de vue. Ce sont les phobies, les troubles de la peur ou, plutôt, de la crainte d'une chose ou d'un objet complètement inoffensif, mais qui produit, cependant, une impression douloureuse, pénible, contre laquelle il est bien difficile de réagir. »
« Parmi les différentes variétés de ces « phobies », de ces peurs, nous trouvons, en premier lieu, l'agoraphobie : la peur des espaces. La personne qui en est atteinte éprouve soit une gêne, soit une difficulté parfois insurmontable, lorsqu'il s'agit de traverser un large espace où les passants sont rares, une place publique, par exemple, un pont, une large rue. Elle est tout à coup saisie d'une sensation de crainte, d'une vive angoisse, elle se sent oppressée, étourdie, anéantie, son cœur palpite, elle frissonne, elle pâlit et rougit tour à tour comme en proie à une terreur intense. Les jambes tremblent et se dérobent. Cette personne devient absolument incapable de faire un pas en avant et subit, en réalité, cette impossibilité de la marche qu'on ressent dans les rêves pénibles et les cauchemars où l'on veut fuir un danger.
« Ces troubles sont plus caractérisés en plein jour que le soir et la nuit.
« L'agoraphobe n'est pas un peureux ; il sent très bien qu'il n'y a pour lui aucun sujet de crainte, mais il n'est pas maitre de l'impression qu'il subit, il l'appréhende, y pense constamment, cherche souvent même à l'éviter par un effort de volonté, un moment d'énergie. On cite le fait d'un jeune homme agoraphobe qui, pour se rendre à son travail, aurait dû traverser la place de la Concorde ; chaque matin il prenait la résolution de surmonter ses craintes, mais à peine avait-il fait quelques pas, qu'il sentait l'angoisse l'envahir ; ses jambes tremblaient et il revenait à la hâte sur le trottoir pour faire le grand tour, essayant même de suivre de près quelqu'autre personne qui, inconsciemment le garantissait de sa frayeur.
Les agoraphobes sont, parait-il, extrêmement nombreux, mais la plupart n'osent avouer leur infirmité. Quelques-uns cherchent à en atténuer les inconvénients par certains procédés : ils savent, par expérience, que si leur attention est fortement occupée, ils pourront, peut-être, éviter la crise : ils essayent alors de fixer leur attention sur un point éloigné dans la direction qu'ils doivent suivre et, contemplant cet objet, le fixant avec énergie, ils se dirigent vers lui et parviennent à franchir l'espace qui les effrayait. »

MISANTHROPIE
« L'homme est un loup pour ses semblables », a dit Hobbes.
C'est que la haine naît en lui dès son entrée dans la vie sexuelle. Le petit garçon commence à détester la vie dans les autres en attendant que l'homme déteste les hommes. Faire souffrir ses petits camarades, ses petites sœurs, les vexer, les narguer, les taquiner est déjà un plaisir pour lui. Cette haine de la vie se manifeste aussi envers les animaux, envers les insectes qu'il torture pour le plaisir de les torturer.
On dirait qu'il veut se venger sur l'univers tout entier des conditions physiologiques et psychiques qui s'imposent à lui. Le jeune adolescent prend en haine le genre humain, qu'il considère comme un témoin de sa déchéance. Il cherche la solitude parce qu'il lui semble que, parmi les autres, il va se trouver humilié.
La misogynie naît aussi en lui, à ce moment, et la première femme sur laquelle tombe sa haine de sexe, c'est souvent sa mère ; il ne veut plus l'embrasser, il la craint et la fuit.
Cependant il y a deux espèces de misanthropie. A côté de celui qui s'isole par haine des hommes qu'il croit supérieurs à lui, il y a celui qui s'isole dans la grandeur du génie, dans l'élévation de l'esprit, celui qui se sent mal à l'aise dans une société indigne de lui et cherche la solitude pour fuir le contact du vice ou de la bêtise humaine. Gardons-nous bien de confondre ces deux genres de misanthropie qui sont l'opposé l'un de l'autre.
La misanthropie du vice n'existe réellement que chez l'adolescent ; elle se perd vite dans les sociétés où l'abaissement moral est général.
Quand les hommes dégradés se trouvent nombreux, ils ne se cachent plus, le nombre leur sert d'excuse ; ils se soutiennent mutuellement, et loin de cacher leur déchéance dans la solitude ils affirment leurs vices et s'en font des vertus.

LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX
Les religions modernes ont encore, dans leurs doctrines des vestiges de l'ancienne loi morale formulée dans le passé lointain de l'humanité.
C'est ainsi que, dans les sept péchés capitaux, nous retrouvons une partie des effets de la déchéance sexuelle de l'homme. Seulement, au lieu de voir, dans ces défaillances, des conséquences d'une cause unique, on confond cette cause avec ses effets et on la met au rang des autres péchés, en en faisant « la luxure ».
Or, c'est la « luxure » (pour nous servir du terme consacré par les religions) qui engendre l'orgueil, l'égoïsme (ou l'avarice), l'envie, l'intempérance, la colère et la paresse.

ORGUEIL
Plus l'homme progresse dans l'évolution descendante, plus il affirme qu'il s'élève, plus il veut dissimuler sa misère morale en se plaçant au-dessus des autres. Il ne s'avoue pas à lui-même qu'il est en déchéance et toute sa vie révèle une crainte inavouée de laisser supposer aux autres cet amoindrissement moral. C'est une tâche qu'il cache soigneusement quoiqu'elle se révèle, malgré lui, de mille manières.
Rien ne le blesse, rien ne l'offense autant que d'être mis à la place qu'il mérite réellement. Si on lui fait remarquer les stigmates de ses vices, si on relève dans sa conduite les actions qui en sont la preuve, il les nie effrontément, malgré l'évidence des faits, ou les présente, au contraire, comme un signe de progrès, tout en rejetant sur les autres les accusations dont il est l'objet ; car le dégénéré se fait toujours accusateur. Tel un ivrogne qui, en chancelant, dit à ceux qui le regardent : « Vous ne croyez pas que je suis ivre, au moins. »
Les religions opposaient à l'orgueil l'humilité, sentiment qui est une bassesse chez celui qui se met au-dessous de son niveau moral, mais qui est une vertu chez celui qui se fait humble pour se mettre à sa vraie place.
« Nous devons avoir une très haute idée de notre nature et une très basse idée de nous-mêmes. » (Yung).
Il est à remarquer que ce sont les hommes qui sont, plus que les autres, diminués dans leurs facultés primitives qui tâchent de se placer le plus haut dans l'estime du public, pour dissimuler ainsi, par l'affirmation d'une valeur qu'ils ne possèdent pas, leur misère morale. Du reste, ils se font une supériorité factice, basées sur des choses étrangères à leur nature, comme la fortune, les titres, les honneurs, certaines connaissances acquises.

Les différentes manifestations que le mot orgueil résume sont : la fierté hautaine, le mépris des autres, l'estime exagérée de soi-même, la vanité, l'amour de la louange imméritée, c'est-à-dire de la flatterie, et, enfin, la manie de la justification ; l'orgueilleux cherche toujours à justifier les fautes commises, au lieu de les avouer.
Ces caractères de déchéance morale ne peuvent être dissimulés. L'orgueil a toujours été considéré comme le stigmate de la chute qui se montre avec le plus d'évidence, il se révèle, du reste, par l'attitude de la tête et du thorax ; l'homme dont les facultés intellectuelles sont amoindries porte la tête inclinée en arrière. On dirait (et cela est) que le poids de l'encéphale augmente dans la région occipitale et diminue dans la région frontale.
Ce caractère permet de classer les hommes en deux catégories : ceux qui portent la tête inclinée en avant et ceux qui portent la tête inclinée en arrière. Les premiers sont des « intellectuels », ils pensent, ils mettent l'intelligence au-dessus de la force, les seconds sont des impulsifs, ils agissent et ils sentent, mais ils ne pensent pas, et mettent l'action dominatrice au-dessus de l'intelligence.
Cette façon de se considérer comme étant ce qu'il n'est pas donne à l'homme l'attitude d'un acteur jouant continuellement un rôle.
J.-J. Rousseau exprime cette idée dans les lignes suivantes : « L'homme du monde est, tout entier, dans son masque. N'étant presque jamais en lui-même, il y est toujours étranger et mal à l'aise, quand il est forcé d'y rentrer. Ce qu'il est n'est rien, ce qu'il paraît est tout pour lui. »

La manie de la priorité règne sur la terre depuis longtemps, elle s'est manifestée de mille manières. D'abord par « l'orgueil terrestre », qui a fait croire à l'homme que son petit monde était tout dans l'univers, puis par « l'orgueil humain » qui lui a fait croire qu'il était le premier parmi les êtres créés. Cependant si, sortant du genre humain, nous mettions en présence un spécimen de chaque espèce animale, nous les verrions tous croire et déclarer leur espèce la meilleure.
Après l'orgueil humain vient l'orgueil de race qui fait faire aux hommes des distinctions suivant leur couleur et leur origine et les persuade tous qu'ils sont les premiers dans le genre humain. Après l'orgueil de race, l'orgueil national qui persuade à chaque peuple que le pays où il a vu le jour possède une supériorité quelconque sur les autres nations. Après « l'orgueil national », l'orgueil de clocher qui, dans une même nation, fait encore supposer aux hommes que, parmi ceux qui la composent il existe des différences et que leur province, leur commune, leur village valent mieux que les autres. Enfin, l'orgueil de sexe qui, dans la famille même, crée des distinctions en faisant croire aux hommes qu'ils possèdent une supériorité quelconque sur les femmes.
Tous les moralistes ont dit à l'homme : Abaisse, réprime, étouffe en toi l'orgueil.
Le Talmud dit : « Si un homme est orgueilleux, cela prouve qu'il a de nombreux défauts. »
L'orgueil est le signe ordinaire de la pauvreté de l'esprit.

L'ÉGOÏSME
C'est par le mot « avarice » que le dogme catholique désigne l'égoïsme.
On peut dire que cette préoccupation du moi ou du mien est le premier degré des conséquences fatales de la sexualité masculine, et en même temps le plus général : il existe chez presque tous les hommes. Regardez autour de vous, examinez ceux que vous connaissez, combien en trouvez-vous dont les actions ne sont pas guidées par un intérêt personnel ?
« L'égoïsme en chaque homme a des racines si profondes que les motifs égoïstes sont les seuls sur lesquels on puisse compter avec assurance, pour exciter l'activité d'un être individuel. »
Ces paroles sont de Schopenhauer, l'homme qui, peut-être, connaissait le mieux les caractères de la déchéance, parce qu'il les étudiait en lui-même.
« Dans ce monde chacun de nous ne voit que soi-même, ou à peu près, mais il est vrai qu'il se voit, pour le moins, aussi gros que le monde entier. » Edmond Thiaudière.
Pourquoi l'homme est-il égoïste ? Qu'y a-t-il de particulier dans sa nature physiologique qui fasse naître, dans le sexe mâle tout entier, ce sentiment personnel qui n'est pas dans l'enfant et qui n'est pas dans la femme ?
Nous y voyons une conséquence psychologique d'une disposition du système nerveux. Voici :
Le système nerveux sensitif, encéphalo-rachidien, est expansif dans son développement, il va du centre à la périphérie, du moi au monde extérieur ; il engendre l'altruisme, c'est-à-dire l'amour qui va de l'individu au dehors ; aux autres (sans passer par le système sexuel).
Le système nerveux sympathique va du cerveau et des centres rachidiens, à l'être sexuel. Il prend, dans l'encéphale (le système altruiste) l'élément de vie (et d'amour) pour le rapporter à l'individu central, au moi sentimental.
Suivant que les individus aiment par le cerveau ou par le grand sympathique ils sont altruistes ou égoïstes.

Autre conséquence du même fait.
Le système nerveux sympathique anime les organes des sens. Ce qui se voit, ce qui se touche, devient l'objet d'amour, c'est-à-dire de convoitise pour l'homme qui vit surtout par cette sensibilité spéciale ; il aime l'or qui brille, le bijou qui scintille, l'étoffe aux couleurs brillantes, les galons d'or, etc.
Ceux qui aiment par le cerveau ne s'attachent pas aux choses concrètes, matérielles, ils mettent leur attention dans les choses abstraites, celles que l'on ne peut ni voir ni toucher et que la pensée seule atteint : le vrai, le beau, le bien, le juste, etc.
L'altruisme est la base des relations sociales, c'est le principe de l'équité, de la politesse, de la déférence du respect, en un mot de tout ce que nous résumons dans le mot : éducation.
Le devoir de l'éducateur est de travailler à changer en altruisme l'égoïsme de l'enfant, aussitôt qu'il commence à poindre, afin qu'il apprenne de bonne heure à résister à cet envahissement personnel.
Toutes les morales basées sur une saine philosophie ont recommandé l'altruisme et condamné l'égoïsme. « Cœurs dépravés et sans principes, l'or brille sur leur personne » dit Isocrate voulant flétrir les Perses.
Rappelons que le mot cœur est le symbole qui représente le grand sympathique. Quand c'est lui qui aime, et qui aime surtout l'or, c'est le cerveau qui est dépravé. Dire cœur dépravé, c'est dire quelque chose d'absurde attendu que l'amour du cœur déprave toujours l'esprit, c'est son rôle.
La doctrine du tout pour moi est celle qui règne dans la société moderne. Chaque homme la pratique comme il peut, dans la limite de sa puissance. Ce sont les femmes et les enfants qui en sont victimes, parce qu'ils sont dans l'impuissance psychologique de lutter avec les mêmes armes ; ils répondent par leur altruisme à ceux qui les dépouillent par égoïsme.

L'ENVIE
L'homme qui sent sa valeur intellectuelle diminuer souffre à la vue de ceux qui sont placés plus haut que lui dans la hiérarchie des êtres. Car il y a une infinité de degrés dans la progression sexuelle. Chaque homme apporte, en naissant, des conditions héréditaires dont il n'est pas l'auteur, mais la victime ou le bénéficiaire.
La valeur morale n'a pas besoin d'insignes pour se révéler, elle resplendit dans celui qui la possède, elle se trahit même quand on la cache, comme la pauvreté morale se trahit même quand on la dissimule. Le sentiment qui naît de la conscience que l'homme acquiert de sa dégradation, en face de celui qui vaut mieux que lui, c'est l'envie.
Ce tourment est tout à la fois, un regret intime, un dépit, une haine. L'envieux souffre du bien qui arrive aux autres ; il est heureux de leur malheur.
Le monde actuel est régi par l'envie. Tout le désordre social vient de ce que l'intellectualité, toujours jalousée, a fini par être bannie des pouvoirs (sauf quelques exceptions). Nous avons la jalousie des classes qui est venue renverser les anciennes castes dont l'organisation primitive était empreinte d'une haute sagesse puisqu'elle mettait au sommet les meilleurs. Le régime de l'égalité sociale, qu'on veut lui substituer, c'est la révolte de la médiocrité contre la supériorité, de l'ignorance contre la vraie science, de la folie contre la sagesse.
Quand on a dit « Malheur à vous, scribes et pharisiens », on a exprimé un sentiment de jalousie contre ceux qui étaient les gens instruits de l'époque. Quand on a dit : « Ceux qui sont les premiers seront les derniers », on a cherché à déplacer les privilèges, ou plutôt les droits, système qui a fait son chemin, du reste, car c'est ce déplacement qui est la pensée dominante de la plupart des agitateurs. « Quiconque s'élève sera abaissé », précepte émané d'une jalousie brutale qui est la négation de toute élévation intellectuelle, de tout progrès. C'est ce système mis en acte, qui empêche de glorifier les vivants et ne permet de dispenser la louange qu'aux morts, parce que ceux-là ne peuvent plus être témoins de leur propre gloire.

— Nous avons aussi la jalousie de nationalité qui crée le patriotisme, ce sentiment d'orgueil collectif compliqué d'un sentiment de jalousie de race.
Ah ! quand la patrie était la Matrie le petit coin béni où nous avions passé les jours heureux de notre enfance, sous la bienveillante sollicitude maternelle, exempts de tous soucis, on pouvait, on devait, aimer le sol natal et le défendre, car c'était alors défendre le domaine de la Mère, ce qu'il y a de plus sacré : c'est le sentiment né alors dans l'âme humaine, qui a laissé, en nous, le souvenir atavique de quelque chose à aimer et à défendre, de quelque chose qui était un bien collectif. Mais les nations modernes ne sont plus cela, elles sont pour nous, comme un père méchant qui est venu chasser la bonne mère, depuis le jour où le mot Patrie a été substitué au mot Matrie. Aujourd'hui défendre la Patrie n'est-ce pas défendre l'usurpateur ?
Dans son ouvrage « Le Christ et la patrie », E.J. Grillot de Givry écrit : « L'homme qui s'écrie, en frappant du pied le sol de sa patrie comme un conquérant : « Je suis ici chez moi ! », se trompe grossièrement. Avec de l'or, il peut être chez lui dans tous les pays. L'Univers entier est disposé à l'accueillir si la fortune lui sourit. Mais s'il est misérable, il s'aperçoit bien vite que sa patrie se soucie peu de lui et se tient prête à réprimer énergiquement les tentatives par lesquelles ils chercherait à donner une réalité au rêve du « chez moi » patriotique. Le propriétaire français expulse avec enthousiasme le Français qui ne le paye pas, et conserve allègrement l'étranger qui le paye. La fraternité patriotique est donc illusoire. »
— Nous avons aussi la jalousie de religion, la haine du chrétien pour le juif, haine séculaire dont les débuts sont bien peu connus, et nous avons du causer un bien grand étonnement en ayant expliqué dans un article précédent que cette haine est un chapitre de la lutte de sexe soutenue dans l'antiquité, de la lutte des Israélites-féministes contre les chrétiens-masculinistes.
(Rappelons simplement qu'au Moyen Âge, les Israélites dispersés qui s'étaient répandus sur toute l'Europe étaient appelés « juifs », alors que les vrais Juifs étaient presque tous passés au Catholicisme et devinrent les plus ardents adversaires des anciens représentants des tribus d'Israël. Ce sont les Juifs christianisés qui donnèrent aux Israélites leur nom de Juifs qui était discrédité et détesté partout.)
— Nous avons aussi la jalousie de l'argent, celle du riche pour l'intellectuel, du médiocre qui a fait de la richesse qu'il a su accumuler le seul mérite social, de sa possession la seule gloire permise, inattaquable, et a créé le déshonneur de la pauvreté. Quand donc méprisera-t-on assez l'argent pour ne pas mêler l'honneur à la richesse ou à la pauvreté !
— Toutes ces jalousies sont des haines d'homme à homme.
Il en est une autre, plus violente que toutes celles-là, c'est la « jalousie de sexe », la haine de l'homme pour la femme : la misogynie.

Toutes ces haines se manifestent par « la dépréciation » que font les inférieurs des œuvres des supérieurs, dépréciation qui a créé des préjugés séculaires et que les gens naïfs et crédules (les femmes surtout) propagent à travers les générations. Partout où l'homme règne et fait régner sa morale (celle qui est basée sur son intérêt), ce qui est vrai, ce qui est bon, ce qui est juste, ce qui est droit est déprécié. C'est cette morale qui a régné dans le christianisme et qui s'infiltre, sous une forme laïque, dans la démocratie, parce que, dans tous les troupeaux humains, qui sentent mais ne pensent pas, on voit renaître, sous forme de morale masculine, l'envie.
Le Talmud dit : « Celui qui diffame les autres montre par là qu'il est, lui-même, peu honorable ».
Toute élévation du type humain demande un régime aristocratique. La démocratie avilit en abaissant les bons, c'est une tyrannie qui s'exerce par un mouvement de traction morale, de bas en haut ; elle fait descendre, elle empêche les meilleurs de s'élever, elle abat les têtes qui dépassent le niveau des médiocres, empêchant ainsi l'éclosion des types supérieurs, elle supprime le respect, rend les petits insolents.
L'égalité c'est la fin d'une race, « tous dégénérés », « tous fous », tous égaux dans la bêtise ou dans la bassesse c'est la suppression de la hiérarchie des esprits !
C'est aussi l'audace de l'accusation lancée contre la noblesse de caractère, contre le génie, contre le savoir, contre tout ce qui brille. C'est le courant d'eau qui éteint toutes les lumières, sous prétexte qu'elles éblouissent.

Nous avons vu que l'égoïsme poussé à ses dernières limites était un indice de folie ; il en est de même de l'envie.
Presque toutes les formes de la folie favorisent, chez les aliénés, la tendance à lancer contre autrui des accusations erronées ; ces dénonciations n'ont de réelle importance que lorsqu'elles sortent de la bouche des psychopathes, qui, par leur position dans le monde et par la correction apparente de leur état mental, en imposent aux personnes qui entendent leur témoignage.
Ces psychopathes pseudo-lucides appartiennent, en général, à la folie héréditaire ; ils présentent tous ce caractère commun, la faiblesse ou la perversion du sens moral. Ils dénoncent, ils accusent faussement par haine, par vengeance, par besoin de mal faire. Cela devient chez eux une idée fixe qui dirige toutes leurs démarches, toutes leurs actions. Leurs dénonciations mensongères peuvent être la cause de nombreuses erreurs judiciaires ; leurs faux-témoignages peuvent entraver les efforts des savants, arrêter le progrès, faire rétrograder l'humanité, amener les plus grands cataclysmes sociaux.

COLÈRE
La colère est l'expression violente de la révolte de l'homme contre tout ce qui gêne les manifestations de son instinct.
La susceptibilité est le premier mot de la colère. L'homme susceptible se fâche quand il a tort, et quand on lui prouve qu'il a tort ; il se blesse surtout quand il s'aperçoit qu'on le prend pour ce qu'il est, c'est-à-dire quand il voit qu'on n'accepte pas le masque, dont il se couvre, comme le représentant réellement.
L'impatience, l'emportement, l'irascibilité viennent d'une impulsion motrice non coordonnée. Ce qui équivaut à dire que ce sont des manifestations qui ne sont pas guidées par le raisonnement ; elles sont spontanées et se produisent chez les individus dont l'intellectualité n'intervient pas dans la direction des actes. On les appelle des impulsifs, ils ne savent ce qu'ils font, leur violence prouve ce qu'ils veulent nier : leur déchéance.
La colère est donc le fait de l'homme qui a perdu presque toute sa vie intellectuelle en la dépensant dans la vie sexuelle.
Les caractères physiques de ces hommes les rapprochent des anthropoïdes.
Loin d'être irresponsables de leurs actes, ils ont une immense responsabilité ; celle de leur déchéance, qui devrait, dans une société bien organisée, les priver de toutes espèces de droits, c'est-à-dire, comme dans l'antiquité, les mettre à l'interdit.
L'impulsivité a ses degrés. Elle commence à l'impolitesse et finit au crime.
La colère se manifeste même sans cause déterminante : l'homme mécontent de lui-même est continuellement prêt à s'en venger, et nous sommes destinés à être ses victimes, ne fût-ce que parce que nous devons supporter la vue de ses laideurs morales.
La politesse a été instituée pour corriger l'impulsivité.
La valeur des hommes se mesure par le degré de politesse qu'ils mettent dans leurs relations sociales. Est-il besoin d'insister sur ce fait que cette expression met en évidence : une nation policée.
Les sots prennent un ton positif et tranchant que l'homme intelligent ne prend jamais, et qui donne la mesure de leur valeur négative. Refuser de saluer ceux que l'on doit respecter, c'est se classer, soi-même, parmi les inférieurs.

INTEMPÉRANCE
L'intempérance prouve qu'il y a, pour l'homme, un plaisir dans la dégustation des aliments et des boissons.
Nous avons déjà expliqué, ailleurs, que le goût, c'est-à-dire les glandes qui le représentent, étant sous la dépendance du grand sympathique, l'intensité de la sensation gustative est en relation avec le développement sexuel chez l'homme. Il a une tendance qui le porte à chercher à jouir par les sens, c'est pour cela qu'il est gourmand, la recherche d'un plaisir le pousse à exagérer une fonction qui dépasse ainsi son but, et, alors, devient nuisible.
Donc l'intempérance a une cause physiologique. Un fait qu'il faut signaler ici, c'est l'effet de la digestion sur le caractère de l'homme.
La digestion appelle vers les organes digestifs le principe nerveux (qui vient inciter les glandes). La mentalité en est troublée, c'est pourquoi il faut se méfier des hommes en digestion ; la vue de la table mise peut suffire pour les troubler. Quelquefois cet appel de l'élément nerveux dans le grand sympathique les pousse à la violence comme après les excès sexuels.
Il peut en être de même dans la sudation exagérée et, en général, dans tous les troubles qui proviennent de l'activité excessive d'un organe quelconque incité par la chaîne ganglionnaire que forme le grand sympathique.

PARESSE
La paresse du corps est presque toujours le résultat de la paresse de l'esprit. L'homme qui ne pense pas agit peu parce qu'il manque d'initiative, et si l'homme ne pense pas, c'est que l'organe de la pensée est épuisé par l'appel des éléments médullaires dans le système nerveux sexuel.
Que d'hommes qui se livrent au désœuvrement et remettent toujours au lendemain ce qu'ils ont à faire, passant leur vie dans les flâneries de la rue, des cafés ou des cercles !
La nonchalance est le caractère des races dégénérées, et c'est cela qui fait disparaître les nations.
Tels sont les péchés que l'Église appelle capitaux. Il en est d'autres, plus graves encore, qu'elle a omis dans cette liste, tels : le mensonge, l'hypocrisie, la fausseté, qui proviennent de la perversion cérébrale. Là est le fait capital de la psychologie, et l'étude de cette grave question est la plus importante que l'on puisse faire, puisque c'est l'histoire de la cause qui dévie les facultés mentales de l'homme de leur rectitude primitive, et le jette dans une nouvelle vie qu'il croira normale et qui sera, cependant, toujours anormale.
Nous allons expliquer par quel processus l'esprit, d'abord droit, devient faux, et comment ce phénomène psychique est lié à la sexualité masculine.
C'est cette question qu'il importe surtout de connaître, afin de pouvoir en tirer les conséquences philosophiques, morales et sociales qui intéressent l'humanité tout entière.

PROCESSUS RÉGRESSIF DU CERVEAU DE L’HOMME
Ce n'est pas seulement l'intensité de l'intelligence de l'homme qui est menacée d'être diminuée par ses fonctions génératrices ; il existe une autre conséquence de ces fonctions, bien plus grave au point de vue psychique. Chaque fois que l'homme se livre à l'acte sexuel il provoque une action régressive du cerveau, en appelant l'influx nerveux cérébral dans le système ganglionnaire ; il change ainsi la direction primitive des courants céphaliques. Ce changement de direction, cette oscillation périodique de la substance médullaire du cerveau, donne des impulsions nouvelles aux cellules dont l'activité engendre la pensée; il en résulte une altération de la rectitude première des idées, de la justesse primitive de l'esprit en même temps qu'une incertitude constante.
Voici comment le phénomène se produit :
Si nous étudions la formation du cerveau dans l’embryon humain, nous voyons que la substance grise (la première formée) va se propageant d'arrière en avant, elle forme ainsi la couche supérieure du cerveau. Dessous apparait la substance blanche qui forme des tubes de communication reliant les cellules grises corticales aux cellules grises des centres.
C'est par le dépôt incessant de la moelle grise, opéré pendant la vie embryonnaire, que se forment peu à peu les lobes frontaux, qui arrivent à prendre un développement excessif.
Pendant cette période de la vie le système nerveux grand sympathique ne fonctionne pas. Il n'a donc rien emprunté à la substance médullaire, dont l'accroissement n'a pas été interrompu. A la naissance il commence à fonctionner, faiblement, et pendant toute la première année son action sera lente. Pendant cette période de l'enfance la proéminence des lobes frontaux sera encore accentuée, mais elle diminuera en raison de l'activité progressive du système ganglionnaire, puisque celui-ci fonctionne aux dépens des éléments qu'il emprunte au système nerveux encéphalo-rachidien.

Ce sont les fonctions de nutrition qui sont les premières à déranger l'arrangement primitif de l’encéphale ; plus tard apparaîtront les fonctions génitales, alors le partage entre les deux systèmes nerveux s'accentuera, et la réserve médullaire, déposée dans le cerveau, diminuera. Si nous continuons à observer ce phénomène dans la vie sexuelle de l'homme nous voyons, entre vingt et trente ans, alors que la sexualité s'est tout à fait imposée, une diminution sensible du volume du cerveau.
Ce que nous avons à étudier ici, ce n'est pas la masse médullaire, ce sont ses mouvements.
Tant que le grand sympathique n'a pas fonctionné, le cerveau s'est accru par son mouvement primitif d'arrière en avant. Ce mouvement a fait cheminer les cellules grises vers les lobes antérieurs du cerveau. Quand commence l'action sympathique, l'élément nerveux y est appelé de tous les centres rachidiens, mais particulièrement du cerveau. Les ganglions qui sont les petits centres de réserve sympathique sont nombreux dans les régions encéphaliques, ils sont accumulés même sous les hémisphères cérébraux, formant des centres de cellules grises dans le cerveau même, La partie frontale, seule, n'en possède pas, celle-là reste indépendante de la vie sexuelle, mais le cerveau moyen en possède, et c'est pour les alimenter que les éléments médullaires des lobes frontaux sont sollicités à revenir en arrière. Le fonctionnement des nerfs sympathiques est un appel qui met en mouvement tous les éléments nerveux rachidiens, et c'est pour répondre à cet appel qu'il se forme, dans le cerveau, des courants nouveaux se propageant d'avant en arrière, c'est-à-dire dans une direction contraire à la direction primitive.
Tel est le processus régressif du cerveau de l'homme.
Examinons ses conséquences.

DIMINUTION DE L’ANGLE FACIAL
Il résulte du fait que nous venons d’exposer un changement lent de la forme du crâne. Dans l'enfance le crâne est proéminent dans sa partie antérieure ; aussitôt que la fonction sexuelle commence le mouvement de retour de l'influx nerveux incline tout l'encéphale en arrière. C'est pour cela que l'angle facial de l’homme diminue pendant la période génésique de sa vie.
Si nous mesurons l'angle facial d'un enfant du sexe masculin de dix ans nous constatons qu'il est plus ouvert que celui d'un homme adulte. Il y a donc eu une inclinaison en arrière, non seulement de la masse médullaire, mais du crâne qui la contient et se moule sur elle.
Si nous continuons le même procédé de mensuration de dix ans en dix ans, nous suivons les progrès de la régression cérébrale et nous constatons qu'elle suit la même progression que l'activité des fonctions génératrices.
La différence entre l’angle primitif et les angles suivants donne la mesure de l'intensité du mouvement rétrograde de la matière cérébrale.
C'est vers le déclin de la vie sexuelle de l’homme que l’on voit chez certains types, des crânes déprimés en avant et rejetés, pour ainsi dire, vers la région occipitale.
En même temps on remarque que la peau frontale, qui n'a plus une aussi grande surface crânienne à recouvrir, se plisse longitudinalement.
Quelquefois la partie supérieure des deux hémisphères semble s'être abaissée, laissant une crête saillante au centre, ce qui donne au crâne la forme d'un bateau renversé, la quille en l'air. Les individus ainsi conformés sont dangereux. La pensée, disparue chez eux, laisse à l'action représentée par les fibres blanches, un excessif développement.
Les têtes ainsi conformées sont ordinairement chauves.

LA PERVERSION CÉRÉBRALE - Cause de l'erreur
Le mot perversion (de per préfixe et vertere tourner) indique très bien un mouvement de retour qui dénature en donnant le caractère du mal.
En effet, du moment où le cerveau de l'homme ne progresse plus d'arrière en avant, mais, au contraire, chemine d'avant en arrière, toutes les idées qui étaient venues se graver dans la substance grise du cerveau pendant la longue suite de siècles qui représente l’enfance phylogénique de l'humanité et que l'homme apporte en naissant, se trouvent désormais excitées en sens inverse, et répondent à cette excitation en éveillant les idées, qui se succèdent, dans un ordre renversé.
Il en résulte une association illogique d'idées, c'est-à-dire une erreur ; car la vérité est le résultat naturel de la succession régulière des idées.
Un exemple fera mieux comprendre ceci :
Figurons-nous que chaque cellule de la substance grise est le moule qui contient une idée, représentons cette suite d'idées par les lettres de l'alphabet. Si nous voulons trouver une vérité, c'est-à-dire plusieurs idées réunies pour exprimer un rapport, ce sera comme si nous voulions, à l'aide des lettres, former un mot ou une phrase. Supposons que nous voulions écrire : la terre est ronde. Pour que les lettres nous donnent l'idée réelle de la terre ronde, il faut qu'elles soient placées dans l'ordre où nous venons de les écrire. Mais si au lieu de cela, nous les plaçons dans un ordre renversé, à la place d'une phrase logique et compréhensible nous aurons : Ednor tse erret al ; cela devient incompréhensible parce que c'est illogique. Et la logique c'est la science de l'ordre, l'antique Mathèse dont on a fait la Mathématique.
Presque tous les préjugés qui règnent dans la société actuelle sont basés sur des idées fausses. Souvent les associations d'idées les plus simples sont interverties. En voici un exemple : Quand on écrit une adresse sur une enveloppe de lettre, la logique indique qu'il faut mettre, d'abord, le nom de la ville, puis celui de la rue, puis le numéro, puisque c'est dans cet ordre que la recherche du domicile indiqué sera faite. On fait tout le contraire, on met le numéro, puis la rue, puis la ville.

C'est surtout dans les sciences que règne cette inversion des idées. Nous pourrions en donner maints exemples, mais ce serait renverser la plupart des doctrines admises, et nous aurions quelque peine à nous faire comprendre de ceux qui n'ont pas suivi tout l'enchaînement de faits que nous avons redressés dans la Nouvelle Science.
Mentionnons, cependant, quelques exemples d'idées vues à l’envers.
— En cosmologie, toute l'évolution des astres est expliquée par des idées renversées. On nous a montré dans les mondes habités des soleils éteints, alors que ce sont des soleils futurs ; l’état obscur précède l'état incandescent ; les cerveaux pervertis voient l'état incandescent avant l'état obscur.
— En Physique ; c'est en vertu de l’inversion de l'esprit que Newton et ses partisans voient dans la pesanteur une force attractive, attirant les corps libres vers la terre, alors que la seule force qui existe est une force répulsive, repoussant les objets vers la terre.
— En sciences naturelles, c'est en vertu de l'inversion de l'esprit que Darwin et ses partisans voient l'évolution organique allant de la motricité à la sensibilité (de la destruction à la synthèse) alors qu'en réalité elle va de la sensibilité à la motricité (de la synthèse à la destruction). En d'autres termes ils font une évolution commençant dans la série animale (faite d'être achevés et en décadence) alors qu’elle commence dans la série végétale composée de formes en voie de perfectionnements progressifs.
La vérité est tout le contraire de cela. Ce sont les races primitives qui ont le beau crâne, ce sont les races anciennes, c'est-à-dire dégénérées, qui ont les caractères que l'auteur de cette citation donne aux primitifs. Du reste, c'est l'enfant (qui reproduit les primitifs) qui a ces bosses frontales, c'est encore le jeune homme, ce n'est pas l'homme âgé, qui a, presque toujours, le front déprimé.

Nous pourrions citer mille autres exemples, presque toute la science faite pendant l'époque de perversion que l'humanité vient de traverser y passerait. Nous verrions qu'en effet, le propre de l'homme est de se tromper : Errare humanum est.
Ce qui prouve que toute la science est à refaire suivant la logique, car ce ne sont pas les observations qui manquent, c'est l'ordre dans lequel il faut les classer. Faire des observations sans savoir les classer c'est encombrer le cerveau de connaissances inutiles, telle une maison dans laquelle on viderait une voiture de déménagement, entassant les objets les uns sur les autres, au lieu de les mettre à leur place.
Mais ce n'est pas chose facile pour les hommes d'acquérir la science de l’ordre ; il faut, pour cela, un cerveau vierge, c'est-à-dire n'ayant pas été dérange par l'action perturbatrice du système nerveux sexuel.

LA PERVERSION CÉRÉBRALE CAUSE DE FAUSSETÉ
La régression des courants cérébraux engendre l'erreur involontaire, car l’homme qui affirme une chose fausse, en vertu de cette excitation d'avant en arrière, la croit vraie ; mais elle engendre aussi l'erreur volontaire : le mensonge.
Il est des hommes qui mentent sans scrupules, il en est même qui mentent sans nécessité, et comme poussés par un secret besoin de dire autre chose que ce qui est. Cet entraînement dans l'erreur est créé par le mouvement de régression des courants céphaliques.
Avec l'âge le mensonge devient une habitude, et c'est ainsi que, peu à peu, il s'est si bien imposé, qu'on a pu dire que la vie sociale actuelle est tout entière basée sur des mensonges conventionnels.
Pour voir le monde tel qu'il est, pour être sûr de soi dans ses jugements, il faut le voir avec des éléments médullaires projetés en avant ; les courants en arrière montrent, à l'homme, le monde à l'envers de ce qu'il est, comme s'il le voyait dans un miroir qui renverse l'image ; et, de plus, il le voit par rapport à lui, c'est-à-dire en rapportant tout à sa personne en faisant tout converger vers son être sexuel, du dehors en dedans : de là, l’égoïsme. Tout devient trouble dans son esprit, il ne comprend plus le monde extérieur, il ne comprend plus sa propre nature, devenue pleine de contradiction, et, en vertu de l'inversion qui se fait dans son cerveau il en change absolument les lois ; il appelle bien ce qui est mal, mal ce qui est bien, parce qu'il prend cette vue de l'esprit renversée pour base de ses jugements ; il considère ses idées déviées comme des idées justes.
Si nous parcourons les Écritures sacrées de l’antiquité nous voyons, à chaque instant, des allusions à la droiture primitive de l’homme et à l'inversion de l'esprit qui lui a succédé.
Esaïe (ch. V, 20) : « Malheur à ceux qui appellent le bien mal et le mal bien ; qui font les ténèbres lumière et la lumière ténèbres ; qui font l'amer doux et le doux amer. »
L'audace et le calme avec lesquels les hommes pervertis savent mentir sont inouïs et bien faits pour stupéfier les gens simples qui croient encore à la vérité.

LE DOUTE
Mais la perversion a ses degrés. Avant d'en arriver à l’erreur et au mensonge, l'homme passe par le doute.
C'est dans l’adolescence que le doute apparaît. Dans l’enfance il n'existe pas ; l'enfant a une crédulité robuste. Quand la sexualité s'impose il commence à douter de lui-même, il est pris de timidité, craignant de commettre une faute il hésite avant d'agir, ne sachant plus ce qu'il faut faire il regarde les autres pour les imiter ; il n'a plus d'esprit d'initiative.
Cet état peut durer toute la vie, s'accentuer même dans l'âge adulte. Que d'hommes qui n'osent se décider, qui pèsent longtemps le pour et le contre des choses et, finalement, ne prennent un parti que poussés par l'exemple des autres ; un rien les influence, un mot entendu détermine leur opinion, fait leur jugement ; ils croient ce que les plus audacieux veulent leur faire croire, il suffît pour les entraîner de leur montrer un prétendu avantage immédiat, alors que, derrière cette surface, se trouve un véritable désavantage. Les hommes, pris en masse, s'emballent pour ou contre une idée avec la même facilité, puis mettent à défendre ce qu'ils ont adopté un entêtement d'autant plus grand que l'idée est plus fausse. Ils ne veulent pas avoir l'air de s'être trompés, l'entêtement simule la conviction, et c'est ainsi que toutes les grandes erreurs se sont imposées.

ESPRIT DE NÉGATION
L'état de régression du cerveau de l’homme doit l'amener fatalement à la négation de la vérité, puisque le dernier terme de son évolution sexuelle c'est le renversement complet de l'ordre primitif.
Cette évolution de la mentalité masculine est l’image de l’intellectualité masculine à travers les âges. Les lois de la Nature connues dans la jeunesse de l'humanité (parce qu'elles avaient été trouvées par la femme et révélées par elle à l’homme) furent acceptées sans conteste par l'homme très jeune, puis l'évolution sexuelle venant troubler son esprit, amena le doute d'abord, la négation ensuite. C'est la croyance à ces vérités primitives qui constitue la foi ; c'est la croyance (simulée ou réelle) aux idées interverties qu'on appelle la mauvaise foi.
L'esprit de négation grandit avec l'homme. Il est d'autant plus développé que l'homme devient plus mâle. Il en est qui vont si loin dans cette voie qu'ils sont, avec ceux qui les entourent, en contradiction permanente. La négation est leur verbe. Cette progression s'est accentuée. La foi, c'est-à-dire la croyance à une vérité quelconque, a disparu du cerveau de l'homme. (Il est vrai que le mot foi a servi à désigner la croyance à l’erreur : la mauvaise foi.)
On a bien essayé de reconstituer, par la philosophie, le trésor des idées perdues, mais les hommes qui travaillaient à cette restauration y mettaient leurs vues interverties, ou perverties, de là le chaos d'opinions contradictoires qui finit par envahir le monde et qui jeta un si grand discrédit sur toutes les opérations de l'esprit de l’homme.

Dans les temps modernes, on a senti la nécessité de ne plus admettre de croyance que lorsqu'elle serait basée sur l'expérience, persuadé que les œuvres de spéculation pure, faites par les hommes, ne peuvent être l'expression de la vérité. Mais là encore, se sont introduites bien des causes d’erreurs. Non seulement tous les phénomènes de la Nature ne sont pas susceptibles d'être mesurés au compas, pesés, analysés, mais, alors même qu'ils pourraient l'être, les résultats d'une expérience sont toujours sujets à différentes interprétations. Et nous avons vu souvent (presque toujours même) la méthode expérimentale nous induire en erreur par suite de l'interprétation fausse donnée aux résultats obtenus.
C'est pourquoi le chaos qui règne dans la science a amené un grand nombre d'hommes au quiétisme, c'est-à-dire au renoncement absolu de toute recherche, persuadés que la Vérité n'est pas accessible à l'homme.
C'est pour redresser cette tendance à l’erreur de l’esprit masculin que la morale primitive avait imposé « le respect de la vérité ». C'est encore en s'appuyant sur ce fait qu'on a institué le serment, qui aurait été inutile dans une société constituée par des hommes dont l'esprit serait resté droit comme celui de l'enfant.
La crainte de l’opinion, un reste de respect des lois morales, retiennent encore quelques hommes dans la vie publique, mais dans la vie privée il en est beaucoup qui laissent voir sans pudeur et sans prudence cet esprit de négation ; il en est beaucoup pour qui la contradiction est devenue une habitude et qui étalent cette laideur morale sans savoir que, comme toutes les conséquences de l'acte sexuel, c'est un stigmate moral qui trahit sa cause et qui révèle l'état mental de celui qui en est la victime.

SCEPTICISME
Le scepticisme est le refus de croire. On en a fait une école philosophique, et on trouve encore des hommes qui se vantent de leur scepticisme sans se douter de la signification de cette affirmation.

LUTTE ENTRE L’INSTINCT ET LA RAISON
L'homme qui veut marcher droit dans la vie est condamné à lutter avec lui-même pour vaincre l’instinct du Mal, qui sans cela l’envahirait. Il a, pour le guider dans cette lutte, la conscience, qui l'avertit très clairement qu'il fait mal quand il obéit aux impulsions provoquées en lui par la régression cérébrale.
Il sent, tout aussi sûrement, qu'il fait bien lorsqu'il obéit aux impulsions primitives qui le ramènent à la droiture, à la vérité, à la raison. La satisfaction qu'il en éprouve l'avertit qu'il a bien fait.
Mais pour obéir à cette impulsion première, il faut vaincre la sexualité. L'homme doit donc être en lutte continuelle avec lui-même et, suivant l'expression d'un philosophe, « faire remonter tout son sexe dans son cerveau ».
C'est pour atteindre ce résultat que, dans une antiquité lointaine, on avait formulé un code de morale qui fut la véritable base des grandes religions primitives. Ainsi on avait su appliquer à la vie pratique les conclusions de la science.
Nous retrouvons, du reste, tout ce fonds antique disséminé dans les prescriptions des moralistes de tous les temps et de tous les pays, qui n'ont fait que les propager sans y rien ajouter, si ce ne sont quelques altérations, quelques erreurs.
L'homme lui-même comprit qu'il fallait lutter, sa raison, quand elle reprenait son empire, lui dictait des lois qui devaient le maintenir dans la droiture primitive, ou l'y ramener.

LA PASSION
Mais lorsque l'entraînement sexuel n'a pas été combattu, modéré, dirigé, il arrive à dominer l'homme qui, ne sachant plus y résister, se laisse entraîner vers « la passion », que nous pouvons définir ainsi : « l’entraînement vers l’instinct sans retour vers la raison ». Il est une multitude d'hommes qui en sont arrivés là sans s'en douter.
Celui qui a écrit cette pensée, qui met la vie sentimentale au-dessus de la vie intellectuelle, était un impulsif sans s'en douter :
« Tout le monde, tous les soleils, toute la création pour une pensée, et toutes les pensées de l’homme, avec tout le reste, pour un sentiment. »
Donc, plus l'action sexuelle devient positive pour l’homme, plus les opérations de son cerveau deviennent négatives.
Or, la raison étant le seul guide que chacun possède pour connaître le monde extérieur et s'y diriger, si ce guide devient lui-même incertain l’homme ne peut plus marcher dans le monde moral sans une direction.

LE PESSIMISME
Le Pessimisme est une infirmité mentale qui provient de la conscience que l'homme acquiert de la direction fatale que lui impose sa sexualité et qui, quoi qu'il fasse, doit le conduire au mal et au malheur.
Cet état d'âme a été mis en évidence par Schopenhauer, dans un système philosophique qui nous donne l'explication des désordres de l’âme masculine. Il a résumé l'état de l'esprit de l’homme qui a conscience de sa déchéance morale et n'aperçoit, devant lui, que la douleur et le désespoir. Doué de facultés mal équilibrées, Schopenhauer voyait le monde à travers le voile sombre que le déraillement sexuel jette sur les conceptions de l'esprit. Ce tempérament, que ses ancêtres lui avaient légué, lui donnait un caractère insupportable, dont souffraient tous ceux qui l'entouraient. Aussi, c’est dans la vie de cet homme, ou plutôt dans ses écrits, que nous irons chercher des preuves et des arguments pour montrer ce qu'est, dans la nature humaine, le dernier degré du tourment moral. Mal causé par l’envahissement du poison organique que le ferment moteur engendre, « le principe de mort », et qui vient à dominer lorsque l’élément sensitif qui est « le principe de vie » vient à diminuer.
Schopenhauer a bâti un système philosophique que l’on peut résumer ainsi : « Il existe, dans la Nature, une Volonté, ou une Force, qui crée la vie par un besoin inhérent à son essence (Nous avons expliqué cette Force dans l'article  La Vie). Mais, aussitôt que l’être vivant est jeté dans le monde, il devient l'objet de mille tourments ; la force qui l'a créé se plaît à lui faire subir mille souffrances, l'homme est victime de cette force, la vie est, pour lui, une mystification. »
Il faut bien reconnaître qu'il y a dans cette étrange philosophie une grande vérité. L'homme, aussitôt qu'il est homme, c'est-à-dire aussitôt qu'il remplit la fonction qui fait son sexe, devient la proie d'un tourment lent, auquel il n'échappe que par la lutte. Et ce tourment est le résultat de la nécessité, que lui impose sa nature, de se débarrasser de l'élément qui donne la vie, qui fait le bonheur, et de garder, au contraire, l'élément qui engendre la souffrance et la mort.
Mais ce que Schopenhauer a cru être une loi générale n'est applicable qu'à la moitié du genre humain, qu'à l'homme.
Il y a là une fatalité qui pèse sur lui, mais sur lui seul. Chez la femme il n'existe ni tourment, ni lutte de ce genre. La philosophie de Schopenhauer est donc défectueuse à ce point de vue. Du reste, c'est un trait du caractère de l'homme, et de Schopenhauer en particulier, de ne voir, dans la nature humaine, que ce dont il est à la fois l'objet et le sujet.
A ce point de vue tout ce qui existe dans la nature humaine échappe à l'homme, et, pour lui, le mot humain veut dire masculin, Schopenhauer peint, dans un sombre tableau, les douleurs du monde. Écoutez-le :
« Je ne connais rien de plus absurde que la plupart des systèmes philosophiques qui expliquent le mal comme quelque chose de négatif ; lui seul, au contraire, est positif, puisqu'il se fait sentir... »
« Si elle n'a pas pour but immédiat la douleur, on peut dire que notre existence n'a aucune raison d'être dans le monde. Car il est absurde d'admettre que la douleur sans fin qui naît de la misère inhérente à la vie, et qui remplit le monde, ne soit qu'un pur accident et non le but même. Chaque malheur particulier paraît, il est vrai, une exception, mais le malheur général est la règle. »
« Sous quelque forme variée que l’homme poursuive le bonheur ou cherche à éviter le malheur, tout se réduit, en somme, à la jouissance ou à la souffrance physique. Combien cette base matérielle est étroite : se bien porter, se nourrir, se protéger contre le froid et contre les intempéries, et, enfin, satisfaire l’instinct des sexes. »
Comme on le voit, toutes les jouissances intellectuelles, toutes les joies que donne l'exercice des facultés sensitives et affectives, qui, pour les femmes, sont le vrai bonheur, tout cela est un monde inconnu pour Schopenhauer. Il ne peut donc pas en parler.
Citons encore Schopenhauer :
« Imagine-t-on un démon créateur, on serait pourtant en droit de lui crier, en lui montrant sa création : Comment as-tu osé interrompre le repos sacré du néant, pour faire surgir une telle masse de malheur et de tourments ? »
Nous arrêtons là, pour ne pas citer tout le livre qui résume la sombre philosophie du cynique vieillard allemand qui scandalisait le monde.
Nous venons d'étudier l'homme tel que la Nature le fait.
Mais il ne faut pas oublier que différentes conditions comme l'éducation, l'instruction, l'expérience, l'ambition, les rivalités et les nécessités sociales modifient les conditions psychiques des individus. Toutes ces causes réunies ont fait de l'homme actuel un autre être que celui que la Nature avait créé.
L'homme a gagné des qualités dans la vie sociale ; il a, lui-même, modifié ce qu'il y avait de brutal dans sa primitive nature ; il a grandi dans son évolution, ce qui lui donne, dans le monde actuel, une place supérieure à celle qu'il a occupée au début des sociétés humaines.
Quant à la femme, dont nous allons maintenant étudier la psychologie, nous sommes forcés de reconnaître qu'elle n'est plus, dans les sociétés modernes, l'être idéal et supérieur que la Nature avait voulu qu'elle fût. A l'inverse de l'homme, elle est descendue au lieu de monter. Les conditions dans lesquelles elle a été tenue l'ont atrophiée.
Il ne faut donc pas nous taxer d'exagération si nous décrivons des qualités féminines que l'on n'aperçoit plus, à l'époque actuelle, que chez de rares exceptions. Nous faisons ici l'histoire des deux êtres que la Nature a faits, nous ne nous occupons pas, pour le moment, de la manière dont ces deux êtres se sont modifiés dans la vie sociale.

PSYCHOLOGIE FÉMININE
Étudions, maintenant, les conséquences de la sexualité dans le sexe féminin.
Nous avons considéré l’origine des fonctions sexuelles au point de vue physiologique ; nous avons montré que c'est une restitution, faite à la Nature, des éléments nerveux dans le sexe mâle, des éléments sanguins dans le sexe femelle.
Le corps de l'individu a des moments de pléthore qu'il ne peut calmer qu'en éliminant ce qui obstrue les rouages de son organisme. Le point important à considérer c'est que l'élément donné, dans l'acte de restitution, par les individus de sexes différents, n'est pas le même.
Et c'est cette circonstance qui détermine tous les caractères sexuels.
C'est parce que l'être mâle donne l'élément nerveux sensitif ; c'est parce que l'être femelle donne l'élément sanguin que la genèse d'un nouvel être est assurée. La rencontre de ces deux principes fournit à l'enfant le germe de sa vie sensitive et de son corps matériel.
Cette restitution à la Nature constitue un acte physiologique d'une grande importance et qu'il n'est pas donnée à l'individu de supprimer, quoiqu'il puisse le diriger, le gouverner, le maîtriser ou le favoriser. Dans une certaine mesure il est soumis à la volonté individuelle, dans son principe il ne l'est pas.
Cette fonction commence dans l'enfance et dure jusqu'à la vieillesse. Elle se complique de l'hérédité. Nous apportons, en naissant, des conditions sexuelles, qui sont la conséquence des actions accumulées de nos ancêtres, et qui nous sont imposées en dehors de toute participation directe de notre volonté. Ce sont ces deux circonstances : la fonction et l’hérédité, qui déterminent, dans les individus, tous les caractères sexuels. Ces caractères sont anatomiques, physiologiques et psychiques. Ils résultent tous de l'action du système nerveux grand sympathique et des vaisseaux qui l'accompagnent.

OVULATION
La sécrétion féminine qui est l'équivalent de la sécrétion masculine c'est l'ovulation.
La femelle sécrète l’ovule comme le mâle sécrète le spermatozoïde.
La sécrétion de cet élément anatomique est, pour la femme, « la fonction sexuelle ».
Il ne faut pas confondre l'ovulation avec la fécondation ; ce sont deux ordres de faits totalement différents.
Comme l’ovulation est une fonction qui s'accomplit dans un endroit invisible, c'est un acte peu connu des personnes qui n'ont pas fait d'études spéciales sur ce sujet. Cependant, comme cette question intéresse toute l'humanité, il est utile d'en dire quelques mots.
On connaît le mode de reproduction des poissons. La femelle pond ses œufs dans un endroit quelconque, puis s'en va ; le mâle vient ensuite et féconde les œufs sans avoir vu la femelle.
Chez les oiseaux la femelle pond ses œufs sans que le mâle ait besoin d'intervenir, seulement les œufs non fécondés restent improductifs.
Chez les mammifères, et, par conséquent, chez la femme, le même phénomène se produit ; la femelle pond ses œufs, mais ils sont d'une extrême petitesse, souvent pas plus gros que la tête d'une épingle. Ils sont perdus au milieu du mucus que leur mise en liberté entraîne, de sorte que, lorsqu’ils sont expulsés au dehors on ne les aperçoit pas. Lorsque l’ovule a été pondu par la femelle, en vertu de la fonction sexuelle, qui est subjective, l'action du mâle vient le féconder ; il se fixe, alors, dans l’utérus et s'y développe.
Il n'y a pas de fécondation possible en dehors de ces conditions.
Depuis que les femmes ont des enfants, et cela remonte loin, pas une seule d'entre elles n'a conçu un rejeton sans l’avoir, préalablement pondu elle-même, dans un acte étranger au concours de l'homme, absolument comme la poule qui pond ses œufs en l’absence du coq, comme le poisson femelle pond les siens sans connaître le mâle qui les fécondera.

Lorsque M. Pouchet étudia l’ovulation de la femelle il fit une révolution dans la science.
Avant lui Harvey avait bien dit : tout vient de l'œuf ; mais sa théorie n'avait pas été vulgarisée.
Avant les travaux de Pouchet, le grand public croyait encore que c'est l’homme seul qui fait l’enfant au moyen du germe qu'il apporte, et bien des gens, dans la masse ignorante du public, croient encore que l'action de la femme est insignifiante dans cet acte, que semblable à la terre à laquelle on confie une graine, elle n'est que le terrain dans lequel se développe le germe donné par le père.
Ce n'est pas ici le lieu de discuter la théorie de Pouchet.
Nous devons, cependant, dire que l'expression de : Ovulation spontanée et mensuelle, qui sert de titre à sa théorie, renferme deux erreurs.
1) L'ovulation n'est pas, ordinairement, spontanée chez les mammifères, elle est déterminée par une action externe. (Il est possible que dans les animaux inférieurs cette action soit inutile et remplacée par certaines conditions électro-magnétiques semblables à celles qui déterminent la fleuraison végétale.)
2) L'ovulation n'est pas mensuelle. Elle peut être quotidienne chez certains mammifères comme elle l'est chez la poule. Elle a des périodes d'activité et de ralentissement dues à des influences internes ou externes.
L'ovulation est une fonction qui répond à un besoin physiologique et dont la suppression entraîne des perturbations profondes, et peut même amener la mort.
Cette fonction commence vers sept ans. Elle détermine l’apparition des menstrues en mettant en activité les éléments vaso-moteurs.
Cette antériorité de l'ovulation, précédant les menstrues infirme, une fois de plus, la théorie de Pouchet. Chez toutes les petites filles dont on a fait l’autopsie on a trouvé la preuve de l'ovulation dans la tache jaune laissée par l’ovisac après l’expulsion de l’ovule.

FÉCONDATION
La fécondation n'est pas, pour la femme, une fonction, elle n'en est pas avertie par une impression quelconque, elle peut la subir en dormant. L'épithélium du vagin n'a pas de sensibilité particulière et le col utérin est insensible, même au contact du fer incandescent.
La femelle est étrangère à ce qui se passe en elle au moment où le mâle féconde l’ovule qui est dans l’utérus, dans les trompes ou dans le vagin. C'est l'ovule qui, alors, est intéressé, ce n'est plus elle car, du moment où l'ovule est détaché de l'ovaire il ne fait plus partie d'elle ; c'est un corps qui va se développer en elle, mais dont elle ne ressentira pas les impressions, s'il en reçoit.
Or, la fécondation n'intéresse que l'ovule, non la femme ; aussi elle ne sent jamais le besoin d'être fécondée.
Dans le rapprochement des sexes la femme consent, elle ne désire pas, elle se laisse prendre pour des causes diverses, curiosité d'abord, condescendance ou intérêt ensuite.
Ce qui prouve que la fécondation n'est pas une fonction pour la femme c'est que, en général, elle ne prend aucune part à l'acte dont elle est le témoin passif ; c'est encore, que la même femme peut servir, impunément, à plusieurs rapprochements dans une même journée.
Or, cette disponibilité facultative prouve bien que sa nature physiologique n'est, en rien, intéressée à ce dont elle est l'objet. Elle n'est ni surmenée, ni même fatiguée après cet exercice, parce qu’elle n'a fait aucune dépense, l'approche du mâle n'a provoqué, en elle, aucune sécrétion (1), aucune impression, et ce qui le prouve c'est que toutes ses fonctions organiques telles que la circulation, la calorification, l'innervation, sont restées normales, alors que chez l'homme toutes ses fonctions s'exaltent dans l'accouplement. Enfin, circonstance intéressante, les exemples de morts subites à l’occasion de la conjonction sexuelle, se rapportant presque toujours à des ruptures du cœur, sont exclusivement propres à l'homme qui veut dépasser la mesure de ses forces génitales.
Comment, si la femme était dans les mêmes conditions, certaines d'entre elles pourraient-elles supporter plusieurs rapprochements sans danger ?
D'autre part, si la femme qui se livre à l'homme avec fréquence reste physiologiquement indifférente, il est une multitude d'autres femmes, dans le monde, qui ne connaissent jamais l’accouplement et ne le désirent pas. Fait qui prouve encore que ce rapprochement ne constitue pas, pour elles, une fonction, car si c'était une fonction, elle serait nécessaire à la vie. La Nature ne fait pas deux espèces de femmes, et c’est dans l’ovulation seulement, qu'il y a égalité entre elles. Toutes les femmes normales pondent leurs œufs.
Donc les vierges n'ont pas plus de mérite dans leur virginité que les autres dans leurs rapprochements, puisqu'elles sont, les unes et les autres, physiologiquement indifférentes à un acte auquel l'homme seul est intéressé.
A cela on nous répondra que, s'il est des femmes indifférentes il en est d'autres, et beaucoup, qui ne cachent pas des appétences sexuelles, des désirs lubriques, des instincts lascifs.
Nous répondrons que ces femmes-là prennent le stimulus sensoriel qui appelle l'ovulation pour une excitation qui demande la fécondation ; elles se trompent sur le but de leurs désirs et paient cette erreur d'une désillusion certaine, à moins que, pendant le rapprochement, les deux fonctions : ovulation et fécondation, ne se soient accomplies, ce qui est très rare.
Tout cela, chez la femme, est étranger à l'amour qui peut déterminer un besoin de caresses, de baisers, de rapprochement de la partie supérieure du corps, mais nullement de la partie inférieure.
Si la fécondation n'altère en rien les fonctions normales de la femme, il n'en est pas de même de l'ovulation qui lui laisse, à la longue, une fatigue musculaire, parce que le principe expulsé avec l'ovule est l'albuminoïde générateur des fonctions motrices.
(1) Ce n'est pas cela que disent les hommes, mais aucun d'eux n’a compris la question.

CONSÉQUENCES PSYCHIQUES DE L’OVULATION
Arrivons au véritable ordre de fait qui doit nous occuper ici : la recherche des conséquences psychologiques de la fonction sexuelle chez la femme.
Voici comment un savant d'une grande autorité, M. Virchow, résume la question. Dans son mémoire : La femme et la cellule, il signale la corrélation qui existe entre les fonctions génératrices et les conditions particulières du caractère et de l'esprit. Il dit : « La femme est femme uniquement par ses glandes génératrices. Toutes les particularités de son corps et de son esprit, sa vie nutritive, son activité nerveuse, la délicatesse, la rondeur des membres, l'élargissement du bassin, le développement de la poitrine, Sa luxuriante chevelure contrastant avec le duvet fin et imperceptible qui couvre le reste du corps ; en outre, la profondeur de sentiments, la perception primesautière et sûre, la douceur, l'abnégation la fidélité, en résumé, tous les caractères éminemment féminins que nous admirons et vénérons dans la vraie femme, tout cela dépend de l’ovaire. Que l’on extirpe l’ovaire et la virago nous apparaîtra dans toute sa hideuse imperfection. »
Il ressort de ceci que, non seulement les conséquences de la fonction sexuelle sont différentes dans un sexe et dans l'autre, mais, de plus, qu'elles sont l’opposé les unes des autres. Et cela se comprend : la femme garde ce que l’homme donne ; elle donne ce que l’homme garde, donc il y a renversement physiologique et, par conséquent, renversement psychologique. De là les conditions diamétralement opposées des deux sexes.
Nous allons les examiner.

AUGMENTATION DES FACULTÉS SENSITIVES
Pendant que l'influx nerveux sensitif est, chez l'homme, un principe qui alimente à la fois la vie intellectuelle et la vie sexuelle, un principe qui lui sert à penser et à aimer, chez la femme, ce principe ne peut être mis en action que dans la vie intellectuelle et dans la vie de relations sociales non sexuelles ; il n'est pas divisé, il garde son intégrité dans le système nerveux primitif encéphalo-rachidien.
Les facultés motrices sont les seules qui soient intéressées dans les fonctions génératrices chez la femme. Elles suivent, chez elle, la même évolution que les facultés sensitives chez l'homme.
La femme, comme l’homme, possède dans l'enfance des facultés sensitives et motrices équilibrées. La petite fille partage les jeux remuants, bruyants, du petit garçon. Elle a, à peu de chose près, le même degré de motricité, elle court, saute, danse, se livre à des exercices de gymnastique comme son petit frère.
La sexualité apaise cette impétuosité de l'enfance, et, en même temps, augmente, en très peu de temps, en elle, les facultés sensitives, lesquelles sont génératrices de l'intelligence.
L'adolescent fait l'inverse. C'est pour cette raison qu'il y a tant de distance intellectuelle et morale entre un garçon de 15 à 18 ans et une fille du même âge, alors que, cinq ou six ans auparavant ils étaient presqu'égaux en motricité et en sensibilité.
L'intelligence de la jeune fille se développe rapidement et excessivement. C'est ce qui lui donne un si grand besoin d'exercice intellectuel, besoin de lectures, d'études, d'aspirations vers les choses élevées, qu'elle cherche dans la Nature, dans la poésie, quelquefois dans la religion, où elle croit les trouver par une sorte de souvenir atavique des primitives religions de l'antiquité qui étaient basées sur les lois de la Nature.
A partir de ce moment, et dans tout le reste de son existence, la femme, dont les facultés sensitives grandissent de jour en jour, éprouve un ardent besoin d'exercer son intelligence. Ce besoin est aussi impérieux pour elle que le besoin d'actions musculaires est impérieux pour l'homme, c'est pour cela que le personnel abonné des bibliothèques est presqu'entièrement composé de femmes. C'est pour cela que dans les conférences publiques c'est l'élément féminin qui domine, et c'est pour cela, aussi, que nous avons vu une légion de jeunes filles se jeter dans les études universitaires aussitôt qu'on leur a ouvert les portes des Facultés.

Dans l'état d'organisation actuelle de la société et de la famille, les aspirations mentales de la femme sont presque toujours contrariées. On lui mesure sa nourriture intellectuelle, on l'en prive même, quelquefois, tout à fait, ou bien on lui donne des aliments spirituels, de si mauvaise qualité qu'ils sont indigestes pour son esprit droit. Cependant comme la Nature reprend toujours ses droits, aussitôt que la femme se sent libre elle s'abandonne aux impulsions de son sexe, et c'est ainsi que nous voyons la femme libérée chercher la société des hommes intellectuels et se livrer elle-même à la littérature, à la philosophie, aux arts, à la science.
M. Prudhon, voulant démontrer que les femmes ne sont bonnes à rien, en dehors du ménage ou des plaisirs de l’homme, ménagère ou courtisane, dit, comme preuve à l'appui de sa thèse, qu'on n'a jamais rien vu surgir du cerveau de la femme, à moins qu'il ne s'agisse de quelques femmes émancipées. A quoi M. Naquet répond : « Vous réfutez vous-même votre argument en prouvant que c'est l'esclavage qui empêche la femme de se produire, et qu'elle déploie ses facultés aussitôt qu'elle est libre. » C'est comme si on reprochait au prisonnier de ne pas faire de voyages de découvertes.
L'exercice des facultés de la femme constitue, pour elle, un besoin impérieux. L'homme ne peut pas plus vivre sans agir que la femme ne peut vivre sans penser, seulement la pensée féminine n'est pas manifestée, n'est pas extériorisée.
Mais, de même que l'action de l’homme peut être dirigée vers un but utile et profitable à l'humanité, comme l'industrie, elle peut aussi être dirigée vers un but funeste à l'humanité, comme la guerre.
Il en est de même dans l'ordre des facultés sensitives, elles peuvent servir au progrès intellectuel et morale de l'humanité, si elles sont employées à l'étude de la Nature, mais elles peuvent aussi être dirigées dans une voie fausse ou inutile.
C'est ce qui est arrivé chez les femmes ; on a faussé leur esprit ; on leur a interdit la recherche de la vérité, on ne leur a permis que l'étude du mensonge, du surnaturel, de l'absurde.

L'activité intellectuelle de la femme se reflète sur sa physionomie. Quand elle a franchi les premières années de la jeunesse elle acquiert une expression intelligente et douce, plus séduisante que la beauté des femmes qui sont plus jeunes, mais qui ne pensent pas avec la même activité ; plus séduisante, surtout, que la beauté plastique des femmes réduites à l'esclavage, comme on en trouve dans certains pays où on empêche absolument le développement de leurs facultés mentales.
Il ne faut pas confondre l'intensité sensitive encéphalo-rachidienne, c'est-à-dire la nervosité intellectuelle, avec la nervosité passionnelle de l'homme, qui émane du grand sympathique. C'est cette dernière qui engendre la neurasthénie, « la maladie du siècle », et que, trop souvent, les médecins ont attribuée à la femme dans leur ignorance des lois de l’évolution sexuelle.
Le nervosisme masculin se révèle par une excessive susceptibilité, un caractère irritable, des émotions violentes, de la colère, des idées fantasques, des actes de désespoir ou de folie, souvent accompagnés de troubles de l'estomac et des autres organes qui sont sous la dépendance du grand sympathique.
Chez la femme l'intensité sensitive est toute morale, elle se révèle par des effluves d'altruisme et d'amour qui se dégagent d'elle, par des compassions, des charités, des pitiés profondes. Car la femme la plus nerveuse et la plus intelligente est, en même temps, la plus aimante puisque c'est par le cerveau que la femme aime. Quand on veut contrarier ses besoins affectifs elle devient violente, défend ses droits à la pensée et à l'amour sacré qui l'accompagne. Et comme cet ordre de faits n'est pas compris des hommes (qui jugent les femmes d'après eux) on a créé un nervosisme féminin où on a voulu rapprocher de celui de l'homme, en l'exagérant même. Le perpétuel préjugé qui tend à contrarier la femme dans la famille et dans la société, peut amener, chez elle, un état d'irritabilité qui, souvent, s'exalte, et que l'homme considère, avec triomphe, comme un état nerveux semblable à celui dont il souffre. Il a cependant une toute autre cause : c'est la révolte de la Nature contre les entraves que l’on veut apporter à son libre développement.

DIMINUTION DES FACULTÉS MOTRICES
Du moment où les sécrétions sexuelles commencent, la jeune fille perd, peu à peu, sa force musculaire, et c'est alors que nous voyons la pétulance de l'enfant se calmer. Peu à peu, aussi, en perdant l'action elle perd l’audace qu'elle possédait dans l'enfance ; la timidité l'envahit quand elle commence à pressentir qu'elle va être un objet de jalousie, enfin tous les autres caractères psychologiques de son sexe se dessinent. En même temps les caractères anatomiques de la femme apparaissent, les seins deviennent fermes et saillants parce que l'élément sanguin commence à se déposer dans la partie antérieure du corps ; la circulation se modifie, le pouls se montre fébrile et sautillant.
La diminution des facultés motrices, commencées dans l'enfance, continue à progresser. Dans la jeunesse, la femme peut encore rivaliser d'activité musculaire avec l'homme, en avançant dans la vie elle ne le peut plus ; tout effort lui devient difficile, la marche prolongée la fatigue, la station droite lui est impossible, pendant un temps un peu long, et peut amener l'évanouissement si elle est forcément prolongée.
Ce défaut de motricité chez la femme entraîne son manque d'action dans la société. L'action n'est qu'une réaction motrice. C'est cette circonstance qui a le plus contribué à lui donner une position inférieure dans le régime actuel. La femme n'agit pas, ou agit peu, elle ne se défend même pas quand on l'attaque. Pour une qui se manifeste, dix mille restent confinées dans leur retraite et dans leur silence. Si bien que, à égalité de circonstances, c'est-à-dire dans une nation où la femme serait libre, elle se manifesterait moins que l'homme, d'autant plus que son manque d'action est complété par son manque d'ambition, le grand moteur qui pousse les hommes. Mais il n'y a pas égalité de circonstances.
Et le manque d'action de la femme est compliqué du manque d'action forcé dans lequel elle est tenue dans la société.

AUGMENTATION DE LA DURÉE DE LA VIE
C'est un fait que la statistique nous a fait connaître que les femmes vivent plus longtemps que les hommes. D'un autre côté l'histoire naturelle nous montre que les espèces inférieures, c'est-à-dire celles qui possèdent le plus de motricité, sont celles qui vivent le moins longtemps. Ces deux faits devraient suffire pour nous prouver que la durée de la vie est subordonnée à l'intensité des facultés sensitives.
Mais la grande théorie ébauchée par Cl. Bernard, que nous avons reprise et complétée, sur le principe destructeur et le principe conservateur, nous a donné l'explication scientifique de ce phénomène, en nous montrant que c'est le ferment moteur qui use la vie ; nous avons complété les travaux commencés en montrant que c'est l'agent sensitif qui la répare et la conserve.
Donc la sexualité qui augmente les qualités sensitives de la femme augmente la durée probable de son existence.
Chaque fois que la femme expulse un ovule, chaque fois qu'elle voit apparaître le phénomène mensuel, elle gagne quelques instants de longévité, puisqu'elle se débarrasse du ferment moteur qui, s'il était gardé, ravagerait son organisme.

Il résulte de ces faits que, dans l'enfance, avant la séparation physiologique que détermine la fonction sexuelle, le petit garçon et la petite fille, lorsqu'ils ont le même âge paraissent avoir le même âge. Dans les premières années de la jeunesse, il commence déjà à ne plus en être ainsi, le jeune homme, qui devient barbu, prend les caractères de l’homme fait, il paraît plus âgé que la jeune fille du même âge, quoique celle-ci soit déjà plus femme qu'il n'est homme. Enfin, en avançant dans la vie, on a fait remarquer que l'homme prend, de plus en plus, les caractères des anthropoïdes qui sont ceux de l’âge mûr du sexe masculin ; en un mot, il vieillit vite.
La femme, au contraire, semble rajeunir en vieillissant.
De 25 à 45 ans, elle représente de moins en moins son âge.
Cela doit être ainsi puisque le Principe de vie qui refait les tissus augmente en elle.
Que de femmes de quarante ans qui en paraissent trente !
Que d'hommes de quarante ans qui en paraissent cinquante !
« Dira-t-on avec Schopenhauer, dit M. Fouillé, que la grâce féminine dure peu ? Est-ce bien sûr ? Si la femme ne menait pas une vie contraire à l'hygiène, elle conserverait presque toute sa vie cette jeunesse de corps et d'esprit, qui est dans sa nature même, qui résulte d'un tempérament où les forces de réserve l'emportent sur la dépense, qui rend, enfin, visible aux yeux la perpétuelle jeunesse de la race et, même quand la beauté a disparu pour les indifférents, il reste encore, pour ceux qui vivent auprès d'une femme et qui l'aiment, une beauté d'expression, une grâce morale que les années ne sauraient flétrir. »

PUDEUR
Nous venons de rappeler les conditions physiologiques de l’évolution sexuelle dans le sexe féminin. Arrivons maintenant aux conditions psychologiques qui, non seulement sont différentes, mais qui sont renversées dans un sexe et dans l’autre, comme le sont les conditions physiologiques.
Nous avons fait remarquer que, chez l'adolescent, les premières atteintes du mal sexuel font naître, en lui, un sentiment de honte, qu'il dissimule dans la vie actuelle. Chez la jeune fille, rien de semblable et, cependant, on nous objectera « la pudeur de son sexe ». Nous répondrons à cela que la pudeur c'est la honte masculine attribuée à la femme, pour deux raisons : la première, c'est parce que l’homme croit la femme soumise aux mêmes lois que lui ; la seconde, c'est que, dans le cours de l'évolution humaine on a renversé la psychologie des sexes pour des raisons sociales que nous expliquerons plus loin, attribuant à la femme les conséquences psychologiques de la sexualité masculine. Ce système est l'origine des mensonges conventionnels qui, à la longue, et par une sorte de suggestion sociale, ont intimidé la femme.
C'est après avoir été longtemps persécutée dans sa sexualité que la femme s'est pliée (en apparence au moins) au régime de honte que l'homme lui a imposé, mais rien, en elle, si ce n'est l'habitude, ne lui inspire cette pudeur dont on lui fait un mérite et qui n'est, en réalité, qu'un outrage fait à son sexe.
Ce n'est pas sans lutte, du reste, que ce renversement des lois psychologiques s'est imposé. La femme primitive, fière de sa féminité, défendit longtemps « sa nudité » que l'art antique a toujours représentée. Et, dans la vie actuelle de la jeune fille, il est un moment où elle sent, par un atavisme secret, la fierté de son sexe, elle a l'intuition de sa supériorité morale et ne comprend pas pourquoi il faut en cacher la cause. A ce moment, flottant entre les lois de la Nature et les conventions sociales, elle ne sait pas si le nu doit l'effrayer ou ne pas l'effrayer. Même une sorte de souvenir atavique, confus, lui rappelant l'époque antérieure au vêtement, lui montre comme un idéal paradisiaque les usages de cette époque de l’humanité.
Du reste le déshabillé revient souvent dans les modes de la femme. Jamais dans celles de l’homme.
C'est au moment de la vie où le jeune homme est dominé par les hontes de son sexe que la jeune fille se sent prise des fiertés du sien. L'homme se cache, la femme se montre, l’homme se couvre, la femme se découvre. Et, dans les peuplades sauvages, les missionnaires n'arrivaient pas à obtenir des femmes jeunes qu'elles adoptent l’usage du jupon.
Ce qui prouve encore que la pudeur naturelle des hommes est bien plus réelle que celle des femmes, c'est la facilité avec laquelle la femme se laisse visiter par le docteur et la résistance de l'homme à l’idée d'être visité par une doctoresse.

GAÎTÉ
Nous avons vu que, chez l'adolescent, la honte sexuelle entraîne la misanthropie, la tristesse. Chez la jeune fille la fierté sexuelle détermine la gaîté. Elle se sent grandir dans la vie, elle le manifeste par une gaîté bruyante, inconsciente, que la moindre chose excite.
Mais il ne faut pas confondre le rire franc de la jeunesse féminine avec le rire forcé de la jeunesse masculine. Les jeunes gens cherchent à simuler cette gaîté, ils l'exagèrent même, surtout quand ils sont entre eux, car devant les femmes la timidité les reprend. Le rire forcé de l'homme est, trop souvent, un rire de dépit, ou le rire satanique provoqué par le triomphe du Mal.
Si la gaîté naturelle de la femme se voile dans la suite de son existence, c'est parce que l'homme trouble sa vie par sa continuelle contradiction. Sans cette circonstance la femme serait toujours gaie.
Une philosophie pessimiste comme celle de Schopenhauer n'est pas concevable dans l'esprit d'une femme.

SÉRÉNITÉ
Un autre contraste est celui de la sérénité psychique de la jeune fille, comparée aux terreurs mentales du jeune homme.
Rien, en elle, des reproches de la conscience qui obsèdent son frère. Son cerveau, loin de se troubler comme le cerveau masculin, acquiert, au contraire, une lucidité nouvelle.
Seule, elle se plonge dans des rêves délicieux, en compagnie elle montre son bonheur de vivre, dans l’intimité elle bavarde avec audace, sans aucune crainte d'exprimer ses idées, avec ses compagnes elle chante, elle rit, elle prend des ébats pleins de gaîté qui manifestent sa plénitude de vie, son bonheur intime, sa parfaite sérénité.
Cet état de l’âme a été analysé dans l'antiquité. On l'a défini comme un état de perfection de la spiritualité dans toute sa plénitude, état dans lequel on rencontre les indéfinissables délices où nous plonge la sensation d'un équilibre parfait, d'une paix complète et d'une harmonie générale dans le sein de laquelle nous sommes venus nous fondre, avec laquelle nous ne faisons qu'un.
Les Hindous l'appelaient : le Nirvana. Les chrétiens l'ont appelé : la béatitude des élus.
Cet état de conscience, qui ne peut être égalé en élévation spirituelle, vient de l'augmentation de l'intensité sensitive dans le système nerveux encéphalo-rachidien, augmentation qui se produit, chez la jeune fille, au moment où, chez le jeune homme, c'est une diminution qui commence.
L'accroissement de la chevelure en est un témoignage extérieur. L'activité nerveuse du cuir chevelu reproduit extérieurement l'activité nerveuse du cerveau. Chaque cellule nouvelle de la moelle grise est, pour ainsi dire, représentée par un nouveau bulbe pileux. Il y a corrélation entre la moitié cachée et la moitié externe de la réserve nerveuse encéphalique.

MODESTIE
Nous avons à expliquer, maintenant, les sept vertus de la femme que l’on a opposées aux sept péchés capitaux de L’homme.
A l'orgueil de l'homme la femme oppose la modestie, l'abnégation, l'esprit de sacrifice, qui fait qu'elle s'efface volontairement devant l’homme, lui laissant la première place.
Considérez ce qui se passe dans une réunion d'hommes et de femmes. Par exemple dans un groupe réuni pour délibérer sur une question quelconque. La femme ne cherchera jamais à prendre les positions éminentes, elle restera toujours, modestement, en arrière, parlant après les autres, se manifestant après les hommes. Et cependant, souvent ce sont elles qui ont le plus de mérites, toujours le plus de valeur morale, et, pendant qu'elles hésitent à exprimer leurs pensées justes on voit des hommes qui, sans hésitation aucune, viennent exposer, devant elles, les idées les plus fausses, les plus absurdes.
C'est justement ce contraste qui prouve la valeur des femmes ; la modestie se développe en proportion de la valeur individuelle ; plus l'intelligence augmente plus l’orgueil diminue, et vice versa.
C'est encore pour obéir à ce besoin de s'effacer que la femme signe presque toutes ses œuvres d'un nom d'homme, laissant au sexe masculin la gloire de ce qu'elle produit.
C'est ainsi que tant de femmes ont été les initiatrices, ou les véritables auteurs, de travaux dont la postérité fait gloire à un homme qui était près d'elle.
Si l'on voulait rétablir la vérité et restituer le véritable sexe des auteurs qui ont illustré l'humanité depuis l'antiquité, on causerait un étonnement profond, tant l'esprit des hommes s'est habitué aux mensonges historiques. Permettons-nous, cependant, de rappeler que Homère, Esope ou le « Roi David », entre autres, étaient des personnalités féminines. On n'a pas assez pensé que ce sont des hommes qui ont écrit l'histoire et qu’ils l’ont écrite avec leur orgueil, glorifiant leur sexe à travers les âges comme ils le glorifient dans les temps modernes, et laissant dans l'ombre la femme modeste, faisant incessamment une œuvre que l'homme lui vole incessamment.

ALTRUISME
La qualité dominante de la femme, c'est l'altruisme. Elle est opposée à l’égoïsme de l’homme.
Cette qualité se développe, en elle, par la sexualité, qui lui donne, avec le bonheur de vivre, l'amour de la vie, en elle et dans les autres.
C'est à cette qualité féminine que sont dues toutes les bonnes actions dont la vie des femmes abonde : la générosité, la charité, la promptitude à rendre service, à aider ceux qui luttent, à consoler ceux qui souffrent : c'est l’affabilité, la politesse, les prévenances de toutes sortes des vraies femmes.

DOUCEUR — PATIENCE
La colère masculine n'existe pas chez la femme. Elle est remplacée par la douceur.
C'est encore la sexualité féminine qui adoucit le caractère. Ce fait a pu être démontré expérimentalement. Voici comment : C'est dans le cervelet qu'est le siège de la motricité, et c'est son développement qui détermine la réaction motrice. Goltz, dont nous avons rappelé les expériences, a constaté que l'ablation du cerveau postérieur amène des symptômes psychiques qui offrent le plus frappant contraste avec ceux observés par l'ablation des lobes antérieurs.
« Les chiens les plus mauvais, les plus violents et les plus agressifs deviennent bons, doux et inoffensifs après l’ablation du cervelet. C'est en vain que les autres chiens les attaquent, les mordent, les volent, ils n'entrent plus en colère.
Leur démarche est lente, circonspecte. On dirait que l'organe de la défiance et de la colère leur a été enlevé. »
Or, c'est vers cette voie que marche l'être femelle, en suivant son évolution sexuelle, l'ablation naturelle du cerveau postérieur par suite de l'élimination de l'élément qui nourrit les nerfs moteurs et, d'autre part, le développement continu du cerveau antérieur, dont les éléments médullaires ne sont jamais donnés, par elle, à la génération. Le poids normal du cervelet de l'homme est de 169 grammes.
Celui du cervelet de la femme est seulement de 147 grammes.
Nous ne nous arrêterons pas ici à rappeler la patience des femmes en face des hommes qui cherchent à les exaspérer, leur inépuisable douceur, même lorsqu'elles sont tyrannisées, l’admirable mansuétude avec laquelle elles pardonnent, même à ceux qui les tuent.
Celles que la torture exaspère n'en viennent à des actes de révolte que lorsque leur nature physiologique ne peut plus supporter l'excès de tourment qu'on leur inflige. Leur réaction, alors, n'est que la légitime défense de leur vie menacée.

SOBRIÉTÉ
A l’intempérance des hommes opposons la sobriété des femmes. Et, cependant, il a été démontré que la femme doit consommer plus d'aliments que l'homme, à égalité de poids.
Ses organes nutritifs ayant un plus grand développement par suite de la nécessité où elle est de manger pour deux pendant la gestation et l'allaitement, et même, en dehors de ces époques, puisque les menstrues lui font toujours perdre ce que l'enfant absorberait s'il était présent dans l'utérus.
Or, loin que la femme consomme plus d'aliments que l'homme, c'est l'homme qui en consomme plus que la femme.
Et chacun sait le peu d'importance que l'on donne à la nourriture, dans une maison où il n'y a pas d'hommes. C'est si bien passé dans les mœurs que le salaire des ouvrières est moindre que celui des ouvriers, sous prétexte que la femme a moins de besoins.
Or, la physiologie prouve le contraire.
C'est donc un vice qui règne chez l'homme, et non un besoin, quand il exige pour lui plus que pour la femme.

ACTIVITÉ
Nous avons dit que la paresse du corps est le résultat de la paresse de l'esprit et que l'homme dégénéré ne travaille plus parce qu'il ne pense plus.
Or, la femme n'est jamais inactive parce que sa pensée est toujours éveillée.
Prenons-la dans les basses classes de la société. Là, la mère est condamnée à un travail forcé et incessant, elle n'a ni jour de repos ni vacances. Le ménage est une galère à laquelle elle est condamnée pour sa vie entière, c'est elle qui fait vivre la famille, et souvent l'habille, et son travail, qui devrait suffire à l'activité d'une personne, est encore augmenté des souffrances et des occupations de la maternité.
Prenons-la dans les classes élevées. Là, elle n'a pas de ménage à faire, elle est soulagée d'une partie des occupations maternelles, elle a des loisirs.
Qu'en fait-elle ? Elle se livre à des travaux à l'aiguille, qu'on appelle « des travaux de dames » pour bien indiquer que ce sont les femmes riches qui les font. Or, ces travaux sont, souvent, de véritables chefs-d'œuvre d'art et de patience.
Ils sont toujours une occupation qui la tient au travail une grande partie de la journée, souvent presqu'autant de temps que certaines ouvrières qui font des choses moins difficiles pour gagner leur vie.
Et pendant que les femmes du monde consacrent leurs loisirs à ces travaux libres (qu'on n'apprécie pas parce qu'ils sont inutiles, mais qui n'en sont pas moins un travail) que fait l'homme riche qui soit une occupation équivalente en activité ?
Il va au cercle, il va aux courses, il joue au billard, il va au théâtre, il cherche la femme... en un mot : « il flâne ». Nous ne voyons aucun travail d'amateur fait par tous les hommes riches, pendant que toutes les femmes riches font des travaux de dames.

Nous venons de montrer que les sept péchés capitaux de l'homme sont remplacés, chez la femme, par sept vertus.
Une femme qui aurait, comme l'homme, l'orgueil, la jalousie de sexe, l'intempérance, la colère, la paresse, serait un monstre, on l'appellerait une virago, mot qui signifie qu'elle se rapproche de l’homme.
Et, non seulement elle n'a pas les sentiments de la nature masculine, mais elle en est la victime, elle en souffre et c'est pour cela que, des sept péchés capitaux on a fait les sept douleurs de la femme.
Les antiques religions avaient fait de ces égarements masculins des péchés mortels ce qui voulait dire qu'ils tuaient L’âme (1). Et, en effet, la luxure qui les engendre tous, tue l’âme, puisqu'elle épuise le cerveau en lui volant ses éléments médullaires pour les expulser traîtreusement.
Chez la femme, pas de péchés mortels possibles, puisque son âme garde son intégrité ; ses fautes, toujours légères, ne peuvent l'atteindre, aussi on les appelait péchés véniels (de Véneris, génitif de Vénus). C'est Vénus qui représente la sexualité féminine, ce sont les péchés de la femme sexuelle qui sont véniels.
Les religions modernes ont embrouillé tout cela, mais la science et les étymologies nous restituent la vérité.
(1) Dans le « Livre des Morts » égyptien, Marcelle Senard explique que « le défunt dévoré par son propre désordre (le péché, la faute) est le type exclusivement destructeur, celui qui se donne la mort par sa propre piqûre, qui se détruit par son venin, par son péché contre l'Ordre. » (Le Zodiaque clef de l'ontologie appliqué à la psychologie)

DÉVELOPPEMENT CÉRÉBRAL
Il nous reste à étudier la grande question : celle du développement cérébral pendant l'évolution sexuelle.
Nous avons vu que, chez l’homme, il se fait une régression cérébrale qui trouble ses idées et amène le doute, d'abord, ensuite, et par degrés progressifs, la fausseté, le mensonge, le scepticisme et la folie.
Que se passe-t-il, chez la femme, à l’âge correspondant ?
Rien de semblable.
Le développement cérébral, commencé dans la vie embryonnaire, continue, chez elle, pendant toute son existence. Ses éléments médullaires ne sont jamais soustraits de leur masse primitive, jamais déviés de leur direction première puisqu'ils ne servent pas aux fonctions sexuelles. L'évolution intellectuelle, commencée dans l'enfance, continue dans la femme ; elle progresse parce que sa substance médullaire continue à cheminer d'arrière en avant, ses idées ne se faussent pas, son jugement reste droit, son angle facial ne diminue pas, elle ne connaît pas les moments de doute qui envahissent l’homme, elle n'a pas à faire l’effort qu'il fait pour remettre son cerveau droit, c'est-à-dire pour reprendre possession de sa raison puisque son cerveau reste toujours droit, en vertu d'une cause constitutionnelle qu'elle ne peut même pas changer. Sa raison est spontanée, alors que celle de l'homme est raisonnée. C'est pourquoi la femme est si prompte et si sûre dans ses jugements.

L’INTUITION - LA VOYANCE
Le dernier mot de l'évolution sexuelle dans le sexe féminin, c'est « la Science », c'est-à-dire la connaissance parfaite, la certitude, de ce qui existe dans la Nature et dans l'homme.
Voici quel est le mécanisme qui détermine cette magnifique faculté, cette « voyance », ou, plus modestement, cette intuition, qu'on appelle génie quand, exceptionnellement, elle se produit chez un homme.
Lorsque la moelle grise, qui recouvre la blanche, la dépasse dans la partie antérieure du cerveau, il existe une région qui n'est plus atteinte par les fibres motrices sous-jacentes. Ce sont les cellules de cette région qui renferment, en dépôt, les idées sourdes (idées inconscientes, puisque la conscience résulte de la mise en activité des cellules par les fibres motrices).
Cependant ces idées se révèlent à nous sous formes d'intuitions (perceptions spontanées), dont le caractère principal est de n'être pas voulues. Elles sont toujours inattendues et surprenantes.
Ces intuitions sont impossibles chez les hommes qui ont commencé la régression des courants médullaires, puisque, chez eux, la moelle grise a été tirée en arrière ; elle ne peut donc plus dépasser la blanche.
C'est plutôt la blanche qui dépasse la grise et donne à l’homme la volonté, sans la lumière, faculté inverse de l’intuition, qui est une lumière non voulue ; Les idées révélées par intuition sont les plus justes, elles ne peuvent même être que justes, puisque les cellules qui les révèlent ne peuvent pas avoir été déviées par les courants moteurs, ceux-ci ne les atteignant pas. C’est par le choc qu'elles se donnent entre elles que ces cellules vibrent. On dirait qu'elles sont dépositrices d'un monde d'idées que nous n'apercevons pas dans notre vie consciente, toujours un peu déviée. C'est qu'elles reproduisent les idées acquises dans la jeunesse de l'humanité, alors que l’enfant-humain avait un angle facial plus ouvert que celui de l'homme actuel. Ce sont les idées apportées au monde par ce moyen, qu'on appelle suprasensibles ou idéalistes. Elles sont rares, peu connues, presque toujours tenues secrètes à cause du mauvais accueil qui leur est fait par les hommes qui nient cette faculté parce qu'ils ne la possèdent pas ; et, dans leur ignorance, ils appellent fiction ou illusion ce que la femme perçoit de plus réel. Ils font de cette réalité un rêve.
D'autres y voient un troublant mystère, des réalités bizarres, invraisemblables, anormales, impossibles quoi qu'elles soient.
La science occulte n'est pas autre chose que l'ensemble des connaissances dues à « la voyance » des femmes, et cachées aux hommes.
« L'occultisme, dit l'un d'eux, nom mystérieux, tout enveloppé de terreurs, qui, à nos cerveaux frappés, à nos âmes inquiètes, apparaît comme un pâle fantôme dont le front blême est ceint d'une étrange couronne d'énigmes ! »
S'il est un sixième sens anonyme et insoupçonné, c'est celui-là.
Mais il ne faut pas confondre ses manifestations, très réelles, avec les supercheries de ceux qui veulent les imiter.
L'homme-enfant a encore une certaine voyance, comme un souvenir atavique de son enfance phylogénique. Plus loin dans la vie, il n'a plus que le souvenir vague d'un passé perdu qu'il voudrait reconquérir.
« L'homme est un Dieu déchu qui se souvient des cieux » a très bien dit Lamartine.
Or, ces souvenirs de l’homme, ces idées lointaines et perdues, sont les idées présentes de la femme. Le point auquel il s'est arrêté est celui à partir duquel elle a monté. Elle arrive au sommet quand il atteint les bas-fonds. Car il ne reste pas stationnaire, au point d'arrêt : il descend.
Qu'on nous permette une figure :
Représentons-nous la femme, assise en face de la Nature, en face du soleil qui l'éclaire, comme devant un panorama qui se déroule devant elle. Elle voit ce qui se passe, ce qui existe. La connaissance qu'elle en acquiert n'est pas, pour elle, un effort ; elle n'a que la peine de regarder.
Mais l’homme, à un moment donné, a été obligé de se retourner, entraîné par une force qui l'a dominé. C'est qu'il est devenu négativement héliotropique et, pour fuir le soleil, il s’est mis dans une direction contraire. Dans cette nouvelle position il ne peut plus voir le brillant tableau qui se déroulait devant lui, avant ce mouvement, à moins de faire un effort, d'exécuter une torsion et, quoi qu'il fasse, cependant, il ne peut plus reprendre sa première position en face du soleil.
Maintenant il est placé dos à dos avec la femme et c'est par elle qu'il sait la Nature, c'est elle qui lui dit ce qu’elle voit.

SAGESSE
La sagesse c'est la prudence, la prévoyance, la pondération qui résulte de la connaissance parfaite de la nature de l'homme.
C'est parce que la femme possède l’intuition, qui lui fait connaître les lois de la Nature, qu'elle agit avec sagesse, c'est-à-dire en pleine connaissance des conséquences de ses actes.
Lorsqu'à toutes les facultés que la femme doit à l’hérédité, elle ajoute celles qu'elle peut acquérir dans sa vie individuelle, elle arrive à posséder toutes les qualités qui font la sagesse, et que l’antiquité avait personnifiées dans Junon, dans Minerve.
« La femme complète, a dit un philosophe, parait offrir la forme sous laquelle la vie humaine se développe avec le plus de grandeur. »
C'est à la maturité de son âge qu'elle arrive à ce degré d'élévation. Et nous sommes bien forcés de constater que l’âge auquel la femme arrive à son apogée intellectuelle est celui auquel l'homme dégénéré arrive à la folie.
Ce sont les deux termes extrêmes de l'évolution sexuelle.
Mais toutes les femmes n'arrivent pas au même degré d'élévation, comme tous les hommes n'arrivent pas au même degré d'abaissement, parce que les uns et les autres n'ont pas, derrière eux, les mêmes conditions phylogéniques.
Si l'homme pouvait, par un coup de magie, passer dans l'organisme d'une femme, arrivée à cette apogée de l'esprit, et apercevoir ce qui se passe dans son cerveau, il serait saisi de surprise, en considérant le monde nouveau qui lui apparaîtrait, l'ensemble d'idées, nouvelles pour lui, qui lui seraient révélées soudainement. Mais l'homme ne peut pas comprendre ce qui se passe dans le cerveau de la femme, comme la femme, sans entrer dans l'organisme d'un homme, sait, cependant, ce qui s'y passe.
Pour que l’homme comprenne la femme et comprenne, comme elle la Nature, il faudrait qu'il fût resté à son degré primitif de pureté, qu'il fût resté enfant, qu'il n'eût pas évolué dans sa vie sexuelle. Il n'existe pas d'homme dans ce cas, il n'existe pas d'homme sans péché.
Mais, y en eût-il même, que cette circonstance n'arriverait pas à amener l'équilibre des facultés qui régnaient dans l'enfance de l'humanité, parce que l'homme, en dehors de ses actions physiologiques actuelles, subit les conséquences de l’héritage ancestral dont il ne peut entraver les effets.
Ainsi donc, alors même qu'il ne diminuerait pas ses facultés sensitives lui-même, elles décroîtraient, cependant, à son insu, d'abord par le fonctionnement de tous les organes que le grand sympathique régit, ensuite, à cause de l'impulsion acquise dans la vie de ses ancêtres.
Et, pendant que ses facultés sensitives diminueraient ainsi, fatalement, la femme, qui, elle aussi, a rompu, depuis longtemps, l’équilibre primitif par son fonctionnement sexuel, est entrée dans une voie d'augmentation progressive de la sensibilité où l'homme, quoi qu'il fasse ne peut la suivre.
Et, de même que l'héritage ancestral est fatal pour l'homme il est fatal pour la femme.
Ainsi, alors même que l’on entrave le fonctionnement sexuel de la femme, pour la maintenir dans l'abaissement, elle subit, cependant, l'influence de l'hérédité, elle marche en avant, malgré les entraves. L'évolution sexuelle est irrévocable. Depuis la séparation des sexes l'homme et la femme s'en vont dans des directions opposées. Ils sont comme les deux mains tournées chacune d'un côté différent.

CRÉDULITÉ
Une des qualités de la femme, sa rectitude d'esprit, engendre, chez elle, un défaut capital : la crédulité. Ne mentant pas, voyant le monde avec son esprit droit, elle ne veut pas croire au mensonge, à l’erreur et c'est cette circonstance qui a été exploitée par tous les imposteurs. Sa crédulité est aussi grande que le scepticisme de l’homme est grand. Et cette qualité est devenue un défaut par son excès même.
« L'âme féminine est d'une simplicité à laquelle les hommes ne peuvent croire. Où il n'y a qu'une ligne droite ils cherchent obstinément la complexité d'une trame : ils trouvent le vide et s'y perdent. » (Pierre Louys)
Il ne faut pas confondre le mensonge social avec le mensonge psychologique. C'est de ce dernier, seulement, que nous parlons. L'autre est imposé à la femme par l'éducation qu'on lui donne, pour cacher toutes ses grandeurs et pour pouvoir arriver à vivre dans une société basée sur l’envie, l'hypocrisie, et l'injustice.



« Je vois que tu crois ces choses parce que je te les dis, mais tu n’en sais pas le pourquoi, en sorte que pour être crues elles n’en sont pas moins cachées. » 
(Dante, La Divine comédie, Le Paradis, Chant XX)


À suivre : CEUX QUI VIVENT CE SONT CEUX QUI LUTTENT...