LA GRÈCE ANTIQUE



« Tous les peuples ont obéi à la Femme »
(Aristote)

E φ ε σ ο σ
φ ι λ ι π π ο σ



La mythologie, c'est l'histoire du monde primitif, mais falsifiée et parodiée par les Grecs pour y introduire leur masculinisme. Ce peuple orgueilleux a voulu se glorifier de tout ce qui a été fait par les autres peuples. Et ce sont ceux-là qui vont nous raconter l'histoire des nations qui les ont chassés de leur territoire. Là sera leur vengeance. Quand les Grecs (graia, grues), ce qui, alors, voulait dire « rebut », feront leur mythologie, qui a pour but de cacher le rôle de la femme, ils diront qu'Ariane était la fille de Minos, que dans le Labyrinthe de Crète Thésée se serait égaré sans le fil d'Ariane (c'est-à-dire la Science). Ce qui prouve bien que le Labyrinthe, c'est le symbole de l'erreur, de la parole de mensonge des imposteurs qui sont venus tout embrouiller en supprimant le rôle des femmes et en substituant des Dieux mâles aux antiques Déesses.


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LA GRÈCE ANTIQUE
INTRODUCTION
Les grandes époques de la religion grecque sont résumées dans son histoire et représentées par les noms que ce peuple se donne.
Nous y trouvons d'abord les Pélasges qui créent la grande civilisation pélasgique, « qui tient le caractère qui la distingue, dit Bachofen, de l'importance prépondérante de la maternité ». C'est pour cela qu'ils sont condamnés et décriés par les masculinistes qui les appellent « peuples noirs » (non pas de race noire, mais de la noirceur qu'on attribue au mal).
Viennent ensuite les Héraclides (de Hercule) qui triomphent des Pélasges. C'est l'époque héroïque, celle de la grande lutte des Amazones contre les héros conquérants et usurpateurs.
Les Hellènes leur succèdent. C'est le triomphe du parti féministe qui rend à la nation le nom d'une femme, car Hélène, en Laconie, a toujours été considérée comme une Déesse. Par le nom d'Hellènes, on doit entendre les solaires, Hélices ou Iliones.
Les Orphiques qui viennent après s'opposent aux Hellènes et créent une religion nouvelle, l'Orphique Apollonienne, avec ses mystères obscènes, sa loi sévère du mariage imposé à la Femme, loi qu'on veut opposer à l'hétaïrisme, c'est-à-dire au régime de liberté de la Femme.
Les Orphiques renversent la signification des mots ; pour eux, ce sont les Hellènes qui sont les lunaires, et ils vont se déclarer, eux, les solaires.
On voit alors apparaître une secte masculiniste ; les Argiens (les blancs), qui font opposition aux féministes phéniciens (les rouges).
Enfin, la division se retrouve dans les Doriens ou Achéens, parti mâle, en opposition avec les Ioniens, parti féminin.
C'est après ces étapes que nous arrivons à l'époque philosophique qui amène une décadence masculine. Cette époque est une réaction contre la fugitive renaissance de la religion théosophique, le Pythagorisme, dont les historiens masculins parleront peu, mais qui nous est révélée par les monuments.
C'est quand le parti masculin se croit vaincu que les hommes élèvent des temples à la Concorde. Quant au nom de Grec, qu'ils se donnaient difficilement à eux-mêmes, il venait d'un mot celte, Graïa (une grue) (1). Ne perdons pas de vue que la langue grecque, dans sa première forme, a été celle des Celtes, et que les noms qui ont été transmis chez les Grecs et les Latins, et que nous retrouvons dans leur mythologie, venaient du Nord.
Cette origine de leur nom prouve que les Grecs étaient mal vus, ils étaient considérés comme les suiveurs de Ram (2), le rejeté des nations. Le misérable orgueil qui les animait leur donna l'idée de passer pour autochtones et de s'élever au-dessus des autres nations qu'ils jalousaient. Profitant d'une certaine analogie qui se trouvait entre les noms de leurs villes et ceux des villes de la Phénicie ou de l'Egypte, ils faisaient naître dans la Thèbe béotienne celui qu'ils appelaient le souverain universel, Hercule, qui copie la Déesse Héra. Pour eux, le Manou des Indiens devient le Minos de l'île de Crète. Ils assuraient que Persée, fils de Danaë, avait été le législateur des Perses ; ils attribuaient l'invention de la charrue à une Cérès grecque et forgeaient une infinité de fables plus absurdes les unes que les autres, pour prouver que les grandes découvertes scientifiques, faites chez les Celtes, venaient de leur pays.
Nous expliquons, entre autres, dans l'article « Faits et temps oubliés », ce qu'ils inventèrent, sous le titre de Cycle de Méton, ou nombre d'or, pour attribuer à un prétendu astronome grec la découverte de la périodicité des éclipses de lune faite par la Déesse Corona, qui donna son nom aux Cornouailles. On y ajouta les calculs d'éclipses attribués à Anaxagore.
Puis voici Eratosthène à qui on attribue la mesure de la circonférence de la terre, qui était enseignée dans les collèges des Druidesses.
Et pendant qu'ils attribuaient à la Grèce tout ce qui se faisait en Celtique, ils niaient la grandeur de ce pays à qui ils devaient toutes leurs connaissances.
Et le peuple grec, devenu arrogant, croyait à tous ces mensonges et commandait aux plus fortes têtes d'y croire.
Les Mystères établis pour faire connaître la Vérité, ouverts à un trop grand nombre d'initiés, perdaient leur influence. Les Hiérophantes, intimidés ou corrompus, se taisaient ou consacraient le mensonge. Il fallait nécessairement que la Vérité se perdît tout à fait. C'est ce qui arriva. La Grèce, éprise d'une folle liberté, céda aux orages des passions ; elle se divisa. A peine vainqueurs, les Athéniens et les Spartiates se brouillèrent et arrosèrent de leur sang les plaines du Péloponèse.
(1) Les religions masculines ont fait de Hansa (cigogne ou grue) un symbole du dieu mâle et enseignaient que l'oie ou le cygne était un oiseau fabuleux qui boit du lait. Les sectes masculines prenaient le titre de Hansa, et une association appelée Hanse fut renouvelée au moyen âge.
Le chameau, qui a deux bosses et un long cou, a aussi représenté le phallus.
Les hommes des ports, les portefaix, étaient appelés grao (grues), d'où graii, grœci, gravii, terme de mépris qui indique qu'ils n'ont pas droit de cité. Ces hommes des ports étaient mal reçus par les habitants du pays, qui leur disaient, en celte, Vor (hors d'ici). Ils répondaient en les repoussant hors de leur ville et les appelaient, avec leur prononciation grecque, bar-bar, ce qui servit à désigner les populations du pays. Les Grecs ne seraient pas une race, mais le ramassis de tous les hommes des ports qui emportèrent avec eux l'épithète de graïa (grue) qui devint le nom de la Grèce.
(2) C'est ce Ram celtique que les hindous appellent Râma (également connu sous le nom de Ramachandra), le grand perturbateur et usurpateur du régime féminin en Asie, c'est lui que le Tibet, la Chine, le Japon et les immenses régions du Nord de l'Asie honorent sous le nom de Lama. Il est connu sous le nom de « Fo », de « Pa », de « Pa-pa » (monarque paternel) ou de « Pa-si-pa » (Père des pères). C'est lui qu'en Perse on a appelé Giam-Shyd (Djamchid) et dont on a fait le premier monarque du monde.


Γ Δ Υ ☐ И


RÉVOLUTION RELIGIEUSE EN GRÈCE
Rappelons que dans les premiers temps, le pouvoir gynécocratique a été attaqué en Grèce par des hommes que l'histoire appelle des Héros, mais qui en réalité ne sont que des grands bandits poursuivant et volant lâchement des femmes qui régnaient paisiblement dans leurs tribus.
Ces hommes, Thésée, Persée, Bellérophon, Jason, etc. doivent être montrés aux jeunes générations comme des brigands qu'il faut mépriser et non comme des héros qu'il faut admirer. Ils vont disputer à la femme son hégémonie, qui, dans ces temps anciens, était la suprématie qui appartenait au sexe féminin dans les fédérations de l'antiquité grecque.
Avec ce dernier millénaire avant notre Ère, un cycle nouveau va commencer.

LA SCIENCE ANTIQUE CACHÉE DANS LES MYSTÈRES
Les Hellènes n'avaient pas proprement d’Écritures saintes, ils avaient seulement des espèces de rituels, servant de codes sacrés. Rien n'en a été conservé. Mais ils avaient des oracles, c'est-à-dire des récitations orales, très courtes en général. On les attribue à des inspirées libres, les premières Sibylles, que nous retrouvons plus tard dans les Temples, où elles continueront à enseigner.
Mais cet enseignement n'est pas donné à tous, il est réservé pour les initiés qui sont admis dans les Mystères. C'est dans ces assemblées qu'on enseignait tout ce qui concerne la Religion, et la religion comprend la science.
La divulgation des Mystères était considérée comme un crime et punie de mort. Horace dit : « Je ne voudrais pas habiter sous le même toit ni me confier à la même barque fragile que l'homme qui aurait trahi les Mystères d'Éleusis ».
Les anciens historiens s'accordent tous à montrer dans quelle vénération et quel respect étaient tenus les Mystères. Plutarque rapporte qu'Alcibiade fut traduit en justice pour sacrilège parce qu'il avait, en compagnie d'amis, imité les Mystères d'Éleusis.
L'initié, dans les Mystères, devenait un autre homme, un homme régénéré, et prenait un autre nom, en même temps qu'il s'intitulait Mâo Soon qui, en grec, signifie : « Je cherche ce qui est sûr », c'est-à-dire la Vérité.
C'est de ces 2 mots Mâo Soon qu'on fera plus tard maçon. Maçonnerie vient de Mesouraneo (Je suis au milieu du ciel) d'après le Dr Fischer.
Ce sont les « Mystères » d'Egypte qui servirent de modèle à ceux de la Grèce, mais c'est en passant par la Palestine qu'ils arriveront en Europe.
On fixe au règne d'Erechtée, qui venait d'Egypte, ou à l'an 1423 avant l'ère actuelle, l'établissement des Mystères d'Éleusis (Diodore).

LE POLYTHÉISME EN GRÈCE
La chronologie a une importance capitale. Cependant, elle a toujours été négligée (ou altérée) à dessein, puisque les usurpateurs ont toujours voulu justifier leurs conquêtes en donnant une haute antiquité au fait nouveau qu'ils venaient établir.
L'introduction des Dieux dans la Religion est le grand fait qui caractérise l'époque dont nous nous occupons. Elle commence vers le 8ème siècle avant notre ère et dure jusqu'au Christianisme, qui change le système théologique en résumant toutes les entités divines en un seul Dieu. Nous avons à chercher quand, et par suite de quelles circonstances, les Dieux furent introduits dans l'Olympe hellénique.
Jupiter, qui va se placer à côté de Déméter, puis devenir si grand qu'il l'éclipsera, semble remonter au 9e siècle. Vers 884, Iphitus établit les Jeux Olympiques en l'honneur de ce nouveau Dieu, et avec l'intention de le faire accepter.
Ces jeux ne commencèrent à servir d'époques chronologiques que vers 776. L'ère des Olympiades date de la victoire de Corébus, qui fut le premier inscrit sur les registres publics (1).
Jupiter fut d'abord appelé Junan à Rome ; il était un dédoublement de Junon. D'autres croient que c'est de Dia-Mater (Déméter) que l'on a fait Diu-Piter. Il peut se faire que deux anciennes formes, d'abord distinctes, se soient fondues l'une dans l'autre (l'une grecque, l'autre latine). Ju vient de dyu, thème infléchi de Dyaus qui, en sanscrit, signifie Ciel ; Piter (le Pater des Latins), c'est le Pator des Egyptiens.
Hercule semble remonter aux temps héroïques et avoir été un de ces hommes forts et batailleurs, qui furent des héros d'aventures retentissantes. Panyasis, oncle d'Hérodote, chantait les exploits d'Hercule vers 600 avant notre ère.
Apollon a une histoire plus compliquée. Nous ne le connaissons généralement que par la dernière forme donnée à ses multiples avatars, celle qui l'a déifié et glorifié en en faisant le Père de la poésie. On lui donne 10 apparitions, imitant celles de Vishnou. Sa destinée ultime, figurée dans la mythologie classique, est loin, d'être sa forme primitive.
(1) Le commencement des Olympiades n'est pas bien connu. On négligea assez longtemps de marquer les noms des vainqueurs dans les Jeux Olympiques. Corébus est le premier dont le nom soit venu jusqu'à nous, et il ne fut couronné que dans la 27° Olympiade, environ 108 ans après l'établissement de ces jeux par Iphitus.

ZEUS
Zeus, qui représente la puissance vitale, qui est appelée Zoon ou Zoé, va être tantôt « une vierge immortelle », tantôt un Jupiter.
Le mot Zeus vient du sanscrit : c'est une transformation du mot Dêvâ, qui devint Diva, de là Dyaus, Zevos, et Zeus (le V et l'U se confondent). En grec, on disait Zeus Kronidès, c'est-à-dire éternel. Le mot éternel, ou immortel, accompagne toujours le nom de la Déesse. La fable que l'on bâtira autour de ce nom sera un symbole cachant la loi des sexes.
Voici ce qu'elle dit :
« Zeus est né de Kronos, le temps, le Principe éternel.
« Kronos dévore ses enfants, mais Zeus lui échappe ».
Mettons des sexes là où on les a supprimés et disons : « Le Principe de vie dévore ses fils, mais ses filles lui échappent. »
La fable ajoute que Zeus, la vie, a été élevée en secret par sa mère. C'est le secret de la vitalité féminine.
La destinée des hommes dépendait de la volonté de Zeus.
C'est Elle qui gouverne le monde ; elle a pour l'aider trois Parques : Klotho, Lakhésis et Atropos, qui tissent la trame du destin des hommes.
Mais Zeus, la Déesse, fut chassée du Ciel, c'est-à-dire de son empire, par l'homme sexuel représenté par Kronos ; car l'homme dans sa sexualité est toujours personnifié par l'essence de la vie qu'il donne, par le Soleil qui la représente dans le Ciel.
Kronos, alors, devient l'origine du mal. C'est ainsi que le représentent les Hindous dans Krôn, le couronné (la couronne, ce sont les cornes (1) du Bélier de Ram : les disciples de Ram étaient appelés Ramsès en Egypte).
Donc Kronos, l'homme sexuel devenu méchant, chasse Zeus du Ciel, qui a été jusque-là son partage. Il en résulte une guerre soutenue par cette Divinité contre les géants nés de la Terre et qui voulaient escalader le Ciel et l'en déposséder (c'est la légende d'Icare). Mais elle triompha d'eux. Ces géants avaient des formes de reptiles (le serpent, ancien emblème de l'homme pervers).
On place en Crète le tombeau de Zeus, le Dieu vivant. Quand on masculinisa Zeus, on en fit le Dieu suprême de l'Olympe et on le représenta assis, le torse nu, tenant un sceptre d'une main, lançant la foudre de l'autre (symbolisme obscène). Un aigle, emblème mâle, fut placé à ses pieds. Puis on lui donna une femme : Métis.
A côté de la défaite de Zeus, nous pouvons placer celle de Déméter qui traverse une époque de deuil, devient malheureuse par suite de la révolte de ses enfants, personnifiés par les Corybantes qui se livrent à des danses frénétiques au son d'une musique furieuse et discordante.
Déméter avait été la grande Déesse d'Eleusis pendant que Héra régnait à Argos. Cette déesse eut aussi à soutenir les assauts de ses ennemis. Héra est richement parée et couverte d'un voile, comme la Déesse Saïs d'Egypte (dont on fait Thaïs) ; le paon lui était consacré ; Elle a pour messagères Iris et les Heures.
Quand la révolution religieuse prétendit renverser les rôles et donner à des hommes sans intelligence les facultés divines, il y eut des censeurs pour les railler, car alors naquit une locution appelée à devenir populaire : on disait de ceux qui imitaient la Déesse qu'ils voulaient se parer des plumes du paon.
(1) Au sujet du mot « corne », précisons qu'il est originellement le nom donné aux hémisphères cérébraux ; quand la corne s'élève vers les lobes frontaux, l'intelligence augmente ; quand elle s'abaisse vers l'occiput, l'esprit s'affaiblit. C'est avec la corne abaissée que seront représentés les démons. On ne représentera les diables avec la corne relevée qu'au Moyen Age et par esprit d'opposition.
Les noms « corne », « crâne », « corniche » ou bien « couronne » (en latin Corona ; Kether en hébreu), se rattachent à la racine indo-européenne KRN (d'où kronos, karanon, keraunos, kernunnos, etc.) qui exprime essentiellement les idées de « puissance » et d’« élévation » ; dans le mot arabe « qarn » (corne) et les mots hébreux « qérén » (rayon de lumière) et « qâran » (rayonnement, irradiation), dont la racine sémitique proche de KRN est QRN, nous retrouvons, d'une part les idées d’« élévation » et de « luminosité » (remarquons que le mot « corne » a aussi pour racine HRN, d'où le mot anglais « horn ») ; d'autre part celle de « courbure » évoquant le déplacement circulaire ou l’idée de cycle et, plus ordinairement, de « siècle » ; cette dernière signification entraîne parfois, chez certains, une curieuse méprise, croyant que l’épithète « dhûl-qarnein » appliquée à Alexandre (« dhûl-qarnein » ou « Dhû-l-Qarnayn » signifie « aux deux cornes » ou « le bicornu », c'est l'épithète des conquérants « qui ont subjugué les deux extrémités du monde, l'Orient et l'Occident ») veut dire que celui-ci aurait vécu « deux siècles ». Rappelons qu'avant Alexandre, Ram, le grand perturbateur et usurpateur du régime féminin en Asie, eut le même surnom : « dhûl-qarnein ». C'est pourquoi Alexandre est le second vainqueur de l'Asie dans la mémoire des Orientaux.

LES TEMPS HÉROÏQUES EN GRÈCE
Vers cette époque, la Grèce fut troublée par de terribles luttes. Quelques hommes sortis de la vie paisible des tribus pour se soustraire au travail régulier et à la contrainte du devoir, parcouraient le pays « armés d'une massue », disent les légendes, c'est-à-dire en batailleurs, cherchant à « prendre » ce qu'ils ne voulaient pas s'astreindre à conquérir par le travail. Tels sont Thésée, Jason, Bellérophon et une multitude d'autres. Hercule est le type de l'homme fort, du héros d'aventures retentissantes.
La mythologie les appelle des héros, mais ce nom qui, aujourd'hui, est un titre de gloire, avait alors une tout autre signification : il désignait l'homme redoutable sorti des rangs de la famille matriarcale et vivant de rapines. Persée, Thésée, Pirithoüs et les autres héros n'étaient que des chevaliers errants cherchant des aventures, très redoutés dans le pays, surtout par les femmes ; redoutés même de celles qu'ils aimaient et prétendaient protéger.
Le mot héros avait une signification analogue à celle du mot mâne, ombre, mort ou mortel (1) chez les autres peuples.
Il désignait celui qui est dans la mauvaise voie et « perd son âme ». Toutes les idées fausses qui servent à glorifier la force, à mépriser le droit, datent de cette époque ; elles sont le résultat de l'évolution sexuelle que l'homme subit et qui dévie sa mentalité.
Les récits mythologiques sont remplis des luttes de cette époque ; tous ont les mêmes causes et arrivent aux mêmes résultats. C'est toujours le caractère dominateur de l'homme qui s'affirme, en même temps que les passions se déchaînent, et le résultat est toujours la lutte avec la Femme, lutte sourde dans la Famille, lutte ouverte dans la Société.
« Aux rivages thraces, les hommes attachent leurs vaisseaux, et volent les jeunes filles thraciennes qu'ils emmènent. » Cette façon de s'emparer des femmes par la force exaspère les Lemniennes et les pousse à commettre leurs fameux crimes tant célèbres : elles tuent les mâles et s'organisent en état amazonique, c'est-à-dire disposé à lutter.
C'est dans une île ainsi dépourvue de mâles que les Argonautes abordent. On dit qu'ils y trouvèrent un accueil favorable.
Les femmes Scythes de Thermodon perdirent tous leurs hommes dans les guerres ; alors elles prirent les armes elles-mêmes et des bandes de femmes armées débarquèrent sur toute l'Asie Mineure.
Partout on voyait se produire des événements semblables.
Arrêtons-nous à quelques-uns de ces récits, il serait trop long de les mentionner tous.
(1) Héros est le masculin de Héra. D'après Cailleux, il vient de heir en celtique (le fils de la Vierge), d'où héritier. Il fait héros en grec. Cailleux croit que, chez les Hindous, héros a formé « Arya » qui désigne les brahmes. Nous ne le croyons pas.
Dans les noms comme Hérostrate, l'h tombe et le mot devient Erostrate.
Quand, dans héros, l'h tombe, cela devient éros.

LE MYTHE DE JASON
Jason est un des héros qui combattent ouvertement la Femme et cherchent à renverser le régime matriarcal. C'est Médée qui est sa victime ; c'est elle qu'il arrive à dépouiller de son autorité et de sa liberté ; c'est cette dépouille qui est symbolisée par la « toison d'or », alors que la Femme était représentée par l'agneau.
Et on nous dit :
« Médée, vaincue par l'apparition magnifique de Jason, renonce pour toujours à la lutte ». Et on a voulu voir dans cet assujettissement de la femme à l'homme l'origine du mariage.
Partout où les Jasonides débarquent, les anciennes conditions sont renversées, l'ère religieuse est vaincue.
Euripide, qui viendra plus tard et donnera un coup terrible aux droits de la Femme, présente cet assujettissement comme une garantie pour elle, puisqu'elle va se trouver, dès lors, en sûreté devant les poursuites d'Absyrtus. C'est donc dans son intérêt qu'elle va être assujettie. Cependant, la fureur de Médée vaincue nous prouve qu'elle n'accepte pas cette protection de l'homme et préfère sa liberté.
Voici comment le mythe de Jason est enseigné à la jeunesse :
Jason et les Argonautes. Ce personnage se fait appeler le salutaire, celui qui porte secours (medeor, curo, sano), c'est lui qui va chercher en Orient la toison d'or, palladium du pays, et que Médée, une magicienne, reine des Mèdes, poursuit de sa passion charmeresse.
Donc, les jeunes collégiens vont croire que c'est la femme qui poursuit l'homme, alors que c'est l'homme qui poursuit la femme et veut l'assujettir à ses passions. Quelle belle occasion cependant de faire une leçon de morale à la jeunesse, en lui montrant que les Argonautes sont des bandes révoltées qui ne veulent pas s'assujettir au travail (Argon signifie paresseux) !
Et au lieu de montrer les hommes comme des vagabonds dangereux, on en fait des sauveurs !.., sauveurs de quoi ? Jason est le héros connu pour l'enlèvement de Médée qui porte encore à Corinthe le nom de Reine et dispose du trône.
Et Jason est un sauveur !

THÉSÉE
Dans les livres classiques que l'on met entre les mains de nos jeunes gens, on dit que « Thésée purgea l’Attique des Amazones et qu'il épousa leur Reine Antiope, qui fut mère d'Hippolyte. »
En effet, Thésée se posa en adversaire des Femmes et attaqua violemment la gynécocratie qui était défendue par les Amazones.
Les nouvelles mœurs que Thésée essaya d'introduire dans le monde étaient en contradiction avec celles qui avaient existé jusque-là ; il en résulta une lutte violente qui s'engagea entre les deux partis. Athéné en fut le prétexte. On croit que c'est vers 1.200 que Thésée arriva à vaincre les Amazones (1). Cette défaite fut le prélude de la lutte soutenue entre l'Asie et l'Europe. Le souvenir de cette lutte est resté dans la littérature et dans les arts. Aristophane la mentionne ; Attalas décora les murs de l'Acropole de tableaux représentant le combat des Amazones et la défaite de Gallieus en Mycie. Dans l'intérieur du temple dédié à Thésée, le combat des Amazones est représenté par des sculptures. On le trouve aussi sur la façade du Parthénon et à la base des jeux Olympiens.
Ce fameux combat est figuré également au pied du sanctuaire d'Arthémise (voir au Louvre) et en maints endroits à Athènes.
La colonne du temple Olympien a, dit-on, été élevée en l'honneur de l'amazone Hippolyte à l'endroit où elle succomba.
Une place près du temple de Thésée perpétue le souvenir de la conclusion de la paix et porte le nom de Horkomosium.
A ce propos, Plutarque parle d'une grande fête de Thésée et des Amazones. D'abord on institua la fête des héroïnes tombées, puis celle de leur vainqueur.
Plutarque nous parle du lieu où sont enterrées les Amazones vaincues. Les blessées étaient envoyées secrètement par Antiope à Chalcis où elles recevaient des soins.
D'après d'autres, c'était une fondation des Amazones, et Diodore nous dit qu'elles avaient là leur camp.
A Athènes, on montre le mausolée d'Antiope et celui de Molpadia.
D'autres villes sont, comme Athènes, pleines du souvenir des Amazones, entre autres Chalcis. Un tombeau amazonique existe encore à Mégara, juste au-dessus du marché ; un autre tombeau a été trouvé au bord du ruisseau Thermodon, d'autres en Thessalie.
Le temple d'Ares à Trézène est également désigné comme la commémoration du combat des Amazones, car là aussi Thésée vainquit les femmes.
On dit que l'hostilité des hommes se changea en amour et qu'alors l'Amazone, vaincue par les sentiments plus que par la lutte, déposa les armes et suivit son vainqueur. La guerre se termina donc dans une heureuse harmonie, disent les historiens, et le sacrifice de la femme fut dédié à la Déesse Arthémise qui devint alors la Déesse de la Paix. On termina la guerre par une grande fête. L'amour d'Antiope pour Thésée le magnifique fut le meilleur argument on faveur de la paix.
L'héroïne, sous sa cuirasse guerrière, cachait toutes les douceurs de la femme aimante. Elle alla même trop loin, car, par amour pour Thésée, elle trahit sa ville natale. C'est du moins ce qui nous est raconté par Pausanias.
On a retrouvé un vase sur lequel le héros est conduit par une Amazone. Donc, l'homme combat la femme pour arriver finalement à se soumettre à elle dans l'amour.
A Athènes, Antiope combat bravement à côté de Thésée ; c'est une trahison envers ses sœurs qui lui vaut une condamnation à mort de la part de Molpadia.
Mais Thésée venge celle qu'il aime. C'est elle qui, après quatre mois de luttes, conclut la paix. Dans Hérodote, elle apparaît comme la pacificatrice d'Athènes.
Les deux aspects de la lutte sont représentés sur beaucoup de vases. Sur l'un se trouve d'un côté le combat de Thésée et d'Antiope et de l'autre côté leur union par Aphrodite.
Un autre vase nous montre d'un côté Antiope comme reine des Amazones, à ses pieds est la lance amazonique, de l'autre elle est unie à Thésée ; la transition entre ces deux tableaux a été faite par Eros, qui s'approche de la souveraine pour lui imposer son empire. Elle passe de l'état de femme libre à l'asservissement.
Dès lors elle est sujette à la maternité en même temps que livrée aux douleurs de la servitude. Alors Antiope devient Hippolyta : deux noms qui sont représentés souvent comme ceux de deux sœurs. Sous le premier nom elle apparaît comme libre et heureuse, sous le second comme mère ; courbée sous la douleur, elle meurt de chagrin.
Ainsi la Femme est représentée sous deux aspects de la nature : la vie et la mort, la joie et le deuil, la création et la déperdition, suivant qu'elle est libre ou esclave. Antiope l'amazone est représentée sur les monuments comme exempte de tous maux ; quand elle devient esclave et mère, elle est la proie de toutes les douleurs.
Pour les auteurs masculinistes, la victoire de Thésée fut un fait immense dans l'histoire de la Grèce, ce fut le plus grand mérite d'Athènes. Quant aux Amazones vaincues, elles furent représentées comme rebelles et envieuses (elles qui furent victimes de la rébellion et de la jalousie des hommes).
On leur reprocha d'élever leur tour vis-à-vis de la nouvelle ville de Thésée ; de Thésée à qui on fait gloire d'avoir vaincu Antiope et de lui avoir ravi sa ceinture.
Il lui a ravi sa ceinture, donc elle est ravie et le ravisseur devient ravissant.
Thésée fut pour l'Attique ce que Bellérophon fut pour la Lycie, le vainqueur du régime féminin, le fondateur de l'esclavage de la Femme. A son nom reste attachée la chute de la gynécocratie ; c'est ce que les historiens glorifient en lui, c'est pour ce haut fait qu'il est considéré comme un héros, appelé magnifique et lumineux.
Avec nos idées modernes, nous dirions que ce fut le plus grand des lâches. Il est probable que les femmes de son temps le disaient aussi.
Thésée se dit fils de Neptune (le roi des eaux symboliques qui éteignent les lumières) ; il est un vrai Poséïdonien, ses œuvres sont des actes de violence, des rapts de femmes, des abus de la force, des brigandages. Et l'on trouve cela glorieux !
Cependant, les Femmes aussi sont vaillantes, et souvent, dans ces luttes, ce sont elles qui triomphent des hommes, elles qui les exterminent, dans leur colère. Alors elles sont considérées comme les dernières des criminelles.
Cependant, le vrai courage consiste à s'attaquer au plus fort, non à lutter contre le faible.
(1) La ville de Troie fut prise en 1185. C'est l'époque des Juges en Israël.

HÉRACLÈS-HERCULE
Il est resté dans les traditions qu'Hercule représente la force musculaire. Ne trouvant pas ce rôle assez noble, avec le temps on a voulu modifier ses attributs, on en a fait le protecteur des champs, le génie de l'abondance, des richesses inespérées, et, pour comble d'ironie, le symbole de la loyauté ; comme si la richesse acquise par la force pouvait être un symbole de loyauté !
On sent là percer l'intention d'une justification.
Il a deux amis, Evandre, un faune, et Cacus qui représente le feu souterrain. Nous avons déjà dit que le feu d'en bas, c'est le symbole des passions qui agissent dans la moitié inférieure du corps.
Héraclès-Hercule est le type de l'homme indompté, qui rompt toutes les digues, ne connaît aucun devoir, asservit tout le monde, même la terre qu'il bouleverse, puis, fatigué de ses exploits, rempli de l'orgueil fou que donne la force qui se prend pour une supériorité, il dit : « Il me semble que je deviens Dieu ».
Némésis l'entendit, s'indigna de cette prétention d'un mortel, se fit la Déesse de la vengeance pour défendre la Femme outragée par les prétentions de l'homme.
Son nom, « Némésis » ou Moïra, veut dire partage, distribution (Loi des sexes). Elle est la justice, l'ordre, la Providence, ses sentences sont des décrets qui émanent d'une cause supérieure (1).
Cependant, Michelet trouve qu'elle ne fait pas à l'homme une part assez large quand il dit : « Elles ont fait des lots aux mortels, mais avec des réserves avares. Elles donnent peu, gardent beaucoup. Elles lâchent certaines faveurs en limitant, refusant le surplus, le trop, l'excès. Ce trop, c'est la gloire, le génie, la grandeur de l'homme, ce pourquoi il se fera Dieu. Donc ceux que les Déesses frappent, Dédale, Icare, Bellérophon, furent punis d'avoir pris des ailes. Dans Homère, les vaisseaux trop hardis sont changés en roc par Neptune. Esculape n'a-t-il pas été foudroyé pour avoir voulu guérir l'homme ? » (La Bible de l'humanité, p. 230).
Guéri, non, prétendu guéri. Dans les temples d'Esculape et de Sérapis, on faisait des guérisons miraculeuses qui rappellent tous les charlatanismes modernes.
Hercule, ce type d'homme, bien humain, qui combat la Femme-Esprit, mais qui aime la Femme-Chair et dépose aux pieds de la reine de Lydie, Omphale, le butin qu'il a pris à la femme guerrière, ce vainqueur de l'amazone qui lutte est vaincu lui-même par la femme amoureuse dont il devient l'esclave. C'est bien là la personnification de l'injustice qui naît de la force, du favoritisme qui prend aux uns ce qu'il donne aux autres et n'a d'autres lois que son bon plaisir. Michelet le juge bien cependant, quand il dit : « Dans ses statues, Hercule a le trait des athlètes, la frappante disproportion du pectus énormément large et de la tête fort petite. Même inégalité dans sa nature morale, il a de la bête et du Dieu. »
C'est l'homme fort de corps et faible d'esprit. Il dompte l'empire de la Femme et tombe ensuite sous son règne. Il personnifie l'industrie, fait de grands travaux, endigue les fleuves, change leur cours pour les empêcher d'arroser les villes où règne la gynécocratie, il trace des routes, remue des blocs de pierre.
On a trouvé dans les fouilles archéologiques d'Olympie une pierre de forme ovale qui pèse plus de 300 kilos. Elle porte cette inscription : « Je suis la pierre de l'athlète Bibon, qui m'a soulevé de terre d'une seule main et m'a jetée par-dessus sa tête. »
Il y avait donc déjà des Hercules de foire.
La légende d'Héraclès est celle du mâle premier-né que l'on trouve partout. Conçu le premier par sa Mère, la vertueuse Alcmène, il devint le cadet par l'injustice de Jupiter, dira-t-on, disons de la Nature, et esclave de celle qui devient son aînée par la raison ; il est victime de sa force et de l'ivresse de son sang.
« Sa force épouvantable est sa fatalité, elle n'est pas en rapport avec la faiblesse du monde ; souvent il croit toucher, il tue ; il vit accablé de crimes involontaires, de repentirs, d'expiations.
« C'est la consolation des opprimés d'opposer la grandeur du misérable et de l'esclave à la sévérité du Dieu.
« Légende des tribus inférieures, touchante, mais sublime et bouffonne. Hercule a des appétits terribles, mange un bœuf, mais il est bon et laisse rire de lui, il aime à rire lui-même. » (Michelet).
La transformation de l'homme sexuel en porc, légende que l'on retrouve partout, se rencontre ici. « Eurysthée lui a demandé l'affreux sanglier d'Erymanthe ; il le prend, le lie, l'apporte hérissé, la hure noire, les dents blanches. Elle, épouvantée d'un tel don, s'enfuit de son trône et se met dans un tombeau d'airain ».
Moralité : Quand l'homme est devenu la brute humaine, que l'on compare au porc, il épouvante la femme, la renverse de son trône. Elle le fuit et ne tarde pas à subir l'assujettissement qui est, pour Elle, la mort.
Ce sont les Doriens qui prendront Héraclès pour divinité. On fait de lui l'ami de Thésée ; cependant, il ne sera divinisé que plus tard. Il est parmi les « jeunes Dieux » de la mythologie, les tard venus. Il est le héros propre au pays des athlètes. Il rompt les mystères qui firent la force des religions théogoniques, profane le sanctuaire des Amazones dont nul homme n'osait approcher ; il brave la sombre mer du nord de la Grèce, il l'appelle « hospitalière » (Euxin) ; l'Amazone Reine de ce rivage est vaincue par lui, il l'humilie, lui enlève sa ceinture, manière d'exprimer le viol dans le style mythologique.
Son nom, Héraclès, est formé de celui de Héré, la Reine du Ciel.
Il donne à la Déesse la seconde place, la représente par la lune, et se fait représenter, lui, par le Soleil, jusque-là emblème de la Déesse (2).
Les auteurs qui feront, plus tard, la mythologie, diront que Héraclès fut admis dans l'Olympe à cause de ses travaux. Or, ces fameux exploits ne sont pas, comme on pourrait le croire, des travaux industriels propres au génie de l'homme, ce sont des combats, ou bien la parodie des grandes œuvres morales de la Femme.

En voici, du reste, l'énumération :

1°) Il étouffe le lion de Némée. (On a fait remarquer qu'il n'y avait pas de lion à Némée, il s'agit donc d'une idée symbolique.)
(Voir Némésis dans l'introduction du blog)
2°) Il tue l'Hydre de Lerne. (Cette hydre à sept têtes est une figure représentant l'homme pervers, livré aux sept esprits du mal dont on fera les sept péchés capitaux. Hercule en est le type. C'est donc pour se défendre d'être pris pour cette hydre qu'il prétend l'avoir tuée. C'est le serpent dont la Femme doit écraser la tête.)
3°) Il apporte vivant à Eurysthée le sanglier d'Erymanthe. (Nous venons de voir que le sanglier est le symbole de l'homme sexuel, la brute humaine ; c'est donc lui qui est le sanglier qu'il rapporte vivant.)
4°) Il s'empare de la biche aux cornes d'or et aux pieds d'airain du mont Cérymée. (Cette biche nous semble bien représenter la Femme, l'or sur la tête, l'airain aux pieds. Cela rappelle le sphinx auréolé d'or, et aussi la « toison d'or » de l'agneau.) Le sens caché de ceci, c'est qu'il assujettit la Femme et lui prend ses attributs.
5°) Il perce de ses flèches les oiseaux du lac Stymphale. Voilà un travail peu glorieux.
6°) Il vainquit des Amazones !... Une lâcheté de la part d'un Hercule.
7°) Il nettoya les écuries du roi d'Elide en y faisant passer l’Alphée dont il détourna le cours.
8°) Il délivra la plaine de Marathon du Minotaure qu'il avait amené de Crète à Eurysthée et que ce prince avait laissé échapper.
9°) Il tua Diomède, roi de Thrace, qui nourrissait ses chevaux de chair humaine, et leur donna à dévorer le cadavre de leur maître.
10°) Il tua Géryon et emmena ses bœufs, (C'est-à-dire qu'il assassina pour voler.)
11°) Il délivra Thésée des enfers.
12°) Il enleva les pommes d'or du Jardin des Hespérides (3).

Donc, les travaux de ce héros sont des œuvres infernales, des meurtres, des vols, des crimes. Ce demi-Dieu, du reste, descend aux enfers, c'est-à-dire dans la vie de tourments qui ronge le cœur de l'homme. Cependant, il y a une trêve dans sa vie, un amour, il aime la reine Omphale, et c'est cette reine qui arrive à dompter sa force et sa perversion, et l'oblige à filer à ses pieds.
Près d'elle, il reprend le travail de la vie familiale que son humeur aventureuse lui avait fait quitter.
A cette époque, ce sont les hommes qui filaient et qui tissaient.
La légende thessalienne raconte que Déjanire envoya à un Hercule (il y en eut plusieurs), une robe teinte d'un poison qui le consuma. Image du poison physiologique qui résulte de sa vie sexuelle et qui tourmente l'homme fort.
Enfin, on arrive au comble du ridicule en faisant d'Héraclès un Dieu « spirituel ».
(1) Némésis, Déesse de la vengeance, était la femme outragée qui se venge. C'est ce qu'on appellera plus tard « la vengeance divine ». Elle était chargée de punir le crime. On la représente portant des flambeaux pour dissiper le mensonge.
La vengeance de Némésis est la conséquence du Droit violé. Les hommes lui mirent en main des serpents.
M. Tournier a écrit une thèse intitulée « Némésis et la jalousie des Dieux », 1863.
(2) Les Arcadiens s'appelaient Prosélénoi, ce qui veut dire antérieur à la lune, comme attribut féminin.
(3) Hespéros, mère des Hespérides, Etoile du soir, c'est l'espérance, c'est-à-dire la femme dont la puissance disparaît, mais qui espère sa résurrection.

BELLÉROPHON
Bellérophon est encore un personnage solaire (ils sont tous des soleils), qui combat des monstres (des Femmes, emblèmes des ténèbres).
Bachofen nous dit de lui « qu'il est un héros sans tache dont la beauté enflamme les Amazones, qu'il est chaste et vaillant, auteur d'œuvres héracliennes, et qu'il a pour devise cette phrase orgueilleuse : « être toujours le premier, dépasser les autres ». Il est le type de la valeur guerrière, ce qui semble à Bachofen une preuve de ses sentiments gynécocratiques, puisque, dit-il, le culte de la Femme et les sentiments chevaleresques sont inséparables. « Vaillant vis-à-vis de l'ennemi et respectueux envers la Femme, fut toujours le caractère d'un peuple jeune et fort. »
Ce serait parfait si ces héros se contentaient de combattre des hommes, mais nous les voyons combattre des femmes et les assujettir, ce qui n'est pas du tout chevaleresque.
Du reste, la lutte, quelle qu'elle soit, est en opposition avec le régime gynécocratique basé sur le droit qui engendre la paix.
Et Bachofen cite un mot absurde d'Aristote qui dit que « la plupart des peuples guerriers sont sous le régime féminin ; ainsi les Celtes, dont les femmes avaient la réputation de grande beauté, au lieu d'exclure la bravoure, en faisaient la base de leur gynécocratie. »
Ce sont là des idées masculines destinées à justifier les batailleurs ; du reste, l'homme justifie toujours ses mauvais instincts en prétendant qu'ils plaisent aux femmes.
« La gynécocratie lycienne, dit encore Bachofen, nous apparaît comme source de qualités supérieures : sincérité, chasteté, bravoure, chevalerie de l'homme à côté de la femme qui représente la beauté, et le gouvernement doux et sévère dont la sanction religieuse est reconnue par les Dieux (il n'y a encore que des Déesses), voilà les éléments de puissance par lesquels un peuple assure sa force. Nous y trouvons la cause qui fit garder si longtemps aux Lyciens leur gynécocratie. Ce n'est pas un effet du hasard qui fit que deux peuples glorifiés dans l'antiquité, les Lyciens et les Locriens, furent ceux qui gardèrent le plus fidèlement le régime matriarcal ; un élément de force conservatrice réside dans l'autorité de la Femme. »
Il y a dans tout ceci un malentendu. L'homme peut avoir une certaine grandeur quand il combat pour défendre le droit de la Mère, le respect de la Femme, mais il n'est qu'un lâche quand, au lieu de défendre la Femme, il l'attaque. Et c'est le cas de tous ces héros amoureux et violents.

PERSÉE
Persée est aussi un personnage « solaire ». Son ennemie, c'est la Gorgone, encore une femme exaspérée des outrages du héros. Les hommes la représentent comme un monstre parce qu'elle ose se défendre quand on l'attaque. Elle défend le droit et la raison, on en fait le symbole des ténèbres, de la mort, et sa tête, après que Persée l'a tuée, devient l'ornement du bouclier de Pallas : ce qui ferait croire que les Femmes s'armèrent pour la venger (1).
Tous ces jeunes héros représentent « la force ». Hercule, Thésée, comme Râma aux Indes, parcourent la terre, armés d'une massue, ils sont donc animés d'un besoin de destruction. Pour les justifier, les historiens diront que ce qu'ils voulaient exterminer, ce sont les monstres qui causaient la terreur des Femmes. Mais ces monstres sont symboliques, ils représentent l'homme dangereux, l'homme fort qui tue. Or, l'homme qui tue, le monstre, c'est le héros lui-même. C'est pourquoi ces personnages resteront dans la Mythologie comme le symbole du mal sous toutes ses formes : Mercure sera le vol, Hercule, la force brutale, Bacchus, l'ivrognerie, Vulcain, la laideur, Protée, l'homme qui change d'opinion à tous moments, Phaéton, celui qui ment jusqu'à ce qu'il soit pris et attaché ; cela fait pleurer ses sœurs, mais leurs larmes deviennent de l'ambre (ce qui attache). Tous sont, d'abord, de mauvais esprits qui inspirent la terreur ; du reste, leur but est de terroriser.
Chacun des mythes que nous venons de mentionner retrace l'histoire de la lutte d'un homme et d'une femme, mais ce ne sont pas des faits isolés, ils résument, en quelques épisodes, de longues discordes qui se produisirent partout, et qui ne pouvaient pas manquer de se produire, puisqu'elles étaient la conséquence des facultés différentes de l'homme et de la femme.
(1) Gorgonia, surnommée Pallas, se nommait aussi Gorgophore.
Il y avait trois Gorgones : Méduse, Euryale et Sthéno. On leur attribuait le pouvoir de transformer en pierre (pétrifier) ceux qui les regardaient, et l'on croyait qu'elles n'avaient qu'un œil (celui des cyclopes qu'on leur attribue par vengeance), dont elles se servaient tour à tour. On dit qu'elles sont coiffées de couleuvres, qu'elles ont de grandes ailes, pour dents des défenses de sanglier, et des griffes de lion aux pieds et aux mains.Persée les tua et coupa la tête de Méduse, qui fut attachée à l'égide de Jupiter pour la rendre plus terrible.Tout cela, c'est la réponse de l'homme aux accusations de la femme, faite plusieurs siècles après la lutte des Amazones, car Jupiter n’est pas encore dans le Panthéon grec.

LES AMAZONES
La paix avait partout disparu. L'homme subissait la réaction terrible de l'amour, il devenait injuste, violent, sanguinaire, et semait partout la discorde.
Aux Indes, c'est Ahi, le nuage qui passe sur le soleil de la vie heureuse, c'est Vritra, l'enveloppeur qui assombrit le Ciel, ou bien encore Ugra, l'effroyable, un des noms de Çiva, d'où vient le mot ogre.
C'est alors que les Femmes, renonçant à se défendre par des raisonnements qu'on n'écoutait pas, par des arguments qui donnaient à leurs revendications la sanction de la science, se virent obligées de se défendre les armes à la main. Elles se firent guerrières pour soutenir leurs droits et défendre leurs domaines menacés, envahis.
La lutte avait commencé sous une forme morale, on avait vu les vices lutter contre les vertus ; peu à peu, elle changea de caractère, elle devint une bataille ouverte, une armée contre une armée, pour savoir qui imposerait sa volonté. C'est alors que l'on vit les femmes former des bataillons d'amazones.
On dit que le mot amazone vient de a privatif, et mazos, mamelle, parce que les Amazones se brûlaient le sein droit, et c'est par là qu'elles indiquaient qu'elles ne voulaient plus de relations sexuelles avec l'homme. Le mot amazone signifie, dès lors, celles qui n'ont pas de mâles.
Mais cette étymologie est inexacte. Fabre d'Olivet en donne une autre qui est plus scientifique. Le mot mâle (mas en latin, masle dans l'ancien français, maschio en italien, macho en espagnol, math en irlandais), uni à la racine négative ohe, constitue le mot mas-ohe, précédé de l'article phénicien, ha, cela fait ha-mas-ohe, d'où amazone, celle qui n'est pas mâle et non celle qui n'a pas de mâle ; cela peut aussi vouloir dire « le mâle non », ce qui peut sous-entendre « ne doit pas régner ».
Ces femmes guerrières parurent en Perse, aux Indes, en Grèce, partout. Elles étaient constituées en gouvernement régulier et avaient des Reines qui se rendirent célèbres. Le nom de plusieurs d'entre elles est parvenu jusqu'à nous.
Les Hindous appellent le pays des Amazones Strirâdjya et le placent auprès des monts Koulas sur les bords de la mer. Dans le Boun-Dehesh des Perses, il est dit qu'elles habitent la ville de Salem. Les Amazones avaient fondé Milet, Ephèse et Athènes.
Pausanias parle de leur invasion dans la Grèce et les fait combattre jusque dans les murs d'Athènes. A Milet, de son temps, les Femmes vivant sous la protection d'Arthémise appartenaient au parti des Amazones. Polydora est le nom de l'une d'elles. On les appelle « Filles du Soleil », selon Apollonius de Rhodes.
Apollonius raconte dans ses Argonautiques qu'elles s'étaient établies dans l'île de Lemnos et sur la terre ferme auprès du cap Thémiscure.
Diodore nous renseigne aussi sur ces femmes guerrières, habitantes des rives du Thermodon, et nous parle de leur souveraine ; « sa gloire était grande, dit-il, elle soumettait les peuples les uns après les autres, faisait des hommes captifs des esclaves et les employait aux travaux les plus bas. » Ceci nous semble une appréciation partiale (1).
Les Amazones de Scythie n'étaient pas moins célèbres, mais les plus connues sont celles d'Afrique. Divers monuments à Mégara, à Trézène, à Tirriki, conservent la mémoire des exploits de l'armée innombrable des Amazones et des royaumes importants qu'elles avaient fondés (2).
On peut nommer encore les Amazones de la Baltique, de Biskaï, de Bohême, et bien d'autres encore (3). Elles formaient un gouvernement monarchique qui dura longtemps encore après leur première défaite.
Leurs persécuteurs étaient les échappés du régime régulier. Les attaques qu'ils dirigèrent contre elles eurent des succès divers. En Asie, ils avaient deux grands chefs (deux ministres) ; l'un d'eux se dirigea vers le nord où il combattit les Amazones avec fureur et renversa complètement leur domination. Elles furent obligées de se soumettre ou de quitter le continent de l'Asie. C'est ce dernier parti qu'elles adoptèrent. Elles se réfugièrent dans l'île de Chypre, dans celle de Lesbos et dans quelques autres de l'archipel grec.
C'est cette circonstance qui fut l'origine de la calomnieuse légende des femmes lesbiennes, qui ne veulent pas de mâles.
Le fait de n'avoir pas voulu se soumettre aux hommes suscita contre Elles des vengeances, et les hommes se vengent toujours des femmes en les déshonorant, c'est-à-dire en leur renvoyant les accusations qu'elles avaient portées contre leurs agresseurs. C'est que, en effet, les hommes avaient pris les femmes en haine, les mœurs de Sodome et de Gomorrhe en sont le témoignage.
L'existence des Amazones a été un objet de controverse. La conscience de l'homme protestant, plus tard, contre ces luttes sauvages dirigées contre la Femme, on a voulu croire qu'elles n'avaient pas existé.
L'histoire nous raconte, cependant, que Thésée, Bellérophon, furent vainqueurs des Amazones, et la tradition masculine, voulant noircir ces femmes, dit qu'Elles massacrèrent les vieillards qui étaient restés parmi Elles. Si cela est, c'est que, évidemment, ils les insultaient. 
Bachofen, dans la préface de son livre : Das Mutterrecht, nous montre la destinée des Etats issus des luttes armées de la Femme. Il dit :
« Après la guerre, les Femmes victorieuses fondèrent des établissements stables, construisirent des villes, s'adonnèrent à l'agriculture. Des bords du Nil aux bords du Pont, de l'Asie centrale à l'Italie, nous trouvons dans l'histoire de la fondation des villes, célèbres plus tard, des noms et des faits d'origine amazonique (4). Des observations faites sur des peuples qui existent encore prouvent que ce sont les Femmes, surtout, qui ont amené la société humaine à la période de l'agriculture détestée par l'homme. »
Puis il cite à l'appui de sa thèse les multiples traditions de l'antiquité, telles que l'incendie des vaisseaux par les Femmes pour mettre fin à la vie nomade des hommes, les villes qui portent des noms de femmes, la part des femmes dans le partage des terrains, notamment à Rome et à Elis. « Quand la vie se fixe, dit-il, les Femmes accomplissent leur destinée. De la fondation et de l'embellissement du foyer dépend le relèvement de l'existence et de toute la civilisation. »
Pendant que la Femme perd peu à peu sa suprématie primitive, sa domination dans l'intérieur de l'Etat et de la famille reste longtemps intacte. Reculant de degré en degré, la gynécocratie se restreint dans des cercles plus étroits, mais la suite de cette évolution est très diverse ; tantôt c'est le pouvoir politique qui s'effondre le premier, tantôt le pouvoir domestique.
C'est en Lycie que nous trouvons la dernière reine, bien que, nous le savons, la régence soit transmise à la façon gynécocratique. 
(1) Orythie, reine des Amazones, était célèbre par sa valeur et sa vertu. Elle voulut venger ses sœurs qui avaient été insultées par Hercule et par Thésée.
(2) Voici ce que l'enseignement classique dit des Amazones :
« Amazones - femmes guerrières de la Cappadoce, sur les bords du fleuve Thermodon. Elles ne souffraient pas d'hommes avec elles, et n'en recevaient qu'une fois l'an, ensuite elles les renvoyaient : encore fallait-il pour en avoir qu'ils eussent auparavant tué trois de leurs ennemis.
« Elles faisaient mourir ou elles estropiaient (châtraient) leurs enfants mâles, élevaient avec soin leurs filles, auxquelles elles brûlaient la mamelle droite, et les exerçaient à tirer de l'arc. Elles eurent de grandes guerres avec leurs voisins et furent presque détruites par Hercule, ..qui fit leur Reine prisonnière. »
(3) A une époque que nous ne pouvons pas préciser, nous voyons qu'en Bohême, après la mort de la célèbre Loubouch, une de ses compagnes, Vlasta, forma une armée de femmes pour combattre l'autorité des hommes et faire de la Bohême un royaume exclusisement féminin. La fortune pencha d'abord de son côté. Elle fonda Magdebourg et édicta une loi sévère ordonnant le massacre des mâles nouveau-nés. Les hommes se révoltèrent contre cette loi et déclarèrent la guerre â Vlasta. Elle fut tuée sur le champ de bataille et son armée, désemparée par cette perte, se rendit. Cependant, un parti gynécocratique ne cessa jamais d'exister en Bohème, et c'est l'ancienne royauté de la Femme que les bohémiens errants proclament encore.
(4) La tête d'Aphrodite, ceinte d'une couronne murale, représente la ville. C'est cette même tête qui est sur la monnaie de Lycie, ainsi que sur celle d'Athènes.

ORIGINE DE LA POÉSIE ET DE LA DIVINITÉ D'APOLLON 
Poésie, en grec, dérive d'un mot phénicien phah qui signifie bouche, voix, langage, discours, et de ich, un être supérieur, une Déité.
On donnait à la Poésie le nom de langue sacrée, langage des Dieux. Mais comme avant les Dieux il y eut des Déesses, la poésie fut d'abord la langue qu'elles parlèrent. Elle venait de la Thrace.
L'histoire primitive s'est confondue avec la Poésie parce qu'elle émanait des Déesses.
Quand l'histoire n'est plus que le récit des actions des hommes, elle devient inférieure à l'esprit poétique de l'époque primitive, elle n'a plus de grandeur, plus d'idéal, plus de vertu, elle couvre la vérité d'un voile, glorifie le conquérant, l'usurpateur, le crime et le criminel.
La poésie primitive s'altéra quand la Religion elle-même perdit son unité primitive et se transforma. De là tant de demi-Dieux (union d'un homme et d'une Déesse).
Quand le couple divin fut formé, le Prêtre, qui était près de la Déesse, arriva à s'attribuer les ouvrages des Muses qu'il servait.
Cette prise de possession s'appela « l'Inspiration ». Et nous verrons tous les hommes de l'antiquité, auxquels l'histoire attribue des œuvres spirituelles, être présenté comme recevant l'inspiration de telle ou telle Muse.
Pausanias insinue qu'un personnage appelé Olen fut le plus ancien auteur des hymnes qu'il y eut en Grèce.
C'est comme cela qu'on arrive à faire d'Olen un personnage et que, peu à peu, en altérant le nom de ce personnage, on fera Apollon : Olen, en grec, dérive de Whôlon phénicien, ce qui est éternel, universel ; C'est de ab ou ap (père) joint à Whôlon qu'on a fait Ap-wolon, puis Apollon.
Une fois l'idée émise, la légende créée, il n'y a plus qu'à la faire grandir. Et cela sera facile, étant donnée l'âpre lutte dans laquelle l'homme s'ingénie à reprendre à la femme une à une toutes ses facultés, toutes ses œuvres, toutes ses grandeurs.
C'est le renversement de l'Hellénisme. Car Hellène (Hélène ou Sélène) avait été, avant Apollon, la Déesse lumineuse personnifiant le jour naissant.
La racine du mot Hell, en hébreu, signifie clair, lumineux, splendeur, gloire. On dit encore en allemand heilig (saint) et seelig (bienheureux) ; on dit aussi seele, l'âme, et seelen, les âmes. Le réservoir des âmes, leur source, c'est le Soleil. C'est donc la splendeur du Soleil que représente le mot Hellène ou Sélène.
Ce n'est que dans la période de réaction et de renversement de toutes les idées primitives que Sélène désigna la Lune.

LE PRÊTRE CHEZ LES HELLÈNES
Toutes ces attaques à la Divinité étaient l'œuvre des premiers Prêtres.
La Grèce, qui copiait l'Egypte et lui prenait ses Dieux, adopta ses Hermès.
Si elle, n'avait pris à l'Egypte que des lumières, la Grèce serait devenue pour le monde un phare éblouissant, mais elle lui prit aussi ses erreurs, ses fautes, ses ruses. C'est Hermès (le Prêtre) qui les introduisit en Grèce avec l'hypocrisie sacerdotale.
Dans l'hymne homérique à Hermès, ce personnage représente l'obscurité. Une femme seule peut avoir écrit cela ; les Hommes le glorifiaient, au contraire, parce qu'il attaquait la puissance féminine en prenant la place de la Prêtresse dans le Temple.
Hermès représente aussi l'argent, les transactions commerciales ; il fait de la science un commerce, du temple un marché. Il est le Dieu des voleurs en attendant Mercure qui l'imitera ; aussi, fait de la religion une affaire et, en même temps, un privilège qu'il veut garder pour lui et ceux qui le soutiennent. Et, pour se donner de l'importance, il impose à ceux qui veulent le suivre dans la carrière sacerdotale, des initiations longues, atroces, cruelles, quelquefois mortelles.
On donne à Hermès les traits d'un jeune homme avec des ailes à la tête et des ailes aux pieds, ce qui indique que son esprit s'envole par en haut et son âme par en bas. Il tient une bourse et un caducée. Inutile d'expliquer le symbolisme de la bourse. Quant aux 2 serpents, ce sont les deux formes du pouvoir malfaisant, le Prêtre et le Roi ; l'un qui s'impose par la ruse et le mensonge, l'autre par la force.
Mais à son origine il fut simplement « le Prêtre », cherchant à tromper le peuple par des artifices, des mystifications, parodiant la Prêtresse pour s'attribuer son pouvoir, en même temps qu'il lui prend ses habits, et c'est risible de voir les anciennes gravures représentant les sacerdotes antiques vêtus de robes légères bleues, rouges ou blanches, avec des ceintures de ruban et des corsages de femmes.
Puis, pour imiter la Déesse Hygie, il prétend guérir, et le caducée sera le symbole de sa médecine, celle qui tue.
Et, continuant le système qui consiste à diviniser l'homme, il confère à ceux qu'il appelle des héros les honneurs divins. C'est ainsi que l'Oracle de Delphes fut, à une certaine époque, chargé de canoniser des héros, et l'on vit alors déifier des poètes, des philosophes et jusqu'à des athlètes.
L'apothéose (la mise au rang des Dieux) leur était aussi facile que la béatification chez les modernes.

LA LÉGENDE D'ORPHÉE
Orphée est un personnage qui semble jouer un grand rôle dans la religion grecque, puisque c'est à lui qu'on fait remonter l'intention de la masculiniser en substituant le culte des Dieux au culte des Déesses, surtout le culte de Bacchus à celui de Cérès.
On lui fait une légende pompeuse. Né en Thrace, à l'endroit où l'Hèbre prend sa source, il était fils du roi de Thrace. Plus loin, mêlant le merveilleux au réel, on nous dit que son père Œgros est le fleuve lui-même, le faisant ainsi naître de l'eau.
Il apprit de sa mère, continue la légende, l'art de charmer par son chant la nature entière, d'émouvoir les oiseaux, les poissons, les plantes et les rochers, de faire sortir les bêtes féroces de leur tanière, de suspendre le cours des fleuves.
En lisant cela, on pense tout de suite à David, charmant avec sa lyre et apaisant les fureurs de Saûl. Seulement, nous savons maintenant que la légende n'a rien d'historique ; l'histoire vraie n'a pas constaté l'existence d'un poète du nom d'Orphée et les hymnes orphiques sont apocryphes.
Alors on s'explique la copie de la Lyre de David, d'autant plus que la rédaction des hymnes paraît dater des premiers siècles de notre ère, époque à laquelle on s'occupait beaucoup, en Grèce et à Rome, des Ecritures sacrées des Hébreux.
Orphée est un personnage légendaire qui n'a aucune réalité historique. Son histoire a été créée pour donner un fondateur à un dogme nouveau, comme on l'avait fait en Perse pour Zoroastre, et aux Indes pour Vyâsa. Tout ce qui concerne la naissance, la vie et la mort d'Orphée est sorti de l'imagination des Prêtres. L'époque de son existence n'est même pas fixée ; Orphée est postérieur à Homère parce qu'on lui attribue le rythme créé et employé par Homère, et parce que la poésie orphique est l'imitation de la poésie de l'Iliade. Elle est donc venue après.
Orphée est mis dans l'histoire pour donner un chef responsable à la doctrine qui va diviniser l'homme.
Il faut remarquer que ce genre de fondateur anonyme est partout le même, et joue toujours le même rôle. Il fait ce que les hommes n'osent pas faire eux-mêmes ; il dit ce qu'aucun d'eux n'aurait osé dire ; puis on s'appuie sur son autorité pour répéter (sans en avoir la responsabilité) ce qu'on lui a fait dire.
Les fables allégoriques qui restent, à son sujet, ressemblent à toutes celles qui entourent ces êtres irréels, elles sont nées de l'imagination des hommes.
On représente Orphée comme un sauveur venant apporter la lumière, la science, alors qu'il vint l'éteindre.
On lui attribua une quantité d'ouvrages, tous les écrits, démarqués, des Femmes des temps passés. On ne lui donne pas de spécialité, on lui attribue les œuvres de tout le monde.
Les anciens le citaient dans leurs luttes de sexes comme la plus grande gloire masculine. Nous n'avons que ce témoignage intéressé pour appuyer ses prétendues supériorités.
On lui attribua la Théogonie qu'on place 5 siècles avant celle d'Hésiode, pour faire croire qu'il y eut des Dieux mâles avant Hésiode, ce qui n'est pas ; les Initiations aux Mystères de la Mère des Dieux, titre en contradiction avec les idées orphiques. On lui attribue encore une Cosmogonie célèbre, où se développait un système astronomique dont nous ne connaîtrons jamais le véritable auteur.
A l'austérité du culte féminin, les Orphiques opposent un culte fait de plaisirs, de fêtes, de joies. Ses Mystères sont sexuels, mais couverts de pompe et d'éclat, et tous les sens en sont impressionnés ; On intéresse les cœurs, on ne parle pas à l'Esprit.
Quand on écrivit les livres orphiques, la fourberie était déjà entrée dans le monde avec la magie et il s'agissait de l'étayer sur une grande autorité. Ce fut Orphée qui en fut le prophète.
Son nom signifie le Guérisseur, le médecin éclairé (Son nom Orphée vient de AUR, lumière, et ROPHE, guérison, salut).
Tout cela était fait pour mettre en échec la puissance féminine, imiter sa poésie, prétendre la dépasser, faire comme les Déesses des guérisons, aller plus loin, jusqu'au miracle. C'est le système de la surenchère que l'homme met toujours en pratique dans ses luttes.
Remarquons encore qu'on introduisit dans sa légende le nom de Bacchus qui est un Dieu romain, au lieu de celui de Dionysos qui joue le même rôle en Grèce. Cette substitution de nom nous fait penser que c'est à Rome qu'on a écrit les Hymnes Orphiques.
La légende d'Eurydice qu'on y ajoute est encore un reflet lointain de la descente de la Femme aux Enfers. Eurydice meurt de la piqûre d'une vipère à la cheville (le serpent, symbole de l’homme qui attaque la femme en bas, dans son sexe), en fuyant la poursuite d'Aristée (la fuite de la femme devant l'homme). Elle descend aux Enfers (c'est-à-dire dans la nouvelle vie sociale), et c'est là qu'Orphée la cherche.
L'homme qui asservit la Femme prétend toujours la libérer.

LA LÉGENDE DE PYTHAGORE
Les fables inventées sur la prétendue vie d'un homme appelé Pythagore n'ont aucune réalité.
Ernest Havet dit : « Rien de plus connu que ce nom, rien de moins connu que l'homme lui-même » (Le Christianisme, t. I, p. 30).
Et ailleurs (p. 28), il dit : « Je ne considère Thalès, Pythagore, que comme des noms représentatifs d'un système scientifique. » Ce qui n'empêche que les auteurs classiques modernes feront de Pythagore un personnage historique et lui inventeront une biographie.
Voici ce qu'on enseigne à la jeunesse crédule :
« Pythagore, né à Samos (569-470), était fils de Mnésarque ; il fit un long séjour en Egypte et à Babylone, où il fut instruit par un mage célèbre que l'on croit être Zoroastre lui-même (lequel n'a jamais existé). Puis il revint dans la Grande Grèce où il fonda une Ecole à Crotone. »
Tout cela est du roman édifié à la gloire de l'homme pour enfoncer dans l'esprit de la jeunesse le masculinisme moderne.
Nous trouvons encore, parmi les faits historiques, une petite aventure qui a pour but de masculiniser le nom des Pythies en en faisant un homme. On nous dit que Pythias fut condamné à mort par Denys le Tyran ; que Damon de Syracuse se porta caution du retour de son ami Pythias qui, étant condamné à mort, avait demandé à s'absenter. Pythias revint au jour marqué et Denys lui fit grâce.
Vers la fin du IIIème siècle (avant notre ère), un auteur appelé Hermippe écrivit une vie de Pythagore, dans laquelle il dit que celui-ci avait emprunté aux Juifs et aux Thraces une partie de sa doctrine, mais que, comme il n'a pas laissé d'écrits, on ne sait rien de précis sur l'enseignement donné en son nom ; on sait seulement qu'on mettait complaisamment sur son compte tout ce qui se rapprochait des idées orientales.
Il est bien évident qu'on s'est servi du prestige qui s'attachait encore à ce nom pour faire admettre les idées que les masculinistes voulaient imposer, à une époque où les femmes n'avaient plus assez de liberté pour protester. C'est ainsi que, à côté des idées féminines que nous avons trouvées dans les Vers dorés, nous trouvons dans la légende de Pythagore des idées franchement masculines ; il y a donc eu un mélange, par la suite, de deux opinions ou de deux versions touchant le célèbre Collège.
Ces idées masculines sont, d'abord, la Métempsycose, qui tient du surnaturel. Le Pythagore masculin admettait plusieurs existences successives. Il disait que la plupart des hommes perdent, en revenant à la vie, le souvenir de ces existences, mais que lui devait à une faveur des dieux de s'en ressouvenir.
Le personnage qui prétendait ainsi se placer en dehors de la Nature, n'est arrivé qu'à se placer en dehors de la raison, car on le montre faisant des miracles, ayant recours à des charmes et à des incantations, propageant des idées de mortification, la confession auriculaire, et prêchant la vie monacale et hermétique. Il prétendait qu'il savait se faire écouter des bêtes, et un jour, dit-on, il arrêta le vol d'un aigle par sa seule volonté.
Jamblique, qui a écrit son histoire (Vita Pythagoræ), raconte (cap. 28) qu'il aimait se promener sur les bords du fleuve Nessus et lui récitait ses Vers dorés avec tant de charme, que le fleuve, enchanté, lui répondit, en présence même des disciples du philosophe : Salut, Pythagore ! Jamblique assure que ces paroles étaient très distinctement entendues.
Or, comme le miracle n'existe pas et que ceux qui prétendent en faire sont toujours des esprits mal équilibrés, en même temps que des orgueilleux, nous devons conclure de tout ceci que des hommes inférieurs, après avoir persécuté les Pythagoriciennes, voulurent mettre à l'avoir de leur sexe la renommée qui avait consacré la célèbre Ecole de Crotone, et c'est ainsi qu'on mit à la gloire d'un personnage imaginaire tout ce qui avait été produit dans le Collège sacré des Pythies.
Bacon, dans son Novum Organum (Aph. 65 et 71), dit de Pythagore que c'était un homme fantasque et superstitieux. En effet, s'il avait existé, tel que Jamblique nous le montre, il n'aurait été qu'un déséquilibré.
Ce qui trahit toujours les hommes quand ils imaginent des substitutions de sexes, c'est que, sans le vouloir et même sans le savoir, ils introduisent toujours la psychologie masculine dans leurs récits, et surtout dans leur morale, qui est en opposition avec la morale féminine.
C'est ainsi qu'ils vont mettre le mariage dans cette histoire alors que nous savons que les Pythagoriciennes s'opposaient formellement à l'introduction en Grèce de cette nouvelle institution. Ceux qui écrivirent la biographie de Pythagore, après que le mariage eut triomphé, nous disent que Théano était la femme, ou la fille, de ce personnage, et ils ajoutent qu'elle était sa disciple ardente ; mais comme on voulait aussi affirmer la morale masculine, on ajoutera qu'il l'avait vouée aux dieux par un vœu de virginité perpétuelle.
C'est ainsi qu'on parodie l'enseignement des Prêtresses ! On disait que, dans un excès d'enthousiasme et s'étant livré à un zèle aveugle et véhément, il traitait fort durement ses disciples et reprenait, en général, les hommes de leurs vices avec beaucoup d'aigreur ; et on ajoute : « Il arriva qu'un jour un jeune homme dont il avait dévoilé les défauts en public, et qu'il avait outragé par des reproches très amers, en conçut un tel désespoir qu'il se tua. Le philosophe ne vit pas ce malheur, dont il était cause, sans un violent chagrin : il rentra en lui-même et fit, sur cet accident, des réflexions qui lui servirent le reste de sa vie. »
Or ce ne sont pas les hommes qui ont, d'ordinaire, cette véhémence contre les vices de l'homme, ce sont les femmes !

RENAISSANCE PYTHAGORICIENNE
Au milieu des luttes religieuses, le VIème siècle vit se produire une réaction contre le nouvel Hellénisme, c'est-à-dire contre le désordre moral des nouveaux cultes liés aux religions phalliques. Ce mouvement fut naturellement provoqué par les femmes de toutes les nations, mais c'est de la Celtide, que vient l'initiative de la fondation, en Grèce, d'une Ecole donnant l'enseignement des sciences comme il était donné dans les Collèges des Druidesses. Du reste, ceux qui feront, plus tard, de Pythagore un homme, nous diront qu'il voyagea, dans sa jeunesse, et fut initié aux sciences chez les Druides.
Il y eut un retour momentané aux grandes idées du passé. Une Ecole se fonda dans laquelle on enseigna les lois de la Nature telles qu'elles avaient été formulées dans la brillante époque de la primitive religion pélasgique. C'est l'Ecole Pythagoricienne, dans laquelle on donnait l'enseignement de la science aux Prêtresses grecques, les Pythies.
Le mot Pythagore ne désignait pas un homme, mais une science. Pythagore est un nom composé ; sa terminaison gore est un dérivé du gourou (curé en sanscrit) ou guru des Hindous, et il signifie « celui qui enseigne », le Maître. En décomposant le nom, nous avons Pytha-gore. Or ce mot Pytha, c'est la Pythie qui enseigne.
Quoi que l'on ait fait pour cacher le nom de celle qui fonda et dirigea, cette Ecole, il est arrivé jusqu'à nous : c'est Théano, appelée aussi Dano ou Iheano.
Théano était une Prêtresse qui avait gardé le dépôt sacré de la tradition scientifique et qui voulut en faire un enseignement régulier. Quand on donnera le nom de Pythagore à un homme, on ne manquera pas de dire que Théano fut sa femme ; c'est le système toujours employé par les falsificateurs de l'histoire.
C'est dans cette Ecole que l'on employa, pour la première fois, le mot philosophie, pour indiquer les dissertations de ceux qui aiment la sagesse. Et ceux qui aiment la sagesse (Sophia), ce sont les sages. Ce mot a la même signification que le mot Soffet chez les Hébreux, et tous les deux se rattachent à la Déesse égyptienne Sophet, qui présidait à la vie intellectuelle.
Bachofen nous la présente en ces termes : « En pleine époque hellène, la vie et la religion de Pythagore nous ramènent à l'ancien régime. Il essaya de faire revivre le mystère du culte maternel, de donner satisfaction à la renaissance du sentiment religieux. Ce n'est pas dans son développement, mais dans sa lutte contre l'Hellénisme que repose le Pythagorisme, [...] ».

ORDONNANCE DE L'ECOLE PYTHAGORICIENNE
Cette Ecole comprenait deux degrés : un enseignement public auquel tout le monde pouvait assister : un enseignement secret réservé à ceux qui étaient capables de le comprendre. L'admission à cette Ecole était très difficile. On scrutait rigoureusement la vie du candidat. Lorsqu'il était reçu, il devait verser sa fortune entière dans la caisse commune de la société, les intérêts privés empêchant la défense de la vérité.
Les symboles des Pythagoriciens étaient l'angle droit, emblème de Moralité et de Justice ; le triangle équilatéral (c'est le daleth des Hébreux, symbole de Divinité) ; le cube, symbole de l'esprit humain ; le triple triangle, emblème de la santé ; la lettre Y qui représente le cours de la vie humaine dans laquelle il y a deux routes divergentes, une de vertu conduisant au bonheur, une de vice conduisant au malheur.

L'UNITÉ DIVINE L'INDIVIDU ET LE DUPLEX
A l'Ecole Pythagoricienne, on enseignait l'unité de la nature féminine, dont le principe de vie ne se divise jamais : c'était le nombre 1. Et la dualité de la nature masculine dont le principe de vie se divise en deux parties : l'une pour être conservée et l'autre pour être donnée à la génération : d'où le nombre 2.
L'unité féminine était appelée la Monade, parce que la femme est l'être indivisé, d'où le mot individu.
La dualité masculine était la dyade. En latin, on disait homo duplex pour désigner la contrariété du cœur et de la raison, la duplicité (le double), suprême mystère de l'existence de l'homme.
On réunissait, ces deux chiffres 1 et 2 pour symboliser l'union qui est la base même de la société, et cela faisait le nombre 12.
Le mot grec Monas (unité), d'où sort le mot monade, servit à faire le mot mona-stère (un seul sexe).
Fabre d'Olivet dit encore : « L'essence de cette Unité et la manière dont la Dualité qui en émanait y était enfin ramenée, étaient les mystères les plus profonds de la doctrine, les objets sacrés de la foi de ses disciples, les points fondamentaux qu'il leur était défendu de révéler. »
Ce grand mystère, c'est la loi des sexes. Elle est dévoilée tout entière dans la suite de ce blog.
Fabre d'Olivet dit : « Je ne pourrais entrer dans la discussion du fameux symbole de Pythagore, un-deux, sans dépasser de beaucoup les bornes que je me suis prescrites ; qu'il me suffise de dire que, comme il désignait Dieu par 1 et la matière (l'homme) par 2, il exprimait l'Univers par le nombre 12 qui résulte de la réunion des deux autres : un, deux, « en, duo ».
« C'est le même symbole de Fo-hi, si célèbre parmi les Chinois, exprimé par une ligne entière — 1 (Yang) et une ligne brisée — — 2 (Ying) ». (Note de Fabre d'Olivet).

LE SYMBOLISME DES NOMBRES
On a dit du « mystère des nombres » qu'il renferme les moyens d'opération des forces secrètes de la Nature, et que d'abord l'ellipse, la parabole et l'hyperbole trouvent leur synthèse dans l'ovoïde, en forme d’œuf. Tout le monde sait que l’œuf était un symbole sacré dans tous les Mystères de l'antiquité, parce qu'il représente l'action maternelle, donc le commencement de la vie, la virtualité, l'existence potentielle, le commencement de toute échelle numérique. (Existence en état de possibilité, comme la semence d'un arbre.) Il est représenté dans les chiffres par le zéro, qui, dans l'ancien système de numération des Kaldéens, commençait les nombres.
Le zéro est un cercle sans centre (1) : en hébreu, Kether, « la couronne ».
Le nom divin de Kether est Eheieh : « Je suis », c'est-à-dire le principe de l'existence même. C'est le caché des cachés. Comme symbole, c'est le cercle placé au-dessus de la tête pour représenter la lumière de l'esprit qui monte, cercle lumineux, dont on fera la couronne des saintes.
Un poème admis dans la liturgie hébraïque est intitulé : La Couronne royale. C'est la lumière sacrée, Kether, qui engendre la sagesse, Hokmah, et l'intelligence, Binah.
La sagesse et l'intelligence sont en équilibre, comme les deux plateaux d'une balance ; c'est la couronne suspendue par les mains de l'Absolu au-dessus de l'univers, comme la formule de toute existence.
Deux idées sont à dégager de ce symbolisme. L’œuf, qui vient de la Mère, commence toute vie. En même temps, par l'ascension de l'esprit qu'il opère, il crée dans son cerveau l'immutabilité, qualité de l'unité.
C'est pour indiquer cela que le zéro ne peut pas admettre la faculté d'addition, il est la cime et la couronne. Il n'est susceptible ni de doute ni d'incertitude, tandis que la qualité masculine peut former l'eidolon (idole, en grec), la duplicité ou l'image (l'imagination).
La couronne restera une espèce de coiffure portée par des souverains, des empereurs, des nobles, etc. ; sa forme a varié, mais sa représentation la plus ancienne est un cercle. Du métal dont elle était faite sortaient ordinairement des rayons en forme de pointe. C'est l'hiéroglyphe du soleil rayonnant, car, tandis que les êtres divins, sur cette planète, touchent la terre avec leurs pieds, leurs têtes sont dirigées vers le ciel où brillent le soleil et les étoiles. Ainsi la couronne qui entoure la tête des souverains est le symbole du pouvoir de rayonnement des êtres terrestres.
Les figures géométriques, représentant les nombres extériorisés, ont une signification symbolique :
0 - Zéro, l’œuf du monde, le sexe féminin.
1 - L'être divin, considéré dans son unité.
2 - L'homme à genoux devant l'être divin.
3 - L'enfant.
4 - La femme assise, le siège (saint-siège, chaise curule), l'inactivité.
5 - Le mouvement, la marche, la course.
6 - Le pôle sexuel.
7 - L'esprit qui monte (les étoiles, le septénaire).
8 - Éternité, lien éternel.
9 - Le pôle spirituel.
La signification du chiffre 2 nous explique pourquoi, dans toutes les religions, on a gardé l'habitude de s'agenouiller devant la Divinité.
Le symbolisme des nombres est considéré comme base des opérations de multiplication et de division.
La table de multiplication, dite de Pythagore, a été empruntée aux Chaldéens.
Les chiffres dits « arabes » ont été apportés d'Espagne à une époque où on appelait « arabe » tout ce qui en venait. Mais nos chiffres ne sont pas ceux des Arabes, qui en avaient d'autres. On les a attribués à Pythagore et ils en ont même porté le nom, parce qu'on mettait sous ce nom tout ce qui était très ancien.
Les chiffres servant à expliquer les mystères restèrent longtemps secrets.
(1) Zéro vient, dit-on, du mot céfra, qu'on a d'abord attribué à ce caractère d'après l'arabe « sifr » (vide, rien, néant).
On dit aussi que le zéro a été introduit dans le système de l'abacus sous le nom de « sipos » avant de prendre le nom de « cifra », et que l'étymologie de sipos est selon l'hébreu « psiphus » (jeton à compter, rond, cercle), ou selon le grec « psephos » qui a la même signification.

LE SYSTÈME DUODÉCIMAL ET LE SYSTÈME DECIMAL
Dans le système duodécimal, l'unité divine est représentée par le chiffre 1 et la dualité masculine par le chiffre 2. On réunissait ces deux chiffres 1 et 2 pour symboliser l'Union qui est la base même de la société, et cela faisait le nombre 12.
C'est là l'origine du système duodécimal qui fut généralisé dans les temps anciens et appliqué à la division de l'année, des heures du jour, des signes du zodiaque, des achats à la douzaine, etc.
« Cette application du nombre 12 à l'Univers n'était point une invention des Pythagoriciens, elle était commune aux Chaldéens, aux Egyptiens, de qui ils l'avaient reçue, et aux principaux peuples de la terre ; elle avait donné lieu à l'institution du zodiaque dont la division en douze astérismes a été trouvée partout existante de temps immémorial » (Fabre d'Olivet).
Mais le symbolisme des nombres fut profané, comme tout ce qui était secret, et les hommes instituèrent un autre système en donnant aux chiffres d'autres significations.
Ils firent de 1 le symbole mâle et de 0, qui précède la numération, le symbole féminin. Et alors leur union fut 10, que l'on prit pour base du système décimal, qui remplaça le système duodécimal primitif, quand l'homme prit la direction du monde.
Dans ce système, la femme fut représentée par un signe qui signifie rien, et mise après celui qui représente l'homme. Elle fut, dès lors, personne, après avoir été les trois personnes formant la triade sacrée, les Avasthases divines : Mère-Sœur-Fille.
« aucune puissance ne peut rien soustraire aux Trois hypostases dont le nom se composent de quatorze lettres » avertit « fort curieusement » le Zohar (I 22 b - 33 a), livre masculiniste relativement moderne.
Dans la numération du système duodécimal, les chiffres sont précédés d'un point, qui indique rien. C'est, pour cela que l'on dit encore chez les peuples qui ont conservé l'ancienne tradition : Je n'ai point, pour je n'ai pas.

LA HIÉRARCHIE PSYCHIQUE LE KOSMOS ET LE MUNDUS
Les Pythagoriciens avaient divisé la société en castes, et considéraient l'univers comme un groupement d'êtres rangés chacun selon ses perfections, dans sa sphère propre. Ils mettaient au sommet les « Intelligences Divines » (les Dêvâs, les Génies, les Fées, les Ahouras, etc.), c'est-à-dire les Femmes supérieures, dont l'ensemble était désigné par le mot Kosmos, qui exprimait la beauté, l'ordre et la régularité qui régnaient dans la société faite par ces INTELLIGENCES.
Le mot grec Kosmos exprimait une chose mise en ordre, arrangée d'après des principes fixes et réguliers, des lois naturelles. Sa racine primitive est dans le phénicien aôsh. Cet ordre venait d'un être principe (la Femme) animé du feu sacré (symbole de l'esprit).
De là le mot Kosmogonie (de gonia, femme).
Le mot Mundus désignait la généralité des hommes. Il est opposé au mot Kosmos.
Kosmos représentait un seul sexe : la Femme unique ; le Mundus représenta aussi un seul sexe : l'homme unique, et c'est de ce mot qu'est dérivé le terme uni-vers (un seul être, c'est-à-dire les hommes seuls) (1). 
Le mot latin Mundus signifie le contraire du mot Kosmos.
Et c'est une contradiction voulue. Sa racine prochaine est unda (de unda, onde). II représente l'eau qui éteint, alors que Kosmos était le symbole du feu (l'esprit).
(1) Univers, de uni-versus, veut dire tout entier, de unus, un, et versus, participe passé passif de vertere (tourner), donc : tout entier tourné à l'envers. Etre dans le monde se disait in mundus, d'où immonde.

PERSÉCUTION DESTRUCTION
La secte des Pythagoriciens rendit d'immenses services et se répandit en Europe, en Asie et même en Afrique. Les Manichéens propageaient ses doctrines, d'où les Francs-Maçons les prirent et les ajoutèrent aux traditions hébraïques venues des Mystères de Jérusalem (1). 
Mais cette Ecole avait des ennemis puissants qui élevèrent à Crotone et à Métaponte une terrible persécution contre cette secte, qui coûta la vie à un grand nombre de Pythagoriciens. Ils furent écrasés sous les débris de leur Ecole incendiée, où contraints de mourir de faim dans le temple des Muses où ils s'étaient réfugiés (Plutarque, Diogène Laërce, 4, VIII, § 39 ; Polybe, 4, II).
Lysis, échappée à ces désastres, se retira en Grèce où, voulant répandre la secte des Pythagoriciens, dont on s'attachait à calomnier les principes, elle crut nécessaire de rédiger une sorte de formulaire qui contient les bases de la morale et les principales règles de conduite données dans cette Ecole. Ce sont les Vers d'or ou Vers Dorés, ainsi appelés parce que l'or est le symbole de la lumière et qu'il était destiné à éclairer le disciple qui en faisait sa méditation.
Hiéroclès nous les a transmis avec un long commentaire ; il assure qu'ils ne contiennent pas les sentiments d'une personne, mais la doctrine de tout le corps sacré des Pythagoriciens. Et Fabre d'Olivet dit : « On voit, en effet, par plusieurs passages de Cicéron, d'Horace, de Sénèque et d'autres écrivains dignes de foi, que cette loi était encore ponctuellement exécutée de leur temps. Nous savons, par le témoignage de Galien, dans son Traité de la connaissance et de la cure des maladies de l'âme, qu'il lisait lui-même tous les jours, matin et soir, les Vers dorés, et qu'après les avoir lus, il les récitait par cœur. Au reste, je ne veux pas négliger de dire que Lysis, qui en était l'auteur, obtint tant de célébrité en Grèce qu'il mérita (il prend Lysis pour un homme, naturellement) de devenir le maître et l'ami (c'est-à-dire la maîtresse) d'Epaminondas. S'il n'attacha pas son nom à cet ouvrage, c'est qu'à l'époque où IL écrivait, l'ancien usage subsistait encore de considérer les choses et non les individus » (Vers Dorés, p. 189). Ceci est faux.  L'usage qui consiste à supprimer les noms des auteurs n'a été appliqué qu'aux œuvres des femmes. Et c'est là une clef pour les retrouver. Les auteurs masculins ont toujours été cités par les historiens, même  quand on leur attribuait les ouvrages des autres, ou quand ils n'avaient jamais existé, comme Orphée, Pythagore, Zoroastre et tant d'autres.
« Le silence, dit Jamblique, était l'unique culte rendu à l'unité individuelle. »
Et Fabre d'Olivet, croyant, de bonne foi, ce qu'il dit, ajoute :
« Les disciples d'un grand homme n'avaient point d'autre nom que le sien. Tous leurs ouvrages lui étaient attribués. Ceci nous explique comment Vyâsa aux Indes, Hermès en Egypte, Orphée en Grèce, ont été supposés les auteurs d'une telle multitude de livres que la vie de plusieurs hommes n'aurait pas même suffi pour les lire. »
En effet, dans le débordement de jalousie sexuelle de cette époque, on attribua à un homme créé par l'imagination des Prêtres tous les ouvrages écrits antérieurement à lui par des Femmes, dont les noms  disparurent à jamais de l'histoire.
(1) La Franc-Maçonnerie est d'origine hébraïque, tous les mots de passe sont des vocables hébreux, ses légendes sont tirées de l'histoire du peuple d'Israël. D'autres sociétés secrètes ont pu se former dans  d'autres pays, et sûrement en Grèce. Par la suite, il a pu se faire une fusion entre ces sociétés qui avaient toutes le même but : conserver et propager la science des premiers temps que le régime masculin  menaçait de détruire, lutter contre l'ignorance et l'injustice qui tendaient à devenir universelles. C'est parce qu'on trouve entre les idées qui règnent en Asie et celles des Pythagoriciennes une grande analogie  que l'on en conclut que Pythagore s'était inspiré de l'Orient.

LES PYTHAGORICIENNES - FONDATION DES COLLÈGES D'HÉTAÏRES
Le mot Hétaïre signifie Prêtresse.
Les Pythagoriciennes destinées à l'Hétaïrisme recevaient une éducation soignée. Les honneurs rendus à ces femmes prouvent qu'elles se rattachaient à une institution sacerdotale, qu'elles possédaient la haute direction morale de la nation et rendaient la Justice. Les modernes ont traduit le mot Hétaïre par Courtisane, mot qui date de François 1er, et ont jeté sur ces femmes remarquables l'outrage et l'infamie, système que les prêtres des religions masculines de la Grèce avaient inauguré les premiers, parce que, prenant leur place pour enseigner les erreurs de leur mythologie qu'elles condamnaient, ils avaient en elles des ennemies implacables.
La morale de ces hommes Vantait l'éphéborastie, en même temps que l'assujettissement sexuel de la femme. Les Prêtresses accusaient les propagateurs de ces mœurs nouvelles de se livrer à des débauches entre eux au lieu d'étudier, avec elles, les lois de la Nature. Cela les irritait, et, comme toujours en pareil cas, ils renvoyaient aux femmes les accusations portées contre eux.
A l'époque qui nous occupe, l'île de Lesbos était un centre féministe où l'antique science était conservée et enseignée dans un célèbre Collège : Lesbos, centre du monde, disait-on.
C'est pour discréditer cet enseignement que les hommes en feront un foyer de débauche féminine. La plus célèbre des colonies Ioniennes, Milet, patrie d'Aspasie, partagea avec Lesbos, patrie de Sappho, la célébrité féministe et le privilège de fournir à toute la Grèce de savantes Prêtresses.
De Lesbos venaient surtout les Hétaïres lettrées et poètes, de Milet les musiciennes et les artistes. L'éducation qu'elles recevaient dans ces Collèges spécialement destinés aux femmes, était remarquable à tous égards. On la divisait en deux branches. On s'y occupait de ce qui concernait le corps (la physiologie), science appelée Gymnastique ; et de ce qui concernait l'esprit, symbolisé par les Muses, de là le nom de Musique donné à tout ce qui est intellectuel, nom qui resta seulement à la musique quand les travaux de l'esprit sombrèrent dans le néant des religions masculines (1).
Le mot musique exprimait toutes les sciences des Muses, la philosophie qui comprend l'étude de la Nature, l'histoire, la poésie, l'éloquence et la musique elle-même. Tout cela entrait dans l'éducation sévère des jeunes filles lacédémoniennes, instruites par les Hétaïres qui sortaient des Collèges de Lesbos et de Milet.
Les hommes de mauvaise foi accusèrent ces savantes de « cultiver la philosophie cynique » parce qu'elles enseignaient la physiologie sexuelle.
C'est en s'assimilant la loi qui régit le sexe féminin que les hommes produisirent, plus tard, le système épicurien qui ruina la Grèce.
En Egypte, les Hétaïres étaient des Almechs ; aux Indes, des balladières (d'où bayadères).
Les Prêtresses d'Egypte avaient une réputation brillante qu'elles s'efforçaient de maintenir dans le monde entier, et c'est ce qui donna tant d'éclat à la science égyptienne.
Les Hétaïres d'Athènes habitaient le quartier appelé le Céramique, qui était un faubourg qui renfermait le jardin de l'Académie. Là, régnaient des bosquets d'arbres verts, des portiques ornés de statues et d'inscriptions entre lesquels ces Femmes venaient s'asseoir. Les hommes d'élite venaient les y trouver. C'était, en plein air, les salons philosophiques de la Grèce. C'est là que les idées s'échangeaient, que les sentiments se manifestaient, que la vie élégante se déroulait ; elles se promenaient magnifiquement vêtues et résumaient la vie supérieure et élégante de leur époque.
C'est leur prestige qui rayonnait sur Athènes, où l'on venait comme dans les temps modernes on vient à Paris.
L'homme qui aimait une femme, n'osant pas le lui dire, inscrivait son nom sur l'un des portiques, en y ajoutant une épithète flatteuse, une phrase courte, et l'on savait ce que cela voulait dire.
Les Hétaïres n'étaient donc pas les ennemies des hommes, elles étaient des intellectuelles qui voulaient faire respecter leur liberté individuelle, mais elles savaient mêler les sentiments aux choses de l'esprit, elles n'étaient rebelles à aucune manifestation de la nature. Elles ne combattaient que le vice, le mensonge et l'oppression.
Les hommes politiques, les philosophes, s'attachaient à ces femmes qui les mettaient en valeur. C'est ainsi que Périclès prit pour Maîtresse (c'est-à-dire directrice) Aspasie, une des plus brillantes Hétaïres de la Grèce.
Périclès voulait briller par la parole, mais le talent lui manquait et c'est Aspasie qui lui préparait ses discours.
C'est ainsi que les Hétaïres devinrent pour les hommes des Amies, des Compagnes, nom resté comme synonyme de Maîtresse.
Les Hétaïres étaient les femmes supérieures, et la religion avait institué une fête solennelle en leur honneur, pour glorifier leur mérite.
Il y avait à Athènes un temple superbe consacré à la Déesse Hétaïra.
(1) À propos de l'étymologie du mot musique, Fabre d'Olivet nous apprend ceci (La musique expliquée comme science et comme art)  :
« Le mot musique nous est venu du grec, « mousikè », par le latin, « musica ». Il est formé, en grec, du mot « mousa », la muse, qui vient de l'égyptien, et de la terminaison grecque « iké », dérivée du celte. Le mot égyptien « mas » ou « mous », signifie proprement la génération, la production ou le développement extérieur d'un principe ; c'est-à-dire la manifestation formelle ou le passage en acte de ce qui était puissance. Il se compose de la racine « âsh », qui caractérise le principe universel primordial, et de la racine « mâ », qui exprime tout ce qui se génère, se développe, s'accroit, prend une forme à l'extérieur. « As » signifie, dans une infinité de langues, l'unité, l'être unique, Dieu, et « mâ » s'applique à tout ce qui est fécond, formateur, générateur ; il veut dire proprement « une mère ».
« Ainsi le mot grec « mousa » (muse) s'est appliqué, dans son origine, à tout développement de principe, à toute sphère d'activité où l'esprit passe de puissance en acte et se revêt d'une forme sensible. C'était, dans son acceptation la plus restreinte, une manière d'être, comme l'exprime le mot latin « mos ». La terminaison « ikè » (ique) indiquait qu'une chose était rapportée à une autre par similitude, ou qu'elle en était une dépendance, une émanation. On trouve dans toutes les langues du Nord de l'Europe, cette terminaison écrite « ich », « ig », ou « ick ». Elle s'attache au mot celtique « aich », qui veut dire égal, et tient à la racine égyptienne et hébraïque « àch », symbole de l'identité, de l'égalité, de la fraternité. »

Et le même auteur ajoute : « Les anciens législateurs qui connaissaient l'influence que peut avoir la musique, s'en servaient avec un art admirable, un art plein de sagesse, mais tellement ignoré aujourd'hui qu'on n'en parle que comme d'une folie bonne à reléguer au pays des chimères ; cet art n'était pourtant pas tellement difficile qu'on ne pût l'employer encore si l'on parvenait à retirer la science musicale de l'étrange avilissement où elle est tombée. »

LES CULTES NOUVEAUX EN GRÈCE
DIONYSOS
C'est au VIème siècle que la Grèce vit apparaître le culte de Dionysos, le Dieu des ivresses furieuses, le sadisme déifié, entraînant un bruyant cortège de Satyres, de Thyades et de Ménades qui l'entouraient de leurs danses échevelées.
Ces Orgia avaient la prétention d'être un culte religieux. Disons, du reste, que, dédaignées des classes élevées et des penseurs, elles n'entraînaient que la foule inconsciente et inculte. Le culte de Dionysos, cette apothéose des jouissances bestiales, servait de base à la fraternité universelle des pervers, unis dans le vice. Ce fut un insolent défi jeté à la sagesse divine, l'ancienne Théosophie.
Le temps que les anciens appelèrent « le siècle dionysien » fut le début de l'effondrement de la morale féminine. Michelet apprécie ainsi cette époque : « Cette révolution semble s'être accomplie de 600 à 500, dit-il. Mais les choses se précipitèrent. Au Bacchus d'Eleusis, qui seul garda quelque décence, va se mêler l'ignoble engeance des petits Bacchus de l'Asie (Sabaz, Attis, Adon, etc.), tout cela avant 400. Le grand Bacchus qui déchira Orphée, le sauveur, disait-on, des femmes et des esclaves, Dieu de la liberté (de délire et d'ivresse), ce Bacchus, avec de telles masses, était un tyran dans la Grèce. Il en imposait par la terreur.
« Hérodote, qui lut, comme on sait, son histoire aux jeux d'Olympie en 452 (4 ans après la mort d'Eschyle), est tellement sous cette impression qu'à chaque fois qu'il trouve Osiris, le Bacchus égyptien, il déclare qu'il se tait et qu'il n'ose parler. » (La Bible de l'humanité, p. 255.)
A l'entrée de ce siècle (le VIème), dit-on, une terreur sacrée s'empara d'Athènes, qui appela à son secours le Cretois Epiménide qu'on appelait « le nouveau Curète ».
Les Curètes étaient des personnages des temps antiques, qui avaient défendu les Déesses. On les disait compagnons de Zeus et aimés des Dieux.


LUTTE CONTRE LE NOUVEAU CULTE
La lutte des femmes contre le nouveau culte fut formidable. La terreur s'était emparée d'Elles ; elles sentaient l'outrage fait à leur sexe par l'orgie masculine et formèrent des bataillons d'Amazones décidés à empêcher, par la force, cette profanation de la religion.
La reine Nicæa s'avança à la tête d'une armée de femmes à cheval pour combattre ces nouveaux adversaires. Les auteurs masculins nous montrent les femmes vaincues. Nonnos, entre autres, dans son seizième livre, nous représente Dionysos comme vainqueur des Amazones ; il décrit la résistance de Nicæa et son final assujettissement à Bacchus, « car le vin enflamme l'amour et dompte la femme ».
D'après Pausanias, les Amazones fuirent devant Bacchus comme plus tard devant Héraclès (il serait donc postérieur ?) sous la protection d'Arthémis éphésienne.
Eschyle, dans les Euménides, leur fait dire plusieurs fois les jeunes Dieux. Si ce mot atteignait Phœbus, bien plus directement il touchait Bacchus, dernier-né de l'Olympe (Hérodote). « Les terribles Déesses accablaient cet intrus du fond de leur antiquité », dit Michelet. Donc la femme lutta contre cette révolution masculine, on ne peut le nier. Et cependant on le nia.
Quand l'homme s'émancipe, c'est-à-dire se soustrait à la contrainte sexuelle imposée par la loi morale (d'origine féminine), il se figure que la femme partage sa joie, alors que c'est ce qui crée sa douleur ; il se figure que la Femme aussi va s'émanciper de quelque chose, alors que la loi morale ne lui crée pas de contrainte et que c'est la domination sexuelle de l'homme qui lui en crée une, terrible ! C'est pour imiter la Femme dans son privilège sexuel que l'homme brave la morale, sans comprendre que le culte aphroditique ne peut pas passer d'un sexe à l'autre, Aphrodite ne peut être que Femme ; quand l'homme l'imite, il est monstrueux. Si des femmes ont suivi l'entraînement bacchique, comme certains auteurs l'affirment, sans doute pour excuser les hommes (Diodore les montre suivant l'armée de Dionysos), c'est parce que les bacchants les excitaient à participer à leurs débauches, c'est parce qu'ils les enivraient. Du reste, le vin, le raisin, devint un symbole qui remplaça l'épi de Déméter.
On nous dit que sept nymphes de Dodone suivirent Dionysos par le monde et furent, comme Hyades, mises parmi les étoiles.
Que les hommes aient glorifié les femmes qui les encourageaient dans leurs vices, cela est évident, car c'est dans l'instinct masculin. Mais il est aussi dans l'instinct de l'homme de se justifier quand il a mal agi en reportant sur les autres la responsabilité de ses actes, et, dans le cas qui nous occupe, nous voyons les hommes chercher à atténuer leurs fautes, d'une part en prétendant qu'elles furent partagées par les femmes, d'autre part en prétendant être soutenus par elles et agir pour elles.
C'est ainsi que Dionysos, qui vint renverser la Religion féminine et le régime gynécocratique, prétendit servir l'intérêt féminin et restaurer sa puissance.
C'est toujours ainsi, du reste, que les usurpateurs se présentent au public, comme des sauveurs.
Dionysos prétend donc relever le régime gynécocratique et rendre à la Femme son pouvoir.
« Présentée ainsi, dit Bachofen, la religion dionysiaque paraît être un appui pour le principe démétrien, et cependant elle occupe une place importante dans les causes qui hâtèrent la fondation victorieuse de la théorie paternelle.
« Cette religion donne la place prépondérante au principe masculin et fait plus que toute autre pour la dégradation de l'homme et sa chute au-dessous de la Femme. »
Donc, quand l'homme triomphe dans les luttes de sexes, il est dégradé ! C'est profondément vrai.
Dionysos est si peu le sauveur des femmes qu'il se met lui-même au rang des vainqueurs des Amazones, comme Persée, Thésée, Héraclès.
« Mais (et c'est ici Bachofen qui parle) la femme oublie vite les hostilités, elle pardonne, et la lutte finit par une réconciliation et une alliance ; la haine de l'homme pour la femme se change, chez le vainqueur, en amour. Comme Persée, comme Thésée, touchés, éblouis par la beauté de l'ennemie expirante, deviennent amoureux d'elle, ainsi Dionysos s'unit à Nicæa, la prêtresse d'Arthémise, et dans leur traité de paix il dit qu'il ne veut pas de destruction, mais qu'il apporte à la femme amour et rédemption. »
Son but est de l'amener à une union paisible avec l'homme, sa loi, « abandon à l'époux », c'est la condition de son « mystère ».
Donc ce n'est pas une lutte, mais un traité de paix qui va obliger la Femme à se livrer à l'homme. C'est ainsi qu'il arrive toujours à ses fins.
Et Bachofen ajoute que les secousses, les combats qui accompagnaient le mouvement ont surtout contribué à en propager le souvenir. Le nouveau culte, souvent accompagné de sacrifices féminins (on tuait les femmes qui ne se livraient pas), fut le plus aimable et le plus terrible des cultes. On le justifie en le présentant comme un sacrifice expiatoire pour les crimes des anciens temps (c'est ainsi qu'on appelle la liberté sexuelle de la femme) ; c'est une punition infligée par le Dieu nouveau (Pausanias, Strabon).
Donc, on punit la femme pour ne pas s'être livrée à l'homme quand elle avait encore le pouvoir de lui résister ! Maintenant l'homme triomphe et la femme est vaincue. Et on nous dit que les peuples acceptèrent avec joie cette nouvelle vie qui leur apportait l'union et la paix !
Que les hommes aient éprouvé cette joie, on le comprend, mais la femme !...
Comment ! c'est pour plaire aux femmes que l'on institue le culte phallique, cette obscénité qui leur fait horreur ! Et cette infâme religion eut un succès immense, elle devint presqu'universelle, tant la perversion du sens moral était partout accentuée.
Il faut insister sur le caractère hypocrite de ce culte qui glorifie l'homme en prétendant sauver la femme, parce que le même fait se retrouvera plus tard, et il est bon de savoir quels furent les précédents de ces manifestations psychiques des hommes.
Voici quelques détails que les historiens ne craignent pas de donner sérieusement sur ce culte nouveau :
Dionysos s'entoure de Bacchantes ; seize Matrones æoliennes forment son cortège ; la Prêtresse célèbre ses sacrifices ; elle lui est, en même temps, une épouse, car avec lui commence l'assujettissement, c'est-à-dire le mariage. A Thèbes, ce sont des femmes qui célèbrent ces mystères. Les femmes seules s'approchent de son sanctuaire, elles seules lui font des sacrifices. En Egypte, les femmes portent son image. Dans les processions en son honneur (plus tard à Alexandrie), les femmes occupent les premiers rangs ; certaines d'entre elles (les Charités) tissent un péplum pour Dionysos. Ce péplum est un vêtement féminin. Les mères lui sacrifient leurs enfants. Les femmes æoliennes le cherchent, apprennent qu'il est chez les Muses. Une autre fois, on le voit avec les Grâces. Les femmes æoliennes l'appellent dans les ondes de la mer, demandent que le Dieu au pied de taureau vienne les féconder, et l'on voit encore sur les dessins de beaucoup d'urnes des femmes montées sur des taureaux (symbole mâle) représentant les obscènes mystères du culte bacchique.
Dans la description des Bacchanales romaines, on accentue surtout ceci, que les hommes en sont exclus ; les Matrones seules sont Prêtresses, aucun homme ne doit s'approcher des Bacchus ; la curiosité de Pentheus fut considérée comme un crime.
Enfin, la folie va jusqu'au sadisme, et on voit dans les fêtes syriennes les femmes flagellées jusqu'au sang sur l'autel de Dionysos.
A partir de ce moment, la femme perd sa place symbolique dans le Ciel. Elle devient l'astre secondaire Sémélé, et c'est la lune que Dionysos implore pour lui demander la victoire.
Quel chaos mental !!...
Toutes les femmes, pour les Dionysiens, ont le caractère lunaire : Déméter, Cérès, Ariane, Aphrodite, Athéné, Arthémis. Comme Reine lunaire, la femme est toujours en quête de nouvelles fécondations ; elle suit éternellement le soleil et emprunte de son aurore l'éclat dont elle se pare.
Des profondeurs de la terre dans laquelle Sémélé est tombée, assimilée à la matière, Dionysos la ramène et lui fait partager son immortalité en la mettant dans le firmament sous le nom de Dhyane.
C'est ce Dieu grotesque qui distribue des places au ciel. Maintenant, on nous le montre ramenant sa Mère du royaume des ténèbres. (Ce n'est plus la femme qui ramène l'homme du monde des morts, c'est l'homme qui en ramène la femme. Il n'y a qu'à renverser les rôles et les idées anciennes, point n'est besoin d'inventer.) Comme on le voit, c'est la femme qui est sauvée, alors que c'est l'homme qui était perdu.
Dionysos superbement accorde la rédemption des morts. C'est le fou qui sauve le sage. Il cherche sa Mère, et Héraclès lui amène le chien Cerbère, symbole de l'hétaïrisme ; l'homme couvre de mépris la femme libre.
Tous les symboles sont renversés. La femme va représenter la nuit (puisque c'est l'homme qui est le soleil), et, pour le prouver, on célébrera dans le silence de la nuit les mystères bacchiques qu'on lui offre.
Et pendant que l'homme descend ainsi jusqu'au dernier degré de la débauche, il exige de la femme une chasteté absolue. C'est la loi des mystères dionysiens. La pure matrone seule peut voir le Dieu. Les femmes affirment par serment qu'elles sont pures avant de prendre part aux mystères de l'homme. Ce serait, si c'était raisonné, la condamnation de la fonction sacrée de la femme, l'Ovulation, sanctifiée dans le culte des grandes Déesses dont l'épi est le symbole. Mais cette condamnation n'est que la copie du culte féminin qui exigeait la pureté des hommes.
Et pendant qu'il renverse ainsi l'ancien culte, Dionysos prétend s'allier à la pure Déméter aux fêtes de laquelle le nom des hommes ne doit pas être prononcé. Et on nous dit, après cela, que Dionysos est le Dieu des Femmes, que tous les côtés de la nature féminine trouvent en lui leur satisfaction ; c'est Bachofen qui dit cette monstruosité ; et il ajoute, comme preuve à l'appui, qu'à l'hostilité amazonique et à l'hétaïrisme déréglé le Dieu, ami des femmes, oppose la loi du mariage et l'union sexuelle comme loi exclusive (imposée à la femme). Il montre à la femme la grande loi dans laquelle sa nature peut seulement trouver une paix stable.
Donc le sacrifice de sa liberté est regardé par Dionysos et par Bachofen comme l'idéal féminin ! Et quand la femme s'est ainsi soumise, on lui dit « qu'elle est arrivée à une existence supérieure », qu'elle a trouvé l'harmonie de la vie sexuelle parce que l'homme y a trouvé la sécurité du vice. Mais la femme ne raisonne pas du tout de la même façon, et ce qui le prouve c'est sa lutte contre ceux qui veulent l'assujettir.
Ces auteurs prennent la résignation dans l'impuissance des femmes modernes comme une preuve qu'elles sont satisfaites.
Dionysos, du reste, pour amener les femmes au sacrifice qu'il leur demande, leur promet, comme compensation, une existence future. La Mère qui, pendant son séjour ici-bas, remplit les ordres dionysiens, c'est-à-dire accepte le mariage, est appelée, après sa mort, à une union éternelle avec le Dieu auquel elle s'est vouée.
Donc ce qui est pour la Femme un sacrifice ici-bas, l'union sexuelle imposée, lui est promis comme récompense avec une durée éternelle ! Peut-on, à ce point, mêler et confondre la psychologie masculine à la psychologie féminine ?... Et on fait croire à la Femme que c'est un grand bonheur qu'on va lui donner, et un grand honneur. La Mère ainsi soumise va être dotée d'une couronne qui brillera au firmament, elle jouira de la félicité de Psyché, elle sera parée comme une épouse d'une beauté parfaite, apparaîtra sur un lit de roses, et ainsi elle sera digne de recevoir son seigneur Dionysos, « le Dieu désiré ».
Quelle ironie et quelle folie !... Et on ajoute que c'est ainsi qu'il est « le sauveur tant désiré et tant cherché » ! Il est venu libérer les femmes... de leur liberté et de leur dignité, dont il les a... sauvées !!
Mais, comme cela pourrait ne pas aller tout seul, il ajoute à ses arguments la peur ; il menace, se donne comme Pluton, le Dieu terrible auquel il faut obéir.
Et ce n'est pas tout, il ne se contente pas d'être pour la femme le fécondateur corporel, il prétend aussi s'emparer de son esprit, il veut être pour Elle « le centre de toute son existence dans ses différentes phases ». Il prétend régler les sensations féminines suivant ses caprices, en même temps qu'il prétend lui créer une vie intellectuelle conforme à sa propre mentalité ; il s'empare du cœur et de l'esprit de la femme et l'oblige à accepter ses aberrations surnaturelles comme des vérités. Il est le Dieu de l'orgasme et de la folie, et tout cela a pour symbole le vin qui produit l'ivresse et fait taire la raison. Par dérision, on représente Dionysos comme étant le conducteur des Muses (Musagète).
Son ignorance va jusqu'à attribuer à la jeune fille les conséquences de la sexualité mâle ; c'est à elle qu'on donne « l'amour du sang », ce signe si caractéristique de la dégénérescence masculine : « La jeune fille prend plaisir à voir palpiter la chair tremblante du chevreau découpé, cette amante inconsciente n'épargne pas la vie jeune et fraîche », dit-il.
Il ne savent donc pas, ces hommes, que c'est tout le contraire, que la femme a l'horreur du sang alors que l'homme en a l'amour ?
Il doit y avoir encore ici une substitution de sexes. On a mis jeune fille pour jeune homme, ce qui n'est pas étonnant, puisque dans cette religion tout est renversé.
D'après Apollodore, l'enfant nouveau-né (le jeune Dieu) est confié a Ino-Matuta et, sur le commandement de Zeus, élevé comme une fille, et c'est comme une fille qu'il se présente à Aiola.
Il y avait donc, à cette époque gynécocratique, un honneur à être élevé comme une fille. Le mythe nous le montre passant les premiers temps de sa vie dans la société des jeunes filles, pour imiter Achille, ou Sardanapale (ces deux personnages sont passés du féminin au masculin).
Toutes les grandes Divinités, les Mères florissantes, entrent en relation avec lui par le mariage (il épouse les Déesses). Toutes sont accueillies dans son culte ; il n'aime pas la solitude, veut la Femme près de lui, toutes les femmes, sa sexualité exubérante veut les aimer toutes.
Sur le conseil de Bacchus, Pentheus prend des vêtements de femme et le voile d'Agave. L'homme veut se faire femme. Il ne lui a pas seulement pris les privilèges de sa nature, il lui prend ses vêtements. C'est dans des habits de femmes que les guerriers bacchiques combattent. C'est du reste aussi dans des vêtements féminins que nous voyons les prêtres d'Héraclès. Et plus tard, au temps de Plutarque, le fiancé saluera sa fiancée affublé d'habits féminins.
Dans les mystères bacchiques, dont les cérémonies religieuses sont des jouissances obscènes, les hommes portent des vêtements féminins transparents. Ils sont ainsi représentés par un grand nombre d'œuvres d'art provenant de tombeaux.
Cependant, tout le monde n'accepte pas cette élévation de l'homme. Dionysos-Bacchus est remis à sa place par ceux qui font de lui le représentant du tellurisme poséidonien (la Terre matière et l'eau qui éteint). Ces deux principes sont représentés par Neptune et Bacchus, Dieux fécondateurs, destructeurs de l'Esprit.
La légende dit : « C'est pour cela que presque tous les Grecs sacrifiaient à Poséidon-Dionysos. Instruit dans son enfance par un Hermès, ce Dieu est identifié avec Osiris dont le Phallus est nommé Fécondateur et transporté par les ondes du fleuve au son des trompettes ; il répand de sa bouche un jet d'eau fécondateur sur Ampélos, qui ambitionne le prix de natation ; il est honoré par des régates et reçoit des noms de poisson (Tarquin est aussi représenté avec des attributs de poisson).
« On érige le Phallus dans le lac marécageux de Lernais où il entend les louanges des grenouilles ; on le représente en relation intime avec les animaux des marais, parmi lesquels le serpent, les canards et certains oiseaux que l'on fête au mois de Poséidon. »
Mais, si l'eau éteint le feu de l'esprit, il est un autre feu qu'elle n'éteint pas, c'est celui de l'amour. C'est pour symboliser ce fait que l'on nous montre l'eau unie au feu. Bachofen continue : « Dans l'humidité et dans la chaleur, le Phallus dionysiaque agit, également triomphant du contraste qui semble séparer les deux éléments. » Ce feu impur est représenté par Vulcain.
Avec Héphaïstos (le Vulcain des Grecs), Dionysos est intimement uni. Il règne dans les feux volcaniques, dans l'orage et l'éclair ; il est parent de Phaéton jouant avec l'éclair. Il est une création de la foudre divine, que la Mère ne peut supporter dans l'Arcadie !
« Mais les limites de l'atmosphère terrestre, qui arrêtent Phaéton et Bellérophon, ne retiennent pas Dionysos ; au-dessus d'eux, il s'élève au Ciel où il est représenté sur un trône.
« Là, il apparaît comme conducteur des danses célestes, comme le maître des astres, avec le manteau d'étoiles ; dans ce ciel il accueille ses dévoués, lui le Phallus uranien couronné d'astres. Cependant, il est surtout le roi du firmament nocturne, Lunus, et on célèbre ce genre de royauté en allumant des flambeaux et des lampes pendant les mystères nocturnes. »
Mais ce Lunus-Dionysos est sujet à des changements ; c'est pourquoi on arrive à l'identifier avec Hélios, alors il apparaît comme sol in nocturno hemisphœrio, il n'est pas la pure lumière de l'astre privilégié, laissée à Apollon, qui va représenter l'Esprit ; Dionysos ne représente jamais que la nature phallique créatrice, c'est-à-dire le pôle générateur qui cherche la matière féminine ; c'est pourquoi il abaisse la femme à un rôle tellurique.
Bacchus est le degré inférieur de la force solaire. On ne le fait pas grave comme Apollon, mais on l'unit à la plaisanterie, l'espièglerie, la fureur, l'inégalité d'humeur, comme Eros Gaius entraînant les femmes.
On a trouvé une corrélation entre Dionysos et Osiris.
Plutarque prétend qu'Osiris, c'est Dionysos, qui n'est qu'une autre forme du Dieu des morts. Du reste, on lui fait la même légende : la parodie de la femme vaincue, mais attendant sa résurrection. Dionysos est déchiré par les Titans (parce que les Titans ont déchiré la femme) ; la terre recueille ses membres épars (parce que le monde féminin a été dispersé), elle fait surgir des plaintes et le Dieu naît une seconde fois, revenant des régions inférieures.
Macrobe dit que le soleil des régions inférieures s'appelle Dionysos comme Osiris. Or le soleil inférieur, c'est l'âme descendue dans le sexe.

LA PHILOSOPHIE EN GRÈCE
C'est un fait connu que l'abus sexuel a pour conséquence de troubler la raison de l'homme.
Après, un siècle de débauche comme celui qui vit naître les cultes phalliques, il devait forcément se produire un siècle de désordre mental. La vérité ne suffisait plus à l'homme, il ne la comprenait plus, il ne la voulait plus.
Désertant les temples où les Prêtresses enseignaient les lois de la Nature, abandonnant les anciennes traditions basées sur ces lois, l'homme ne voulut plus suivre que ses propres impulsions ; il rejeta les grands dogmes de la religion nationale, hésitant toutefois à les attaquer ouvertement, car, en Grèce les outrages faits à la religion étaient sévèrement punis, mais il se montra indifférent aux antiques Vérités qui, du reste, ne répondaient plus à la nature de son esprit perverti par la luxure, troublé par les idées fausses des Hermès.
C'est surtout dans les questions morales que le chaos se fit.
Appliquant à la Femme la psychologie du sexe mâle, se donnant à lui-même, par orgueil et imitation, les privilèges de la nature féminine, il renversa totalement la loi morale, il transforma les dogmes ; en changea ce qui n'était pas conforme à son intérêt, ou à sa manière de voir.
Ces prophètes sans inspiration furent les précurseurs de tous les raisonneurs modernes.
Les sophistes grecs, moitié rhéteurs, moitié philosophes, cherchaient des arguments captieux pour prouver leurs erreurs.
La philosophie, créée à l'Ecole Pythagoricienne, fut reprise et imitée par les Ecoles masculines et subit la transformation qui se produit toujours quand l'idée passe d'un sexe à l'autre.
La Femme-Déesse avait créé la Sagesse. Elle était l'éternelle Sophia et son verbe s'appelait sophisme. L'homme vint, voulut aussi parler, et du sophisme fit le paradoxe, l'argutie, restée au fond de toutes les casuistiques. C'est cette dernière signification qui est restée attachée au mot sophisme, dont la signification première fut dénaturée.
Tels étaient les représentants accrédités de la science et de la philosophie. Nous voulons parler de ces rhéteurs qui, appliquant leur talent de la parole à l'enseignement lucratif des sciences et des systèmes philosophiques, se donnaient à eux-mêmes et recevaient de l'admiration universelle le nom de Sages ou de Sophistes. Ces maîtres habiles étaient, d'ailleurs, plus occupés d'accroître leur gloire et leur fortune que leur savoir et leur sagesse (1).
Ils étaient véritablement les précurseurs des sceptiques de tous les temps.
(1) « on vit bientôt apparaître quelque chose dont on n’avait encore eu aucun exemple, et qui devait, par la suite, exercer une influence néfaste sur tout le monde occidental : nous voulons parler de ce mode spécial de pensée qui prit et garda le nom de « philosophie » ; et ce point est assez important pour que nous nous y arrêtions quelques instants. » (R. Guénon, La Crise du monde moderne, p.10)

SOCRATE
Ce nom est pour les hommes un objet de vénération.
En effet, il a droit à la reconnaissance de ceux qui affectionnent la forme religieuse qui règne depuis 2000 ans, car il en a été le premier auteur. C'est lui qui inventa le Dieu mâle, unique et surnaturel, qui devait jouir d'une si grande faveur pendant tant de siècles.
Le Dictionnaire de Descubes définit ainsi ce personnage : « Socrate, déclaré le plus sage des hommes par l'oracle d'Apollon, aimait Alcibiade et Archélaüs ; il avait 2 femmes et vivait avec toutes les courtisanes. ».
C'est donc par ironie qu'on l'appela le sage Socrate. De plus, il était envieux. Tous les hommes de talent de son temps furent l'objet de ses critiques jalouses ; il leur reproche leur manque de foi, lui qui ne croyait à rien.
Ambitieux politicien, il voulut faire de toute la Grèce un seul royaume et en prendre la domination.
Socrate ne monta pas une seule fois à la tribune pour discuter les affaires publiques. Il n'est pas connu pour sa vie, mais pour sa mort. Il eut la gloire d'avoir une mort retentissante qui divisa le pays en deux partis.
Il était né en 469 ou 470. Son père, Sophronisque, était sculpteur (Remarquons que le fils ne porte pas encore le nom de son père.) ; il était de basse extraction par son père, mais de caste plus élevée par sa mère. Son physique était antipathique.
Si les historiens ont fait une si grande réputation à Socrate (qui n'a pas laissé d'écrits), ce fut pour faire une sorte de réaction contre les grandes femmes de l'époque, les Aspasie, les Thaïs, les Phryné, qui le combattaient et qui occupaient l'attention publique bien plus que les hommes. Ce sont ces historiens qui ont cherché, plus tard, à les avilir, qui ont glorifié Socrate.
Ses leçons, écoutées avec avidité par les hommes, les flattaient dans leurs mauvais instincts. Chacun d'eux, après l'avoir entendu, se croyait dieu lui-même. Sa parole, « flûte impie », les ennivrait de cet orgueil masculin qui perd l'homme.
Socrate fut bien le premier fondateur de la fausse morale qui devait se perpétuer par les religions masculinistes ; c'est lui qui, le premier, prêcha la licence de l'homme, en même temps que la révolte contre la Divinité de la Femme. Il fut traité de blasphémateur contre les Déesses, qu'il appelait des dieux secondaires. (Blasphème est un mot grec qui se trouve dans Démosthène ; il signifie atteinte à la réputation).
Les mœurs homosexuelles qu'il affichait, sans aucune pudeur, étaient un scandale public (Voir son discours au Banquet de Platon).

LES DOCTRINES SOCRATIQUES
Les religions masculinistes font remonter à Socrate les dogmes sur lesquels elles s'appuient : la déification de l'homme et la déchéance de la femme.
Il niait la réalité, c'est-à-dire les lois de l'humanité, et créait un surnaturel qui devait, à travers les religions modernes, arriver jusqu'à nous.
Au-dessus des Divinités réelles, qu'il laissait dans l'ombre, Socrate mettait un Dieu imaginaire qu'il représentait souverainement grand, voyant tout, entendant tout, présent partout et gouvernant toutes choses. C'était l'homme agrandi, le moi masculin projeté dans l'infini et devenu immense par l'illusion d'un orgueil insensé. Socrate fut un grand orgueilleux et un petit esprit, puisqu'il ne comprenait pas la vraie Nature et lui substituait une chimère. Il fut un des fondateurs du spiritualisme masculin, celui qui avait pour but de mettre l'Esprit en dehors de l'humanité, pour qu'on ne puisse plus dire qu'il est dans la Femme.
C'est à lui qu'on fait remonter les lieux communs de la philosophie masculine, tels que ceux-ci :
- « Que celui qui a fait l'homme à l'origine s'est montré miraculeusement intelligent. »
Voilà le Dieu créateur inventé ; et combien cette erreur a été funeste à ceux qui ont voulu faire prévaloir la véritable histoire de la création naturelle.
- « Que le consentement de tous les peuples dans cette croyance atteste qu'elle est la Vérité. »
Erreur manifeste, d'abord parce que, si les peuples avaient toujours eu ces croyances, il n'aurait pas fallu tant de sang versé pour les faire admettre.
Ensuite, n'avons-nous pas vu depuis 2000 ans que ce sont les plus grandes erreurs qui ont eu le plus de partisans ? Ce système qui consiste à s'appuyer sur le nombre a toujours été employé par ceux qui ont tort ; le nombre, c'est la force, c'est pour cela qu'on l'invoque.
Quant à sa moralité, elle est connue. Il n'aimait pas sa mère ; cette mère, Phéramète, devait être une femme de valeur car elle exerçait la médecine. A cette époque, c'étaient les femmes qui pratiquaient surtout la médecine et instruisaient les hommes dans leur art. Phéramète était une de ces femmes qui abondaient dans l'antiquité.
Socrate, s'il était mauvais fils, était aussi mauvais mari, puisqu'il représente sa femme, Xanthippe, comme irascible et lui comme un époux patient.

LA MORT DE SOCRATE
L'opinion que nous émettons sur Socrate était certainement celle des gens sensés de son temps, puisque l'intempérance de cette prédication obstinée de tant d'erreurs fatigua les oreilles de ses contemporains. Accusé de détruire la Religion et de corrompre la jeunesse, accusé aussi d'impiété envers les Déesses qu'il tournait en ridicule, il fut condamné à boire la ciguë.
Il mourut en 401. C'est par les Socratiques de Xénophon et les Socratiques de Platon qu'il fut connu. C'est parce qu'il fut écouté et admiré par ces 2 hommes qu'il a été glorifié.
Ceux qui glorifieront Socrate iront jusqu'à dire que c'est lui qui, le premier, employa le mot « philosophie ».
Socrate, en fondant une Ecole de Philosophie, institua la spéculation professionnelle, qui est l'imitation pour le lucre. D'où les deux significations du mot spéculation : « philosophie » et « affaire ». Et, depuis, la pensée transmise a toujours été le prétexte de toutes sortes d'entreprises intéressées.
La pensée directe seule est désintéressée et ne se vend pas, parce qu'elle a en elle tout son prix, qui est le bonheur de posséder la Vérité.
N'oublions pas que le mot spéculation vient de spéculum, miroir (1). Il ne faut donc jamais appliquer ce mot aux opérations du cerveau féminin, ce serait un non-sens, il ne se reflète pas, il est la lumière initiale, la force génésique cérébrale, celle qui crée et génère dans le monde intellectuel (d'où Génies, nom collectif des femmes primitives). C'est cette spontanéité des œuvres de la femme qui fait son originalité.
C'est parce qu'il a été condamné à mort sur une accusation d'impiété et d'immoralité que ce corrupteur de la jeunesse est devenu le père de la philosophie dans toute l'Europe et la source de toute spéculation depuis 23 siècles. Comment expliquer ce fait, si ce n'est par cet instinct d'opposition qui est dans l'esprit de l'homme et lui fait admirer ce que la raison saine de la Femme condamne ?
(1) C'est pour cela qu'on représente la Vérité par une femme tenant en main un miroir. Cela symbolise la réflexion appelée spéculation.

PLATON (429-347)
La lutte commencée par Socrate va continuer. Platon est son élève.
Il s'agit de renverser la Divinité féminine et de lui substituer toutes sortes d'entités chimériques. C'est de cela que Platon va s'occuper.
Dans son Cratyle, il donne une étymologie de Zeus, cherchant à lui donner les 2 sexes.
L'étymologie sanscrite de Zeus est Dyaus (de div, briller, d'où dêvâ ; diva) qui veut dire ciel. Dyaus est devenu, en grec, Zeus.
Quand on a masculinisé la Divinité, on y a ajouté « père » et on a fait Dyaus-pitar (ciel-père), devenu en latin Ju-piter.
Primitivement, Zeus signifiait « la Mère », ou « celle par qui la vie est donnée aux êtres ». On a écarté cette signification pour ne plus accepter que celle de Ciel qui semble en éloigner « la Femme », alors que cela l'en rapproche, puisque partout l'homme jeune avait comparé la femme aux astres du ciel qui illuminent et rayonnent.
Mais nous sommes arrivés à une époque de réaction masculine contre l'amour primitif et les idées qu'il avait fait naître ; la femme, maintenant, est regardée par l'homme orgueilleux de haut en bas, c'est-à-dire avec une vue qui descend, puisque c'est le rôle de la sexualité de faire descendre, chez l'homme, l'influx nerveux du pôle cérébral vers le pôle générateur. Vue de cette manière, la femme n'est plus, pour l'homme, qu'un sexe, il ne la considère plus que dans la partie inférieure du corps, cette partie que l'on avait symbolisée par un animal (le lion dans le sphinx).
Il compare la Mère à la terre, elle devient tellurique ou chtonique ; il ne comprend plus son esprit, et ne pouvant plus s'élever jusqu'à lui, ou le croyant si haut qu'il le met maintenant dans un Ciel imaginaire.
Cette forme nouvelle que l'on cherchait à donner à la religion causait partout des troubles profonds.
La Femme est donc de moins en moins divines. « Les Déesses et les hommes sont un même sang », dit Pindare, s'acheminant vers la négation de la Divinité.
Mais les noms des Déesses avaient été remplacés partout par le mot « immortelles » ou « éternelles », et ce qualificatif, dont on ne comprenait plus l'origine, achevait de compliquer la question.
Cependant, si Platon rejette la Divinité féminine, il se déclare dieu lui-même et se fait appeler le « divin Platon ». Il se dit fils d'Apollon, et nourri par les abeilles du mont Hymette.
Donc, il a une naissance miraculeuse, comme tous, les orgueilleux prétendus divins. Pour compléter sa divinité, il déclare qu'il vécut vierge.

LES DAÏMONS
Si la Femme n'est plus divine, elle va bientôt devenir démon et prendre la place de l'homme dans l'enfer surnaturel qu'il va imaginer, mais cela viendra progressivement, par étapes.
D'abord Platon, dans le Banquet, nous représente les Daïmones comme des existences intermédiaires entre la nature divine et l'homme, et non seulement intermédiaires, mais médiatrices, apportant aux hommes les ordres et les bienfaits divins.
Ces Daïmones comblent l'intervalle qui existe entre le Ciel et la Terre. Chaque homme a son Daïmon particulier, que Platon appelle son ange gardien. C'est, au début, Un bon esprit, juste et bienveillant. Inutile de faire remarquer que c'est la Femme qui est représentée ainsi, inconsciemment.
C'est dans cette démonologie de Platon que le Catholicisme prend l'idée d'un démon, c'est-à-dire d'un mauvais esprit agissant contre l'homme, et ce mauvais esprit, ce sera la femme, pour lui, parce que, c'est elle qui réagira contre une religion qui sera faite pour anéantir son autorité et supprimer à jamais son antique Divinité.
Mais les femmes ne se laisseront pas attaquer sans se défendre et sans rendre à l'esprit du mal le sexe masculin, et c'est sous cette forme que nous le verrons régner dans tout le moyen âge.
Alfred Maury, dans son Histoire des Religions, dit que les Pères de l'Eglise ont donné aux démons les mêmes caractères que l'on rencontre chez les Platoniciens, et il ajoute : « Ces écrivains puisent dans les livres des Grecs ; ils empruntent leurs paroles, ils s'arment de leur autorité, ils partagent toutes leurs superstitions, et c'est en se référant à Platon qu'ils déclarent l'univers livré au culte des démons, d'êtres méchants et pervers qui inondent l'atmosphère, entrent dans le corps humain, [...]. L'héritage de Platon passa tout entier dans les dogmes chrétiens, qui firent de sa démonologie une arme puissante pour renverser complètement le polythéisme dont elle avait déjà ébranlé la base. »

LA RÉPUBLIQUE DE PLATON
Dans sa République, Platon se préoccupait de chercher quelle pourrait être la meilleure forme de gouvernement masculin.
Il expose sa conception de l'Etat en attribuant la plus grande importance aux qualités viriles.
Platon dit (Livre IV) : « Si on demandait à un législateur de faire de bonnes lois, voici ce qu'il répondrait : « Donnez-moi un Etat gouverné par un tyran ; que ce tyran soit jeune, qu'il ait de la mémoire, de la pénétration, du courage, de l'élévation dans les sentiments ; et enfin que toutes ces qualités puissent être utiles au dessein que je me propose. »
« Je mets au premier rang la tyrannie ; au second, le gouvernement monarchique ; au troisième, une certaine espèce de démocratie ; au quatrième, l'oligarchie, qui, de sa nature, est le moins propre à donner naissance à ce gouvernement parfait, parce que c'est dans l'oligarchie qu'il y a le plus de maîtres. »
Ce tyran que Platon rêve et qu'il fait ressembler au précepteur de Télémaque, au sage Mentor, c'est Minerve, masquée, du reste, sous les traits de Mentor, c'est la Sagesse féminine donnant droit à l'autorité absolue parce qu'elle est l'image de la Justice.
Mais, du moment où c'est d'un gouvernement masculin qu'il s'agit, comme on ne peut plus supposer que la Justice et la Sagesse vont se trouver réunies dans un homme, on est bien forcé de reconnaître qu'un tyran n'est qu'un vulgaire despote, régnant contre l'intérêt de tous. Du reste, l'histoire va le prouver.
Il est curieux de constater comment l'homme qui attaque les droits de la Femme va de l'égalité à la supériorité.
Platon met dans la bouche de Calliclès ces paroles bien connues : « Nous prenons, dès la jeunesse, les meilleurs et les plus forts d'entre nous ; nous les formons et les domptons comme des lionceaux, par des enchantements et des prestiges, leur faisant entendre qu'il faut s'en tenir à l'égalité et qu'en cela consiste le beau et le juste. Mais, selon moi, qu'il paraisse un homme de grand caractère, qu'il secoue toutes les entraves, déchire nos Écritures, dissipe nos, prestiges et nos enchantements, foule aux pieds nos lois, toutes contraires à la Nature ; qu'il s'élève au-dessus de tous et que, de notre esclave, il devienne notre maître ; alors on verra briller la Justice naturelle. »

LES FEMMES DANS LA RÉPUBLIQUE DE PLATON
Quelle place Platon donnait-il aux femmes dans sa République ? Il réclame la communauté des femmes pour les hommes, mais ne dit pas si les femmes auront aussi la communauté des hommes. Il voulait, suivant l'ancien usage, que l'on fasse en sorte que les enfants ne connaissent pas leur père.
Le communisme de Sparte, vanté par Platon, comprend les biens et les femmes en commun : un système qui consiste à faire le bonheur des gens malgré eux. En attendant, il propose d'envoyer au gymnase les femmes des guerriers vêtues du costume symbolique de la Mère Eve ; il propose aussi de faire périr les enfants mal constitués. Comme on le voit, les femmes constituent le troupeau humain. Il est bien entendu qu'aucune d'elles ne doit se distinguer, cela porterait ombrage au sexe masculin. C'est ainsi que ce philosophe chassait Homère de sa République. De la part d'un misogyne, n'est-ce pas là une preuve que le grand poète anonyme, appartenait au sexe détesté ?
Il masculinise la Matrie et en fait la Patrie. Il fait dire à Socrate, dans Euthyphron : « Viens devant la Patrie comme devant la Mère commune. » Voyez la contradiction, il n'ose pas dire devant le « Père commun », cela choquerait trop les idées reçues.
Platon admettait les femmes aux leçons qu'il faisait dans les Jardins d'Académus, mais il exigeait qu'elles prissent l'habit de l'homme pour faire partie de son auditoire. Parmi ses disciples, on cite Axiothée de Phlionte en Arcadie, et Lasthénié de Mantinée, qui se déguisèrent en hommes pour suivre ses leçons ; Et ce ne furent pas les seules, au dire de Clément d'Alexandrie.
Cet ostracisme du sexe féminin ne doit pas nous étonner : c'est le résultat du vice connu sous le nom d'éphéborastie, que l'on s'accorde aujourd'hui à flétrir, mais qui fut célébré chez les Grecs et les Romains par la poésie et les arts presque à l'égal de l'amour naturel.
Platon sentait l'énormité de son audace et redoutait le sort de Socrate. C'est pour cela qu'il quitta son pays et parcourut l'Egypte. Et Cicéron qui le relate, ajoute qu'il reçut des prêtres égyptiens une partie de ses connaissances. Sa métaphysique serait d'origine orientale.
Diogène Laërce raconte que Platon acheta pour 100 mines (ou 11.000 deniers) l'ouvrage de Philolaüs, un Pythagoricien, dans lequel il puisa et qu'il reproduisit dans le Timée en en faussant le sens.

L'INSPIRATION
Platon travailla, comme son maître Socrate, à détruire les doctrines féminines du passé et à les remplacer par des idées nouvelles plus masculines. Cependant, il savait bien ce qui manquait à l'esprit de l'homme, car il attachait un prix immense à l'inspiration, qu'il considérait comme « une faveur divine », mais il est bien entendu que cette Divinité dont il attend la Vérité, ce n'est plus la Déesse, c'est l'entité surnaturelle inventée par Socrate.
A ses yeux, la vertu et la sagesse sont des dons d'en haut, et c'est d'un être irréel qu'il attend une révélation céleste. Mais il est bien forcé de constater qu'elle se produit rarement, et il dit déjà :« beaucoup d'appelés et peu d'élus ».
La Poésie, d'après Platon, était une inspiration au moyen de laquelle on revêt d'un langage humain et l'on transmet aux hommes les idées des dieux.
Ce système a fait entrer dans le monde la suprême hypocrisie, celle qui consiste à nier l'esprit Vivant de la Femme et à le mettre hors du monde, afin de s'affranchir de la direction morale qui avait été la religion suprême pendant l'époque théogonique.
C'est poussé par l'orgueil que l'homme prétend, par son effort, trouver la vérité, mais, comme elle ne se révèle pas à lui spontanément, il la cherche au milieu d'un chaos de contradictions et ne la trouve pas.
Dans le Timèe, Platon parle des théories pythagoriciennes « qui sont, dit il, idéales et abstraites et ne reposent sur aucune donnée expérimentale ». C'est cela qui prouve qu'elles émanent de l'esprit féminin, elles procèdent de la faculté divine, l'intuition, dont il ne peut avoir aucune idée.
Cependant, Xénophane avait dit : « L'homme ne peut pas savoir le fond des choses, il ne voit que les apparences. »
Platon a inventé un art grammatical, cherchant la forme à donner aux idées, ce qui, pour lui, devient plus important que le fond.
Au milieu des rêveries de Platon, nous trouvons quelque chose d'intéressant. Il raconte qu'un philosophe qui l'a instruit lui a dit que dans l'île de Délos on avait trouvé des tables d'airain rapportées des montagnes hyperboréennes. Cela nous confirme dans l'idée que nous savons que c'est du Nord qu'est venue la science de l'Asie et surtout celle des Grecs.

LES MYSTÈRES D'ÉLEUSIS
Les Mystères d'Éleusis étaient les plus célèbres de l'antiquité.
On les appelait simplement « les Mystères ». Cicéron dit d'eux :
« Les rites sacrés et augustes d'Éleusis, auxquels des hommes venaient des parties les plus reculées du monde pour y être initiés ».
Ils furent d'abord célébrés exclusivement à Éleusis, mais de là s'étendirent dans presque toute l'Europe.
Dans ces Mystères, on représentait symboliquement la défaite de la Femme. La Déesse Cérès cherchait sa fille Proserpine ravie par Pluton et conduite dans le monde infernal de l'Homme.
Le chef de ces Mystères était appelé Hiérophante ou Révélateur de choses sacrées. Il lui était adjoint trois assistants :
1°) le Dadouchos ou porteur de torche,
2°) le Céryx ou héraut,
3°) le Ho Epi Bono ou secrétaire de l'autel.
On célébrait les grands et les petits Mystères.
Les petits étaient préparatoires, c'était un premier degré qui durait un an. Après ce temps, le candidat pouvait être initié aux grands Mystères, si on l'en jugeait digne.
Un cérémonial imposant faisait comprendre l'importance des grandes vérités qui allaient être dites.
Le Dadouchos ouvrait la cérémonie de l'initiation aux grands Mystères par la proclamation Ekas, ekas este bebêloi (Retirez-vous, ô profanes).
Le profane qui se serait permis d'assister à ces cérémonies était mis à mort immédiatement. C'est par cette sévérité seulement qu'on arriva à sauvegarder la vérité de la profanation des hommes.
On faisait prêter serment à l'aspirant qu'il ne dévoilerait jamais les secrets qui allaient lui être enseignés. On lui posait la question suivante qu'il faut entendre symboliquement :
« Avez-vous mangé du pain ? » (Le pain de vie). A cette question, l'aspirant devait répondre : « Non, mais j'ai bu la mixture sacrée, j'ai été nourri du panier de Cérés. J'ai travaillé. J'ai été placé dans le calathius et le cystus ».
C'est après cette interrogation que les portes du Temple s'ouvraient pour lui. Il apercevait la statue de la Déesse Cérès, resplendissante de beauté et entourée d'une éblouissante lumière.
Le candidat, qui s'était appelé jusque-là Myste ou novice, recevait le nom d'Epopte ou témoin oculaire, et on lui révélait la doctrine ésotérique.
Les travaux étaient fermés par une formule sanscrite : Konx om pax (1).
Paul Vulliaud, parlant du symbolisme d'Harpocrate, dans son ouvrage « La pensée ésotérique de Léonard de Vinci », écrit que : « le doigt sur les lèvres correspond à la célèbre formule Konx Om Pax d'Eleusis... Le doigt sur la bouche, ajoute-t-il, invite au silence, au respect dû à la divinité et recommandé dans les Mystères. Fermer les lèvres, se taire, traduit le grec « muô » ; le radical de ce verbe engendre « Mustès », initié aux petits mystères. ». Et nous avons vu, dans l'article consacré à l'Israélisme, que le mot grec « Muste » (serrer, fermer) a donné « Musterion », qui signifie « Mystère » qui trouve son origine dans le nom de la Déesse égyptienne Myriam.
Il fallait se taire sur les lois de la Nature dont on ne pouvait plus parler sans danger. C'est pourquoi on fit, de la racine « Muste », le mot mutisme, d'où muet (mutus latin) (2).
Pour montrer aux initiés la nécessité de se taire, on les impressionnait par la représentation du mal qu'ils auraient pu subir, s'ils parlaient. C'est cette partie de l'initiation qui comprend les épreuves. On les laissait dans l'obscurité, puis on leur faisait entendre des bruits terribles ressemblant au grondement du tonnerre, et qui devaient rappeler les formidables luttes qui s'étaient déchaînées entre les sexes ; au milieu d'éclairs aveuglants, on leur faisait apercevoir des spectres grimaçants représentant le principe du mal, Ahriman, l'homme pervers.
Des fantômes hideux, qui semblaient les menacer de mort prochaine, rappelaient les déments qui avaient attaqué, menacé la Femme dans la sainteté de son sexe.
Pour être admis aux Mystères, il fallait être d'âge mûr, la jeunesse n'ayant jamais su comprendre, et d'une conduite irréprochable.
D'abord les Grecs seuls étaient admis à l'initiation, mais bientôt cette condition disparut, et cinquante ans après leur institution on initiait aux Mystères les hommes de tous les pays.
On appelle Ides le milieu du mois lunaire, parce que les Mystères des Crétois se faisaient sur le mont Ida.
Idem est le même mot que idios. Tout cela est résumé dans le mot idée. On appelle Isis la Mère idéenne.
Les femmes célébraient leurs Mystères séparées des hommes, près de Cicyone, en un lieu appelé Pyraïa, où Cérès avait un bois sacré et un temple sous l'invocation de Cérès Présidente ou Prostasie.
Des temples appelés Pyrées étaient consacrés au culte du Feu sacré et immortel, ce qui nous fait savoir que c'était la grande religion exposée dans le livre sacré de l'Iran, le Zend AVesta, qui était enseignée dans les Mystères de la Grèce.
Rappelons que le Feu sacré est le symbole de l'Esprit saint représenté par la grande Déesse Vesta.
M. Hyde, l'auteur du livre Phapharhang gyihanghiri, parle de sept anciens Pyrées où on brûlait de l'encens en l'honneur des sept planètes, et où il y avait sept petites chapelles. Il nous dit qu'on allait dans la chapelle du soleil célébrer le soleil.
Ceci nous prouve que dans ces Mystères on expliquait les lois de la Cosmologie comme dans ceux de la Perse, mais l'auteur cité tombe dans la même erreur que les prêtres : quand il s'agit du ciel, il met des planètes à la place des sept forces cosmiques (les Elohim) qui sont les principes chimiques qui donnent leur couleur aux étoiles (voir l'article Cosmogonie).
A Patras, en Achaïe, derrière le Temple de Cérés, était le Bois sacré, à côté d'une fontaine appelée « Fontaine de Vérité ».
Dans presque toutes les villes de la Grèce, il y avait des Temples dédiés à Cérès, où l'on célébrait les mêmes Mystères. Cette profusion de Temples peut être comparée aux nombreuses églises dédiées à la Vierge Marie.
Les Grecs n'oubliaient pas que leur civilisation remontait à l'institution des Mystères et qu'ils leur étaient redevables de l'affranchissement de la barbarie, que les ennemis de la gynécocratie voulaient leur imposer.
C'est aux Mystères qu'on devait l'ordre social. « Les Mystères, dit Aristide en parlant de ceux d'Éleusis, nous procurent des consolations et des moyens de nous délivrer du poids de nos maux ».
« Les Grecs pensaient que c'était Cérès qui les avaient retirés de la vie sauvage et grossière qu'ils menaient avant que son culte fût établi parmi eux, et que c'était elle qui en avait fait véritablement des hommes ». (Isocrate, in Panegyr. Aristid., Elen., cité par Dupuis, T. II, p. 6). C'est le Deus meumque Jus, Ordo ab Chao (que les modernes traduisent par Dieu et mon droit, l'ordre sort du chaos).
Les Phliassiens et les Phénéates célébraient aussi Cérès. Les Argiens prétendaient que leur ville était la première qui avait reçu Cérès. Ils célébraient tous les ans une fête en son honneur au printemps.
Les Argiens, parmi les autres pratiques en l'honneur de Cérès Pélasgique et de Proserpine, avaient la coutume de jeter des flambeaux allumés dans une fosse sombre (d'où la légende de la vérité cachée au fond d'un puits). Ce qui nous montre que les Mystères étaient des cérémonies commémoratives, expiatoires et symboliques.
Chez les Phénéates, en Arcadie, où on célébrait les Mystères de Cérès Eleusienne, tout près du Temple de la Déesse était ce qu'on appelait Pêtroma ; c'étaient deux pierres jointes ensemble qui renfermaient les Rituels sacrés de l'initiation. On les retirait pour les lire aux initiés, puis on les remettait précieusement dans ce lieu sacré.
Chez les Céléiens, on célébrait les Mystères de Cérès tous les quatre ans. L'Hiérophante n'y était pas perpétuel, il était renouvelé à l'époque de la célébration quadriennale.
C'est pour copier les Mystères que les masculinistes instituèrent les jeux olympiques, qui se célébraient tous les cinq ans ; de là le nom d'Olympiades. Dans la ville d'Elide, au Péloponnèse, ces jeux commencèrent l'an 776 avant notre ère.
(1) Paul Le Cour a traduit cette expression ainsi : « Que celui qui peut comprendre comprenne ! »
(2) « le mot grec muthos, « mythe », vient de la racine « mu », et celle-ci (qui se retrouve dans le latin « mutus », muet) représente la bouche fermée, et par suite le silence ; c’est là le sens du verbe « muein », fermer la bouche, se taire (et, par extension, il en arrive à signifier aussi fermer les yeux, au propre et au figuré) ; l’examen de quelques-uns des dérivés de ce verbe est particulièrement instructif. Ainsi, de « muô » (à l’infinitif « muein ») sont dérivés immédiatement deux autres verbes qui n’en diffèrent que très peu par leur forme, « muaô » et « mueô » ; le premier a les mêmes acceptions que « muô », et il faut y joindre un autre dérivé, « mullô », qui signifie encore fermer les lèvres, et aussi murmurer sans ouvrir la bouche. Quant à « mueô », et c’est là ce qu’il y a de plus important, il signifie initier (aux « mystères », dont le nom est tiré aussi de la même racine comme on le verra tout à l’heure, et précisément par l’intermédiaire de « mueô » et « mustês »), et, par suite, à la fois instruire (mais tout d’abord instruire sans paroles, ainsi qu’il en était effectivement dans les mystères) et consacrer ; nous devrions même dire en premier lieu consacrer, si l’on entend par « consécration », comme il se doit normalement, la transmission d’une influence spirituelle, ou le rite par lequel celle-ci est régulièrement transmise » (R. Guénon, Aperçu sur l'Initiation)

LA FÊTE DES FLAMBEAUX A ÉLEUSIS
A Éleusis, dans la fête des flambeaux qui se célébrait le cinquième jour des Mystères, les initiés éclairaient la route d'Éleusis d'une multitude de flambeaux, qu'ils se faisaient passer de mains en mains, pour représenter la vérité transmise par tradition orale de l'un à l'autre, de Mère en fille.
Cette fête des lumières est devenue dans le Catholicisme la Chandeleur consacrée à Marie.
La cérémonie d'Éleusis était une des Panégyries dont parle Hérodote, elle réunissait toute la Nation.
Hérodote parle de la foule nombreuse des initiés qui couvraient les chemins, lorsque Xercès aperçut dans le champ de Thriase une nuée de poussière qui s'élevait sous leurs pas. Philostrate en parle comme de la pompe la plus nombreuse ; on y accourait, suivant Lycias, de toutes les parties de la Grèce ; car non seulement les Athéniens, mais encore les autres Grecs pouvaient se faire initier à ces Mystères, suivant le témoignage d'Hérodote ; Cicéron va plus loin, il fait accourir à cette cérémonie les initiés de toutes les parties de la Terre.
Cérès Mysienne (du nom de Mysia, en Argolie, où il y avait un temple consacré à son culte) avait aussi un temple dans l'Achaïe, à 60 stades de Pallène, près du fleuve Crios.
La fête de Cérès en Achaïe durait sept jours. Le troisième jour de cette semaine sacrée, on faisait sortir du Temple de la Déesse tous les hommes, et alors les femmes entre elles célébraient pendant la nuit, en secret, leurs Mystères, comme les dames romaines célébraient ceux de la Bonne Déesse, sans y admettre aucun homme. Non seulement les hommes, mais les chiens, tous les animaux mâles en étaient chassés. De même, à Rome, non seulement on interdisait aux hommes l'entrée du sanctuaire de la Bonne Déesse, mais on en écartait, ou l'on y voilait, jusqu'aux tableaux qui en auraient représenté un (1).
Pendant ces Mystères, on expliquait ce qu'était Spicifera Dea, la Déesse qui porte les épis.
On inventa des fables pour cacher l'objet de ces Mystères, dans lesquels on comparait l'œuf à la graine. Et on dira alors que les Mystères de Cérès avaient pour objet l'agriculture et contenaient une cérémonie commémorative de l'invention du blé.
C'est parce que Cérès était honorée par une procession aux flambeaux que les masculinistes, pour les imiter, feront une parodie de cette cérémonie qu'ils appelleront « les flambeaux de l'hyménée ».
(1) Il est resté dans la tradition des sociétés secrètes qu'il ne faut pas mettre un portrait d'homme dans un temple maçonnique.


CÉRÈS LÉGISLATRICE
THESMOPHORE ou THESMIAS (THÉMIS)
Il était dans les fonctions de toutes les Déesses de faire la Loi et de rendre la Justice. Ici nous en avons une preuve nouvelle, Cérès est surnommée Thesmophora (de Thesmos, loi, et phoros, qui porte. Porter vient de pherein).
Les Thesmophories étaient des Mystères célébrés en l'honneur de Cérès Législatrice par les filles et les femmes athéniennes.
Il y avait aussi des solennités appelées Thémistiades ou Thémista, en l'honneur de Thémis, mère de la Loi et de la paix.
On appelait aussi ces fêtes Carmenta.
Les Eumolpides ou Céryces étaient les interprètes des lois sacrées et les directrices du tribunal établi contre les crimes d'impiété.
Ce tribunal des Eumolpides et des Céryces formait ce qu'on appelait le Sénat sacré, qui s'assemblait à Éleusis.
Ce fut l'Hiérophante de ce tribunal qui parla contre Androïde dans la grande affaire d'Alcibiade et de ses complices, accusés d'avoir joué les Mystères dans une orgie d'amis. (Plut., Vit. Alcibiade. Thucyd. ,1,8).
Ce furent aussi les Eumolpides qui voulurent s'opposer au retour d'Alcibiade lorsque Athènes fut forcée de le rappeler.
Enfin, ajoutons que c'est ce tribunal qui condamna Socrate.
Ces femmes avaient donc encore toute l'autorité Morale à cette époque, c'est une date, et cela nous fait comprendre que les législateurs masculins placés avant cette époque n'ont aucune réalité et ne sont que des fictions destinées à donner de l'antériorité et du prestige à ce que firent les hommes en imitant les institutions féminines.
C'est ainsi qu'ils firent, en dehors de la religion, un sénat masculin, qui prononçait des condamnations envers les coupables de crimes contre le culte public. Puis, lorsqu'ils instituèrent des Mystères masculins, ils donnèrent aux hommes les fonctions des prêtresses dans les temples.
Nous y trouvons l'Archonte-Roi, qui a le droit d'y adresser des vœux pour le peuple.
Nous y trouvons aussi les Amphictyons qui peu à peu prendront la place des Eumolpides.
Pausanias, qui était initié aux Mystères de Cérès, dit : « Les Grecs, dès la plus haute antiquité, ont regardé les Mystères d'Éleusis comme ce qu'il y avait de plus propre à porter les hommes à la piété » (In Phocicis).
Ces Mystères étaient, suivant Aristote, la plus précieuse de toutes les institutions religieuses ; aussi les appelait-on les Mystères par excellence, et le Temple d'Éleusis était regardé, en quelque sorte, comme le sanctuaire commun de toute la terre, celui où la religion réunissait tout ce qu'elle avait de plus imposant et de plus auguste. (Arist., in Éleusis).


LES MYSTÈRES DE SAMOTHRACE OU MYSTÈRES DES CABIRES
Samothrace était un lieu d'antique célébrité, c'était une île de la mer Egée, célèbre par le culte qu'on y rendait à Cérès et aux autres dieux Cabires, diront les historiens quand ils mêleront les dieux et les forces cosmiques.
En réalité, ce qu'on enseignait dans le secret à Samothrace, c'était la Cosmogonie telle que les grandes Déesses l'avaient expliquée dans leurs Livres sacrés.
On enseignait ces lois de la Nature dans un lieu sacré où les profanes ne pénétraient pas et où on n'avait à craindre ni le doute, ni le scepticisme, ni les illusions, ce qui prouve que les hommes Corrompus profanaient tout ce qui était sacré par leurs railleries.
L'enseignement mystérieux donné dans les Mystères s'appelait Théurgie, mot qui indiquait le pouvoir mental qui résulte des facultés spirituelles que les modernes appellent l'intuition féminine.
D'abord cet enseignement s'était appelé la Magie. Il faisait partie du sacerdoce et ne se donnait que dans les cryptes des Mystères, à l'ombre des autels où les Déesses manifestaient leur présence, depuis que des hommes audacieux les avaient imitées en créant l'enseignement des erreurs qu'on appelait « la Magie noire ».
Il y avait dans le Temple Une école appelée le Didâscalion, qui comprenait sept classes ; c'est là que la Déesse déployait sa puissance souveraine, illuminait le monde de sa splendeur, dira t-on.


LES MYSTÈRES BÉOTIENS
Pour honorer Cérès la Grande, ou Cabirique, les Béotiens avaient planté un bois sacré dans lequel on célébrait son culte, ainsi que celui de Proserpine. Les initiés seuls pouvaient y entrer.
Les traditions sacrées de ces Mystères se liaient à celles des Cabires honorées à Samothrace.
Le mois durant lequel se célébraient ces Mystère s'appelait mois de Cérès ou Démétrien.


LES MYSTÈRES D'ÉPHÈSE
En l'honneur de la grande Déesse Diane, on célébrait des Mystères à Ephèse.
Nous avons vu que Diane est un des surnoms de la grande Déesse Ardui-Anaïta qui écrivit le Zend-Avesta (voir article sur la Perse). On disait aussi Deianvie et Diana-Hær (la Vierge Diane).
A chaque page de Pausanias on rencontre des statues, des temples, des autels élevés à cette Déesse dans toute la Grèce.
Une fête nocturne appelée Pannuchides, ou les veilles sacrées, était célébrée tous les ans par les Ioniens en l'honneur de Diane Triclarie. Une fille vierge faisait fonction de Prêtresse. Ces Mystères et ces initiations étaient désignés sous le nom de Télétè de Diane.
En Arcadie, sur le mont Cancale, était un temple où, tous les ans, on célébrait les Mystères de Diane.
Près de l'Académie était une enceinte sacrée où l'on voyait la statue de Diane très bonne et très belle, et une petite chapelle.
La Diane d'Ephèse est la plus connue. Le temple d'Ephèse est un des plus célèbres par son ancienneté et sa grandeur.
Ctésiphon et son fils Mélagène en jetèrent les fondements ; il fut terminé par Démétrius et Paconius. Suivant Pline, sa longueur était de 400 pieds (122m), sa largeur de 207 pieds (63m), sa hauteur de 56 pieds (18m).
Il était construit d'après l'architecture ionique.
Ce fut en 356 avant notre ère qu'il fut brûlé par Erostrate, ce fou qui, suivant la tradition antique, voulut s'immortaliser par cet acte d'impiété.
Il fut reconstruit quelques années après par les Ephésiens.
Nous ne connaissons la statue de Diane que par la description qui en est faite par les historiens de l'antiquité et par différentes copies et images qui en ont été retrouvées.
Suivant les uns, elle était en or, suivant quelques autres en bois. Ce qui prouve qu'elle était en or, c'est qu'elle a été volée plusieurs fois.
Cette statue est d'origine égyptienne. Elle représente la maternité sous des noms divers, Isis, Cybèle, Cérés.
Diane était regardée comme une des plus grandes Divinités de l'Olympe. Son culte s'étendit dans l'Asie Mineure, la Syrie, la Grèce. Il était dans son plus grand éclat sous les empereurs romains.
Ce qui reste du temple de Diane à Ephèse se trouve actuellement à quatorze mètres sous terre ; indication qui peut permettre de retrouver la date de sa construction.


RÉACTION : FABLES SUBSTITUÉES A LA SCIENCE
L'histoire de la Grèce, telle qu'on nous la présente, est un ramassis de fables absurdes. Elle a été faite, dans les temps de réaction, avec la justification de ceux qui étaient accusés, avec les fausses interprétations des esprits dévoyés par les orgies dionysiaques, et surtout par l'incompréhension de la science des Mystères.
Comme les rites étaient cachés, sous le voile de l'allégorie, tous les hommes ne les comprenaient pas, les plus intelligents seulement en saisissaient le sens secret, quant aux autres, ils y voyaient des allusions à des choses sexuelles concernant la physiologie féminine, et, obéissant à l'instinct d'imitation qui est dans l'homme, ils cherchaient à mettre en eux la psychologie de la Déesse tant glorifiée. Et, ainsi, le sens caché se perdit, à cause surtout du secret qu'on en faisait.
« Il y a eu dans l'antiquité, dit Burnouf, de grandes nations chez qui la métaphysique religieuse a été presque ignorée du peuple et ne s'est conservée que dans le secret du sanctuaire, et encore, dans quelle mesure, nous l'ignorons. L'examen des causes qui la firent perdre de vue aux Grecs, aux Latins, appellerait des développements étrangers » (Science des religions, p. 207).


LES TROIS FONDATRICES DES MYSTÈRES
Après la bêtise humaine, nous allons trouver l'ironie et le sarcasme.
Pour fonder un ordre secret, il faut d'abord former un triangle : être trois. C'est ce que nous voyons chez les Hindous et chez les Sémites.
Partout trois femmes, représentées les mains enlacées les unes dans les autres de manière à former un triangle, sont les fondatrices des Mystères.
En Grèce, un triangle est formé de Diane, Hécate et Cérès, qui sont les trois en un, reproduisant la Diva triformis tergemina triceps des Hindous : trois têtes sur un seul cou. C'est pourquoi elle est le prototype de la Trinité.
Elles furent d'abord ridiculisées par les hommes qui les appelaient Grées ou les vieilles. Alors on les nommait Péphrédo, Engo et Dino, et on disait qu'aussitôt après leur naissance elles deviennent vieilles ; elles n'avaient à elles trois qu'une seule dent et un seul œil.
Hécate fut représentée avec trois têtes : celle d'un cheval à droite, d'un chien à gauche, d'un gros paysan au milieu. Quelquefois celle du milieu était celle d'un sanglier.
Cérès aussi fut représentée avec une tête de cheval : le cheval Arion (contraction de Aérion).
Cette triade avait fait dire que la Divinité avait trois yeux, alors, ceux qui copiaient tout inventèrent le Jupiter Triophtalmus de Priam (1).
C'est pour se moquer des Déesses tricéphales que Priape sera appelé triphallus et Mercure trismégiste. C'est aussi pour ridiculiser les vieilles sans dents que l'on donnera à Neptune un trident, le surnommant tridentifer.
Nous trouvons ailleurs ces trois femmes appelées Hesper, Hespérus, Hespérides. Puis aussi trois sœurs : Eglé, Aréthuse et Hespéréthuse, qui possédaient un beau jardin rempli de pommes d'or et gardé par un dragon qu'Hercule tua pour pouvoir cueillir ces fruits. (Ce symbolisme vient d'Italie et d'Espagne. C'est dans ce dernier pays qu'Hespérie séjourna).
Ceux qui feront la mythologie grecque, pour cacher la vérité, les appelleront « les trois grâces » ou Charités (de caritas, amour ou charité). Elles seront les compagnes des Muses et on les nommera Euphrosyne, Thalie et Aglaé.
Euphrosyne signifie toute flamme.
Après avoir fait d'elles des vieilles ridicules, on les assimile maintenant aux femmes brûlant des feux de l'amour profane.
On les confond souvent avec les Muses. C'est pour cela que le Dictionnaire de la Fable nous dit qu'il y avait des peuples qui n'admettaient que trois Muses : Mélété, Aoïdè, Mnêmè.
Et on ajoute : d'autres en comptaient sept. Ceux-là sont ceux qui les confondaient avec le septénaire, les sept forces cosmiques représentées par les sept fondatrices d'une Loge, appelées les sept Lumières, et qui, dans les Mystères, remplissaient les fonctions diverses de la direction.
(1) Triglaw, que les Wendes de la Poméranie adoraient dans son célèbre temple de Stettin, était représenté par une statue tricéphale.


CALOMNIES
Les hommes, après s'être moqués des Mystères, les appelleront des orgies et des fables sacrées.
On lit dans Lucien, à propos des fêtes d'Isis ou de Cérès, près de Delphes, « qu'on brûlait toutes sortes de victimes dans un bûcher ; à peu près, dit-il, comme dans la fameuse fête de printemps, célébrée en Syrie en l'honneur de la Mère des dieux, qu'on appelait la fête de la lumière et du feu ».
Ceci prouve que Lucien ne comprend rien à la signification du feu de l'Esprit, quand il le confond avec le feu qui brûle des victimes.
Comme l'homme sexuel avait été comparé au porc, on sacrifiait le porc en l'honneur de Cérès dans les parodies masculines, et on l'appelle « l'animal des Mystères ».
A Phigalie, en Arcadie, des masculinistes honoraient Cérès sous la forme d'une femme qui avait une tête de cheval, dont la crinière était formée par un assemblage de serpents.
Le cheval, dont la tête se trouvait sur les épaules de la Déesse, était Pégase. Elle représente ainsi la femme outragée dont on craint la vengeance. On lui donne, en même temps, le nom de Mélanie (la noire), et on dit qu'elle était adorée dans un antre sacré où on supposait qu'elle s'était retirée, et où Pan la découvrit. C'était dans cette grotte que ses adversaires célébraient son culte en lui offrant des raisins et du miel, symboles de deux vices.
Toutes les féministes de l'antiquité sont calomniées : les Corybantes, les Almées, les Héliades, les Amazones, etc. On leur reproche à toutes des débauches.

LA CONSPIRATION DU SILENCE
Quelquefois on ne les calomnie pas, mais alors on évite d'en parler. Diane est la reine du silence. C'est ainsi que la Diane d'Arcadie, près de Capyres, prit le nom d'étranglée, d'après un conte que rapporte Pausanias, et il ne faut pas que cela se sache. C'est elle, sans doute, qui est appelée Muete ou Muta, Déesse du silence, à qui, dit-on, Jupiter fit couper la langue, et dont Mercure fait la Mère des Lares, génies familiers.
Finalement, les femmes importunes qui expliquent les lois de la Nature à des hommes qui ne veulent pas les connaître, sont supprimées de ce monde et reléguées au Ciel, où leur présence n'est pas gênante. Maïa, qui les représente toutes, devient la plus brillante des Pléiades. A côté d'elle sont les Déesses, métamorphosées en étoiles.
Elles sont sept, comme dans les Mystères ; on les appelle Alcyone, Célino, Electre, Maïa, Asterope, Mérope et Taygète.
C'est le groupe des Pléiades.

IMITATION
Tous les mythes ont une double signification : la signification primitive féminine et la forme secondaire masculine. Elles se contredisent et il est impossible de les comprendre si l'on n'a pas fait antérieurement une profonde étude des différences psychiques des deux sexes (voir l'article sur la Loi des sexes).
En voici un exemple entre mille.
Ce qu'on appelle « Néoménie » (nouvelle lune) joue un rôle important dans le culte des Déesses. Cette périodicité lunaire, qui a servi à diviser l'année, sert aussi dans les usages familiers en créant des restrictions. On appelle Néoménie le retour de la femme à la vie sexuelle, après un temps de repos.
Les prêtres ont voulu aussi avoir leur Néoménie, ils l'ont appelée Néphalie, ou jour du sang, pendant lequel ils se faisaient des incisions par tout le corps pour faire couler leur sang. C'est l'origine lointaine du culte du précieux sang divin.

L'HYDRE DE LERNE
Dans l'enseignement des Mystères, la Loi morale tenait une grande place. Cet enseignement était basé sur les principes de l'A-Vesta, qui avait créé le dogme des sept péchés capitaux que toutes les religions devaient adopter et propager. Comme on les opposait à ce qu'on appelait « les sept vertus de l'A-Vesta », cela déplut à certains hommes qui avaient fréquenté les assemblées données dans l'endroit qu'on appelait les marais de Lerne, qui devinrent fameux par la célébration des Mystères de Cérès.
Pour montrer la persistance du mal, on représentait les sept péchés capitaux par les sept têtes du monstre qui repoussent à mesure qu'on les coupe. Cela fut nié et le nom d'une des prêtresses de Lerne, Hippothoé, qu'on assimile aux Amazones, devint une expression de doute et même de négation : on en fit hypothèse.
Le monstre de Lerne fut appelé Hydria ou cruche, mot qui en Égypte représentait la même idée sous un autre symbole : une cruche, une outre, un tonneau, un récipient quelconque, qu'on ne peut jamais remplir parce qu'il a une ouverture à la base, par laquelle le liquide s'échappe.
Et c'est pour cela que les Prêtresses de Lerne furent assimilées aux Danaïdes.
Le monstre de Lerne fut rapproché du serpent Typhon, et c'est cela qui nous explique les serpents qui ornent la tête de Cérès à Phigalie, comme ils ornaient celle de Méduse.
Comme l'évolution sexuelle donnait aux hommes la force musculaire en même temps que la ruse, on nous dit que, dans la doctrine secrète des initiations, on donnait cette énigme : « Dire pourquoi le taureau engendre le serpent, et le serpent engendre le taureau ? » La réponse, c'est que les femmes attaquées se défendent en appelant leurs ennemis Energoumenoi, qui est le participe passé de energeisthai (être tourmenté).
C'est la jalousie qui est le tourment qui fait naître la ruse.
Quand le Prêtre imite la Pythie, on l'appelle Python (serpent). Mais il se venge et nous allons voir comment. Il la ridiculise, lui attribue les grimaces, les contorsions que font ceux qui l'imitent.
Plutarque parle des Pythonisses en homme qui croit qu'elles ont réellement été ce que dit la légende mensongère qui leur fut faite. Dans son Traité des Oracles abandonnés, il raconte qu'elles n'exprimaient leurs prophéties qu'après avoir été préparées par un long jeûne et avoir respiré les émanations de la terre. Mais il ajoute que, souvent, la force de l'exhalaison qui leur montait au cerveau était si violente qu'elle entraînait leur mort. Comme ceci est absurde et ne répond à rien de réel, il faut en conclure que cela a été écrit dans le but de cacher et de justifier quelque chose.
Voici l'histoire invraisemblable que Plutarque raconte :
« Qu'arriva-t-il donc à la Pythie ? Elle descendit bien dans le trou de l'Oracle, malgré elle, mais elle montra d'abord qu'elle ne pouvait plus souffrir l'exhalaison, remplie qu'elle était de l'esprit malin et muet. Enfin, étant tout à fait troublée et courant vers la porte en poussant un cri horrible, épouvantable, elle se jeta contre terre, de telle sorte que non seulement les voyageurs, mais même le grand-prêtre Nicandre et tous les autres prêtres qui étaient là présents, s'enfuirent de peur. Cependant, rentrant un peu après, ils l'enlevèrent étant encore hors d'elle-même. Elle ne survécut que peu de jours ».
A travers cette légende, cherchons ce qu'il y a de vrai. Voici ce que nous trouvons : dans le trou où l'on fait entrer la Pythie sous un prétexte quelconque, on avait caché un serpent. A sa vue, la sibylle se trouble, s'affole (c'est son trouble qu'on appelle l'esprit malin). Enfin elle est mordue par le reptile et alors elle pousse un cri horrible et s'enfuit épouvantée. Quelques jours après, elle meurt de sa blessure.
Et, s'enfonçant dans l'absurde légende, au lieu de la nier, Plutarque affirme que « l'effluve terrestre était le conducteur du dieu dans le corps de la Pythie ». Cet écrivain pense que la terre ayant perdu de sa vertu, l'exhalaison prophétique cessa et les oracles devinrent muets. Cicéron explique la chose dans le même sens. « C'est, dit-il, que cette vertu terrestre qui agite l'esprit de la Pythie par une inspiration divine s'est évanouie avec le temps, comme nous voyons que plusieurs rivières se sont desséchées, ou qu'elles ont pris un autre cours et ont été détournées ailleurs ».
Et c'est pour cela sans doute que l'histoire masculine nous dira qu'elles parlaient assises sur un trépied couvert de peau de serpent.
Hercule et Esculape étaient appelés Ophius ou Ophiuchus.
Ophioné était le mauvais génie, Ophion le chef des mauvais génies.
Comme les Prêtresses retraçaient l'histoire du passé qu'on voulait cacher, leurs ennemis diront qu'elles évoquaient les mânes des morts.
On les accuse d'entrer en fureur contre les hommes, on imite leurs discours en parlant d'une voix grêle, basse ou inarticulée. Les Euménides (propices) qui avaient un temple à Athènes, près de l'Aréopage, sont représentées comme des furies.
Donc, pas de doute à avoir. Ce sont les hommes qui, admis dans les temples, profaneront les Mystères sacrés et vont maintenant créer une religion nouvelle à côté de l'ancienne, des dieux nouveaux à côté des Déesses, et un système d'enseignement et de vie morale qui va être la contre-partie de ceux qui avaient régné jusque là.

HEMŒRA.
Hemœra est une Déesse dont le nom et l'histoire remplissaient l'Europe, qui joua un grand rôle en Grèce et particulièrement dans l'ancienne Achaïe.
Hemœra signifie la lumière, et il semble bien que Diane, dont le nom signifie aussi « le jour », soit la même Déesse dont le nom serait exprimé dans une autre langue (Diane vient de Dia, qui signifie jour, lumière, et ana, ancien).
Mais ces surnoms sont ajoutés à un nom réel qui devait être Europe, lequel nous a été conservé dans les Mystères de la Grèce et dans la mythologie des Prêtres. On confond Eôs, l'aurore, avec Hemœra, Déesse du jour ; elle a des ailes aux épaules, elle plane dans l'espace et verse la rosée sur la terre.
De ce nom Hemœra, on fit, par la suite, un nom collectif : les Hemœrides, désignant les prêtresses de la grande Déesse. Dans de nombreuses inscriptions trouvées sur les bords de la Méditerranée, les Prêtresses sont appelées Mœres, d'où le mot Mère. Hemœra c'est la mère spirituelle. Les Muses sont surnommées Mœmonides (1).
Par toute la Gaule, on trouve des inscriptions portant Deabus Mœrabus (Déesses Mères) ou bien Deœ Mœrœ (Encycl. méthod.).
Les prêtresses d'Hemœra sont « celles qui regardent » (les astronomes). Du temps de Strabon, on voyait à Dianeum, en face des Baléares, le célèbre observatoire appelé Hemeroscope, tour pyramidale servant, selon la science de ces anciens peuples, à déterminer l'instant précis de l'arrivée du soleil aux tropiques (Odyssée). Hemœra est certainement celle qui est désignée par le surnom Uranie.
(1) Dans la langue celtique, le mot Mère se dit Ma. (Ce mot répété a fait Mama.) Il a servi de racine au mot Mère dans toutes les langues (Matri, Mater, etc). On s'est étonné que le mot français Mère n'ait pas la même racine ; c'est qu'il a une autre origine : il signifie Mère spirituelle. Il y a donc en français deux mots pour désigner la même personne : Maman et Mère.

LE CULTE DE LA DÉESSE HEMŒRA
C'est la Déesse Hemœra qui écrivit les poèmes dits homériques, qui sont considérés comme les livres saints de la Grèce. On les faisait remonter à la Divinité, donc à la Femme Divine, comme les livres sacrés de toutes les autres nations.
Les vers de ces poèmes étaient portés de ville en ville, par des chanteurs appelés « Aèdes », qui excitaient le plus vif enthousiasme. Ces Aèdes, appelés aussi « Hémœrides », faisaient la plus active propagande des vers de l'Iliade, ce qui prouve qu'ils prenaient une grande part dans la lutte, qu'ils avaient un grand intérêt dans le triomphe des idées qui y étaient exposées. On les voyait dans les festins, chanter ou réciter les vers de l'Iliade qui passaient de bouche en bouche et qui devinrent l'ornement des plus brillantes fêtes.

HEMŒRA MASCULINISÉE
Le nom d'Hemœra masculinisé est devenu Homère. Fabre d'Olivet nous apprend ceci :
« Le nom d'Homère n'est pas grec d'origine et n'a point signifié, comme on l'a dit, aveugle. La lettre initiale O n'est point une négation, mais un article (ho) ajouté au mot phénicien mœra, qui signifie au propre un foyer de lumière et au figuré un Maître, un Docteur » (Vers dorés, p. 73).
Mais le mot mœra est féminin, et c'est l'article féminin he (la) qui le précédait. Ce nom alors était Hemœra.
Il est facile de comprendre comment le nom fut altéré : en voulant le masculiniser, on remplaça l'article féminin He par l'article masculin Ho, et Hemœra devint alors Homeros. Ce fut tout simplement un changement de genre pour consacrer un changement de sexe. Donc, c'est par antithèse que de mœra, lumière, voyance, on fait d'Homère un aveugle.

LA PERSONALITÉ D'HOMÈRE
Homère est un de ces auteurs sur lesquels les historiens ne nous donnent que des renseignements vagues, ce qui peut sembler étrange, étant donné l'exagération avec laquelle ils chantent les louanges des hommes.
Le voile jeté sur cette grande personnalité a amené Vico, au XVIIIème siècle, à considérer Homère comme un mythe ; ce à quoi Fabre d'Olivet répond (La Langue Hébraïque restituée, T. 1, Introduction, p. XXVI.) : « On a dit qu'Homère était un être fantastique, comme si l'existence de l'Iliade et de l'Odyssée, ces chefs-d'œuvre de la pensée, n'attestaient pas l'existence de leur auteur ! Il faut être bien peu poète et savoir bien mal ce que c'est que l'ordonnance et le plan d'une œuvre épique pour penser qu'une troupe de rapsodes, se succédant les uns aux autres, puisse jamais arriver à l'unité majestueuse de l'Iliade ».
Cette façon d'attribuer l'œuvre de cet auteur à plusieurs poètes, l'insistance mise à cacher sa personnalité, tout cela ajouté à d'autres faits, surtout l'altération de l'œuvre, a donné à penser que cet auteur mystérieux, si bien caché par l'histoire, était une femme, et c'est ce qui explique pourquoi l'existence d'Homère a été donnée comme incertaine à l'époque où les hommes s'appliquaient à détruire les œuvres féminines et à effacer leur nom de l'histoire.
Mais ces forfaits ne se commettent pas en une fois, ils se produisent peu à peu.
Voici ce que du temps de Diodore on racontait (livre I, cité par Fabre d'Olivet dans les Vers dorés, p. 55) : « Homère monta sur un vaisseau dont Mentes de Leucade, son ami, était le patron ; il parcourut toutes les possessions de la Grèce, visita l'Egypte et vint s'arrêter à Tyr, qui était l'ancienne métropole de la Grèce, la source et le dépôt sacré de ses traditions mythologiques.
« Ce fut là qu'Homère put remonter jusqu'aux origines du culte grec et pénétrer jusqu'au sens le plus caché de ses mystères. »
Puis, après nous avoir dit cela, nous trouvons, lorsque nous cherchons quelles furent les archives sacerdotales qu'Homère consulta, des choses surprenantes. Par exemple : « On lit dans une petite pièce attribuée à Antipater de Sidon et conservée dans l'Anthologie grecque, qu'Homère, né dans la Thèbes d'Egypte, puisa ses sujets épiques dans les archives du temple d'Isis. D'un autre côté, Ptolémée Ephestion, cité par Photius, veut que le poète grec ait reçu d'un prêtre de Memphis, nommé Thamitès, les écrits originaux d'une fille inspirée, nommée Phancy. Strabon, sans désigner aucun lieu en particulier, dit en général, en parlant des longs voyages d'Homère, que ce poète allait consulter partout les fastes religieux et les oracles conservés dans les temples, et Diodore de Sicile témoigne tantôt qu'il emprunta beaucoup de choses à une Sibylle du nom de Manto, fille de Tirésias, et tantôt qu'il s'appropria les vers d'une Pythie de Delphes, nommée Daphné. »
Tout ceci prouve qu'à cette époque on ne croyait pas qu'un homme ait pu écrire les poèmes homériques sans en avoir pris le sujet quelque part, à la source même des idées, dans les temples.
Au XVIIIème siècle, on ne croyait plus à la personnalité d'Homère. L'abbé d'Aubignac, dans ses Conjectures académiques publiées en 1715, dit qu'Homère n'a jamais existé. Dans Prolegomena ad Homerum, publié en 1795, Wolf nie également l'existence d'Homère.
En 1793, on publia L'Examen de la question si Homère a écrit ses poèmes.
Parmi les modernes, il y en a qui vont plus loin et qui osent rendre aux poèmes homériques leur véritable auteur, la Femme.
Samuel Butler (1835-1902) est de ceux-là. Il publia divers travaux sur l'Odyssée, où il émit l'idée que le véritable auteur de ces poèmes était Nausikaa elle-même.


LA VILLE NATALE D'HOMÈRE
Si, maintenant, nous consultons Suidas, il nous dira qu'Hésiode était Atlante et qu'Homère l'était aussi. Du reste, la Grèce ne sait rien de la vie de ce poète, elle ne sait même pas où il est né, et dix-neuf Villes se disputent l'honneur de lui avoir donné le jour.
Mais, si la Grèce ignore Homère, la Celtide connaît bien Hemœra. Sa ville natale, selon quelques monuments du moyen âge, civitas Sancti Hemeri, est la cité la plus célèbre des Atlantes. Cette ville s'appelle aujourd'hui Saint-Omer et se trouve dans le département du Pas-de-Calais.
Au surplus, citons encore de Grave (Ch. Elys., t.1, pp. 177-178). Il dit :
« Pausanias remarque que, malgré leur grand talent, Hésiode et Homère n'ont point, comme la plupart des philosophes grecs, joui de la familiarité des grands. « C'est peut-être, dit-il, par le caprice de la fortune, ou plutôt parce qu'ils ont dédaigné et évité ces faveurs, Hésiode en se consacrant à la vie champêtre, Homère en se retirant à l'extrémité de la terre, in ultimas terras. »
« Pausanias ne signale pas cette contrée lointaine, sans doute parce qu'il l'ignorait ; mais il est palpable que c'est l'extrémité de la Terre où Homère place les Champs Elysées, l'enfer et la patrie des dieux, c'est-à-dire sa propre patrie.
« Mais quel est donc le pays des Atlantes, l'endroit qu'on puisse envisager comme le sol natal d'Homère ?
« Une ville porte son nom, Aud-Omar, mot teuton, dont les Latins ont fait Audo-Marus, et qui signifie Omer en gaulois.
« L'ancien Sithium, aujourd'hui Saint-Omer, Audo-Maropolis, ou, selon quelques monuments du moyen âge, civitas Sancti Hemeri, est la cité la plus célèbre des Atlantes. Elle était spécialement consacrée à Minerve ; cette Déesse tant célébrée par Homère y avait un Temple qui subsistait encore au temps où les Catholiques sont venus prêcher l'Evangile ; Sithium est le lieu que, sous le nom de Scylla, Homère a particulièrement chanté dans l'Odyssée. »


LES POÈMES HÉMŒRIQUES RÉVISÉS
Nous ne connaissons pas les œuvres originales d'Hemœra, d'abord parce que cet auteur ne les écrivait pas et se contentait de les réciter ou de les chanter, ensuite parce que les traductions que nous en avons ont été faites à une époque relativement moderne et dans un temps où il était d'usage de dénaturer l'histoire de l'antiquité.
Le grammairien latin Diomède (4ème siècle après notre ère) raconte que la Grèce ayant perdu, par accident, une grande partie des chants d'Homère, Pisistrate, qui attachait un grand prix à la conservation de ces Poésies, fit publier dans toute la Grèce, avec promesse de récompense, l'invitation de lui transmettre les vers que chacun aurait gardés dans sa mémoire. Après avoir reçu d'innombrables morceaux, il réunit 72 grammairiens, les enferma dans des chambres spéciales et fit composer, par chacun, un Homère complet à l'aide des fragments recueillis (Repertorium für Biblische und Morgenländische Litteratur, T. I, p. 266-267).
Cette légende ressemble bien à celle d'Aristée au sujet de la Version des Septante, qui aurait été faite dans les mêmes conditions. Nous ne croyons guère à ces pertes par accident, surtout à une époque où nous voyons partout les œuvres qui chantent les louanges de l'ancien régime dénaturées. Ce qu'il y a de certain, c'est que de nombreux changements et des interpolations ont été faites dans les poèmes d'Homère.
On croit que c'est Lycurgue (396-323) qui, le premier, rapporta dans la Grèce occidentale les poèmes d'Homère. C'est lui, le mâle législateur, qui en fut le premier éditeur sept ou huit siècles après la mort de leur auteur. Solon et les Pisistratides achevèrent de les fixer par l'écriture.
La dernière révision des poèmes d'Homère est due à Aristarque de Samothrace (né vers 160). C'est après avoir subi les épurations et les corrections de ce grammairien grec, célèbre par ses études critiques sur les poèmes grecs, que fut fixé le type adopté, d'où sont dérivées toutes les copies que nous possédons.

L'ILIADE
Le sujet de l'Iliade est la colère d'Achille. Or, pour qu'Achille ait été en colère, comme Médée, à propos de la conquête du pays par les hommes, il faut qu'Achille ait été, dans le poème primitif, une personne bien attachée à l'ancien régime gynécocratique. Du reste, on nous dit que sa Mère l'avait rendu invulnérable, excepté au talon, en le trempant dans le Styx.
Or, nous savons que cette légende représentait alors la Femme « mordue au talon » par le serpent, qui représente l'homme vil, celui qui l'attaque lâchement, « par en bas », c'est-à-dire dans son sexe.
Alors, Achille, c'est la Femme outragée ! On en fait un « fils » de Téthys et de Pelée, roi des Myrmidons, et il aurait été élevé par le centaure Chiron (Khi/Chi-Ro), qui lui enseigna l'art de guérir (1). Donc Achille guérissait. Mais c'est la Femme qui exerçait la médecine dans les temples à cette époque ! Du reste, toutes ses occupations sont féminines : dans l'Iliade, nous voyons qu'Achille prépare elle-même (?) le repas qu'elle (?) veut offrir à Agamemnon.
Puis on nous dit que, quand éclata la guerre de Troie, sa mère, sachant qu'il y devait périr, l'envoya déguisé en femme à la cour de Lycomède, roi de Scyros. Voilà donc Achille devenu femme, dans la rédaction revisée, mais à titre de déguisement ; combien cela est significatif ! Ulysse l'emmena au siège où il se signala par les plus glorieux exploits, tua Hector, puis, après dix ans de siège, fut tué par Paris qui lui lança une flèche empoisonnée au talon, seul endroit où il fût vulnérable.
Tout ceci est évidemment arrangé par les reviseurs. L'Iliade est le récit devenu allégorique de la lutte de sexes en Grèce. On y voit Penthésilée, reine des Amazones, tuée devant Troie. Du reste, les premiers vers le disent :

Déesse ! viens chanter la colère d'Achille
Fatale, et pour les Grecs si fertile en malheurs,
Qui d'avance, aux enfers, précipitant en foule
Les âmes des héros, livra leurs corps sanglants
Aux dogues affamés : ainsi Jupiter même
Le voulut, quand la haine eut divisé les cœurs
Du roi des rois Atride et du divin Achille.

Ce qualificatif divin indique encore qu'il s'agit d'une femme, car, à l'époque d'Homère, l'homme n'est pas encore divinisé. L'Iliade dit :
« Achille, l'illustre Eacide, né d'une mère immortelle ».
Cette Mère, c'est Téthys « qui donna le jour à six filles divines », dit la Fable ; elle n'eut aucun fils.
(1) Or nous savons que c'étaient des femmes qui exerçaient la médecine, on les appelait les Asclépiades, nom dont on fera Esculape. Dans l'Iliade, on lit : « La blonde Agamède qui connaissait toutes les plantes salutaires que nourrissent les champs » (Chant XI). La médecine était enseignée dans le temple de la déesse Hygie. Le commandant Espérandieu, correspondant de l'Académie des Inscriptions, a retrouvé un de ces sanctuaires sur le Mont-Auxois.


LA LÉGENDE DE SCHYLEN
L'histoire d'Achille a été prise dans une légende qui était universellement connue, la légende de Schylen.
Schyle, c'est l'être caché, celle qu'on ne nomme pas, c'est le bienheureux endormi dans sa grotte, attendant le réveil, c'est-à-dire sa résurrection.
Son nom signifie caché et dormir (1). C'est l'origine de la légende de la Belle au bois dormant.
Dans les Florales (les Mystères du Nord), on attend la résurrection de Schyle, que l'on s'épuise à vouloir ramener sur la Terre.
Le mot celte to-chell signifie victoire (Dottin, E. C., p. 12, notes). C'est le Sauveur attendu. On l'appelle Pyrisous, qui signifie sauvé.
Cette personnalité féminine, avant de disparaître, avait lutté. C'est cette lutte qui est le sujet de l'Iliade, qui, dans sa forme première, raconte les exploits des Amazones.
Dans le poème revisé, Chil est devenu Achille. Et, pour justifier son nom de Pyrisous, on lui donne une femme Pyrrha et un fils Pyrrhus, et on dira que sa mère voulut le purifier par le feu.
Le déluge de Pyrrha est le nom symbolique de la persécution subie par les Amazones.
Cette légende était universelle.
Dans la Bible, on trouve : « Le sceptre ne quittera pas Juda jusqu'à ce que Schyl (Scilo) revienne, et c'est à lui qu'appartient l'assemblée des peuples » (Genèse, XXIX, 10).
Dans l'Odyssée, au 1er Chant, Nestor cite Achille pour dire qu'il dort dans la plaine de Troie.
Au 2ème Chant, Ulysse le rencontre dans une caverne funéraire, ennuyé de sa mort et impatient de revivre (2).
Calypso signifie secret ou chose voilée. Apocalypse signifie secret dévoilé.
Quand le dormeur était un souverain, il fallait, jusqu'à son réveil, lui donner un substitut pour la gestion des affaires. On choisissait pour cela un sage, et ce dernier mot qui, en celtique, se dit Weise, en vint, chez différents peuples, à signifier vice-gérant, Vices gerens. C'est ainsi que s'expliquent les termes Bello-Wèse, Vizir, Vyâsa (3).
(Bello-Vèse est le représentant de Bel (c'est-à-dire de Belle), Vizir dérive de Weiss-herr (vice-maître), Vyâsa est le sage remplaçant la Dêvâ momifiée qui écrivit le Véda.)
Lorsque les Florales avaient fait regermer le Schyl, il n'était point accepté sans épreuves et on ne lui accordait les honneurs divins que quand il avait montré par ses actes qu'il était de la race des Dieux ; alors on s'écriait qu'il était véritablement le même qui avait été ambré, que c'était l'Embratur ou, comme on dira plus tard à Rome, l'Imperator.
Tsar, dans les langues orientales, a le même sens que Schyl (Tsar signifie dormeur en Coréen).
L'empereur de Chine fut nommé Sin (dormeur) (sin en coréen signifie aussi dormeur). Ce nom Sin, passant à ses sujets, les fit appeler Sines par les Grecs. (Cailleux, Origine celtique de la Civilisation, pp. 275 et suiv.)
Des mythes analogues se retrouvent encore chez les Muscas d'Amérique. Bochica, étant morte, fut ravie au délicieux séjour de l'Ida-Canza, où les Mystères devaient la faire revivre ; on attendait son retour, et ceux qui, par leurs exploits, semblèrent la reproduire, furent honorés comme étant le héros ravi. Or, en Celtique, Schaak signifie ravi, ravissement, et ce mot lui-même devint le titre de souveraineté chez les Américains, les Ottomans, les Iraniens, les Tartares, les Scythes.
Saques chez les Muiscas ;
Padi-Schah chez les Ottomans ;
Schah chez les Perses ;
Chagan chez les Tartares.
Les Scythes royaux étaient appelés Saces et son encore nommés Tchèques.
Les Astèques donnent au représentant de Bochica le nom de Guèze.
(Cette racine se trouve dans le français Guise, d'où déguisement, celui qui représente la Femme en portant son costume ; elle se trouve aussi dans l'anglais wise, dans l'allemand weise.)
Tous les 15 ans, on promenait le guèze dans tous les lieux rendus sacrés par la présence et le martyre de Bochica, puis on l'immolait en guise de Bochica elle-même.
(1) Chil en anglais, rusten eu flamand, signifie dormir, et de là le monument appelé en Perse Chil-Minar ou Rusten (Rust-heim) désigne la maison du dormeur, le tombeau.
Les Cairns sont des monceaux de pierres amassés sur une tombe.
Le nom d'Achille devait s'écrire d'abord a Schyl. A privatif, schyl.
(2) Voici le texte : l'âme d'Achille, rencontrée chez Pluton, dit à Ulysse : « Noble Ulysse, ne me parle pas de la mort ; j'aimerais mieux être le mercenaire d'un homme voisin de la pauvreté, à peine assuré de sa subsistance, que de régner sur tous ceux qui ne sont plus (les féministes). »
(3) Le sub-stitut est mis à la place du pro-stitut dont on fait la prostituée quand elle réclame sa place.


HÉSIODE
Nous avons vu qu'Hésiode est celte comme Homère. Mais ce qu'aucun homme ne nous dit, c'est que cet auteur est aussi une femme.
La question d'Homère-Hemœra est élucidée. Il reste celle d'Hésiode.
Il suffit de lire sa Théogonie pour comprendre que c'est une femme qui a écrit cela. Ce qui a pu faire illusion aux modernes, c'est qu'on y a mêlé, plus tard, les dieux de la mythologie grecque.
Le premier cycle de l'histoire des peuples est résumé dans cette phrase d'Hésiode : Les dieux mènent le monde ; mais personne ne comprendrait la signification de cette phrase si on ne rendait pas au mot Dieu sa première signification, si on n'expliquait pas que l'entité divine est d'abord exclusivement féminine. Le Dieu qui mène le monde, c'est la Déesse, c'est la Femme !
Et Hésiode nous dit encore, en parlant de ces êtres divins : « Les dieux interviennent en tout, l'homme doit leur obéir, car il est petit auprès des dieux, il doit se préoccuper de leur volonté, écouter leurs oracles, respecter leur puissance. Obéir aux dieux, c'est obéir à la loi qui domine la destinée humaine. Et cette loi dit à l'homme : Connais-toi toi-même, n'oublie pas ta misère, c'est la moïra, la loi de la vie. »
C'est parce que cette loi de la vie était à la base de la société, que la sagesse divine (Théosophia) fut le facteur de la grande civilisation qu'on a appelée l'Âge d'Or.
Le sentiment religieux, si profond dans cette jeunesse humaine, répondait au besoin naturel d'adoration qui est dans le cœur de l'homme jeune.
Par la piété il s'efforçait de conformer ses actions aux désirs de la Femme divine et de rendre à la Déesse ce qui lui est dû en respect, en soumission dévouée, en vénération.
Par la foi l'homme s'abandonnait complètement aux décisions de la Déesse dont il reconnaissait la suprématie.
La religion était alors le lien moral qui unissait l'homme à la Femme sur le plan divin, c'est-à-dire spirituel.

L'AGONIE DU GÉNIE FÉMININ ET DES DERNIÈRES GRANDES FEMMES DU PAGANISME
HYPATHIE (375-415)
Vers 375 naquit Hypathie, fille de Théon, mathématicien et naturaliste qui, imbu des idées de son temps, avait écrit un livre sur les présages par le vol et la voix des corbeaux. Mais la fille devait grandement surpasser son père. On croit qu'elle fit dans sa jeunesse un voyage à Athènes, où elle suivit les cours d'une autre femme, Asclépigénie, qui, avec son père Plutarque le jeune, dirigeait une Ecole de philosophie.
Donc, les femmes enseignaient encore, malgré l'opposition des néo-chrétiens qui, par la voix de saint Paul, avaient dit : « Je ne permets pas à la femme d'enseigner. »
A son retour d'Athènes, Hypathie succéda à son père dans sa chaire à l'École d'Alexandrie ; elle faisait un cours public dans la célèbre École de philosophie de cette ville, le Muséum (Mouseîon) fondé par Ptolémée Soter et Ptolémée Philadelphe, dans le but de conserver les connaissances acquises et de faire de nouvelles recherches.
Hypathie enseigna d'abord les mathématiques, la géométrie et l'astronomie, puis la philosophie. Elle était en opposition d'idées avec son père qui professait la doctrine d'Aristote, tandis qu'elle enseignait la doctrine néo-platonicienne. Du reste, on lui reconnaît des idées très larges, un éclectisme produit du mélange des opinions qui régnaient dans une ville où l'on pratiquait trois religions : le Judaïsme, le Paganisme et le Christianisme.
Hypathie, avec la raison droite d'une femme, combattait la théurgie qui régnait dans le monde des hommes ; elle ne croyait pas, comme son père, aux enchantements, aux esprits, aux miracles.
Cette savante écrivit trois ouvrages :
1° un commentaire du Traité des Coniques d'Apollonius ;
2° un commentaire des Arithmétiques de Diophante, qui sont les premiers ouvrages connus d'algèbre ;
3° un Canon astronomique, c'est-à-dire des Tables des mouvements des astres.
Le second de ces ouvrages, qui avait été perdu, a été retrouvé à la fin du XVème siècle. Le troisième a dû être confondu avec celui qu'on a attribué à son père, Théon, sur le même sujet. Elle fit aussi des inventions : L’aréomètre ou pèse-liqueurs, un planisphère et un astrolabe.
D'après les lettres de Synésius, on sait que, pour son planisphère, elle projetait la région équatoriale de la terre sur le cylindre circonscrit ; quant au dernier instrument, c'était un cercle gradué pour mesurer les distances angulaires des astres. On lui attribue aussi l'invention d'un niveau d'eau et d'un appareil à distiller.
Hypathie était aussi belle qu'elle était savante. De toutes les parties du monde, on venait à Alexandrie pour entendre ses leçons ; sa voix avait une douceur divine, et elle était si connue qu'on lui écrivait en adressant les lettres « à la Philosophe » ou « à la Muse d'Alexandrie ». Elle était entourée d'admiration et de respect. On voyait en elle la femme-Déesse, telle que l'antiquité l'avait connue.
Un poète lui adressa ces vers : « Quand je te vois et j'entends ton discours, j'adore : c'est l’éthérée constellation de la Vierge que je contemple, car au ciel est vouée ta vie tout entière, auguste Hypathie, idéal d'éloquence, astre immaculé de la sagesse. » (Traduit de l'Anthologie par M. Weil.)
On croit qu'elle fut unie d'amitié ou d'amour au philosophe Isidore. (D'après sa vie par Damascius.)
Hypathie eut des disciples célèbres, parmi lesquels Synésius, qui devint chrétien et évêque de Ptolémaïs, C'est dans les lettres qu'on a de lui qu'on trouve le plus de renseignements sur Hypathie : sept de ces lettres lui sont adressées ; dans quatre autres, il est parlé d'elle. Synésius dit d'elle : « Nous avons vu, nous avons entendu celle qui préside aux mystères sacrés de la philosophie. » S'adressant à elle, il dit : « Ma bienfaitrice, mon Maître, ma sœur, ma Mère. » Cet homme n'eut pas le chagrin de voir sa mort tragique, il mourut avant elle.
Les évêques avaient obtenu de Constantin et de Théodose la destruction des temples grecs et la fermeture des Écoles de philosophie. Or Hypathie continuait à enseigner. Une telle femme devait être pour les masculinistes un objet de haine et de terreur. L'évêque de la ville, Cyrille, successeur et neveu de Théophile, souffrait avec impatience cet enseignement donné par une femme aussi remarquable qui lui inspirait une implacable haine et une violente jalousie. Il résolut de la perdre.
Cet homme fougueux et terrible disputait le pouvoir au préfet Oreste ; cela amenait des conflits. Le préfet ne voulait pas s'incliner devant l'évêque, quoiqu'il fût lui-même chrétien catholique.
Une émeute survint à l'occasion de ces disputes. Un maître d'école, Hiérax, s'étant mal comporté devant le gouverneur pendant qu'il promulguait ses décisions au théâtre, fut frappé de verges. Les Catholiques s'en vengèrent, des moines attaquèrent Oreste et sa suite à coups de bâton ; l'un de ces moines, Ammonius, fut mis à mort. Ces détails nous donnent une idée des mœurs du temps. On profita de cette effervescence pour se débarrasser d'Hypathie. Une foule furieuse, menée par le lecteur de l'église de Cyrille, Pierre, agissant sous l'inspiration de l'évêque, suivit une bande de fanatiques, qui alla attendre la philosophe à la sortie de son école, se jeta violemment sur elle, l'arracha de son char, et la traîna dans l'église de Césarée.
Là, cette bande de néo-chrétiens, parmi lesquels étaient un grand nombre de moines excités contre elle par Cyrille, la dépouilla de ses vêtements et la tua à coups de pierres ; son corps fut coupé en morceaux et la chair arrachée des os par ces moines sauvages, puis ils portèrent ses membres sanglants au Cinéron, lieu des supplices, où ils furent brûlés.
Tel est le martyre de cette femme, qui réprésentait le génie féminin. Cet acte caractérise l'esprit des disciples de Paul.
Cyrille ne fut pas appelé à rendre compte de ce crime. Tuer une femme savante n'était pas un délit pour ces gens dont le but était d'anéantir l'Esprit féminin.
Les modernes, qui reviennent à la nature et à l'antiquité, rendent à Hypathie le culte qui lui est dû. Leconte de Lisle a écrit ces vers :


Dors, ô blanche victime, en notre âme profonde,
Dans ton linceul de vierge et ceinte de lotos ;
Dors ! l'impure laideur est la reine du monde
Et nous avons perdu le chemin de Paros.


Les Dieux sont en poussière et la terre est muette ;
Rien ne parlera plus dans ton ciel déserté.
Dors ! mais, vivante en lui, chante au cœur du poète
L'hymne mélodieux de la sainte beauté.


Elle seule sourit, immuable, éternelle ;
La mort peut dissiper les univers tremblants,
Mais la beauté flamboie, et tout renaît en elle,
Et les mondes encor roulent sous ses pieds blancs !

C'est avec une lenteur extrême que les œuvres de transformation sociale s'accomplissent.
Vainement, on avait abattu le droit maternel, détrôné la Déesse, déshonoré la Prêtresse ; le culte de la Femme n'était pas encore détruit, son enseignement existait encore, malgré l'injurieuse défense de l'apôtre Paul le misogyne.
Nous avons vu qu'Hypathie avait entendu les leçons d'Asclépigénie à Athènes. Cette grande femme jouissait d'une aussi grande réputation que la jeune Maîtresse d'Alexandrie. Si elle est moins connue, c'est parce qu'elle n'a pas eu la fin tragique qui donna à la philosophe d'Alexandrie l'immortalité.
Née au Vème siècle, elle était fille de Plutarque le jeune. Mais elle était manifestement supérieure à son père par l'intelligence.
Les historiens disent que Plutarque, en mourant, lui confia le dépôt de la doctrine secrète ; mais ce n'étaient pas les hommes qui conservaient ce dépôt, c'étaient les femmes, puisque c'était la science des femmes qu'il s'agissait de cacher. C'est donc pour ne rien laisser à l'avoir de l'esprit féminin que nous voyons toujours mettre près d'elles un homme à qui on attribue leurs mérites.
C'est Asclépigénie qui instruisit Proclus, et l'on s'étonne que, malgré cela, elle ne fût pas appelée à prendre la direction de l'École d'Athènes, pas plus que son mari, Archiadas, « parce qu'il était trop peu philosophe ».
Elle eut une fille, Asclépigénie la jeune, qui épousa Théogène.
Synésius, panégyriste enthousiaste d'Hypathie, connut Asclépigénie et sans doute écouta ses leçons ; mais, admirateur partial de la jeune Maîtresse d'Alexandrie, il ne veut mettre aucune autre femme à côté d'elle. Donc, on écoutait encore l'enseignement des femmes.
Une autre Grecque, Athénaïs Eudoxie, que Théodose II éleva au rang d'impératrice, puis chassa du trône de Constantinople et envoya en exil, se distingua aussi dans les sciences et la philosophie où elle puisa la consolation de ses malheurs.
Sidoine Apollinaire nous donne dans ses lettres de curieux détails sur l'instruction féminine à son époque. Il fait la description d'une bibliothèque de son temps que possédait Tonance Ferréol, dans sa maison de Prusiane, sur les bords du Gardon, près de Nîmes. Elle était partagée avec beaucoup d'art en trois classes. Dans la première étaient les livres à l'usage du sexe féminin, rangés aux côtés des sièges destinés aux dames et différents, comme il paraît par-là, de ceux des hommes.
De sorte que de leurs sièges elles avaient ces livres à portée de la main, avec toute la commodité désirable et en aussi grand nombre qu'elles pouvaient souhaiter.
La seconde classe contenait des livres de littérature destinés aux hommes et rangés comme les autres aux côtés de leurs sièges. Enfin, dans la troisième classe étaient placés les livres communs aux personnes des deux sexes. Parmi ces derniers, on remarque saint Augustin, Prudence, Origène dans la version de Rufin, Varron, Horace.
Cette bibliothèque, comme toutes celles de cette époque, était fréquemment consultée. « Les personnes qui se trouvaient dans la maison, les étrangers comme les autres, en faisaient un usage réglé et journalier. On employait à la lecture une partie de la matinée, immédiatement avant le dîner, et on s'entretenait durant le repas de ce qu'on avait lu, en joignant ainsi dans le discours l'érudition à la gaieté de la conversation. »
Si on ne construisait plus de temples en l'honneur des Déesses, tous ceux qui avaient servi à leur culte n'étaient pas encore complètement désaffectés. Mais ceux qui continuaient les rites de l'ancienne tradition semblaient se cacher dans des coins perdus, oubliés ou inaperçus de la horde des vandales. L'île de Philæ est un de ces coins oubliés en Egypte, entre les rochers de granit rose qui forment les berges ou qui parsèment le fleuve ; l'île se détache, délicieusement ombragée de quelques palmiers et de quelques tamaris, dominée tout entière par les temples d'Isis, où les derniers adeptes de la foi séculaire de l'Egypte vinrent entendre l'oracle de la Déesse jusqu'au VIème siècle de notre ère, sous le règne de Justinien.
« Ces temples de Philæ, l'un bâti par Nectanébo une trentaine d'années avant la conquête d'Alexandre, les autres par les Ptolémées et les empereurs, décorés par Tibère, Caligula, Claude, Hadrien, semblaient devoir braver les siècles, « être construits pour l'éternité », selon les formules dédicatoires qui couvraient leurs murailles. Et, de fait, les portiques de cours restés inachevés ont seuls souffert jusqu'ici, leurs colonnes se sont dégradées, mais la masse des édifices est demeurée telle qu'aux jours où étaient célébrés les Mystères. » (Albert Gayet, L’île de Philæ, dans la Renaissance latine, 15 février 1903.)
Mais, si la Déesse n'est pas complètement morte, elle subit une agonie douloureuse, et les artistes du temps n’ont pas craint de nous la montrer en pleurs. Dans les dernières découvertes archéologiques faites en Russie, un habitant de la ville de Kertch, M. Zaïtsew, a mis au jour, dans la cour de sa maison, d'intéressantes catacombes ornées de fresques bien conservées. Cet édifice souterrain est recouvert d'une voûte, ce qui fait rapporter sa construction à une époque postérieure à l'ère chrétienne, car ce n'est qu'alors que les habitants de la Panticapée ont appris des Romains à construire des édifices voûtés. Une des fresques représente Pluton monté sur un char et ayant auprès de lui une femme. Sur la fresque du mur opposé sont représentés Hermès et Clio. Les figures sont encadrées d'oiseaux et de fruits. Au plafond, dans un médaillon ovale, se voit une tête de femme en larmes, de grandeur naturelle, au-dessous de laquelle se lit l'inscription grecque : « Dêmêtra ». Dêmêter pleure sa Divinité méconnue des hommes (1).
Une statue de Minerve trouvée à Poitiers, chef-d’œuvre de beauté, prouve que partout, au commencement de notre ère, se trouvaient encore des vestiges de l'ancien culte de la Sagesse féminine.
Quand on considère ces temps anciens où la religion, la morale, les mœurs, étaient si profondément autres que ce qu'elles sont aujourd'hui, on ne peut nier qu'une incessante transformation détruit le passé et fait surgir des mœurs nouvelles.
Mais ce qu'il faut bien reconnaître, c'est que ce n'est pas vers le progrès, mais vers la décadence, que l'humanité marche quand l'homme seul la guide. Chaque génération fait un pas en avant dans la voie du mal, chacune descend une marche de plus, et cela conduit les races à une infaillible dégénérescence.
(1) N'est-ce pas de mêter, mater, qu'est venu le mot matar (tuer), et peut-être aussi l'expression qui, au jeu d'échecs, indique la défaite :« mat » ? Puis aussi l'expression qui contient un reproche haineux : madré paysan.


DÉCADENCE DE LA GRÈCE
Nous venons, de voir que les Grecs s'étaient jetés, dans toutes les aberrations mentales, raisonnant sur tout et partout introduisant le paradoxe, le sophisme et l'erreur. Cet âge vit paraître une foule prodigieuse de philosophes qui mirent leurs doutes dans une multitude de livres.
On discutait sur les choses les plus imprévues, comme les mystères du nombre 3 ; sur l'Hylozoïsme, la matière animée, première forme du matérialisme ; sur la chute, que les hommes nient et considèrent comme une pure fable ; sur le sacrifice, dont on méconnaît la signification première et qui devient le meurtre d'un être vivant.
Ce que l'homme méconnaît surtout c'est la Femme. Depuis qu'on discute sa Divinité, qu'on la nie même, on lui donne un rôle inférieur ; elle devient (depuis Platon) un démon, et l'on nous dit que le philosophe Ménippe eut longtemps pour maîtresse une empuse, c'est-à-dire un démon femelle. La mère d'un des plus grands orateurs grecs, Eschine, passait pour une empuse, sorte de démon nocturne. Et ces sceptiques cherchaient dans des pratiques superstitieuses la direction qu'ils ne savaient plus se donner à eux-mêmes.
En Grèce, ils avaient recours à la stichomancie, sorte de divination par extrait au hasard d'un verset d'Homère.
Chez les Romains, on avait recours aux Sortes Virgiliani, qui devinrent les Sorts des Saints chez les Catholiques.
« Des prêtres de Thrace, les Cerrhéniens et les Borcobiens, reconnaissaient pour chefs les prêtres de Junon. Leur supérieur était Cosingas, mais ils refusaient de lui obéir. Cosingas rassembla plusieurs grandes échelles de bois et les dressa bout à bout. Le bruit courait qu'il allait monter au ciel pour se plaindre à Junon de la désobéissance des Thraces. Ceux-ci, crédules et insensés, craignirent que leur chef ne montât vers la Déesse ; ils lui demandèrent pardon et lui promirent, avec serment, d'obéir à tous ses ordres » (Polyœnus, VII, 22).
Voilà ce qu'est devenue l'idée de la Divinité dans la mentalité des Prêtres ! 
Si nous cherchons quel fut le résultat de la liberté de l'homme en Grèce, c'est-à-dire de son affranchissement de la tutelle morale de la Femme, nous voyons que chaque ville est en proie aux révolutions, que des petites tyrannies poussent de tous côtés, que la guerre règne entre les cités, qui se tuent réciproquement, que la Grèce n'a plus ni armée, ni marine, ni travail, ni argent, qu'elle est dépeuplée, qu'elle n'a plus d'hommes de valeur, qu'ayant tué la Femme elle n'a plus d'âme. C'est une anarchie générale.
Pendant 25 ans, les juges ne siègent même plus. On ne s'unit plus, on n'a plus d'enfants. Polybe qui écrit son "Histoire générale" au siècle suivant, cherche la cause de cette décadence dans l'esprit de l'Ecole d’Épicure ; Il a raconté les dernières luttes de la Grèce, c'est une histoire lamentable, jamais il ne s'est commis plus d'atrocités.
Les femmes étaient si malheureuses qu'elles se suicidaient en masse. Pour les en empêcher, on décréta que celle qui se suiciderait serait exposée nue sur la place publique. La pudeur posthume les retint.
C'est alors que les peuples du Nord appelèrent les Hellènes Graïa, mot celtique qui signifiait grue et dont on fit Grecs. Ils acceptèrent avec répugnance cette épithète, qui, cependant, leur est restée.
L'histoire nous montre les dominations, tombant les unes sur les autres, se détruisant mutuellement : la Grèce subjuguée par la Macédoine ; la Macédoine tombant à son tour ; la grandeur des Perses disparue, celle des Parthes s'évanouissant de même ; l'Egypte, après des siècles de prospérité sous le régime gynécocratique, tombant aux mains des hommes qui se disputent le pouvoir ; et alors se dissipent comme un nuage les grandes Puissances qui disparaissent : l'Ethiopie, la Libye, Carthage, etc.
Sous la domination des hommes, sur la Terre entière souffle la tempête, les vents contraires, qui jettent l'humanité dans les abîmes.
L'histoire nous montre les grands facteurs de l'évolution du Mal, la Luxure, l'Orgueil et l’Égoïsme, régnant partout où avait régné le principe de toute lumière et de tout progrès, l'Esprit féminin, c'est-à-dire l'Esprit Divin.
Donc, la Grèce de cette époque, bien loin d'être le berceau d'une race, représente déjà un stade avancé dans l'évolution humaine, puisque nous y trouvons une décadence.
La folie, dont les discussions des Ecoles philosophiques nous révèlent les degrés, est attestée par des déformations du crâne dont l'art grec nous a conservé le témoignage. Le grotesque, inscrit sous le n° 329 du catalogue du Louvre, représente un vieillard dont la tête a la conformation extraordinaire des dégénérés. Vu de profil, le crâné est fortement allongé dans le sens antéro-postérieur ; le front n'existe pas, il fuit immédiatement au-dessus des sourcils.
On retrouve, de nos jours, des crânes semblables chez les peuples dégénérés.
Ces formes sont souvent représentées dans l'art grec.
On y trouve aussi des crânes scaphocéphales (en forme de barque), ressemblant à un bateau dont la quille serait renversée en l'air et le grand axe posé suivant le diamètre antéro-postérieur. Ces crânes sont fortement allongés en arrière. L'oblitération prématurée des sutures interpariétales empêche le crâne de se développer suivant le diamètre transversal.
On trouve, parmi les terres cuites grecques, d'autres déformations, notamment des microcéphales, crânes réduits au minimum, comme celui d'un chien : le front n'existe pas, la face est très développée, le nez proéminent.
On trouve aussi des trigonocéphales, têtes dont le front se termine en pointe antérieurement, au lieu d'une surface, le front présente un angle.
Enfin les acrocéphales (têtes en poire), crânes développés excessivement en hauteur, mais restés très étroits.
Donc, si la Grèce nous montre de beaux types, surtout chez les femmes, elle nous montre aussi des dégénérés précoces, qui, à cette époque de l'évolution humaine, ont dû se livrer à tous les abus nés des religions phalliques et qui ont dû disparaître depuis. Ce sont des races finies.
Voilà où l'homme arrive quand il n'a pas la Femme pour le guider, quand, livré à lui-même, il erre dans les sentiers de l'incertitude, commettant, pour ainsi dire, une erreur à chaque pas qu'il fait ; et, se trompant lui-même, il veut tromper les autres pour obéir à cet instinct autoritaire qui règne toujours chez l'homme perverti.
C'est ainsi que le Prêtre bouleversa la Religion, supprimant l'inspiration salutaire de la Déesse vivante, qu'il avait fait taire en la discréditant, et, à la place de son règne, institua l'ère du mensonge et de la fraude.
De sa science supérieure il fit une discipline incohérente, de sa philosophie une rêverie, de la tradition un tissu de fables surnaturelles. Partout il mit le trouble de son esprit, mais il ne créa rien, ne travailla que sur le terrain qui avait, été préparé par la Femme, défriché par elle, il y sema l'ivraie au milieu du bon grain, écarta tout ce qui le blessait, l'entravait dans la liberté qu'il voulait de faire le mal, et ainsi laissa perdre l'héritage des vérités premières, la grande science des temps antérieurs. Et il ne s'aperçut pas que le résultat de son triomphe, ce fut la mort de l'âme, le néant de l'esprit, le désordre social. Il avait semé autour de lui la ruine, la terreur, le malheur !
La Femme, qui luttait pour le bien, voulait, au contraire, la Vie, la Vérité, la Justice pour tous les êtres humains. Quand c'est Elle qui triomphe, tout renaît, la Nature entière semble en fête, le calme revient, la prospérité la suit et l'homme lui-même renaît au bonheur, à l'enthousiasme !

À suivre : ORIGINES ET HISTOIRE DU CHRISTIANISME